Contrôle social et stigmatisation des « assistés »
La Droite forte aspire à valoriser les « méritants » face aux « profiteurs », pour « protéger les Français honnêtes ». Les « assistés » – comprenez allocataires de prestations sociales, bénéficiaires précaires de la Sécu, salariés protégés, fonctionnaires, et bien évidemment immigrés... – sont donc la bête noire de Guillaume Peltier. La Couverture maladie universelle (CMU) ? Supprimée, « pour mieux aider ceux qui le méritent vraiment » ! L’Aide médicale d’État (AME) ? Supprimée ! Les 35 heures ? Supprimées ! Les fonctionnaires ? A réduire ! Le Code du travail ? A réformer... La Droite forte propose aussi de développer considérablement les contrôles aux arrêts-maladies, par l’instauration de « contre-visites systématiques à l’initiative des employeurs ». « Tout particulièrement dans la fonction publique », précise la motion.
« Lors de l’expérimentation de 2008, 70% des contrôles des cas de salariés en arrêt-maladie ont donné lieu à une reprise du travail ou à la suspension des indemnités journalières », prétend la Droite forte. Des chiffres loin de correspondre à la réalité. Sur les 1,5 million de contrôles d’arrêt maladie pratiqués par la Cnam (Caisse nationale de l’assurance maladie), un peu plus d’un sur dix se sont révélés « injustifié ou trop long » [4]. A renforcer également : les contrôles pour l’Allocation de parent isolé, l’aide au logement ou l’Allocation de rentrée scolaire « qui donnent lieu à de trop nombreuses fraudes ». Derrière chaque salarié et chaque citoyen se cache un fraudeur en puissance.
Pour lutter contre ces profiteurs qui accablent la patrie, Guillaume Peltier et ses amis rêvent aussi de ficher les Français, grâce à un fichier national unique des prestations sociales. Et pour optimiser le contrôle social, une carte vitale sécurisée biométrique pour tous les assurés, et une nouvelle carte d’identité – biométrique et à empreinte digitale – avec toutes les informations civiles, fiscales et sociales du citoyen, qui fasse office de carte d’identité, de sécurité sociale, carte de santé, carte d’électeur. Une façon sans doute de parachever la grande œuvre sécuritaire et paranoïaque de Claude Guéant.
Impôt minimal pour les grands groupes
Vis-à-vis des « profiteurs du haut » (sic) et des exilés fiscaux, il faut être « intraitable » assure la motion. Eux ne font que « contourner » (re-sic) la loi (à la différence du fraudeur). « Tout déserteur fiscal tenant ses comptes dans un "paradis fiscal" dans le seul but d’échapper à l’impôt français devra, s’il veut garder la nationalité française, payer la somme qu’il doit à l’administration française ». Payer la somme que l’on doit... Voilà de quoi terrifier les 544 grands donateurs de l’UMP, dont 140 résident à l’étranger, « pour l’essentiel dans des contrées où la fiscalité est plus douce qu’en France », a révélé Mediapart, le 25 septembre dernier.
Rassurons-nous, la Droite forte veut aussi sévir contre les entreprises tentées par l’optimisation fiscale, avec la création d’un « impôt minimal pour les grands groupes », qui « échappent trop souvent à l’impôt ». Les 147 grands donateurs qui « appartiennent au monde de la haute-finance », dont huit responsables de Goldman Sachs [5] en frémissent d’avance.