• La virologie est un sport de combat

    Je suis #Bruno_Canard, directeur de recherche CNRS à l’université d’Aix-Marseille. Mon équipe travaille sur les #virus_à_ARN (#acide_ribonucléique), dont font partie les #coronavirus.

    Mme la Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation m’ayant cité, et mentionné mes travaux dans son intervention sur les Matins de France Culture le 22 juin 2020 (https://www.franceculture.fr/emissions/les-matins/les-matins-de-france-culture-emission-du-lundi-22-juin-2020

    ), il m’a semblé important de préciser les #conditions_de_travail de mon équipe de #recherche sur le #SARS-CoV-2 et sa projection dans la future #Loi_de_Programmation_de_la_Recherche (dite #LPPR), qui est en cours d’examen à l’Assemblée Nationale.
    Cela permet d’illustrer, à partir d’un cas concret, et peut-être de faire comprendre au grand public le #sous-financement récurrent de la #recherche_publique en #France en général dans les 20 dernières années ; la #précarité grandissante des #personnels de ces laboratoires ; le #sous-équipement dramatique en grands #instruments_scientifiques essentiels aux développements de thérapies antivirales ; le faible niveau des #salaires des chercheur·ses, très éloignés de ceux des haut·es fonctionnaires ; et finalement, le peu de #considération dont ils font l’objet par les femmes et les hommes politiques français. Elles et ils prétendent parler au nom de la #science, souvent confondue avec la #technologie, mais sans écouter les scientifiques.

    Chère Mme la Ministre, chère Frédérique, je me permets de vous appeler par votre prénom en souvenir des cafés et bavardages créatifs que nous avons partagés lorsque, en 1992, j’étais fraîchement recruté comme chercheur au #CNRS à Nice dans le laboratoire dirigé par Patrick Gaudray, et vous, doctorante dans le laboratoire de François Cuzin à l’Université de Nice. C’était une époque formidable, j’y ai fait mes plus belles ascensions dans ces extraordinaires Alpes-Maritimes, pendant que la France commençait sa dégringolade dans le classement scientifique, dans une remarquable trajectoire parallèle au nombre de postes statutaires de chercheur·ses et de manière plus générale, à la performance de la recherche française.

    Nous nous retrouvons donc environ 25 ans plus tard.

    Chère Frédérique, vous êtes désormais Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, et soutenez que cette loi permettra un réarmement de la #recherche_française inégalé depuis 1945. Je suis un chercheur « de base » et je me suis exprimé à titre personnel, comme la majorité de mes collègues, pour formuler mes craintes d’un #budget concentré sur des projets à court terme, synthétisées dans la tribune « La science ne marche pas dans l’urgence » (https://universiteouverte.org/2020/03/04/coronavirus-la-science-ne-marche-pas-dans-lurgence/;%20Le%20Monde,%2029%20f%C3%A9vrier%202020;%20https:/lejournal.cnrs.fr/articles/la-science-fondamentale-est-notre-meilleure-assurance-contre-les-). Dans un entretien à France Culture en juillet (https://www.franceculture.fr/emissions/les-matins/les-matins-de-france-culture-emission-du-lundi-22-juin-2020

    ), vous avez déclaré à mon sujet : « Mr Canard a obtenu plusieurs financements sur projets… Je connais par cœur les financements qu’a eu ce laboratoire ».

    Justifier les « plusieurs financements sur projets » pour mon laboratoire sous-doté

    Je m’étais étonné de recevoir en juin la demande urgente de la part mon employeur (le CNRS), de fournir le montant de tous les contrats dont mon équipe a bénéficié, de l’#Agence_National_de_Recherche (#ANR) en particulier. Malheureusement, force a été de constater que le ministère et ses contrats ANR n’y a pas occupé une place proéminente. Encore moins sur les coronavirus (2 projets ANR coordonnés en 18 ans), sur lesquels aucun soutien financier spécifique n’a été accordé depuis plusieurs années, sauf en 2019 par la #Fondation_de_la_Recherche_Médicale, dont la vision scientifique tient heureusement peu cas des modes. Nous nous échinions, en effet depuis 2003, mes collègues d’équipe et moi, à étudier la réplication des coronavirus et comment ces derniers mutent, ce qui est d’une importance capitale pour la conception de #vaccins ou de #médicaments. Tous les dossiers de projet ANR inlassablement déposés depuis 2015 ont été jugés indignes d’être financés et/ou inintéressants. Cinq fois, pour être précis. Dans la dernière édition (dépôt du projet en octobre 2019 – réponse pas encore arrivée à ce jour, 19 septembre 2020), j’ai failli renoncer à apporter encore des résultats expérimentaux préliminaires, pour ne pas les divulguer gratuitement à mes concurrent·es : l’évaluation des projets ANR se faisant par des expert·es internationaux forcément pris parmi les spécialistes qui connaissent le sujet, donc presque tout le temps, des concurrent·es… J’ai fourni le même dossier, mais amputé de la recherche sur le virus #Ebola. Oui, Ebola produit actuellement une épidémie en République Démocratique du Congo, mais la loi mort-kilomètre nous dit que le sujet est défavorable pour éveiller un quelconque intérêt en ce moment. La recherche sur Ebola n’intéresse que quand le virus sonne à notre porte, comme en 2014.

    Le SARS-CoV-2 aura donc eu un effet magique : ma recherche inintéressante sur la #variabilité_génétique de ce virus a subitement reçu, en juin 2020, les commentaires les plus positifs, dithyrambiques, qu’il m’a été possible de recevoir en 30 ans de carrière1. Ni mon projet ni ma recherche n’ont pourtant changé : seule leur perception a changé dans le contexte COVID19, renforçant cette constatation que j’ai maintes fois faite : la science ne marche pas dans l’#urgence 2 et la virologie, ce n’est pas que les coronavirus.

    Pour les « plusieurs financements sur projets », vous voulez donc probablement parler des deux projets européens dont mon équipe a récemment bénéficié. La France étant une grosse contributrice financière à l’espace européen de la recherche, il me semblait donc presque « patriotique », en quelque sorte, de me lancer corps-et-âme dans la lutte anti-COVID19 en rapatriant des fonds européens pour pouvoir employer des personnes motivées, et continuer à décrypter comment ces fichues bestioles virales arrivent à se reproduire au prix d’un tel bazar dans une cellule, un organisme, une société. Le premier projet européen appelé #SCORE, a été écrit en 10 jours (et nuits) en février 2020 grâce au réseau de collaborateur·trices corona-virologistes que la disette financière des années précédentes n’a pas réussi à effilocher. L’autre appelé #IMI-CARE a été écrit immédiatement après en mars 2020, en 3 semaines au lieu des plutôt 6 mois habituels, avec un consortium international de 36 laboratoires, dont 12 industriels majeurs. Peut-être auriez-vous préféré que je m’abstienne dans cette quête inlassable de financements ? Impossible, car c’est la condition sine qua non pour pouvoir avancer dans nos recherches, répondre à l’urgence de la situation et recruter immédiatement quelques personnes en CDD.

    S’appuyer sur des contractuel·les pour assurer la survie de notre laboratoire

    Je me suis posé la question lorsque j’ai embauché Camille, Adrien, et Pierre : trois jeunes diplômés d’un Master en quête de leur première expérience professionnelle, qui n’ont pas hésité en plein confinement à s’entasser dans une voiture depuis Toulouse pour venir s’installer à Marseille, avec comme horizon un #CDD de 15 mois, un statut inexistant et une paie royale de 1600 euros mensuels. Je ne pense pas qu’elle et ils espèrent quoi que ce soit de la LPPR, qui ne propose aucune amélioration pour les contractuel·les de la recherche. On leur a trouvé un appartement, sinon, iels seraient encore peut être à la rue : avec un CDD, il n’est pas facile de convaincre un·e bailleur·se.

    Je me suis également posé la question quand il a fallu que j’embauche un #lab_manager (en CDD, évidemment) pour que Véronique, Barbara et Cécilia, trois ingénieures de recherche totalement saturées de travail dans l’équipe #COVIDemment désorganisée, soient déchargées des corvées administratives routinières qui les empêchent de faire leur métier, c’est-à-dire de la recherche. La fonction principale de ce lab manager ? Nous aider à gérer les stupides « #feuilles_de_temps-projet » qui compartimentent notre cerveau pour les bureaucrates européens. Car dans un projet européen, le CNRS « loue » contre facture le temps de cerveau disponible de ses chercheur·ses (9h-18h, nous ne réfléchissons que les jours ouvrables) et il nous faut donc déclarer, heure par heure, comment nous nous occupons.

    Je me suis encore posé la question quand les équipes de notre laboratoire, entité conjointe entre le CNRS et l’Université Aix Marseille, ont dû mutualiser leurs ressources pour pouvoir embaucher un autre CDD, technicien·ne qui prépare les réactifs dont nous avons besoin, lance la vaisselle et les autoclaves, et tout cela pour environ 1200 nets par mois. C’est un poste nécessaire au laboratoire, mais que nous devons auto-financer, malgré les 26 % du montant de nos contrats qui partent en frais de gestion et provision pour la maintenance des appareillages du laboratoire.

    Je me suis posé ces questions car ces efforts financiers et ces CDD étaient, il n’y a pas si longtemps, assurés par un soutien de base au laboratoire de la part de nos deux tutelles, le CNRS et l’#université. Et surtout par des postes statutaires, essentiels pour la survie de nos laboratoires, qui ne sont mentionnés dans aucun article de la LPPR et dont le nombre s’est effondré depuis 2008. Vous dites donc sur France Culture que mon « laboratoire (est) financé tous les ans de manière récurrente ». Quel humour par omission ! Vous savez très bien que le #financement_récurrent ne permet pas de financer nos programmes de recherche. Dans tous les laboratoires de sciences expérimentales, les chercheur·ses ponctionnent elleux-mêmes leur projet d’une contribution « volontaire » qu’iels mutualisent pour assurer les carences des employeur·ses publics. Chez nous, on fait la plonge du labo à tour de rôle pour laver nos éprouvettes, et le soutien récurrent constitue moins de 5% du budget de fonctionnement : pas assez pour acheter suffisamment de mouchoirs pour pleurer.

    Votre petite phrase prononcée sur le ton « je dis ça, je dis rien » n’avait donc certainement aucunement l’intention de décrédibiliser votre administré que je suis. La grande majorité de la communauté scientifique vous a exprimé depuis des mois ses craintes envers la LPPR : entre autres, le ras-le-bol des titulaires d’être transformé·es en bureaucrates expert·es dans la gestion du personnel précaire, et la crainte des contractuel·les de le rester « à vie », ou après avoir fait leurs preuves pendant des années d’être considéré·es comme dignes d’être titularisé·es (pour les « professeur·es junior »). Pour mémoire, les quelques 200 premièr·es signataires de la pétition (qui a fait pschitt) de soutien à la LPPR, sont à la retraite et ont bénéficié de ce statut de fonctionnaire pendant toute leur carrière. Il est vrai que la connivence augmentée que vous préconisez dans la LPPR avec le secteur privé n’a pas besoin de s’encombrer de chercheur·ses indépendant·es et libres de penser. Ainsi, il n’y aura plus de scandale type Mediator, SDHI, glyphosate, perturbateurs endocriniens, … puisque personne ne mord la main qui nourrit.

    Espérer arriver au niveau de 2ème division en biologie structurale

    Pourtant, cette « abondance » que la LPPR nous promet pourrait trouver une meilleure destination. Je me suis alors rappelé le plan « #France_Cryo-EM », un #Equipex (Equipement d’excellence), qui nécessite 36 millions d’euros pour pouvoir observer le SARS-CoV-2 et ses protéines avec des #cryo-microscopes_électroniques (#Cryo-EM) à haute résolution et concevoir intelligemment les vaccins et #traitements requis. Créé officiellement en 2016, il reste pourtant aux biologistes structuraux Français 16 millions d’euros à trouver pour pouvoir pour amener la France au niveau de 2ème division en #biologie_structurale 3. Ayant déploré l’absence de ce grand équipement, vous m’avez proposé de venir collecter des données sur le microscope de Nice, je ne reviendrai pas sur cette confusion microscopique. Au 23 juillet 2020, des laboratoires Chinois et Allemands ont publié dans les journaux internationaux les plus réputés, Nature, Science, Cell, pas moins de 9 structures de l’ARN polymerase de ce virus, en utilisant une information clé de nos travaux réalisés en 2014. En l’absence de Cryo-EM haute résolution, nous avons regardé passer les balles au-dessus de nos têtes… Ironie du sort et humiliation supplémentaire, ces #revues_scientifiques m’ont souvent sollicité pour évaluer ces publications que j’aurais dû faire. A titre de comparaison, l’Allemagne, notre voisin européen que l’on peut considérer être en première division, avait 25 Cryo-EM en 2018.

    Ces 16 millions manquants pour que les chercheur·ses puissent exercer leur métier dans des conditions décentes sont à mettre en perspective avec le milliard d’euros accordé en moins d’un an au groupe français #Sanofi sur un pari vaccinal, certes en majorité via leurs ami·es du #BARDA américain, qui seront les premièr·es servi·es. Enfin, qui devraient : ce sont les mêmes qui ont donné 43 millions à Sanofi en août 2016 pour un vaccin contre le virus #Zika, mais tous deux ont jeté l’éponge en septembre 2017. Cela ressemble beaucoup à 2003 et l’émergence du SARS pour laquelle Sanofi a été copieusement financée pour un vaccin, lui aussi abandonné.

    Ces 16 millions manquants sont également à mettre en perspective avec le #Crédit_Impôt_Recherche 5, passé de 2,5 milliards en 2008 à 6 milliards aujourd’hui. Avantage fiscal généreux destiné à renforcer l’attractivité de Sanofi, pour prendre un exemple concernant directement la COVID19… Ou bien est-ce plutôt pour éviter que ce groupe continue à réduire ses activités de #R&D en France ? Cette générosité est si bien remerciée qu’elle s’est immédiatement traduite, pour l’instant, par 4 milliards à reverser aux actionnaires en 2020, et par le licenciement de 1 700 personnes dans le monde, dont 1 000 en France. En tant que chercheur rompu à la complexité des demandes de financement ANR, j’ai regardé avec émotion et envie le mini-dossier à rapporter dans le formulaire Cerfa 2069-A-SD pour que cette entreprise s’exonère de 130 millions d’euros annuels…

    Arrêter la sensation de chute libre pour la recherche publique française

    Dans Le Monde du 24 juillet, je lis entre les lignes une synthèse indirecte de cette sensation de chute libre : la France est passée en 20 ans de la 5e à la 8e place des contributeurs aux #publications_scientifiques, ce qui est à mettre en relation avec un financement insuffisant de la recherche équivalent à 2,2 % du PIB (0,8 % recherche publique, 1,4 % privée). Vous visez à porter l’effort de recherche de la nation à 3% du PIB (1% public, 2% privé) d’ici 2030. Je constate que l’effort de financement de la #recherche_privée est donc plus du double de celui de la recherche publique. Il me semble hasardeux de compter sur la recherche privée pour rattraper l’écart de publications, ou bien peut-être faudra-t-il que l’utilisation de l’argent public investi dans cette dernière subisse des évaluations aussi invasives, constantes et publiquement disponibles que celle que nous subissons dans les laboratoires académiques ?

    Finalement, chère Frédérique, depuis une dizaine d’année, trois présidents de la république Nicolas Sarkozy, François Hollande, et Emmanuel Macron n’ont-ils pas eu raison de prendre les chercheur·ses et les universitaires pour des imbéciles ? Pourquoi en serait-il autrement ? Cela fait plusieurs décennies qu’elles et ils sont les seuls haut·es fonctionnaires de catégorie A+ à qui on demande de trouver les moyens financiers de faire leur travail et les derniers en termes de niveau de #rémunération, gagnant en moyenne 3200 euros nets par mois – pour celles et ceux qui ont la « chance » d’être titulaires.

    Je note d’ailleurs que l’oreille d’Angela Merkel, titulaire d’un doctorat en chimie, semble plus réceptive au financement de la science en Allemagne, pays où la crise due au coronavirus semble avoir été mieux gérée que chez nous. Est-ce aussi à mettre en rapport avec la constatation que, par exemple, la ville d’Heidelberg à elle seule a autant de Cryo-EM que la France entière ?

    Peut-être, alors, après avoir travaillé comme des forcené·es pendant cette période difficile avec mes collègues fonctionnaires Etienne, François, Karine, Jean-Claude Nadia, et tou·tes les précaires dont je vous épargnerai la liste7, nous devrions, en prélevant encore sur nos contrats, constituer une cagnotte supplémentaire. Car la LPPR ne prévoit pas grand-chose dans ses premières années tandis qu’elle nous promet « l’abondance » au nom de vos successeur·ses. Mais surtout, nous pourrions ainsi soulager votre budget ministériel, économiser 16 millions d’euros et pouvoir trouver cette goutte d’eau microscopique qui nous permettrait, outre de ne pas se sentir humilié·es face à une concurrence internationale féroce, de travailler à rattraper le temps perdu.

    J’espère avoir correctement éclairé votre petite phrase, dans le respect de votre fonction ministérielle, respect qui finira bien un jour par être réciproque, et que in fine, mes « plusieurs financements sur projets » que vous « connaissez par cœur » continueront à soutenir nos efforts intenses contre le SARS-CoV-2 et le COVID19.

    Références et notes

    1J’ai établi un résumé de ces demandes, à la demande de l’ANR, du CNRS, et de plusieurs journalistes. Pour la dernière demande (la même faite depuis 2016), devenue subitement intéressante après le déclenchement de la pandémie COVID19, voici la première phrase de l’avis général de chacun des trois évaluateurs internationaux :Reviewer n°1 : « The project is a must fund project. The highly multi-disciplinary research project very nicely combines cutting edge techniques ». Reviewer n°2 : « This is an excellent proposal that is recommended to be considered for funding with highest priority ». Reviewer n°3 : « This is a very interesting research proposal. The project is highly relevant for two reasons. First the obvious pandemic outbreak and second the role of epi-transcriptomics and RNA biology in health and disease. »

    2Le Monde, 29 février 2020

    3La France dispose de 3 Cryo-Electro-Microscopes à haute résolution (type Titan Krios) nécessaires pour les études sur les virus et les conceptions de vaccins et médicaments. L’Angleterre et l’Allemagne (que l’on peut considérer être en première division, j’en passe au sujet de la Chine ou des USA) en avaient 22 et 25, en 2018, respectivement. Le plan « France Cryo-EM EquipeX » prévoit d’en acquérir 3 de plus, mais beaucoup de régions (Paris-Sud, Paris-Centre, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Rennes, Montpellier ont dû abandonner tout projet de ce type de microscope pour se rabattre sur des microscopes moins puissants, et mutualisés pour que l’ensemble des chercheur·ses d’une régions puisse travailler.

    4L’ARN polymérase, moteur de la réplication du SARS-CoV-2, devient active lorsque qu’elle est associée à deux autres protéines virales, ce qui ouvre la voie à son étude structurale et fonctionnelle. Subissi L, et al. Proc Natl Acad Sci U S A. 2014 Sep 16 ;111(37):E3900-9.

    5Cette mesure fiscale (art. L244 Quater B du CGI) permet de financer des activités de Recherche et Développement (R&D), sous forme de remboursement ou de réduction d’impôt sur les sociétés. Malgré la possibilité évidente d’évasion fiscale, elle n’a jamais été évaluée de manière transparente.

    6La demande de CIR se fait par le formulaire cerfa 2069-A-SD disponible ici On notera : 1) la simplicité de la description demandée du programme de R&D, à comparer avec l’extrême détail qui est demandé aux chercheur·ses pour leur demande de projet ANR ; 2) l’absence du descriptif du processus de revue ou d’évaluation de ces demandes. Je me porte candidat avec enthousiasme pour évaluer ces dossiers de demande CIR dans le domaine des virus émergents ; 3) l’absence de données publiques sur le taux de réussite de ces demandes.

    7L’ensemble de l’équipe et de ses membres est consultable là.

    Remerciements : Je remercie Thomas Boulin, Samuel Hayat et Sophie Pochic pour la relecture critique et les suggestions.

    https://universiteouverte.org/2020/09/19/la-virologie-est-un-sport-de-combat

    #Frédérique_Vidal #MESRI

  • BALLAST | David Dufresne : « En critiquant la police, on s’en prend plein la gueule »
    18 septembre 2020

    https://www.revue-ballast.fr/david-dufresne-en-critiquant-la-police-on-sen-prend-plein-la-gueule

    Passé de la presse rock au repor­tage pour la grande presse, dans les années 1990, David Dufresne s’est peu à peu éloi­gné du jour­na­lisme — un « jour­na­lisme de pes­ti­cides », dit-il, obnu­bi­lé par la nou­veau­té et la sur­face de l’in­for­ma­tion — pour tra­vailler sur le long cours : une enquête consa­crée au main­tien de l’ordre, sui­vie d’une autre sur l’af­faire Tarnac. Si la musique n’est jamais bien loin (un livre sur un club de rock, un autre sur Brel), c’est par son compte Twitter et son inter­pel­la­tion « Allô Place Beauveau », lan­cée en plein sou­lè­ve­ment des gilets jaunes, que Dufresne s’est impo­sé comme l’une des voix média­tiques cri­tiques de la vio­lence poli­cière et éta­tique. En 2019, il racon­tait, sous les traits de son alter ego Étienne Dardel, cette mobi­li­sa­tion écra­sée dans les pages du roman Dernière som­ma­tion ; il revient des­sus, au ciné­ma cette fois, avec Un pays qui se tient sage. L’occasion de le retrou­ver, convi­vial, autour d’un café sous le soleil de plomb de la capi­tale. (...)

  • La société des fausses nouvelles
    https://laviedesidees.fr/La-societe-des-fausses-nouvelles.html

    À propos de : Cailin O’Connor et James Owen Weatherall, The Misinformation Age, Yale University Press. Comment les fausses nouvelles se propagent-elles dans les #Sociétés démocratiques et pourquoi ne se dissipent-elles pas une fois démasquées ? Contre les lectures psychologiques, deux philosophes montrent que la désinformation est un mal social, auquel n’échappent pas les plus rationnels d’entre nous.

    #media #illusion #réseaux_sociaux
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20200909_bouchard.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20200909_bouchard.pdf

    • Plus surprenant encore, la réfutation des théories du complot et des fausses nouvelles peut s’avérer contreproductive. Même si l’objectif des journalistes est de rectifier les faits, déboulonner les fake news tend à en augmenter la portée et à les faire connaître à un plus large public. O’Connor et Weatherall recommandent d’ailleurs aux grands médias d’information d’abandonner le fact-checking et de laisser cette tâche aux sites spécialisés . Les journalistes feraient mieux de s’en tenir aux vraies nouvelles ayant un réel intérêt et d’éviter d’amplifier la portée des fake news, selon les auteurs.

    • D’aucuns seront tentés par un diagnostic « rationaliste » du problème. Selon cette lecture, ce qui permet à la #désinformation de se répandre, ce sont les travers rationnels et psychologiques des individus. Que ce soit par paresse, par incapacité ou par manque de temps, trop peu d’entre nous traitent l’information de manière suffisamment critique. Les fausses nouvelles resteraient lettre morte si chacun de nous faisait preuve de plus de vigilance et de responsabilité intellectuelle.

      Selon O’Connor et Weatherall, un tel diagnostic est, au mieux, incomplet. L’une des leçons de The Misinformation Age est que la désinformation est fondamentalement un mal social. C’est bien souvent en raison de facteurs sociaux, et indépendamment de la bonne ou mauvaise volonté des individus, que les fausses croyances se propagent.

      Il n’est bien sûr pas inutile de cultiver de bonnes habitudes intellectuelles. L’arrogance, les préjugés et l’ignorance volontaire des individus facilitent certes le travail des propagandistes. Toutefois, la désinformation ne dépend pas de tels travers cognitifs et intellectuels pour faire ses ravages. Elle peut très bien se répandre en exploitant les mécanismes par lesquels même les membres rationnels et raisonnables d’une communauté partagent l’information. Amener les individus à penser de manière plus critique et logique ne suffira donc pas à mettre fin à l’ère de la désinformation. Il faudra plutôt cibler les mécanismes sociaux qui sous-tendent la transmission des croyances et qui sont exploités par la désinformation.

    • les mécanismes sociaux qui sous-tendent la transmission des croyances

      Il faut plutôt intervenir auprès des mécanismes sociaux

      Mais donc, ya quoi, hormis la cadre de la production scientifique et la production journalistique ? (les deux évoquées dans la recension) Quels sont ces mécanismes sociaux qui participent à augmenter la transmission de croyances ?

    • Et le biais de confirmation, et le confusionnisme résultant de la perte de confiance générale due au mensonge comme seul mode de gouvernement.

      Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir, mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez.

      Hannah Arendt

    • @sombre : pas d’analyse et je le regrette. Ils ont parlé de cette loi sur les canaux officiels de mi-juillet à fin août, sans jamais définir qui et quoi elle concerne. Comme si c’était évident.
      L’évidence, de mon côté, et ce qui m’a poussé à émettre cette supposition sur la communauté concernée, c’est que nos élites sont en plein séparatisme vis à vis du reste de la population, et qu’elles font beaucoup d’efforts pour disposer des armes pour éteindre toute velléité de séparatisme vis à vis de leurs objectifs et de leurs besoins.

  • Seine-Saint-Denis : Quatre mille écoliers absents, classes fermées… Des parents d’élèves dénoncent une « rentrée chaotique » (20 minutes)
    https://www.20minutes.fr/paris/2855947-20200907-seine-saint-denis-quatre-mille-ecoliers-absents-classes-f

    Près de 4.000 élèves – dont 500 pour la ville de Saint-Denis – sur plus de 200.000 enfants, n’ont pas retrouvé le chemin de l’école en Seine-Saint-Denis.
    Vingt et une classes ont été fermées par les autorités académiques du département.
    « Nous sommes consternés. C’est une rentrée chaotique », déplore Alixe Rivière, coprésidente de la fédération de parents d’élèves FCPE 93 sollicité par 20 Minutes.

    Source FCPE : https://www.fcpe-ucl-montreuil.fr/4021-disparitions-suspectes-dans-les-ecoles-de-seine-saint-denis

    Si l’information est vérifiée, on ne peut qu’être frappé par le manque de suivi de cette disparition à la rentrée de 2% des élèves.
    – Où sont-ils ? Des décrocheurs du confinement ayant basculés dans la déscolarisation après 2 mois de vacances ? Des enfants de familles refusant les conditions de scolarisation prévues par le(s) protocole(s) ? parce que trop contraignant ? parce que pas assez rassurant ? Des élèves passés dans le privé ? avec quelles motivations ?
    – Observe-t-on un phénomène similaire ailleurs ? avec une corrélation avec un profil sociologique de famille ?

    #éducation #élèves #rentrée_scolaire

    • Nan mais sérieusement :

      En réalité, seuls 170 écoliers n’ont pas repris les cours dans le département, assure désormais le rectorat. « Il y a toujours un écart entre le chiffre prévisionnel et les effectifs réels le jour de la rentrée », rappelle l’académie, qui a désormais consolidé ses chiffres mais avait bien confirmé celui de 4.000 début septembre. Et de préciser : « Il y a eu une erreur dans le recueil des données prévisionnelles qui sont élaborées par l’Education nationale en collaboration avec les villes. Le confinement a sans doute complexifié le recueil de ces données ».

      #il_y_a_toujours_un_écart #complexifié_le_recueil_des_données

      Maintenant il serait intéressant de savoir à quel point cet « écart » a servi à justifier les discours officiels sur les élèves « décrocheurs » à cause du confinement, et sur le besoin de rouvrir les classes « quoi qu’il en coûte » (ces « 4000 » écoliers absents déplaçant la justification de l’ouverture des classes vers sur la santé mentales et la scolarisation des enfants, plutôt que de se focaliser sur besoin économique de faire garder les enfants pour que les parents puissent aller travailler).

    • Le chiffre ministériel des élèves décrocheurs a été de 4%. Il ne sort de nulle part et je n’ai vu aucun journaliste le remettre en cause.
      Illustration avec ma classe en éducation prioritaire, pendant le confinement :
      – j’ai perdu tout contact avec la famille/l’élève : 10%
      – j’ai maintenu un contact avec la famille sans pouvoir mettre en place des temps de travail : 30%
      – j’ai maintenu un contact avec la famille et les temps de travail mis en place n’étaient ni significatifs ni utiles : 30%
      – j’ai pu travailler régulièrement avec les élèves et/ou leur famille les ont suivi sérieusement sur la base de documents distribués et outils mis en place ou de leur propre initiative : 30%.
      Comme même ces derniers élèves ont fini par régresser vers le milieu du confinement, je considère d’un point de vue pédagogique (en terme de résultats) que 100% des élèves de ma classe étaient décrocheurs.
      Si on essaye d’être plus nuancé et de compter en terme de moyens et non de résultats, d’accompagnement et non d’apprentissage, disons alors que 70% de mes élèves étaient décrocheurs.
      Lorsque la hiérarchie m’a appelé pour connaître le nombre de décrocheurs, le critère était « avez-vous eu un contact même ponctuel avec la famille ? », le chiffre remonté pour ma classe était donc 10%.

      J’en déduis que le nombre d’élève décrocheurs a été très très sous-évalué parce qu’il fallait annoncer que tout allait bien dans la logique du « on est prêt ».
      D’un point de vue scolaire le distanciel a été massivement un échec (pour de multiples raisons qui demanderaient à être pensées et analysées), donc oui du strict point de vue de la scolarité et des inégalités le retour en présentiel était nécessaire.
      Mais la logique du ministère est autre : on rouvre pour renvoyer les familles au travail sans se donner les moyens d’un présentiel par temps de COVID (pas plus qu’on s’est donné les moyens d’un distanciel d’ailleurs).
      Le Ministère n’a pas besoin d’écarts pour justifier ceci ou cela, il s’adapte au discours gouvernemental quitte avec être en contradiction avec les chiffres (truqués ou pas) et quitte à être en contradiction avec lui-même.
      Exemple : qu’est devenue l’expérimentation des 2S2C qui a mobilisé les équipes après le confinement ? Quid de la promesse du dédoublement des classes si la circulation du virus redevenait importante ? (poke @caro)

    • Nous, on est l’ultraminorité des planqués  : on a vu la nature du non-protocole sanitaire de rentrée et on a juste dit «  non, on n’y va pas  ». On pensait que la situation sanitaire allait se dégrader à partir de la rentrée (on n’a pas été déçu) et que les décideurs finiraient par arrêter leur conneries et revenir à des mesures compatibles avec la santé de la population en général et des otages de l’EN en particulier  : là, je dois avouer que j’ai pêché par optimisme débridé et foi en la rationalité humaine.
      La politique de santé publique actuelle est criminelle et c’est encore plus vrai pour ce qui se passe dans les établissements scolaires.

      Il semblerait que le sport qui est en train de devenir à la mode à l’hosto, c’est intuber des profs.

      Je suis juste furieuse.

  • Une fiction pour camoufler le racisme – L’image sociale
    http://imagesociale.fr/8941

    En bref, tous ceux qui rechignent à condamner l’hebdomadaire d’extrême-droite reprennent l’argument derrière lequel celui-ci s’est abrité : la mise en scène de Danièle Obono en esclave est une fiction.

    Cet argument est évidemment un sophisme, et il faut soit avoir tout oublié de Voltaire, soit penser qu’on peut librement se moquer de certaines catégories de personnes, pour accorder foi à cette fable.

    Les suites de l’affaire Obono (seenthis.net/messages/873832) : André Gunthert enfonce le clou.

    • pour ceux qui veulent encore des arguments sur le fascisme de Onfray, il défend valeurs actuelles et sa bd raciste sur LCI (video yt)

  • Du bon usage des masques - Communiqué de l’Académie nationale de médecine 7 septembre 2020http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2020/09/20.9.7-Du-bon-usage-masques.pdf

    dans l’espace public, les masques en tissu, lavables, doivent être préférés aux masques jetables pour d’évidentes raisons économiques et écologiques :
    • ils peuvent être lavés à la main ou en machine, avec un détergent, comme le linge de corps, la température de 60°C n’étant pas plus justifiée pour le lavage des masques que pour le lavage des mains ;
    • ils doivent être changés lorsqu’ils deviennent humides et ne jamais être portés plus d’une journée ;
    • ils sont réutilisables après chaque cycle de lavage - séchage tant que leurs qualités (maillage du tissu et intégrité des brides) ne sont pas altérées.
    De plus, l’Académie de médecine recommande :
    – que l’obligation du port du masque, systématiquement associée aux mesures de distanciation, soit instaurée dans tous les lieux publics, clos et ouverts, selon des règles faciles à comprendre, à appliquer et à contrôler ;
    – qu’une information claire et simplifiée sur l’usage des masques soit largement diffusée.

    On s’en doutait : le savon suffit à détruire l’enveloppe lipidique du virus, la température de lavage importe peu. Il n’est pas nécessaire d’accélérer l’usure des #masques par des lavages à 60°. Il aura fallu des mois pour que ce soit dit. Encore un exemple de la raréfaction du raisonnement logique que la pandémie révèle (et accroit). C’est un des aspects terrorisant de cette pandémie (post-vérité partout).

    • Je ne vois pas à quel moment ni comment « on s’en doutait ». Que de manière pratique, quasiment tout le monde finissait par mettre les masques avec le reste à la machine, parce que personne n’a de quoi faire 4 machines à 60° par semaine, ça oui, mais c’est juste une conséquence matérielle. Mais au niveau scientifique, logique, à un instant T, les chercheureuses pouvaient parfaitement avoir suffisamment de preuves pour dire que la chaleur niquait bien le truc, mais sans pour autant avoir assez de preuves pour le savon/les détergents. Et c’est pas chacun dans son coin qui pourrait faire ce « raisonnement logique » dans son coin, ça dépend des virus, faut faire des tests sérieux.

      Mais tant mieux, c’est super, si désormais il y a un consensus, qu’il y a assez de preuves, pour affirmer ça, et qu’effectivement ce que faisaient les gens par pure obligation matérielle, bah ça suffit réellement au niveau santé.

    • Le savon dissout les graisses. Sans l’enveloppe lipidique qui le protège le brin d’arn du coronavirus est fichu. Pour ma part, depuis longtemps, je fais mariner dans de l’eau très savonneuse un bon moment, puis je rince. Si je lave avec d’autre tissus en machine, je surdose le savon (pour calmer l’anxiété).
      Les recommandations sur le séchage m’ont toujours paru débiles. Il faudrait que le masque sèche dans un endroit très infecté (une chambre de covidé ?) pour qu’il soit contaminé.
      Voir par exemple
      https://stop-postillons.fr/#en-vie-reelle
      Dont les données sont issues d’une étude Lancet d’avril dernier
      https://ars.els-cdn.com/content/image/1-s2.0-S2666524720300033-mmc1.pdf

      Que l’académie de médecine gauloise finisse par le dire des mois après n’est qu’un indice de plus que tout est fait pour que l’on n’y comprenne rien, pour déposséder les premiers concernés. La liberté est pour la police. La logique, pour personne.

    • Je vois aussi un autre point en contradiction avec les recommandations précédentes, celui de favoriser désormais l’usage du masque en tissu (sur les affiches en mai on voyait encore « utilisez un masque jetable »). Est-ce que d’un point de vue scientifique ça se tient ? Beaucoup de masques en tissu fait-maison m’ont l’air d’être des vraies passoires sans compter que la plupart du temps ils sont bien moins confortables que leurs homologues jetables, surtout par forte chaleur, ce qui n’incite pas à leur usage.

    • Concrètement, avec un virus qui contamine essentiellement par aérosolisation, c’est une recommandation de merde.

      Pour respecter les arrêtés stupides de port du masque dans la rue, oui, le masque en tissu fait parfaitement l’affaire  : il te protège bien du seul risque, celui de la prune à 135€.

      À la limite, pour les courses dans un magasin pas trop peuplé où tu peux éviter les autres… mais bon, sachant que beaucoup de gens continuent à faire les rebelles en sortant le pif ou en baissant le masque à tout bout de champ, dès que c’est fermé, c’est au moins le chirurgical.

      Mais pour les lieux où les gens macèrent ensembles pendant des plombes comme au boulot, dans les bureaux en open space, les réunions, les salles de classes, même le chirurgical est un peu léger. En gros, le protocole aurait dû interdire ce genre de situations. Surtout que beaucoup de gens ont des masques insuffisants et/ou mal ajustés (tissu trop fin ou à maillage trop lâche, mauvaise forme, coutures mal placées, etc.). Dès qu’il est humide, le chirurgical est à benner. Pour un orateur — qui doit un peu pousser sa voix pour se faire entendre — ça peut aller assez vite. Donc en population dense en milieu confiné (ce qui ne devrait pas être autorisé, je le répète), ce serait plutôt FFP2 ou équivalent, sachant que sur les visages fins ou maigres, les masques ne s’adaptent pas bien…

    • Aerosol Filtration Efficiency of Common Fabrics Used in Respiratory Cloth Masks
      https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acsnano.0c03252

      The emergence of a pandemic affecting the respiratory system can result in a significant demand for face masks. This includes the use of cloth masks by large sections of the public, as can be seen during the current global spread of COVID-19. However, there is limited knowledge available on the performance of various commonly available fabrics used in cloth masks. Importantly, there is a need to evaluate filtration efficiencies as a function of aerosol particulate sizes in the 10 nm to 10 μm range, which is particularly relevant for respiratory virus transmission. We have carried out these studies for several common fabrics including cotton, silk, chiffon, flannel, various synthetics, and their combinations. Although the filtration efficiencies for various fabrics when a single layer was used ranged from 5 to 80% and 5 to 95% for particle sizes of <300 nm and >300 nm, respectively, the efficiencies improved when multiple layers were used and when using a specific combination of different fabrics. Filtration efficiencies of the hybrids (such as cotton–silk, cotton–chiffon, cotton–flannel) was >80% (for particles <300 nm) and >90% (for particles >300 nm). We speculate that the enhanced performance of the hybrids is likely due to the combined effect of mechanical and electrostatic-based filtration. Cotton, the most widely used material for cloth masks performs better at higher weave densities (i.e., thread count) and can make a significant difference in filtration efficiencies. Our studies also imply that gaps (as caused by an improper fit of the mask) can result in over a 60% decrease in the filtration efficiency, implying the need for future cloth mask design studies to take into account issues of “fit” and leakage, while allowing the exhaled air to vent efficiently. Overall, we find that combinations of various commonly available fabrics used in cloth masks can potentially provide significant protection against the transmission of aerosol particles.

      Encore ne s’agit-il dans cet article que de masques deux couches. D’autres préconisent 3 couches, avec des caractéristiques complémentaires.

      Le mot masque recouvre une gamme plus qu’hétéroclite d’objets, dont de nombreux ersatzs.
      Que le gouvernement se contre foute de la santé publique en édictant aucune recommandation étayée, aucune norme, en ne contribuant pas à la création de chaines de production de masques ad hoc, de là à croire que « les » masques en tissu ne protègent pas....
      Ce qui est une fois de plus sidérant - par delà l’irresponsabilité nuisible du gvt, les profit des boites - c’est que tout se passe comme si le nombre de scientifiques, de techniciens, d’ingénieurs, de fabricants, de soignants en tous genres, de journalistes scientifiques susceptibles de compiler des données, d’expérimenter pour contribuer à la définition et à la fabrication de bons équipements de protection personnelle ne servait à rien. Pourquoi a-t-on financé la formation de ces professionnels ? Pourquoi les paye-t-on ? Qu’est-ce qui interdit que l’intelligence collective, les savoirs répondent à des besoins ? Faut il en conclure à une expansion illimitée de la sphère des bullshit jobs ? Insondables mystères de l’anti-production capitaliste.

  • Ça m’avait échappé : Gérard Araud a « rejoint » NSO Group en septembre 2019 :
    https://twitter.com/oliviertesquet/status/1227555925977899010
    (tout le thread sur NSO est intéressant par ailleurs) :

    Au passage, pour son rôle de conseiller auprès du marchand d’armes numériques israélien (que j’avais relevé ici en octobre dernier), Gérard Araud, l’ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis, est en majesté dans la presse du jour... (@canardenchaine & @Le_Figaro)


  • Les hommes n’ont pas d’amis et les femmes en portent le fardeau – Melanie Hamlett
    https://repeindre.info/2019/05/23/les-hommes-nont-pas-damis-et-les-femmes-en-portent-le-fardeau

    Contrairement aux femmes, qui sont encouragées à développer une profonde intimité platonique dès leur plus jeune âge, les hommes américains – avec leurs poitrines gonflées, leurs coups de poing et leurs étreintes maladroites – grandissent en croyant qu’ils doivent non seulement se comporter comme des robots stoïques devant les autres hommes, mais que les femmes sont les seules personnes auxquelles ils peuvent s’adresser pour un soutien moral – si jamais ils le peuvent. Et comme les relations modernes continuent d’exercer une pression sur « l’autre » pour être « la seule autre » (où les hommes choisissent leurs femmes et leurs petites amies pour être les meilleures amies, les amantes, les conseillères de carrière, les stylistes, les secrétaires sociales, les pom-pom girls émotionnelles, pour eux, leurs futurs enfants ou les deux – et éventuellement, les thérapeutes sur demande moins les 200 $/h), cette forme de gold digging (NdT : recherche de personne aisée pour se marier) émotionnel ne nuit pas seulement aux hommes, elle fatigue toute une génération de femmes.

    L’idée d’un “emotional gold digger” a été évoquée pour la première fois en 2016 par l’écrivaine Erin Rodgers avec un tweet qui continue d’être rediffusé sur les médias sociaux, autant par des femmes mariées à des hommes féministes autoproclamés qu’à des maris plus conservateurs. Elle a récemment gagné en popularité car les femmes, se sentant de plus en plus accablées par un travail émotionnel non rémunéré, ont pris conscience des conséquences de la masculinité toxique, qui maintient les hommes isolés et incapables de se soutenir les uns sur les autres. Toutes les femmes semblent se plaindre de la même chose : pendant qu’elles lisent d’innombrables livres de développement personnel, écoutent des podcasts, cherchent des conseillers en orientation professionnelle, se tournent vers des amies pour obtenir des conseils et du soutien, ou dépensent une petite fortune en thérapeutes pour traiter de vieilles blessures et des problèmes actuels, les hommes dans leur vie comptent simplement sur elles.

    C’est pour cette raison que l’artiste Lindsay Johnson se fait appeler en plaisantant « Beck and Call Girl ». Non seulement elle s’occupe de son mari et de ses enfants, mais elle vient d’emménager avec sa mère pour s’occuper d’elle aussi, car elle sait que ses frères ne le feront pas. Tous deux récemment divorcés, ses frères se tournent déjà vers elle (mais jamais l’un vers l’autre) pour subvenir aux besoins que leurs épouses comblaient précédemment.

    « Les hommes drainent la vie émotionnelle des femmes », dit cette femme de 41 ans, qui vit à Nashville, au Tennessee. « Je les aime, mais Seigneur, ils sont devenus le fléau de mon existence. » Johnson admet qu’elle favorise ses frères en disant oui tout le temps, en partie par culpabilité, mais aussi en partie parce qu’elle aime qu’on ait besoin d’elle – « pour se sentir importante », explique Johnson. « C’est un piège, ça finit par devenir trop et je finis par être épuisée et plein de ressentiment. »

  • « Clowns », « Khmers verts »... Manuel de décryptage du discours #anti-écolo
    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/924/_clowns___khmers_verts__manuel_de_dcryptage_du_discours_anti_colo

    Grattez le vert et vous aurez donc du brun… ou du rouge. Car l’argument fonctionne aussi avec le #communisme. Ici, ce n’est pas tant la politique de l’URSS en la matière qui est convoquée qu’une resucée du combat très années 1970 des « nouveaux philosophes », emmenés par Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann, contre le #totalitarisme rouge – soviétique ou chinois. Dans Le Nouvel Ordre écologique, Luc Ferry affirme que l’« #écologie profonde » d’Arne Næss « plonge certaines de ses racines dans le #nazisme et pousse ses branches jusque dans les sphères les plus extrêmes du gauchisme culturel ». Vingt-sept ans plus tard, l’ancien ministre n’en démord pas. Dans Le Figaro, où il tient un billet hebdomadaire, Luc Ferry s’est déchaîné tout l’été contre les écologistes. En juillet : « Après la chute du communisme, la haine du #libéralisme devait absolument trouver un nouveau cheval. […] Il fallait d’urgence trouver autre chose pour continuer le combat. Miracle ! L’écologisme fit rapidement figure de candidat idéal. » Puis, en août, à propos des théoriciens de l’effondrement : « C’est désormais l’écologisme radical qui, sous les couleurs de “l’effondrisme” (quel mot ridicule !), prend le relais de leur anticapitalisme, c’est lui qui poursuit l’idéal antilibéral du gauchisme et du tiers-mondisme défunts. » C’est ce qu’on appelle être fidèle à ses idées.

    • Mais vous l’aurez compris, avant même de parler de nazisme ou de haine des hommes, le discours anti-écologie se nourrit d’abord d’un inépuisable carburant : la mauvaise foi.

      Et la diffamation aussi, peut-être ...

      On peut ne pas toujours être d’accord avec le discours de Greta Thunberg, les attaques ad personam de Michel Onfray à son encontre sont abjectes. De plus, cette petite crapule autoproclamée philosophe évite bien sûr d’aborder la problématique de fond.

  • #Coronavirus et #fascistovirus : #recension thématique que je mettrai à jour :

    Racisme en Angleterre :
    https://seenthis.net/messages/829070

    Xénophobie aux Etats-Unis et dans le monde :
    https://seenthis.net/messages/832344

    Racisme France :
    https://seenthis.net/messages/854394
    –---------------------------------------
    #Stratégie_du_Choc (Naomi Klein) :
    https://seenthis.net/messages/838695
    https://seenthis.net/messages/838958

    Surveillance généralisée :
    https://seenthis.net/messages/831821
    https://seenthis.net/messages/832179
    https://seenthis.net/messages/833081
    https://seenthis.net/messages/834486
    https://seenthis.net/messages/835041
    https://seenthis.net/messages/836744
    https://seenthis.net/messages/836769
    https://seenthis.net/messages/837316
    https://seenthis.net/messages/837394
    https://seenthis.net/messages/838752
    https://seenthis.net/messages/838835
    https://seenthis.net/messages/838959
    https://seenthis.net/messages/840354
    https://seenthis.net/messages/841563
    https://seenthis.net/messages/842360
    https://seenthis.net/messages/843381
    https://seenthis.net/messages/845204
    https://seenthis.net/messages/845582
    https://seenthis.net/messages/848907
    https://seenthis.net/messages/849167

    Surveillance, par Zlavoj Zizek :
    https://seenthis.net/messages/832191

    Surveillance en israel :
    https://seenthis.net/messages/830994
    https://seenthis.net/messages/848663
    https://seenthis.net/messages/849301
    https://seenthis.net/messages/849203

    Surveillance en Corée du Sud et à Singapour :
    https://seenthis.net/messages/831534

    Surveillance en Corée du Sud :
    https://seenthis.net/messages/831957
    https://seenthis.net/messages/839066

    Surveillance à Singapour :
    https://seenthis.net/messages/840450
    https://seenthis.net/messages/851703

    Surveillance en Californie :
    https://seenthis.net/messages/831592

    Surveillance en Italie :
    https://seenthis.net/messages/831684

    Surveillance en Espagne :
    https://seenthis.net/messages/832039

    Surveillance à Hong-Kong
    https://seenthis.net/messages/832725

    Surveillance en France
    https://seenthis.net/messages/832879
    https://seenthis.net/messages/833604
    https://seenthis.net/messages/834448
    https://seenthis.net/messages/834799
    https://seenthis.net/messages/834827
    https://seenthis.net/messages/835315
    https://seenthis.net/messages/835521
    https://seenthis.net/messages/836152
    https://seenthis.net/messages/836339
    https://seenthis.net/messages/836686
    https://seenthis.net/messages/837462
    https://seenthis.net/messages/838054
    https://seenthis.net/messages/839644
    https://seenthis.net/messages/839878
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    Surveillance en Suisse :
    https://seenthis.net/messages/834488

    Surveillance au Canada :
    https://seenthis.net/messages/834906
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    Surveillance au Vénézuela :
    https://seenthis.net/messages/835945

    Surveillance en Russie :
    https://seenthis.net/messages/836170
    https://seenthis.net/messages/845868
    https://seenthis.net/messages/857241

    Surveillance aux USA :
    https://seenthis.net/messages/837134
    https://seenthis.net/messages/837112
    https://seenthis.net/messages/838151
    https://seenthis.net/messages/837838
    https://seenthis.net/messages/842103

    Surveillance en UK :
    https://seenthis.net/messages/840120
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    https://seenthis.net/messages/859959

    Surveillance en Allemagne :
    https://seenthis.net/messages/840160

    Surveillance en Australie :
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    Recherche #IA complice :
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    Waze / Google complice :
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    Surveillance par Facebook :
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    –--------------------------------
    Fascisme à travers le monde :
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    Fascisme (assassinats) en Colombie :
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    Fascisme en Hongrie :
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    Fascisme en France :
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    https://seenthis.net/messages/859902

    Fascisme (assassinats) au Brésil :
    https://seenthis.net/messages/837486

    Fascisme en Allemagne :
    https://seenthis.net/messages/837619

    Fascisme au Cambodge :
    https://seenthis.net/messages/841870

    Fascisme en Italie :
    https://seenthis.net/messages/843600

    Fascisme en israel :
    https://seenthis.net/messages/843760

    Fascisme dans le Golfe :
    https://seenthis.net/messages/844734

    Fascisme au Nigéria :
    https://seenthis.net/messages/845017

    Fascisme en Pologne :
    https://seenthis.net/messages/845495
    –------------------------------
    #Contrôles_kafkaïens et violences policières en France :
    https://seenthis.net/messages/832634
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    Contrôles kafkaïens, mais en Australie :
    https://seenthis.net/messages/844153
    Contrôles kafkaïens, mais au Canada :
    https://seenthis.net/messages/844879

    Répression des manifestations :
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    https://seenthis.net/messages/856826
    https://seenthis.net/messages/856892

  • Coronavirus : à New York, des détenus enterrent des morts dans une fosse commune sur une île
    https://www.lavoixdunord.fr/739021/article/2020-04-10/coronavirus-new-york-des-detenus-enterrent-des-morts-dans-une-fosse-com

    Et la ville en a grandement besoin : des images de drones diffusées jeudi montrent des détenus enterrer des cercueils dans des fosses communes sur une île. « Depuis des décennies, Hart Island est utilisée pour faire reposer les défunts dont le corps n’a pas été réclamé par des proches », explique un porte-parole de la ville au New York Post.

    https://www.youtube.com/watch?v=f6WxOdJATq4

    Selon BFMTV, les détenus sont rémunérés pour se charger de cette tâche. D’ordinaire, ils ne travaillent sur Hart Island qu’une fois par semaine. Désormais, en raison de l’épidémie de Covid-19, ils sont à la tâche cinq jours sur sept.

  • On se demandait il y a quelques jours d’où émergerait la revendication selon laquelle il faut euthanasier les vieux et les obèses pour sortir de ce confinement. Serait-ce l’extrême-droite, la droite religieuse, les populistes d’extrême-gauche ? De manière totalement prévisible, le thème est depuis hier devenu le cri du cœur de l’extême-centre néolibéral et – kof-fok – « humaniste » pro-européen.

    https://seenthis.net/messages/841250
    https://seenthis.net/messages/841246

    Clairement, il faut sauver le système même qui a conduit à l’inefficacité de nos systèmes de santé, le dénuement total (pas de masques, pas de blouse, pas de gel, sous-effectifs, etc.) des personnels du soin (hôpitaux, vieux…), rendu impraticables les interventions rapides en début d’épidémie (dépistages volontaristes). Bref : il faut désormais sauver le système (européen néolibéral et « humaniste ») qui a condamné la moitié de la planète au confinement.

    C’est tout de même grâce à ces propagandistes du système dans lequel nous vivons que, hé pignouf, « there is no alternative » au confinement. Parce que les possibilités d’alternatives, elles ont été détruites par ce système même qu’il conviendrait maintenant de sauver en euthaniant ceux qui en étaient déjà les victimes les plus faibles (les vieux, les minorités ethniques, les travailleurs pauvres, les exclus, etc.)

    • Un tri des malades ?

      Cette tendance à faire du handicap l’un des critères de « tri » des malades a été confirmée à l’AFP par un médecin intervenant dans des établissements pour personnes handicapées dans le Grand Est. Ce médecin -qui a requis l’anonymat- raconte avoir été « choqué » en recevant des recommandations en ce sens de la part de l’hôpital de proximité dont dépendent les établissements où il intervient. Dans ce courriel, que le médecin a lu à l’AFP, l’hôpital estime « nécessaire d’adopter une stratégie de prise en charge proportionnée », pour « maximiser les chances de survie des résidents pouvant potentiellement passer un cap », et « accompagner » (sans hospitaliser) « celles ou ceux qui malheureusement ne le passeront pas ». Pour ce faire, l’hôpital recommande aux médecins d’évaluer les éventuelles pathologies dont souffre par ailleurs le patient, et cite, parmi les critères à prendre en compte, l’insuffisance respiratoire ou cardiaque, le diabète, des troubles psycho-comportementaux... ou un certain « niveau de handicap ».

      Interpellée le 2 avril par un internaute, la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, s’est élevée contre toute discrimination dans l’accès aux soins. « Les personnes handicapées doivent pouvoir bénéficier des mêmes soins que toute la population. Les symptômes cliniques doivent être considérés en fonction de l’état pulmonaire du patient et sa capacité à supporter 15 jours de réanimation. Donc non, elles ne sont pas mises de côté, nous y travaillons », a-t-elle martelé, en réponse à une question lors d’un « Facebook live ».

      https://informations.handicap.fr/a-covid-handicap-tri-malades-12785.php

    • Un des facteurs déprimants du confinement, c’est que je suis de plus en plus persuadé qu’on est prêts pour du bon gros fascisme décomplexé en France (prolongement de la vague Trump, Modi, Netanyahu, Bolsonaro, etc.).

    • Critiquer une action gouvernementale cela n’a rien de complotiste.

      L’Agence du médicament, ceci-dit, vient de répondre à mes critiques : les risques cardiaques, connus avec l’hydroxychloroquine, s’avèrent plus importants pour les patient atteints de Covid-19. Ce qui justifie d’interdire sa prescription hors de l’hôpital.

      Prend bien ton pied @arno, en exerçant ton droit de censure sur « ton flux » ...

      Je pensais qu’ici l’important était l’échange d’information sourcée et pertinente, non, c’est le Droit de propriété sur « SON FLUX » :-)))

    • Sauf qu’à nouveau : je ne vois pas le rapport avec le sujet du présent thread. Il y a ici-même environ 10 000 autres threads où on évoque le docteur Pillule, et où tu aurais pu poster ton message à ce sujet. Donc là tu postes une considération qui est soit totalement hors-sujet, soit qui suggère que le sort réservé au bon docteur Calanque entre dans la logique de laisser crever une partie de la population pour sauver l’économie.

      Et oui, sinon, je pense avoir le droit d’en avoir ras le cul de voir arriver d’absolument partout, y compris de gens que j’aime beaucoup par ailleurs, ce fatras de délires merdiques sur la persécution du gentil docteur Maboul.

    • Non mais stop @stephane_m n’importe qui ici peut voir en lisant le tout premier message que ce que tu dis n’a strictement aucun rapport avec le sujet du fil, alors arrête ta monomanie… Encore, t’aurais posté ça sur un fil qui parle de médicaments, de Graou, etc, mais là c’est totalement hors-sujet sur ce fil qui parle d’économie, et des propagandistes libéraux qui veulent remettre la France au travail même en tuant plein de gens.

  • Il faut sortir la France du confinement | Les Echos, Éric Le Boucher (après Arnaud Le Parmentier hier)
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/il-faut-sortir-la-france-du-confinement-1193910
    Photo non créditée attribuable aux chambres de commerce hexagonales réunies

    Les Etats et les banques centrales ont fait ce qu’il fallait pour soutenir à bout de bras des économies mises à terre par le coronavirus. Mais combien de temps pourront-ils le faire ? La réponse revient aux scientifiques, seuls à même de trouver une réponse, écrit Eric Le Boucher. Or quatre mois après le début de l’épidémie et malgré le confinement, on découvre qu’on est toujours au point de départ. Il faut revenir à la stratégie de l’immunité collective. (...)

    La préservation de la vie est un principe sacré, mais le retour au travail représente aussi une valeur humaine.

    #économie #travail

  • Les #femmes travaillent, les hommes accumulent…
    http://www.laviedesidees.fr/Celine-Bessiere-Sibylle-Gollac-genre-capital.html

    À propos de : Céline Bessière, Sibylle Gollac, Le #genre du capital, La Découverte. Grâce à une enquête ethnographique leur ayant permis de pénétrer notamment dans les coulisses des études de notaires et cabinets d’avocats, deux sociologues montrent l’origine de profondes inégalités de genre dans la répartition du #patrimoine familial.

    #Société #capitalisme
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20200323_baudelot.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20200323_baudelot.docx

  • Pénurie de masques : enquête sur une faillite d’Etat
    https://www.lejdd.fr/Societe/penurie-de-masques-enquete-sur-une-faillite-detat-3956884


    L’unité d’accueil des patients présentant les symptômes du Covid-19, devant l’hôpital de Pau.
    AFP

    La pression s’accentue à mesure qu’une série de dysfonctionnements apparaît. En pleine lutte contre le coronavirus, le gouvernement ne peut fournir assez de masques à tous les soignants, suscitant évidemment leur indignation, relayée par l’opposition. Comment expliquer la pénurie de ces produits pourtant peu onéreux, que les autorités viennent à peine d’admettre ? Les ministres successifs, leurs cabinets, les directeurs généraux de la santé, qui est comptable du retard ?

    Dans cette triste faillite d’Etat, les responsables sont certainement bien plus nombreux que les coupables. A partir de 2013, alors que la menace d’une épidémie semblait s’éloigner, le bouclier sanitaire édifié en 2006 a été sacrifié, sur fond d’austérité budgétaire et de délocalisation de la production en Chine.

    Chapitre 1. Années 2000 : les entrepôts sont pleins
    A cette époque, les autorités sanitaires ne jurent que par les masques pour arrêter les agressions virales. Dans la crainte d’une épidémie de grippe aviaire, qui, selon le titre du best-seller des professeurs Jean-Philippe Derenne et François Bricaire menacerait de faire « 500.000 morts en France », le plan national de janvier 2006 les place au cœur du dispositif : les modèles à haut niveau de protection, dits FFP2, sont destinés aux médecins hospitaliers, aux libéraux (généralistes, infirmiers ou kinés) mais aussi aux policiers ou aux commerçants.

    Les masques chirurgicaux, eux, sont indiqués pour les malades et leurs proches (personnes contact). Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, loue sans cesse le double bouclier constitué d’un côté par « les masques altruistes » (chirurgicaux), qui protègent ceux qui ne les portent pas et, de l’autre, par « les masques égoïstes » (FFP2), permettant aux soignants et aux personnes indispensables à la société d’œuvrer en sécurité en cas d’épidémie.

    Selon une simulation du ministère de la Santé en 2006 que nous dévoilons, les besoins étaient alors évalués à plus de 561 millions de pièces pour faire face à une crise de 90 jours. Bien plus que les estimations avancées aujourd’hui par le gouvernement. Dans le détail, plus de 113 millions étaient jugés nécessaires pour les généralistes, 106 millions pour les infirmiers libéraux et près de 19 millions pour les pharmaciens. Pour le personnel hospitalier (médecins mais aussi infirmiers, aides-soignants, sages-femmes etc.), le chiffre s’élevait à environ 174 millions. Enfin, près d’1,5 million était prévu pour les pompiers et les équipes mobiles du Samu.

    Au même moment, le gouvernement suscite la création d’une filière nationale (quatre sociétés distinctes) afin de ne pas dépendre des usines asiatiques. « Un canard toussait en Roumanie et tout le monde tremblait, explique un ancien responsable. On était complètement paranos avec la menace épidémique. Grâce à ces chaînes, on savait qu’on pouvait produire environ 400 millions de masques par an. » En 2007, les professionnels de santé libéraux reçoivent un « kit de protection pandémie grippale » accompagné d’une lettre de Xavier Bertrand.

    Ce dernier suscite également la création de l’Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus). L’agence publique placée sous la tutelle du ministère de la Santé a notamment pour rôle de gérer ces « stocks stratégiques » de produits de santé mobilisables en temps de crise. « On savait combien de matériel on avait, assure la même source, et où tout était entreposé. » Hors secteur sanitaire, le plan de 2006 prévoit que les différentes administrations et ministères constituent leurs propres stocks pour les agents identifiés comme « -prioritaires- ».

    Mais la polémique née après les achats massifs de vaccins durant l’épidémie de grippe H1N1 en 2009 change la donne. Deux commissions d’enquêtes parlementaires et l’opinion accusent Roselyne Bachelot d’en avoir trop fait. Un avis du Haut conseil de la santé publique (HCSP) bouscule la doctrine : les masques FFP2, difficiles à utiliser, ne sont plus nécessaires pour les chauffeurs de bus ou les caissières (ils doivent porter des masques chirurgicaux) mais seulement pour les professionnels de santé qui s’approchent tout près des malades.

    Quelques jours plus tard, ainsi qu’il l’indique dans une note datée du 27 juillet 2011, Jean-Yves Grall, alors directeur général de la santé, prône un certain relâchement : on peut tolérer, estime-t-il, que « 25% du stock » soit périmé et accepter un « lissage du renouvellement des stocks ». Il n’empêche, lorsque Xavier Bertrand cède sa place à Marisol Touraine, en mai 2012, les stocks stratégiques d’Etat (38 sites à l’époque) sont pleins de masques : 1,4 milliard au total, dont 600 millions de FFP2 et 800 millions de chirurgicaux. Les directeurs des Agences régionales de santé (ARS), sorte de préfets sanitaires, connaissent les quantités disponibles. Et le ministère de la Santé, qui centralise tous les achats, garde la main sur le dossier.

    Chapitre 2. Juin 2013 : la doctrine chinoise
    Sous le quinquennat de François Hollande (2012-2017), le masque cesse d’être une priorité politique. Un ancien conseiller de Marisol Touraine, ministre de la Santé durant toute cette période, explique : « L’idée, ce n’était plus d’avoir des stocks gigantesques mais de pouvoir rapidement en faire fabriquer en Asie en cas de besoin. » A l’époque, Jérôme Salomon, l’actuel directeur général de la santé (DGS), est déjà au cœur du dispositif : entre 2013 et 2015, ce professeur de médecine, spécialiste des maladies infectieuses, occupe le poste de conseiller chargé de la sécurité sanitaire.

    Deux mois après sa nomination, en juin 2013, le ministère décide que chaque employeur devait constituer son propre stock sous le pilotage du secrétariat général de la Défense nationale (SGDN), qui prend la main sur le dossier, comme le raconte le sénateur Francis Delattre dans un rapport rendu public en 2015. Le ministère de la Santé cesse de centraliser les commandes pour les temps de crise sanitaire. Chaque hôpital est désormais supposé acheter des masques pour ses soignants (FFP2 et chirurgicaux) en fonction de ses besoins.

    « Le ministère de la Santé continue de constituer un stock de masques chirurgicaux destiné aux malades », précise un ex-responsable socialiste. Qui ajoute : « Ce n’était pas vraiment un changement de doctrine mais plutôt une décision logistique. Le pays entier a renoncé à en produire, on s’est appuyé sur la capacité de production chinoise. » La fin du « masque pour tous » a donc avant tout des causes économiques. « Si la doctrine a évolué en 2013, c’est essentiellement pour des raisons de coût, analyse un autre acteur de premier plan. Il faut entre 50 et 100 millions d’euros par an pour maintenir un stock aussi important. Il faut détruire les masques périmés, les remplacer par d’autres. »

    Interrogé vendredi soir par le JDD lors de son point presse quotidien, Jérôme Salomon a botté en touche sur le virage de 2013 : « On a eu un retour d’expérience. A chaque fois, des avis d’experts ont orienté le gouvernent sur la bonne réponse globale, il y a eu plusieurs avis. » L’actuel DGS a-t-il joué un rôle clé dans l’abandon du principe de précaution cher à Xavier Bertrand et Roselyne Bachelot ? Un ancien conseiller ministériel de droite note que Marisol Touraine a avalisé ce virage : « In fine, la décision lui revenait. »

    Selon les données fournies par le gouvernement de l’époque au sénateur Delattre, la valeur des stocks passe de 992 millions d’euros à la fin de l’année 2010 à 472 millions d’euros fin 2014. Le grand hangar situé sur l’ancienne base militaire de Vitry-le-François (Marne), où est entreposée une partie des stocks stratégiques de produits de santé, n’est pas aussi vide qu’aujourd’hui.

    En 2014, au moment où le virus Ebola sévit en Afrique de l’Ouest et menace le monde, des réserves sont reconstituées en urgence, selon deux sources haut placées. Idem après les attentats de novembre 2015 pour se prémunir d’autres attaques terroristes massives. Où sont passés ces masques, qui ont une durée de vie moyenne de cinq ans ? Mystère. « C’est compliqué de stocker du matériel pour le jeter ensuite, démine un connaisseur du dossier. En plus, quand la date de péremption approche, on ne peut pas les réinjecter dans le circuit hospitalier. En bon gestionnaire, on se dit qu’on gâche de l’argent public. C’est facile de dire après coup qu’il aurait fallu anticiper. Ce genre de décisions est difficile à prendre. »

    Chapitre trois. Février 2020 : la réserve est vide
    En 2018, Jérôme Salomon prend la tête de la direction générale de la santé, ce qui fait de lui le numéro 2 bis du ministère. Comme l’a révélé L’Opinion vendredi, cet ancien conseiller santé du candidat Macron avait attiré l’attention pendant la campagne présidentielle sur le fait que notre système de santé n’était pas prêt à affronter une épidémie d’ampleur. Une fois aux responsabilités, a-t-il réussi à infléchir ce désintérêt pour le bouclier sanitaire alors que les budgets dédiés à la santé restaient très contraints ? Il semble que non.

    En période de disette budgétaire, les hôpitaux ne constituent pas de réserves pour gérer une crise éventuelle mais achètent seulement les masques nécessaires à leur fonctionnement courant. Certains ministères ou administrations font plus de provisions que d’autres. Mais plus rien n’est centralisé. "C’est ce qui fait qu’aujourd’hui des conseils généraux et des universités disposent des masques qui font si cruellement défaut aux soignants", grince un témoin. A aucun moment, Agnès Buzyn, accaparée par plusieurs chantiers législatifs et par la crise de l’hôpital, n’a pris ce dossier à bras-le-corps.

    Et depuis l’alerte lancée par l’OMS le 12 janvier 2020, signalant l’existence d’un nouveau coronavirus causant de mystérieuses pneumonies à Wuhan en Chine, la réaction du ministère de la Santé a-t-elle été à la hauteur de la situation ? Jeudi, Olivier Véran, nommé ministre de la Santé le 16 février, a rejeté la faute de l’impréparation sur « une autre mandature », évoquant le changement de doctrine durant le quinquennat Hollande. L’argumentation révulse à droite comme à gauche. « Les autorités ont eu près de deux mois pour se préparer, qu’ont-elles vraiment fait ? Pourquoi n’a-t-on pas réactivé plus tôt les chaînes de productions françaises et passé des commandes en Chine ? » interroge un ancien haut responsable socialiste.

    « Il y a un problème entre le SGDSN [Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, ex-SGDN] et la Santé, il n’y a pas de pilotage technique, assure un témoin. Les réunions ont souvent été houleuses. » Vendredi soir, Jérôme Salomon n’a pu que convenir que le masque, cet « objet précieux », était devenu une « denrée rare ». Il a répété ce que le ministre de la Santé Olivier Véran avait concédé la veille au Sénat : en février, les réserves de Santé publique France (qui a repris les missions de l’Eprus lors de sa création en 2016) à Vitry-le-François étaient au plus bas : environ 150 millions de masques chirurgicaux ainsi que des modèles pour enfants.

    Au Sénat, le 26 février, le DGS s’était pourtant montré rassurant. « Il y a des stocks stratégiques importants détenus par Santé publique France sur les masques chirurgicaux, avait-il déclaré devant la commission des affaires sociales. On n’a pas d’inquiétude. La seule chose, c’est qu’on attend. On ne distribue les masques que quand c’est nécessaire : aux malades, aux personnes-contacts dans la zone où circule le virus. Si demain on nous dit qu’il y a une zone où le virus circule, évidemment qu’on privilégiera cette zone […] Il n’y pas de sujet de pénurie. J’encourage nos concitoyens à ne pas se faire avoir par des escroqueries. »

    Il ajoutait qu’une commande « urgente » de masques de protection respiratoires de type FFP2 allait être réalisée pour les professionnels de santé. Les déclarations des derniers jours soulignent les contradictions du DGS. Il a précisé vendredi soir : « Dans un monde idéal, on pourrait imaginer qu’on soit en permanence protégé. C’est le modèle asiatique. Ça n’a pas empêché l’épidémie de survenir en Chine. Porter un masque toute la journée et partout, c’est une stratégie proposée en Asie pour éviter des mesures de confinement. Si on ne se touchait pas, si on savait porter un masque, ça pourrait être une stratégie. »

    Il a fallu attendre le 3 mars pour que les alertes des soignants soient enfin entendues. Ce jour-là, Emmanuel Macron annonce que l’État réquisitionne « tous les stocks et la production de masques de protection » pour les distribuer aux soignants et aux personnes atteintes du coronavirus. Plus que l’impréparation, c’est le déni de ces dernières semaines qui a attisé le courroux des professionnels de santé. Ayant acté la faillite de l’Etat protecteur, les libéraux, en particulier, ont l’impression de monter au front sans arme. « Ils n’ont pas tort : qui sont leurs employeurs ? Je crois qu’on a simplement oublié de prévoir de masques pour eux en cas de crise », se désole un haut fonctionnaire aujourd’hui retraité.

    D’où le rationnement actuel (18 masques par semaine au maximum pour les médecins et les infirmiers) détaillé le 18 mars dans un courrier de l’Assurance maladie aux professionnels de santé. Mais, alors que des pièces arrivent au compte-gouttes dans les pharmacies et les hôpitaux (30 millions ont, selon le gouvernement, été livrés cette semaine), que les modèles FFP2 sont réservés aux professionnels en contact étroits avec les patients, l’heure n’est pas, pour les soignants, à la recherche du temps perdu. Tous promettent qu’ils feront face malgré tout. Ils n’ont pas le choix : l’ennemi invisible est là.

  • La pollution de l’air, une « autoroute » pour le coronavirus
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/transitions-ecologiques/la-pollution-de-l-air-une-autoroute-pour-le-coronavirus-842732.html


    Dans le Nord de l’Italie ont été observées des « accélérations anormales » de l’expansion de l’infection, « coïncidant de manière évidente, à une distance de deux semaines, avec les concentrations les plus élevées de particules atmosphériques ».
    Crédits : Reuters

    Les particules en suspension dans l’air pollué accéléreraient la diffusion de la maladie, selon des chercheurs italiens. Ils ont en effet constaté une corrélation entre les dépassements des limites réglementaires et la rapidité des contaminations.

    La pollution atmosphérique pourrait non seulement fragiliser l’état de santé des populations confrontées à une épidémie de coronavirus, et donc peser sur le taux de mortalité, comme déjà pointé du doigt par les ONG. Elle accélérerait carrément la diffusion de la maladie.

    C’est hypothèse soutenue par une douzaine de chercheurs et médecins de la Société italienne de médecine environnementale (Società italiana di medicina ambientale, Sima). Dans une récente étude révélée par le quotidien économique Il Sole 24 Ore, ils soulignent l’existence d’une relation entre les dépassements des limites réglementaires relatifs aux particules en suspension PM10 et PM2,5 et le nombre de personnes malades de coronavirus.

    Des coïncidences particulièrement évidentes dans la vallée du Pô
    Les chercheurs ont notamment analysé les données de la pollution de l’air enregistrées en Italie par les agences régionales de la protection environnementale entre le 10 et le 29 février, et les ont mises en relation avec les informations fournies par la protection civile italienne sur le nombre de contaminations, en tenant compte de la période d’incubation maximale estimée à 14 jours. Ils ont observé une correspondance entre les courbes, particulièrement évidente dans la zone du Nord de l’Italie qui a concentré la grande majorité des cas de coronavirus du pays.

    Ici ont été observées des « accélérations anormales » de l’expansion de l’infection, "coïncidant de manière évidente, à une distance de deux semaines, avec les concentrations les plus élevées de particules atmosphériques", écrit Il Sole 24 Ore.

    • Aussi transparent que le sont des masques revendus.

      Conférence de presse du ministre de la santé, Olivier Véran
      https://www.lemonde.fr/planete/live/2020/03/21/epidemie-due-au-coronavirus-le-premier-week-end-de-confinement-en-direct_603

      Je veux me livrer aujourd’hui a un exercice de transparence absolue et vous présenter la situation telle qu’elle est :

      Suite a de premières alertes serieuses (...) les pouvoirs publics ont décidé il y a une dizaine d’années d’équiper la France de nouveaux masques. Quels que soient les processus de décision qui ont conduit à ce que ces stocks ne soient pas renouvelés, ils se sont réduits année après année. Il ne restait notamment aucun stock d’Etat de masque FFP2.

    • Ces 50 masques par foyer qui nous manquent, ou l’affaire du rapport enterré

      Un rapport remis en mai 2019 à Santé publique France recommandait de fournir, en cas de pandémie, une boîte de 50 masques par foyer, soit un milliard d’unités au total. Dix mois plus tard et faute de stocks suffisants pour faire face au Covid-19, le gouvernement dissuade les citoyens de se couvrir le visage, y compris dans un magasin. En revanche, veuillez remettre vos exemplaires en pharmacie messieurs-dames !

      « On ne peut pas dire qu’il y a eu un défaut d’anticipation de cette crise, bien au contraire », défendait la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, sur CNews, lundi 23 mars. Pourtant, cette semaine encore, la pénurie de masques, de tests et de réactifs pèse sur la capacité de la France à lutter correctement contre l’épidémie de coronavirus Covid-19, dont le nombre de victimes dépassera probablement les 2.000 d’ici 24 ou 48 heures.

      Devant la représentation nationale, le ministre de la Santé concédait d’ailleurs mardi que des marchandises étaient encore attendues en provenance des Etats-Unis et de Chine.

      De l’aveu même d’Olivier Véran, interrogé le 17 mars sur France Inter, l’Etat ne dispose alors plus que de 110 millions de masques chirurgicaux dans ses stocks stratégiques, malgré les réquisitions annoncées quatre jours plus tôt par le premier ministre.

      Pis, aucun masque FFP2, plus performant, ne traîne dans ses greniers. Jusqu’en 2011, un milliard de masques chirurgicaux et 700 millions de FFP2 étaient entreposés en permanence à travers le pays.

      Des instructions ministérielles passées à partir de 2011, sous les mandats de Nicolas Sarkozy puis de François Hollande, ont causé ce désarmement. L’après-H1N1 est marqué par de vives accusations de gabegie visant Roselyne Bachelot. Les gouvernements successifs mènent une politique de réduction des dépenses publiques, qui conduit l’Etat à transférer la charge des équipements de protection vers les employeurs.

      Les pouvoirs publics misent sur la capacité des usines chinoises à irriguer le marché en cas de crise. Sans anticiper l’effet qu’aurait une pandémie apparaissant précisément dans ce pays !

      Les responsabilités sont collectives, mais Emmanuel Macron ne peut toutefois pas se défausser sur ses prédécesseurs. Il était informé du problème. L’actuel directeur général de la santé, Jérôme Salomon, avait remis une note de cinq pages au futur candidat à la présidentielle le 5 septembre 2016.

      « Le risque doit être considéré comme important »

      Une alerte encore plus récente aurait pu, ou dû, amener le gouvernement à revoir sa doctrine.

      Un rapport commandé par la Direction générale de la Santé (DGS) [1] en 2016 et remis à l’agence nationale de santé publique en mai 2019 établi noir sur blanc la nécessité d’équiper la population en masques.

      Le groupe d’experts présidé par le Pr Jean-Paul Stahl formule plusieurs recommandations. Celles relatives aux masques sont exprimées en deuxième position, immédiatement après la question des antiviraux.

      « En cas de pandémie, le besoin en masques est d’une boîte de 50 masques par foyer, à raison de 20 millions de boîtes en cas d’atteinte de 30 % de la population. » Cela équivaut donc à un milliard de masques. Le même nombre qu’il y a dix ans.

      « Le risque [de pandémie] doit être considéré comme important », soulignent les scientifiques, qui alertent dès la quatrième page de leur rapport sur la nécessité de faire primer les enjeux sanitaires sur les considérations d’ordre économiques.

      « Un stock peut arriver à péremption sans qu’il y ait eu besoin de l’utiliser. Cela ne remet pas en cause la nécessité d’une préparation au risque. La constitution d’un stock devrait être considérée comme le paiement d’une assurance, que l’on souhaite, malgré la dépense, ne jamais avoir besoin d’utiliser. Sa constitution ne saurait ainsi être assimilée à une dépense indue. »

      « Rapidité d’intervention »

      Ils ne précisent cependant pas la taille de ce stock, estimant qu’elle est « à considérer en fonction des capacités d’approvisionnement garanties par les fabricants ». Capacités qui, on l’a vu, se sont révélées pour le moins défaillantes, la production ayant été délocalisée en Asie. Ce rapport ne propose pas de modélisation médico-économique, en l’absence des données nécessaires, selon ses auteurs.

      Plus loin, les professionnels insistent sur la « rapidité d’intervention ». L’exemple de nos voisins helvètes guide leur préconisation.

      « La Suisse a recommandé à ses habitants de constituer un stock de 50 masques disponibles en préventif au domicile. Pour cela, la Suisse a dû créer le marché et nouer un accord avec l’industrie pour réduire les coûts d’achat (pour le fixer à environ 7 centimes). Cette recommandation a été relativement bien suivie par la population. »

      Loin d’écouter ce conseil, la France demeure en situation de pénurie plus de deux mois après la première alerte de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) concernant le Covid-19. Bien que le pic épidémique ne soit pas encore atteint et que le bilan officiel fasse déjà état, au 26 mars, de 1.696 morts dans l’hexagone, le gouvernement demande aux Français de remettre leur stock personnel en pharmacie afin d’équiper les soignants.

      Sur l’île de La Réunion, ce sont des matériels de protection périmés et parfois même moisis qui ont été livrés dans les officines par l’Agence régionale de santé.

      Autre écueil identifié par les rapporteurs, le manque de coordination entre pays voisins. Leur septième principe préalable concerne en effet « le besoin d’une collaboration européenne ». C’est pourtant tout le contraire qui s’est produit, la Commission en étant toujours à l’élaboration d’un « marché public conjoint » au 26 mars, bien après que le vieux continent est devenu l’épicentre mondial de la pandémie.

      Les pays asiatiques absents du rapport

      Ces recommandations auraient pu être encore plus strictes, mais le rapport n’est lui-même pas dépourvu de biais.

      Il s’appuie en effet sur une comparaison internationale des performances, un « benchmark », qui ne s’appuie que sur cinq pays occidentaux : le Canada, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse.

      Le tableau comparatif ne comporte aucun pays d’Asie, zone pourtant confrontée au premier chef par l’épidémie de Sras en 2003-2004. Aujourd’hui, les données montrent que la Corée du Sud, Taïwan, Singapour, le Japon et même la Chine savent bien mieux répondre à la crise que les pays choisis par le sous-groupe d’experts.

      Le compte rendu de l’audition du Pr Fabrice Carrat est en cela révélatrice. S’il estime, au regard d’un faible corpus d’études, que « peu d’éléments factuels permettent d’affirmer que le masque est une protection très efficace dans la communauté » [l’ensemble de la population, NDR], il observe aussi que « le port du masque n’est pas culturellement admis en Europe, contrairement à ce qui est observé en Asie ».

      Notre #prophylaxie déficiente nous mène au confinement

      « L’adoption du masque diffère donc de façon très significative suivant les zones géographiques, contrairement à l’utilisation de la solution hydro-alcoolique qui est désormais mieux admise en communauté, poursuit-il. De ce fait, les recommandations devront être assorties de mesures sociales en vue d’inciter les personnes à rester à leur domicile. »

      En d’autres termes, notre prophylaxie déficiente et en particulier l’absence de campagne de prévention nous mène au confinement. Avec son cortège de défaillances économiques.

      Une étude portant sur ces différences culturelles rapidement balayées aurait-elle permis d’adapter nos méthodes ? Les experts insistent sur « l’impérieuse nécessité de communication et de pédagogie coordonnée, à destination du grand public ».

      L’intégration de spécialistes des sciences humaines et sociales dans le groupe d’experts aurait-elle corrigé cet angle mort ? On peut l’imaginer.

      Quoi qu’il en soit, il est surtout permis de douter des capacités du gouvernement à en tenir compte. Jean-Paul Stahl se demande lui-même dans Le Canard Enchaîné du 25 mars si son rapport « n’a pas servi à caler une table au ministère ». Le dogme libéral dominait toujours jusqu’au déclenchement de « la plus grave crise sanitaire qu’ait connu la France depuis un siècle ». Parole de président.

      https://ladeviation.com/agiter/rapport-masques-coronavirus-2019

  • Ces #enfants qu’on a poussés à massacrer des gens pendant les #guerres de #Religion
    https://www.nouvelobs.com/idees/20200315.OBS26082/ces-enfants-qu-on-a-pousses-a-massacrer-des-gens-pendant-les-guerres-de-r

    ... l’action régulière des enfants au sein des cruautés commises par les catholiques sur les protestants se révèle centrale, parce qu’elle est précisément symbolique : ce n’est pas en dépit de la pureté qu’on leur attribue que les enfants sont ici mobilisés, mais en raison de celle-ci, qui en fait les instruments privilégiés de la volonté divine aux yeux des catholiques ; « dépositaires d’une innocence qui fait d’eux des figures du Christ. »

    #paywall

    • A la mi-mai 1562, le protestant François du Mas est traîné vivant dans les rues de Toulon sur ordre des autorités catholiques de la ville, avant que les adultes ne s’effacent, et celui-ci est alors « lapidé et brûlé par des petits enfants ». De la même manière en septembre 1572, quelques jours après la Saint-Barthélemy, le protestant Jean Bellardel est pendu dans la ville de Provins, avant que son cadavre ne soit détaché par un groupe d’une centaine d’enfants de moins de 12 ans, qui tentent de l’écarteler puis le traînent dans la boue qui jonche les rues de la ville.

      Comment interpréter, et quel sens donner à ces épisodes glaçants de violence au sein des guerres de Religion, spécialement lorsqu’ils sont ainsi commis par des enfants en bas âge ? L’historien Denis Crouzet y analyse bien plus que des détails sordides ou des débordements incontrôlés de violence populaire.

      Au contraire, l’action régulière des enfants au sein des cruautés commises par les catholiques sur les protestants se révèle centrale, parce qu’elle est précisément symbolique : ce n’est pas en dépit de la pureté qu’on leur attribue que les enfants sont ici mobilisés, mais en raison de celle-ci, qui en fait les instruments privilégiés de la volonté divine aux yeux des catholiques ; « dépositaires d’une innocence qui fait d’eux des figures du Christ. »
      Sommets de cruauté

      Il reste alors à essayer de comprendre, malgré la distance qui nous sépare des guerres de Religion du XVIe siècle, souvent hâtivement cantonnées dans un recoin inconfortable de l’histoire de France. Comprendre la structure de ces violences, qui prennent place dans une chrétienté angoissée par l’idée de la fin des temps, et où la Réforme protestante marque une profonde déchirure qui vient précipiter ces peurs. Les événements qui s’ensuivent sont ainsi parcourus par une exaltation mystique dont la dimension symbolique (où Denis Crouzet plonge depuis des décennies) explique les sommets insensés de cruauté sur les victimes protestantes, qu’il s’agit de châtier parce qu’elles sont allées à l’encontre du message – perçu – de Dieu.

      Comprendre aussi le rôle des enfants dans ces violences, qui s’inscrit en continuité avec leur place quotidienne dans les sociétés d’Ancien Régime, où ils sont souvent des acteurs essentiels des rituels folkloriques et des cérémonies chrétiennes, et prennent une nouvelle dimension dans un contexte d’affrontements religieux. Les enfants deviennent alors les vecteurs d’une action politique de la part des adultes, représentant les bras innocents qui confèrent un surcroît de légitimité aux actions décidées par le parti catholique. C’est le cas notamment lors de la Saint-Barthélemy où l’élimination le 24 août 1572 à Paris de l’amiral Coligny, chef du parti protestant, est prolongée par la procession et le dépècement de son cadavre dans la ville par des bandes d’enfants, légitimant en quelque sorte symboliquement l’action du parti catholique.
      Faire résonner ces violences lointaines

      Comprendre enfin les motivations de ces enfants, ce qui implique bien souvent de bâtir des ponts et de mettre en place des comparaisons à travers les périodes historiques, pour faire résonner ces violences enfantines lointaines avec celles, mieux documentées, des enfants soldats du Mozambique, des jeunes tueurs à gages de Medellín ou des génocidaires du Rwanda. Car la place des enfants dans une telle accumulation d’horreurs – parfois à l’avant-garde, désignant les victimes, périodiquement bourreaux – ne cesse jamais de produire le malaise, quelle que soit la distance qui nous en sépare.

      En particulier, la familiarisation de ces jeunes enfants à un tel déferlement de cruautés pose la question des conséquences de long terme, tant pour les individus eux-mêmes que dans l’image que la société se fait de l’enfance. Et si de telles actions se raréfient après 1572, l’onde de choc d’une telle culmination se fait sentir dans le long XVIIe siècle, et bien au-delà jusqu’à la Révolution française.
      Les Enfants bourreaux au temps des guerres de Religion, par Alexandre Crouzet, Albin Michel, 334p., 22,90 euros.

  • Manif des ’gilets jaunes’ : « Moi, dircab du Préfet, de leur point de vue, j’ai basculé dans le camp de l’ennemi »
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/manifs-changer-de-camp


    Laurent est passé dans « l’autre camp ». Il était directeur de cabinet du Préfet en charge du maintien de l’ordre. Il dit aujourd’hui manifester avec les ’gilets jaunes’ au « nom des mêmes valeurs qui lui ont fait servir l’Etat ». Laurent et Philippe racontent leurs choix et leur changement de camp.

    Beau #témoignage #violences_policières #Gilets_jaunes

  • Des « petits rats » et du journalisme selon Ariane Chemin par Frédéric Lordon
    https://blog.mondediplo.net/des-petits-rats-et-du-journalisme-selon-ariane

    On ne voit jamais si bien la part du complotisme des dominants transpirer dans leurs bruyantes croisades anticomplotistes, part à la fois projetée, inversée, et déniée, qu’à leur propension à ressaisir toute l’histoire de la contestation sous l’espèce des menées occultes de quelques agitateurs tireurs de ficelle. On se souvient que pendant un acte des « gilets jaunes », LCI avait suggéré avec sa finesse coutumière que, Julien Coupat interpellé, le mouvement entier, dont il ne pouvait qu’être la tête à la fois clandestine et sine qua non, devait « nécessairement » s’effondrer. Merveille de la pensée politique du journalisme de préfecture, voué à importer toutes les tournures paranoïaques de leurs fournisseurs exclusifs d’informations.

    Envisageant des machinations de moins grande envergure et sur un autre terrain, Ariane Chemin n’est cependant pas peu fière de porter au jour une autre de ces manipulations de l’ombre sans lesquelles le pays vivrait si tranquille : j’aurais fomenté un complot culturel en « pouss[ant] les petits rats de l’Opéra à monter un ballet-surprise contre la réforme des retraites ». À lire Ariane Chemin on n’est pas loin de penser que j’ai moi-même choisi le Lac des cygnes. Si elle m’avait contacté, elle aurait appris que j’ai fait également la chorégraphie. J’envisageais d’ailleurs de passer incognito le tutu (je suis assez mince et porte plutôt bien le diadème) pour être très au cœur de l’action, mais patatras : sciatique la veille, mes arabesques s’en ressentent.

    Résumons-nous : des artistes du corps de ballet de l’Opéra, engagés dans le mouvement social, événement en soi extraordinaire, choisissent de danser sur le parvis, mais ça ne peut pas suffire, on parlera donc d’autre chose, en l’occurrence de quelqu’un d’autre. Car il est bien entendu que ces pauvres danseuses, si elles savent lever la jambe, ont besoin qu’on leur dise où et comment : elles ont besoin, nous dit Ariane Chemin, d’être « poussées ». Par quel miracle pourraient-elles avoir une idée, et puis « se pousser » toutes seules ? Par quel miracle, plus encore, pourraient-elles avoir la maîtrise du sens politique de leurs actions ? Il fallait donc qu’il leur vînt du dehors — ici entre en scène l’agitateur, donneur de sens et tireur de ficelles. Dans le monde imaginaire du journalisme de têtes, qui ne connaît que les présidents et les premiers ministres, auxquels il s’identifie fantasmatiquement, on cherche toujours à tout prix un équivalent fonctionnel de « tête » en toute occasion et en tout domaine. Et s’il n’y en a pas, qu’à cela ne tienne, on en inventera une – puisqu’il est bien entendu qu’il en faut une, et que le monde n’a jamais marché sans. Misère du journalisme politique dégénéré, à l’intersection du potin et du complotisme-des-coulisses...

  • Et si les lasers réduisaient la radioactivité à seulement quelques minutes…
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/et-si-les-lasers-reduisaient-la-radioactivite-a-seulement-quelques-minutes

    C’est un projet hors-norme, voire un rêve qui apparaît inaccessible. Il demandera beaucoup de temps, de financements et de volonté. Mais il vaut le coup. Le prix Nobel de physique, Gérard Mourou, travaille sur un projet permettant de réduire la radioactivité des déchets nucléaires.

    C’est un projet secret aussi dingue que magnifique, qui pourrait révolutionner la filière nucléaire mondiale. De quoi parle-t-on ? De réduire la radioactivité des déchets nucléaires d’un million d’années à seulement quelques minutes une fois qu’ils aient été bombardés de neutrons par un laser d’une puissance d’au moins 100 térawatts pour fissionner les éléments lourds comme le plutonium. « Le rêve serait de transmuter tous les déchets nucléaires. Il y a une volonté de travailler sur ce sujet, c’est bien l’idée », a confirmé à La Tribune en marge du forum innovation défense Gérard Mourou, qui s’est vu attribuer le 9 décembre prix Nobel de Physique pour ses travaux sur les lasers avec la Canadienne Donna Strickland.
    […]
    « On travaille sur un projet de réduction des déchets qui ont 200.000 ans de durée de vie, alors si on met 30 ans pour y parvenir, ce n’est pas très grave et ce sera toujours utile », fait valoir Benoît Deveaud.
    […]
    Le développement de ce laser, auquel a participé le prix Nobel de physique, a pour ambition de fournir un faisceau laser multi-pétawatt (jusqu’à 10 PW) pour réaliser des expériences en condition extrêmes. Si Apollon est l’un des lasers les plus puissants au monde, sinon le plus puissant actuellement, Gérard Mourou a besoin pour réussir d’un laser ayant une fréquence de répétition beaucoup plus élevé que ce laser (une impulsion toutes les minutes).

    C’est pour cela que le prix Nobel de physique suit les travaux XCAN de Polytechnique, qui sont financés par la direction générale de l’armement (DGA) et menés en coopération avec Thales. Objectif, développer des amplificateurs à fibres, puis de coupler ensemble 100, 200, 300, 1.000 amplificateurs de façon à avoir la puissance qui est beaucoup mieux répartie que dans un seul amplificateur comme celui d’Apollon.

    • C’est formidable ces promesses d’un futur qui abolit les responsabilités d’aujourd’hui. Et il faudra quoi comme énergie pour faire fonctionner le laser, du plutonium ?

      Térawatt = 10 exposant 12 watts
      1,7 TW - Géo : la puissance moyenne électrique consommée au monde en 2001.

    • Le principe est séduisant, le bilan énergétique beaucoup, mais alors beaucoup moins…

      Je prends les chiffres dans un rapport sur le sujet
      La transmutation laser des déchets nucléaires
      https://www.researchgate.net/publication/257116317_La_transmutation_laser_des_dechets_nucleaires_Laser_induced_
      assez ancien (apparemment 2004) et avec une technologie où les lasers produisent des électrons (et non des neutrons) pour bombarder la matière à transmuter.

      (calculs de coin de table…)

      Production française de plutonium déchet de centrales : 11 t/an, je ne m’en occupe pas, il n’y a pas la répartition par isotopes, sachant que certains sont « utiles » : réutilisation comme combustible pour centrale nucléaire ou fabrication de bombes.

      Production de Neptunium 237 : 800 kg/an, demi-vie 2 millions d’années, soit 2.10^27 atomes par an.

      la technologie décrite (la plus performante des deux, d’un ordre de grandeur) consomme 0,5 J par tir de laser, répétable 10 fois par seconde ce qui produit 10 000 transmutations par seconde avec 5 J

      d’où un nombre de secondes nécessaires à traiter la quantité annuelle de Ne237 de 2.10^23 secondes, soit 6.10^15 années de fonctionnement d’un laser (il en faudra beaucoup) et une consommation énergétique de 10^24 joules, soit 282 millions de TWh.

      Le parc nucléaire français a produit 379 TWh en 2017. On a donc besoin de 750 000 ans de fonctionnement du parc nucléaire pour transmuter le Ne237…

      Bon, on en est dans les tout débuts, mais même si on gagne 3 ordres de grandeur en efficacité énergétique (gain énorme), on descend à « seulement » 750 ans. Ça reste très beaucoup. Et ce, sans compter l’énergie nécessaire à la séparation des isotopes à longue période du reste des déchets.

      (sauf grossière erreur de calcul (ou de conversion d’unités) de ma part)

      EDIT : @touti, le temps que je fasse les calculs et, surtout, que je les vérifie ;-)

    • @simplicissimus la #télépathie marche assez bien sur seenthis :) je n’ai même pas eu à te poser la question mais je pensais que tu le ferais si l’idée te prenait !

      et c’est certainement un moyen plus réaliste pour faire baisser notre consommation électrique !

      Les scientifiques continuent de faire mumuse quand la solution est à la portée d’un enfant de cinq ans, à la question que faut-il faire pour arrêter de polluer, il répondra #arrêter.

  • Racisme d’en haut en bas de page | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2019/12/24/racisme-den-haut-en-bas-de-page-2

    Alors qu’en France ces derniers temps le racisme en milieu populaire a été sur-médiatisé et sur-étudié. Un petit tour parmi les commentaires sous un article en ligne du journal Le Monde célébrant la performance des Judokates Françaises aux Mondiaux de Tokyo offre au sociologue un bon terrain pour analyser le racisme distingué en vigueur dans le milieu des élites et des classes supérieures. Rediffusion du 20 septembre 2019.

    Derrière paywall (et grrr les majuscules à judokates françaises, personne pour éditer correctement !)
    #racisme

    • Pour ne pas désespérer du genre humain, il semble assez conseillé d’éviter de lire certains commentaires d’internautes des articles parus en ligne dans la presse. Ce « a fortiori » si vous êtes l’auteur d’un de ces derniers. Il est même quasi vital de respecter cette abstention de lecture des commentaires en ligne si vous avez le malheur d’accoler à votre nom le titre de sociologue qui est le vôtre.

      Que vous soyez chercheur CNRS ou même simple universitaire, on ne vous rate pas : vous êtes illico l’objet de la part des internautes, le doigt sur le clic, de commentaires furieux et souvent délirants, qui n’ont presque jamais aucun rapport avec ce que vous avez essayé de dire, même avec prudence et maintes circonlocutions.

      Il se trouve que parfois vous tombez sur des commentaires intéressants, soit par leur capacité d’analyse et de développement de l’article en question, soit parce qu’ils font symptôme, avec un effet de révélateur qui incite à penser. Dans cette deuxième catégorie, on voudrait prendre ici l’exemple d’un commentaire de deux lignes paru très peu de temps après la parution – le 29 août 2019, sur le site du Monde – d’un article intitulé sobrement « Mondiaux de judo : à Tokyo, l’équipe de France brille grâce à ses judokates », signé Anthony Hernandez (un des journalistes chargé de la rubrique sport dans ce quotidien).

      Lors de ce Mondial de Tokyo fin août 2019 , le bilan des judokates françaises est impressionnant.
      Pour comprendre le sens de ce commentaire, commençons par résumer assez longuement cet article qui mettait l’accent sur la réussite exceptionnelle de l’équipe de France de judo au Mondial de Tokyo fin août 2019 : la plus belle « moisson de médailles d’or » depuis 2014. La forte particularité de ce succès tient à ce que ce sont trois femmes qui ont fait retentir La Marseillaise : Clarisse Agbegnenou (catégorie des moins de 63 kg), Marie-Eve Gahié (– 70 kg), Madeleine Malonga (– 78 kg). Pour comprendre ce succès indubitable de l’équipe de France féminine, hommage est d’abord rendu à son responsable depuis 2016, Larbi Benboudaoud (45 ans), médaille d’argent aux JO de 2000, présenté, sans doute à raison, comme l’un des grands artisans du succès des judokates françaises. Il est particulièrement réputé pour son exigence et sa soif de victoires (« On les prépare pour qu’elles aillent chercher des médailles, pas seulement pour participer… »).

      Lors de ce Mondial, le bilan des judokates françaises est impressionnant. Dans les sept catégories féminines, toutes , sauf une (Anne-Fatoumata M’Bairo), sont parvenues au stade des quarts de finale. Outre les quatre médaillées (ajoutons Margot Pinot, médaille de bronze), deux ont échoué au pied du podium : Sarah-Léonie Cysique (21 ans) et Amandine Buchard (24 ans). L’article met en relief la performance de Clarisse Agbegnenou qui, à 26 ans, est le véritable leader ce cette équipe féminine. À Tokyo, elle est sacrée championne du monde pour la quatrième fois.

      Les spécialistes ont été unanimes pour juger magnifique son combat en finale contre la Japonaise Miku Tashiro : une victoire à l’arraché lors du golden score (les prolongations) après onze minutes de combat acharné. Le journaliste du Monde reprend les propos tenus sans fausse modestie de la championne peu après son exploit : « J’ai marqué les esprits de beaucoup de judokas. Beaucoup m’ont dit que la finale était magnifique et que c’était beau à voir. J’ai montré que mentalement je ne lâcherai rien. C’est bien d’avoir conservé mon statut de numéro un. »

      Par ailleurs l’article insiste, par contraste, sur le maigre butin de l’équipe française masculine : une seule médaille de bronze (Alexis Cleret), Teddy Riner étant « en congé ». Est toutefois évoqué un motif d’espoir avec l’arrivée de jeunes prometteurs comme Alpha Djalo (22 ans). En conclusion, la parole est donnée à Jean-Luc Rougé, président de la Fédération française de judo : « Battre les Japonais au Japon, c’est exceptionnel. On les voyait énorme pour les JO, on en avait tous peur, nos judokates ont fait voir aux autres pays que c’était possible. En quelques jours, on a ouvert une porte… » Le journaliste du Monde écrit, en guise de chute de son article : « Les maîtres japonais du judo sont prévenus. Les Français n’ont pas peur du sacrilège ».

      Pour être tout à fait complet, notons que l’article est joliment illustré de trois photos des judokas – deux femmes, un homme – en action sur le tatami. Elles font apparaître avec évidence le fait que ces derniers sont noirs de peau, comme peuvent d’ailleurs le suggérer leurs patronymes : Agbegnenou, Malonga, Djalo. Sous la première photo plein cadre de l’une d’entre elles, on lit : « Les Françaises, à l’image de Clarisse Agbegnenou, ont brillé lors des Mondiaux de Tokyo. Sous la deuxième « Madeleine Malonga est championne du monde des -78 kg » et, sous la troisième, « Alpha Djalo est l’un des espoirs du judo masculin français ».

      Tout au long de son texte comme pour la légende des photos, le journaliste du Monde a pris bien soin de ne pas mentionner la couleur de peau des trois championnes du monde françaises. Par ailleurs il n’a pas non plus souhaité indiquer que toutes trois sont d’origine africaine, plus précisément du Togo (Agbegnenou), Congo (Malonga), Côte d’Ivoire (Gahié). Il a préféré les présenter – et ainsi les définir – comme des « combattantes françaises ».

      Or 45 minutes après la parution en ligne de cet article sur le site du lemonde.fr, à 16H01, un lecteur dissimulé derrière un pseudo assez sophistiqué (Albireo [1]) et premier internaute à le commenter, écrit ceci : « Pauvres japonais qui refusent le métissage, adieu les breloques sportives… Bon, par contre ils continuent de gagner les prix Nobel de physique et Tokyo est classée ville la plus sûre du Monde… »

      Tentons de nous mettre à la place de ce lecteur assidu du Monde, sans doute fort lettré, pour ne pas dire « cultivé ». Pour réagir ou, plus exactement, pour dégainer aussi vite, il doit être constamment à l’affût d’articles publiés sur le site du Monde, sans doute pour y traquer les articles qui lui paraissent exprimer toute forme de « politiquement correct ». Nous allons essayer d’entreprendre une sorte de « démontage » sociologique de l’inconscient social qui suinte dans ce petit texte réactif [2].

      Si ce commentaire m’a interloqué ou, plus exactement, profondément choqué, c’est aussi parce que je m’intéresse au sport comme sociologue et, depuis une dizaines d’années, travaille (un peu) sur le football (cf. le livre Traîtres à la nation, La Découverte, 2011) sans compter que, depuis 2016, je tiens une chronique mensuelle, intitulée « Sport et culture » dans le journal Sud-Ouest.

      Ce qui m’astreint à une lecture régulière de L’Équipe qui contribue à me donner progressivement une assez bonne culture générale dans le domaine du sport, avec un tropisme prononcé pour l’étude du profil sociologique des sportifs de haut niveau (football, rugby, handball, basket-ball, athlétisme, cyclisme, judo, natation, etc). Il m’arrive fréquemment de faire des fiches et encore plus souvent d’archiver des portraits détaillés de ces « champions ». De ce fait, ce commentaire au venin (de racisme soft..) savamment distillé m’a donné tout de suite envie de réagir (un commentaire sur le site du Monde de la réaction d’Albireo e a été tenté puis abandonné…). Au fond, que nous révèle ce commentaire ?

      Primo, le commentateur connaît sans doute très bien la forte spécificité de la démographie du Japon : un pays en crise démographique avec, depuis 25 ans, un nombre de décès supérieur à celui des naissances (l’indice conjoncturel de fécondité est stable à 1,4 enfant par femme, loin du chiffre de 2, 1 qui assure la reproduction de la population d’un pays). Il connaît tout aussi bien la non moins grande spécificité de la politique d’immigration du Japon, à savoir une fermeture quasi-totale aux immigrés. Comme le dit Gilles Pison, démographe à l’INED : « À court terme, c’est-à-dire les prochaines décennies en langage de démographe, le Japon va se retrouver face à une diminution des effectifs d’âge actif et des problèmes de recrutement.

      Les pays développés ont traditionnellement recours à la main d’œuvre immigrée en cas de besoin. Mais le Japon est jusqu’ici resté un des pays les plus fermés à l’immigration. S’ouvrir à celle-ci et accepter un métissage de sa population est pour lui l’un des grands défis de demain ». Bref, le Japon est ici présenté en creux comme une sorte de modèle de politique d’« immigration zéro » , à l’inverse de la France, pays passoire qui serait entièrement ouvert à tous les courants migratoires venus d’Afrique.

      Secundo, par l’emploi du terme de « métissage » dès la première phrase, l’auteur masqué du commentaire entend, dans une logique de dévoilement, lever un lièvre en portant au jour ce fait qui aurait été soigneusement « caché » dans l’article du Monde : à savoir que les judokates françaises médailles d’or du Mondial 2019 sont des « Noires ». Ce sport individuel, où la France occupe la deuxième place au monde derrière le Japon depuis trente ans, serait en train de devenir – comme c’est déjà le cas du football, basket-ball, handball, et même dorénavant du rugby – un lieu de « métissage ». On peut penser que ce dernier mot sert en fait, pour notre internaute masqué, à dire de manière euphémisée la forte présence de Noirs (l’envahissement ?…) dans ce sport de « Blancs » dans l’Europe d’après 1945, même si son berceau historique se situe en Extrême Orient.

      Tertio, la comparaison qui est dessinée en creux entre la France et le Japon se donne à voir aussi sous la forme d’une opposition terme à terme qui est lourde de sous-entendus culturalistes et politiques. À la différence de la France qui se prévaudrait et se gargariserait de vaines médailles (« breloques » pour le dire de manière péjorative comme notre Albireo, fort irrité) conquises dans le sport (panem et circenses), qui plus est, par la seule grâce de jeunes ressortissants issus de pays de l’ex-Afrique coloniale, le Japon s’attelle, quant à lui, à des tâches plus sérieuses, notamment faire fructifier le capital scientifique de son pays, par l’intermédiaire de la fabrication de prix Nobel de physique made in Japan. Sans compter, cerise sur le gâteau, que dans le système d’oppositions hâtivement bâti par l’auteur, définir Tokyo comme « la ville la plus sûre du monde », lui permet de faire un clin d’œil poussé au lecteur du type : « Suivez mon regard », c’est-à-dire allez voir du côté de la capitale française, Paris (y compris sa banlieue), pour y observer l’une des villes les moins sûres des pays développés.

      Ce commentaire « moisi », dont on peut malheureusement retrouver aujourd’hui pléthore d’équivalents sur la toile, est un révélateur de l’air du temps.
      Dans ce commentaire, rien n’est explicitement dit, tout est suggéré, c’est au lecteur de reconnaître la petite musique de la France envahie et/ou en perdition (celle du « suicide français » de Zemmour pour le dire vite). Il s’agit de glisser dans l’oreille du lecteur du Monde que tout ce qui a été écrit dans cet article n’est qu’un écran de fumée ou un tissu de balivernes.

      Il faut, aux yeux de notre internaute héros d’un jour, tout faire pour saper, en quelques mots, l’idée centrale qui transparaît à l’évidence dans cet article : aujourd’hui la France gagne des médailles d’or du fait de l’arrivée à maturité d’une génération brillante de judokates d’origine africaine, sous la houlette d’un ancien grand champion de judo d’Aubervilliers – Larbi Benboudaoud – dont on peut supposer assez facilement qu’il aurait comme seul défaut, pour notre internaute, de porter un prénom et un nom bien peu gaulois.

      Au fond, ce commentaire « moisi », dont on peut malheureusement retrouver aujourd’hui pléthore d’équivalents sur la toile, est un révélateur de l’air du temps. Il nous a aussi fait immédiatement penser à un livre d’entretiens de Gérard Noiriel, paru en 2007 chez Textuel et intitulé Racisme : la responsabilité des élites, qui n’a sans doute pas rencontré l’écho qu’il aurait mérité. On sait bien que, dans la société française des vingt dernières années, la question du racisme et des « relations inter-raciales » (race relations) est devenue omniprésente et même obsédante.

      On sait aussi que les principaux « accusés » dans des affaires de racisme appartiennent aux classes populaires, comme si le racisme était leur seul apanage. Les sociologues d’enquête (notamment ethnographique) s’efforcent, sur cette question, de mettre en relation étroitement, d’une part, l’expression de propos et d’actes racistes et, d’autre part, les situations de concurrence exacerbée que les membres des classes populaires affrontent au travail, dans la sphère du logement et, par l’intermédiaire de leurs enfants, dans celle de l’École. C’est ce que nous avions développé avec Michel Pialoux dans le chapitre 9 du livre Retour sur la condition ouvrière (La Découverte-Poche, 2011) sur le terrain des ouvriers Peugeot de Sochaux-Montbéliard, une analyse qui, à nos yeux, reste d’actualité et conserve une certaine pertinence.

      On doit mettre l’accent sur ce qui nous paraît être une erreur de perspective sur ce sujet assez crucial du racisme. Pour des questions d’accès au terrain et de fortes inégalités sociales dans la protection de l’entre-soi et la maitrise des registres de langage, le racisme en milieu populaire est sur-médiatisé et sur-étudié alors que les diverses formes de racisme en vigueur dans le milieu des élites et des classes supérieures sont largement invisibles (ou invisibilisées). Ce sinistre commentaire anonyme a pour avantage, si l’on peut dire, de faire apparaître en pleine lumière ce qu’il peut y avoir aujourd’hui dans la tête de certains lecteurs du Monde appartenant aux catégories sociales favorisées, baignant dans la culture des « nouveaux réactionnaires ». Une certaine prudence leur fera certes éviter de se référer explicitement à la théorie du « grand remplacement » mais elle ne les empêchera pas, comme cet Albireo, d’étaler, sous une forme polie et euphémisée, une vision du monde qui semble profondément élitiste et raciste.

      Car ce qui est le plus frappant dans ce commentaire est l’impossibilité chez son auteur de de concevoir et de penser le « ET ». Comme si (ici) les sportives de haut niveau ne pouvaient pas être en même temps de « bonnes » élèves. Comme si les jeunes d’origine africaine ayant grandi en France ne pouvaient pas être en même temps de bons citoyens, et comme s’ils étaient tous voués à emprunter la seule voie de la délinquance et à rendre dangereuses les rues de nos grandes villes.

      Or, maintes enquêtes l’attestent, on peut, en étant d’origine africaine en France, exceller en sport ET réussir des études supérieures. On peut aussi, en étant toujours d’origine africaine, trouver sa place en France et ne pas passer par la case du commissariat de police et de la prison. Le prisme racial, voire l’obsession raciale, du commentaire en question ne permet pas à son auteur de voir que, au-delà de cette seule variable dite de la race, opèrent d’autres variables lourdes comme la PCS (Profession et Catégorie Socioprofessionnelle) et le niveau de diplôme des parents, le lieu de résidence, etc., qui permettent d’expliquer conjointement la diversité des trajectoires sociales des membres de ce groupe, malgré tout hétérogène, de cette seconde génération issue de l’immigration africaine en France.

      La seule lecture régulière de la presse (sportive ou locale) nous apprend ainsi que ces judokates françaises d’origine africaine ont presque toutes grandi en province (Chambly, Amiens) ou en banlieue parisienne (Asnières) et rarement dans des « cités ». Surtout elles ont été élevées dans des familles immigrées africaines appartenant souvent aux classes moyennes (et celles-ci existent !..) . Clarisse Agbegenou est née à Rennes d’une mère comptable et d’un père vétérinaire au Togo devenu un « grand scientifique » en France.

      Madeleine Malonga a deux parents qui sont infirmiers en psychiatrie. Les parents ne choisissent pas au hasard tel ou tel sport pour leurs enfants. Le judo est réputé pour son exigence et, en France, pour la très grande qualité des encadrants, tous d’anciens très bons judokas. Ce sport est aussi connu pour avoir de grandes vertus éducatives : il apprend l’humilité, le sens de l’effort et sert à « cadrer » des jeunes débordants d’énergie physique. Par exemple, Clarisse Agbegnenou est venue au judo grâce à sa directrice d’école, qui conseilla à sa mère de faire en sorte que sa « costaude » canalise son énergie.

      La pédagogie anti-raciste ne doit pas viser seulement les publics dits populaires ; elle gagnerait aussi à être dirigée vers une partie de nos élites.
      Il se trouve aussi que la plupart d’entre elles ont dû quitter leur famille à 13/14 ans pour suivre une section sports-études (à Orléans pour Clarisse Agbegenou) puis entrer à 15/16 ans dans ce temple de la formation des sportifs de haut niveau qu’est l’INSEP à Vincennes. En même temps que la pratique intensive de leur sport, elles ont poursuivi des études secondaires ou supérieures : Clarisse Agbegenou est titulaire d’un bac en sciences et technologies, Marie-Eve Gahié d’un BTS.

      En outre, notre internaute masqué doit certainement ignorer que le judo est un sport terriblement exigeant et ingrat. Accéder au haut niveau nécessite des milliers d’heures d’entrainement et de combat, accompagnées d’innombrables moments de doute et de petites crises de croyance dans tous ses sacrifices faits au quotidien. La moindre erreur ou distraction ne pardonne pas sur le tatami et se paye cash. La question du poids est aussi cruciale, il faut surveiller de très près son alimentation. Un jour, Clarisse Agbegenou est arrivée à la pesée en 2012 aux Masters au Kazakhstan avec un excédent de poids de 200g : elle n’a pas pu participer à la compétition et a été durement sanctionnée par la Fédération française de judo qui lui a interdit de participer au tournoi de Paris. On pourrait sur ce sujet développer longuement.

      Ces exemples suffisent à montrer ce que notre commentateur zélé ignore à l’évidence : la personnalité comme le « mental » de ces sportives de haut niveau et des chercheurs en physique (ou des autres sciences) ne sont pas si différents. Ce qui les a menés « tout en haut », c’est une somme difficilement imaginable d’efforts, d’ascèses et d’investissements hors du commun.

      Peu importe la couleur de peau. En judo, comme dans beaucoup d’autres sports, ce qui va in fine départager des compétiteurs de qualité égale, c’est l’« état d’esprit », ce qui est désigné comme le « mental » et ce que les coaches aiment appeler la « niaque ». S’il existe aujourd’hui une forte surreprésentation de judokates d’origine africaine dans l’équipe de France, c’est sans doute parce que, pour surmonter les multiples préjugés qui sont encore aujourd’hui liés à leur couleur de peau, elles ont dû déployer une énergie peu commune pour reculer le plus loin la douleur et ainsi refuser la défaite.

      On aura voulu ici introduire davantage d’éléments de contexte pour éclairer la lanterne de ces lecteurs « d’en haut », comme cet Albireo, prisonnier de leurs préjugés socio-raciaux. La pédagogie anti-raciste que peuvent offrir en acte les travaux en sciences sociales ne doit pas viser seulement les publics dits populaires ; elle gagnerait aussi à être dirigée vers une partie de nos élites qui se caractérise par son étroitesse d’esprit. Ce commentaire à la fois furibard et policé d’Albireo est une petite – mais très « belle » – source en ce qu’elle dévoile bien, à sa manière, ce qui peut se trouver tapi au fond de l’inconscient social : une forme de racisme distingué et, pour cela, d’autant plus dangereux.

      La mise en avant dans les médias de la réussite sportive de nos « championnes françaises » (comme l’écrivait à juste titre le journaliste du Monde) permet de faire un peu mieux comprendre à l’opinion publique la manière dont ces jeunes français à trait d’union – franco-togolais, franco-congolais, franco-ivoiriens – font partie de notre pays et sont en train d’y prendre toute leur place. Certes peu d’entre eux deviendront prix Nobel de Physique (mais qui sait ?…). En attendant, comme il est désormais permis aux lecteurs du site Internet du Monde de signaler des « abus » lorsque certains commentaires dépassent les bornes, nous l’avons fait et le commentaire rance d’Albireo a été supprimé du site lemonde.fr.

      Cet article a été publié pour la première fois le 20 septembre 2019 dans AOC.

      [1] Albireo est une étoile double, hébergée par la constellation du Cygne, aux couleurs particulièrement contrastées. Le Blog Cielmania de J-B. Feldmann (photographe du ciel) indique que c’est un « joyau accessible aux astronomes amateurs. »

      [2] Ceci, sous une forme d’esquisse ici, pourrait prolonger le travail sur les formes de jugement, d’appréciation, que Francine Muel Dreyfus avait appelées « pré-réflexives » dans son travail sur les adhésions au régime de Vichy, cf. Francine Muel Dreyfus Vichy et l’éternel féminin. Contribution à une sociologie politique de l’ordre des corps, Seuil, 1996.

  • « #Macron, les #femmes et l’#Afrique : un discours de sélection sexuelle et de triage colonial »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/11/30/macron-les-femmes-et-l-afrique-un-discours-de-selection-sexuelle-et-de-triag

    Les propos sur la natalité en Afrique tenus par Emmanuel Macron lors du sommet du G20 à Hambourg, le 8 juillet, ont été quasi unanimement qualifiés de racistes. Le président français s’est-il ressaisi au Burkina Faso le 28 novembre ? Non, il a sciemment abordé de nouveau le sujet, sous une autre forme, et il s’agit ici de comprendre pourquoi ; pourquoi aurait-il été trop coûteux de renoncer à parler des « femmes africaines », qui ne sont qu’un butin rhétorique cher à la politique française ?

    Les termes utilisés à Hambourg par le chef d’Etat pour appréhender cette question étaient marqués d’un passé impérial qui continue d’imposer l’ordre du discours sur « l’Afrique ». En parlant de « défi civilisationnel », Emmanuel Macron comprenait les enjeux de la « transition démographique » et, en la matière, il rendait hommage à l’un de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy, qui, dans l’amphithéâtre de la prestigieuse université Cheikh Anta Diop de Dakar, s’était senti totalement légitime d’expliquer à « l’homme africain » comment s’extraire du temps cyclique de la nature, où il n’y a pas de place ne serait-ce que pour « l’idée du progrès ».
    Lire aussi Après les déclarations de Macron sur la natalité en Afrique, que disent les chiffres ?

    Devant ses homologues, ce jour de juillet, Emmanuel Macron déclarait : « Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider de dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien ». Les femmes, donc ; cette fois, ce sont les femmes africaines qui sont visées, comme leur enlisement dans le temps cyclique de la reproduction sans limite ; ces ingrates Africaines à la sexualité débridée et irresponsable, assimilées, en somme, à des femelles n’ayant aucune conscience des investissements consentis – la dite « aide au développement » – pour qu’elles arrêtent enfin de lester ce continent d’enfants qui en diffèrent l’entrée dans l’Histoire.

    #racisme #françafrique #colonialisme #mépris