• On prouve tout ce qu’on veut, et la vraie difficulté est de savoir ce qu’on veut prouver. En ces jours de passions et de partis pris, ce fait humain a été éclairé d’une assez vive lumière, et toute preuve est à mes yeux assez clairement déshonorée pour que je m’abstienne désormais de toute éloquence. Or cette autre méthode, qui ramène toute doctrine à l’exposé analytique, convient en tous sujets, mais j’avais remarqué depuis longtemps que, dès que l’on veut traiter de l’esthétique, il ne s’en offre point d’autre, car le choix ici est tout fait, et inébranlable, et ce qu’on voudrait prouver, à savoir que l’œuvre est belle, est affirmé sans aucun doute par l’œuvre même.

    Si l’on voulait définir le beau, il le faudrait définir par ces jugement immédiats, assurés, irrévocables, j’entends par ce choix que la réflexion éclaire après qu’il est fait sans jamais le troubler ou changer.

    É. Chartier, Système des beaux-arts, 1920.