L’aide active à mourir, présentée comme un progrès, masque des pressions sociales et des dérives graves. En réalité, elle renforce le validisme, pousse des personnes handicapées à choisir la mort faute de soutien et détourne le débat des vraies solutions : soins palliatifs, inclusion et lutte contre les discriminations. Ce n’est pas un droit, mais une fausse réponse d’une société validiste.
[...]
Le Canada : l’euthanasie comme réponse à la précarité
Depuis l’instauration du Medical Assistance in Dying (MAiD) en 2016, initialement limité aux maladies terminales, la loi canadienne a été élargie en 2021 aux handicaps non terminaux. Cependant, ce « choix » reflète bien souvent les défaillances d’un système incapable de répondre aux besoins fondamentaux des personnes handicapées, incapable de respecter leurs droits, un « choisir la mort » bien obligé face aux conditions de vie précaires et aux inégalités systémiques, à l’absence de logement et à la maltraitance dans le système de santé.
Voici des exemples qui illustrent ces dérives :
1. Un homme perdant son logement : Un homme souffrant de douleurs chroniques a demandé le MAiD non pas parce qu’il voulait mourir, mais parce qu’il se retrouvait sans logement après la vente de son appartement. Son faible revenu, l’équivalent de l’AAH, l’empêchait de se reloger, et la demande de MAiD a été validée par les médecins, bien qu’il ait clairement exprimé qu’il ne souhaitait pas mourir.
2. Maltraitance hospitalière : Un autre cas est celui d’un homme ayant été hospitalisé et maltraité au point de développer des escarres graves après des heures d’attente aux urgences. Il a demandé le MAiD, considérant que la maltraitance subie était un indicateur de l’échec du système de santé à répondre à ses besoins.
3. Pression directe des médecins : Dans une autre situation, un patient a enregistré des discussions avec des membres du personnel hospitalier lui suggérant de recourir au MAiD, évoquant que ce serait la « meilleure option », malgré ses propres réticences à la mort.
4. Des choix forcés par des défaillances systémiques : Christine Gauthier, une ancienne paralympienne, raconte comment un agent des Affaires des anciens combattants lui a suggéré de recourir au MAiD comme alternative à son incapacité à obtenir une rampe d’accès pour son domicile, qu’elle attend depuis cinq ans.
5. Accessibilité très facile de l’aide à mourir et inaccessibilité des soins palliatifs : Une autre Canadienne a témoigné de son expérience où, face à l’impossibilité d’accéder à des soins palliatifs ou à un suivi adéquat, elle a vu sa demande pour le MAiD validée en quelques semaines, sans aucune autre forme de soutien pour soulager sa souffrance, alors qu’elle ne souhaite pas mourir, mais souhaitait accéder aux soins palliatifs pour diminuer ses douleurs.
6. Incohérences du système de santé : Une Canadienne a été rappelée en seulement 24 heures pour une demande de MAiD, tandis que d’autres patients attendent des mois pour une consultation médicale. Cela révèle l’absurdité d’un système où la mort devient plus accessible que les soins nécessaires.
Ces exemples révèlent les conséquences dramatiques du choix canadien : dans un système où la mort est une alternative plus accessible que toute autre forme d’assistance, elle vient aussi “soulager” les besoins de réformes essentielles en matière de santé et de soutien social. Le système canadien a rendu la mort « plus abordable » que des investissements dans les soins de santé, le soutien financier ou le logement accessible.
Ce n’est donc pas de la « compassion », ni un véritable « choix » de vivre ou de mourir, mais le reflet d’un système capitaliste où la vie humaine semble avoir moins de valeur que des considérations économiques.