• « La rue sans joie » Georg Wilhelm #Pabst est une merveille du cinéma muet allemand (1925) http://www.dvdclassik.com/critique/la-rue-sans-joie-pabst

    La mise en scène de Pabst, dans ce film, tire sa grande force d’un pragmatisme qui pousse le metteur en scène à ne jamais céder d’un pouce sur son pragmatisme. A l’heure ou les géants du cinéma allemand se sentaient obligés de choisir pour chaque film une démarche, souvent contraignante, il recycle tout : l’expressionnisme, discrètement utilisé dans les décors ou dans le jeu enfiévré de Valeska Gert, le réalisme des situations (on jurerait que tous les bars enfumés sont emplis de vrais fêtards !), le mélodrame... le fait que le film a été tourné en studio permet au cinéaste de le situer majoritairement la nuit, dans des intérieurs ou dans une rue dont une large part est située sous des arches et des arcades. Et il triomphe de l’insécurité de Garbo, probablement aussi nerveuse que son personnage était angoissé. Asta Nielsen était bien à la fin de sa carrière, et n’a plus du tout l’âge du personnage qu’elle joue, mais sa lassitude est payante. La photo, signée de trois chef opérateurs (Robert Lach, Curt Oertel et Guido Seeber), est essentiellement nocturne, nourrie de l’influence de l’expressionnisme sans y succomber totalement, comme les décors superbes de la claustrophobe Rue Melchior, signés par Otto Herdmann et Hans Sohnle.

    #Cinema #Muet #Crise #Drame #Allemagne

  • « Races, suicide au travail : les coups de gueule zemmouriens de Huston et Iacub » http://www.rue89.com/2013/05/21/races-suicide-travail-extension-domaine-zemmourisme-242497

    Iacub, elle, considère que le suicide au travail ne devrait pas exister. Se suicider pour protester contre ses conditions de travail, c’est lâche. Ce n’est pas progressiste du tout (Iacub est progressiste). Le salarié qui souffre au travail pourrait tout de même « changer d’emploi », ou « envisager des combats collectifs ».

    #Iacub #Huston #polémiste #Schneidermann

  • A lire : Stuart Hall, « Race, articulation et sociétés structurées ’à dominante’ »(extrait)
    http://www.contretemps.eu/lectures/lire-stuart-hall-race-articulation-sociétés-structurées-dominanteextrait

    "Par conséquent, nous devons partir du travail historique concret qu’opère le racisme dans des conditions historiques spécifiques – c’est-à-dire qu’il faut comprendre le racisme comme un ensemble de pratiques économiques, politiques et idéologiques d’un genre particulier et concrètement articulé à d’autres pratiques au sein d’une formation sociale donnée. Ces pratiques attribuent une position aux différents groupes sociaux conformément aux structures élémentaires de la société  ; elles fixent et attribuent ces positions via des pratiques sociales  ; et, enfin, elles légitiment les positions qu’elles ont ainsi attribuées. En un mot, ce sont des pratiques qui garantissent l’hégémonie d’un groupe dominant sur une série de groupes subordonnés, mais de manière à ce qu’il domine l’ensemble de la formation sociale sous une forme favorable au développement de sa base économique productive sur le long terme. Bien que les aspects économiques soient évidemment cruciaux, cette forme d’hégémonie ne peut être comprise comme un simple processus de coercition économique. Le racisme, si actif à ce niveau – le «  noyau économique  » – que Gramsci considérait comme le premier à devoir être sécurisé, possède également des relations avec les autres instances – politiques, culturelles et idéologiques. Toujours est-il que, même formulé ainsi (c’est-à-dire d’une manière tout à fait juste), cette affirmation reste trop a priori. De quelle manière, précisément, ces mécanismes opèrent-ils  ? De quelles autres déterminations avons-nous besoin  ? En effet, il est clair que le racisme n’est pas présent dans toutes les formations capitalistes sous la même forme et au même degré. Il est clair aussi qu’il n’est pas nécessaire au fonctionnement concret de tous les capitalismes. Il s’agit donc de montrer pourquoi et comment le racisme s’est vu surdéterminé par – et articulé à – certains capitalismes à différents stades de leur développement. Nous ne pouvons définitivement pas admettre pour hypothèse que le racisme adopterait une seule et unique forme ou devrait nécessairement suivre une logique ou un chemin pavé de différentes étapes nécessaires.

    #Marxisme #Racisme #Esclavage # #travail #Capitalisme #Economie #Histoire

  • #obsolescence programmée et asymétrie de l’information - Un grain de sable
    http://ungraindesable.blogspot.fr/2013/05/obsolescence-programmee-et-asymetrie-de.html?m=1

    Quentin Ruyant revient sur l’obsolescence programmée pour interroger le concept. La durée de vie d’un produit n’est ni visible, ni certaine. Les conditions de production ne valorisent pas cet aspect là du produit et les consommateurs eux-mêmes ne sont pas vertueux. Sans compter que d’autres aspects viennent biaiser ce marché, comme le fait que les déchets ne soient pas gérés par les entreprises qui les produisent. "Affirmer que l’obsolescence programmée est un mythe ne tient que pour peu qu’on (...)

  • « Temps, travail et domination sociale » un livre Majeur de Moishe #Postone professeur au département d’histoire de l’université de Chicago
    http://www.journaldumauss.net/spip.php?article791

    Voici un ouvrage extrêmement important, traduit en français seize ans après sa publication aux Cambrigde University Press sous le titre Time, Labor and Social Domination avec et un sous-titre, non repris dans l’édition française : A reinterpretation of Marx’s Critical Theory. Il est important au moins pour trois raisons. D’abord, il constitue une interprétation – une ré-interprétation souligne précisément le sous-titre de l’édition américaine, insistant ainsi sur la nouveauté de celle-ci – de l’oeuvre de Marx. Pourquoi une ré-interprétation : parce que l’ouvrage tout entier propose une lecture de l’œuvre de Marx radicalement opposée à celle que Postone attribue au « marxisme traditionnel ». L’ensemble de l’ouvrage constitue en effet un démontage en règle de l’interprétation classique, voire officielle, de la pensée marxiste, qui nous fait découvrir un Marx radicalement nouveau, un Marx profondément actuel. C’est le second atout de cet ouvrage : le Marx ici présenté est débarrassé de ce qui gênait beaucoup d’entre nous : le productivisme dont il semblait faire montre dans beaucoup de ses écrits - appelant au développement sans frein des forces productives et semblant n’accorder qu’un intérêt extrêmement réduit à la question de la finitude des ressources naturelles -, la dimension souvent prométhéenne de sa conception de l’histoire, tous ces éléments qui semblaient peu appropriés aux questions auxquelles nous sommes aujourd’hui pleinement confrontés, sont réintégrés dans une explication qui révèle un Marx non productiviste. « A cet égard, confirme Postone, la reconstruction de la théorie critique du Marx de la maturité entreprise ici ouvre la voie à une critique du paradigme productiviste dans la tradition marxiste » (p. 35). Enfin, et ce n’est pas le moindre mérite de l’ouvrage, Postone ne perd jamais une occasion de rappeler que la démonstration à laquelle il s’attelle ne relève pas de la pure érudition mais est au contraire mise au service de l’élaboration d’une théorie critique de la société convaincante, nous permettant de comprendre l’essence du capitalisme et, partant, les moyens d’échapper à l’emprise de celui-ci : « j’espère contribuer ici, écrit Postone, à la reconstitution d’une théorie sociale critique systématique du capitalisme » (p. 38). Au centre de la démonstration, et constituant le cœur de celle-ci, le problème de la nature du travail traverse tout l’ouvrage. C’est donc principalement de lui qu’il sera question ici.

    #Marxisme #Productivisme #Philosophie #Libéralisme #Travail

  • Vif débat sur les questions d’identités sexuelles « occidentales » considéré comme une norme universelle par Joseph Massad professeur à l’université de Columbia New-York http://www.revuedeslivres.fr/l’empire-de-«-la-sexualite-»-ou-peut-on-ne-pas-etre-homosexuel-ou-het

    De prime abord, rien de commun entre les politiques réactionnaires et criminelles des organisations qui promeuvent l’abstinence avant le mariage pour lutter contre le sida, et les revendications d’égalité des droits pour les homosexuels au Moyen-Orient. Mais, nous dit Joseph Massad, cette première appréhension masque le fait que les deux camps, aussi opposés soient-ils, ont en commun d’universaliser une certaine conception de la sexualité et de naturaliser le dualisme homo/hétéro. En participant ainsi à l’exportation impérialiste d’un cadre de pensée, ils invisibilisent et détruisent les formes de vie singulières des pays dont l’histoire n’a été celle ni de l’Europe ni des États-Unis.

    #Sexualité #identité #Norme #Occident #Islam #Impérialisme #Capitalisme

  • Passionnante interview de #Grégoire_Chamayou a propos de l’achat de deux drones américains par l’armée française.
    http://www.liberation.fr/politiques/2013/05/19/la-guerre-devient-un-teletravail-pour-employes-de-bureau_904153

    « Comment un philosophe en vient-il à s’intéresser aux drones ? »

    "Le drone, c’est un « objet violent non identifié », qui met en crise les catégories de pensée traditionnelles. Un opérateur appuie sur un bouton en Virginie, et quelqu’un meurt au Pakistan. Lorsqu’elle est écartelée entre des points aussi distants, où a lieu l’action de tuer ? Cela produit des crises d’intelligibilité dont la philosophie doit rendre compte. Ce livre, Théorie du drone, est la suite du précédent, les Chasses à l’homme : le drone armé est l’emblème des chasses à l’homme militarisées contemporaines. Et certains philosophes travaillent, aux Etats-Unis et en Israël, main dans la main avec les militaires pour développer ce que j’appelle une « nécroéthique » visant à justifier les assassinats ciblés. Il y a donc urgence à répliquer. Quand l’éthique est enrôlée dans l’effort de guerre, la philosophie devient un champ de bataille."

    #Drones #Guerre #Terrorisme #Contre-insurection #Philosophie #Chamayou

  • « Aimer l’entreprise n’est pas une compétence ! et ( encore moins un savoir...) » ►http://philippe-watrelot.blogspot.fr/2013/04/aimer-lentreprise-nest-pas-une.html

    Développer l’esprit d’entreprendre… ?
    Venons en à la proposition elle même. On en sait pas beaucoup plus que ce qui a été dit lors d’un discours. Il s’agit de « stimuler l’esprit d’entreprise dans notre pays » et pour cela de proposer un enseignement de l’entrepreneuriat de la sixième à la Terminale.
    Faisons d’abord un peu d’histoire de l’Éducation. Le socle commun de compétences et de connaissances, qui est un des éléments essentiels de la loi Fillon de 2006, comporte sept “piliers”. Ils sont inspirés d’une proposition du conseil de l’Europe de 2005 qui proposait huit “compétences clés”. On notera que la huitième compétence a disparu dans la transcription française, il s’agit d’“apprendre à apprendre”, ce n’est pas innocent mais ce n’est pas notre sujet. Une autre compétence européenne a changé de nom. En effet, l’“esprit d’entreprise” de la liste européenne est devenu “Autonomie et initiative” dans le socle français. Trop polémique…
    “Esprit d’entreprendre” ou “esprit d’entreprise”, selon les traductions c’est l’une ou l’autre des formules qui est retenue. Et cette ambigüité montre bien que le terme français est très connoté (d’où la référence à l’autonomie et l’initiative) alors qu’il a un sens différent dans d’autres langues et cultures.
    Et cela conduit à des polémiques sans fin sur la soumission ou non du socle à l’économie et au monde de l’entreprise. De nombreux essayistes ont prospéré sur cette crainte et l’idée d’un grand complot libéral.
    Que l’École contribue à construire des compétences qui permettent ensuite aux jeunes d’être autonomes, de faire preuve d’initiative et d’entreprendre dans de nombreux domaines n’est pas choquant en soi. Dès lors que cette démarche et ces compétences se situent dans un vaste ensemble et non pas dans une vision réductrice de l’entrepreneuriat liée uniquement à la vision de l’entreprise capitaliste. Quand des élèves montent une association, animent le foyer socio éducatif ou la maison des lycéens, nous sommes bien aussi dans la capacité à entreprendre. Est-il utile de rappeler aussi qu’il existe tout un pan de l’économie qui est celui de l’Économie Sociale et Solidaire qui aurait bien besoin d’être développé. Il y a même un ministère pour ça !

    "

    #Entreprise #Education #Enseignement #Utilitarisme

  • Entretien avec #Henri_Lefebvre sur la rentabilité et la privatisation des espaces.
    https://www.youtube.com/watch?v=0kyLooKv6mU

    http://articulo.revues.org/897

    Volontiers présenté comme #philosophe, #urbaniste ou #sociologue, Henri Lefebvre (1901-1991) devrait en tant que « #spatiologue » interpeller davantage, et en tout premier lieu, les #géographes. Comme c’est encore loin d’être vraiment le cas, les objectifs de cet article sont en ce sens principalement les suivants :

    2- Faire d’abord le lien entre #la_pensée_spatiale d’Henri Lefebvre,

    telle qu’elle apparaît tout particulièrement dans La production de l’espace (1974) et sa #Critique_de la_vie_quotidienne (1947, 1967, 1981). En partant de ce constat : trop souvent la référence à la pensée de Lefebvre s’en tient-elle à la seule idée, longtemps sujette à réticences, d’une « production » de l’espace. L’espace n’apparaît-il pas, ne se donne-t-il pas comme une donnée a priori, intangible et neutre ? Pourtant, au-delà de cette idée fondatrice, il convient de revenir aux textes, pour envisager ce qui découle de l’approche « dialectique » de l’espace de Lefebvre, notamment de ses #idées non seulement de « production », mais aussi de « #triplicité » et de « #conflictualité » de l’#espace.

    3- Examiner ensuite comment certains géographes contemporains ayant la volonté de s’inspirer de cette pensée – surtout brésiliens et anglo-saxons, bien davantage que francophones – la prolongent et l’actualisent dans leurs propres réflexions. S’il se vérifie d’abord, une nouvelle fois, que « nul n’est prophète en son pays », il apparaît ensuite rapidement que l’écho mondial des idées de Lefebvre sur l’espace, bien plus ailleurs qu’en France donc, en souligne tout l’intérêt et l’actualité.

    #Urbanisme #Sociologie #Marxisme #Propriété #Vidéo

  • L’Archéologie du savoir, par #Michel_Foucault
    http://www.youtube.com/watch?v=Wzjw6LGQtMw

    http://1libertaire.free.fr/CourssurFoucault04.html

    L’Archéologie du savoir entreprend de penser la discontinuité dans l’#histoire des #idées, des #sciences, de la #philosophie de façon « #archéologique », ie en demandant comment on passe des #documents aux monuments, comment on construit des faits historiques. Par là même, Foucault suggère de modifier drastiquement le concept usuel de temps historique : au lieu d’un temps linéaire et totalisable, il faut se représenter une stratification, une dispersion, des séries d’événements. Il faut penser une histoire « qui ne serait pas #système, mais dur #travail de la #liberté » (p. 23). (cf. p. 25-26, pour l’idée qu’il ne s’agit pas d’appliquer une quelconque #méthode #structuraliste, ni d’utiliser les #catégories des totalités #culturelles - visions du #monde, types idéaux, etc. -, mais de « définir une méthode d’analyse historique qui soit affranchie du thème #anthropologique »). Et par là même se trouve abandonnée l’idée d’une histoire progressive de la #raison et celle du #sujet comme conscience - #conscience #rationnelle, ou conscience historique qui rassemblerait les événements discontinus en des totalités intelligibles et unitaires. Il n’y a plus de sujet fondateur. « En ce point se détermine une entreprise dont l’Histoire de la #folie, la #Naissance de la #clinique, Les_Mots_et_les_Choses ont fixé, très imparfaitement, le dessin. Entreprise par laquelle on essaie de prendre la mesure des #mutations qui s’opèrent en général dans le domaine de l’histoire » (p. 25).

    De fait, c’est là qu’apparaît à ce stade l’unité du travail de Foucault : se débarrasser de la #souveraineté_du_sujet classique - afin qu’il devienne possible, dans une dernière phase, d’entreprendre de repenser l’#individu (mais plus comme conscience constituante). L’archéologie du savoir représente une étape essentielle de ce processus, celle qui permet de faire éclater simultanément la conscience transcendantale et le temps historique traditionnel. Elle représente en ce sens un retour réflexif sur la démarche « aveugle » des livres précédents :
    « Les enquêtes sur la folie et l’apparition d’une #psychologie, sur la #maladie et la naissance d’une #médecine clinique, sur les sciences de la #vie, du #langage et de l’#économie ont été des essais pour une part aveugles : mais ils s’éclairaient à mesure, non seulement parce qu’ils précisaient peu à peu leur méthode, mais parce qu’ils découvraient - dans ce débat sur l’#humanisme et l’#anthropologie - le point de sa possibilité historique » (p. 26).

    #Philosophie #Structuralisme #Histoire #Foucault #Vidéo

  • Très bonne Préface à l’édition Brésilienne du « Maitre ignorant » de #Jacques_Rancière http://strassdelaphilosophie.blogspot.fr/2013/05/le-maitre-ignorant-jacques-ranciere.html

    Toutes les deux surtout sont enfermées dans le cercle de la société pédagogisée. Elles attribuent à l’Ecole le pouvoir fantasmatique de réaliser l’égalité sociale ou, à tout le moins, de réduire la « fracture sociale ». Mais ce fantasme repose lui-même sur une vision de la société où l’inégalité est assimilée à la situation des enfants en retard. Les sociétés du temps de Jacotot avouaient l’inégalité et la division en classes. L’instruction était pour elles un moyen d’instituer quelques médiations entre le haut et le bas : de donner aux pauvres la possibilité d’améliorer individuellement leur condition et de donner à tous le sentiment d’appartenir, chacun à sa place, à une même communauté. Nos sociétés sont loin de cette franchise. Elles se représentent comme des sociétés homogènes où le rythme vif et commun de la multiplication des marchandises et des échanges a aplani les vieilles divisions de classes et fait participer tout le monde aux mêmes jouissances et aux mêmes libertés. Plus de prolétaires mais seulement des nouveaux venus qui n’ont pas encore pris le rythme de la modernité ou des attardés qui, à l’inverse, n’ont pas su s’adapter aux accélérations de ce rythme. La société se représente ainsi à la manière d’une vaste école ayant ses sauvages à civiliser et ses élèves en difficulté à rattraper. Dans ces conditions, l’institution scolaire est de plus en plus chargée de la tâche fantasmatique de combler l’écart entre l’égalité proclamée des conditions et l’inégalité existante, de plus en plus sommée de réduire des inégalités posées comme résiduelles. Mais le rôle dernier de ce surinvestissement pédagogique est finalement de conforter la vision oligarchique d’une société-école où le gouvernement n’est plus que l’autorité des meilleurs de la classe. A ces « meilleurs de la classe » qui nous gouvernent se trouve alors reproposée la vieille alternative : les uns leur demandent de s’adapter, par une bonne pédagogie communicative, aux intelligences modestes et aux problèmes quotidiens des moins doués que nous sommes ; d’autres leur demandent à l’inverse de gérer, depuis la distance indispensable à toute bonne progression de la classe, les intérêts de la communauté.

    #Education #pedagogie #Autonomie #philosophie #Emancipation #Joseph_Jacotot

  • La psychiatrie au service des laboratoires pharmaceutiques ?
    http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=5835

    « Vous mangez trop de bonbons dans la journée ? Direction le psychiatre car vous êtes atteint d’hyperphagie. Avec la publication de la nouvelle édition du DSM-5, le manuel international qui recense les maladies psychiatriques, la polémique enfle en raison de l’entrée de nouveaux symptômes discutables. Faut-il voir dans cette inflation de pathologies un complot des laboratoires pharmaceutiques en quête de nouvelles pathologies, permettant la vente de nouveaux médicaments ? C’est ce qu’expliquait en substance le 20 heures de France 2 mercredi 15 mai. Pourtant, ni Le Monde, ni Libération n’avaient fait de cette question un élément central de leurs articles ».
    #Antipsychiatrie

  • Emission autour du passionnant livre de Grégoire Chamayou « Théorie du drone » http://www.franceculture.fr/emission-place-de-la-toile-philosophie-critique-du-drone-2013-05-04#LaFabrique

    « Il arrive parfois, c’est rare, qu’un livre produise un effet étrange. A mesure qu’on le lit, naît le sentiment, non formulé jusque là, qu’on avait besoin de ce livre, qu’il répond à des questions qu’on se posait, mais vaguement, le livre créé sa nécessité et, à peine refermé, il devient une étape de notre formation intellectuelle ».
    #Drones #Guerre #Terrorisme #Contre-insurection #Philosophie #Grégoire_Chamayou #Audio #Radio #France_culture

  • Excellent entretien de Ruwen Ogien autour de l’enseignement de la morale Laïque http://www.franceculture.fr/emission-le-tete-a-tete-ruwen-ogien-2013-04-28#Taddei #Philo

    "C’est un philosophe, qui fait vraiment de la philosophie. Et c’est en philosophe qu’il défend les mères porteuses, les mariages homo, l’homoparentalité, les jeux d’argents, l’inceste entre adulte consentants, le droit de porter le voile, le droit de se prostituer, de se droguer, de siffler la marseillaise, de blasphémer. Et c’est en philosophe, qu’il est contre la morale à l’école, contre les ingalités économiques. Aujourd’hui, il publie 2 livres : « L’Etat nous rend-il meilleurs ? » directement en poche chez Folio et « La guerre aux pauvres commencent à l’école » chez Grasset".

    • hé oui... et on remarquera que les deux livres publiés pourrait être deux chapitres d’un même livre, mais que bon... quand on peu se faire plus de pognons en les vendant séparément... [je sais c’est pas très cool comme critique, mais ça commence a bien faire, y’en a plusieurs qui font ça...]

    • Je ne serais pas aussi catégorique sur le positionnement politique de Ruwen Ogien. Les libéraux le considèrent comme un dangereux gauchiste qui passe son temps à dénoncer la prédation du capitalisme financier et l’aliénation du travail.
      La gauche pense qu’il est un dangereux libertarien voir utilitariste qui défend le GPA, la prostitution donc l’exploitation de l’homme par l’homme ou plutôt de la femme par l’homme.
      Sans parler des féministes qui à juste titre condamnent ses positions sur l’exploitation sexuelle faite aux femmes sur la question de la prostitution. Le tout est de savoir si c’est notre condition sociale qui nous définis ou nos choix en tant que sujet. Reste à savoir qui influence qui ? On a tous une petite idée sur la réponse mais un homme qui se met autant de gens à dos me le rend sympathique

    • @rastapopoulos et @bug_in : merci d’argumenter un peu plus votre critique de sa pensée, je suis curieux de comprendre.
      Personnellement je me reconnais bien dans sa réflexion. Oui c’est dérangeant pour les gens de gauche comme moi, mais le « libéralisme » intellectuel qu’il prône est franchement pertinent.
      Je commence à comprendre la portée néfaste du paternalisme charitable des bien-pensants dont je fais souvent partie, à vouloir le bien des gens malgré eux eux, qui favorisent l’infantilisme alors qu’on souhaite le contraire.
      Pour ma part ça rejoint mon leit-motiv, qui est de faire passer l’humanisme par la cas « responsabilisation ». Je crois que se considérer enfin en adultes responsables est une clé à exploiter, ça correspond à son idée d’éthique minimale je crois. Ethique minimale ne veut pas dire réflexion minimale, ni échange minimal, ni autisme maximal, ni individualisme maximal.
      Au contraire c’est lâcher du lest sur les divergences comportementales pour mieux se concentrer et se confronter sur les fondements et les fondamentaux moraux que nos comportements doivent absolument respecter, pour garantir un monde vivable où chacun dispose de son libre-arbitre.

      Ensuite sur le personnage, ok, il a tout pour finir comme le prochain BHL, tant pis ou tant mieux pour lui, sauf que lui est quand même intellectuellement très supérieur, de toutes façons je m’en fous, concentrons-nous sur les idées, par sur ceux qui les véhiculent, on gagnera du temps..

    • Ben déjà, perso, je suis pas paternaliste, en tant qu’anarchiste, je ne me reconnais pas dans la gauche classique, et je pense que l’État, et aucune autorité par ailleurs n’a a me dire ce qu’il est bon au mauvais. C’est une discussion collective qui me permet d’établir ce qui est bon ou mauvais, pas un injonction. Les propos que tu tiens sur une sorte d’éthique minimale, ne sont pas pour moi problématique, avoir une éthique minimale, bcp d’auteurs l’on fait. Reste a savoir laquelle. Celle de Ogien est spécifique.
      Si il te permet de découvrir qu’avoir le moins de règles, qu’elle soit simple etc... c’est mieux pour pouvoir les partager collectivement, tant mieux. Mais a mon sens d’autres auteurs allait déjà dans ce sens. Par contre dire que la prostitution et le sado-masochisme ce sont deux choses ou il n’y a pas de « victime » c’est faux. Dans le sado-masochisme il y a un contrat, et l’argent n’est pas impliqué. Dans la prostitution il y a de l’argent alors que le rapport de force n’est pas maîtrisé. Même s’il y avait contrat on pourrait le juger non valable étant donné l’asymétrie de pouvoir entre les deux contractants.

    • dans le #travail, nous apprenons à trahir les autres, et nous nous trahissons nous-mêmes… d’où les #suicides

      quelques notes constructives :

      il faut rompre avec l’exaltation de la #performance_individuelle, et retrouver une démarche de #qualité — parce que dans l’ombre on dégrade tout ce qui relève de la #coopération

      tout ce qu’on croit gagner d’un côté, on le perd de l’autre, et on constate même, au final, une perte de #productivité

      il faut s’intéresser au #travail_collectif, à la mise en commun du savoir, de l’expérience, de l’intelligence, de la parole… ce qui nécessite des espaces de #délibération — il y a un gisement de bonne volonté dans le monde du travail

      … repenser toute la méthode de #management des #entreprises, faire de la coopération verticale ainsi que de la coopération avec le client (ou le patient, l’élève…)

    • A verser au dossier « tempérer ses propos » :
      christophe dejours : plume&plume
      http://plumeplume.blogs.nouvelobs.com/tag/christophe+dejours

      Par #normopathie, Christophe Dejours désigne des personnalités qui se caractérisent par leur totale normalité, des êtres conformistes sur les plans social et professionnel. « Peu fantaisistes, peu imaginatifs, peu créatifs, ils sont en général remarquablement intégrés et adaptés à une société où ils se meuvent aisément et sereinement sans être perturbés par la culpabilité, dont ils sont indemnes, ni par la compassion, qui ne les concerne pas ; comme s’ils ne voyaient pas que les autres ne réagissent pas tous comme eux ; comme s’ils ne percevaient même pas que d’autres souffrent ; comme s’ils ne comprenaient pas pourquoi d’autres ne parviennent pas à s’adapter à une société dont les règles, pourtant, leur semblent relever du bon sens, de l’évidence, de la logique naturelle. (...) » (p. 143, en note)

    • Issue à la sclérose d’un système qui a généralisé la concurrence de tous contre chacun en guise d’organisation. Système qui exploite notre instinct de prédation pour tirer son énergie de fonctionnement. Oui, ça peut tenir quelques décennies encore, mais ce système s’écroulera de lui même quand les humains auront mieux compris la supercherie et auront appris à s’en détacher.

      Dans l’entreprise où je bosse, on essaie de bannir toute idée de concurrence, l’organisation mise sur l’autonomie et la coopération, sur le respect et la confiance plutôt que sur la compétition et l’autorité. Jusqu’ici ça donne de très bons résultats. Résultats qu’on essaie de restituer au mieux dans notre « écosystème » économique, au lieu de vampiriser pour faire valoir notre archaïque privilège de propriétaires capitalistes.
      Je ne crois plus trop à l’idée que la table rase soit le meilleur chemin pour réunir une mutation.

    • Christophe Dejours nous explique pour ceux qui l’ont lu que l’entreprise peut-être à la fois un lieu d’émancipation et de transformation de l’individu quand le travail n’est pas subi. On peut y trouver le meilleur comme la prévenance, la solidarité, le respect, mais aussi le pire, le chacun pour soi, la lâcheté, le harcèlement, l’humiliation...
      A chacun d’incarner sa fonction,son métier, sa mission... avec ce qu’il est ! L’entreprise sait parfaitement utiliser la nature et la personnalité de chacun. A nous de ne pas l’accepter !

      Il faut occuper l’espace qu’incarne l’entreprise comme un « champ » politique et y faire entrer de nouveaux droits comme la reconnaissance de la citoyenneté dans l’entreprise avec tout ce que cela implique. le droit considère que le risque économique est pris par l’entreprise et qu’il est donc normal que le salarié soit soumis à un rapport de subordination.
      Je crois que nous touchons là, une problématique majeure entre employeurs, employés. Comment équilibrer un réel rapport de forces sans qu’aucune des deux parties ne soit lésée ?

      Mon inquiétude aujourd’hui c’est de constater que le droit du travail s’écrit dans « l’entreprise » au nom du bon fonctionnement du dialogue social et non à l’assemblée nationale seule représentante de la souveraineté nationale.
      Aujourd’hui nous sommes bien obligés de constater au nom du maintien de l’emploi, la capitulation du législateur face à l’entreprise toute puissante !

    • @bp314 : ça y est j’ai visionné.
      L’issue dont je parle est justement l’issue de l’effondrement du système par perte de confiance totale des travailleurs dans les organisations classiques (évoqué à 5mn15).

      Concernant le concept de « coopération verticale », le terme fait peur, je le reconnais, moi ça me fait penser à collaboration avec toute la connotation historique de ce mot. Pour moi le manager est avant tout un coordinateur d’actions et un agrégateur de responsabilités. Un animateur, consacré sur sa mission à lui, plus large et d’autant plus anticipatrice que ce qu’il doit agréger est important.

      La cible est une organisation où chacun se sente entrepreneur de son poste, responsable de sa mission, gratifié de sa contribution à l’équipe, à ses « clients » bénéficiaires de son action, gratifié par le soutien et la reconnaissance de l’équipe, gratifié par la réussite de l’oeuvre collective.
      Le collectif fait le reste, et très franchement, moi qui déteste l’autorité, ça tombe bien, on n’en fait quasiment jamais usage. Quand on se considère tous en adultes responsables, on se comporte tous en adultes responsables, tout le monde assume, tout le monde y trouve son compte..

      @pariaurbain : oui la tendance actuelle à négocier et légiférer hors du champ républicain (démocratique si on veut), dans les murs mêmes de l’entreprise, fait peur et risque d’accélérer l’effondrement qu’évoque C. Dejours. On le voit pour l’ANI.
      On parle que de flexibilité, compétitivité et concurrence, comme si on avait pas encore touché le fond...

      Tout l’enjeu va consister, pour les entreprises bienveillantes à devenir suffisament fortes pour être les locomotives de la mutation, en poussant les entreprises conventionnelles à s’aligner, un peu comme la filière bio pourrait y arriver dans l’agriculture si la population l’y aidait. Et ce sera plus facile pour le boulot que pour le bio. Il est plus facile de vivre sans bosser dans une entreprise que de vivre sans manger des trucs de l’industrie agro-alimentaire.

      Mais il est certain qu’un coup de pouce politique semble le plus adapté. Rien est exclu. Quand tout se casse la gueule, on peut envisager de voir une reprise en main politique. Regarde sur la question fiscale en Europe. Il aura fallu 25 ans pour qu’ils reconnaissent qu’il faut faire quelque chose...

    • Christophe Dejours nous explique pour ceux qui l’ont lu que l’entreprise peut-être à la fois un lieu d’émancipation et de transformation de l’individu quand le travail n’est pas subi.

      Peut-être chez les bisounous : chez les humains, l’entreprise est le lieu dans lequel l’humain se rend sous peine d’être exclus et condamné à errer, dormir dans le froid et mourir de faim. On s’y rend aussi de plus en plus souvent forcé par la loi, à l’heure et au lieu dit, pour quelques jours, quelques heures, en attendant d’être affecté ailleurs.

      Ha, qu’il est plaisant de voir que chez les intellectuels en cravate aux mains blanches on croit encore en les célèbres vertus du travail forcé !

      L’issue ? J’ignore quelle sera l’issue et, comme tout productif, au fond peu m’importe. Mais j’imagine qu’un jour viendra où nul ne pourra plus prétendre faire sa part d’oeuvre sociale en se qualifiant d’intellectuel tout en s’ornant des fruits du labeur d’autrui.

    • @tbn : néolibéralisme ? Comment ça ? Sortir de l’exaltation de la performance individuelle et de la concurrence pour passer à la « coopération » c’est du néolibéralisme ?

      @bp314 : quand ce monsieur guindé à l’apparence il est vrai peu sympathique ira jusqu’au bout de sa démarche, il se rendra compte que l’entreprise « bienveillante » ne peut pas être capitaliste, puisque le capitalisme est une prédation sur le travail d’autrui, le capitalisme ne peut fournir le climat de confiance indispensable à la « coopération » dont parle ce monsieur. Laissons lui du temps, pour moi il est sur la bonne voie.

      Ou bien on peut toujours sinon continuer à souhaiter que le travail reste un enfer, pour être sûr de ne pas se compromettre avec le capitalisme, drapé dans notre beau statut immaculé de victime. Mais personnellement ce n’est pas ma tasse de thé...

      Quant à la fin du travail... Je ne crois pas que l’humain pourra se passer d’activités collectives socialement valorisantes, et j’espère pas d’ailleurs.. Je crois qu’il y a confusion entre le mot travail et des concepts plus spécifiques « production de biens matériels » et « exploitation de l’activité d’autrui » qui sont devenus l’horizon indépassable du travail en régime capitaliste..

    • il se rendra compte que l’entreprise « bienveillante » ne peut pas être capitaliste, puisque le capitalisme est une prédation sur le travail d’autrui, le capitalisme ne peut fournir le climat de confiance indispensable à la « coopération » dont parle ce monsieur. Laissons lui du temps, pour moi il est sur la bonne voie.

      J’entends l’argument, mais je vais m’efforcer de le réfuter.

      Ce n’est pas pour des raisons morales ou de compétence technique qu’on réserve les professions intellectuelles aux diplômés : c’est parce que leurs diplômes garantissent le niveau d’éducation requis pour qu’ils ne puissent ignorer certaines choses.

      Par exemple l’évidence que vous exprimez. Et qu’exprime encore bien mieux l’extraordinairement non-diplômé Didier Super : http://www.youtube.com/watch?v=ODXOvPrCuUs

      Machiavel constatait autrement qu’on ne peut distinguer le machiavélisme de l’ignorance et donc, que feindre l’ignorance était toujours le meilleur moyen de parvenir à des fins raisonnées. C’est pour se protéger de cet alibi d’ignorance que les républiques éduquent leurs élites et, en théorie, présument de leur parfaite connaissances des enjeux relevant de la responsabilité sociale qu’on a quand on s’exerce en vertu d’un titre républicain.

      Autrement dit, non, cet intellectuel professionnel ne peut prétendre à l’alibi d’ignorance : ce qu’il fait est un choix.

    • D’ailleurs, il n’y a pas d’autre mot que #propagande_libérale pour parler de l’éducation actuelle infligée et censée sortir les enfants de l’ignorance…

      http://www.onisep.fr/Choisir-mes-etudes/Au-lycee-au-CFA/Au-lycee-general-et-technologique/La-classe-de-seconde-generale-et-technologique/Les-enseignements-d-exploration-en-seconde/Sciences-economiques-et-sociales

      Un enseignement d’exploration obligatoire en classe de seconde, à raison de 1h30 par semaine, permettant une initiation à l’économie et à la sociologie pour découvrir la société dans laquelle on vit.

      Avec ceci qui m’a fait bondir :

      Formation et emploi : le diplôme : un passeport pour l’emploi ? Le chômage : des coûts salariaux trop élevés ou une insuffisance de la demande ?

      C’est le programme officiel.

  • Extrait de l’indispensable « A nous la liberté » de René Clair http://www.youtube.com/watch?v=PG7HnpD0fUc

    http://fr.wikipedia.org/wiki/À_nous_la_liberté

    À nous la liberté a été un #film #culte qui devint une sorte de slogan pour la #jeunesse #lettrée au cours des années 1930. Un contemporain écrira : « Combien de fois avons-nous vu Sous les toits de Paris et ce spectacle amer et enchanté, avec ses #Luna-Park où chantent les #oiseaux_mécaniques, sa #poésie de papier doré et de #romances, qu’est À nous la #liberté ? Je ne saurais le dire, mais c’était pour nous le symbole de ce temps heureux, où les dangers restaient l’#américanisme, la #surproduction, et non la #grève et la #misère, et où, pour finir, deux #vagabonds gagnaient en chantant, eux aussi, les routes joyeuses du destin. Ainsi l’écran nous donnait-il des nouvelles de l’univers. Ainsi apprenions-nous de #René_Clair à connaître Paris comme nous l’apprenions de Baudelaire, de Balzac1. »

    #Cinéma #politique #Ouvrier #prolétariat #usine #critique_sociale #Capitalisme

  • Palme d’or 1972 « La classe ouvrière va au paradis » d’Elio Petri http://www.ina.fr/video/I00019540 #Cannes #Ciné(phile)

    Evidemment, il se trouvera des #spectateurs pour pointer du doigt la description « caricaturale » de tel ou tel camp, mais l’#objectivité invite à considérer que, de ce point de vue, ce ne sont pas forcément les représentants de la direction de l’usine les plus mal lotis : à titre d’exemple, on ne peut pas dire que Petri épargne ces #étudiants #communistes braillards, qui donnent leurs leçons aux #ouvriers en hurlant dans leurs mégaphones et qui ne sont plus disponibles lorsque l’on a besoin d’eux. La #caricature existe donc, dans La Classe ouvrière va au paradis, elle est même #volontaire, parfaitement intrinsèque au projet : dans la grande famille du cinéma #politique italien, vous avez différents profils. Vous avez le bon élève, exemplaire, qui décrit les choses avec une précision redoutable et un sens de la mesure qui l’honore : c’est Francesco Rosi. Vous avez les petits futés qui, l’air de rien, utilisent le rire comme arme de dénonciation massive : ce sont les maîtres de la comédie satirique, au premier rang desquels on aurait envie de mettre #Pietro_Germi ou #Dino_Risi. Et puis vous avez le sale gosse, l’ingérable, le gueulard, l’agité, l’outrancier. Vous avez Elio Petri. Oui, son trait est grossier, sa forme est excessive, son ton est irrévérencieux, mais c’est son tempérament qui s’exprime et, crénom de nom !, il a des choses à dire. Reprocher à La Classe ouvrière va au paradis d’être un film hystérique reviendrait en quelque sorte à reprocher à #Tarkovski de s’adonner à la contemplation ou à #Marcel_Carné de faire du réalisme poétique ! Bon, évidemment, on peut simultanément reconnaître qu’un cinéaste a de la personnalité et toutefois ne pas aimer celle-ci, c’est un droit. Surtout, en l’occurrence, si on est allergique aux #zooms/#contre-zooms… aux #gros_plans #expressionnistes sur des visages déformés par l’effort ou la rage… ou au bruit.
    Car l’atmosphère #sonore, justement, de La Classe ouvrière va au paradis suffit à en décrire l’essence même : saturée de sons à l’origine souvent indéfinie, constamment enveloppée dans le #vacarme et le #désordre, elle participe au sentiment d’#oppression général ; et ce serait un oubli honteux que de ne pas mentionner maintenant la célèbre partition, étrange et mécanique, composée par #Ennio_Morricone pour l’occasion. S’appuyant sur les sons internes à l’usine, elle les reprend, se confond avec eux, en reprend la rythmique agressive, les annonce ou les prolonge, et ce n’est pas un hasard si le #film s’achève sur la reprise du thème principal - après le fameux récit du rêve - tandis qu’à l’image, au bout de la chaîne, un chariot est manipulé par un vieil ouvrier incarné par Ennio Morricone lui-même...

    #Cinéma #Engagé #Syndicats #Usine #Luttes_des_Classes Italie #Elio_Petri #Vidéo

  • Gauche/Droite. Au commencement était la révolution française par Jean-Luc Nancy http://strassdelaphilosophie.blogspot.com/2013/05/gauchedroite-texte-de-jean-luc-nancy.html#Philo #Histoire

    "Qu’est-ce donc qu’un côté ? c’est une face, un aspect d’un objet qui en a plus d’un (laissons aux topologues et aux physiciens les objets unidimensionnels). Celui-ci en a deux, en effet, le droite et le gauche. Etant donné que les objets bidimensionnels sont plutôt rares dans la nature, comment celui-ci est-il constitué ? Il l’est par la suppression d’une troisième dimension, l’élévation, et avec elle, peut-on dire, de ces autres faces ou aspects que peuvent former, que forment à l’ordinaire, l’avant et l’arrière.
    L’objet droite/gauche à l’état pur ne peut être complété, enrichi, fécondé par aucune autre espèce de propriété. Un sequoia, un lombric, un homo sapiens peuvent être grands, petits, volumineux, mal formés, cela n’affecte pas leur droite/gauche. Ce qui l’affecte, on l’a dit, c’est la présence d’un sujet tel qu’il détermine une droite et une gauche ; par exemple le sens du cours d’un fleuve détermine sa rive droite et sa rive gauche
    Un bateau possède une droite et une gauche, cela se comprend bien puisqu’il est agencé pour avancer par son étrave. Mais les hommes d’équipage ne sont pas chacun à un moment donné tournés dans la même direction et pour éviter les méprises on a inventé que le mot BATTERIE largement écrit à l’arrière sur le pont donnerait les seules indications recevables du point de vue des côtés : « bâbord » et « tribord ». (Pour les Anglais, « port » et « starboard » ont la même fonction ; pour les Allemands", « Backbord » et « Steuerbord », etc.)