• L’usage revendiqué de l’intelligence artificielle par l’armée israélienne questionne le droit de la guerre
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/14/l-usage-revendique-de-l-intelligence-artificielle-par-l-armee-israelienne-qu

    Cette question des applications militaires est importante. Une opération militaire donne le plein pouvoir aux militaires, qui ont en principe un « objectif » fixé par le pouvoir civil, mais ont ensuite la maîtrise des moyens pour y parvenir, sans devoir rendre de compte devant la justice (la CPI reste trop faible). Dès lors si en deuxième main la responsabilité léthale est confiée à une IA, on est encore plus loin de la responsabilité (souvent jugée ultérieurement... pas les vainqueurs) qui pourrait être relevée pour crimes de guerre.

    Enfin, quand la guerre se résume à détruire son voisin en limitant ses risques, on peut s’attendre à des guerre de plus en plus terribles pour les populations civiles. On retrouve le débat sur les drones armés.

    Parmi toutes les horreurs de la guerre qui a éclaté le 7 octobre entre Israël et le Hamas, il en est une qui est venue, de façon inattendue, ajouter une dimension dystopique à ce conflit : le recours assumé, par l’armée israélienne, à la puissance de l’intelligence artificielle (IA) pour maximiser son écrasement du mouvement islamiste. Une IA présentée comme une des composantes-clés de l’un de ses outils de ciblage pour ses campagnes de frappes aériennes sur la bande de Gaza, baptisé Habsora (« Evangile »).

    Difficile de savoir à quel point cette révélation inopinée, début novembre, au lendemain de la trêve de sept jours ayant permis la libération de 110 otages, a été le résultat d’une stratégie de communication maîtrisée. Des enquêtes de presse rapportaient alors les états d’âme d’anciens membres de l’armée israélienne sur l’emploi de ce logiciel capable de proposer des cibles à une vitesse inédite à partir d’une masse de données hétérogènes. Les mots « intelligence artificielle » sont parfois un fourre-tout qui englobe beaucoup d’applications numériques, qu’elles soient civiles ou militaires.

    Une chose apparaît néanmoins évidente, depuis, aux yeux d’experts : l’ampleur des destructions et le nombre inédit de victimes civiles à Gaza – plus de 18 000, selon le ministère de la santé du Hamas – pourraient faire bouger les lignes sur l’encadrement de l’IA dans les systèmes d’armes. « Cela fait des années que le sujet ne fait l’objet d’aucun consensus chez les spécialistes. Cette guerre pourrait permettre d’accélérer certains débats », soutient ainsi Julien Nocetti, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (IFRI), spécialiste des conflits numériques.
    Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Israël-Hamas : « Le Monde » face à la guerre des images

    Les armements sont en effet aujourd’hui divisés en deux grandes catégories. D’un côté, les systèmes d’armes létales autonomes, totalement automatisés, dont il n’existe pas réellement d’exemples sur le marché. De l’autre, les systèmes d’armes létales « intégrant » de l’autonomie (SALIA), qui permettent en principe à l’homme de rester « dans la boucle ». Or l’immense majorité des puissances militaires occidentales – dont Israël avec Habsora – assurent aujourd’hui avoir fait le choix des SALIA, et peuvent ainsi jurer être du côté respectable de l’emploi de la force.

    Mais, pour Laure de Roucy-Rochegonde, également chercheuse à l’IFRI, autrice d’une thèse sur la régulation des systèmes d’armes autonomes, les spécificités de la guerre entre Israël et le Hamas pourraient ringardiser ces catégories aux contours flous et redonner de la vigueur à un autre concept de régulation, celui de « contrôle humain significatif ». Une définition plus stricte, poussée sans grand succès jusqu’ici par certains défenseurs des droits de l’homme, dont une ONG dénommée Article 36. « Le problème, c’est que l’on ne sait pas quel type d’algorithme est utilisé [par l’armée israélienne], ni comment les données ont été agrégées. Ce ne serait pas un problème s’il n’y avait pas, au bout, une décision de vie ou de mort », reprend Mme de Roucy-Rochegonde.

    #Intelligence_artificielle #militarisme #Guerre

    • Article36
      https://article36.org

      Article 36 is a specialist non-profit organisation, focused on reducing harm from weapons. We are a small and effective team of advocacy and policy experts based in the UK.

      We partner with civil society groups and governments to develop new policies and legal standards to prevent civilian harm from existing and future weapons.

      Our team has more than a decade of experience in diplomatic negotiations and developing practical, actionable policies.

    • Traités de DIH - Protocole additionnel (I) aux Conventions de Genève, 1977 - Article 36
      https://ihl-databases.icrc.org/fr/ihl-treaties/api-1977/article-36

      Article 36 - Armes nouvelles
      Dans l’étude, la mise au point, l’acquisition ou l’adoption d’une nouvelle arme, de nouveaux moyens ou d’une nouvelle méthode de guerre, une Haute Partie contractante à l’obligation de déterminer si l’emploi en serait interdit, dans certaines circonstances ou en toutes circonstances, par les dispositions du présent Protocole ou par toute autre règle du droit international applicable à cette Haute Partie contractante.

      Protocole I — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Protocole_I

      Ratification
      En février 2020, ce protocole avait été ratifié par 174 États ; certains pays importants n’ayant pas ratifié le protocole sont les États-Unis, Israël, l’Iran, le Pakistan, l’Inde et la Turquie.

      surprise !

  • Cisjordanie occupée : opération militaire israélienne dévastatrice à Jénine
    RFI | Publié le : 14/12/2023 | Avec notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa
    https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231214-cisjordanie-occup%C3%A9e-op%C3%A9ration-militaire-isra%C3%A9lienne-d%C3

    La guerre à Gaza, et la guerre en Cisjordanie occupée. L’armée israélienne, déployée sur plusieurs fronts, mène une opération militaire dévastatrice à Jénine, depuis mardi. Trois jours d’offensive, onze Palestiniens tués, selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne. Des dizaines de véhicules blindés sont déployés à Jénine et dans son camp de réfugiés. L’armée israélienne a même mené une frappe meurtrière, à l’aide d’un drone kamikaze, contre des combattants palestiniens. Dans cette région densément peuplée, ce sont les civils qui subissent de plein fouet ces combats.

    « C’est vrai qu’ils ont encerclé la ville de Jénine, mais la cible c’est le camp ». Fief des groupes armés palestiniens. Israël affirme y lutter contre le « terrorisme ». Najet, qui vit sur place corrige : « Ici, il n’y a pas de terroristes, il n’y a que des résistants, qui combattent l’occupation israélienne . »

    « Ce sont eux [les Israéliens, ndlr] qui viennent chez nous, poursuit Najet. Nous ne les attaquons pas. Ce sont eux qui occupent notre terre. Ce sont eux qui [nous] tuent. Dans chaque famille vous avez [au moins] deux jeunes martyrs. C’est de l’injustice. On a peur pour nos enfants. On est un peuple qui souhaiterait juste vivre comme tous les autres peuples du monde. » « Et sous couvert de lutte antiterroriste, les Israéliens tuent en premier lieu les civils palestiniens où qu’ils soient », affirme la mère de famille. (...)

    #Jenine

  • Alexis Potschke : « J’ai lu le message du ministre et j’ai peur »
    https://www.cafepedagogique.net/2023/12/12/alexis-potschke-jai-lu-le-message-du-ministre-et-jai-peur

    J’ai lu le message du ministre tout à l’heure, et j’ai peur maintenant, très peur de ce qui vient : ça faisait longtemps que je n’avais pas eu peur comme ça.

    Il y a un passage qui m’a plongé dans une angoisse terrible. Tenez, c’est ce morceau-là :

    « À compter de la rentrée prochaine, les élèves de 6ème et de 5ème seront donc désormais répartis en 3 groupes de niveaux pour leurs enseignements de français et de mathématiques. »

    Ça n’a l’air de rien, comme ça, et quiconque ne sait pas vraiment ce qu’est une classe pourrait même hausser des épaules, trouver cela normal, se dire que j’en rajoute, passer outre. Ah ! ces profs, ils se plaignent tout le temps !

    C’est malgré tout la mise à mort d’une certaine vision de l’enfance. C’est la fin de l’idée des classes hétérogènes ou chacun peut apprendre à chacun et de chacun, où les élèves en réussite peuvent venir en aide aux élèves en difficulté, et où les élèves en difficulté peuvent prendre confiance en eux, s’appuyer sur leurs pairs ; se sentir un peu, de temps en temps, membre d’un groupe qui n’est ni bon ni mauvais, juste un groupe ; savourer leurs prises de parole réussies, travailler ensemble : apprendre des autres et leur apprendre des choses.

    C’est la fin d’un même postulat d’éducabilité. Tous les élèves sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres ! À dix ans, le rouage se met en marche : les uns à droite, les autres à gauche, le bénéfice du doute pour le ventre mou, tout ça, ça se rangera plus tard. Hop ! On classe, on trie ! Mais ce qu’il faut bien avoir à l’esprit, c’est que c’est pour le pire. Que ça ne marche pas.

    Imaginez-vous, dix ans fraîchement révolus, faire votre entrée au collège. Le couperet est tombé quelques semaines plus tôt, vous ne le saviez peut-être même pas, mais : vous êtes un élève en difficulté. Alors voilà : vos camarades seront des élèves en difficulté. Votre enseignant vous fera des cours pour élèves en difficulté. Vous aurez un emploi du temps d’élève en difficulté. Vous avez dix ans, votre avenir a déjà un nom.

    Autour de vous, aussi : essentiellement des garçons. À cet âge, les groupes de niveaux sont aussi, malheureusement, des groupes de genre.

    Vous ne pourrez pas profiter des remarques brillantes de vos camarades, travailler avec eux, apprendre d’eux : non, ce n’est pas la place qui vous a été assignée. Vous êtes en difficulté. Vous aurez toujours l’impression que vos enseignants vous parlent plus lentement qu’aux autres, et de la suspicion en lisant les appréciations sur votre bulletin.

    Le groupe classe, c’est fini. Bienvenue dans le sépulcre des ambitions. Mais que voulez-vous ? C’est ainsi que fonctionne la fabrique des élites. On vous laissera prendre la forme qu’on attend de vous. Vous n’apprendrez que ce qu’on a décidé de vous apprendre – à vous, parce que vous êtes : en d-i-f-f-i-c-u-l-t-é. Tant pis pour le reste !

    #école #élèves #éducation #groupes_de_niveau #ségrégation

    • On arrive au tri classiste et à la ségrégation mise en place déjà au lycée il y a 10 ans. Ça n’était pas clairement écrit, mais j’ai vu celleux qui avaient une bourse relégués dans des classes différenciées, avec des profs et un programme différent et surtout un discours de la direction à leur égard de type « Ah mais non, tu ne peux pas aller dans cette classe, iels ont beaucoup plus d’assurance que toi. » Et j’aurai aimé vous montrer une photo des classes, de ceux avec l’assurance de leur avenir et celleux qui n’en avaient pas, la différence de leurs fringues, leur façon altière de se tenir, de se sentir bien dans leur peau, de s’échanger leur réseau. Les soldats et leurs maitres.

    • Le groupe le plus performant sera affublé du doux nom de « castor » et avec le second groupe, appelés « les chasseurs », ils formeront l’Arc RIP aux Blicains. Quant aux élèves du troisième (et dernier) groupe dénommé « les sauvageons », ils se verront imposer un SNU à vie avec lever du drapeau en pyjama rayé tous les matins jusqu’au bout de leur vie. Par contre, les ceusses qui appartiennent à l’élite castorienne seront eux exemptés de service national universel et, promus aux mérites de leurs géniteurs, ils pourront aller directement pantoufler dans des cabinets de conseil après avoir obtenu leur bac avec mention.

      #école-caserne #saloperies #privilèges_de_classe #classes_ghettos #Gabriel_Attal #consanguinité #endogamie

    • Plus sérieusement, ceci est la conséquence fatale (dans le sens où ça devait arriver un jour) d’un délitement de l’institution #éducation_nationale initié par Sarkozy et finalisé par Blanquer : effectifs pléthoriques dans les classes. Des missions toujours plus nombreuses assignées aux personnels soumis à un feu roulant d’injonctions contradictoires. Résultats : les enseignants se barrent. Le recrutement se tarit. Les relations entre familles et l’institution deviennent de plus en plus conflictuelles. La hiérarchie (du sommet de la pyramide au plus médiocre sous-fifre) va essayer de dissimuler la poussière sous le tapis avec l’idéologie patriotico-laïcarde mais l’illusion fait rapidement long feu.
      Ce processus fait partie d’un dispositif idéologique qui a fait ses preuves dans les pays anglo-saxons, le fameux « starving the beast ».
      A mon avis, les familles « castoriennes » n’hésiteront pas un seul instant et scolariseront leurs progénitures dans le privé, cette attitude étant déjà une tendance lourde. Quant aux deux autres groupes de niveau, ils s’affronteront sur les bancs de l’école publique, les uns zélateurs impénitents de l’idéologie libertarienne, les autres au mieux regarderont par la fenêtre pour faire passer le temps, au pire mettront le feu aux établissements. On fera croire aux familles « chasseurs » que leurs enfants sont l’avenir de la nation et on les enjoindra de faire régner l’ordre raie-pue-blicain au sein de leurs établissements (en dénonçant par exemple les comportements idéologiquement déviants des familles sauvageo-wokistes.
      L’école a toujours été une interface d’une grande porosité entre la société et le pouvoir. Ça ne fait que se confirmer.
      Mon messages aux (ex) collègues qui y croiraient encore : courage, fuyez ou résistez !

    • Un copain de 40 ans, y-a 10 ans : « mais les budgets n’ont jamais été aussi élevés, faut arrêter de vouloir faire grève ou de dire qu’on n’a pas les moyens ». Les budgets à l’époque augmentaient pour prendre en compte l’augmentation du nombre d’élèves si mes souvenirs sont bons. Mais les profs n’étaient pas remplacés, et le pli était donné. 10 ans plus tard, plus personne ne veut devenir prof.

    • Les élèves du groupe « chasseurs » issus en majorité des familles de la classe moyenne déclassée auront bientôt un joli uniforme et s’ils se tiennent sages, ils pourront effectuer leur SNU aux Antilles (ou tout autre DOM-TOM).
      NB : ces familles « chasseurs » auront plébiscité le RN aux présidentielles de 2027.

    • Les jeunes parents, très écolos et socio-conscientisés qui approchent de la 40aine ont vite mis leurs discours sous le boisseau quand il s’est agit de scolariser leur précieuse progéniture là où les prolos autrement glorifiés n’ont pas d’autres choix que de laisser la leur et les « pédagogies alternatives » ont été là bonne excuse toute trouvée et toute offerte, en vrai, pour justifier leur cavalcade vers le privé, bien moins couteuse, socialement que les stratégies anciennes de contournement de la carte scolaire.

    • Ayant bossé (sur un poste adapté) à Angers avec la crème des pédagos dans « l’ingénierie éducative », les collègues ne se cachaient même pas de scolariser leurs rejetons dans le privé catho, parce que bon, hein, le collège (public) de secteur avait « clairement pas le niveau » ... Bel euphémisme en tout cas.

    • « Les groupes de niveau viennent percuter la motivation et l’estime de soi, et donc la réussite scolaire »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/17/les-groupes-de-niveau-viennent-percuter-la-motivation-et-l-estime-de-soi-et-

      Les économistes Yann Algan [HEC] et Elise Huillery [Dauphine] estiment, dans un entretien au « Monde », que, pour faire face à l’hétérogénéité des niveaux, il faudrait investir davantage dans la formation des enseignants et dans les compétences sociales et comportementales des élèves.

      .... à partir des évaluations de 6e de 2021, 50 % des élèves de classes sociales défavorisées se retrouveraient dans le groupe des élèves faibles contre seulement 13 % des élèves de classes sociales très favorisées. Les inégalités de genre seraient également marquées : le groupe des élèves forts en français compterait 57 % de filles et celui des forts en maths 56 % de garçons.

      https://archive.is/DwC84

      #PISA #économie #pédagogie_verticale #hétérogénéité #coopération

      "un choc d’ignorance"
      https://seenthis.net/messages/1032763

    • Paris, 12 décembre 2023. Des Palestinien·nes meurent à Gaza, chaque jour, chaque heure. Leurs conditions de vie deviennent jour après jour, inexorablement, celles d’une population dont l’élimination est programmée. La semaine dernière à Paris, après un examen juridique long et approfondi, le bureau international de la FIDH - l’organe élu d’expert·es juridiques et de défenseur·es des droits humains, venu·es du monde entier - a adopté une résolution reconnaissant les actions d’Israël contre le peuple palestinien comme étant un « génocide en cours ».

      « Les Palestinien·nes subissent une tragédie constante, permanente, aussi inimaginable qu’intentionnelle. Ce niveau de violence orchestrée par une force d’occupation est un génocide », déclare Alice Mogwe, présidente de la FIDH. « Affirmer qu’il est en train de se dérouler, c’est affirmer qu’il peut, et même qu’il doit être arrêté. Aux dirigeant·es politiques et haut⋅es responsables, nous devons souligner que le soutien et l’assistance à Israël est une complicité dans ce génocide en cours. Vous avez été prévenu·es. »

  • Loi immigration : le rejet du texte à l’Assemblée, un revers à double tranchant – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/editorial/loi-immigration-le-rejet-du-texte-a-lassemblee-un-revers-a-double-trancha
    https://www.liberation.fr/resizer/yBBS3wk-ZtUkRNNs9i7H6H4u-gU=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(1088x1179:1098x1189)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/5DVHYDHWI5AXZOE2FR37P2UV4Q.JPG

    Il y a néanmoins deux mauvaises nouvelles dans cette affaire. La première est qu’au lieu de renoncer à un texte vérolé depuis le début, le ministre de l’Intérieur, pour arriver à ses fins, pourrait laisser tomber la partie « good cop » de son texte sur la régularisation des travailleurs sans papiers des filières en tension. En clair, il devrait durcir son texte pour rallier la droite et l’extrême droite. Deuxième mauvaise nouvelle qu’il ne sert à rien de mettre sous le tapis : cet épisode parlementaire, qui voit gauche, droite et extrême droite voter de concert, est un cran de plus dans la normalisation de l’extrême droite.

  • Gaza : « Les pays occidentaux sont complices de ce massacre »
    https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231205-gaza-les-pays-occidentaux-sont-complices-de-ce-massacre

    Francesca Albanese : Oui, je suis vraiment choquée. Ce n’est pas seulement le manque d’action pour arrêter les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité qui sont en train d’être commis dans le territoire palestinien occupé. C’est vraiment le soutien presque total et inconditionné que les États occidentaux ont donné à Israël, en lui reconnaissant non seulement le droit de se protéger – qui est bien sûr un droit qu’Israël a envers son territoire et ses citoyens – mais on a reconnu à Israël le droit de mener une guerre très violente contre le peuple qu’il garde sous occupation. Et ça, c’est illégal !

    #génocide #gaza #complicité

  • En direct, guerre Israël-Hamas : après une visite à Gaza, un haut responsable de l’ONU décrit l’enclave comme « l’enfer sur terre »
    https://www.lemonde.fr/international/live/2023/12/12/en-direct-guerre-israel-hamas-l-oms-denonce-le-controle-d-un-convoi-medical-

    « Les [Gazaouis] manquent de tout. Ils supplient d’être mis en sûreté et que cet enfer sur terre se termine », a déclaré mardi Philippe Lazzarini, patron de l’UNRWA, l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens de l’ONU, après une visite dans le territoire palestinien.

    #Gaza #génocide #complicité

    • Je ne crois pas que le terme soit le bon, @kassem. Cette « solution finale » là, quoi qu’on en dise, il me semble qu’elle a déjà son jour d’après : édification et d’un vaste camp de réfugiés dans un champs de ruines d’une taille qui reste à déterminer (réduite de no man’s land sécuritaires d’Israël ?), confié à la gestion humanitaire internationale. Certes, après de très nombreuses morts de civils, une atteinte partielle des effectifs du Hamas (défaits, les combattants qui ne seront pas contraints de se rendre se fondront autant que faire se peut dans la population).
      Bien que ce soit pour pour satisfaire à ce fantasme que l’un des plus fafs du gouvernement israéliens a inconsidérément parlé de bombe nucléaire (sauf que si Hiroschima c’est le kif absolu, dans la banlieue de Tel Aviv, ça complique), quelque soit l’ampleur du massacre possible, rien de final, ni pour Israël (crise interne, absence d’horizon réel), ni pour les Palestiniens, ni pour les Gazaouis, ni pour le Hamas (refondation sur de nouvelles bases, dont l’absorption de composantes du Fatah et l’arrivée d’innombrables recrues), et pas du tout - malgré les tonnes de bombes et les attaques terrestres - quelque chose de l’ordre de l’industrialisation de l’extermination que l’expression « solution finale » a signifié lorsque les nazis l’ont inventé. Celle-ci reposait sur une bureaucratie policière étendue aux pays occupés, un réseau de transports européen, et des usines à tuer. La solution finale a été organisée comme un progrès « technico-administratif » appliqué à un processus d’extermination mené durant des années, mais insuffisamment efficace sur un plan quantitatif. Ici, l’extermination reste une pulsion (abjection reprise de l’occident nazi), partiellement assouvie par la guerre en cours, mais nécessairement limitée.

      Qu’au blocus et aux actes de guerre s’ajoutent des conséquences biologiques (faim, épidémies), c’est le maximum que l’État d’Israël peut escompter. Combien de temps avant que les discours humanitaire prennent le pas ? C’est une cause politique constituée. Ça ira plus vite qu’au Yemen

      Par ailleurs, si les humains sont capables d’une brutalité inouïe, ils sont aussi doté d’une aptitude à survivre peu imaginable. Même aux camps d’extermination nazis dont la fonction centrale était la mise à mort, des déportés ont survécu, malgré la faim, le froid, le typhus, qui s’ajoutaient à la tuerie en tant que telle.

    • Toujours ce conditionnel, qui permet, 2 mois après le début des massacres, de croire qu’il serait encore possible de faire quelque chose. Un petit peu comme lorsqu’on te dit que le réchauffement climatique pourrait être limité à +1,5° en 2050, et qu’on te dit en même temps qu’on y est déjà d’après les relevés de l’année.

  • In the Shadow of the Holocaust | The New Yorker
    https://www.newyorker.com/news/the-weekend-essay/in-the-shadow-of-the-holocaust

    Just three years after the Holocaust, Arendt was comparing a Jewish Israeli party to the Nazi Party, an act that today would be a clear violation of the I.H.R.A.’s definition of antisemitism.

    #instrumentalisation #sionisme

  • BALLAST • Elsa Deck-Marsault : « Transformer notre rapport à la justice »
    https://www.revue-ballast.fr/elsa-deck-marsault-transformer-notre-rapport-a-la-justice

    Cette expres­sion est tirée d’un article de Chi-Chi Shi inti­tu­lé « La souf­france indi­vi­duelle (et col­lec­tive) est-elle un cri­tère poli­tique ? », qui m’a beau­coup ins­pi­rée. L’autrice part du constat que le res­sen­ti et la souf­france indi­vi­duels sont aujourd’hui pré­sen­tés comme le point de départ de nos luttes, c’est-à-dire l’endroit d’où on va pou­voir se ras­sem­bler. Politiquement, est-ce que ça nous per­met de faire des liens entre les dif­fé­rents res­sen­tis et souf­frances que cha­cun et cha­cune peut avoir et expri­mer ? On s’est retrou­vé à cen­trer nos com­bats autour des indi­vi­dus et ça rend la construc­tion de ponts impos­sible. On voit nos luttes davan­tage en termes de camps cen­trés autour de souf­frances et de res­sen­tis com­muns qu’en termes de front qu’il faut faire avan­cer face à un enne­mi commun.

    Lorsqu’on pense en termes de camps, qui fait par­tie du « nous » poli­tique et du « eux » ? On s’est foca­li­sé sur la traque des traîtres poten­tiels qui seraient dans le « nous » pour les exclure de nos espaces, faire en sorte que ces der­niers soient de plus en plus safe, en par­tie pour qu’un confort indi­vi­duel soit assu­ré au sein de nos luttes. Cette limite entre le « eux » et le « nous » me sert de point de départ pour par­ler de mora­lisme pro­gres­siste, c’est-à-dire la recherche exclu­sive de la per­fec­tion morale et la façon dont elle va s’incarner dans le fait d’assainir nos propres camps. On essaye de se retrou­ver entre bon·nes militant⋅es qui auraient tous les codes sym­bo­liques de la parole, sociaux, etc., en reje­tant ce qu’on estime être des mauvais⋅es militant⋅es. On traque les gens qui feraient des erreurs dis­cur­sives, des fautes dans leur com­por­te­ment. On centre le pro­blème sur des per­sonnes, indi­vi­duel­le­ment, plu­tôt que sur un sys­tème plus glo­bal. Résultat : on n’est plus capable de lut­ter et de mili­ter ensemble. On en est venu à confondre nos « iden­ti­tés poli­tiques » avec nos opi­nions et on a du mal à faire du lien entre nos conflits, à confron­ter nos points de vue contradictoires.

    #justice #justice_transformatrice #militantisme

    • Les pratiques punitives nous enseignent qu’on est toujours sur la sellette. Quand on milite depuis dix ans dans un milieu et qu’on sait qu’on peut en être exclu d’une minute à l’autre parce qu’on aura fait ou dit telle chose, qui serait considérée comme inacceptable de la part de nos pairs, ça nous pousse à nous investir à demi — un pied dedans et un pied dehors.

      […]

      Beaucoup de gens réagissent davantage par peur d’être vus comme mauvais⋅es allié⋅es ou militant⋅es que parce qu’ils sont vraiment d’accord avec la position prise. On en vient à se demander « comment faire pour montrer que moi, personnellement, je suis du bon côté de la barrière ? » Alors que les questions devraient être « qu’est-il juste de faire ? avec quoi je suis en accord politiquement et éthiquement ? » C’est une sorte de performativité qui utilise chaque nouvelle histoire pour montrer qu’on est le bon ou la bonne militant⋅e, qu’on a bien pris position. D’où ma référence au moralisme, qui invite à montrer qu’on a la bonne morale, qu’on est sur la bonne voie. Alors qu’au fond, c’est vide de sens.

  • Le traumatisme des Arabes israéliennes libérées dans le cadre des échanges avec le Hamas

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/09/le-traumatisme-des-arabes-israeliennes-liberees-dans-le-cadre-des-echanges-a

    Quinze femmes, arrêtées après les attaques du 7 octobre pour des délits d’expression sur les réseaux sociaux, ont été échangées contre des otages détenus par le Hamas, sans l’avoir demandé. Cette assimilation au mouvement islamiste risque de leur porter préjudice en Israël.

  • Faire date autrement, Catherine Hass (10 novembre 2023), via @parpaing
    https://lundi.am/Faire-date-autrement

    ... cette guerre qui détruit avec elle toute possibilité qu’il en soit autrement en détruisant toute politique, anéantirait la possibilité même d’une pensée de la politique. (...) Demeure l’injonction comminatoire à dire son camp même si ce dernier n’existe pas dans les termes de l’injonction.

    [...] C’est donc par un geste purement criminel que la #Palestine fit retour – si l’on considère que ce programme de cruauté à l’endroit des civils caractérise d’ordinaire la besogne des fascistes de tous bords. Rappelons que, historiquement, le faire politique des luttes, loin d’être indifférent, a toujours été crucial pour ces dernières. Ainsi, de quelle émancipation, de quelle figure d’égalité ou de libération, un tel geste peut-il être porteur ? Que pouvait-il fonder outre la dévastation à laquelle nous assistons ?

    [...] Si l’hypothèse selon laquelle « la guerre anéantit aujourd’hui toute possibilité qu’il en soit autrement en détruisant toute politique » [Derrida] est juste, les diverses qualifications du 7 octobre – « terroristes » versus « résistance » – n’engagèrent le plus souvent que des conceptions de la #guerre distinctes selon le « spectre large de ceux qui n’aiment les Arabes que morts ou réduits à l’état de pions qu’ils bougent sur l’échiquier de leurs chimères (...) ». Dit autrement, en France, l’on opposa à la guerre contre le terrorisme, boussole insane des guerres extérieures et de la politique intérieure depuis plus de vingt ans, un logiciel marxiste anti-impérialiste et étatiste périmé identifiant rage politique et criminelle et validant voire glorifiant le meurtre. Les hautes figures de la lutte : le Hamas, le Hezbollah et l’Iran soit la photo de famille – tronquée car il y manque la Russie – de ceux qui donnèrent à el-Assad les troupes et les armes nécessaires pour venir à bout de la révolution syrienne au prix d’une guerre qui fit 600 000 morts. « On a beau s’indigner devant la violence, on a beau déplorer sincèrement [...] le nombre de morts, on ne fera croire à personne que c’est de cela au fond qu’il s’agit. » Faire date autrement et sortir de l’impasse signifierait quitter cet espace comme effondré puisqu’il ne propose qu’une polarisation essentialiste faisant fond sur des catégories idéologiques vides de politique.

    [...] Le déséquilibre du rapport de force entre les deux n’interdit pas l’identité de leur principe : « Je te tue car tu n’as pas à être là, tu ne dois pas être là, quand bien même tu y es, tu y vis, tu es dans ton pays ». Or, rappelons que ce qui caractérisa nombre de luttes populaires passées, armées ou pas, c’était précisément la rupture avec les principes de la politique ennemie. L’État d’#Israël et le Hamas sont donc ici des jumeaux politiques et criminels : la politique de l’un arme celle de l’autre, et vice-versa, chacun échange, tour à tour, le rôle de maître d’ouvrage et de maître d’œuvre dans l’espoir de s’en trouver renforcé politiquement. C’est même de leur négation réciproque qu’est née l’alliance Netanyahou-Hamas comme la nomme le quotidien Haaretz. Haine du possible, concurrence et corruption de l’idée même de politique dès lors qu’elle est entièrement reversée dans la guerre et le crime et se confond avec eux, dès lors qu’elle fait des civils la matière première de la guerre (...)

    [...] la guerre contre le terrorisme n’est pas l’apanage des États occidentaux puisque c’est ce paradigme que el-Assad mobilise dès 2012 pour détruire la révolution syrienne –aidés par des djihadistes revenus d’Irak libérés de prison, du Hezbollah libanais et des Pasdaran iraniens. En rupture avec le droit de la guerre et le droit international humanitaire existant, l’une des caractéristiques de cette guerre est de dénier tout statut aux civils, à moins qu’ils ne soient « innocents » ; l’argument selon lequel les différentes entités combattues ne sont pas assignables à des armées régulières emporte avec lui la possibilité même de leur protection. Ainsi, la densité de la population à Gaza, la dissémination des structures du Hamas en son sein, ne constituent pas un argument à même de proscrire toute intervention militaire car la guerre contre le terrorisme a normalisé ce faire criminalo-guerrier. La guerre ainsi conçue ne peut être qu’une somme de #crimes_de_guerre, à Gaza comme à Idlib. L’armée israélienne ne s’excepte pas de cette norme qui interdit par principe à n’importe quelle armée d’être « morale » puisqu’elle lui en ôte la possibilité même.

    #évènement #politique #pensée #guerre_contre_le_terrorisme #guerre_pour_le_terrorisme #géopolitique #politique

    • Les hautes figures de la lutte : le Hamas, le Hezbollah et l’Iran soit la photo de famille – tronquée car il y manque la Russie – de ceux qui donnèrent à el-Assad les troupes et les armes nécessaires pour venir à bout de la révolution syrienne au prix d’une guerre qui fit 600 000 morts.

      Le Hamas n’était pas dans le camp d’Assad pendant la guerre en Syrie.
      https://orientxxi.info/magazine/quand-le-hamas-retrouve-son-chemin-de-damas,6053

      Sur le plan politique, les deux principaux chefs du Hamas avaient clairement exprimé leur opposition à Assad. Ainsi, Ismaïl Haniyeh avait déclaré lors d’une prière du vendredi à la mosquée Al-Azhar en février 2012 : « Je salue tous les pays du printemps arabe, et je salue le peuple syrien héroïque qui milite pour la liberté, la démocratie et la réforme ». Quant à Khaled Mechaal, il avait brandi le drapeau de la révolution syrienne lors des célébrations du 25e anniversaire de la fondation du mouvement Hamas en décembre 2012 à Gaza, en déclarant : « Nous ne soutenons la politique d’aucun État ni d’aucun régime qui mène une bataille sanglante contre son propre peuple ». Ces positions ont été adoptées après que les leaders du Hamas ont quitté Damas pour s’installer au Qatar.

    • oui, effectivement, et c’était pas sans conséquences, provisoires, sur les alliances du Hamas.

      edit : Hass ne répète pas son erreur sur Hamas/Assad par la suite

      la plupart des actions armées ont vocation à tirer des enseignements de celles qui les ont précédées. dire Idlib/ Gaza c’est aussi concevoir que Israël s’inspire du siège et des bombardements d’Idlib (comme précédent et comme « victoire »), sous la contrainte d’un autre jeu géopolitique qui limite (relativement, bien trop relativement) son action davantage que ne le fut celle du régime syrien.

      #Israel-Palestine

    • Sauf que là non plus les « actions armées » en Syrie ne sont pas directement comparables. Les chiffres varient, mais si on prend ceux de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (notoirement pro-opposition), en Syrie le nombre de civils tués a été équivalent au nombre de combattants pro-régime tués. Même en attribuant tous les civils syriens tués au régime d’Assad (facilité à laquelle on assiste depuis le début du conflit), ça fait un ratio très différent du massacre actuel de Gaza (il ne semble pas y avoir 20 à 30 000 soldats israéliens morts en deux mois à Gaza) :
      https://www.la-croix.com/Pres-500-000-morts-recenses-Syrie-decennie-guerre-selon-ONG-2021-06-01-130

      L’Observatoire syrien des droits de l’Homme a fait état mardi 1er juin de 494 438 morts depuis le début de la guerre, dont 159 774 civils – principalement tués par les attaques du régime syrien et de milices alliées – et 168 000 combattants prorégime.

      Et donc un troisième tiers constitué de rebelles et de djihadistes.

      C’est-à-dire qu’en Syrie, on a un mort civil pour un pro-régime tué et un anti-régime tué. C’est certes un massacre épouvantable (et depuis le début, attribuer la responsabilité de tous ces morts au seul régime relève aussi d’une forme de « campisme »), mais les Israéliens sont dans des performances qui sont, pardon, d’une tout autre nature

      Et ne pas oublier Falloujah en 2004, si on veut avoir une référence sur les méthodes de guerre et le déséquilibre absolu des pertes.

    • Circonscrire l’antagonisme, défaire la confusion – D’une alternative entre la guerre et la guerre / Catherine Hass (11 décembre 2023)

      https://lundi.am/Circonscrire-l-antagonisme-defaire-la-confusion

      Ce texte est la version remaniée et annotée de l’intervention de Catherine Hass lors de la rencontre du 2 Décembre 2023 au Consulat, à Paris. Avant le 11 septembre 2001, le « terrorisme » n’est pas assigné par les États à l’espace de la guerre. Il le deviendra par la suite. Alors que lesdits « terroristes » se proclamaient ennemis politiques en guerre contre l’État et son monde ; les États leur adressaient une fin de non-recevoir en les ravalant au rang de simples criminels de droit commun. Après le 11 septembre, une opération inverse a lieu qui vient bouleverser ces anciens régimes de pensée. Désormais, les terroristes ne sont plus des criminels, ils ne sont plus non plus de simples ennemis de l’État - les voilà devenus ennemis d’un mode de vie. Or, à cela, les États répondent par la guerre. La guerre contre la terreur n’a pas toujours existé. Elle n’existera pas toujours. Dans ce laps où s’effondrent les catégories politiques, l’alternative qu’on nous propose devient : la guerre ou bien la guerre.

  • La guerre entre Israël et le Hamas fracture le monde intellectuel
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/08/la-guerre-entre-israel-et-le-hamas-fracture-le-monde-intellectuel_6204694_32

    #campisme

    La guerre ravage tout sur son passage. Et celle entre Israël et le Hamas ne dément pas ce tragique qui traverse les âges. Mais ce conflit, qui mobilise la communauté internationale, a déjà fait un dégât collatéral. « Cette guerre est aussi en train de fracturer une bonne partie du champ des sciences sociales et de la pensée, peut-être de façon irréversible », s’alarme le philosophe Pierre Charbonnier, professeur à Sciences Po. En effet, dès le 7 octobre, des camps se sont rapidement constitués. D’un côté, on accuse d’« antisémitisme » les manifestants de la cause palestinienne ; et, de l’autre, de « fascisme » les partisans de la guerre menée par Israël. Au point que l’on pourrait parler de « campisme », cette manière de se rallier immédiatement à un camp sans prendre en compte la singularité d’un événement.

    Un campisme de droite condensé dans la célèbre formule de l’officier de la marine américaine Stephen Decatur (1779-1820), « my country, right or wrong », que l’on peut traduire par « mon pays, à tort ou à raison », maxime d’un alignement sur une politique patriotique, qu’elle soit pacifique ou guerrière, juste ou mortifère. « C’est comme si on disait : “Ma mère, ivre ou sobre” », ironisait l’écrivain britannique G. K. Chesterton (1874-1936), qui voyait dans cette expression la manifestation d’un nationalisme primaire, « quelque chose qu’aucun patriote ne devrait dire, sauf dans des cas désespérés ».

    Pour la droite identitaire, la défense inconditionnelle du gouvernement israélien a pris la forme d’une réaction occidentaliste : Israël serait la pointe avancée de l’Occident dans un Orient musulman. Une importation du conflit orchestrée par le national-populisme intellectuel et médiatique qui compare la situation d’Israël au Proche-Orient à celle de la France et ses banlieues « islamisées ».
    « Le campisme est la maladie de la pensée »

    Le campisme de gauche est, quant à lui, un héritage de la guerre froide. C’est un réflexe politique qui démonise un ennemi unique – le plus souvent l’empire américain – et conduit à une incapacité à imaginer d’autres formes d’impérialismes, notamment russe, comme lors du déclenchement de la guerre en Ukraine. Ordonnée par Vladimir Poutine, l’invasion du 24 février 2022 a pourtant enterré « la vision obsolète d’un monde en noir et blanc où toutes les victimes du seul impérialisme – américain – seraient miraculeusement unies contre lui », remarque Dominique Vidal, ancien journaliste au Monde diplomatique et spécialiste du Moyen-Orient.

    Ce campisme continue toutefois d’imprégner certaines franges de l’anticapitalisme. « Un logiciel marxiste anti-impérialiste et étatiste périmé identifiant rage politique et criminelle, et validant, voire glorifiant, le meurtre », analyse la politologue Catherine Hass sur le site Lundimatin. Une logique selon laquelle « les ennemis de mes ennemis sont mes amis » qui transforme des exactions contre des civils en actes de résistance, des crimes de guerre en luttes de libération et le Hamas en mouvement progressiste. « Le campisme est la maladie de la pensée », résume Dominique Vidal. Une polarisation qui empêche bien souvent de passer du réflexe à la réflexion. « Le temps de la pensée est écrasé par la tempête de la guerre et de ses atrocités, la réflexion n’est plus d’actualité », résume, de son côté, le philosophe Ivan Segré.

    • « Il est politique d’ôter à la haine son éternité. »
      Catherine Hass (26 novembre 2023)

      https://lundi.am/Faire-date-autrement

      La facilité avec laquelle nous recodons les événements pour en extraire des clivages factices est consubstantielle au mouvement qui abolit ou suspend la politique - le « faire politique ». La sanglante séquence initiée le 7 octobre n’échappe pas à ce fait. Dans cet excellent texte, Catherine Hass, autrice de Aujourd’hui la guerre et de République et Châtiment, s’inscrit en faux vis-à-vis de l’injonction à camper d’un côté ou de l’autre. Ce n’est pas qu’elle refuse naïvement toute division. Elle refuse cependant toute division naïve. Elle fait en sorte de la rendre éminemment politique. Car la politique commence d’abord lorsque l’on sort des pièges et des cycles infinis tendus par la logique de terreur.

    • cette guerre qui détruit avec elle toute possibilité qu’il en soit autrement en détruisant toute politique, anéantirait la possibilité même d’une pensée de la politique. (...) Demeure l’injonction comminatoire à dire son camp même si ce dernier n’existe pas dans les termes de l’injonction.

      Hass date son texte du 10 novembre. Le découvrant, je trouve dommage qu’il vienne à la suite de cet état des lieux intellectuels franco-centriste où le crevard carriériste Pierre Charbonnier donne le la et lui dédie un seen spécifique.
      #politique #évènement #pensée

  • Israël se perd dans le #carnage de #Gaza
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/09/israel-se-perd-dans-le-carnage-de-gaza_6204843_3232.html

    Le bilan de la stratégie visant à éradiquer la milice islamiste à n’importe quel prix est sous les yeux de qui veut bien le voir : la mort partout, des hôpitaux à l’agonie, le dénuement et l’errance de centaines de milliers de Palestiniens poussés comme du bétail par les injonctions israéliennes d’une partie de Gaza vers une autre, puis vers une troisième. Les cris d’alarme des responsables des agences des Nations unies sur place, qui déploient, en dépit du mépris israélien, des efforts admirables pour éviter que le chaos s’ajoute à la désolation, résonnent dans le vide.

    […]

    Ce carnage sans précédent est d’autant moins justifiable que les résultats obtenus jusqu’à présent sont encore bien loin de l’objectif affiché, surtout s’agissant d’une milice régulièrement décimée sans que l’armée israélienne ne soit pour autant jamais parvenue à la réduire durablement au silence.

    Ce carnage est d’autant plus insupportable que deux mois après le début de cette campagne militaire, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, reste incapable d’expliquer ce que fera Israël une fois qu’il aura décidé de mettre fin aux combats pour que Gaza puisse panser ses plaies et pour que le Hamas ne renaisse pas de ses cendres.

    Qu’Israël se perde dans cette guerre n’est, hélas, pas une surprise tant elle est le reflet de sa dérive. L’Etat hébreu se déchirait déjà avant le 7 octobre à propos du socle de son contrat social : la place du droit, sous les assauts d’un courant ultranationaliste et messianique qui le ronge depuis plus d’un demi-siècle.

    Que les Etats-Unis ne le protègent pas contre lui-même est une faute morale dont ils ne pourront pas s’épargner les effets dévastateurs.

    Leur représentant à l’ONU a justifié le veto du 8 décembre en assurant qu’une telle trêve « planterait les graines d’une future guerre ». Alors que les bombes qu’il fournit à Israël continuent de labourer Gaza sans épargner les civils, Washington peut-il croire que ces semailles de fer puissent produire autre chose sur cette terre ensanglantée qu’une haine inextinguible ?

  • Une brève généalogie politique de la cabane - La Grappe
    https://lagrappe.info/?Une-breve-genealogie-politique-de-la-cabane-154

    Qu’elle soit synonyme de l’enfance, d’un retour à la nature ou bien de formes de précarité, la cabane est une jonction à de nombreux imaginaires. Sans chercher à en faire un objet d’étude scientifique et complet, cet article propose une divagation, concernant une généalogie politique de cette forme d’habitat. Si certaines personnes ont choisi de se retirer dans des cabanes pour mieux s’opposer à la société de leur époque, nous pouvons aussi remarquer que les grandes contestations de ces dernières années ont remis au goût du jour ce type de construction, afin de renforcer la lutte et la cohésion. De la Zad aux Gilets Jaunes, c’est une manière de prolonger l’élan collectif et d’ancrer un combat dans un lieu, dans le temps, mais aussi dans la vie quotidienne. Si bien qu’il est possible de retracer, au travers de ces constructions simplistes, une longue histoire d’une recherche d’harmonie avec la nature qui nous entoure, d’une vision critique de la société de consommation et de contrôle, ainsi que de l’espérance de rapports émancipés et libérés des chaînes qui nous contraignent au quotidien.

    Une construction de Le Corbusier pour lui

    Une construction de Le Corbusier pour les autres

    #cabane #architecture #histoire #nature #zad @chezsoi

  • Barbieland et la Terre brûlée
    https://lundi.am/Barbieland-et-la-Terre-brulee

    Il peut paraître dérisoire, dans un monde en proie aux flammes (celles des guerres, celles du « réchauffement » climatique) de prendre pour objet d’analyse cette opération lucrative réussie qu’est le phénomène « Barbenheimer ». Pourtant cet objet, comme peut-être tout autre aujourd’hui pour un esprit lucide, nous reconduit inévitablement à ce monde. Et il a ce mérite particulier de nous dire quelque chose de ce qui est attendu de nous, pour ce qui concerne notre manière d’articuler le désir et le réel.

  • Je ne sais pas si vous avez vu la dernière mode en matière d’imagerie générée par AI : c’est la création de séquences animées à partir d’images fixes. Généralement des images fixes générées avec Midjourney, et les séquences animées sur RunwayML.

    Et les gens montent ça pour faire des bandes-annonces de faux films.
    https://www.youtube.com/watch?v=RlwFqc7gS7Q

    Pour l’instant, ce que je vois est assez fainéant, fait par des geeks qui cherchent avant tout la démonstration technique, allant même par faire rédiger le « scénario » par Chat-GPT. Du coup, ces trailers, malgré la démo technique, n’ont pas l’air non plus de faire des millions de vue, et c’est difficile d’y discerner des narrations même vaguement intéressantes.

    Mais techniquement, c’est très impressionnant.

  • Qui est Myriam Lebkiri, dirigeante de la CGT, convoquée le 8 décembre par la gendarmerie ?
    https://www.humanite.fr/social-et-economie/cgt/qui-est-myriam-lebkiri-dirigeante-de-la-cgt-convoquee-le-8-decembre-par-la-

    La secrétaire confédérale cégétiste est entendue ce vendredi par la gendarmerie, après des actions contre la réforme des retraites.

    À 39 ans, Myriam Lebkiri n’imaginait pas devoir répondre de son engagement syndical devant les gendarmes. Pas plus que de recevoir, en main propre, sa convocation, un mercredi soir à 20 heures, devant ses enfants. Ce vendredi 8 décembre, la secrétaire confédérale de la #CGT sera pourtant entendue par la brigade de recherche de Pontoise (Val-d’Oise) pour « dégradation ou détérioration légère d’un bien par inscription, signe ou dessin ». Assise dans son bureau au siège de la confédération, à Montreuil, elle rétorque : « Concrètement, on me reproche d’avoir collé des affiches durant le mouvement contre la #réforme_des_retraites. »

    À la différence de Sébastien Menesplier, un autre secrétaire confédéral entendu en septembre, Myriam Lebkiri n’est pas convoquée pour ses responsabilités syndicales, mais bien comme une personne physique. Elle sera aussi entendue pour « menace, violence ou acte d’intimidation envers un élu public pour qu’il accomplisse ou s’abstienne d’acte de son mandat ». Durant le mouvement, les cégétistes avaient multiplié les interpellations de députés pour les convaincre de ne pas voter cette réforme injuste et rejetée par plus de 90 % des actifs.

    #répression_antisyndicale

    • Répression antisyndicale : « Il y a de façon quasi systématique des poursuites et des convocations des dirigeants »

      https://www.liberation.fr/economie/social/repression-antisyndicale-il-y-a-de-facon-quasi-systematique-des-poursuite

      Plusieurs responsables de la CGT s’inquiètent d’un ciblage des syndicats par le gouvernement dans le sillage de la réforme des retraites. Un rassemblement est prévu ce vendredi 8 décembre à Pontoise pour soutenir deux représentants locaux convoqués par les gendarmes.

      Sophie Binet dénonce un « contexte de répression antisyndicale inédit depuis l’après-guerre ». Dans une lettre envoyée mardi 5 décembre à Elisabeth Borne et consultée par Libération, la secrétaire générale de la CGT s’inquiète et s’insurge contre une « réelle volonté politique de porter atteinte à l’action » des syndicats de travailleurs, au premier rang desquels la centrale qu’elle dirige. Dans son courrier, la numéro 1 de la CGT indique que plus de 1 000 militants de son organisation sont aujourd’hui poursuivis devant les tribunaux pour des faits relevant d’actions syndicales, notamment pendant la mobilisation du premier semestre 2023 contre la réforme des retraites. Réclamant une « loi d’amnistie », Sophie Binet dénonce une « judiciarisation des conflits sociaux » et « une grave dérive qui fait peser sur des individus la responsabilité d’actions qui ont été décidées collectivement ».

      Dans ce contexte, deux dirigeants de la CGT du Val-d’Oise, Myriam Lebkiri (par ailleurs membre du bureau confédéral de la CGT, la direction nationale) et Marc Roudet, sont convoqués vendredi matin en audition libre à la gendarmerie de Pontoise, devant laquelle un rassemblement de soutien est organisé. « On me reproche deux choses : détérioration légère et menaces envers un élu, liste Myriam Lebkiri. Mais je ne sais pas à quelle occasion précise, ni de quels faits exacts il s’agit. Par contre, ce que je sais, c’est que c’est dans le cadre de revendications contre la réforme des retraites. »

      Chargée de l’égalité femmes-hommes au sein du syndicat, elle constate une « montée en puissance », ces dernières années, des procédures et des convocations dirigées contre les leaders de la centrale de Montreuil. L’augmentation serait même « exponentielle » depuis le début de l’année. Myriam Lebkiri prend pour exemple la convocation à la gendarmerie de son collègue au bureau confédéral, Sébastien Menesplier, également numéro 1 de la très active Fédération des mines et de l’énergie, le 6 septembre. Deux membres de la direction de la CGT convoqués coup sur coup, « c’est du jamais vu », selon elle.

      Prélèvement ADN

      A la tête de l’union départementale de l’Allier et également membre de la direction confédérale, Laurent Indrusiak situe le « changement de doctrine » à 2016, avec la loi El Khomri du gouvernement Valls. D’après lui, ce tournant a pris de l’ampleur l’année suivante avec les ordonnances travail de septembre 2017 : « A ce moment-là, on a senti qu’il y avait de façon quasi systématique des poursuites et des convocations des dirigeants, dès qu’une action était menée. »

      A titre personnel, « tableau Excel » à l’appui, Laurent Indrusiak a recensé « 28 convocations » le visant nommément. Ce qui fait probablement de lui le syndicaliste français le plus sollicité par la police et la justice ces dernières années. Les prétextes varient d’un jour à l’autre : « Diffamation, entrave à la liberté de circulation [lors de blocages, ndlr], entrave à la liberté du travail, vitesse insuffisante [après une opération escargot], agression sonore ou encore manifestation non-déclarée. » Ce dernier motif, lui a par exemple été signifié après une manifestation à Montluçon (Allier) dans le cadre de la réforme des retraites. Ce jour-là, le cortège s’était scindé en deux et une partie de la foule n’avait pas suivi l’itinéraire prévu : « J’ai dû expliquer à la police que je n’avais pas le pouvoir de commander un cortège de 6 000 personnes », s’amuse-t-il à moitié. Une autre fois, il a été poursuivi pour dégradation de mobilier urbain. La raison ? « Des autocollants de la CGT collés sur des horodateurs. »

      Dernièrement, à l’issue d’une audition, on lui a aussi demandé de soumettre à un prélèvement ADN. « J’ai refusé car j’estime qu’un syndicaliste n’a pas à être fiché comme un criminel. Pour ça, je fais à nouveau l’objet de poursuites. Au moment où je vous parle, j’ai six affaires me concernant en cours d’instruction. » Par le passé, il a été condamné en appel pour manifestation non déclarée et destruction de mobilier urbain (« un feu de palettes et de pneus sur un rond-point ») à 10 000 euros d’amende avec sursis et 16 000 euros de dommages et intérêts au civil.

      « Le gouvernement s’est senti vaciller »

      Au-delà de ce cas extrême, les militants de la CGT ont le sentiment d’être délibérément ciblés par les autorités. A l’issue d’actions ou de manifestations organisées pendant la bataille contre la réforme des retraites, beaucoup de meneurs cégétistes disent avoir été les seuls représentants syndicaux convoqués ou poursuivis. Pourtant, la plupart des actions menées à cette période ont été décidées par l’intersyndicale formée pour l’occasion avec la CFDT, FO, SUD… C’est par exemple le cas en Haute-Vienne, où Arnaud Raffier, secrétaire de l’union locale, rapporte avoir été le seul syndicaliste convoqué après une coupure de courant ayant visé la caisse d’assurance retraite de Limoges : « Les autres meneurs présents devant le bâtiment n’ont pas été inquiétés. »

      Pourquoi s’en prendre uniquement à la CGT ? Laurent Indrusiak a sa petite idée : « Malgré nos difficultés, on reste l’organisation capable de mobiliser le plus de monde dans l’action. C’est ce qui inquiète le gouvernement. » Sollicité à ce sujet par Libération, le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à nos questions. A ce jour, la lettre de Sophie Binet n’a pas non plus reçu de réponse de la part de la Première ministre. « Très en colère » à l’approche de son entrevue avec les gendarmes, Myriam Lebkiri estime, elle, que cette stratégie de « répression syndicale est à la hauteur de la peur qui a frappé le gouvernement » lors de ce dernier mouvement social. Pour elle, pas de doute, « il s’est senti vaciller et nous fait aujourd’hui payer l’addition ».

  • Haaretz : les généraux israéliens ont tenu une réunion urgente la veille de l’attaque du 7 octobre – Site de la chaîne AlManar-Liban
    https://french.almanar.com.lb/2806388

    On savait un peu tout cela mais la compilation est utile. Du coup, on voit bien que l’hypothèse d’un délit d’initié sur des titres israéliens (évoquée ici https://seenthis.net/messages/1030140) peut sans doute mettre en cause le Hamas (ou encore le Qatar), comme cela est plus que suggéré dans nombre d’articles, mais aussi, et plus probablement à mon sens, de hauts responsables israéliens, dont la corruption est notoire...

    Les médias israéliens ont révélé plus de détails sur les discussions qui ont eu lieu au sein de l’armée israélienne au cours des derniers mois, jours et heures avant l’attaque du Hamas du 7 octobre.

    Citant des responsables israéliens, le journal israélien Haaretz a rapporté que « les hauts commandants de l’armée avaient tenu des consultations urgentes la nuit précédant l’opération Déluhe Al-Aqsa, concernant une éventuelle attaque du Hamas ».

    Le journal a ajouté que « l’armée n’a pas évacué le Nova Music Festival malgré les avertissements des services de renseignement concernant une éventuelle attaque ».

    Le journal a souligné que « les participants à la réunion au ministère de la Défense ont conclu que le Hamas menait un entraînement à la frontière de Gaza et ne se préparait pas à une attaque ».

    Il y a quelques jours, le journal israélien Yedioth Ahronoth a révélé de nouveaux détails sur l’échec de la sécurité israélienne qui s’est révelé par le déluge d’Al-Aqsa, confirmant un lamentable échec des estimations de sécurité selon lesquelles le Hamas n’a aucune intention d’escalade ».

    Le journal a révélé dans un rapport de son analyste des affaires militaires, Yossi Yehoshua, que « de hauts responsables israéliens, dont le commandant de l’armée de l’air israélienne, Aluf Tomer Bar, le chef de la division du renseignement militaire Aman , Aharon Haliva, et le chef de la Brigade de Recherche de l’Armée, ont été exclus de la séance. Des consultations de haut niveau ont eu lieu la dernière nuit avant l’attaque de la résistance palestinienne contre les colonies d’occupation dans la zone de l’enveloppe de Gaza ».

    De son côté, le journal britannique The Guardian a rapporté que l’armée d’occupation avait conclu que « le Hamas avait planifié depuis des années et dressé des cartes détaillées avec l’aide d’espions présents dans les territoires occupés pour mener à bien l’attaque du 7 octobre ».

    La semaine dernière, le New York Times a rapporté que » les responsables israéliens ont vu un plan détaillé de 40 pages pour une attaque du Hamas, mais celui-ci a été exclu parce qu’il a été jugé trop difficile à mettre en œuvre pour le Hamas ».

    Les responsables israéliens continuent de se lancer les accusations, tenant Netanyahu pour responsable de l’échec qui a conduit au succès de Déluge d’Al-Aqsa. Cela survient alors que les factions de la résistance palestinienne continuent de cibler les concentrations militaires des forces israéliennes.

    • Sous-estimer l’adversaire, l’un des Sept péchés capitaux du chef militaire !

      Gilles Haberey et Hugues Pérot : Les 7 péchés capitaux du chef militaire ; Pierre de Taillac, 2017 ; 258 pages | Cairn.info
      https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-2018-4-page-129.htm

      Il y a quelques années, le colonel Gilles Haberey et le lieutenant- colonel Hugues Pérot nous avaient gratifiés d’un premier manuel de tactique appliquée avec L’art de conduire une bataille (Pierre de Taillac, 2016, 330 p.) qui avait été fort apprécié et pas uniquement au sein de la communauté militaire. Dans le même style, et toujours en s’appuyant sur les grandes batailles de l’histoire, les auteurs s’intéressent cette fois-ci aux sept péchés capitaux du chef militaire.

      2 Quels sont-ils donc ces « péchés » que le chef militaire ne doit pas commettre s’il ne veut pas risquer une lourde défaite ? Les auteurs classent ces fautes de commandement impardonnables en sept catégories, qui constituent autant de parties du livre : s’engager sans renseignement ; se laisser imposer le terrain ; subir le rythme de l’adversaire ; sous-estimer son ennemi ; s’obstiner inutilement ; céder à la panique.

      3 Chaque « péché capital » est illustré par la description et l’analyse tactique de deux ou trois grandes batailles, anciennes ou modernes, selon le même plan : situation générale, forces en présence et intention, déroulement de la bataille, enseignements tactiques. L’évolution de chaque affrontement est bien rendue à travers trois ou quatre cartes, claires et agréables, qui en retracent le contexte (pour la première carte), puis les différents moments (pour les suivantes). On y retrouvera avec intérêt un exposé clair et synthétique de la guerre russo-finlandaise, de la défaite italienne de Caporetto ou de la malheureuse affaire de la RC4, pour ne citer que quelques exemples.

      4 Quels sont les enseignements à tirer de ce livre ? Les auteurs sont partis du postulat que « la défaite militaire est avant tout le fruit de l’inadaptation d’une armée ou de son chef à la confrontation avec son adversaire. » Pour eux, les causes de la défaite relèvent de trois grandes familles, souvent liées : l’absence de connaissance ou de maîtrise de « l’art militaire », car celui-ci est tout sauf intuitif et répond à des « principes », comme les trois principes de Foch par exemple (concentration des efforts, liberté d’action, économie des moyens) ; des « déficiences en matière de capacités et d’organisation » (le rapport de force ne doit pas être trop inégal ; l’organisation doit être agile et pouvoir se reconfigurer rapidement en cas d’imprévu) ; une « perversion humaine dans la perception de la réalité » (« vanité et orgueil sont les pires ennemis du soldat »).

      5 Ainsi que l’avait déjà vu Clausewitz, l’acte guerrier est complexe car il intègre des don- nées multiples. Pour Haberey et Pérot, « cette complexité impose donc de sélectionner des chefs stables et vifs d’esprit, dont les qualités sont complétées par une formation large et multidisciplinaire ». Ces chefs devront en effet « disposer d’une aptitude naturelle à discerner l’essentiel de l’accessoire dans la masse d’informations » à intégrer. Là réside, somme toute, le véritable enseignement de ce livre, qui peut, comme le précédent, se lire à plusieurs niveaux et nous inviter à méditer la conclusion de ses auteurs : « Toute la difficulté d’une nation est de bien identifier, dès le temps de paix, les élites militaires et politiques qui permettront de surmonter les temps de crise ».

      Les 7 péchés capitaux du chef militaire
      Éditions Pierre de Taillac
      https://editionspierredetaillac.com/products/les-7-peches-capitaux-du-chef-militaire

      Une lecture indispensable pour tous ceux qui commandent des hommes.

    • mais aussi :

      La position coloniale incline à sous-estimer l’adversaire. Les militaires français appelaient Giap « le petit professeur d’histoire ».

      entrevu derrière le #paywall de cet article de l’Huma (28/01/2022)

      Éric Vuillard : « La colonisation est un ensemble de crimes » - L’Humanité
      https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/guerre-dindochine/eric-vuillard-la-colonisation-est-un-ensemble-de-crimes-736112

      Dans Une sortie honorable Éric Vuillard, Goncourt 2017, revient avec force sur la guerre d’Indochine qui ouvrit la porte aux États-Unis dans leur guerre du Vietnam. Deux défaites méritées qu’il dissèque à l’aide de documents interprétés avec une verve imparable.

  • RSF demande l’ouverture aux journalistes du poste-frontière de Rafah - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1360028/gaza-rsf-demande-louverture-aux-journalistes-du-poste-frontiere-de-ra

    L’ONG Reporters sans frontières (RSF) appelle jeudi à l’ouverture aux journalistes du poste-frontière de Rafah à Gaza, où l’armée israélienne a étendu ses opérations au sol à l’ensemble du territoire. Ce point de passage entre Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et l’Égypte, est contrôlé par les Palestiniens et les Égyptiens.

    Cependant, souligne le communiqué de RSF, « Israël surveille toutes les activités à la frontière sud et a bombardé à quatre reprises cette porte frontalière au début de la guerre ». Dans ce communiqué, l’organisation appelle les autorités israéliennes et égyptiennes à « ouvrir les portes » du poste-frontière « afin que les journalistes puissent enfin aller et venir de part et d’autre de la frontière ».

    « Les journalistes qui ont dû évacuer le nord sont désormais sommés par Israël de se rassembler à la frontière avec l’Égypte, sans possibilité de la traverser. A l’inverse, les reporters internationaux sont empêchés d’entrer », souligne l’organisation.

    « En deux mois de guerre, aucun reporter n’a été autorisé à entrer dans la bande de Gaza par Rafah, ce qui porte clairement atteinte à la capacité des médias à couvrir le conflit », poursuit-elle.

    Et de rappeler que « 58 journalistes ont été tués à Gaza, dont 14 dans le cadre de leurs fonctions, par des frappes israéliennes ».

  • Comment les États-Unis ont alimenté la guerre de plusieurs décennies d’Israël contre les Palestiniens
    Posted on décembre 6, 2023 | Rashid Khalidi | Los Angeles Times | Traduction J.Ch. pour l’AURDIP
    https://aurdip.org/comment-les-etats-unis-ont-alimente-la-guerre-de-plusieurs-decennies-disrael

    Les chiffres biaisés de ceux qui sont morts jusqu’ici dans et autour de la Bande de Gaza – environ 1.200 Israéliens et 15.000 Palestiniens – dans la dernière phase d’un conflit plus que centenaire mettent en évidence l’énorme disparité entre ces deux côtés.

    Ces chiffres sont caractéristiques des guerres coloniales, l’un des nombreux aspects souvent occultés par les médias, comme le sont la nature et les origines de cette guerre. Il ne s’agit pas d’une simple lutte entre deux peuples souverains, tels que la France et l’Allemagne. Non, c’est la dernière guerre coloniale de l’époque moderne, menée pour établir l’hégémonie et les droits absolus d’un peuple sur un autre, comme exprimé dans la loi de 2018 « État Nation du Peuple Juif » qui stipule que le droit à l’autodétermination en Palestine « n’est réservé qu’au Peuple juif ».

    En dépit de la connexion incontestable du Judaïsme et du peuple juif à la Terre Sainte, pour les Palestiniens il s’agit d’une lutte anticoloniale. Israël a été créé en tant que projet colonial de peuplement européen – ce qu’aucun de ses premiers dirigeants n’a nié – avec l’aide indispensable de l’impérialisme britannique.

    Malgré le tissu de mythes créés pour dissimuler ces faits, ils sont vitaux pour comprendre que les Palestiniens auraient résisté à n’importe quel groupe qui aurait essayé de leur arracher leur terre, quelle que soit sa religion ou sa nationalité. Que ce groupe se soit trouvé être des Juifs avec un projet national, une profonde connexion à la même terre et une histoire de persécution et de dépossession ailleurs, culminant dans l’Holocauste, donnait à cette guerre son caractère particulièrement désespéré. Mais dans un certain sens, le schéma du conflit qui s’est déroulé au cours du siècle dernier est familier. (...)

  • Le Rassemblement national et Marine Le Pen accélèrent leur normalisation dans un climat favorable au populisme
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/12/07/le-rassemblement-national-et-marine-le-pen-accelerent-leur-normalisation-dan

    Le baromètre annuel pour « Le Monde » et Franceinfo révèle que, pour la première fois, les Français sont plus nombreux à considérer que le parti d’#extrême_droite peut participer à un gouvernement.