Ce lundi 24 février doit se tenir l’ultime réunion du Comité d’Entreprise des librairies Chapitre. C’est là que se décidera le montant des indemnités de départ des salariés, qui, en attendant, poursuivent l’occupation de la librairie. Nous sommes allés à leur rencontre.
L’immeuble qui se dresse à l’angle de la place Bellecour et de la place Antonin Poncet est un lieu historique, cela fait plus d’un siècle qu’une librairie se tenait à cet endroit. Bien-sûr, elle a souvent changé de nom, particulièrement ces dernières années : Flammarion, Privat, et enfin, Chapitre. Elle appartient au groupe Actissia, numéro deux de la distribution du livre en France [1] et qui possède aussi France Loisirs et, bien sûr, Chapitre.com. Le groupe comptait 57 librairies sur tout le territoire.
À Lyon, ils sont environ 12 salariés - cela dépend des jours - à occuper la librairie depuis le lundi 10 février. Après la proposition d’occupation lancée par la CGT le jour de la fermeture, huit des 23 librairies qui n’ont pas trouvé de repreneurs sont occupées : Montbéliard (les salariés ont dû abandonner l’occupation car la librairie se situait dans un centre commercial), Colmar, Belfort, Evreux, Boulogne, Tours [2] et Nantes.
"C’est marrant cette expérience, parce qu’il y a beaucoup de sollicitations. Mais alors la télé, je ne réponds plus, j’en ai marre. C’est trop cadré – dans tous les sens du terme. Ils n’ont que trois questions et il y a la caméra. Tu as beau dire que tu t’en fiches, tu ne t’en fiches pas en fait.
On voit bien la différence avec les gens de la presse. Quand les gens de Rue89 ou de l’Huma viennent, ils prennent des notes, ils restent. C’est quand même pas pareil quand on prend le temps. Par contre, je suis désolé de le dire, mais la presse régionale, leur façon de travailler… le Progrès, franchement…
La télé, il faut de l’image à tout prix. L’autre jour, quand M6 est venu, il a fallu faire semblant de dormir ! Pour eux, il faut faire du sensationnel : « Ah mais vous dormez là ?! ». Alors que bon, ça va, il fait chaud, on dort sur des matelas. Il y a des mecs qui dorment dans leurs voitures ou dehors. Donc ça, ça t’agace. On n’a pas envie qu’ils montrent ça comme quelque chose qui serait méritoire. On n’est pas dans une occupation d’usine où les mecs sont dans le froid avec leur brasero. Après, les journalistes, c’est leur gagne pain, donc ils peuvent pas tout envoyer balader, mais tu sens bien, quand tu discutes avec eux, que ça les emmerde que ça se passe comme ça, mais c’est ce qu’on leur demande."