petit-écran de fumée

Le petit écran est une invention formidable, mais il a un défaut majeur : l’absence de trappe de désenfumage.

  • A 16 ans, elle crée une appli pour faciliter l’appel à l’école
    http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/a-16-ans-elle-creee-un-appli-pour-lutter-contre-l-absenteisme-a-l-ecole-73428

    Afin d’optimiser le temps de travail des enseignants, Philippine Dolbeau a mis au point un service visant à supprimer les cahiers d’appel traditionnels. Chaque élève est muni d’un petit boitier émettant des ondes Bluetooth. Ainsi, le professeur peut voir sur son smartphone si tous les élèves sont présents en regardant sur son smartphone. Ce nouveau concept permet de faire gagner du temps au personnel de l’école.

    Franchement ...

    #surveillance #béquille_technologique

  • Pourquoi les #ONG sont un problème (par Stephanie McMillan) – Le Partage
    http://partage-le.com/2016/01/pourquoi-les-ong-et-le-complexe-industriel-non-lucratif-de-gauche-sont-u


    Lundi, au supermarché, j’ai justement croisé Jérémy, le petit soldat de l’#humanitaire dont j’avais écrit le portrait (http://blog.monolecte.fr/post/2010/01/14/limposture-humanitaire ). Il a laissé tombé cette vocation, parce qu’il en arrive au même constat : quoi que l’on fasse, les ONG sont structurellement nuisibles et il est impossible de travailler directement avec les bénéficiaires des programmes humanitaires et de les aider à s’organiser pour qu’ils décident réellement de ce qu’ils ont besoin et non pas de ce que nous décidons qu’ils ont besoin.
    Du coup, il bosse dans son coin et il bricole des trucs…

    Les soi-disant agences “d’aide” financées par les gouvernements capitalistes et impérialistes ont récupéré les fonctions des États dans les pays dominés, qui ont été forcés à couper les prestations sociales comme condition des crédits de la part de ces États impérialistes. Conflit d’intérêt, un peu, non ?

    Au cœur de l’empire comme en sa périphérie, les ONG prennent en charge les responsabilités de l’État pour répondre aux besoins sociaux. La « déliquescence » des programmes sociaux d’État ne signifie pas que les états capitalistes s’affaiblissent (désolé, chers anarchistes et libertaires). Cela signifie simplement qu’ils peuvent allouer une part plus importante de leurs ressources à la conquête, à la répression et à l’accumulation, et moins à la prévention et gestion de la populace pour éviter les soulèvements de masse liés au mécontentement.

    Nous sommes désormais conditionnés afin que nos besoins soient comblés par des cliniques bon marché, des banques alimentaires et une myriade d’autres agences de la « société civile ». Les soins médicaux, la nourriture, l’eau, le logement, les soins aux enfants et une activité ayant du sens sont les nécessités fondamentales de la vie humaine. Toute société décente devrait prodiguer tout cela, mais on nous fait nous sentir comme des mendiants humiliés tandis que nous pataugeons à travers la paperasse bureaucratique et que nous nous disputons avec des fonctionnaires. C’est foutrement n’importe quoi. Nous avons droit à des vies décentes. Nous devons nous organiser et lutter pour ça, ensemble.

    #capitalisme #impérialisme

    • J’ai bien aimé le papier qui m’a aussi permis d’aller lire un de tes papiers de 2010 que j’avais loupé mais que j’ai bien aimé également.
      Par contre, en plein désaccord avec pratiquement tous les commentaires (comme celui de FIL par exemple).
      Une citation amusante :

      Les ONG servent à saper, à détourner et à remplacer les luttes de masse.

      Une autre dans laquelle si tu remplaces « activistes » par « antifas » cela devient ...troublant :

      Lors de ce genre de mobilisations, lorsqu’une personne auparavant inorganisée est repérée, elle se retrouve encerclée comme de la viande fraiche par une bande de hyènes, instantanément dévorée par des activistes cherchant à atteindre leur quota de recrutement. La prochaine fois que vous verrez ces nouveaux conscrits, ils porteront le t-shirt violet, rouge, orange ou vert citron de la marque d’organisation à laquelle ils ont été vendus.

      Enfin, il ne faut pas exonérer le « gauchiste » moyen (ou le bobo ou l’écolo car aujourd’hui c’est pareil) de tout ce b*$@# car *c’est plus simple d’aller manifester pour secourir les autres à l’étranger que d’aller manifester pour virer ceux qui font qu’on a besoin d’aller secourir les autres #je_suis_OG

    • Je suis en train de lire un bouquin d’enquête sur la Fondation Gates qui valide l’essentiel de la critique (j’y reviendrai dès que j’ai fini). Mais puisqu’on m’interpelle, je copie-colle ça m’évitera la redite :

      Fil
      14 janvier 2010 at 17 h 05 min

      Article intéressant mais qui, à mettre tout le monde dans le même sac pour tirer ensuite la chasse, ne fait que conforter le système.

      Je connais des tas de gens qui sur le terrain agissent ET militent ; filer du fric aveuglément, c’est certes bête. Mais au nom d’un « on me la fait pas » gauchiste et primaire, laisser tomber des gens comme tac en afrique du sud, ou pih.org en haiti, c’est criminel.

    • Savais pas si c’était « un » Fil ou @fil , c’est plus clair.

      Ouais @fil, t’as raison, y’a des tas de gens qui agissent et militent de bonne foi sur le terrain et de plus, qui pourrait leur en vouloir ? Personne, et surtout pas moi.

      Pour le fric aussi je partage, et qui pourrait être contre, là aussi ? Surtout pas moi.
      Enfin, le fait d’aider des êtres humains dans la super merde, là aussi qui pourrait être contre ?

      Mais le problème n’est pas là @fil, le problème c’est que d’un côté on file du fric « aveuglément » et c’est sympa et de l’autre les mêmes boivent un café au bistrot à 1,4 € ou profitent de leur bagnole ou de leur électricité bon marché et ça sur le dos des mecs pour lesquels on s’est déculpabilisé « aveuglément » en filant la pièce.

      Nous avons un « vie facile » parce qu’en Afrique ils en chient pour que nos matières premières ne nous coûtent rien, parce qu’on installe et on garde au pouvoir dans les pétromonarchies des or*%@# assoiffées de sang, parce que sous couvert d’interventions humanitaires on va conforter tous les fachos de la terre, parce qu’on aime bien quand même nos amis américains qui ont sur les mains les pires ignominies don monde, etc.

      Les ONG existent parce que t’as de la misère chez les autres, et t’as de la misère chez les autres parce que t’as les gvt qu’on a, et ces gvt c’est ceux qui filent la pièce « aveuglément » qui les mettent en place « démocratiquement ».

      La solution c’est pas la pièce, et pas de faire des manifs pour qu’on file la pièce. La solution c’est de foutre dehors ceux qui cachés derrière leur masque de gauche (ou de droite c’est pareil) ou de démocrate, font que t’as peur maintenant quand tu vois un beur ou un voile et que bientôt on ne pourra plus poster ça sur seenthis.

      La solution c’est d’apprendre à nos gosses ce que c’est que l’universalisme et ce que n’est pas l’universalisme. Nos gvt ne sont pas l’universalisme, notre je_suis_taratata n’est pas de l’universalisme, tout ça c’est la défense de ce qu’on aime et qu’on ne veut surtout pas changer.

      C’est utopique peut-être, mais c’est un chemin difficile, très difficile et certainement plus difficile que celui qui consiste à être je_suis_machin ou à donner la pièce, même (et j’allais écrire surtout) quand c’est fait de bonne foi et avec compassion.

      Je crois que c’est seulement en suivant ce chemin très difficile que tu ne confortes pas le système et que t’as aucune chance d’être un jour invité chez Drucker. Le système, quand tu l’emmerdes il t’écarte, il ne te met pas aux 20h.

      Je pense que notre désaccord vient du fait que pour toi le gauchiste est celui qui remet en cause le fait de filer la pièce (du style « tous pourris donc fô pas »), alors que moi je crois que le gauchiste c’est celui qui file la pièce et qui regarde benoitement Besancenot à la tv après avoir fait sa BA.

  • Plongée dans l’absurde de la #cartographie
    Ça et là apparaissent sur la Toile des cartes qui revisitent des thématiques a priori banales sous un angle d’approche assez insolite.

    Dans ce billet de début d’année, nous en listerons quelques-unes avant de nous attaquer à la réalisation d’une carte qui soulève les océans et immerge les montagnes.

    Attention, tout ce qui suit ne doit pas toujours êtres pris au premier degré.


    http://datagistips.blogspot.fr/2016/01/plongee-dans-labsurde-de-la-cartographie.html
    #visualisation #ressources_pédagogiques
    signalé par @fil

  • La fertilité des sols part en poussière, Énergie - Environnement
    http://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/021608908597-la-fertilite-des-sols-part-en-poussiere-1191186.php

    Au cours des cent dernières années, un milliard d’hectares de terres fertiles, l’équivalent de la surface des Etats-Unis, se sont littéralement volatilisés. Et l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’inquiète de de l’avenir des surfaces restantes. Dans un rapport de 650 pages, publié en décembre à l’occasion de la clôture de l’Année internationale des #sols, elle constate qu’un tiers des terres arables de la planète sont plus ou moins menacées de disparaître. « Si rien n’est fait, explique son directeur José Graziano da Silva, c’est la production vivrière et la sécurité alimentaire de l’humanité qui pourraient être compromises. »

    Le temps de trouver le dit rapport et je mets le lien

  • Libre-échange contre climat : la plainte de TransCanada contre l’État fédéral américain confirme les craintes des mouvements citoyens - Collectif Stop TAFTA - Non au Grand Marché Transatlantique
    https://www.collectifstoptafta.org/l-actu/article/libre-echange-contre-climat-la-plainte-de-transcanada-contre-l-e

    L’entreprise canadienne TransCanada a annoncé mercredi 6 janvier son intention de poursuivre l’État fédéral américain devant un tribunal arbitral en raison de la décision du Président Obama de ne pas autoriser le projet d’#oléoduc KeyStone XL [1]. KeyStone avait pour but de transporter les #pétroles_bitumineux issus des champs de l’Alberta jusque dans le Golfe du Mexique.

    TransCanada s’appuie sur le chapitre 11 de l’#ALENA (Accord de libre-échange USA-Canada-Mexique) et le mécanisme de #règlement_des_différends Investisseur-État du traité.
    L’entreprise estime la décision du Président Obama injuste, et prétend que des permis ont été octroyés à des projets similaires dans le passé. Selon elle, cette décision ne serait pas fondée sur la qualité intrinsèque du projet mais sur la « perception de la communauté internationale que l’administration fédérale américaine devrait agir en leader en matière de lutte contre le changement climatique » [2].

    TransCanada réclame donc 15 milliards de dollars de compensation, arguant du manque à gagner au regard des profits qu’elle escomptait.

    #capitalisme

  • Etalement #urbain : le coût résidentiel pèse sur le budget des ménages - Localtis.info - Caisse des Dépôts
    http://www.localtis.info/cs/ContentServer?pagename=Localtis/LOCActu/ArticleActualite&jid=1250270095926&cid=1250270091318

    Quel est l’impact financier de l’étalement urbain et des #mobilités qu’il induit, pour les ménages et les collectivités ? Telle est la question à laquelle se propose de répondre un travail de recherche publié par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) en décembre 2015. Afin de le quantifier, le Credoc propose de bâtir un indicateur de « coût résidentiel global » qui prendrait en compte le ’coût résidentiel’ incombant directement aux habitants concernés, et le ’coût collectif’, qui est supporté par toute la population via les investissements des pouvoirs publics nationaux et territoriaux. Il s’agit ainsi, précisent les auteurs en introduction, de « nourrir la réflexion des collectivités territoriales sur la maitrise de l’urbanisation et des excès de l’étalement urbain. »

    http://www.credoc.fr/pdf/Rech/C321.pdf
    #logement

    • Ce travail de recherche s’intéresse aux questions suivantes :
      1) s’installer à une distance importante de son lieu de travail pour profiter de prix du foncier
      moins élevés est-il un bon arbitrage financier pour les ménages étant donné le poids dans le
      budget du ménage et l’augmentation tendancielle des coûts de transport ?
      2) cet arbitrage en faveur de l’éloignement des distances domicile-travail est-il favorable ou
      non à la société dans son ensemble ?

    • Et aussi, quel est le « bilan carbone » de la mobilité, de l’étalement urbain. Quand on voit les files de bagnoles qui se dirigent vers la ville au petit matin et dans l’autre sens le soir, il n’y a pas que l’aspect financier qui fait grincer des dents.

    • @sombre : oui même réaction que toi, c’est pour ça que je mettais en exergue le point 2

      2) cet arbitrage en faveur de l’éloignement des distances domicile-travail est-il favorable ou
      non à la société dans son ensemble ?

      je n’ai pas tout lu dans le détail, mais pour se faire une idée de la réponse apportée à cette question, il faut savoir que le rapport contient 0 occurrences des termes « pétrole », « embouteillages » et « pollution ».
      Et sans parler écologie, l’intérêt général économique, depuis les années 70 c’est de consommer moins de pétrole pour ménager notre balance commerciale. Mais c’est insuffisant pour nous faire remettre en cause la prédominance de la spéculation immobilière capitaliste...
      Bagnole + maison à crédit à Pétaouchnok, voilà le socle inconditionnel et incontournable du foyer moyen..
      La seule piste proposée ici serait une « étiquette » énergétique du logement par rapport aux transports

      La voiture s’imposant, en général, comme un
      équipement incontournable, son acquisition et son entretien entrent dans les grosses
      dépenses de consommation que s’impose la majorité des ménages. En revanche, les
      dépenses de carburant font partie des charges quotidiennes et sont une charge qui bien
      souvent n’est pas clairement identifiée. A partir du moment où une résidence a été choisie,
      elle s’impose, du fait du bâti, du cadre, du voisinage : les conséquences en terme d’éloignement des services et de l’emploi passent au second plan, dès lors que le ménage
      est équipé en automobile.
      L’analyse de la progression des kilomètres parcourus sur les dix dernières années montrent
      que pour les déplacements contraints du quotidien, l’élasticité entre les distances
      parcourues en automobile et le prix des carburants est très faible, en particulier dans les
      zones périphériques des agglomérations peu desservies en transport en commun (CCTN,
      2010). En revanche, les analyses de l’Insee montrent que la dépense de mobilité globale d’un
      ménage (automobile et autres transports, notamment pour les loisirs et les vacances) a une
      très forte élasticité au revenu. De fait, les cadres parcourent des distances nettement plus
      grandes que les autres catégories de salariés.
      Toutefois quand le budget du ménage se trouve amputé, la nécessité de réduire le coût des
      déplacements peut finir par s’imposer. Les années récentes de crise l’ont bien montré en
      favorisant, notamment, l’essor du covoiturage, et l’accroissement du recours aux transports
      collectifs.
      On pourrait imaginer que parallèlement à l’étiquette « énergie » qui existe aujourd’hui pour
      caractériser le logement et informer l’acheteur au moment de la vente, une étiquette
      « accessibilité » permettrait aux accédants à la propriété de mesurer la charge financière à
      anticiper, en dépense annuelle de carburant, compte tenu de l’éloignement des services
      (écoles, commerces de base), des transports collectifs et des zones d’emploi.

  • La « guerre des civilisations » démontée par Raphaël Liogier

    Le sociologue et philosophe français, spécialiste du religieux, invite dans ses deux nouveaux ouvrages à remiser les images aveuglantes et à renouer avec les faits

    http://www.letemps.ch/societe/2016/01/05/guerre-civilisations-demontee-raphael-liogier

    Ayant dirigé le seul laboratoire qui avait travaillé sur les profils de ces nouveaux terroristes avant les attentats de janvier 2015, j’ai été le premier à être auditionné à l’Assemblée nationale par la Commission d’enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes, avant même le ministre de l’Intérieur, qui n’avait pas l’information que nous avions. Je leur ai dit ce que je n’ai cessé de répéter : ce sont des individus pas éduqués, des voyous de quartier qui ont un désir de revanche, d’être des caïds. Ils ne parlent pas l’arabe et sont embrigadés sans être endoctrinés… Face à cela, quelqu’un comme Manuel Valls n’arrive pas à prendre des décisions efficaces parce qu’il est immergé dans l’idée de la guerre des civilisations. Il fait donc des choix qui sont mauvais pour notre sécurité à tous.

  • France : ce que devient la République - Chroniques du Yéti
    http://yetiblog.org/index.php?post/1569

    Selon une étude du CEVIPOV (Centre d’Études de la Vie Politique Française) menée sous la direction de Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS, un quart des fonctionnaires votent pour le Front National. Plus de la moitié des policiers et militaires votent pour le Front National : 51,5 %.

    (...)

    Écoutez bien ce que dit Claude Askolovitch :

    « Si d’aventure Marine Le Pen prenait le pouvoir, alors l’État suivrait.

    Les profs râleraient. Les profs, ils sont un peu moins de 10 % à annoncer un vote pour le Front National. Mais dans l’administration, ça passerait. En gros, un quart des fonctionnaires votent pour le Front National. Et ceux qui tiennent réellement la République (policiers, gendarmes, militaires) seraient d’accord dans leur majorité. Il y aurait un assentiment. C’est-à-dire que Marine Le Pen peut prendre le pouvoir demain, il ne se passera rien.

    Le FN, c’est la République. Ce sont ceux qui défendent la République qui vous le disent. Et après, on peut discuter à l’infini et très sérieusement sur ce qu’est devenu la République. Tous les débats sont libres. »

    Note du Yéti : ce que révèle aussi l’enquête du CEVIPOV, c’est le rejet de la “vraie gauche” par les fonctionnaires : de 15 % d’électeurs potentiels en 2012 à 7 % en 2015.

    • J’ai l’impression en fait, que plus personne n’est dupe : tous les partis traditionnels maintiennent qu’ils ne veulent pas remettre en cause l’Europe. Aucun parti (pas même les progressistes) n’évoquent la possibilité sérieusement et franchement de remettre en cause l’Euro et l’austérité. Et mieux que l’austérité, ce que le plus grand nombre semble attendre, c’est un horizon moins bouché que « on va faire des économies en ne renouvelant pas les départs à la retraire ».

      En gros, le FN qui met en cause directement et franchement tout le discours « européen » d’abandon de souveraineté... est le seul sur ce créneau à avoir de la crédibilité.
      Quoique ce mot « souveraineté » soit encore trop connoté et sa signification bouchée (auprès de ce qui nous sert de progressistes)... L’Europe, c’est l’abandon de tout, de la souveraineté, de l’autonomie, de la liberté... c’est le rabaissement au consommateur... et par force, quand tu n’as plus de pouvoir de consommation, c’est le rabaissement au rien.

      Cette histoire de « valeurs » n’est pas totalement absurde. Si les êtres humains pouvaient être considérés comme telles par ceux qui nous représentent, ça pourrait être un vrai progrès.

      Bref, je vois ce soir que pas mal de monde écrit à propos de radicalité démocratique. C’est en effet à mon sens la seule façon de sortir de cette ornière... Un petit peu de radicalité face à tous ces zombies qui nous gouvernent... et à ceux qui prétendent pouvoir les remplacer.

    • Comme tu le dis, BigGrizzly tous les partis traditionnels.
      Il y a pas mal de petits paris qui remettent en cause cette union européenne des financiers, hyper violente envers les populations.

      Aucune couverture médiatique de ceux ci par la Doxa des médias.
      Rappelons que le FN a eut une couverture médiatique triple que celle des autres partis aux dernières élections régionales par les « médias officiels ». Cela ne lui a pas fait gagner tant de voix d’électeurs que cela.

    • Quand une famille a l’un de ses membres qui sort avec un loser abuseur, ils en souffrent, surtout si la victime les exclut. Mais avec les infos ci-dessus sur les raisons des actes apparemment cruels ou insensés de leur parent(e) victime, ils faut qu’ils soient compréhensifs et patients, et prêts à soutenir la victime lorsqu’elle rompra enfin avec son abuseur. Ce n’était pas de sa faute si elle les a mal traités ; c’est à cause du lavage de cerveau que son abuseur lui a fait subir (tout à fait comme l’adepte d’une secte) et de sa terreur des conséquences.

      Qu’ils se souviennent que, plus ils critiqueront le partenaire abusif, plus ils apportent de l’eau à son moulin –eh oui ; le loser ne cesse de dire à sa victime que ses proches sont jaloux et essaient de saboter leur « belle relation » !

      Il vaut mieux maintenir ce lien à distance, en espérant que votre proche victime ouvrira un jour les yeux et reviendra alors vers vous… Pour maintenir quand même un contact, même mince et assurer la victime que vous êtes toujours là pour elle, appelez une fois par semaine, le soir, à heure fixe – sinon, vos coups de fil seront vus comme des coups de sonde, pour les espionner. Si vous tombez sur le répondeur, ne laissez qu’un message poli et aimant.

    • sur le réflexe de rationalisation et acceptation :

      « dissonance cognitive ».

      Oui, les gens soutiennent ces situations malsaines et anormales : en effet, tout être tente d’éviter les situations qui le mettent mal à l’aise. Lorsqu’il y a 2 voies de connaissance qui s’opposent – le savoir, l’opinion, les sentiments, des données provenant d’autres personnes, … , ça cause de l’inconfort psychologique à l’individu, qui tente alors de réduire la dissonance (= le fait que nos cognitions ne collent pas ou n’ont pas de sens si on les combine)

      on peut alors rajouter d’autres pensées et attitudes – par ex :

      Par ex, un fumeur sait que fumer nuit à la santé, alors, pour pouvoir continuer, il se dit des choses du genre « je fume depuis pas longtemps », « je fume des cigarettes dénicotinisées », « il faut bien mourir de quelque chose ! » et surtout : « de toute façon, tout est pollué, alors, … »

      Par conséquent, si on a un partenaire abusif, on se dit des choses du genre « il ne me donne que des gifles et non des coups », « il a beaucoup de stress au boulot », …

      Leon Festinger (qui a créé le terme “dissonance cognitive ”, a remarqué que les adeptes d’une secte ayant volé tous leurs biens en échange de la survie lors d’une apocalypse – devant l’évidence que l’apocalypse prévue n’arrivait pas, au lieu d’en déduire qu’ils avaient été floués, ont déduit que leur ferveur avait évité ladite apocalypse – c’est tout a fait ma théorie du trou dans le pull ; quand quelqu’un a (ou S’EST) investi à fond dans quelque chose (temps, argent et énergie), on ne veut pas avoir perdu tout ça en vain – tout comme un joueur de poker qui a « la tête dans le sac » ; il ne sait pas dire « bon, maintenant, je me retire ; j’ai perdu assez – au contraire, il se dit « allez, je vais me refaire au coup prochain » !

      Tout prouve qu’à force de se démener pour quelque chose, on s’y attache (enfant, par ex). Les baptêmes étudiants, entraînement des « marines » – bref, tout ce qui est pénible, humiliant, difficile – produit des êtres loyaux et impliqués.

      C’est ce que j’ai trouvé le plus effrayant durant mon service militaire...

  • Ma fille Adèle rentre de l’école de mauvais poil. Elle s’est ennuyée ferme pendant les deux heures de son cours de musique qui a, à peu de chose près, démarré de la façon suivante, les enfants la semaine dernière un grand chanteur est mort, Michel Delpech, nous allons donc lui rendre hommage en lisant sa biographie et en écoutant certaines de ces chansons. Comme j’avais appris la veille dans la salle d’attente de son orthophoniste sur Radio classique la mort de Pierre Boulez et qu’Adèle m’avait trouvé fort ému et que du coup je lui avais expliqué un peu qui était Pierre Boulez, bonne fille, elle fait remarquer à sa prof de musique que Pierre Boulez aussi est mort. Réponse de la prof, et bien si cela t’intéresse tant que cela Pierre Boulez tu n’as qu’à rechercher des vidéos de lui sur Youtube .

    Je n’avais encore jamais pris rendez-vous avec une prof de musique et je sens qu’elle va m’entendre.

    Je tente de me consoler en me disant que dans dix ans tous mes enfants seront sortis de l’école et qu’ils ne seront donc pas exposés au cours de français suivant : les enfants Maître Gims est mort d’une overdose la semaine dernière nous allons étudier sa poésie, mais Monsieur on ne doit pas étudier Flaubert plutôt, ben si Flaubert t’intéresse tu n’as qu’à t’abonner à son compte twitter.

  • Les petites entreprises ont décidé de passer la vitesse supérieure dans leur bataille contre l’économie collaborative et ses figures emblématiques telles que Uber, BlaBlaCar et autre AirBnb. La CGPME veut notamment les taxer

    http://www.franceinfo.fr/emission/tout-info-tout-eco/2015-2016/tout-info-tout-eco-06-01-2016-06-01-2016-06-53

    On pourrait se dire que c’est le monde à l’envers. Une organisation patronale qui veut mettre en place une fiscalité sur les entreprises alors qu’elle milite pour le contraire le restant de l’année… en réalité, c’est un appel de détresse lancé face à ce que les PME considèrent comme de la concurrence déloyale.

    L’Etat c’est bien quand il nous protège des autres, pas quand il protège les autres de nous (pensée de patron)

    Le pdt de la Confédération, François Asselin, le dit bien : il ne s’agit pas d’opposer frontalement deux modèles, mais de travailler ensemble le mieux possible et, surtout, de faire en sorte que les règles soient les mêmes pour tout le monde.
    Douze propositions au total. Parmi les principales : obliger les personnes qui proposent du commerce via le net à déclarer les revenus de cette activité dès le premier euro (c’est obligatoire mais très peu le font par manque d’information) ; rendre obligatoire la vérification des qualifications et des formations requises pour que le particulier puisse exercer son commerce ; élargir l’assiette de la protection sociale non plus seulement sur la taxation du travail mais en partie sur une taxation de la consommation.

    Pour moi j’irai même plus loin dans une réforme universelle : déplacer le financement des prestations sociales en ne prenant plus l’assiette de la masse salariale, mais l’EBE des entreprises. On ne pourrait verser de dividende que si on a intégralement acquitté sa contribution aux prestations sociales, qu’on emploie des gens ou qu’on ai tout sous-traité ou délocalisé...

  • La #collaboration en surcharge - Harvard Business Review
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/136736626127

    Pour le psychologue des affaires Tomas Chamorro-Premuzic, le déséquilibre homme/femme dans le #management - qui nuit à l’intelligence du groupe - est lié à notre incapacité à distinguer la confiance en soi de la compétence, explique-t-il dans la Harvard Business Review (et décrypté par le Figaro). Nous interprétons les signes de confiance en soi, comme l’arrogance ou le narcissisme, comme des signes de compétence, de leardership. Nous déléguons le pouvoir à ceux qu’on admire. C’est ce qui explique que les “chefs de guerre” accèdent aux postes à responsabilités, malgré leur incompétence et ce d’autant plus que ce genre de talent n’est pas de ceux qui permettent d’inspirer une équipe et fédérer les forces vives autour d’un projet. Les qualités de management plus efficaces seraient plutôt le fait des femmes, qui (...)

    #travail

    • je remet l’extrait en entier

      Nous interprétons les signes de confiance en soi, comme l’arrogance ou le narcissisme, comme des signes de compétence, de leardership. Nous déléguons le pouvoir à ceux qu’on admire. C’est ce qui explique que les “chefs de guerre” accèdent aux postes à responsabilités, malgré leur incompétence et ce d’autant plus que ce genre de talent n’est pas de ceux qui permettent d’inspirer une équipe et fédérer les forces vives autour d’un projet. Les qualités de management plus efficaces seraient plutôt le fait des femmes, qui communiquent mieux leur vision, s’attachent à faire progresser la compétence de leur équipe, sont plus créatives et plus impliquées dans la résolution de problèmes. Pour le psychologue, nous récompensons ceux qui passent leur temps à se vendre plutôt que ceux qui s’impliquent pour faire avancer le collectif.

    • Il y en a qui clairement sont devenus chefs alors qu’ils n’auraient jamais du l’être. Mais les multiples nouvelles initiatives collectives, participatives, les nouvelles formes de travail me font penser que le « chef » pourrait devenir une notion (et une personalité) inutile et obsolète. je me souviens que @monolecte me disait quelque part ici il y a quelque mois qu’un chef dont on parlait « savait recadrer son équipe ». Soit, mais l’idéal vers lequel je pense qu’on est en train d’aller, c’est une situation de travail, de responsabilité partagée, de maturité dans laquelle il ne sera plus nécessaire de « recadrer » une équipe ou une personne. Je me désole qu’on puisse encore penser le travail en équipe dans ces termes : « recadrer »... C’est très ancrée dans le XIXe dans un sens :)

      Je trouve dommage que cet aspect soit si peu abordé quand on parle de la question du pouvoir, et de la légitimité du pouvoir dans les structures hiérarchiques. Pour moi, la hiérarchie est une féodalité, une porte grande ouverte sur l’abus et la déviance. En trente ans et quelques d’expérience professionnelle dans de nombreux milieux, j’ai assisté à quelques naufrages tragiques de chefs trop haut arrivé, de quelques chefs illégitimes perdus par leurs ambitions démesurées, qui ont eu le pouvoir de confisquer responsabilités et prérogatives à des communautés ou simplement des personnes qui auraient eu beaucoup à apporter, à créer.

      Je suis conscient qu’il est nécessaire d’être organisé, mais je pense que la hiérarchie et les postes de pouvoir et pyramides sont destructifs. Je commence à voir des structures où on ne parle plus de chef, ni de directeur ni de rédacteurs en chef et d’adjoints, mais de coordinateurs (tournants), d’"inspirateurs" à qui on confie éventuellement un mandat clair qui n’est pas de diriger, mais d’aider à organiser, à fluidifier les circulations (de tout d’ailleurs, y compris d’informations, l’effet le plus destructeur du pouvoir étant l’opacité et le secret), à partager les expériences etc...

      Cela dit, dans les rares occasions où j’ai joué le rôle de chef, on m’a soit reproché de « ne pas assumer mon rôle et mon autorité », soit accusé de vouloir jouer les gens les uns contre les autres quand j’essayais justement de ne pas diriger mais de coordonner une équipe. Je conçois aisément que pas tout le monde est forcément prêt à assumer une responsabilité ou un partage au sein d’une équipe ou d’un collectif, et c’est sans doute normal, ça ne vient pas comme ça, c’est aussi une réflexion, un apprentissage, il faut y venir si on veut et à la vitesse à laquelle on veut. Pourvu que dans quelques années, il y ait encore des chefs pour accepter de jouer ce rôle ingrat ! :)

    • Il y a un autre phénomène intéressant qui est celui de la #capitalisation des réussites collectives sur le “représentant” du collectif.

      Si on prend un exemple dans le domaine du logiciel libre, alors qu’il y a des dizaines de milliers de contributeurs à GNU/Linux, qui est capable de citer plus d’un nom ? Deux ? Plus de trois ? Linus est loin d’être “incompétent”, et son talent de programmeur ainsi que de leader est tout à fait certain ; mais il est tout aussi évident qu’il n’a pas fourni une quantité de travail proportionnelle à son statut.

      Pire peut-être, il suffit parfois d’être l’initiateur d’un projet pour continuer à bénéficier de cet effet — même si on se barre très vite. Il suffit même parfois d’avoir fait quelque part un passage “remarqué par les médias” pour bénéficier de tout ce qui y est fait.

      Beaucoup de logiques perverses découlent de ça, indépendamment des questions de pouvoir.

    • eh oui @fil tu as raison. C’est précisément pour cette raison que chercher à tout prix gloire et reconnaissance est aussi un peu un truc has been, mais oui aussi pour rééquilibrer le jeu. Cela dit, une fois sorti de ce système pervers de société du travail spectacle et de cette volonté de paillettes, on peut aussi revenir à d’autres valeurs qui potentiellement donnent infiniment plus de plaisir comme, pour ne citer qu’un truc l’amour et le plaisir de faire des trucs passionnant qui nous font rêver plutôt que de courir à s’en couper le souffle derrière les chimères de la reconnaissance sociales et/ou professionnelles.

    • @reka : tout à fait !
      chef ne devrait pas être un statut, mais une fonction.

      D’ailleurs « manager » terme anglo-saxon assez moche à cause de sa connotation, me convient quand même mieux. Le manager doit être : animateur, priseur, coach, pilote, décideur.. C’est une fonction.. parmi d’autres..
      Dans une équipe, on se répartit des rôles, comme au foot.

      D’ailleurs tout cela a été creusé par Belbin https://fr.wikipedia.org/wiki/Meredith_Belbin
      La différence entre groupe et équipe, tout comme la définition des neufs rôles à tenir dans une équipe, ça parlera sans doute à beaucoup, par exemple qui ont travaillé dans de grands projets collectifs...

      Le paradoxe en France, un des pays qui a le plus spectaculairement rejeté monarchie et aristocratie en proclamant universalisme et égalité, c’est que dans la république napoléonienne puis dans le monde du travail aujourd’hui, elle fait perdurer un élitisme le plus hiérarchique et aristocratique qui soit.. Mince je me répète en fait :-)
      http://seenthis.net/messages/442686#message442725

    • @reka Cet aptonyme (personne portant bien son nom) n’était pas mon chef, il était difficilement chef de lui-même, mais plutôt un membre de l’équipe dont j’étais alors le chef, avant que la Très Grande Entreprise qui m’emploie se mette à la refonte du vocabulaire que tu décris plus haut, je suis devenu coordinateur opérationnel , ce qui, dans les faits, est nettement plus difficile à faire, au point que j’en viens à me demander sir je n’ai pas atteint mon niveau d’incompétence, c’est-à-dire que je ne parviens plus à cahcher mon profond désintérêt pour ce que je fais professionnellement (encore dix ans à tenir avant la quille), j’aurais peut-être dû essayer de faire quelque chose de ma vie professionelle, photographe par exemple, ça m’aurait bien plu, auteur aussi, mais il paraît que c’est plus dur et que les places sont rares.

    • @petit_ecran_de_fumee

      Le paradoxe en France, un des pays qui a le plus spectaculairement rejeté monarchie et aristocratie en proclamant universalisme et égalité

      Non non non ! Il faut arrêter avec ce mythe. La bourgeoisie a dès le départ récupéré la révolution pour prendre en main le destin de la France.
      – les femmes ont été exclues dès l’origine (où ça égalité, où ça universalisme ???)
      – Seuls les plus fortunés avaient le droit de voter via le suffrage censitaire (où ça égalité, où ça universalisme ???) !
      C’est-à-dire un système capitaliste hiérarchisé avec des classes sociales genrées. Pour moi c’est assez linéaire comme parcours jusqu’à aujourd’hui.

    • Et en France particulièrement il faut noter le poids de la féodalité dans l’inconscient collectif. Avoir coupé la tête du roi n’a pas fait disparaitre la figure supérieure du seigneur protecteur et respectable.

      C’est ainsi que les chefs politiques qui perdent les élections ... restent en poste (par exemple, mais cela peut éclairer pas mal d’autres situations)

  • Après la Manif pour tous, la #déchéance_pour_tous, la politique devient de plus en plus exaltante en 2016…

    Les socialistes pris au piège du débat sur la déchéance de nationalité
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/01/05/les-socialistes-pris-au-piege-du-debat-sur-la-decheance-de-nationalite_48416

    Après la déchéance pour les Français avec une double nationalité, la déchéance « pour tous » ? Au risque de créer des apatrides et de substituer à une mesure controversée une alternative qui pourrait l’être encore plus ? L’idée, évoquée ces dernières semaines par différentes personnalités politiques, à gauche comme à droite, comme Jean-Vincent Placé, Nathalie Kosciusko-Morizet ou Jean-Pierre Chevènement, a été reprise par plusieurs responsables de la majorité. Ainsi, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, opposé à la déchéance pour les binationaux car « ce n’est pas une valeur qui vient de la gauche », déclare lundi sur LCI : « On peut continuer sur la déchéance de nationalité, mais, à ce moment-là, il faut qu’elle soit ouverte à l’ensemble des Français, et pas seulement aux binationaux. »

  • Les Nourritures (2015) , Corine Pelluchon, Sciences humaines - Seuil
    http://www.seuil.com/livre-9782021170375.htm

    Pourquoi la prise en considération des enjeux environnementaux n’a-t-elle pas transformé la démocratie ? Pourquoi continuons-nous d’adopter des styles de vie qui ont un impact destructeur à la fois sur le plan écologique et social ? L’échec relatif des éthiques environnementales vient notamment de ce qu’elles n’ont pas su articuler l’écologie à une philosophie de l’existence, ni indiquer le chemin d’une possible rénovation de la démocratie. C’est à cette double tâche que s’attelle Corine Pelluchon.

    Sa phénoménologie du « vivre de » prend au sérieux la corporéité du sujet et la matérialité de l’existence. En envisageant tout ce dont nous vivons, non comme de simples ressources, mais comme des nourritures, l’auteur pense l’habitation de la terre comme une cohabitation avec les autres hommes et les autres espèces. L’#alimentation est le paradigme de cette phénoménologie du sentir qui part du plaisir attaché originairement au fait de vivre pour montrer que, dans nos gestes quotidiens, nous sommes déjà en rapport avec tous les vivants. La justice désigne alors le partage des nourritures. La force de ce livre consiste à tirer les conséquences politiques d’une telle philosophie, en proposant un nouveau contrat social inscrivant la question animale et l’écologie au cœur de la République et permettant à la démocratie de se réinventer.

    Corine Pelluchon est professeur à l’université de Franche-Comté. Spécialiste de philosophie politique et d’éthique appliquée, elle a notamment publié Leo Strauss, une autre raison, d’autres Lumières (Vrin, 2005, Prix François Furet 2006), L’Autonomie brisée (PUF, 2009) et Éléments pour une éthique de la vulnérabilité (Cerf, 2011, Grand Prix Moron de l’Académie française 2012).

    #nourriture #agriculture #société #livre

  • « Nous devons passer d’une démocratie concurrentielle à une démocratie délibérative » (Corine Pelluchon)

    Belle découverte pour moi ce matin que les propos de cette auteure !
    http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/nous-devons-passer-d-une-democratie-concurrentielle-a-une-democratie-delib

    La crise écologique, qui ne se réduit pas à une dégradation de l’environnement ou à une raréfaction des ressources remettant en cause nos styles de vie, mais interroge aussi notre rapport à la nature et à nous-mêmes, est un des problèmes majeurs. Nous habitons la Terre en nous comportant comme des prédateurs et en oubliant que nous la partageons avec les autres espèces. Pensez aux souffrances inouïes que l’on fait endurer quotidiennement à des milliards d’animaux pour pouvoir consommer leur chair ou acheter leur fourrure. L’homme a tendance à considérer que ses projets et ses possessions constituent le sens de sa vie et que la seule limite à sa liberté est l’autre homme actuel. Or, si nous prenons au sérieux la matérialité de notre existence et notre corporéité, nous voyons que notre vie est intimement mêlée à celle des autres êtres, passés, présents et futurs, humains et non‐humains. Bien plus, la crise écologique devrait nous amener à ne plus fonder l’humanisme sur l’individu pensé de manière atomiste, coupé des autres et défini par la seule liberté. Cette conception relationnelle du sujet à laquelle conduit une réflexion qui articule l’écologie à l’existence devrait donc nous permettre de rénover l’humanisme, en contestant l’anthropocentrisme despotique qui l’a longtemps caractérisé, en insistant au moins autant sur la réceptivité et sur la vulnérabilité que sur le projet et la maîtrise de soi et en nous rendant moins enclins à la domination. Il s’agit aussi de revoir la place de l’économie, qui est aujourd’hui un économisme, où la recherche du profit détermine tout.

    J’élabore une philosophie du sujet relationnel et forge les outils éthiques et politiques qui s’ensuivent de cette réflexion sur le sujet pensé dans sa corporéité. Actuellement, je m’interroge sur les capacités et dispositions morales qui pourraient nous permettre d’avoir plus de respect envers la nature et les autres vivants, d’être plus sobres, de savoir apprécier la beauté des paysages, etc. Il s’agit d’une éthique des vertus qui inclut une réflexion sur les émotions et les affects et souligne le lien entre l’éthique et l’esthétique. Pour changer ses styles de vie, les principes et les règles ne suffisent pas. Il ne faut pas se focaliser seulement sur les normes, mais il importe de se tourner vers les agents moraux, vers ce qui pousse les individus à agir. L’éthique implique une transformation de soi et, pour sentir que le respect de soi est inséparable du respect des autres vivants et de la nature, des dispositions morales qui expliquent aussi qu’on change ses habitudes de consommation en y trouvant une forme d’accomplissement de soi.

    #prédation #domination

    Nous traversons une crise du politique, le citoyen ne se sent plus représenté. A quoi est-ce dû ?
    A l’économisme, à la règle du profit qui fait plier le politique et a envahi toutes les sphères de la vie. Les hommes ont perdu le sens du monde commun et de ce qui les relie aux autres. Ils ne se vivent plus que comme des forces de production et des forces de consommation. C’est ce que Hannah Arendt appelait la désolation, qui rend les individus des démocraties de masse vulnérables aux solutions totalitaires.

    Il s’agit aujourd’hui de reconstruire de la démocratie en revoyant la philosophie du sujet qui sert encore de base au contractualisme actuel et qui ne permet pas de lutter contre l’économisme. Il s’agit aussi de rénover ses institutions afin d’intégrer le long terme et de traiter des enjeux globaux associés à l’environnement. Ils sont parfois invisibles, comme les perturbations endocriniennes et la pollution. On a également besoin de médiations scientifiques pour éclairer les décisions, mais aussi d’organes de veille et de vigilance ‐ pouvant prendre la forme d’une troisième chambre disposant d’un droit de veto ‐ afin que les propositions de loi ne contredisent pas la protection de la biosphère et l’amélioration de la condition animale qui sont des devoirs de l’Etat. Ces mesures nous éviteraient d’avoir des politiques atomistes et souvent incohérentes. Les questions de justice intergénérationnelle, l’écologie et la question animale doivent être traitées de manière transversale. Les politiques en matière d’économie, de transport, d’agriculture, d’éducation affectent l’écologie, la justice intergénérationnelle et les animaux. Inversement, on ne peut protéger l’environnement, prendre en compte les générations futures et améliorer la condition animale si l’on en fait des domaines à part et que l’on se satisfait de meures qui seront contredites par ailleurs. Enfin, il s’agit de penser les conditions de la délibération sur des sujets complexes qui supposent que la justice ne se réduit pas à l’accord extérieur des libertés mais implique une certaine conception du bien commun. C’est le cas de la plupart des questions dites de bioéthique qui soulèvent des enjeux moraux qui vont au-delà des problèmes de mœurs et c’est le cas dès qu’on aborde des techniques ou des pratiques qui ont un impact non seulement sur la société, mais aussi sur les écosystèmes, les autres espèces et les générations futures. Le défi est de penser ou plutôt d’instituer le bien commun, qui n’existe pas dans le ciel des idées et qui est a posteriori, sans fonder la décision collective ou les lois sur la vision moralisatrice d’un groupe et donc en respectant le pluralisme qui va de pair, dans une démocratie, avec la reconnaissance de l’égalité morale des individus, le refus des gourous éthiques ou du paternalisme, si vous préférez.

    (..)

    Il est également important de passer d’une démocratie concurrentielle, où l’on use d’une rhétorique plébiscitaire, reposant sur le marchandage, les promesses et les récompenses, et sur la peur, à une démocratie délibérative, où l’on pèse le pour et le contre avant de prendre des décisions politiques, où l’on explicite les arguments des différents camps et où chacun se demande ce qui a un sens pour la collectivité, et pas seulement pour lui. L’argumentation est au cœur de la démocratie délibérative. Elle désigne une communication non coercitive et s’adresse à l’intelligence d’autrui. C’est aussi ce que désirent la plupart des individus : que l’on sollicite leur bon sens.

    #bon-sens
    #implication
    #empowerment
    #confiance

  • Travail = Revenu | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2015/12/23/travail-revenu

    Si on définit le travail comme inversion de l’entropie, il n’y a par contre plus de limite à la lutte contre l’entropie universelle. Ce qui limite le travail, ce n’est donc pas la satisfaction, ce sont les ressources pour le financer, le revenu, ainsi que, bien sûr, les compétences disponibles. Le travail ne disparaît pas à l’ère du numérique en se détachant des besoins immédiats mais, par contre, il change de nature, mobilisant plus notre autonomie et nos facultés humaines. Ainsi, l’ubérisation du travail détruit certes des emplois fixes et les remplace par un travail intermittent mais ne détruit pas de travail à en baisser le coût dès lors que l’argent est dépensé ailleurs (il faudrait s’assurer par des monnaies locales qu’il le soit sur place).

  • L’école des soignants : Origines du dogmatisme et des comportements non soignants d’un trop grand nombre de médecins français - par Marc Zaffran/Martin Winckler
    http://ecoledessoignants.blogspot.fr/2015/12/pourquoi-tant-de-medecins-francais.html

    Ce qui caractérise le milieu hospitalo-universitaire français, contrairement à d’autres pays, est le fait que, depuis la réforme de 1958, les services hospitaliers sont structurés de manière pyramidale et que tout chef de service est un monarque absolu : dans un département voué au soin, à l’enseignement et à la recherche, le « Patron », comme son nom l’indique, décide de tout. Il a tout pouvoir sur les médecins en formation – et en particulier, celui de favoriser, de ralentir, voire de mettre un terme à leur carrière.

    • Superbe réflexion salutaire, tant les éditocrates pourtant rôdés à pourfendre tous nos archaïsmes économico-sociétaux, ne se s’aventurent jamais trop à titiller l’aristocratie médicale...
      Et cela ne se limite pas qu’au milieu hospitalo-universitaire hélas..

      Je suis toujours plus surpris de prendre conscience que la France, pays fortement marqué par l’abolition de la monarchie et des privilèges aristocratiques dans la société civile, n’a cessé de les réintroduire dans le monde du travail via des devises républicaines implicites faites d’élitisme, hiérarchisme, et paternalisme..

      Quand on parle du manque de compétitivité économique de la France en parlant des charges bla bla bla.. Je rigole.
      C’est vrai on n’est pas compétitif.
      En France on ne sait juste pas bien bosser ensemble, on est resté au Moyen Âge..
      On est juste nul en #management.
      La preuve ce mot nous inspire du rejet, puisqu’on lui attribue toutes les techniques de manipulation, de soumission et d’exploitation dans le cadre professionnel.
      Alors qu’il s’agit simplement de l’activité consistant à prendre toujours les meilleures dispositions pour bien bosser ensemble.

  • Essentialismes | Anthropiques.org
    http://www.anthropiques.org/?p=1563

    « La pensée essentialiste, précisait Aron, se définit par deux caractères : elle attribue à tous les membres d’un groupe social, ethnique, historique ou racial des traits qui peuvent, en effet, se rencontrer plus ou moins fréquemment, chez les membres de ce groupe ; elle explique ces traits par la nature du groupe et non par la situation sociale ou les conditions de vie. Quand ce groupe est tenu pour bon, les traits favorables passent pour caractéristiques ; quand il est tenu pour mauvais, seuls les traits défavorables passent pour caractéristiques. Les individus exemptés du mépris qui s’adresse à leur communauté deviennent des exceptions, atypiques » (87).

    • De la nécessité de ne jamais se laisser aspirer intellectuellement par l’adversaire...

      Ce que l’on peut observer, en revanche, c’est une tendance très nette, chez les adversaires du Front national, à essentialiser les électeurs frontistes. Ces derniers seraient, au minimum, traversés de part en part par leur xénophobie, leur « racisme », leur peur ou leur haine. La naturalisation, qui accompagne souvent l’essentialisme, est patente.

      (...)

      Elle montrait que ces élites qui se veulent éclairées n’en continuent pas moins de fonctionner comme n’importe quel groupe humain, de façon ethnocentrique, tendant à se considérer comme les seuls vrais civilisés et rejetant les autres en dehors de la civilisation, du côté de la sauvagerie, de la barbarie ou de la nature (le « moisi », le « rance », le « viscéral »)5.

      (...)Tout se passe, selon ces élites, comme si le vote frontiste n’était pas vraiment un vote, mais une simple expression de mécontentement, ayant des aspects « tripaux ». Bref, une sorte de cri, plus proche de la pulsion que de la raison. Quand on n’insulte pas l’électeur frontiste, on se penche à son chevet, on essaie de comprendre (mais d’une façon qui nous ramène le plus souvent aux vieilles thèses sur les « mentalités hétérogènes »). On propose parfois aussi quelques pistes qui permettraient de le civiliser, un peu comme Jules Ferry prétendait « civiliser les races inférieures ».

    • Pour lutter contre le front national, il faut avoir un discours compréhensible pour l’électorat.
      On a beaucoup trop de politiques qui parlent comme Victor Hugo ( et qui disent des choses trés intéressantes, mais pour qui ? )
      C’est ce que disent ceux qui votent pour le FN, et ils n’ont pas tord.

      Un exemple gagnant, le #PTB en Belgique.
      Il est sorti de son invisibilité lors des dernières élections.
      Extrait de Wikipédia :
      « Suite à son relatif échec électoral de 2003, le PTB a modifié en profondeur ses méthodes de travail et de communication.
      D’une part, le PTB a déclaré qu’il allait se recentrer sur le travail auprès des ouvriers en usine ainsi que sur le travail de terrain dans les communes où il est présent.
      D’autre part, le PTB a déclaré rompre officiellement avec ce qu’il appelle son sectarisme passé afin de se rapprocher des demandes concrètes des citoyens,
      Cela se traduit notamment par la mise en avant de revendications de progrès extrêmement concrètes relatives à la baisse du prix des médicaments, la réduction de la TVA sur les produits énergétiques de 21 % à 6 %, une augmentation du montant minimal des pensions, un meilleur contrôle des loyers ou encore la baisse du coût des sacs poubelles.
      En vue des élections législatives belges de juin 2007, le journal Solidaire et le site du parti ont été refondus pour pouvoir toucher un plus large public.
      Les structures ont de même été ouvertes à une couche plus large de militants. »
      A étudier de prêt, la pédagogie des articles de Solidaire
      http://solidaire.org

  • Le monde comme il va, 10 jours après la Cop 21 | L’Humanité
    http://www.humanite.fr/le-monde-comme-il-va-10-jours-apres-la-cop-21-593800?IdTis=XTC-FT08-ABJ9JI-

    En France aussi, on semble avoir oublié les conclusions de la Cop 21, y compris et surtout dans les médias. Ce mardi matin aussi, l’AFP s’est mise au diapason des télés, des journaux et des radios pour insister sur l’effet d’aubaine que constitue la chute des cours du pétrole et nous suggérer que le père Noël s’appelle « gazole ». Dans une dépêche matinale, l’Agence nous dit que « c’est Noël avant l’heure pour les consommateurs français ». Elle fait témoigner plusieurs automobilistes dont une lui dit « avec les baisse des prix, je vais en profiter pour sortir plus la voiture ». Faut-il croire qu’il s’agit d’un besoin pour ... la voiture ?

    Les automobilistes sont des gros nazes. Ils n’ont qu’à remplir leur piscine de gazole bon marché tant qu’ils y sont. Parce que je suis sûr que ces #gros_cons en question ont des piscines privées, chauffées en hiver de surcroît.
    Bon je sais, je m’énerve ... et c’est mauvais pour la santé. Allez, tiens, je vais aller m’en griller une pour me calmer

  • La grenouille et le scorpion : fable épistémologique

    "Un scorpion demande à une grenouille de le transporter sur son dos d’un bord à l’autre d’une rivière. La grenouille refuse au motif qu’elle risquerait d’être piquée à mort pendant la traversée. Argumentant et anticipant les effets avec l’habileté d’un philosophe « utilitariste » pour mieux atteindre son but, le scorpion lui répond qu’il n’y trouverait pour son compte aucun « intérêt » puisqu’il serait aussitôt noyé. Mais lorsque, au milieu de la rivière, la grenouille qui s’est laissé persuader par cette plaidoirie utilitariste s’étonne en mourant de la piqûre irrationnelle du scorpion, celui-ci peut répondre en soupirant, mais toujours aussi rationnellement par rapport à sa vérité vécue du moment : « Je n’y peux rien, c’est dans ma nature... »

    Le scorpion suicidaire est le prototype du politique trompeur qui est trompé par sa propre habileté à improviser une plaidoirie à la fois logique et efficace. Il a réussi à persuader la grenouille et à la berner, mais il n’a pourtant pas eu une ­stratégie délibérée de mensonge, puisque le mensonge lui a été mortel. Dans ­l’histoire, il fait figure de virtuose du calcul utilitariste, floué par son propre ­raisonnement ; et il est tout autant le dindon de cette farce logique que la grenouille, victime, elle, de sa croyance naïve en une rationalité trompeuse. La rationalité de l’anticipation logique et le déterminisme biologique de l’instinct coexistent dans la fable, sans que le refus de la contradiction logique ait pu, à un moment ou à un autre de l’histoire, donner raison à l’un ou l’autre des deux acteurs. Tous deux ont fait assaut d’« anticipation rationnelle » comme disent les économistes, qui basent sur ce concept l’explication des décisions que des firmes prennent sur un « marché » en anticipant la stratégie prêtée à l’adversaire. Mais l’explication scientifique des actes du scorpion et de la grenouille doit se transformer à mesure que les causes de l’action de chacun changent en se succédant dans le temps. Dans un modèle, l’économiste fixe la logique du calcul en substituant le temps du modèle au temps historique ; dans une enquête, le sociologue explore le devenir des interactions, en faisant varier ses méthodes par la mesure ou l’observation de terrain, par la comparaison historique ou statistique, afin de rendre probable une explication qui soit en même temps une interprétation plausible.

    Le scorpion fait ici figure d’anti-Ulysse – si l’on pense à l’Ulysse d’Ulysse et les Sirènes, capable d’anticiper, en son calcul rationnel, les faiblesses à venir d’un autre Ulysse, celui qui devra être lié au mât du navire et avoir les oreilles bouchées de cire pour ne pas entendre le chant des Sirènes et ne pas succomber à ses propres pulsions. A la différence de l’homo œconomicus, l’homo sociologicus fait un usage de la rationalité presque toujours plus proche de celui du scorpion que de celui d’Ulysse. Là commence le partage méthodologique entre deux orientations les sciences sociales, celles du modèle et celles de l’enquête. On peut en effet interpréter de toutes sortes de manières la séquence d’interactions de l’historiette : on construit alors autant de théories explicatives de la catastrophe rationnelle survenue dans une interaction qui a pourtant échappé à des acteurs aspirant conjointement à un arbitrage rationnel de leurs décisions.

    Demandons à la théorie d’un sociologue quel diable d’animal est ce scorpion. Dans sa typologie, Max Weber distinguait quatre « types purs de l’action sociale » : (I) « l’action rationnelle par rapport à des fins » qui en calcule les meilleurs moyens ; (II) « l’action rationnelle par rapport à des valeurs » où le calcul se trouvelimitée par un « commandement » inconditionnel ; (III) « l’action traditionnelle » commandée sans calcul par l’autorité de qui s’est toujours fait ainsi ; et (IV) « l’action affective » qui incline à l’obéissance par l’influence qu’exerce le « charisme » d’un chef, d’un prophète, d’une institution ou d’un livre sacré sur ceux qui reconnaissent sa légitimité. Le scorpion de la fable est wertrational (IIème type). C’est un calculateur rationnel, mais aveugle au coût, pourtant rationnellement prévisible dans le cours d’une psychanalyse, que lui fera consentir son désir de piquer un vivant trop proche, lorsque la pulsion instinctive interviendra en dépit de tout calcul comme une irrésistible « obligation interne ». À la différence d’Ulysse il n’a pas su anticiper sa pulsion. L’inconditionnalité absolue des commandements instinctifs de l’espèce borne ici le calcul rationnel des moyens et des finsen empêchant toute supputation de leur valeur en fonction de leur coût.

    Consultons maintenant un autre sociologue, Pareto par exemple : le scorpion se laisse alors comprendre comme un politique machiavélien. Il est prêt à utiliser n’importe quel argument pour atteindre son objectif : persuader la grenouille de répondre à sa demande. Mais c’est un machiavélien imparfait, puisqu’il est incapable d’anticiper ou de contrôler ses propres réactions non-logiques comme il sait le faire pour manipuler les décisions d’une crédule grenouille. Reste un doute dans cette casuistique de la rationalité : si l’on se reporte aux classifications sociologiques de Pareto aussi précises que celles d’un entomologiste, le scorpion doit-il figurer dans la première ou la deuxième espèce du « quatrième genre de la deuxième classe » des actions sociales ? Selon le critère parétien qui divise en deux le quatrième genre des actions non-logiques – celui de l’erreur de calcul ou de l’absence d’information – il faut trouver des indices pour trancher la question de savoir « s’il aurait accepté, ou non, le résultat objectif de sa stratégie au cas où il l’aurait connu ».

    En consultant sa bibliothèque des grandes œuvres théoriques, le lecteur imaginera sans peine d’autres lectures que wébériennes ou parétiennes de la stratégie du scorpion. Un scorpion pascalien, marxien, durkheimien, mertonien, darwinien, schumpétérien, aronien, statisticien, économètre, théoricien des jeux, simonien, braudellien, bourdieusien, elstérien, freudien, lacanien, herméneute, veynien, foucaldien, interactionniste ou ethnométhodologue laisserait tout aussi facilement interpréter sa rationalité catastrophique dans le cadre d’une théorie scientifique des actions ou interactions sociales. Il suffit, à chaque fois, de faire intervenir dans l’interprétation des actes successifs du scorpion les concepts théoriques qui redéfinissent, dès que le rationalisme utilitariste est à court de raisons, la place et la forme du principe de rationalité dans l’explication de ses actes.

    On n’a que l’embarras du choix entre les explications : « chaînes d’imagination » aussi contraignantes que les « chaînes de nécessité » (chez Pascal) – « intérêt objectif de classe » et « idéologie » (chez Marx) – « contrainte sociale » et « anomie » (chez Durkheim) – « normativité » et « rôles sociaux » (chez Merton) – « sélection naturelle » et « variation » (chez Darwin) – « périodicité de cycles non-isochrones » (chez Schumpeter) – « désillusions du progrès » ou « frustration relative » chez Aron – « degrés de signification statistique » d’une corrélation, mesurés par la distance entre « fréquence théorique » et « fréquence observée » (dans le calcul des probabilités) – « maximum », « optimum » ou équation mathématique (chez les économètres) – « équilibres de Nash », « coordination des joueurs » et « rationalité sous contraintes » (chez les théoriciens des jeux) – « rationalité procédurale » versus « rationalité substantive » chez Simon – « pesanteur du quotidien » versus « jeux de l’échange » chez Braudel – « système de domination » et « intériorisation de la nécessité » (chez Bourdieu) – « autonomie des normes » par rapport aux calculs d’utilité (chez Elster) – « ambivalence » des sentiments et « rationalisation » (chez Freud) – « leurre du désir » et « structure langagière de l’inconscient » (chez Lacan) – intrication de la « temporalité » et du « récit » chez Ricœur – « intrigue » historique versus poids de la « quotidianité » (chez Veyne) – « diversité des scènes sociales » (chez Goffman) ou accoutability des comportements (chez Garfinkel).

    Il y a toujours pour un acteur mille bonnes raisons, « compréhensibles » à un interprète rationnel,de n’être pas rationnel, au sens de la définition de la rationalité qui peut entrer dans un modèle de calcul. Il est clair, en tout cas, qu’un modèle formel ne fournit aucun moyen d’entrer dans les raisons des acteurs, et encore moins d’articuler les « causes » des actions sur les « raisons » des acteurs : il a fallu aux économistes – toute syntaxe exigeant une sémantique – doter à la va-vite leurs calculateurs fantômes d’une « psychologie de convention », qui n’explique que les décisions d’acteurs « purs » dans une « théorie pure ». Dans les modèles de décision rationnelle, le décideur (individu ou firme) ne se contredit jamais, il cherche toujours à maximiser son intérêt ; il recherche toujours le maximum d’information, il calcule au plus juste ce que coûte un moyen par rapport à un autre, il compare le coût de l’obtention d’une information ou de l’établissement d’une transaction en le rapportant aux conséquences qui découleraient du choix d’en faire l’économie : nous voilà bien loin de l’histoire des sociétés et des drames singuliers qui s’y nouent.

    Mais attention ! La pluralité de leurs théories ne condamne pas les sciences sociales au scepticisme ; pas davantage à renoncer à la démarche scientifique. Si l’interprétation de l’historiette se prête indifféremment à toutes sortes d’herméneutiques, c’est précisément que l’interprète de l’action du scorpion ne dispose d’aucune autre données sur le contexte du « cas » que le récit d’une aventure unique. Aucune série d’indices ou de vestiges, pas de récits ou de sondages sur les rencontres entre scorpions et grenouilles : donc pas de possibilité de comparaison historique. Pas d’ethnographie ou d’écologie des fossés où cohabitent grenouilles et scorpions ; aucune cartographie de leurs trajets et habitats. Pas de corpus : donc pas de recours possible aux méthodes statistiques ; impossible de calculer la proportion des scorpions fossilisés au fonds des cours d’eau pour en comparer les variations à celles de la proportion des grenouilles qui y vivent ; encore moins, dispose-t-on de protocoles d’observation ou de tests expérimentaux conduits sur des échantillons raisonnés ou représentatifs de scorpions ou de grenouilles. L’historien de cette rencontre sans lendemain entre une grenouille tombée du ciel et un scorpion miraculeux se trouve placé devant une histoire sans passé ni concomitants.

    Dans une tâche analogue – tenir et améliorer des raisonnements explicatifs – les sciences historiques ne sont pas aussi démunies. Elles disposent d’une panoplie de méthodes et de schèmes de raisonnement permettant de composer ces méthodes pour traiter leurs données d’observation et les interpréter dans une argumentation explicative : « variations concomitantes », « simulation » des effets dans un modèle, « tests de signification » pour chiffrer la probabilité d’une interaction entre variables, algorithmes de calcul fournis par les statistiques « descriptive » ou « analytique », échantillonnage et enquête de terrain. Mais aussi comparaison historique de faits « analogues » ou « contrastés » prélevés dans des contextes proches ou éloignés, critique interne et externe de documents écrits ou oraux, « analyse structurale » des textes ou analyse « pragmatique » des situations de parole, mise en série de vestiges, essais de langages conceptuels différents pour comparer leur force probatoire dans l’explication et l’interprétation etc. Toutes ces méthodes organisent des « styles d’argumentation » fort différents, qui fondent à leur tour des styles d’interprétation, jamais complètement traduisibles l’un dans l’autre, par lesquels des théories différentes construisent différemment leurs faits. Une explication économique ne réfute pas une explication sociologique, et vice-versa ; ni une interprétation psychanalytique une interprétation anthropologique. Ce qui caractérise le statut épistémologique des sciences sociales c’est que leurs raisonnements ne peuvent transmettre la vérité d’une proposition à la suivante comme dans une chaîne déductive. Mais ces sciences ont en commun une autre manière de prouver : faire converger des preuves de forme logique différente dans un argumentaire d’ensemble, leurs arguments dans un langage de l’interprétation, leurs interprétations dans une théorie plausible.

    Tout comme les interprétations multiples de la stratégie d’un scorpion qui, pour traverser une rivière, a trouvé malgré lui le moyen de se suicider en toute rationalité avec la complicité d’une grenouille qui s’est laissé assassiner pour avoir trop fait confiance à la validité universelle des calculs d’utilité, les théories interprétatives des sciences sociales restent inévitablement multiples et concurrentes. Leurs données d’observation ne permettent jamais, en effet, de les départager ni par une démonstration logico-mathématique qui opérerait comme dans un pur système formel, ni par un raisonnement expérimental qui pourrait être mené de bout en bout « toutes choses égales par ailleurs ». Pourtant, selon les « cas » considérés, leurs mesures ou leurs estimations quantitatives, leurs descriptions ou leurs argumentations, leurs généralisations théoriques ou leurs présomptions explicatives ne sont pas équivalentes. Les théories fondées sur l’enquête historique sont inégalement probantes, leurs intelligibilités sont inégalement robustes selon la pertinence des matériaux empiriques qu’elles ont rassemblés et selon le style de preuve qui soude dans un argumentaire leurs méthodes de traitement des données.

    Les sciences historiques sont des sciences où faire preuve n’est jamais une simple question de tout ou rien, comme dans un jeu à somme nulle où une proposition démontrée ne peut gagner sa vérité que pour autant que la proposition contradictoire y perd toute la sienne par l’efficace de cette même démonstration. C’est une question de plus ou de moins dans « l’allongement du questionnaire ». Les réponses au questionnaire que le chercheur administre à un objet historique sont d’autant mieux descriptives qu’elles sont plus détaillées. Mais elles ne deviennent plus véridiques que si les questions auxquelles elles répondent sont devenues en même temps plus pertinentes pour le sens du questionnement. L’amélioration des explications ne peut, ni théoriquement ni empiriquement, être ici séparée de la valeur des interprétations qu’elles apportent. La « densification de la description », son caractère plus ou moins « fouillé », est condition nécessaire mais non suffisante de l’amélioration de la preuve, puisque la force de celle-ci ne peut elle-même être évaluée qu’en fonction de l’adéquation de l’argumentaire au cas singulier. Dans le langage épistémologique qu’employait Max Weber, l’« adéquation causale » d’une assertion historique n’est pas séparable de son « adéquation quant au sens » : cette caractéristique, valable dans toutes les sciences historiques, qui sont à la fois des sciences de l’enquête et des sciences de l’interprétation, explique les possibilités de renouvellement indéfini de la recherche historique. Que l’analyse historique soit interminable ne prouve rien contre sa scientificité, pas plus que le caractère « interminable » d’une analyse de l’inconscient ne fait de la psychanalyse une science de chimère :

    « Il y a des sciences auxquelles il a été donné de rester éternellement jeunes. C’est le cas de toutes les disciplines historiques, de toutes celles que le flux éternellement mouvant de la culture alimente sans cesse en nouvelles problématiques. Au cœur de leur tâche sont inscrits en même temps le caractère provisoire de toutes les constructions idéal-typiques et la nécessité inéluctable d’en construire de toujours nouvelles. »

    Fort heureusement pour « l’intérêt » scientifique des recherches menées dans les sciences sociales, l’histoire des sociétés humaines n’offre pas aux chercheurs des données aussi raréfiées que l’historiette romanesque du scorpion, diplômé en économie à Princeton, brillant avocat de l’anticipation rationnelle, mais incapable de l’intuition non-logique – ou d’un rien de psychanalyse – qui lui aurait permis de suspecter la duplicité de ses règles de décision pour anticiper un peu plus « raisonnablement » les risques de son talent de calculateur."

    Jean-Claude Passeron

    https://ress.revues.org/655

  • Former à l’éthique : le pari pascalien du XXIème siècle
    http://blog.educpros.fr/isabelle-barth/2015/12/18/former-a-lethique-le-pari-pascalien-du-xxieme-siecle

    Former des managers éthiques ? Ce beau projet, à y réfléchir, peut ressembler à un pari pascalien ! En effet, si l’on peut être garant de l’intention et de la qualité des formations à l’éthique, il est beaucoup plus difficile d’être affirmatif quant au résultat. L’intervention de Laurent Spanghero à l’EM Strasbourg laisse entrevoir une piste à suivre : laisser la parole à ceux qui ont expérimenté les désastreuses conséquences d’un management contraire à l’éthique.

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    Si on pense l’éthique uniquement de façon réactive, par peur de la sanction ou d’une condamnation en justice, il y a toutes les chances que ce ne soit pas pérenne ou ancré dans les comportements. Compte tenu des faibles interventions de la justice ou du politique en la matière, les dérives sont faciles et peuvent rester impunies pendant des années. Ainsi, les prévenus pour la crise de la vache folle ou pour le scandale de la viande de cheval, n’ont pas été condamnés. L’éthique doit être fondée sur des motivations intrinsèques pour résister à toutes les dérives possibles dans un contexte d’injonction au développement et d’hyperconcurrence.

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    Penser éthique, c’est penser large, sans se limiter à un périmètre d’entreprise, de secteur d’activité, de filière, ou à un territoire donné. C’est ainsi que penser l’éthique alimentaire, c’est s’inscrire dans une réflexion écologique globale.
    La production de viande coûte très chère à la planète (pour produire un kilo de poulet, il faut 1,2 kilos de céréales, pour un kilo de porc, c’est 4,7, pour un kilo de bœuf c’est 10 kilos de céréales). Si dans les pays développés, une prise de conscience a eu lieu et que la consommation de viande a tendance à stagner ces dernières années, elle monte en flèche dans les pays émergents, comme la Chine, car manger de la viande est un signe de richesse . L’éthique alimentaire doit tenir compte de ces grands mouvements démographiques et économiques, tout en respectant les exigences écologiques. C’est de cette vision inclusive qu’est né l’Institut d’Ethique Alimentaire à Strasbourg, pour éclairer les consciences de ces sujets complexes et encore peu connus.

    « Une seule personne a décidé de mettre l’éthique avant l’argent, mais les autres se sont tues. ».
    Cette question de l’Omerta dans les entreprises est lancinante, alors que tous ou beaucoup savent, personne ne lance l’alerte. Pourquoi ? Par peur ? Par résignation ? Par refus de dénoncer ? Les raisons sont complexes mais que ce soit la grande tricherie de Volkswagen, la fraude des implants mammaires PIP, ou la viande de cheval chez Spanghero, beaucoup de salariés étaient au courant et ont choisi de se taire. Laurent Spanghero raconte comment le directeur de production, boucher de son métier avait compris que la viande qu’il désossait n’était pas du bœuf, sans bien savoir ce que c’était. Il n’a pas su dénoncer le trafic et est mort trois semaines après sa découverte d’une crise cardiaque. D’autres ont accepté de modifier les factures ou encore de changer les codes des étiquettes lors de la réception de la marchandise.
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    L’éthique, c’est aussi la résilience et la capacité à se battre. Laurent Spanghero, à 74 ans, a décidé de se reprendre une « entreprise assassinée », plus de clients, plus de fournisseurs, plus de réputation … « Je ne pouvais pas ne rien faire ». Il a mis tout son temps et son argent personnel pour rebâtir une entreprise et sauver une centaine d’emplois, qui sont autant de personnes et de familles. Il explique comment il a dû se battre pour faire repartir une entreprise en état de mort cérébrale : « J’ai appelé tous les grands patrons d’enseigne de la grande distribution et je leur ai dit : les gars, j’ai besoin de vous ! », et certains ont répondu présents.

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    Si Laurent Spanghero a su réagir et a sauvé en partie l’entreprise en recréant La Lauragaise, sur son énergie, ses relations et ses fonds personnels, il a aussi décidé de faire avancer la cause de l’éthique alimentaire. Il a choisi de lancer à 77 ans une nouvelle entreprise Nutrimat qui a pour vocation de produire et commercialiser des pâtes alimentaires de bonne qualité et enrichies de protéines végétales, car à destination du marché des seniors, population extrêmement dénutrie. C’est une première expérience dans un marché extrêmement prometteur mais également fondée sur une réflexion éthique globale. Un regard éthique n’est pas forcément un regard de sanction, il peut être source d’innovation et de créativité.

  • Tout comprendre sur le prix carbone en cinq questions
    Valérie Xandry
    Publié le 16-12-2015
    C’est le grand absent de l’accord de la COP21 adopté samedi et salué comme un événement historique. Retour sur le prix du carbone et ses enjeux.

    http://www.challenges.fr/entreprise/energie/20151214.CHA2727/tout-comprendre-sur-le-prix-carbone-en-cinq-questions.html

    Là aussi il y a deux manières de mettre en place un prix carbone. Tout d’abord en appliquant une taxe sur le prix du pétrole, du gaz ou du charbon pour ajouter le prix du carbone. Avec cette solution ce sont tous les consommateurs d’énergie qui paient le prix carbone. « Le but est d’inciter les gens à changer leurs habitudes » précise Cédric Philibert « mais comme les gens ne peuvent pas changer leurs habitudes d’un coup, on augmente progressivement la taxe. Comme ça ils savent que ça va augmenter et peuvent choisir en conséquence. » Difficulté : tous les gens ne choisissent pas les mêmes modes de consommation pour les mêmes raisons. Se passer d’une voiture paraît plus facile à faire en ville qu’à la campagne. Enfin il faut savoir que la taxe carbone ne sert pas à financer des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique. « Elle peut éventuellement servir à réduire le déficit public ou à baisser la fiscalité dans d’autres domaines » rappelle Cédric Philibert.

    Autre méthode pour mettre en place un prix du carbone : créer un marché du carbone. Dans ce cas, les autorités fixent un plafond pour les émissions de CO2 et distribuent aux entreprises des permis de droits d’émissions en conséquence. A la fin de la période, les entreprises ayant dépassé le plafond devront racheter aux entreprises plus vertueuses des quotas d’émissions. Le prix émerge donc du marché.

    (..)

    A quel niveau le prix carbone est-il efficace ?

    « On estime en général qu’il faut un prix du carbone à 30 euros la tonne avant d’aller vers les 100 euros pour que ce soit efficace » explique Cédric Philibert. En Europe, il existe un marché du carbone mais le prix du carbone tourne autour de 8 euros la tonne. « C’est trop faible : ça ne donne pas les bons signaux aux entreprises » poursuit Cédric Philibert. Un autre problème peut se poser lorsqu’un prix du carbone existe dans une zone géographique et pas dans une autre : les entreprises peuvent alors décider de délocaliser dans les zones où il n’y a pas de prix carbone ou là où il est plus faible. L’option idéale serait donc un prix du carbone mondial. « Une première étape serait déjà d’obtenir que les pays qui subventionnent les énergies fossiles, ce qu’on peut apparenter à un prix du carbone négatif, cessent de le faire » estime Cédric Philibert.

  • Thomas Piketty : « Le tout-sécuritaire ne suffira pas »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/21/le-tout-securitaire-ne-suffira-pas_4814707_3232.html

    Face au #terrorisme, la réponse doit être en partie sécuritaire. Il faut frapper Daech, arrêter ceux qui en sont issus. Mais il faut aussi s’interroger sur les conditions #politiques de ces #violences, sur les #humiliations et les #injustices qui font que ce mouvement bénéficie de soutiens importants au #Moyen-Orient, et suscite aujourd’hui des vocations sanguinaires en #Europe. A terme, le véritable enjeu est la mise en place d’un modèle de développement social et équitable, là-bas et ici.

    C’est une évidence   : le terrorisme se nourrit de la poudrière inégalitaire moyen-orientale, que nous avons largement contribuée à créer. Daech, «  Etat islamique en Irak et au Levant  », est directement issu de la décomposition du régime irakien, et plus généralement de l’effondrement du système de frontières établi dans la région en 1920.

    • Le tout-sécuritaire ne suffira pas | Le blog de Thomas Piketty
      http://piketty.blog.lemonde.fr/2015/11/24/le-tout-securitaire-ne-suffira-pas-2

      Si l’on examine la zone allant de l’Egypte à l’Iran, en passant par la Syrie, l’Irak et la péninsule Arabique, soit environ 300 millions d’habitants, on constate que les monarchies pétrolières regroupent entre 60  % et 70  % du PIB régional, pour à peine 10  % de la population, ce qui en fait la région la plus inégalitaire de la planète.

      Encore faut-il préciser qu’une minorité des habitants des pétromonarchies s’approprient une part disproportionnée de cette manne, alors que de larges groupes (femmes et travailleurs immigrés notamment) sont maintenus dans un semi-esclavage. Et ce sont ces régimes qui sont soutenus militairement et politiquement par les puissances occidentales, trop heureuses de récupérer quelques miettes pour financer leurs clubs de football, ou bien pour leur vendre des armes. Pas étonnant que nos leçons de démocratie et de justice sociale portent peu au sein de la jeunesse moyen-orientale.

      Pour gagner en crédibilité, il faudrait démontrer aux populations qu’on se soucie davantage du développement social et de l’intégration politique de la région que de nos intérêts financiers et de nos relations avec les familles régnantes.

      Déni de démocratie

      Concrètement, l’argent du pétrole doit aller en priorité au développement régional. En 2015, le budget total dont disposent les autorités égyptiennes pour financer l’ensemble du système éducatif de ce pays de près de 90 millions d’habitants est inférieur à 10 milliards de dollars (9,4 milliards d’euros). Quelques centaines de kilomètres plus loin, les revenus pétroliers atteignent les 300 milliards de dollars pour l’Arabie saoudite et ses 30  millions d’habitants, et dépassent les 100 milliards de dollars pour le Qatar et ses 300  000 Qataris. Un modèle de développement aussi inégal ne peut conduire qu’à la catastrophe. Le cautionner est criminel.

      Quant aux grands discours sur la démocratie et les élections, il faudrait cesser de les tenir uniquement quand les résultats nous arrangent. En 2012, en Egypte, Mohamed Morsi avait été élu président dans une élection à la régulière, ce qui n’est pas banal dans l’histoire électorale arabe. Dès 2013, il était expulsé du pouvoir par les militaires, qui ont aussitôt exécuté des milliers de Frères musulmans, dont l’action sociale a pourtant souvent permis de pallier les ­carences de l’Etat égyptien. Quelques mois plus tard, la France passe l’éponge afin de vendre ses frégates et de s’accaparer une partie des maigres ressources publiques du pays. Espérons que ce déni de démocratie n’aura pas les mêmes conséquences morbides que l’interruption du processus électoral en Algérie en 1992.

      Reste la question  : comment des jeunes qui ont grandi en France peuvent-ils confondre Bagdad et la banlieue parisienne, et chercher à importer ici des conflits qui ont lieu là-bas  ? Rien ne peut excuser cette dérive sanguinaire, machiste et pathétique. Tout juste peut-on noter que le #chômage et la #discrimination professionnelle à l’embauche (particulièrement massive pour les personnes qui ont coché toutes les bonnes cases en termes de diplôme, expérience, etc., comme l’ont montré des travaux récents) ne doivent pas aider. L’Europe, qui avant la crise financière parvenait à accueillir un flux migratoire net de 1 million de personnes par an, avec un chômage en baisse, doit relancer son modèle d’intégration et de création d’emplois. C’est l’#austérité qui a conduit à la montée des égoïsmes nationaux et des tensions identitaires. C’est par le développement social et équitable que la haine sera vaincue.