• Social distancing, Luca Paltrinieri
    http://sens-public.org/article1508.html?lang=fr

    Résumé : Lors de l’explosion de la pandémie de coronavirus le premier impératif diffusé à la population a été de recalculer les distances de chacun avec chacun. Bien sur, cette mesure de précaution est censée freiner la propagation du virus, mais que nous dit-elle de l’art politique de la modernité ? Cet article soutien que le geste politique le plus élémentaire est encore et toujours le calcul de la « bonne distance » entre les humains, et entre les humains et les non-humains. Si depuis Hobbes jusqu’aux néoliberaux ce calcul doit permettre le bon fonctionnement de la triade croissance-circulation-patriarcat (c’est-à-dire rien d’autre que la loi du Capital), il est peut-être temps de s’approprier de la question de la distance pour penser l’après-virus. Histoire de quitter le monde du Capital sans aucune nostalgie.

  • « Relocaliser n’est plus une option mais une condition de survie de nos systèmes économiques et sociaux »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/22/relocaliser-n-est-plus-une-option-mais-une-condition-de-survie-de-nos-system

    Pour les économistes Maxime Combes, Geneviève Azam, Thomas Coutrot et le sociologue Christophe Aguiton, « l’histoire n’est pas écrite » et il existe encore des moyens pour faire basculer la mondialisation du côté de la réduction des inégalités, expliquent-ils, dans une tribune au « Monde ».

    « Dans l’industrie pharmaceutique () 80 % des principes actifs des médicaments sont importés de Chine et d’Inde, contre 20 % il y a trente ans ». Photo : Le port de Busan (Corée du Sud) avec des conteneurs. Philippe Turpin / Photononstop

    Tribune
    En moins de deux mois, la pandémie due au coronavirus rebat déjà les cartes de la globalisation économique. L’allongement continu des chaînes d’approvisionnement et de la division internationale du travail depuis plus de trente ans, ainsi que leur fonctionnement à flux tendus, sont désormais perçues comme des sources de danger difficilement supportables et justifiables.

    L’industrie pharmaceutique, qui a délocalisé des pans entiers de son appareil productif au point que 80 % des principes actifs des médicaments sont désormais importés de Chine et d’Inde, contre 20 % il y a trente ans, est citée en exemple des secteurs à relocaliser. Ce terme de « relocalisation » est désormais dans tous les discours, y compris de ceux qui n’ont cessé d’oeuvrer depuis des années à l’approfondissement de la mondialisation néolibérale au nom de l’abaissement des coûts.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’emboîtement de quatre crises met en lumière les limites des marchés »

    Sans pour autant que le contenu même des choix d’investissement et de production ne soit interrogé, ne faut-il ajouter à la compétitivité-coût, qui a guidé les choix des investisseurs depuis des années, que le seul critère de « compétitivité-risque », comme cela est désormais évoqué ? Ou bien faut-il interroger le contenu même de ces productions, de leur mode de financement, de leur impact sur la planète et de la qualité des emplois qu’elles font vivre ?
    Le symptôme d’une mal-organisation du monde

    Les appels à la relocalisation et à la relance de l’économie ne sauraient, en effet, masquer le caractère intrinsèquement insoutenable du système productif mondial : dans son rapport « Global Resources Outlook to 2060 », l’ Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que l’extraction de ressources naturelles devra augmenter de 111% (150% pour les métaux et 135% pour les minéraux) pour alimenter une croissance annuelle mondiale de 2,8% d’ici à 2060. Relocalisé et relancé au nom de formes de protectionnisme revisités, un tel modèle économique n’en reste pas moins insoutenable et non-désirable.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La crise du coronavirus doit amener l’Europe à changer de logiciel économique »

    La crise du coronavirus apparaît, en effet, comme le symptôme d’une mal-organisation du monde qui ne peut que favoriser la prolifération d’événements incontrôlables prenant une dimension de déstabilisation systémique. Sans en être la cause profonde – qui réside dans l’envolée des inégalités et d’une bulle financière gonflée par les Banques centrales depuis dix ans – le coronavirus met le feu à une économie mondiale dramatiquement instable. Qu’en sera-t-il lorsque les dérèglements climatiques et l’effondrement écologique documentés par les scientifiques produiront leur plein effet, c’est-à-dire dès demain, et au plus tard après-demain ?

    Avoir confié aux seuls marchés financiers et entreprises multinationales la majeure partie de l’économie et de son financement, faisant de la seule rentabilité financière à court terme le critère de décision majeur, joue comme un facteur d’aggravation et d’emballement dans des situations défavorables telles qu’une crise sanitaire. Outre, une fragilité financière décuplée, le dumping social, écologique, fiscal tel qu’il a été organisé par trois décennies d’accords de libéralisation du commerce et de l’investissement, a clairement réduit les capacités de résistance et de résilience de nos systèmes économiques et sociaux mais également, on le voit, sanitaires.
    L’exigence d’une relocalisation des activités

    Tout comme les réponses à apporter aux dérèglements climatiques, les mesures sanitaires, économiques et sociales pour faire face à la pandémie du coronavirus devraient être à solidarité internationale obligatoire. On constate, au contraire, une prolifération de mesures nationales, pour ne pas dire nationalistes souvent contradictoires entre elles, consistant à organiser la compétition pour l’accès aux matériels médicaux (masques, tests de dépistage, machines respiratoires) et à pointer le danger que représentent le voisin chinois ou italien ou les réponses apportées par les autres pays.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mireille Delmas-Marty : « Profitons de la pandémie pour faire la paix avec la Terre »

    L’exigence d’une relocalisation des activités pour réduire notre empreinte écologique et générer des emplois pérennes et de qualité, en faisant jouer la coopération et la solidarité internationale, devrait guider les choix structurels à prendre dans les semaines à venir. Relocaliser n’est plus une option mais une condition de survie de nos systèmes économiques et sociaux, mais aussi des populations. Il est temps de faire décroître les flux de capitaux et de marchandises et de réduire la place des secteurs toxiques pour la biosphère (énergies fossiles, chimie et agro-industrie, électronique, etc).

    Oublier l’un des termes de l’équation reviendrait à aggraver l’une ou l’autre des sources de déstabilisation mondiale actuellement à l’oeuvre : urgence écologique, migrations, guerres et tensions géopolitiques, montée des autoritarismes, ralentissement du commerce mondial, endettements et marchés financiers hors contrôle, crises sanitaires, sont autant de dimensions interdépendantes de la mondialisation auxquelles il faut essayer de répondre conjointement.
    Les indispensables régulations publiques

    Les forces anti-incendies le savent : quand le feu se déploie, il faut à la fois lutter sans relâche pour en limiter la propagation, mais aussi, et en même temps, s’assurer qu’il ne puisse pas reprendre, attisé par des foyers secondaires et des causes externes défavorables. Alors que les lobbys bancaires n’ont cessé de rogner les dispositifs prudentiels déjà insuffisants mis en place après la crise de 2008, ils profitent de la crise actuelle pour relancer leur travail de sape. Ce sont pourtant les régulations publiques qui permettent de naviguer par gros temps qui devraient être renforcées.

    L’histoire n’est pas écrite. Elle regorge de moments où des événements imprévus, des guerres, des chocs politiques ou des mouvements sociaux ont accéléré des processus en cours ou permis des bascules imprévisibles. Il est de notre responsabilité collective de faire basculer le monde du côté de la solidarité, de la soutenabilité, de la réduction des inégalités, en deux mots vers un monde vivable et désirable. Il faudra pour cela que nos sociétés retirent le pouvoir des mains des barons des affaires, des illuminés de la technoscience et de leurs représentants politiques.

    Les signataires : Maxime Combes, Geneviève Azam, Thomas Coutrot économistes et Christophe Aguiton sociologue et tous membres d’Attac France.

    #Coronavirus #Transition_écologique #Relocalisation

  • « Dans un monde aussi brutal, la #convivialité est un combat »
    Par Geneviève Azam
    Publié le 13 mars 2020 à 14h00 - Mis à jour le 13 mars 2020 à 14h58
    Lecture 3 min.
    #collapsologie

    L’économiste Geneviève Azam observe, dans une tribune au « Monde », que le refus de l’#effondrement du monde conduit la société à se « reformer » autour d’expériences concrètes de #cohésion_sociale.
    Le monde semble vaciller. Les alertes s’accumulent : inégalités insupportables, dépendance à des systèmes techniques incontrôlés, #accélération du chaos climatique et de l’extinction du vivant, déracinement de millions de personnes sans terre pour les accueillir, pollutions, système financier au bord de l’implosion, et désormais épidémie : la liste est longue des menaces qui sapent la confiance dans un avenir, même tout proche. Nous ne vivons pas une crise passagère, offrant une sortie moyennant quelques mesures correctrices pour revenir à la « normale ». Nous sommes confrontés à des irréversibilités et à une accélération hors norme, illustrées tout particulièrement par les #catastrophes écologiques. Nous vivons le temps d’effondrements.

    « Fabrique du diable »

    L’effondrement est aussi politique. Depuis plusieurs décennies, les Etats ont sacrifié la sphère publique, les communs, et ont fait des sociétés un « appendice » du marché et de l’économie, selon l’expression de Karl Polanyi, dans son ouvrage La Grande Transformation, publié en 1944 (Gallimard, 1983). L’économiste faisait alors du grand marché « autorégulateur » une « fabrique du diable » et une des causes des fascismes des années 1930. Avec le néolibéralisme, cette fabrique s’est élargie, et se trouve en surchauffe. A force de devoir s’adapter aux lois de la concurrence, la vie, sous toutes ses formes, humaines et autres qu’humaines, est menacée. Non plus à l’échelle géologique mais à l’échelle historique. L’histoire, pensée dans la modernité comme fabriquée par des humains souverains, nous échappe en partie. La Terre et le vivant ripostent. Nous avons en effet déclenché des événements non maîtrisables et qui s’auto-entretiennent. Le récit néolibéral d’optimisation de la vie et de la santé s’effondre lui aussi.

    Lire aussi : Savants ou militants ? Le dilemme des chercheurs face à la crise écologique
    Le capitalisme global répond à ces événements par une bio-politique, déjà percée à jour par Michel Foucault : l’adaptation des populations prend la forme de fichages, traçages, sélections, confinements, murs et camps de rétention, surveillance et répression. Elle est désormais pratiquée de manière plus « rationnelle » et industrielle avec l’appui de « l’intelligence » artificielle et des algorithmes.

    LES COMMUNAUTÉS DES RONDS-POINTS, CES NON-LIEUX D’UNE VIE CONDAMNÉE À CIRCULER SANS S’ATTACHER, SURGISSENT DU DÉSASTRE
    Pourtant, la créativité humaine échappe aux contrôles. L’imaginaire des effondrements est aussi un dérangement qui, loin de pétrifier la pensée et l’action, semble bien au contraire les libérer de l’attente progressiste d’un futur qui exile de la présence au monde. Il donne la mesure des enjeux et éloigne des illusions d’une transition par étapes successives, d’une « sortie de crise » dans un temps linéaire et réversible. Il anime les générations futures, dont la présence désormais concrète et les engagements redonnent sens à l’idée de faire monde et protège d’attentes apocalyptiques qui, elles, se nourrissent de la perte de sens. Habiter le monde, habiter la Terre, reconquérir les territoires perdus, vidés, détruits ou enlaidis s’incarnent dans de multiples expériences. Expériences concrètes de convivialité nées au sein de communautés terrestres, incluant humains et autres qu’humains, se confrontant aux oligarchies prédatrices et hors-sol.

    Lire aussi : « La recherche publique ne doit plus servir à détruire la planète »
    C’est en refusant la gestion des catastrophes, appelée désormais « réformes », que la société défaite se « reforme », que s’inventent d’autres manières de vivre. Les communautés des ronds-points, ces non-lieux d’une vie condamnée à circuler sans s’attacher, surgissent du désastre. La convivialité retrouvée au sein du vivant se nomme agroécologie, agroforesterie, permaculture, circuits courts de production et de consommation, coopération dans le travail, solidarité sociale, sobriété et partage, accueil des migrants, occupation de terres, techniques conviviales ou low tech. La société se reforme en destituant les institutions du consumérisme et de la société ubérisée. Ce sont des expériences de « joie pure et sans mélange », comme les grèves ainsi qualifiées par Simone Weil lors des manifestations des métallurgistes en 1936.

    Lire aussi : L’appel de 1 000 scientifiques : « Face à la crise écologique, la rébellion est nécessaire »
    Au lieu de l’accélération qui supprime tous les attachements, le temps retrouvé s’accorde au rythme du vivant saccagé par la cadence du monde industriel. La convivialité prend sens quand des avocats en grève se regroupent pour faire appliquer le droit et la justice, quand des enseignants refusent la pédagogie algorithmique, quand des cheminots en lutte s’opposent à la déshumanisation de la fermeture des guichets, quand plus de mille scientifiques appellent à la désobéissance, quand l’échelon de la commune devient à nouveau un enjeu politique face à une métropolisation imposée. Dans un monde aussi brutal, la convivialité est un combat.

    Geneviève #Azam est économiste, essayiste, membre du comité scientifique d’Attac et signataire du Second Manifeste convivialiste (Actes Sud, 144 pages, 9,80 euros).

  • Eurogroupe : la « boîte noire » de l’Europe sur écoute | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/130320/eurogroupe-la-boite-noire-de-l-europe-sur-ecoute?onglet=full

    La quinzaine d’heures d’enregistrement qu’a décidé de publier l’ancien ministre des finances grec ce vendredi 13 mars, et que Mediapart a pu écouter en exclusivité (lire sous l’onglet Boîte noire), constitue une plongée fascinante dans la principale « boîte noire » de l’Europe. Une enceinte d’ordinaire fermée à triple tour, loin des regards comme des oreilles, des citoyens européens.

    Après l’élection de Syriza en janvier, Varoufákis a participé à 13 réunions, de février à juillet. Il s’est décidé à enregistrer les discussions, à partir de la quatrième, le 24 février. Ce vendredi, il met en ligne ce qu’il décrit comme l’intégralité des échanges des dix réunions, dont la plupart se sont tenues à Bruxelles (mais l’un des Eurogroupe clés, le 24 avril 2015, s’est déroulé à Riga, capitale de la Lettonie, qui présidait à l’époque l’UE pour six mois).

    L’économiste grec s’en explique dans un entretien à Mediapart, où il répond aux accusations de Pierre Moscovici qui, lui, parle de « méthodes de voyou ». Varoufákis, désormais député au parlement grec, joue gros avec ces « euro-leaks ». Malgré le succès critique de son livre de mémoires (Conversations entre adultes, éditions Les Liens qui libèrent, 2017), adapté l’an dernier au cinéma par Costa-Gavras, deux récits continuent de s’opposer sur les six mois des négociations de Syriza à Bruxelles.

    Dans les institutions de l’UE comme au sein de Syriza (désormais dans l’opposition à Athènes), l’échec des pourparlers serait d’abord lié à la personnalité de Varoufákis, narcissique, volcanique et rétif au conflit, à son incapacité à avoir formulé des propositions raisonnables. Un mensonge, selon l’intéressé qui espère, avec ces enregistrements, réduire en poussière ce récit. À ses yeux, lui n’a cessé de construire des ponts avec Berlin, de faire des concessions, d’avancer d’innombrables propositions, qui ont été rejetées une à une, sans même être discutées sur le fond : preuve d’un dysfonctionnement démocratique qui tuera l’Europe si elle ne se réforme pas à court terme.

    L’illustration la plus éclatante remonte au 18 juin 2015. À Varoufákis, qui vient d’exposer, pendant de longues minutes, une nouvelle proposition du camp grec – un frein « dur » au déficit, pour donner des gages à Berlin –, le président Dijsselbloem répond : « N’importe quelle nouvelle proposition doit être étudiée par les institutions. Il ne revient pas à l’Eurogroupe de l’examiner. »

    Ce jour-là, il n’y a que Michel Sapin qui monte au créneau pour s’opposer discrètement à Dijsselbloem : « Je souhaite que l’Eurogroupe, qui n’est pas un lieu technique mais un lieu politique, puisse apporter sa contribution, donner son avis – même si les décisions doivent être prises au plus haut niveau [entre chefs d’État et de gouvernement – ndlr]. » Mais sa position n’a aucun écho dans la salle. Varoufákis en prend note, en fin de réunion, à la fois dépité et vexé : « J’ai formulé ce qui peut être considéré comme une proposition majeure. […] Je suis très surpris de voir qu’il n’y a eu aucun débat sur le sujet. »

    À l’Eurogroupe, ce qui peut s’apparenter à des débats économiques de fond est évacué. La langue technocratique semble avoir pris le dessus sur les discussions politiques. Il n’y a jamais de travaux d’économistes cités sur la crise grecque, pourtant innombrables à l’époque. Jamais de doutes, d’hésitations ou d’autocritiques, dans un camp comme dans l’autre. Il faut se réfugier derrière un langage technique pour être jugé crédible. Ce qui fait dire à Varoufákis, dans son livre de 2017, que l’Eurogroupe est un « rituel qui montre à quel point la Troïka et ses usages ont fait main basse sur la gouvernance de l’Europe continentale » (p. 237). Difficile de le contredire sur ce point.

    Le malaise démocratique se manifeste, de manière plus éclatante encore, lors de l’Eurogroupe chahuté du 27 juin. C’est l’un des épisodes phare du triste feuilleton qui se joue à huis clos. Les ministres viennent d’apprendre quelques heures plus tôt la tenue d’un référendum, prévu le 5 juillet, sur les propositions des Européens. Ils pressent les Grecs de questions. Le gouvernement Tsípras va-t-il appeler à voter oui ou non ? Et en cas de rejet des propositions, la Grèce sortira-t-elle mécaniquement de la zone euro ? Le brouillard est dense.

    Surtout, c’est un concert de reproches à l’égard de la Grèce, qui a osé consulter sa population : « Une décision tactiquement erronée » (Irlande), « ce n’est pas ainsi que l’on trouvera une solution » (Allemagne), « une surprise très désagréable » (Finlande), « de la mise en scène plus que du fond » (Slovaquie)… Christine Lagarde se dit « sous le choc » tandis que l’Italien Padoan s’interroge sur la capacité des Grecs à se positionner, non sans une forme de mépris, sur des sujets aussi techniques : « Puis-je vous demander si vous allez décrire tout cela mesure par mesure […] au peuple grec ? »

    Certains semblent sincèrement inquiets de voir les discussions dérailler alors qu’ils avaient l’impression qu’Athènes était sur le point de lâcher, qu’un accord était imminent. D’autres sont fondamentalement allergiques à cette consultation démocratique qui leur semble hors sujet. « Vous ne faites plus seulement les titres de une dans mon pays [la Lituanie – ndlr]. Vous figurez aussi sur celles des dernières pages, celles des caricatures », tacle un ministre à l’adresse de Varoufákis.

    La séance se clôture sur un geste inédit : l’exclusion de Varoufákis. Une deuxième réunion de l’Eurogroupe se tient dans la foulée, dans le but de protéger « l’intégrité de la zone euro », sans le ministère grec. Varoufákis avait tenté d’empêcher la manœuvre, en séance (« J’ai une question technique à vous poser. N’est-il pas nécessaire que les communiqués de l’Eurogroupe soient adoptés à l’unanimité ? », avait-il demandé au président). Mais Dijsselbloem l’avait bloqué, s’appuyant sur la zone grise qu’est l’Eurogroupe.

    Les participants joints par Mediapart et Der Spiegel, Yanis Varoufákis compris, soulignent tous que ces enregistrements ne constituent qu’une partie de l’histoire de la crise grecque de 2015. Beaucoup s’est joué ailleurs, avant, après, dans les couloirs, au téléphone, durant les pauses. Et surtout, en parallèle, avec Aléxis Tsípras et ses conseillers qui ont progressivement mené leurs propres négociations, concurrentes de celles de Varoufákis dans l’Eurogroupe. Le récit de ces six mois grecs, qui n’ont pas permis de faire exister de politiques alternatives au cœur de l’Europe, raconte aussi cela : le lent décrochage d’un ministre outsider jusqu’à son départ début juillet – une éviction selon les uns, une démission selon les autres.

    #Europe #Yanis_Varoufakis #Eurogroupe #Finance

  • La pandémie de Covid-19 va-t-elle mettre fin à trois décennies d’austérité imposée à l’hôpital ?
    https://www.bastamag.net/Coronavirus-Covid19-austerite-hopital-reduction-depenses-publiques-histori

    Le gouvernement Macron n’est pas le seul responsable de la situation d’abandon de l’hôpital public. Trente ans de politiques de réduction des dépenses l’ont mis à genoux, malgré les alertes des personnels soignants. « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché », a déclaré Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée du 12 mars. « La #Santé_n'a pas de prix. Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour (...) #Décrypter

    / A la une, Quel avenir pour nos #Protections_sociales ?, Santé , #Services_publics, Protections (...)

    #Quel_avenir_pour_nos_protections_sociales_ ?

  • Femmes « gilets jaunes » en première ligne | Olivier Fillieule
    https://www.monde-diplomatique.fr/mav/168/FILLIEULE/61023

    La « France des revenus modestes » a souvent le visage d’une employée à temps partiel. C’est ce qu’ont rappelé des milliers de femmes en endossant une veste fluorescente l’hiver dernier. À contre-courant des mécanismes qui les tiennent à distance des responsabilités dans les organisations politiques et syndicales, les femmes « gilets jaunes » se sont illustrées par leur rôle moteur dans les actions de protestation. Source : Le Monde diplomatique

  • De l’#effondrement à la #résilience : une mise en accusation inédite menée par les urbanistes de demain

    Dans le cadre d’un #atelier inter-masters, des étudiants de l’IUGA ont planché sur la fragilité de nos modèles de développement et la construction d’une stratégie de résilience territoriale. Les conclusions de cet atelier ont pris la forme d’un #procès_fictif, qui s’est tenu le 24 janvier 2020 à l’ancien palais de justice de Grenoble.

    https://www.aurg.fr/article/130/2205-de-l-effondrement-a-la-resilience-une-mise-en-accusation-inedite-menee-par

    –-> C’est un atelier qu’on a mené à Grenoble pendant le semestre d’automne 2019. Avec une collègue j’ai moi-même dirigé un des trois ateliers, celui sur l’hospitalité...

    L’atelier a commencé avec un #transect...


    ... et s’est terminé avec un faux-#procès :

    Vidéo du faux-procès :
    https://www.youtube.com/watch?v=qHoCwDR_3Nw&feature=youtu.be

    #enseignement

  • La rédaction quitte les Cahiers du cinéma (communiqué)
    https://www.acrimed.org/La-redaction-quitte-les-Cahiers-du-cinema

    La rédaction a décidé de quitter les Cahiers du cinéma. Les journalistes salariés prennent la clause de cession, clause de conscience protégeant le droit du journaliste lors du changement de propriétaire d’un titre.

    Le nouvel actionnariat est composé notamment de huit producteurs, ce qui pose un problème de conflit d’intérêts immédiat dans une revue critique. Quels que soient les articles publiés sur les films de ces producteurs, ils seraient suspects de complaisance.

    La charte d’indépendance annoncée d’abord par les actionnaires a déjà été contredite par les annonces brutales dans la presse. Il nous a été communiqué que la revue devait « se recentrer sur le cinéma français ». La nomination au poste de directrice générale de la déléguée générale de la SRF (Société des Réalisateurs de Films), Julie Lethiphu, ajoute aux craintes d’une influence du milieu du cinéma français.

    Il nous a été communiqué que la revue deviendrait « conviviale » et « chic ». Or les Cahiers du cinéma n’ont jamais été ni l’un ni l’autre, contrairement à ce que prétendent les actionnaires. Les Cahiers ont toujours été une revue critique engagée, prenant des positions claires. L’article le plus célèbre de la revue est celui de François Truffaut, « Une certaine tendance du cinéma français » (1954), fustigeant la bourgeoisie d’une partie du cinéma français. Ce serait dénaturer les Cahiers que d’en faire une vitrine clinquante ou une plateforme de promotion du cinéma d’auteur français.

    Le nouvel actionnariat se compose également d’hommes d’affaires proches du pouvoir. Les Cahiers du cinéma ont pris parti contre le traitement médiatique des gilets jaunes, contre les réformes touchant l’université (Parcoursup) et la culture (le pass Culture) et mis en question à son arrivée la légitimité du ministre de la Culture, qui s’est d’ailleurs félicité publiquement du rachat de cette entreprise privée. Là aussi les actionnaires ont des intérêts qui nous interrogent.

    Enfin, à l’heure où toute la presse a été rachetée par les grands des télécoms, et les patrons de Meetic, de Free, de BFM jouent aux business angels, nous refusons cette concentration dans les mains des mêmes de titres jadis libres.

    La rédaction des Cahiers du Cinéma
    (27/02/20)

    (signalé par @lefayot sur un autre rézosocio)