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« … en deçà d’un monde qui ne sait plus nourrir que son propre cancer, retrouver les chances inconnues de la fureur » (André Breton)

  • Elon Musk à l’Elysée : peut-on encore recevoir le patron de Twitter comme n’importe quel patron ?
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/05/16/elon-musk-a-l-elysee-peut-on-encore-recevoir-le-patron-de-twitter-comme-n-im

    Ça pique, et c’est sacrément bien vu...

    Pour le gouvernement, la venue d’Elon Musk en France était un petit événement. Lundi 15 mai, le patron de Tesla, SpaceX et Twitter était de passage à Paris et Versailles pour Choose France, le désormais rituel grand raout des patrons conviés par le président de la République, Emmanuel Macron. Plusieurs responsables français n’ont pas manqué l’occasion de s’afficher en sa présence : le ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications, Jean-Noël Barrot, a fièrement posé à ses côtés sur son compte Instagram ; Emmanuel Macron a, lui, gratifié ses followers d’une photo prise à l’Elysée, où on le voit, souriant et en bras de chemise, devisant avec l’homme d’affaires ; quant au ministre de l’économie, Bruno Le Maire, c’est sur LinkedIn qu’il a posté un selfie avec l’ancien homme le plus riche du monde.

    Le texte qui accompagne cette photo vante un « échange constructif » au sujet du « climat », des « véhicules électriques », de « l’intelligence artificielle », de « l’attractivité de la France » et de « l’espace ». Au-delà de ces discussions pourtant, le gouvernement espérait surtout décrocher de la part du patron de Tesla un investissement dans l’Hexagone. C’est raté. Mollement, Elon Musk s’est contenté de se dire « confiant [sur le fait] que Tesla fera des investissements significatifs en France ».

    Mais cet engagement très vague n’est pas le réel problème posé par la venue, la réception et la mise en scène de la présence d’Elon Musk à Choose France. Le chef de l’Etat et les ministres pensaient sans doute s’afficher avec le visionnaire patron de Tesla, qui a contribué à la popularisation des voitures électriques, et de SpaceX, qui a révolutionné l’industrie spatiale. Mais nous sommes en 2023. Nul ne peut plus ignorer qu’Elon Musk est aussi un patron de plus en plus extrême, qui a plongé un réseau social au rôle déjà ambigu sur le débat démocratique dans des abîmes de complotisme et de désinformation.

    C’est aux côtés du héraut de l’extrême droite américaine, qui multiplie les appels du pied au mouvement suprémaciste blanc américain, que Bruno Le Maire s’est ainsi tenu, épaule contre épaule et le téléphone à bout de bras. C’est le patron d’un réseau social ayant, deux jours plus tôt, fait une faveur à l’autocrate Erdogan en censurant son opposition la veille d’une élection, qu’Emmanuel Macron a reçu. C’est avec un patron à la dérive vers un complotisme primaire que Jean-Noël Barrot a mis en scène son échange.
    Haine et désinformation

    Nul besoin d’être un exégète de sa prose pour comprendre qu’Elon Musk n’est pas simplement le patron d’entreprises à succès. Une rapide lecture de ses tweets devrait convaincre n’importe quel responsable politique qu’Elon Musk pourrait davantage relever d’une commission d’enquête parlementaire ou d’un régulateur que d’une invitation à l’Elysée.

    Il n’avait ainsi quitté Emmanuel Macron que depuis quelques heures qu’il reprenait à son compte une des principales obsessions antisémites. Dans un tweet, vu, au 16 mai à 21 heures, plus de 6,2 millions de fois, il prête au financier George Soros la volonté d’« éroder le tissu même de la civilisation ». « Soros déteste l’humanité », poursuit le patron de Twitter, qui ne fait même plus mine de cacher ses idées.

    @krassenstein You assume they are good intentions. They are not. He wants to erode the very fabric of civilization. Soros hates humanity.
    — elonmusk (@Elon Musk)

    Et Elon Musk est loin de s’arrêter là. Il a également appuyé une théorie complotiste remettant en question le caractère néonazi de la dernière tuerie de masse aux Etats-Unis, pourtant perpétrée par un homme arborant un tatouage représentant une croix gammée. Il a accusé notamment le site d’investigation Bellingcat, qui a révélé le profil du tueur, d’être coutumier de psyops (« opérations psychologiques », un terme issu du vocable militaire et à la forte consonance complotiste). Des tweets mensongers qui ont été vus plus de 15 millions de fois.
    Lire aussi la synthèse : Complotistes, homophobes, néonazis… Dix comptes emblématiques de la dérive de Twitter sous Elon Musk

    Elon Musk a aussi multiplié les références, qui font le bonheur de la droite radicale américaine, au « virus de la pensée woke » (responsable, dans un raisonnement qui n’appartient qu’à lui, des difficultés… de la ville de San Francisco) ; il a aligné les marques d’intérêt pour, voire de soutien à, des théories proches du suprémacisme blanc ; il a montré son intérêt à un tweet hostile au soutien américain à l’Ukraine ; il a aussi publié des tweets conspirationnistes sur le Covid-19, mais aussi sur son rival Facebook ou encore sur les médias américains… Et tout cela en seulement une semaine.

    Sauf qu’au-delà de ces sept derniers jours, le fil Twitter d’Elon Musk, c’est aussi l’augmentation « sans précédent » des contenus haineux et le départ d’une bonne partie des équipes responsables de la modération. Un exode qui est allé jusqu’à alarmer l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, que le gouvernement voit en fer de lance de la lutte contre la haine en ligne.
    Lire aussi l’analyse : Article réservé à nos abonnés Sur Twitter, Elon Musk et sa « bulle de filtre » très droitière

    Le Twitter d’Elon Musk, c’est celui qui suspend (avant de les rétablir sous la pression) les comptes de journalistes critiques, qui amnistie une foule de comptes suspendus, permettant le retour de ce que le réseau social a de pire en matière de désinformation et de haine. C’est aussi celui dont les changements des règles de modération concernant le Covid-19 lui ont attiré les vives critiques de nombreux experts en santé publique.

    Depuis des années, ce gouvernement alerte sur les dérives des réseaux sociaux et martèle sa volonté de mieux les encadrer, comme en témoigne son nouveau projet de loi visant à lutter contre « l’insécurité numérique », qui prévoit notamment de mieux lutter contre le harcèlement et l’appel à la haine sur Internet. Cela aurait pu le faire hésiter à se prendre en selfie avec l’un de ses pires représentants, accueilli en grande pompe sous les dorures de Versailles.

    Martin Untersinger

    #Elon_Musk #France #Génuflexions

  • Les écrans : un désastre comportemental, intellectuel & cognitif.

    Une journée (le 6 février) sans téléphone portable, c’est bien (pour les malades que nous sommes).

    Entre 2 et 8 ans un enfant « moyen » consacre aux écrans récréatifs l’équivalent de 7 années scolaires complètes ou 460 jours de vie éveillée (1,25 année), ou encore l’exacte quantité du temps de travail personnel requis pour devenir un solide violoniste.

    Mais il faudrait aussi (365 jours sur 365) la suppression stricte, intégrale, immédiate et en tout lieux (y compris à l’école) des écrans pour tous les enfants de moins de 6 ans. Et la réduction à 30 mn à 1 h (tous usages cumulés) par jour pour tous les moins de 16 ans.

    Michel Desmurget le démontre dans son bouquin : sans quoi les jeunes générations d’aujourd’hui ne donneront que des crétins.

    Quelques extraits tirés au fil de ma lecture :

    « Selon les termes d’une étude récente, « seulement 3 % du temps consacré par les #enfants et #adolescents aux #médias_digitaux est utilisé à la création de contenus » (tenir un blog, écrire des programmes informatiques, créer des vidéos ou autres contenus « artistiques », etc.).

    .. Plus de 80 % des ados et préados déclarent ne « jamais » ou « quasiment jamais » utiliser leurs #outils_numériques pour faire œuvre créative. »

    « Croire que les #digital_natives sont des ténors du bit, c’est prendre ma charrette à pédale pr une roquette interstellaire ; croire que le simple fait de maîtriser une app informatique permet à l’utilisateur de comprendre quoi que ce soit aux éléments physiques & logiciels engagés »

    De « l’effarante débilité de cette triste fiction » des DigitalNatives… comme « un groupe mutant à la fois dynamique, impatient, zappeur, multitâche, créatif, friand d’expérimentations, doué pour le travail collaboratif, etc. Mais qui dit mutant dit différent…

    .. Dès lors, ce qui transparaît implicitement ici, c’est aussi l’image d’une génération précédente misérablement amorphe, lente, patiente, monotâche, dépourvue de #créativité, inapte à l’expérimentation, réfractaire au #travail_collectif, etc.

    .. Drôle de tableau qui, a minima, dessine deux axes de réflexion. Le premier interroge les efforts déployés pour redéfinir positivement toutes sortes d’attributs psychiques dont on sait depuis longtemps qu’ils sont fortement délétères pour la #performance_intellectuelle : #dispersion, #zapping, #multitasking, impulsivité, impatience, etc. Le second questionne l’ubuesque acharnement mis en œuvre pour caricaturer et ringardiser les #générations_prédigitales. »

    « Les changements anatomiques [chez les gamers] dont se gaussent certains médias pourraient très bien poser, non les jalons d’un avenir intellectuel radieux, mais les bases d’un #désastre_comportemental à venir. »

    « les digital natives ou autres membres de je ne sais quelle confrérie des X, Y, Z, lol, zappiens ou C, n’existent pas. L’enfant mutant du numérique, que son aptitude à taquiner le #smartphone aurait transformé en omnipraticien génial des nouvelles technologies les + complexes que #Google Search aurait rendu infiniment plus curieux, agile et compétent que n’importe lequel de ses enseignants prédigitaux ; qui grâce aux jeux vidéo aurait vu son cerveau prendre force et volume ; qui grâce aux filtres de Snapchat ou Instagram aurait élevé sa créativité jusqu’aux + hauts sommets ; etc. ; cet enfant n’est qu’une légende. Il n’est nulle part dans la littérature scientifique. […] Ce qui est extraordinaire, c’est qu’une telle absurdité perdure contre vents et marées, &, en plus, contribue à orienter nos politiques publiques notamment dans le domaine éducatif. Car au-delà de ses aspects folkloriques, ce mythe n’est évidemment pas dénué d’arrière-pensées. Sur le plan domestique, d’abord, il rassure les parents en leur faisant croire que leurs rejetons sont de véritables génies du numérique et de la pensée complexe, même si, dans les faits, ces derniers ne savent utiliser que quelques (coûteuses) applications triviales.

    .. Sur le plan scolaire, ensuite, il permet, pour le plus grand bonheur d’une industrie florissante, de soutenir la numérisation forcenée du système et ce, malgré des performances pour le moins inquiétantes. »

    « Plus globalement, si un observateur ose s’alarmer du temps passé par les enfants devant les écrans de ttes sortes, la triste légion des tartufes conspue sans délai le fâcheux, arguant qu’il s’agit là d’une position « sexiste », représentant fondamentalement « un nouvel outil de #culpabilisation des mères » […] « pr nos néosuffragettes du droit à l’abrutissement, suggérer que les enfants passent bien trop de temps avec leurs écrans signifie juste, en dernière analyse, que « ns n’aimons pas les innovations qui rendent + faciles la vie des mères ».

    « Quand les adultes ont constamment le nez scotché sur leur mobile, les #interactions_précoces essentielles au #développement_de_l’enfant sont altérées. »

    « Une étude vous déplaît, trouvez-la alarmiste, idiote, dogmatique, moralisatrice, exagérée, excessive, biaisée, absurde, culpabilisante ou sexiste. Affirmez vaguement qu’on pourrait trouver d’autres recherches contradictoires tout aussi convaincantes (évidemment sans les citer).

    .. Criez aux heures noires de la prohibition, évoquez la censure, dénoncez les stratégies de la peur, beuglez votre haine de l’oppression culturelle. En désespoir de cause, caricaturez l’auteur, raillez sa #bêtise, faites-le passer pour un #crétin, un demeuré, un réactionnaire un triste sermonnaire ou un sombre élitiste. Tronquez, trompez, truquez. Mais, surtout, ne regardez jamais les faits, ne considérez jamais le cœur du travail discuté. Ce n’est pas si difficile. Avec un peu d’habitude, vous apprendrez aisément à masquer l’absolue vacuité de vos propos sous l’ombrage d’un humanisme paisible et rassurant. Une fois acquises les bases du job, vous parviendrez en quelques mots, avec la dextérité du virtuose illusionniste, à transformer la plus solide recherche en affligeante pitrerie. »

    L’explication de cette limite apparemment arbitraire des 3 ans ? « Cet âge semble constituer le seuil optimal à partir duquel inscrire efficacement dans les neurones des gosses la trace de la grenouille Budweiser, de la virgule Nike, de l’estampille Coca-Cola, du clown McDonald ou du mâle viril forcément fumeur. Selon une enquête du gpe Lagardère Publicité, dès 4 ans, + de 75 % des demandes d’achat émises par les enfants sont consécutives à une exposition publicitaire, pour un taux d’acceptation parental supérieur à 85 %. »

    « En disant, pas de télé avant 3 ans, on affiche sa bonne foi, sa probité et son indépendance. [et] en proscrivant la télé avant 3 ans, ce que l’on exprime vraiment, in fine, c’est l’idée selon laquelle l’exposition devient possible au-delà de cet âge »…

    « Avant 3 ans, petit humain n’est guère intéressant. Ce n’est qu’autour de cet âge qu’il devient une cible publicitaire pertinente et, de ce fait, une potentielle source de revenus pour les opérateurs. Peu importe alors que la télé ampute son développement. »

    « L’#industrie_audiovisuelle ne fut pas longue à réaliser le profit qu’elle pourrait tirer de cette césure. Elle accepta sans états d’âme d’abandonner le secondaire pr préserver l’essentiel. À travers ses relais experts & médiatiques elle opéra alors selon 2 axes complémentaires 1) en soutenant diligemment la condamnation des usages précoces (ce qui ne lui coûtait rien). 2) en se lançant dans une subtile (et efficace) campagne d’attiédissement des restrictions tardives. Ainsi, on ne parla plus d’une à 2 h par jour max, mais d’usages « excessifs ». »

    « La dernière étude en date montre, sans la moindre ambiguïté, que l’usage d’une #tablette « interactive » non seulement ne développe pas, mais altère lourdement le développement de la motricité manuelle fine chez des enfants d’âge préscolaire. »

    « Les recherches montrent que la tablette est, la plupart du temps, pour le jeune enfant, un écran « passif » servant à consommer des contenus audiovisuels dont on nous dit précisément qu’ils sont déconseillés (dessins animés, films, clips, etc.). »

    « Au-delà des variations de protocoles, de populations, d’approches et de méthodologies, le résultat n’a jamais varié : les contenus violents favorisent à court et long terme l’émergence de comportements agressifs chez l’enfant et l’adulte. »

    « Le lien empirique [entre contenus violents et agression] n’est donc plus à démontrer aujourd’hui, quoi qu’en disent les gamers et quelques démago-geeks qui caressent l’industrie du jeu violent dans le sens du poil. »

    « Les médias présentent souvent “les deux côtés” du débat associant violence médiatique et agression en appariant un chercheur avec un expert ou un porte-parole de l’industrie ou même un contradicteur universitaire, ce qui crée une fausse équivalence et la perception erronée que les travaux de recherches et le consensus scientifique font défaut. » Pourtant : « ds le NYT, le secr. géné. de l’Association de #psychologie déclarait que « les preuves sont écrasantes. Les contester revient à contester l’existence de la gravité ».

    Ce qui n’empêche pas « les bons petits soldats du numérique [de continuer], sous couvert d’expertise, à emplir l’espace collectif de leur affligeante #propagande. »

    « Les études qui ont mesuré l’exposition durant la petite enfance (avec ou sans analyse de contenus) ont démontré de manière constante que regarder la télévision est associé à des conséquences développementales négatives. Cela est observé pour l’attention, les performances éducatives, les fonctions exécutives et les productions langagières ». Autrement dit, pour les jeunes enfants, l’impact de la télévision n’est nullement complexe. Il est immuablement néfaste. Point. »

    « Prenez le lien entre #consommation_audiovisuelle précoce et déficits cognitifs tardifs. Même avec la meilleure volonté du monde, il semble diantrement difficile de rejeter l’hypothèse de causalité sachant, par exemple, que : (1) la présence d’une télé dans une maison effondre la fréquence, la durée et la qualité des interactions intrafamiliales ; (2) ces interactions sont fondamentales pour le #développement_cognitif du jeune enfant ; (3) certains outils statistiques reposant sur des protocoles dits « longitudinaux » ont permis d’établir la nature causale du lien observé, chez le jeune enfant, entre l’accroissement du temps d’écrans et l’émergence de retards développementaux. »

    « Il est aujourd’hui solidement établi que les écrans ont, sur la durée et la qualité de nos nuits, un impact profondément délétère. Certaines influences se révèlent relativement directes ; par ex, quand le sommeil est altéré, la mémorisation, les facultés d’apprentissage et le fonctionnement intellectuel diurne sont perturbés, ce qui érode mécaniquement la #performance_scolaire. Certaines influences s’avèrent plus indirectes ; par ex, quand le sommeil est altéré, le système immunitaire est affaibli, l’enfant risque davantage d’être malade et donc absent, ce qui contribue à augmenter les difficultés scolaires. Certaines influences émergent avec retard ; par ex, quand le sommeil est altéré, la maturation cérébrale est affectée, ce qui, à long terme, restreint le potentiel individuel (en particulier cognitif) et donc mécaniquement, le rendement scolaire. […] La plupart des influences sont multiples et il est évident que l’impact négatif des #écrans récréatifs sur la #réussite_scolaire ne repose pas exclusivement sur la détérioration du #sommeil. Ce dernier levier opère ses méfaits en synergie avec d’autres agents dont – nous y reviendrons largement – la baisse du temps consacré aux devoirs ou l’effondrement des #capacités_langagières et attentionnelles. Dans le même temps, cependant, il est clair aussi que l’influence négative des écrans récréatifs sur le sommeil agit bien au-delà du seul champ scolaire. Dormir convenablement se révèle essentiel pour abaisser le risque d’accident, réguler l’humeur et les émotions, sauvegarder la #santé, protéger le cerveau d’un #vieillissement_prématuré, etc. »

    « Ce qui ne s’est pas mis en place durant les âges précoces du développement en termes de langage, de #coordination_motrice, de prérequis mathématiques, d’#habitus_sociaux, de #gestion_émotionnelle, etc., s’avère de + en + coûteux à acquérir au fur et à mesure que le temps passe. »

    Les moins de 2 ans : « Les enfants de moins de deux ans consacrent, en moyenne, chaque jour, une cinquantaine de minutes aux écrans. […] La valeur paraît sans doute raisonnable de prime abord… elle ne l’est pas. Elle représente presque 10 % de la durée de veille de l’#enfant ; et 15 % de son temps « libre », c’est-à-dire du temps disponible une fois que l’on a retiré les activités « contraintes » telles que manger (sept fois par jour en moyenne avant 2 ans), s’habiller, se laver ou changer de couche. […] Cumulées sur 24 mois, ces minutes représentent plus de 600 heures. Cela équivaut à peu près aux trois quarts d’une année de maternelle ; ou, en matière de #langage, à 200 000 énoncés perdus, soit à peu près 850 000 mots non entendus. […] Pour le seul sous-groupe des usagers quotidiens, la moyenne de consommation s’établit à presque 90 mn. Autrement dit, plus d’1/3 des enfants de moins d’1 an ingurgitent 1 h 30 d’écrans par jour — […] principalement dans les milieux socioculturels les moins favorisés. […]

    .. En fonction des groupes étudiés, entre 1 h 30 et 3 h 30 d’usage journalier. Principale raison avancée par les #parents pour expliquer cette incroyable orgie : faire tenir les gamins tranquilles dans les lieux publics (65 %), pendant les courses (70 %) et/ou lors des tâches ménagères (58 %). Chaque jour, près de 90 % des enfants défavorisés regardent la #télévision ; 65 % utilisent des outils mobiles ; 15 % sont exposés à des consoles de jeux vidéo. En 4 ans, la proportion de bambins de - de 12 mois utilisant des écrans mobiles est passée de 40 à 92 %. »

    « La consommation numérique [Du 2-8 ans] : entre 2 et 4 ans, 2 h 45 par jour. […] Sur la dernière décennie, elles ont augmenté de plus de 30 %. Elles représentent quasiment 1/4 du temps normal de veille de l’enfant. Sur une année, leur poids cumulé dépasse allègrement 1 000 h. Cela veut dire qu’entre 2 et 8 ans un enfant « moyen » consacre aux écrans récréatifs l’équivalent de 7 années scolaires complètes ou 460 jours de vie éveillée (1,25 année), ou encore l’exacte quantité du temps de travail personnel requis pour devenir un solide violoniste. »

    « Durant la préadolescence [entre 8 et 12 ans], les enfants voient leur besoin de sommeil diminuer sensiblement. Chaque jour, ils gagnent naturellement entre 1 h 30 et 1 h 45 d’éveil. Cette « conquête », dans sa quasi-totalité, ils l’offrent à leurs babioles numériques.

    .. Ainsi, entre 8 et 12 ans, le temps d’écrans journalier grimpe à presque 4 h 40, contre 3 heures précédemment. […] Cumulé sur 1 an, cela fait 1 700 h, l’équivalent de deux années scolaires ou, si vous préférez, d’un an d’emploi salarié à plein-temps. »

    « Les préados issus de milieux défavorisés consacrent chaque jour presque 2 h de + aux écrans que leurs homologues + privilégiés. Pr sa + gde partie, cet écart provient d’un usage accru d’une part des contenus audiovisuels (+ 1h15) et d’autre part des réseaux sociaux (+ 30 mn). »

    « « Il existe une corrélation négative entre le bien-être socio-émotionnel et le temps consacré aux écrans ». Autrement dit, les préados & ados qui passent le moins de temps dans le monde merveilleux du cyber-divertissement sont aussi ceux qui se portent le mieux ! »

    .. Conclusion : nos gamins peuvent très bien se passer d’écrans ; cette abstinence ne compromet ni leur équilibre émotionnel ni leur intégration sociale. Bien au contraire ! »

    Les ados [13-18 ans] : « La consommation quotidienne de numérique atteint alors 6 h 40. […] Il équivaut à un quart de journée et 40 % du temps normal de veille. Cumulé sur un an, cela représente plus de 2 400 heures, 100 jours, 2,5 années scolaires ou encore la totalité du temps consacré de la sixième à la terminale, pour un élève de filière scientifique, à l’enseignement du français, des mathématiques et des Sciences de la Vie et de la Terre (SVT).

    .. Autrement dit, sur une simple année, les écrans absorbent autant de tps qu’il y a d’heures cumulées d’enseignement du français, des maths et des SVT durant tt le secondaire. Mais cela n’empêche pas les sempiternelles ruminations sur l’emploi du tps trop chargé des écoliers. »

    « Si vs voulez exalter l’exposition de votre progéniture au numérique, assurez-vs que le petit possède en propre smartphone/tablette et équipez sa chambre en tv/console. Cette attention pourrira son sommeil, sa santé et ses résultats scolaires, mais au moins vous aurez la paix. »

    « Pr être pleinement efficace à long terme, le cadre restrictif ne doit pas être perçu comme une punition arbitraire, mais comme une exigence positive. Il est important que l’enfant adhère à la démarche et en intériorise les bénéfices. Quand il demande pourquoi il n’a « pas le droit » alors que ses copains font « ce qu’ils veulent », il faut lui expliquer que les parents de ses copains n’ont peut-être pas suffisamment étudié la question ; lui dire que les écrans ont sur son cerveau, son intelligence, sa concentration, ses résultats scolaires sa santé, etc., des influences lourdement négatives ; et il faut lui préciser pourquoi : moins de sommeil ; moins de temps passé à des activités plus nourrissantes, dont lire, jouer d’un instrument de musique, faire du sport ou parler avec les autres ; moins de temps passé à faire ses devoirs ; etc. Mais tout cela, évidemment, n’est crédible que si l’on n’est pas soi-même constamment le nez sur un écran récréatif.

    .. Au pire, il faut alors essayer d’expliquer à l’enfant que ce qui est mauvais pour lui ne l’est pas forcément pour un adulte, parce que le cerveau de ce dernier est « achevé » alors que celui de l’enfant est encore « en train de se construire ». »

    « ÉTABLIR DES RÈGLES, ÇA MARCHE ! […] Et que se passe-t-il si l’on retire la télé ? Eh bien, même s’il déteste ça, l’enfant va se mettre à lire. Trop beau pour être vrai ? Même pas ! Plusieurs études récentes ont en effet montré que notre brave cerveau supportait très mal le désœuvrement. Il a ainsi été observé, par exemple, que 20 minutes passées à ne rien faire entraînaient un niveau de fatigue mental plus important que 20 minutes passées à réaliser une tâche complexe de manipulation des nombres. Dès lors, plutôt que de s’ennuyer, la majorité des gens préfère sauter sur la première occupation venue même si celle-ci s’avère a priori rébarbative ou, pire, consiste à s’infliger une série de chocs électriques douloureux. Cette puissance prescriptive du vide, la journaliste américaine Susan Maushart l’a observée de première main, le jour où elle a décidé de déconnecter ses trois zombies adolescents169. Privés de leurs gadgets électroniques, nos heureux élus commencèrent par se cabrer avant progressivement, de s’adapter et de se (re)mettre à lire, à jouer du saxo, à sortir le chien sur la plage, à faire la cuisine, à manger en famille, à parler avec maman, à dormir davantage, etc. ; bref, avant de se (re)mettre à vivre. »
    « Si les neurones se voient proposer une « nourriture » inadéquate en qualité et/ou quantité, ils ne peuvent « apprendre » de manière optimale ; et plus la carence s’étire dans le temps, plus elle devient difficile à combler. »

    « Les expériences précoces sont d’une importance primordiale. Cela ne veut pas dire que tt se joue avant 6 ans, comme le claironne abusivement le titre français d’un best-seller américain des années 1970. Mais cela signifie certainement que ce qui se joue entre 0 et 6 ans influence profondément la vie future de l’enfant. Au fond, dire cela, c’est affirmer un truisme. C’est stipuler que l’apprentissage ne sort pas du néant. Il procède de manière graduelle par transformation, combinaison et enrichissement des compétences déjà acquises. Dès lors, fragiliser l’établissement des armatures précoces, notamment durant les « périodes sensibles », c’est compromettre l’ensemble des déploiements tardifs. »

    PAS D’ÉCRAN AVANT (AU MOINS) 6 ANS ! « En 6 ans, au-delà d’un monceau de conventions sociales et abstraction faite des activités « facultatives » comme la danse, le tennis ou le violon, le petit humain apprend à s’asseoir à se tenir debout, à marcher, à courir, à maîtriser ses excrétions, à manger seul, à contrôler et coordonner ses mains (pour dessiner, faire ses lacets ou manipuler les objets), à parler, à penser, à maîtriser les bases de la numération et du code écrit, à discipliner ses déchaînements d’émotions & pulsions, etc. Ds ce contexte, chaque minute compte. […] Cela signifie “juste” qu’il faut le placer ds un environnement incitatif, où la “nourriture” nécessaire est généreusement accessible. Or, les écrans ne font pas partie de cet environnement. […] Plusieurs études, sur lesquelles nous reviendrons également, ont ainsi montré qu’il suffisait, chez le jeune enfant, d’une exposition quotidienne moyenne de 10 à 30 minutes pour provoquer des atteintes significatives dans les domaines sanitaire et intellectuel. […] Ce dont a besoin notre descendance pr bien grandir, ce n’est donc ni d’Apple, ni de Teletubbies ; c d’humain. Elle a besoin de mots, de sourires, de câlins. Elle a besoin d’expérimenter, de mobiliser son corps, de courir, de sauter, de toucher, de manipuler des formes riches. Elle a besoin de dormir, de rêver, de s’ennuyer, de jouer à « faire semblant ». Elle a besoin de regarder le monde qui l’entoure, d’interagir avec d’autres enfants. Elle a besoin d’apprendre à lire, à écrire, à compter, à penser. Au coeur de ce bouillonnement, les écrans sont un courant glaciaire. Non seulement ils volent au développement un temps précieux & posent les fondations des hyperusages ultérieurs, mais en + ils déstructurent nombre d’apprentissages fondamentaux liés, par ex., à l’attention. »

    « En compilant les résultats obtenus, on observe que nombre de problèmes émergent dès la première heure quotidienne. En d’autres termes, pour tous les âges postérieurs à la prime enfance, les écrans récréatifs (de toutes natures : télé, jeux vidéo, tablettes, etc.) ont des impacts nuisibles mesurables dès 60 minutes d’usage journalier. Sont concernés, par exemple, les relations intrafamiliales, la réussite scolaire, la concentration, l’obésité, le sommeil, le développement du système cardio-vasculaire ou l’espérance de vie. […] Au-delà de la prime enfance, toute consommation d’écrans récréatifs supérieure à une heure quotidienne entraîne des préjudices quantitativement détectables et peut donc être considérée comme excessive. »

    De l’importance primordiale, autrement dit, de « maintenir en deçà de 30 (borne prudente) à 60 (borne tolérante) minutes l’exposition quotidienne aux écrans récréatifs des individus de 6 ans et plus.

    .. Précisons […] : un enfant qui ne consommerait aucun écran récréatif les jours d’école et regarderait un dessin animé ou jouerait aux jeux vidéo pendant 90 minutes les mercredis et samedis resterait largement dans les clous… »

    « Les écrans sapent l’intelligence, perturbent le développement du cerveau, abîment la santé, favorisent l’obésité, désagrègent le sommeil, etc. […] À partir de la littérature scientifique disponible, on peut formuler deux recommandations formelles :

    .. (1) pas d’écrans récréatifs avant 6 ans (voire 7 ans si l’on inclut l’année charnière de cours préparatoire) ; (2) au-delà de 6 ans, pas plus de 60 minutes quotidiennes, tous usages cumulés (voire 30 minutes si l’on privilégie une lecture prudente des données disponibles). »

    « Des heures passées principalement à consommer des flux audiovisuels (films, #séries, clips, etc.), à jouer aux jeux vidéo et, pour les plus grands, à palabrer sur les réseaux sociaux à coups de lol, like, tweet, yolo, post et selfies. Des heures arides, dépourvues de fertilité développementale. Des heures anéanties qui ne se rattraperont plus une fois refermées les grandes périodes de plasticité cérébrale propres à l’enfance et à l’adolescence. »

    « La #littérature_scientifique démontre de façon claire et convergente un effet délétère significatif des écrans domestiques sur la réussite scolaire : indépendamment du sexe, de l’âge, du milieu d’origine et/ou des protocoles d’analyses, la durée de consommation se révèle associée de manière négative à la #performance_académique. »

    « Le smartphone (littéralement « téléphone intelligent ») nous suit partout, sans faiblesse ni répit. Il est le graal des suceurs de cerveaux, l’ultime cheval de Troie de notre décérébration. Plus ses applications deviennent « intelligentes », plus elles se substituent à notre réflexion et plus elles nous permettent de devenir idiots. Déjà elles choisissent nos restaurants, trient les informations qui nous sont accessibles, sélectionnent les publicités qui nous sont envoyées, déterminent les routes qu’il nous faut emprunter, proposent des réponses automatiques à certaines de nos interrogations verbales et aux courriels qui nous sont envoyés, domestiquent nos enfants dès le plus jeune âge, etc. Encore un effort et elles finiront par vraiment penser à notre place. »

    « L’impact négatif de l’usage du smartphone s’exprime avec clarté sur la réussite scolaire : plus la consommation augmente, plus les résultats chutent. »

    Y compris en « filières d’excellence. Les études de médecine en offrent une bonne illustration. En France, le concours d’entrée admet, en moyenne, 18 candidats sur 100. À ce niveau d’exigence le smartphone devient rapidement un #handicap insurmontable. Prenez, par exemple, un étudiant non équipé qui se classerait 240e sur 2 000 et réussirait son concours. 2 h quotidiennes de smartphone le conduiraient à une 400e place éliminatoire. »

    Même chose s’agissant des réseaux sociaux : « Là encore, les résultats sont aussi cohérents qu’opiniâtrement négatifs. Plus les élèves (#adolescents et #étudiants principalement) consacrent de temps à ces outils, plus les performances scolaires s’étiolent. »

    Et les usages numériques à l’école : « En pratique, évidemment, personne ne conteste le fait que certains outils numériques peuvent faciliter le travail de l’élève. Ceux qui ont connu les temps anciens de la recherche scientifique, savent mieux que quiconque l’apport “technique” de la récente révolution digitale. Mais, justement, par définition, les outils et logiciels qui nous rendent la vie plus facile retirent de facto au cerveau une partie de ses substrats nourriciers. Plus nous abandonnons à la machine une part importante de nos activités cognitives et moins nos neurones trouvent matière à se structurer, s’organiser et se câbler. Dans ce contexte, il devient essentiel de séparer l’expert et l’apprenant au sens où ce qui est utile au premier peut s’avérer nocif pour le second. »

    « « Malgré des investissements considérables en ordinateurs, connexions internet et logiciels éducatifs, il y a peu de preuves solides montrant qu’un usage accru des ordinateurs par les élèves conduit à de meilleurs scores en #mathématiques et #lecture. » En parcourant le texte, on apprend que, après prise en compte des disparités économiques entre États & du niveau de performance initiale des élèves, “les pays qui ont moins investi dans l’introduction des ordinateurs à l’école ont progressé + vite, en moyenne, que les pays ayant investi davantage”. »

    Des chercheurs « se sont demandés si l’usage de logiciels éducatifs à l’école primaire (lecture, mathématiques) avait un effet sur la performance des élèves. Résultat : bien que tous les enseignants aient été formés à l’utilisation de ces logiciels, de manière satisfaisante selon leurs propres dires, aucune influence positive sur les élèves ne put être détectée. »

    « #Bill_Joy, cofondateur de #Sun_Microsystem et programmeur de génie, concluant comme suit une discussion sur les vertus pédagogiques du numérique : « Tout cela […] ressemble à une gigantesque perte de temps…

    .. Si j’étais en compétition avec les États-Unis, j’adorerais que les étudiants avec lesquels je suis en compétition passent leur temps avec ce genre de merde. »

    « L’introduction du #numérique dans les classes est avant tout une source de distraction pour les élèves. »

    « Dans une recherche réalisée à l’université du Vermont (États-Unis), pour un cours de 1 h 15, le temps volé par les activités distractives atteignait 42 %. »

    « Les résultats se révélèrent sans appel : tout dérivatif numérique (SMS, #réseaux_sociaux, #courriels, etc.) se traduit par une baisse significative du niveau de compréhension et de mémorisation des éléments présentés. »

    « De manière intéressante, une étude comparable avait précédemment montré que l’usage de l’ordinateur se révélait délétère même lorsqu’il servait à accéder à des contenus académiques liés à la leçon en cours. »

    « Bien sûr, ce qui est vrai pour l’#ordinateur l’est aussi pour le smartphone. Ainsi, dans un autre travail représentatif de la littérature existante, les auteurs ont établi que les étudiants qui échangeaient des SMS pendant un cours comprenaient et retenaient moins bien le contenu de ce dernier. Soumis à un test final, ils affichaient 60 % de bonnes réponses, contre 80 % pour les sujets d’un groupe contrôle non distrait. Une étude antérieure avait d’ailleurs indiqué qu’il n’était même pas nécessaire de répondre aux messages reçus pour être perturbé. Il suffit, pour altérer la prise d’information, qu’un #téléphone sonne dans la salle (ou vibre dans notre poche). »

    "Pourquoi une telle frénésie ? Pourquoi une telle ardeur à vouloir digitaliser le système scolaire, depuis la maternelle jusqu’à l’université, alors que les résultats s’affirment aussi peu convaincants ? [… Parce que] « si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement ». C’est exactement ce qui se passe avec l’actuelle numérisation du système scolaire. En effet, alors que les premieres études n’avaient globalement montré aucune influence probante de cette dernière sur la réussite des élèves, les données les plus récentes, issues notamment du #programme_PISA, révèlent un fort impact négatif. Curieusement, rien n’est fait pour stopper ou ralentir le processus, bien au contraire. Il n’existe qu’une explication rationnelle à cette absurdité. Elle est d’ordre économique : en substituant, de manière plus ou moins partielle, le numérique à l’humain il est possible, à terme, d’envisager une belle réduction des coûts d’enseignement. […] "« Le monde ne possède qu’une fraction des enseignants dont il a besoin ». Car le cœur du problème est bien là. Avec la massification de l’enseignement, trouver des professeurs qualifiés se révèle de plus en plus compliqué, surtout si l’on considère les questions de rémunération. Pour résoudre l’équation, difficile d’envisager meilleure solution que la fameuse « révolution numérique ». […] Le « professeur » devient alors une sorte de passe-plat anthropomorphe dont l’activité se résume, pour l’essentiel, à indiquer aux élèves leur programme numérique quotidien tout en s’assurant que nos braves digital natives restent à peu près tranquilles sur leurs sièges. Il est évidemment facile de continuer à nommer « enseignants » de simples « gardes-chiourmes 2.0 », sous-qualifiés et sous-payés ; et ce faisant, d’abaisser les coûts de fonctionnement sans risquer une révolution parentale. […] [en Floride], les autorités administratives se sont révélées incapables de recruter suffisamment d’enseignants pour répondre à une contrainte législative limitant le nombre d’élèves par classe (vingt-cinq au #lycée). Elles ont donc décidé de créer des classes digitales, sans professeurs. Ds ce cadre, les élèves apprennent seuls, face à un ordinateur, avec pour unique support humain un « facilitateur » dont le rôle se limite à régler les petits problèmes techniques et à s’assurer que les élèves travaillent effectivement. Une approche « criminelle » selon un enseignant, mais une approche « nécessaire » aux dires des autorités scolaires. […] 95 % du budget de l’Éducation nationale passe en salaires ! »

    Conclusion :

    1) « Plus les élèves regardent la télévision, plus ils jouent aux jeux vidéo, plus ils utilisent leur smartphone, plus ils sont actifs sur les réseaux sociaux & plus leurs notes s’effondrent. Même l’ordinateur domestique, dont on nous vante sans fin la puissance éducative, n’exerce aucune action positive sur la performance scolaire.

    2) Plus les États investissent dans les « technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement » (les fameuses TICE), plus la performance des élèves chute. En parallèle, plus les élèves passent de temps avec ces technologies et plus leurs notes baissent.

    3) le numérique est avant tout un moyen de résorber l’ampleur des dépenses éducatives. […]

    4) Pour faire passer la pilule et éviter les fureurs parentales, il faut habiller l’affaire d’un élégant verbiage pédagogiste. Il faut transformer le cautère digital en une « révolution éducative », un « tsunami didactique » réalisé, évidemment, aux seuls profits des élèves. Il faut camoufler la paupérisation intellectuelle du corps enseignant et encenser la mutation des vieux dinosaures prédigitaux en pétillants (au choix !) guides, médiateurs, facilitateurs, metteurs en scène ou passeurs de savoir. Il faut masquer l’impact catastrophique de cette « révolution » sur la perpétuation et le creusement des inégalités sociales. Enfin, il faut éluder la réalité des usages essentiellement distractifs que les élèves font de ces outils. »

    « Si l’usage des écrans affecte aussi lourdement la réussite scolaire, c évidemment parce que leur action s’étend bien au-delà de la simple sphère académique. Les notes sont alors le symptôme d’une meurtrissure + large, aveuglément infligée aux piliers cardinaux de notre dévéloppement. Ce qui est ici frappé, c’est l’essence même de l’édifice humain en développement : langage + #concentration + #mémoire + QI + #sociabilité + #contrôle_des_émotions. Une agression silencieuse menée sans états d’âme ni tempérance, pr le profit de qqs-uns au détriment de presque tous. »

    « Le #cerveau_humain s’avère, quel que soit son âge, bien moins sensible à une représentation vidéo qu’à une présence humaine effective. C’est pr cette raison, notamment, que la puissance pédagogique d’un être de chair et d’os surpasse aussi irrévocablement celle de la machine. »

    « Pr favoriser le développement d’un enfant, mieux vaut accorder du tps aux interactions humaines : [...] l’une des méthodes les + efficaces pr améliorer le dév. de l’enfant passe par les interactions de haute qualité entre l’adulte et l’enfant, sans la distraction des écrans. »

    « Le temps total d’interaction volé par 60 mn quotidiennes de télé sur les 12 premières années de vie d’un enfant s’élève à 2 500 heures. Cela représente 156 journées de veille, presque 3 années scolaires et 18 mois d’emploi salarié à temps complet...

    .. Pas vraiment une paille, surtout si l’on rapporte ces données à des consommations non plus de une, mais de 2 ou 3 heures quotidiennes. Et, à ce désastre, il faut encore ajouter l’altération relationnelle engendrée par les expositions d’arrière-plan. »

    « La consommation d’écrans interfère fortement avec le développement du langage. Par ex., chez des enfants de 18 mois, il a été montré que chaque 1/2 h quotidienne supplémentaire passée avec un appareil mobile multipliait par 2,5 la probabilité d’observer des retards de langage. De la même manière, chez des enfants de 24 à 30 mois, il a été rapporté que le risque de #déficit_langagier augmentait proportionnellement à la durée d’exposition télévisuelle. Ainsi, par rapport aux petits consommateurs (moins de 1 heure par jour), les usagers modérés (1 à 2 heures par jour), moyens (2 à 3 heures par jour) et importants (plus de 3 heures par jour) multipliaient leur probabilité de retard dans l’acquisition du langage respectivement par 1,45, 2,75 et 3,05. [...] Le risque de déficit était quadruplé, chez des enfants de 15 à 48 mois, qd la consommation dépassait 2 h quotidiennes. Ce quadruplement se transformait même en sextuplement lorsque ces enfants avaient été initiés aux joies du petit écran avant 12 mois (sans considération de durée). »

    Plus augmente la consommation d’écrans et plus l’#intelligence_langagière diminue. « Notons que le lien alors identifié était comparable, par son ampleur, à l’association observée entre niveau d’intoxication au plomb (un puissant perturbateur endocrinien) et QI verbal [...] si vous détestez [le] marmot de vos horribles voisins & que vous rêvez de lui pourrir la vie [...], inutile de mettre du plomb ds sa gourde. Offrez-lui plutôt une télé/tablette/console de jeux. L’impact cognitif sera tout aussi dévastateur pr un risque judiciaire nul. »

    « Le jour où l’on substituera le numérique à l’humain, ce n’est plus 30 mois (comme actuellement) mais 10 ans qu’il faudra à nos enfants pour atteindre un volume lexical de 750 à 1 000 mots. »

    « Au-delà d’un socle fondamental, oralement construit au cours des premiers âges de la vie, c’est dans les livres et seulement dans les livres que l’enfant va pouvoir enrichir et développer pleinement son langage. »

    .. [...] « Chaque heure quotidienne de jeux vidéo entraînait un affaissement de 30 % du temps passé à lire seul. Des éléments qui expliquent, au moins pour partie, l’impact négatif des écrans récréatifs sur l’acquisition du code écrit ; impact qui compromet lui-même, en retour le déploiement du langage. Tout est alors en place pr que se développe une boucle pernicieuse auto-entretenue : comme il est moins confronté à l’écrit, l’enfant a + de mal à apprendre à lire ; comme il a + de mal à lire, il a tendance à éviter l’écrit et donc à lire moins ; comme il lit moins, ses compétences langagières ne se développent pas au niveau escompté et il a de plus en plus de mal à affronter les attendus de son âge. Remarquable illustration du célèbre "#effet_Matthieu". »

    Attention – « Chaque heure quotidienne passée devant le petit écran lorsque l’enfant était à l’école primaire augmente de presque 50 % la probabilité d’apparition de troubles majeurs de l’attention au collège. Un résultat identique fut rapporté dans un travail subséquent montrant que le fait de passer quotidiennement entre 1 et 3 heures devant la télévision à 14 ans multipliait par 1,4 le risque d’observer des difficultés attentionnelles à 16 ans. Au-delà de 3 heures, on atteignait un quasi-triplement. Des chiffres inquiétants au regard d’un résultat complémentaire montrant que l’existence de troubles de l’attention à 16 ans quadruplait presque le risque d’échec scolaire à 22 ans. »

    Un travail « du service marketing de #Microsoft, curieusement rendu public, [explique] que les capacités d’attention de notre belle humanité n’ont cessé de se dégrader depuis 15 ans [pour atteindre] aujourd’hui un plus bas historique : inférieures à celles du… poisson rouge. Cette altération serait directement liée au développement des technologies numériques. Ainsi, selon les termes du document, "les modes de vie digitaux affectent la capacité à rester concentré sur des périodes de temps prolongées". »

    « Sean Parker, ancien président de Facebook, admettait d’ailleurs que les réseaux sociaux avaient été pensés, en toute lucidité, pour "exploiter une vulnérabilité de la psychologie humaine". Pour notre homme, "le truc qui motive les gens qui ont créé ces réseaux c’est : “Comment consommer le maximum de votre temps et de vos capacités d’attention” ?" Ds ce contexte, pour vous garder captif, "il faut vous libérer un peu de dopamine, de façon suffisamment régulière. D’où le like ou le commentaire que vous recevez sur une photo, une publication. Cela va vous pousser à contribuer de plus en plus et donc à recevoir de plus en plus de commentaires et de likes, etc. C’est une forme de boucle sans fin de jugement par le nombre". Un discours que l’on retrouve quasiment mot pour mot chez Chamath Palihapitiya, ancien vice-président de Facebook (questions de croissance & d’audience). La conclusion de ce cadre repenti (qui déclare se sentir "immensément coupable") est sans appel : "Je peux contrôler ce que font mes enfants, et ils ne sont pas autorisés à utiliser cette merde !" »

    Conclusion – « Les écrans sapent les trois piliers les plus essentiels du développement de l’enfant.
    – 1) les interactions humaines. [...] Pour le développement, l’écran est une fournaise quand l’humain est une forge.

    – 2) le langage. [...] en altérant le volume et la qualité des échanges verbaux précoces. Ensuite, en entravant l’entrée dans le monde de l’écrit.

    – 3) la concentration. [...] Ds qqs dizaines ou centaines de milliers d’années, les choses auront peut-être changé, si notre brillante espèce n’a pas, d’ici là, disparu de la planète. En attendant, c’est à un véritable #saccage_intellectuel que nous sommes en train d’assister. »
    « La liste des champs touchés paraît sans fin : #obésité, #comportement_alimentaire (#anorexie/#boulimie), #tabagisme, #alcoolisme, #toxicomanie, #violence, #sexualité non protégée, dépression, sédentarité, etc. [...] : les écrans sont parmi les pires faiseurs de maladies de notre temps »

    Manque de sommeil : « c’est l’intégrité de l’individu tout entier qui se trouve ébranlée dans ses dimensions cognitives, émotionnelles et sanitaires les plus cardinales. Au fond, le message porté par l’énorme champ de recherches disponible sur le sujet peut se résumer de manière assez simple : un humain (enfant, adolescent ou adulte) qui ne dort pas bien et/ou pas assez ne peut fonctionner correctement. »
    « Le sommeil est la clé de voûte de notre intégrité émotionnelle, sanitaire et cognitive. C’est particulièrement vrai chez l’enfant et l’adolescent, lorsque le corps et le cerveau se développent activement. »

    Il est possible d’améliorer (ou de dégrader) « très significativement [le fonctionnement de l’individu] en allongeant (ou en raccourcissant) de 30 à 60 mn les nuits de notre progéniture. »

    « L’organisme peut se passer d’#Instagram, #Facebook, #Netflix ou GTA ; il ne peut pas se priver d’un sommeil optimal, ou tt du moins pas sans csquences majeures. Perturber une fonction aussi vitale pr satisfaire des distractions à ce point subalternes relève de la folie furieuse. »

    « Aux États-Unis, l’#espérance_de_vie augmenterait de presque un an et demi si la consommation télévisuelle moyenne passait sous la barre des 2 h quotidiennes. Un résultat comparable fut rapporté par une équipe australienne, mais à rebours. Les auteurs montrèrent en effet que la sédentarité télévisuelle amputait de quasiment deux ans l’espérance de vie des habitants de ce pays. Formulé différemment, cela veut dire "[qu’]en moyenne, chaque heure passée à regarder la télévision après 25 ans réduit l’espérance de vie du spectateur de 21,8 mn". En d’autres termes, publicité comprise, chaque épisode de Mad Men, Dr House ou Game of Thrones enlève presque 22 minutes à votre existence. »

    Conclusion | « La consommation d’#écran_récréatif a un impact très négatif sur la santé de nos enfants et adolescents. Trois leviers se révèlent alors particulièrement délétères.
    – 1) les écrans affectent lourdement le sommeil – pilier essentiel, pour ne pas dire vital, du développement.

    – 2) Les écrans augmentent fortement le degré de sédentarité tt en diminuant significativement le niveau d’#activité_physique. Or, pr évoluer de manière optimale et pour rester en bonne santé, l’organisme a besoin d’être abondamment & activement sollicité. Rester assis nous tue !

    – 3) Les contenus dits « à risque » (sexuels, tabagiques, alcooliques, alimentaires, violents, etc.) saturent l’espace numérique. Aucun support n’est épargné. Or, pour l’enfant et l’adolescent, ces contenus sont d’importants prescripteurs de normes (souvent inconsciemment). »

    « Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle. 
    7 règles essentielles :

    1) AVANT 6 ANS, pas d’écrans (du tout)
    2) APRÈS 6 ANS, pas + de 30 mn à 1 h par jour (tout compris)
    3) pas dans la chambre
    4) pas de contenus inadaptés
    5) pas le matin avant l’école
    6) pas le soir avant de dormir
    7) une chose à la fois.

    #éducation_nationale

  • La Chine depuis Mao : face aux pressions impérialistes et aux menaces de guerre

    Texte : https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/la-chine-depuis-mao-face-aux-pressions-imperialistes-et-aux-menaces-

    Vidéo 1/2 https://www.lutte-ouvriere.org/multimedia/exposes-du-cercle-leon-trotsky/la-chine-depuis-mao-face-aux-pressions-imperialistes-et-aux-menaces-

    https://videos.lutte-ouvriere.org/download/video/20230310-clt-chine-partie-1-sd.mp4

    Vidéo 2/2 https://www.lutte-ouvriere.org/multimedia/exposes-du-cercle-leon-trotsky/la-chine-depuis-mao-face-aux-pressions-imperialistes-et-aux-menaces-

    https://videos.lutte-ouvriere.org/download/video/20230310-clt-chine-partie-2-sd.mp4

    Sommaire

    1949 – 1971, la #Chine sous embargo
    - Un siècle d’humiliation
    - La guerre fait changer les maîtres

    La révolution de 1949
    - #Taïwan, une créature de l’impérialisme
    - L’impérialisme met la Chine sous embargo
    - Une aide soviétique… limitée

    1971 – 2011, l’engagement américain
    - 1971, le tournant de la politique américaine
    - La grande amitié sino-américaine
    - Le marché du milliard
    - #Tiananmen, mais les affaires continuent
    - L’État chinois contre la #classe_ouvrière
    - L’atelier du monde impérialiste
    - Un engagement sous pression
    - L’État chinois cherche à garder la main

    2011 à nos jours, le retour de la canonnière
    - Le pivot impérialiste vers l’Asie
    - Les points de friction régionaux
    - Une pression américaine de plus en plus forte
    - La Chine, poussée par ses contradictions internes
    - Puissance militaire et #impérialisme
    - La dynamique à l’œuvre

    #capitalisme

  • The only way to get prices down and wages up: an all-out fight!
    https://www.union-communiste.org/fr/workers-fight-workplace-bulletin-editorials/the-only-way-to-get-prices-down-and-wages-up-an-all-out

    Sunak has caused a minor uproar by suggesting that supermarket bosses might “voluntarily” cap the price of (some) food items. Food price inflation has been above 19% for three months now, with the cost of fresh produce shooting up even more.

    So yes, capping prices, (but compulsorily, not voluntarily!) and more importantly, increasing wages in line with them - would be the only rational thing to do, even within the limits of this profit system... But this government is anything but rational!

    Since 2019, food prices have increased by 25%. So the average household is spending at least £1,000 more on food compared to last year.

    In fact many supermarkets have already “locked” or even cut the prices of some essentials. They had no choice, since the high cost of food has driven away customers, cutting sales by at least 3%.

    Tesco, for example, cut the price of its own-brand pasta and cooking oil in February and it cut the price of milk in April.

    Even so, Sunak does not dare to bring in compulsory price controls. It’s not that the Tories haven’t done it before. In 1973, Tory PM Ted Heath did, when inflation was lower - at 9.1% - but ever-rising after the 1970 oil crisis. It was this event, in fact, which ushered in the permanent state of capitalist economic crisis we have lived under ever since!

    Back then, the government imposed maximum prices for basic food like bread and milk. However to get away with this in front of the capitalist class, it also put a cap on wage rises... And that led to the famous - all out - 1973 miners’ strike, which spread to engineering workers and many other sectors! This brought down the government!

    So no wonder that the mere mention of price caps has sparked strong opposition from Tory MPs. They say this would be interfering with the “free market” and point to the supermarkets’ already low profit margins. Labour shadow Trade Secretary, Nick Thomas-Symonds, agrees. It’s not a “practical” solution, says he - and is “unsuited to the 21st century”, whatever that means!

    Supermarkets are hardly struggling. Tesco posted a £1 billion profit for 2022-23, followed by Asda and Morrisons, with over £800 million each and Sainsbury’s with £327 million. Behind them, three of the biggest food manufacturers - Unilever, Mondelez and Nestle - made a combined profit of £31 billion last year! And beyond that, the four big agribusiness conglomerates that control 90% of the world’s grain supply (Archer-Daniels-Midland, Bunge, Cargill and Louis Dreyfus), increased profits by 255%!

    So, yes, price controls - along with wage rises which are future-proofed and will keep up with prices - are an obvious necessity for the working class. But the only way to achieve this is going to be through a full joint mobilisation - starting with an escalation of action by those already on strike!

  • Patriarcat et capitalisme selon Maria Mies - Floraisons
    https://floraisons.blog/patriarcat-et-capitalisme-selon-maria-mies

    Patriarcat et capitalisme selon Maria Mies est série de podcasts en 13 épisodes, présentée par Gwladys, qui explore en détail le livre Patriarchy and Accumulation on a world scale écrit par Maria Mies et publié pour la première fois en 1986. Ce livre est le premier à présenter de manière claire et articulée comment le patriarcat puis le capitalisme sont ancrés dans l’exploitation de la nature, des femmes et des colonies.

    Tout au long de la série, le podcast est enrichi de lectures et de ressources contemporaines qui illustrent la pertinence durable de la pensée de Maria Mies. En tant que femmes, féministes et écoféministes, c’est un ouvrage-clé pour comprendre le monde dans lequel nous vivons. Une première étape essentielle pour envisager un avenir au-delà de la violence du patriarcat et du capitalisme.

    Le livre Patriarchy and Accumulation on a world scale sera traduit aux Éditions Entremonde, sortie prévue début 2024.

    Épisode 1. Introduction.
    « Quel type de libération permet aux femmes d’être aussi stupides que les hommes ? »

    Pour introduire cette série, le premier épisode répond à trois questions : Pourquoi ce livre jamais traduit en français est si important pour les féministes aujourd’hui et pourquoi mérite-t-il d’être découvert ou redécouvert ? Qui est Maria Mies ? Et quelle est sa démarche lorsqu’elle choisit d’écrire ce livre ?

    https://d3ctxlq1ktw2nl.cloudfront.net/staging/2023-2-19/60d9d4e5-0dbf-3e64-6bc3-5356f7d727f8.mp3

    Épisode 2.
    « Les féministes sont celles qui brisent la conspiration du silence »

    Avant toute chose, Maria Mies souhaite poser le cadre et demande : Qu’est-ce que le féminisme ? Elle évoque le Mouvement de libération des femmes années 1960 auquel elle a pris part et regarde comment ce il a été accueilli dans les pays du Sud global. Elle rappelle comment le féminisme est d’abord une pratique de la lutte contre les violences masculines (féminisme grassroot) – et comment le féminisme institutionnel s’est créé en parallèle, parfois en contradiction avec le mouvement historique. Elle revient aussi sur les principales controverses théoriques et stratégiques des différents courants féministes confrontées aux problèmes du capitalisme et du travail des femmes.

    https://d3ctxlq1ktw2nl.cloudfront.net/staging/2023-2-26/10fbaba3-48e4-a843-6269-34349ebb7caa.mp3

    Épisode 3.
    « La paix dans le patriarcat est une guerre contre les femmes »

    Ce troisième épisode revient sur les premières oppositions entre féministes libérales et féministes de gauche. Maria Mies analyse l’émergence du féminisme culturel qui pose les bases des théories queers.

    L’occasion de rappeler que le mouvement féministe est ancré dans la libération de la parole des femmes sur leurs corps et la violence infligée par les hommes (Body Politics). En interrogeant les positions de Marx et Rosa Luxembourg, Maria Mies montre comment le féminisme s’inscrit dans la lutte pour l’émancipation et la libération des femmes de l’État, de l’Église, du capitalisme et des hommes. Et au cœur de cette structure d’exploitation des femmes : le travail des femmes.

    https://d3ctxlq1ktw2nl.cloudfront.net/staging/2023-3-2/ba5a4970-3c35-d3a4-980f-c359baf0fa31.mp3

    Épisode 4.
    « L’activité des femmes pour porter et élever des enfants doit être comprise comme un travail »

    Est-ce que les femmes et les hommes ont la même nature humaine ? C’est à partir de cette interrogation provocante mais fondamentale que Maria Mies étudie les origines de la division sexuelle du travail et réfute la division nature/culture imposée par les hommes.

    Dans cet épisode, vous découvrirez comment cette division a entraîné des relations de domination et d’exploitation, asymétriques et hiérarchiques entre les hommes et les femmes, les hommes et la nature, l’Homme Blanc et les colonies au nom de la croissance, du progrès et de la civilisation.

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    Épisode 5.
    « L’homme-chasseur est essentiellement un parasite, pas un producteur »

    L’interprétation par des chercheuses féministes de l’archéologie du Paléolithique et du Néolitique met à mal le mythe du chasseur qui nourrit et protège sa famille, thèse plébiscitée par les chercheurs misogynes du XIXe et XXe siècle.

    À partir de cette revisite de la préhistoire puis de l’histoire, Maria Mies étudie comment la domestication des animaux pour l’élevage a accompagné l’exploitation des femmes et de la nature par les hommes. Ce processus va aboutir à la domestication des femmes, ou plus précisément à la « femme au foyerisation » des femmes, concept-clé de la pensée de Maria Mies.

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    Épisode 6.
    « La violence est le mot-clé et la méthode-clé pour établir la domination de l’Homme Nouveau sur les femmes et la nature »

    « Colonisation et Femme au foyerisation » est le nom du 3e chapitre et le sujet des épisodes 6 et 7. Dans ces deux épisodes, Maria Mies articule les processus historiques qui ont permis l’émergence du capitalisme au sein du patriarcat : la mise en exploitation de la nature, la subordination des Européennes, la conquête et la colonisation de nouveaux territoires et peuples.

    L’épisode 6 revient plus particulièrement sur les motivations économiques, scientifiques et idéologiques de la chasse aux sorcières et sa finalité : l’exploitation des femmes par la femme-au-foyerisation.

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    Épisode 7.
    « La famille et la femme-au-foyer sont la colonie du Petit Homme Blanc »

    Deuxième volet du chapitre « Colonisation et femme au foyerisation », l’épisode 7 articule esclavage, colonisation et domestication des femmes.
    Maria Mies éclaire ce processus historique grâce à son analyse féministe et fait ainsi apparaître le concept-clé de femme-au-foyerisation.

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    Épisode 8.
    « Les femmes pauvres du Tiers Monde produisent non pas ce dont elles ont besoin, mais ce que les autres peuvent acheter »

    Dans ce nouveau chapitre intitulé « Femme au foyerisation Internationale », Maria Mies cherche à comprendre la place des femmes dans ce qu’elle appelle la Nouvelle division internationale du travail.
    Pour illustrer de ce nouveau paradigme qui divise les femmes entre consommatrices désirables et consommatrices indésirables (et nous dessert toutes), on fait un détour par Le Ventre des Femmes de Françoise Vergès et l’histoire des stérilisations forcées sur l’Île de la Réunion dans les années 1960 et 1970.

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    Épisode 9.
    « Les hommes sont plus nombreux à dépendre du travail des femmes que les femmes à dépendre du travail des hommes »

    Ce neuvième épisode est consacré au chapitre intitulé « La violence à l’égard des femmes et l’accumulation primitive continue du capital ». Maria Mies y examine la situation des femmes en Inde, pays qu’elle connaît intimement pour y avoir passé une grande partie de sa vie et de sa carrière.

    À travers l’étude des violences qui subissent les femmes dans ce pays, elle démontre que la violence et la coercition sont nécessairement présentes dans toutes les relations de travail des femmes.

    Épisode 10.
    « La famille nucléaire est l’institution par excellence par laquelle le travail des femmes est exploité »

    Maria Mies cherche ici à déterminer si la mise en place des programmes politiques communistes dans les pays dits « libérés » du capitalisme a permis la libération des femmes.

    C’est sa réponse aux critiques émises par les militants qui proposent le communisme comme réponse aux problèmes des relations entre exploitation, oppression des femmes et capitalisme.

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    Épisode 11.
    « Être une femme de la classe moyenne ou une femme au foyer n’est pas un privilège, mais un désastre »

    Alors que s’ouvre le dernier chapitre « Perspective féministe pour une nouvelle société » , Maria Mies tient en premier lieu à clarifier sa position vis à vis du potentiel du mouvement féministe international.

    C’est l’occasion pour nous d’aborder en profondeur un sujet qui divise tout aussi profondément : le féminisme et la notion d’identité de genre. Un sujet qui va nous amener à faire un crochet par un autre livre de Maria Mies, La subsistance une perspective écoféministe, coécrit avec Veronika Bennhold-Thomsen. Publié 11 ans après Patriarchy and accumulation on a world scale, les autrices y questionnent entre autres les enjeux du féminisme post-moderne et ses liens avec le néolibéralisme.

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    Épisode 12.
    « Notre corps sera toujours la base de notre plaisir et de notre bonheur »

    Dans l’épisode 12, Maria Mies s’attaque au grand projet de ce dernier chapitre : ébaucher une perspective féministe d’une nouvelle société. Il faudra d’abord dépasser ce qu’elle appelle les « divisions colonisatrices » tel que nature/culture, esprit/matière etc et réclamer l’autonomie sur nos corps et nos vies. Mais c’est surtout le concept de travail qui doit être radicalement modifié pour aller vers un modèle écologique et féministe qui mettent la satisfaction des besoins humains et non l’alimentation des addictions destructrices, au centre de la vie.

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    #Maris_Mies #patriarcat #capitalisme #féminisme #écoféminisme #audio #podcast

    • Je viens d’écouter l’épisode 11

      Je trouve bien intéressant tout le passage qui parle de l’éducation stéréotypé des femmes de la classe moyenne et de leur plus grande difficulté à reconnaitre l’oppression patriarcal (sexe/violence/quotidien) comme à savoir s’en défendre, notamment collectivement parce qu’elles sont plus autonomes financièrement et de fait plus isolées que les femmes pauvres car ne nécessitant pas d’entraide matérielle, d’où l’appel à ce que les femmes des classes moyennes apprennent et se joignent aux femmes pauvres. Et même si on peut trouver cette analyse critiquable ou ignorant la paupérisation grandissante / difficultés d’accès aux soins pour les femmes pauvres / dépendances financières / facilité d’accès aux réseaux pour les classes moyennes cela résonne assez juste.
      Je pense incidemment aux solidarités féministes et aux rencontres non mixtes au Chiapas qui n’ont pas d’équivalent en Europe.
      Pas mal aussi, d’entrevoir le biais de messagères néolibérales malgré elles via le consumérisme des femmes de classes moyennes ou au foyer vis à vis des autres femmes.
      Cela donne du sens à la première partie, les enjeux du féminisme post-moderne et ses liens avec le néolibéralisme.

  • Le krach qui vient

    Les marchés montrent des signes de fragilité souvent annonciateurs de ralentissement économique… (Les Échos)

    En bourse, les petites valeurs tirent le signal d’alarme / Les grands indices boursiers donnent des signes d’essoufflement. A Paris, le CAC 40 a enregistré en mai sa pire performance mensuelle depuis septembre (-5,2 %). Plus inquiétant, les belles performances des Bourses mondiales ont été tirées par une poignée de mastodontes seulement : les champions du luxe en Europe et ceux de la tech à New York. Les indices boursiers qui suivent les petites et moyennes capitalisations, généralement plus sensibles à la conjoncture économique, sont clairement à la peine. […]

    En fin de semaine dernière, le stratégiste de Bank of America Michael Hartnett a en outre jugé qu’une « bébé bulle » était apparue en mai sur les valeurs liées à l’intelligence artificielle (IA). Les données EPFR montrent que les fonds « tech » ont attiré un record de 8,5 milliards de dollars au cours de la semaine qui s’est achevée le 31 mai.

    Les investissseurs se réfugient vers les actifs plus sûrs / Malgré leur appétit pour l’IA et le rebond des Bourses mondiales depuis le début de l’année, les investisseurs se montrent de plus en plus prudents. Alors qu’ils avaient déversé des centaines de milliards de dollars dans les fonds actions ces trois dernières années, ils ont eu tendance à se retirer ces dernières semaines. Résultat : les flux sur les actions sont nuls depuis le début de l’année, souligne Bank of America. A l’inverse, les fonds monétaires, perçus comme plus sûrs, sont plébiscités. Ils ont collecté plus de 750 milliards de dollars depuis le début de l’année.

    Autre classe d’actifs recherchée : les obligations, en particulier souveraines. Les fonds obligataires ont attiré plus de 150 milliards de dollars en cinq mois. […] Ils sont par ailleurs friands de liquidités, un placement peu rémunérateur mais très sûr, particulièrement apprécié lorsque la situation économique se dégrade.

    L’inversion de la courbe des taux se prolonge / Presque toujours annonciatrice d’une récession, l’inversion de la courbe des taux se prolonge aux Etats-Unis. Cette configuration correspond à une situation dans laquelle les taux courts sont supérieurs aux taux longs. […] Depuis près d’un an (juillet 2022, exactement), les taux à 2 ans ont dépassé les taux à 10 ans aux Etats-Unis. L’écart était supérieur à 1 point de pourcentage en mars dernier. Il est désormais de 80 points de base. « C’est un bon baromètre des anticipations de ralentissement économique et des attentes de baisses futures des taux directeurs des banques centrales », explique Franck Dixmier, directeur des gestions obligataires chez Allianz Global Investors. Son pouvoir prédictif pourrait néanmoins se réaliser moins vite que par le passé. […]

    Les particuliers sont moins enclins à prendre des risques / Les boursicoteurs ont été parmi les soutiens les plus constants des marchés actions ces dernières années. Mais eux aussi montrent des signes de fatigue, estime Vanda Research, un cabinet spécialisé dans le suivi de leur comportement en Bourse. « Après avoir soutenu les actions américaines pendant la majeure partie de l’année dernière, les particuliers ne participent encore que marginalement au dernier rebond des actions », explique Giacomo Pierantoni. Même la frénésie autour de l’intelligence artificielle n’a pas réussi à les faire revenir en masse sur les actions, « un signe supplémentaire de leur prudence actuelle », ajoute-t-il.
    Le manque d’entrain des boursicoteurs pourrait être un signe avant-coureur des difficultés à venir. Le principal risque serait de les voir « capituler » face à une détérioration claire des perspectives de croissance, ce qui correspond dans le jargon boursier à un mouvement de vente panique. Au lieu de faire office d’amortisseur, comme ces dernières années, les particuliers accentueraient alors la pression à la baisse sur les grands indices boursiers.

    Les cours des matières premières s’effondrent / L’envolée des matières premières déclenchée par le conflit russo-ukrainien fait déjà partie du passé. Du nickel aublé en passant par le gaz naturel, les cours de nombreux produits se sont récemment effondrés, après avoir atteint des sommets en 2022. L’indice Bloomberg des principales matières premières a chuté de plus de 10 % depuis le début de l’année, pour atteindre son plus bas niveau depuis 2021.
    Ces données reflètent les inquiétudes des marchés face à la conjoncture économique mondiale actuelle, marquée par la menace de récession et la faiblesse de la reprise chinoise post-Covid.

    La demande en métaux, en particulier, est bien moins vigoureuse qu’escompté. « La reprise en Chine concerne davantage les services que la demande industrielle, ce qui a vraiment eu un impact sur les métaux industriels », indique Rebecca Babin chez CIBC Private Wealth, citée par Bloomberg. Le cours du cuivre, souvent considéré comme le baromètre de l’économie mondiale car il est utilisé dans quasiment toutes les industries, connaît une forte correction. Il affiche une baisse de 11,58 % sur trois mois. Les corrections du nickel (-31 % depuis le début de l’année) et du zinc (-25 %) témoignent également de l’inquiétude des marchés pour la croissance économique mondiale.

  • Tout l’héritage politique du mouvement ouvrier révolutionnaire, incarné successivement par Marx, Engels, Lénine ou Trotsky, toutes les leçons des révolutions ouvrières du passé, résumées en particulier dans le Programme de transition, sont entièrement à réapprendre
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2023/04/02/leconomie-capitaliste-entre-ravin-et-precipice_588676.html

    L’accélération de la crise va pousser des millions de travailleurs, y compris parmi les catégories, techniciens, cadres, longtemps épargnées par la crise, y compris dans les pays riches, à se mobiliser pour défendre leurs conditions d’existence. Ces luttes et ces mobilisations, pour des augmentations de salaire, contre la vie chère, contre le chômage et les licenciements, contre l’austérité imposée à coups de trique, contre les réformes antiouvrières successives, contre la fermeture d’hôpitaux ou d’écoles, contre le retour du service militaire, doivent être autant d’occasions pour que les travailleurs retrouvent une conscience de classe. Cela suppose la présence dans la classe ouvrière de militants communistes, cherchant à s’appuyer sur chaque événement, chaque lutte partielle, et a fortiori sur les mouvements de masse qui éveillent politiquement des dizaines de milliers de personnes, pour faire progresser la conscience de classe. Cela commence par comprendre que les Macron, Le Pen ou Mélenchon, qui portent les attaques ou se posent en alternatives, ne sont que du petit personnel interchangeable au service du capital  ; que la police, la justice, le Parlement, toutes les institutions sont un appareil d’État entièrement conçu pour défendre la propriété privée des moyens de production  ; qu’il n’y a pas d’autre dialogue social que le rapport de force et que le patronat ne fera aucune concession, n’accordera aucun droit, sans que soient menacés ses profits  ; que la bourgeoisie reprend chaque fois de la main gauche le double de ce qu’elle a donné de la main droite  ; que les travailleurs doivent mettre en avant leurs revendications vitales, sans se censurer, et qu’ils doivent se donner les moyens, en mettant en place des organismes sous leur contrôle, de diriger eux-mêmes leurs luttes et leurs affaires, sans s’en remettre aux chefs des syndicats.

    Toutes les luttes partielles ou générales doivent être saisies pour que de nouvelles fractions de travailleurs comprennent que leur classe doit renverser la dictature de la bourgeoisie et prendre la direction de la société, seule voie pour éviter le précipice.

  • Voiture électrique : ils nous parlent de « créations d’emplois » et fanfaronnent... La réalité, c’est un massacre
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2023/05/14/la-voiture-electrique-ses-enjeux-economiques-et-politiques_6

    Selon Les Échos, un demi-million d’emplois seraient menacés en Europe d’ici à 2040 par le passage à l’électrique, car une voiture électrique demande 40 % de main-d’œuvre en moins. Les emplois supprimés sont loin d’être compensés par la création d’usines de batteries, comme à Douvrin dans le Pas-de-Calais, et de moteurs électriques, comme à Trémery en Moselle. D’ailleurs, l’industrie automobile et les équipementiers suppriment massivement des emplois depuis des années, indépendamment de l’électrification. L’usine PSA-Stellantis de Sochaux produisait en 2021 le même nombre de voitures – 265 000 – qu’en 2000. Le nombre de salariés, toutes catégories comprises, a quant à lui fondu, passant en vingt ans de 23 036 emplois à 9 581. Accroissement des rythmes de travail, recours massif à la sous-traitance  : les suppressions d’emplois sont le fruit pourri de l’exploitation capitaliste.

    Les travailleurs n’ont aucune raison d’accepter de voir les emplois et les salaires attaqués au nom de la transition énergétique, face à des patrons de l’automobile gavés de profits et de subventions publiques. Maintenir tous les emplois ne peut se faire qu’en imposant la répartition du travail entre tous sans perte de salaire, en prenant sur les profits. Ceux de Stellantis culminent à 16,8 milliards d’euros pour 2022. Les actionnaires de Stellantis ont empoché 5,7 milliards sous forme de dividendes et de rachats d’actions. Cela représente de quoi payer un salaire de 2 000 euros net, cotisations sociales comprises, à 118 750 salariés. C’est dire que l’argent ne manque pas. Carlos Tavares, qui a gagné pour l’an dernier 23,5 millions d’euros, soit 2 682 euros chaque heure de la journée, nuit comprise, en sait quelque chose.

  • La classe ouvrière, en France comme ailleurs dans le monde, ne s’est toujours pas remise des conséquences de l’échec de la vague révolutionnaire des années 1920 ni des ravages qu’ont faits, dans la conscience, l’éducation et l’organisation du prolétariat, la social-démocratie puis le stalinisme, tous deux passés définitivement du côté de l’ennemi de classe. À l’approche de ce qui pourrait être un nouveau conflit généralisé, engendré par la crise et les contradictions de la société capitaliste, on ne peut que constater que la classe ouvrière actuelle est bien moins préparée sur le plan politique, moral et organisationnel qu’elle ne l’était en 1914. Plus grave, elle n’a toujours pas pu se donner ce qui lui a tant fait défaut pour l’emporter dans les luttes, les guerres et les révolutions du dernier siècle  : des organisations composées de militants communistes révolutionnaires convaincus que seule la classe ouvrière peut transformer la société, des partis aguerris dans la lutte de classe, reconnus comme sa direction par au moins une fraction de la classe ouvrière.

    Pour parcourir ce chemin indispensable, les révolutionnaires conscients doivent d’autant plus s’accrocher à la seule boussole fiable dont ils disposent. Celle, non pas du pacifisme, même peint aux couleurs de la dénonciation verbale du capitalisme, mais celle de Lénine quand, en 1915 à la conférence Zimmerwald, il fixait pour objectif aux révolutionnaires ce qui allait permettre la victoire des bolcheviks en octobre 1917  : transformer «  la guerre impérialiste entre les peuples en une guerre civile des classes opprimées contre leurs oppresseurs, en une guerre pour l’expropriation de la classe des capitalistes, pour la conquête du pouvoir politique par le prolétariat, pour la réalisation du socialisme  ».

    Un siècle a passé sans que ce programme puisse se réaliser à l’échelle mondiale, mais il n’a pas pris une ride.

    Une résurgence du pacifisme  ? | Le mensuel de LO
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2023/05/14/une-resurgence-du-pacifisme_664037.html

    • Contre les idées nationalistes/protectionnistes du PCF et Mélenchon, renouer avec la conscience de classe et l’internationalisme

      [...] Alors que la bourgeoisie a toujours joué du nationalisme et du patriotisme pour embrigader les travailleurs derrière ses intérêts, le mouvement ouvrier révolutionnaire s’est construit sur l’appel de Karl Marx : « Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! ». Que reste-il aujourd’hui de ce capital politique ?

      Prenez Jean-Luc Mélenchon, qui a attiré une grande partie de l’électorat de la gauche dite radicale. Pour montrer que son mouvement n’avait rien à voir avec les idées communistes et internationalistes, il est allé jusqu’à interdire les drapeaux rouges et L’Internationale dans ses rassemblements, n’autorisant que les drapeaux bleu-blanc-rouge et La Marseillaise.

      Il a mis au cœur de son programme la lutte contre l’Union européenne et ses traités. Il a prôné le recentrage de l’économie sur le local, avec une bonne dose de protectionnisme. Pour différencier son protectionnisme de celui de Le Pen, il l’a nommé « solidaire », mais il véhicule la même idée fondamentale : le danger réside dans la concurrence d’autres travailleurs et dans l’ouverture des frontières.

      Ces idées ne sont pas nouvelles. Dès 1914, le Parti socialiste a bazardé l’internationalisme pour embrasser l’esprit cocardier et le drapeau de la bourgeoisie. Le PCF, qui lui avait succédé comme grand parti ouvrier, a ensuite défendu, repris à son compte le chauvinisme, pour le perpétuer jusqu’à aujourd’hui au travers du « produire français » et de la défense de « l’industrie française ». Ces mots d’ordre n’ont plus rien à voir avec les idées de lutte de classe.

      Pendant que les licenciements, les fermetures d’entreprise et le chômage sont mis sur le dos de l’Union européenne et de ses traités, les requins capitalistes peuvent continuer d’agir en toute impunité. Le patronat peut bloquer les salaires, aggraver l’exploitation au travers des réductions des pauses, des hausses de cadences, des réorganisations, du recours aux heures supplémentaires.

      La fortune de Besnier, propriétaire de Lactalis, un patron bien français, a augmenté de façon spectaculaire ces dernières années, pour atteindre 10,5 milliards d’euros, le huitième rang des fortunes du pays. Comment ? En rançonnant les agriculteurs qui produisent le lait. Mais... c’est encore l’Union européenne qui est accusée ! Les grands actionnaires peuvent se frotter les mains : il n’est jamais question de leur rapacité ou de leur irresponsabilité, l’Union européenne leur sert de paravent.

      Que ces idées soient défendues par Le Pen, les souverainistes de droite, les socialistes du genre de Montebourg, Mélenchon ou le PCF, elles font le jeu du patronat, elles brouillent les consciences et affaiblissent le monde du travail.

      Être dans le camp des travailleurs, ce n’est pas opposer les travailleurs des différentes nations les uns aux autres, c’est reconnaître et dénoncer la guerre de classe que la bourgeoisie mène aux exploités, à tous les exploités, quel que soit leur pays.

      Être dans le camp des travailleurs, c’est ne pas faire de différence entre travailleurs. C’est affirmer que les chômeurs français comme les chômeurs étrangers sont tous des chômeurs du capitalisme, des victimes au même titre de la classe capitaliste.

      Être dans le camp des travailleurs, c’est être internationaliste et militer pour diffuser auprès des exploités la conscience d’appartenir à la même classe sociale. Être dans le camp des travailleurs, c’est avoir pour perspective de combattre l’exploitation et renverser le capitalisme. C’est être communiste.

      Des perspectives communistes

      Nous sommes communistes parce que nous combattons l’exploitation de l’homme par l’homme et toutes les formes d’oppression qui en découlent. Nous sommes communistes parce que nous aspirons à une société gérée fraternellement et démocratiquement par la collectivité de ceux qui travaillent et produisent. (…)

      Du rêve, de l’utopie, nous répond-on souvent. Non ! L’utopie est de croire que l’humanité a un avenir dans le cadre du capitalisme. Huit personnes possèdent l’équivalent de la moitié de l’humanité. En France, 21 milliardaires possèdent autant que 25 millions de femmes et d’hommes ! Et c’est cette minorité qui, du haut de son capital, domine et oriente toute l’économie et la société. (…)

      Je le dis aux plus jeunes : Rejetez l’individualisme et le carriérisme. Ne vous accommodez pas des injustices et de la barbarie montante ! N’acceptez pas ceux qui veulent vous ramener en arrière avec les préjugés nationalistes, racistes, les idées mystiques ou les idées rétrogrades, par exemple sur la place des femmes dans la société.

      Tout cela ne disparaîtra que si la société se transforme en profondeur. Que si l’exploitation laisse place à une société libre, où chacun prendra part à la vie sociale tout en choisissant sa vie.

      Alors, rejoignez-nous dans le combat révolutionnaire, pour que les générations futures puissent construire une société de justice, de fraternité, enfin débarrassée des classes sociales et de l’exploitation ! Œuvrez pour transformer la société en liant votre sort à celui du combat des travailleurs !

  • Mai-juin 1940 : Quand la « démocratie » française renforçait la répression contre les antifascistes étrangers | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2010/06/02/mai-juin-1940-quand-la-democratie-francaise-renforcait-la-re

    Aujourd’hui, la responsabilité de l’État français de #Vichy dans les persécutions et les crimes contre les étrangers et les #Juifs de France est officiellement reconnue. Mais pas celle des gouvernement précédents, pas celle des Daladier et Reynaud. Dans les livres d’histoire, les #persécutions contre les Juifs ne commencent que le 3 octobre 1940, date des mesures prises par Pétain contre les Juifs, pas avant. On continue à cacher soigneusement tout ce qui s’est passé avant l’arrivée au pouvoir de #Pétain, avant le 10 juillet 1940.

    #archiveLO 4 juin 2010 #Édouard_Daladier #Paul_Reynaud #répression #antifascisme

  • Aux origines nazies de l’industrie française | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/aux-origines-nazies-de-lindustrie-francaise/00107172

    On connaît l’exemple d’un Ferdinand Porsche et de son fils, deux nazis convaincus, venus aider Renault à se reconstruire, notamment en travaillant sur le nouveau modèle de la 4 CV. Mais ils sont en fait plusieurs milliers d’Allemands à s’être installés en France, et jouer, pour certains d’entre eux, un rôle crucial.

    Hermann Oestrich par exemple, un ingénieur aéronautique qui a, littéralement, tué à la tâche des ouvriers des camps de travail, un nazi engagé donc. Il va apporter ses recherches sur les moteurs d’avion. Une légende disait alors que la France avait traversé la guerre sans que son industrie aéronautique ait souffert, avec simplement des projets mis de côté… mais en fait inopérants.

    C’est grâce notamment à Oestrich que Dassault va prendre du poil de la bête, car le travail du nazi va contribuer au développement des avions français jusqu’au Mirage. On peut aussi évoquer Karl-Heinz Bringer, un spécialiste de la motorisation des fusées. Son travail débouchera sur les moteurs de la fusée Ariane et contribue à assurer une place à l’industrie française du spatial.

    Les scientifiques nazis vont également jouer un rôle important dans le développement de l’offre française d’hélicoptères, de missiles sol-air, de radars, de moteurs de char, etc., bref un peu partout dans l’industrie d’armement.

  • – 3 juin 1990. Arlette Laguiller : "L’économie capitaliste, c’est l’aggravation des inégalités et des injustices"

    – 4 juin 1990. Arlette Laguiller : "Les idées communistes sont les idées de l’avenir"

    #archiveLO (8 juin 1990) #communisme #capitalisme #internationalisme

  • – Allocution d’Arlette Laguiller du 2 juin 1974 : Le programme des révolutionnaires
    – Allocution du 3 juin 1974 : Vive la révolution socialiste mondiale !
    (#archiveLO, 11 juin 1974)

    « Par leurs mœurs et leurs méthodes, bien des révolutionnaires copient et parodient le stalinisme de la pire époque »

    « Permettre à la classe ouvrière d’en finir avec toutes les formes de l’exploitation et de l’oppression »

  • À lire : Le socialisme et les intellectuels, de Paul Lafargue | Les bons caractères https://www.lesbonscaracteres.com/livre/le-socialisme-et-les-intellectuels

    Conférence faite à l’Hôtel des sociétés savantes, le vendredi 23 mars 1900, et parue en feuilleton dans Le Socialiste, du 15 avril au 3 juin 1900.

    Sur marxists.org : https://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1900/06/pl19000603.htm

  • Des chercheurs expliquent dans « Nature » pourquoi la Terre menace de devenir inhabitable – Libération
    https://www.liberation.fr/environnement/climat/des-chercheurs-expliquent-dans-nature-pourquoi-la-terre-menace-de-devenir
    https://www.liberation.fr/resizer/BRr-1LgvmhmYHp7hPp52KcPx7pE=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(1429x2119:1439x2129)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/PLKACTKR55HYZHKDNGMDNETX4M.jpg

    Cette publication s’inscrit dans la longue lignée d’articles scientifiques dédiés aux « limites planétaires ». Théorisée en 2009 par Johan Rockström et plusieurs de ses collègues, la notion englobe neuf paramètres écologiques indispensables à l’équilibre du « système Terre » et, par extension, se rapporte aux seuils limites de perturbation que ces derniers peuvent endurer sans mettre en danger, de manière irréversible, les fondamentaux naturels de la planète. Ces neuf variables, détraquées par l’activité humaine, relèvent des domaines du climat, de la biodiversité, du cycle de l’eau douce, de la couche d’ozone, de l’acidification des océans, des processus biochimiques de l’azote et du phosphore, de l’utilisation des terres, de la charge en aérosols atmosphériques, et enfin de la pollution radioactive ou chimique (plastiques, pesticides, solvants, polluants organiques persistants), nommée « entités nouvelles » dans les publications scientifiques. En 2015, quatre de ces limites planétaires avaient formellement dépassé les seuils de précaution d’après les scientifiques : le climat, l’utilisation des sols, les cycles de l’azote et du phosphore, la biodiversité (avec un rythme d’érosion vertigineux). Depuis, le cycle de l’eau douce et la pollution chimique ont aussi atteint des stades très préoccupants.

    • Et cela me fait penser au fameux concept de « jour du dépassement », Earth Overshoot Day (EOD) pour les anglophones.

      Le jour du dépassement, ou jour du dépassement de la Terre (en anglais : Earth Overshoot Day ou EOD), correspond à la date de l’année, calculée par l’ONG américaine Global Footprint Network, à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources renouvelables que la planète est capable de produire en un an pour régénérer ces consommations ou absorber les déchets produits, dont le CO2. Passé cette date, l’humanité puiserait donc de manière irréversible dans les réserves « non renouvelables » (à échelle de temps humaine) de la Terre et accumulerait les déchets.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Jour_du_d%C3%A9passement

      Ce qui saute aux yeux, c’est que certaines années, la date de l’EOD est postérieure à celle de l’année précédente. La corrélation avec la baisse de l’activité économique (récession, pandémie Covid) semble (trop ?) évidente.

      L’outil de mesure est loin d’être parfait mais on a quand même un « thermomètre » plutôt pertinent. Problème : ça pourrait servir aux « dirigeants » pour prendre des mesures coercitives toujours plus contreproductives afin qu’eux-mêmes puissent préserver leurs privilèges.
      When shit hits the fan ...

  • Nathalie Arthaud, le 29 mai : “Faire revivre une conscience de classe internationaliste” #feteLO2023
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/05/31/le-28-mai-faire-revivre-une-conscience-de-classe-internation

    Un mot caractérise les relations internationales actuelles, c’est le mot « guerre », avec tout ce qu’il implique de souffrances, de morts et d’horreurs. La guerre est le lot habituel et dramatique pour de nombreux pays d’Afrique. Elle a redémarré au Soudan. Le Sahel est gangrené par un état permanent de guerre civile. Il en est de même pour l’Afghanistan, le Pakistan, la Birmanie. Au Moyen-Orient, la colonisation de la Palestine par Israël, avec les réactions de défense qu’elle soulève, pourrait être qualifiée de guerre de Cent Ans. Depuis un an et demi, la guerre ravage aussi l’Ukraine. […]

    Toutes ces guerres se mènent sur fond d’une autre guerre : la guerre de classes. C’est précisément parce que les grands groupes capitalistes se livrent une guerre économique féroce qu’ils s’attaquent partout à la condition ouvrière, aggravent l’exploitation, la précarité, les inégalités et la misère. Des millions de travailleurs de par le monde sont soumis à des situations dignes de l’esclavage. Dès qu’ils tiennent sur leurs deux jambes, des enfants sont mis au travail au Congo, au Bangladesh, en Turquie…

    Près d’un milliard de femmes et d’hommes sont en situation de malnutrition dans le monde, et ce sont tous des femmes et des hommes qui travaillent, récoltent ou vendent ce qu’ils peuvent ! Eux aussi sont victimes de la guerre que mène la classe capitaliste pour ses profits, sa rentabilité, ses cours boursiers, ses sinécures.

    Un des aspects les plus révoltants de cette guerre de classe, c’est la guerre menée à l’échelle de la planète toute entière contre les femmes, les hommes et les enfants qui ont été forcés de quitter leur pays.

    Ce ne sont pas seulement des frontières administratives, des murs, des barbelés, des camps et des prisons qui sont dressés contre ces femmes et ces hommes. Ce sont des marines de guerre, des bataillons de policiers, des forces équipées de moyens militaires : radars, drones, hélicoptères…

    Sous une forme ou sous une autre, la guerre est omniprésente, parce qu’elle est au cœur même du système capitaliste. […] Alors, camarades et amis, il n’y a pas de petit coin de paradis épargné par le système capitaliste. Il n’y a pas d’échappatoire durable à la folie de ce système. Le mieux que nous ayons à faire, c’est de comprendre les causes et les mécanismes qui mènent à ces guerres et c’est de nous donner les moyens d’y faire face pour assurer un avenir à l’humanité.

    "Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l’orage"

    […] Le monde entier est transformé en arène où les grandes puissances rivalisent dans une guerre économique de tous les instants.

    Qui contrôle ou contrôlera, demain, telle ou telle chaîne de production, telle ou telle matière première, tel ou tel procédé de fabrication ? Qui va avoir accès à l’énergie au coût le plus faible ? Qui aura accès à l’eau, aux terres les plus fertiles ? Le pétrole, le gaz, les satellites, les semi-conducteurs, les métaux rares, le numérique… tout est l’objet de rapports de force, de chantages, de rapines et de domination. [...]

    Si les trafiquants de drogue mènent leur guerre économique avec des kalachnikovs, la grande bourgeoisie a beaucoup mieux : elle dispose de son gouvernement et d’un appareil d’État qui peut faire jouer sa puissance diplomatique et, au besoin, son état-major et son armée.

    Voilà pourquoi nous vivons, de nouveau, sous la menace d’une guerre généralisée. Un siècle après la Première Guerre mondiale, quatre-vingts ans après une Deuxième Guerre mondiale ! Voilà pourquoi le combat contre le système capitaliste est en train de devenir une nécessité pour la survie de l’humanité ! […]

    Il n’y a pas de signal indiscutable qui nous indiquerait que les dirigeants du monde capitaliste ont fait le choix de la marche à une nouvelle guerre mondiale. Mais ils marchent sur la corde raide en s’engageant toujours plus aux côtés de l’Ukraine contre la Russie. […]

    Face à cette situation, tous les pays se préparent à la guerre. Ils s’entraînent même déjà, puisque l’Ukraine est devenue le champ de manœuvre sur lequel toutes les grandes puissances testent leurs armes, avec la peau des Ukrainiens et des soldats russes ! Et tous se réarment à marche forcée et passent à une économie de guerre.

    En France, Macron a porté la loi de programmation militaire à 413 milliards d’euros. En deux lois de programmation militaire, ce budget aura doublé en France ! En Allemagne, le gouvernement a débloqué 100 milliards d’euros pour procéder au réarmement du pays. Le Japon, qui a pourtant officiellement renoncé à la guerre selon sa Constitution, va doubler son budget militaire d’ici 2027, sous la pression américaine et parce qu’il est voisin de la Chine. Et, champion du monde toutes catégories, il y a évidemment les États-Unis, avec plus de 800 milliards de dollars chaque année. La Chine, présentée comme l’agresseur et la menace mondiale, arrive loin derrière, avec 300 milliards.

    L’an dernier, à l’échelle du monde, plus de 2 200 milliards de dollars ont été consacrés aux dépenses miliaires. C’est cent fois la somme nécessaire pour électrifier entièrement l’Afrique subsaharienne, cent fois la somme nécessaire pour éradiquer la tuberculose, le sida et le paludisme d’ici à 2030.

    Leur guerre n’est pas la nôtre

    [...] La population ukrainienne est devenue, à son corps défendant, l’instrument et la victime d’une rivalité qui la dépasse. Les villes bombardées et détruites, les familles vivant dans des caves ou au milieu des ruines, les soldats se terrant dans des tranchées boueuses, toutes ces morts et ces souffrances engendrées par l’invasion de l’armée russe ne peuvent laisser indifférent. Et on ne peut que se sentir humainement solidaire de cette population qui endure tant de souffrances depuis plus d’un an.

    Mais, pour que le peuple ukrainien soit sauvé, on ne peut pas s’en remettre aux puissances impérialistes occidentales. Ce n’est pas pour les beaux yeux des Ukrainiens que les États-Unis et l’Union européenne aident aujourd’hui l’Ukraine contre l’invasion de Poutine !

    De l’Algérie à l’Indochine, du Vietnam à l’Irak, du Rwanda à l’Afghanistan, leurs interventions étrangères, même quand elles étaient drapées de considérations humanitaires, ont toujours eu pour but de défendre leurs intérêts, jamais ceux des peuples. Aujourd’hui, au Mali et au Burkina Faso, les troupes françaises ressemblent si peu à des libératrices qu’elles sont rejetées par la population. Et combien de fois l’armée américaine est-elle intervenue au Moyen-Orient ?

    Qu’est-ce qu’ils ont apporté en Irak et en Libye, si ce n’est la destruction et la décomposition de ces deux pays ? Qu’est-ce qu’ils ont apporté en Afghanistan, sinon plus de misère et une immense déception de la part des femmes et de ceux qui avaient placé leurs espoirs dans la puissance américaine ?

    C’est une réalité que Poutine tente d’exploiter en se présentant comme le champion de la lutte anti-impérialiste. Mais il représente la même politique d’oppression et de domination.

    Les Poutine, les Xi Jinping, les Biden, Macron et Cie représentent des camps rivaux. Mais contre les travailleurs et les plus pauvres, ils forment un front uni. Dans la guerre de classe, ils sont tous du côté des capitalistes, des pilleurs et des exploiteurs ; du côté des oligarques, pour ce qui est de Poutine ; du côté des nouveaux capitalistes pour ce qui est de Xi Jinping, et du côté des plus grands financiers de la planète pour ce qui est de Biden. Alors ne nous laissons embrigader ni dans un camp ni dans un autre !

    En 1915, en pleine Première Guerre mondiale, Lénine proposait aux travailleurs de s’adresser ainsi à leurs dirigeants :
    « Vous, les bourgeois, vous faites la guerre pour le pillage ; nous, les ouvriers de tous les pays belligérants, nous vous déclarons la guerre, la guerre pour le socialisme ! »

    Gardons tout cela en tête. Parce que si le capitalisme condamne l’humanité aux guerres, l’humanité, elle, n’est pas condamnée au capitalisme ! Une autre société est possible : une économie débarrassée de la propriété privée, du marché, de la concurrence et de la loi du profit ; une société basée sur la propriété collective des moyens de production et organisée démocratiquement pour répondre aux besoins de tous à l’échelle internationale ; une économie sans rapports d’exploitation entre les hommes, sans rapport de domination entre pays. Alors, les mots de coopération, d’entraide et de solidarité internationale prendront leur véritable signification et il en sera fini de toutes ces guerres fratricides !

    Les opprimés ont montré des dizaines de fois qu’ils n’acceptent pas éternellement de subir. Ils se battent avec les moyens qu’ils trouvent, mais ils ne cessent de se battre. Cette année, la révolte en Iran, partie des femmes et portée par toute la jeunesse montre qu’il arrive toujours des moments où la révolte est plus forte que la peur. Des moments où l’action et la témérité de quelques-uns en encouragent d’autres et conduisent des centaines, des milliers, des millions à oser faire ce qu’ils n’imaginaient même pas quelques jours avant ! Mais il faut plus que du courage pour transformer les révoltes en révolution victorieuse.

    Reconstruire une Internationale

    […] À chaque fois, ce qu’il a manqué, c’est que les masses révoltées imposent leur politique, parviennent à s’organiser et à faire émerger leur propre direction pour établir un pouvoir populaire et ouvrier.

    Dans le passé, il a fallu des dizaines d’années de révoltes ouvrières, souvent noyées dans le sang, pour que les travailleurs comprennent qu’il leur fallait construire leur propre direction politique, c’est-à-dire leur propre parti ; et qu’ils devaient les construire avant la tornade révolutionnaire pour ne pas se retrouver une énième fois, impuissants face aux événements. C’est à partir de cette expérience vivante du mouvement ouvrier que des générations d’ouvriers et de jeunes intellectuels révoltés, comme Marx ou Engels, comme Lénine, Rosa Luxemburg ou Trotsky, s’attelèrent à la tâche de construire des partis communistes révolutionnaires dans tous les pays et de les rassembler en une Internationale, conçue pour être un parti mondial de la révolution.

    C’est ce qui a été perdu et qu’il faut reconstruire aujourd’hui pour que l’immense courage et combativité des opprimés débouchent sur des victoires et refassent à nouveau tourner la roue de l’histoire en avant ! Oui, ce qu’il faut reconstruire, ce sont non seulement des partis révolutionnaires, mais une Internationale.

    La vision nationaliste, consistant à analyser telle ou telle situation à l’échelle nationale et à chercher des solutions pour son propre pays, est complètement dépassée. Le capitalisme s’est déployé à l’échelle de la planète, il a fondu l’humanité et les exploités dans un sort commun et il pose désormais les problèmes à l’échelle de la planète. […] C’est sur la base de cette interdépendance, sur la base de la concentration des moyens de production et des gains de productivité qui en découlent que l’on peut envisager une société capable de subvenir aux besoins vitaux de toute l’humanité.

    Alors, mettons en commun les immenses moyens de production que l’humanité a développés, les multinationales, les satellites, les compagnies maritimes ! Gérons rationnellement à l’échelle mondiale les ressources énergétiques ou les matières premières comme des biens communs à tous ! Faisons travailler ensemble, à l’échelle de la planète, les chercheurs, levons les brevets et tous les droits de propriété qui freinent le progrès ! Faisons circuler les idées et la culture sans obstacle ! Permettons à tous, et plus seulement aux riches de voyager. Voilà qui ferait faire un bond en avant à toute l’humanité !

    La bourgeoisie a mondialisé l’économie à sa manière, sauvage, barbare parce que son seul objectif était, et demeure, la recherche du profit pour une petite minorité. Aux travailleurs de la transformer en un monde égalitaire, riche de toutes les cultures… C’est le sens du communisme ! Ce mot a été dévoyé, caricaturé par bien des dictatures à commencer par la dictature stalinienne. Mais il représente l’idéal le plus beau qui soit : les États-Unis socialistes du monde !

    À l’assaut du pouvoir de la bourgeoisie

    Notre sort, notre émancipation dépend de notre capacité à faire revivre la conscience de classe ; la conscience d’avoir à se battre avec tous nos frères d’exploitation contre les exploiteurs ; cette conscience de classe ne peut donc être qu’internationaliste !

    […] Nous n’avons jamais été aussi entremêlés. La classe ouvrière des pays impérialistes n’a jamais été aussi internationale. En France, aucune entreprise, aucun hôtel, aucun restaurant, aucun chantier, aucun hôpital, aucun Ehpad ne fonctionnerait sans le travail quotidien de millions de travailleurs étrangers. Cette année, le meilleur boulanger de Paris s’appelle Tharshan Selvarajah, il est tamoul du Sri Lanka ! En 2021, il était d’origine tunisienne, tout comme Taieb Sahal, le vainqueur de 2020…

    Et il suffit de monter dans un métro ou dans un RER vers les 6 heures du matin pour rencontrer des travailleurs du monde entier.

    Quand on appartient à la classe ouvrière, que l’on soit algérien, marocain, pakistanais, russe ou ukrainien ou français, on est exploité. Alors, entre nous tous, il ne faut pas de frontières ![ …] À toutes les haines nationalistes ressassées, au racisme et aux préjugés sexistes, opposons notre conscience d’appartenir à la même classe sociale, opposons la conscience que tous les combats menés par les travailleurs, quel que soit le pays où ils se déroulent, sont aussi notre combat, opposons la conscience qu’un jour nous monterons, ensemble, à l’assaut du pouvoir de la bourgeoisie !

  • Nathalie Arthaud, le 28 mai : “Mener jusqu’au bout la lutte de classe” #feteLO2023
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/05/31/nathalie-arthaud-le-28-mai-mener-jusquau-bout-la-lutte-de-cl

    [...] Cette fraternité, nous en avons eu un avant-goût pendant les quatre mois de mobilisation que nous venons de vivre. Les manifestations où nous nous sommes retrouvés à des centaines de milliers à travers le pays, tous secteurs et toutes professions confondues, public et privé, jeunes et moins jeunes, ont fait renaître plus qu’un sentiment de solidarité : la conscience de former un camp, une classe sociale, une force collective qui aspire à se faire respecter.

    Cela n’a pas suffi pour faire reculer Macron. Non parce qu’il serait invincible, mais parce que notre camp n’a pas utilisé son arme principale : la grève qui se répand d’usine en usine et de secteur en secteur. La grève qui fait mal au portefeuille du grand patronat et, derrière lui, aux parasites de l’aristocratie financière. La grève qui permet aux travailleurs de discuter de leurs affaires, de s’organiser, de prendre des initiatives et se faire craindre. […]

    Face aux menaces de guerre : non à l’union sacrée !

    Nous sommes confrontés à tout un système qui nous enfonce aussi dans les guerres. […] Les bruits de bottes se multiplient. Non seulement à cause de la guerre en Ukraine et des risques d’escalade militaire, mais aussi parce que les États-Unis et, derrière eux les impérialismes de seconde zone, dont la France, préparent l’opinion à la possibilité d’une guerre contre la Chine. Et ils ne font pas que préparer l’opinion ! Tous les États se réarment à marche forcée. Ils augmentent leurs dépenses militaires et veulent passer, expliquent-ils, à une économie de guerre. […]

    Le silence des partis d’opposition est même assourdissant. S’ils se taisent, c’est qu’ils n’ont rien à redire à la politique de Macron. […] Si la guerre venait à se généraliser, les prétendus leaders de l’opposition finiraient par se mettre au garde-à-vous devant Macron pour défendre les intérêts de l’impérialisme français. Comme leurs ancêtres politiques l’ont d’ailleurs toujours fait : c’est ce que l’on appelle l’union sacrée.

    Eh bien, nous serons peut-être les seuls, mais nous ne ferons pas l’union sacrée derrière Macron ! […] Aucun soutien à la politique belliqueuse du gouvernement français ! Non aux livraisons d’armes ! Non au doublement du budget de la défense ! Non au militarisme et au nationalisme !

    Renverser le capitalisme, une nécessité

    Le renversement du capitalisme est une nécessité pour assurer un avenir à la planète et à l’humanité tout entière. […] 34 millions de personnes ont été déplacées suite aux catastrophes climatiques. Combien d’autres demain ?

    Oui, le réchauffement climatique, qui est la conséquence de la pollution, est en train de bouleverser la vie de l’humanité. Et il est à mettre sur le compte d’une société où les profits et les cours boursiers passent toujours avant le reste. Alors, on n’y fera pas face sans remettre en cause les fondements mêmes de notre système économique : la propriété privée, la concurrence et la course à la rentabilité.

    Tous les gouvernements parlent maintenant d’industrie décarbonée ou d’industrie verte. Mais attention, ils ne forcent pas les industriels à moins polluer : ils les incitent en les arrosant de milliards ! […]

    La grande mode chez les gouvernants, c’est de parler de planification. Mais qu’est-ce qu’ils sont en train de planifier ? Le réarmement. La planification la plus poussée aujourd’hui est celle de la production des munitions, des chars et des missiles.

    Mener la lutte de classe contre le patronat

    Davantage d’injustice, davantage d’inégalités, davantage de guerres, voilà ce que les capitalistes et leurs serviteurs politiques nous réservent, à nous et à nos enfants ! Alors, à la propriété privée d’une toute petite minorité, il faut opposer la perspective de la collectivisation des grands moyens de production. À la concurrence et au marché aveugle, il faut opposer la coopération et la planification. Au capitalisme, il faut opposer la perspective révolutionnaire du communisme !

    Seule une minorité a conscience de la nécessité et de la possibilité d’un tel bouleversement. Même les travailleurs combatifs et conscients d’avoir à mener la lutte de classe contre le patronat ne se croient pas capables d’aller jusqu’à renverser la classe capitaliste et de prendre eux-mêmes le pouvoir.

    Et comment cela serait-il possible, quand tous les politiciens se présentent comme le messie ? Regardez comment Le Pen, qui s’est tenue à l’écart de la mobilisation sur les retraites, s’est empressée de dire que le peuple a encore le moyen de supprimer la retraite à 64 ans : c’est de voter pour elle en 2027, parce qu’elle abrogera la loi. C’est de la foutaise ! […] Si Le Pen est élue, elle fera ce que la bourgeoisie lui demandera de faire, comme les autres, avec en prime sa politique anti-immigrés, sa politique qui sème la division et affaiblit les travailleurs, et qui renforce les racistes et les xénophobes jusque dans les rangs de la classe ouvrière. Cela la place d’emblée dans le camp des capitalistes.

    Mélenchon, lui, ne peut pas dire « Attendez 2027 que je sois élu », puisqu’il n’est pas sûr d’être candidat de la Nupes, si tant est que la Nupes tienne jusqu’à la prochaine présidentielle. Mais le cœur y est. Si ce n’est pas lui qui l’affirme, les dirigeants de La France insoumise, du PS ou du PCF le disent : préparez-vous à voter pour l’union de la gauche et vous serez sauvés ! Mais qu’ils nous expliquent alors pourquoi la gauche au pouvoir n’est jamais revenue sur les reculs imposés par la droite !

    Pour être capable de résister aux pressions de la grande bourgeoisie, il faut être prêt à la combattre vraiment, jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à l’expropriation de ce qui constitue la base de sa domination : ses capitaux. Il faut être convaincu que la société peut fonctionner sans cette couche de parasites. […] C’est cette conscience-là qui doit se diffuser. Ce n’est véritablement possible que lorsque les travailleurs se mobilisent. […] Quand la mobilisation est dirigée démocratiquement par les travailleurs eux-mêmes, ils découvrent non seulement leur capacité à agir, mais surtout à prendre des initiatives et à s’organiser pour les réaliser. C’est dans ces moments-là aussi qu’ils peuvent réfléchir en dehors des sentiers tracés par la bourgeoisie, évoluer et se transformer. C’est en se mettant en action que les travailleurs peuvent réaliser qu’ils représentent une force politique. […]

    Oui, c’est dans ces moments-là que les travailleurs peuvent massivement s’emparer des idées révolutionnaires. Et c’est pour ces moments-là qu’il est indispensable de se battre aujourd’hui pour faire exister un parti communiste révolutionnaire. Un parti communiste révolutionnaire capable de s’armer de tout le capital politique que les dirigeants révolutionnaires qu’étaient Marx, Lénine, Rosa Luxembourg, Trotsky ont tiré de la longue et riche histoire du mouvement ouvrier. […]

  • Derrière Macron, viser les vrais maîtres de la société | éditorial de Lutte Ouvrière (LO)
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/derriere-macron-viser-les-vrais-maitres-de-la-societe-692331.html

    Depuis le 20 mars, 80 préparatrices de commandes de Vertbaudet, dans le Nord, sont en grève pour 150 euros d’augmentation de salaire. Payées à peine au-dessus du smic, confrontées comme des millions de familles ouvrières aux prix qui flambent, elles ne s’en sortent plus. Leur patron, un fonds d’investissement dirigé par le fils Fillon, a refusé la moindre augmentation générale de salaire et n’a accordé que des primes, alors que l’entreprise a réalisé 11 millions de bénéfices en 2022.

    Menaçant de ne rien verser du tout si les syndicats majoritaires ne validaient pas ses miettes, il a obtenu la signature de FO et de la CFDT. C’est l’habituel chantage patronal.

    Mais une partie des ouvrières, soutenues par la CGT, ont refusé de céder et se sont lancées dans la grève, pour leur salaire et par dignité. Depuis deux mois, le patron a tout tenté pour les briser : embauche d’intérimaires pour les remplacer, recours à la justice, envoi de la police pour déloger le piquet de grève. L’intervention des CRS a envoyé une gréviste à l’hôpital.

    Alors que Macron parle de processus de décivilisation, on se demande bien qui est décivilisé dans cette affaire ? Ces travailleuses qui se battent pour vivre de leur paie ? Ou leur patron et les CRS qui s’opposent à ce minimum ?

    À chaque étape, le patron a trouvé le soutien de l’État et du gouvernement. Les macronistes n’ont cessé de dénigrer les grévistes, les accusant de ne pas respecter un accord majoritaire et même de menacer la pérennité de l’entreprise. Au moment précis où la police délogeait les grévistes, Borne recevait les confédérations syndicales à Matignon. C’est cela leur dialogue social !

    Il n’y a pas à s’en étonner. Le gouvernement n’est qu’un paillasson devant la grande bourgeoisie. Il ne cesse de déplorer l’inflation, mais il est incapable d’agir pour l’enrayer. Aux capitalistes qui s’enrichissent en augmentant les prix, il se contente de faire les gros yeux. Aux travailleurs qui se battent pour ne pas tomber dans la pauvreté, il envoie sa police.

    L’inflation n’est pas une calamité naturelle. Les prix n’augmentent pas tout seuls. Ils sont fixés par la fraction la plus puissante des capitalistes, les Total, Engie, les céréaliers comme Cargill, les armateurs comme la CMA CGM, qui profitent des pénuries créées par une guerre, un virus ou une sécheresse pour augmenter les prix et spéculer. Et quand ils ne trouvent pas de prétexte, ils en inventent !

    Face à ce véritable racket, le gouvernement n’a même pas voulu reprendre ne serait-ce qu’une petite partie de ces surprofits avec une taxation exceptionnelle ! Tout ce qu’il a fait, c’est de nous mentir en présentant le bouclier tarifaire sur l’électricité et le gaz comme un cadeau fait à la population. Non, le bouclier tarifaire n’est pas un cadeau, c’est un paiement différé de la rançon imposée par les grands groupes. Et nous aurons à la payer, demain, au travers du remboursement de la dette ! 

    Le gouvernement a laissé les grands groupes de l’énergie nous faire les poches. Il les a laissé étrangler les petites entreprises avec des factures multipliées par 5 ou 10. Et ces voleurs-là ne sont pas recherchés par la police, ils n’iront jamais devant la justice. Ils ont pour eux la loi, la loi qui défend la propriété privée et le droit de la bourgeoisie à régenter toute la société.

    La bourgeoisie règne en maître. Nos emplois, nos conditions de travail et de vie, la façon dont nous mangeons et nous nous déplaçons, l’air que nous respirons, l’avenir de la planète, dépendent de décisions prises par quelques milliers de grands actionnaires. Ces grands bourgeois peuvent organiser l’évasion fiscale, se comporter en bandits en col blanc, provoquer des accidents du travail ou des empoisonnements à l’amiante ou au chlordécone, on ne leur envoie pas les CRS pour les arrêter et les placer en garde-à-vue. Et quand ils sont poursuivis, ils ont des armées d’avocats pour utiliser toutes les subtilités de la loi.

    Au-delà de Macron, c’est à la dictature de la grande bourgeoisie que nous sommes confrontés.

    Pour changer notre sort, c’est aux véritables maîtres que nous devons nous en prendre, c’est la dictature des capitalistes et des financiers que nous devons contester. Tant que l’on ne renverse pas cette dictature-là, il ne peut pas y avoir de bon président de la République, de bonne Constitution ou de bon Parlement.

    Alors, il ne suffit pas de dénoncer les pantins et les porte-flingues de la bourgeoisie, il ne sert à rien de réclamer une police républicaine et un meilleur dialogue social, il faut s’affronter à la bourgeoisie elle-même, à ses capitaux et à son pouvoir de nuire à toute la société !

    • Pour changer notre sort, c’est aux véritables maîtres que nous devons nous en prendre, c’est la dictature des capitalistes et des financiers que nous devons contester. Tant que l’on ne renverse pas cette dictature-là, il ne peut pas y avoir de bon président de la République, de bonne Constitution ou de bon Parlement.

      Alors, il ne suffit pas de dénoncer les pantins et les porte-flingues de la bourgeoisie, il ne sert à rien de réclamer une police républicaine et un meilleur dialogue social, il faut s’affronter à la bourgeoisie elle-même, à ses capitaux et à son pouvoir de nuire à toute la société !