saint-ouen-93

Le groupe Saint-Ouen 93, crée en 2010, est adhérent à la Fédération Anarchiste. Il milite au niveau local, édite TRIPLE A, feuille d’information, ainsi que MURS-MÛRS, journal mural. Il mène par ailleurs des actions collectives avec les groupes de Saint-Denis, de Paris 18e, et des sympathisants ou militants issus d’autres organisations libertaires. Il s’associe régulièrement aux actions menées par la Fédération Anarchiste au niveau national.

  • Saint-Ouen l’autre pays du fromage.

    42 % des habitants de Saint-Ouen ont votés pour Hollande au 1er tour des élections présidentielles. Preuve que, dans nos banlieues, on apprécie pas que la viande Hallal.
    Mémél et son Front de Gôche tape, lui, les 20 %. Suffit de comparer ces deux chiffres pour se rendre à l’évidence : la boboïsation de la ville est en route !
    Bonne nouvelle, par ailleurs : 30 % des audoniens ont suivis les consignes du Glorieux Groupe Saint-Ouen93, et se sont abstenus. :-)

  • Ayez des couilles, votez Sticules.


    Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Alors comme ça il se murmure que l’élection serait jouée, en un seul tour au final, celui des sondages auxquels le fieffé Copé avoue « ne rien comprendre », quand ça l’arrange. C’est pourtant simple : en ce qui concerne la Sarkozie c’est fichu pour cette fois. C’est l’alternance, la belle, la si délicate alternance, celle qui coûte peau de balle et dont le but ultime est de tout changer pour que tout, toujours, continue... (lire la suite ici) http://quand-l-autruche-eternue.over-blog.com

  • Hier il pleuvait sur Saint-Ouen, ce qui n’est pas très original. Hier, était prévu un meeting du Front de Gôche, place de la mairie, en plein air. Toute la journée hier, et même ce week end, la ville bruissait d’une rumeur : Mélenchon y serait, Mélenchon à Ouen-Ouen, oyé !, The Star en personne près de chez nous ! Las ! Pas de Mémél à l’horizon (il n’en était d’ailleurs pas question sur les affiches) et en plus, la pluie !
    Heureusement, la Mairie veillait : le meeting put donc avoir lieu, dans la big salle municipale mise à disposition, d’un claquement de doigts. C’est beau, la solidarité... En quatre ans d’existence, le syndicat Sud local n’a jamais pu bénéficier d’une salle, petite ou grande : refus sytématique. De là à en conclure que le Front de Gôche bénéficie d’une sympathie municipale hors du commun, il n’y a qu’un pas que nous nous empressons de franchir !

  • Aujourd’hui, l’idole de mon enfance pleure !
    Elle pleure car si François Hollande est élu, elle sera obligée de déménager, elle se retrouvera peut être à la rue ...
    Vous avez compris, il s’agit de Françoise Hardy.
    Alors je voudrais lui dire, moi, à Françoise, que depuis cinq ans que Nicolas Sarkozy est élu, non je ne suis pas à la rue, mais j’ai quand même arrêté d’acheter du jus d’orange pour le réveil du matin, un verre d’eau fait l’affaire ; puis je bois mon café au bureau en arrivant, c’est 1.20 euros de plus dans ma poche : plus de croissant non plus, le pain de la veille ça évite le gaspillage ; l’eau du robinet, froide, pour se laver les mains et même les cheveux, c’est mieux pour le réchauffement climatique ; moins de beurre sur mes nouilles, ça va faire baisser mon cholestérol ; et puis bien sûr j’utilise du papier toilette recyclé. Alors si Nicolas Sarkozy repasse, qu’est ce que je vais faire, moi ? Plus de verre d’eau le matin, le café du bureau j’irai le revendre à un moins pauvre que moi dans la rue, le pain rassis idem, je ne me laverai plus ni les mains ni les cheveux, je ne mangerai plus de nouilles et je me torcherai avec les doigts.

  • Licencié pour avoir envoyé un e-mail « irrespectueux »…

    Le directeur adjoint d’un centre d’animation à Paris a été remercié pour avoir sollicité une réunion sur les salaires.

    Pour la direction de l’association Actisce, revendiquer est une faute grave. C’est ce qu’ont appris à leurs dépens cinq salariés du centre d’animation La Jonquière, structure municipale dont la gestion a été déléguée à l’association, dans le 17e arrondissement de Paris. Après avoir sollicité par e-mail une réunion avec la direction d’Actisce sur la question des salaires et des conditions de travail, le directeur adjoint du centre, Pierre Borker, a été licencié, fin mars, à son retour de congé d’adoption. Ses supérieurs ont jugé que le cadre, simple syndiqué CGT dépourvu de mandat syndical, outrepassait ses droits en se faisant le porte-voix d’une revendication collective. Le mode de communication aurait en outre été jugé «  irrespectueux  » et «  contraire à toute règle de bienséance et de bonne conduite  » par les dirigeants, ce qui à leurs yeux a suffi à caractériser une «  faute grave  ». «  Pourtant, il est marqué dans ma fiche de poste que je dois faire appliquer le droit du travail et rapporter les demandes des salariés  », se défend Pierre Borker. Les quatre autres salariés signataires ont quant à eux écopé d’un avertissement.

    Révoltés par ces pratiques antisociales, une grande partie des salariés du centre d’animation sont en grève depuis lundi dernier pour exiger la réintégration du directeur adjoint et la levée des avertissements contre les quatre autres signataires de l’e-mail incriminé. Mais face à une nouvelle attaque de la direction, qui accuse ses salariés de mener une grève illicite, le cadre licencié a décidé de faire monter la pression d’un cran en entamant à partir d’aujourd’hui une grève de la faim. Pierre Borker et ses collègues grévistes en sont persuadés : le directeur adjoint un peu trop soucieux des conditions de travail et de la qualité du service gênait les dirigeants de l’association. «  Pierre m’avait soutenu il y a dix-huit mois quand l’association a supprimé l’atelier poterie – pourtant plein – et mon poste avec  », se rappelle Claudia Galvez, déléguée CGT au centre La Jonquière. «  Nous avions demandé à plusieurs reprises d’être entendus sur les revendications salariales et l’amélioration des conditions de travail : toutes nos demandes sont restées sans réponse  », explique Pierre Borker.

    «  Au-delà de mon cas personnel, cela met en lumière les effets de la privatisation rampante des activités municipales  », juge le cadre, qui dénonce «  l’exigence de rentabilité  » qui dicte les pratiques du centre d’animation. Pour autant, la mairie, en tant que donneur d’ordre, reste responsable et les grévistes dénoncent l’inaction de la municipalité, alertée «  largement à temps  » pour s’opposer au licenciement du directeur adjoint, d’après Pierre Borker. Malgré le soutien de plusieurs élus municipaux Front de gauche et même PS, la Ville de Paris n’aurait pour l’instant proposé qu’une réunion fin avril à l’Union locale de la CGT du 17e arrondissement.

    Loan Nguyen

  • Arrêt Total

    Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Dans la catégorie les Sous-doués battent la campagne, nous eûmes droit, ces jours derniers, à quelques furieuses billevesées. A ma droite, Dupont-Aignan, autrement surnommé aujourd’hui comme Yerres, qui clame sans retenue « moi, je regarde le monde. » Il semble, dans le même temps, que le monde, lui, regarde ailleurs qu’en direction de sa petite personne. Une autre fois, peut-être ? A ma gauche, si je puis dire, campe Bayrou-le-filandreux. Fatigué, l’haricot, pas dans le coup, à côté de l’assiette. Le voilà qui découvre, tout en finesse, qu’ « il y a des femmes qui pèsent lourd » , des « femmes qui pèsent plus de cent kilos et qui aiment nager. » Tiens donc ! Première nouvelle… Là-dessus le flageolant béarniais se rendort, sans même avoir livré sa vision des gens de petite taille, des piétons ou des femmes enceintes. Dommage. Il y a, pour finir, Le Pen, et son clip de campagne. J’ose espérer que tournera en boucle sur tous les webs qu’on voudra le passage où la candidate promet de lutter contre, je cite, « les ententes frauduleuses dans le commerce des endives. » Ça, c’est du programme, boudiou ! On aurait tort cependant de se moquer bêtement, vu le nombre de naves et autres céleris graves s’apprêtant à voter pour elle.

    Et tandis que tout ce petit monde s’ébroue, les papattes dans la gadoue, le procès de la catastrophe de l’Erika s’achève, en cassation, par un non lieu délivré à l’endroit des pollueurs. Le cargo ayant fait naufrage hors des eaux territoriales, communes, départements et autres collectivités ne verront pas la couleur d’un pauvre billet de banque. Ce jugement, scandale sans nom, risque bien entendu de faire jurisprudence. S’échouer, répandre son jus dégueulasse sur des kilomètres de côtes, pourra donc désormais se faire sans bourse délier, à condition que l’échouage ait lieu au-delà des frontières maritimes. C’est ce qu’on nommera certainement l’arrêt Total.

    Il y a tout aussi dégueu, dans un autre registre : les sms furtifs. Vous ne connaissez pas l’existence de ces petites saloperies ? Déjà utilisée par les services de police et de renseignement (lors d’une enquête publique, le parlement du Land de Rhénanie du Nord a admis, rien que pour 2010, l’envoi de 256 000 sms furtifs !), cette méthode consiste à envoyer un message à un autre portable à l’insu de son propriétaire, sans même qu’il en soit informé. Le but ? Localiser la personne. C’est beaucoup plus fin que le système Gps habituel, ça passe totalement inaperçu et, cerise sur le gâteau, c’est, juridiquement, quasi inattaquable : ces sms sans contenu ne sont pas considérés comme des communications, donc échappent au cadre des lois sur l’inviolabilité. Idéal mouchard… Déjà, des passerelles spécialisées, des développeurs de logiciels proposent clé en main ce système qui permet de « filaturer » suspects, justiciables, mais aussi et bien entendu syndicalistes, hommes et femmes politiques, ou, simplement, les salariés d’une entreprise. Le tout avec l’aval des opérateurs, complices, pour des sommes défiants toute concurrence en la matière, et dans la plus grande discrétion. Le marché étant sans limite, le pactole s’avère juteux, et attire les convoitises. Ah oui : inutile d’éteindre votre portable, le sms furtif le réactive sans souci. Il peut aussi, si envoyé en très grand nombre, le bloquer, décharger sa batterie en quelques minutes, interdire toute communication ce qui, dans certains cas, peut s’avérer fort utile. De nos jours, disent les gens, on ne peut plus se passer de portable. C’est sûr, surtout les flics.

    Frédo Ladrisse.


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  • Mourir pour une barrette
    Hier soir, mardi 3 avril, nouvelle fusillade à Saint-Ouen. Deal, règlement de compte… On n’en sait pas plus pour l’instant. Des jeunes se sont affrontés, un fut touché par balles, à l’abdomen. On ignore s’il a une chance de s’en sortir. La semaine dernière, c’était un tir de flashball venu des flics qui, à quelques mètres de là, blessait un habitant. Au même endroit, déjà, en juillet 2009, lors d’une altercation un jeune se prenait une balle, elle mortelle. Quelques mois plus tard, un règlement de compte entre gangs faisait deux morts, quartier Arago. Puis, cet hiver, dans le quartier des Puces et en pleine après-midi, un « guetteur » était abattu par un tireur en scooter.

    Saint-Ouen, ce n’est pourtant pas Ok Corral. La plupart des habitants y mènent une vie paisible, bien que rendue ardue du fait de la précarité, du chômage, de l’extrême pauvreté où se débattent nombre d’entres eux. Ici comme ailleurs, l’émergence et le développement d’un trafic organisé de drogue est essentiellement due à cette absence de ressources dont souffre une partie de la population, et au manque total de perspectives à laquelle se heurtent la jeune génération. De fait, les conditions dans lesquelles s’exerce ce « commerce » ont connu, ces dernières années, un durcissement ayant comme conséquence principale l’apparition des armes, et cette suite d’homicides absurdes. Pourtant, m’dame le maire a fait venir Guéant et une armée de caméras, suite à la tuerie d’Arago. Pourtant, on a recruté des flicaillons, dans la police municipale comme dans la nationale. Et puis ? Rien. Et les meurtres et les fusillades de s’enchaîner, prenant de l’ampleur. C’est qu’ici comme ailleurs le déni de réalité sert de politique à courte vue. Il est devenu classique de feindre de s’attaquer à une économie parallèle dont on sait bien qu’elle tient lieu, par ailleurs, de ciment, de pis aller sans lequel les quartiers ne pourraient que s’enflammer, cette fois au sens propre comme au sens figuré. Sur cette hypocrisie repose l’essentiel de l’action municipale. Les habitants n’en sont pas dupes, qui, de meurtres en échange de tirs, ne peuvent que constater l’impuissance de l’autorité locale, ainsi que son refus de s’attaquer aux véritables causes de ce qui apparaît aujourd’hui non plus comme un commerce, mais plutôt comme une véritable industrie. Ne nous y trompons pas : les premières victimes de cette industrie-là sont les jeunes qui s’y livrent, car cet argent qu’on dit « facile » ils le gagnent en risquant chaque jour, et très concrètement, leurs peaux. Pendant ce temps, dans les ministères comme dans les bureaux de la mairie, on tergiverse et on repousse à plus tard toute action concrète, massive contre la déscolarisation, contre la paupérisation galopante des plus jeunes — véritables terreaux pour le trafic et les « parrains » —, on croise les doigts en espérant que les plus anciens parmi les habitants de la commune auront entretemps oublié la suppression des postes d’éducateurs, la lente dégradation des maisons de quartiers, l’oubli des acteurs de terrain et des associations qui, naguère, avant que ne soit entériné le choix du répressif et du sécuritaire, permettaient, de par leur présence et leur travail en profondeur, d’éviter les plus graves dérives. Tout ça, bien sûr, coûtait de l’argent, prenait du temps. Il semble qu’à Saint-Ouen on n’ait plus aujourd’hui ni l’un ni l’autre.

    C’est que la priorité, à Saint-Ouen, est ailleurs. Elle est dans l’accueil des « nouvelles populations » (euphémisme désignant les bobos n’ayant plus les moyens d’habiter Paris : les mêmes qui, au passage, fournissent l’essentiel de la clientèle des gosses dealers du secteur), elle est dans l’édification d’un quartier (d’un ghetto ?) leur étant destiné, et qui représentera rien moins qu’un bon quart de la superficie de la ville. La gentrification devant suivre son cours contre vents et marées, les pauvres feront à coups sûrs les frais d’une politique de « pacification » des quartiers, à grand renfort de compagnies républicaines de sécurité et d’embrassades entre Rouillon, maire de la commune, « ex-Pcf », et Guéant, ministre Ump délégué au rapprochement avec le Fn.

    D’autant plus interpellé par les derniers évènements que deux de ces membres étaient sur place, à quelques mètres, lors du tir de flashball ayant conduit la semaine dernière un homme à l’hôpital, le groupe Saint-Ouen 93 tient à réitérer ici son opposition radicale à une politique municipale basée sur le double langage, le déni de réalité, la négation des causes réelles ayant conduites à l’émergence d’un phénomène qui relève davantage de la survie quotidienne que de la délinquance. Qui rêve de mourir pour une barrette de shit ? Assurément, personne.


  • L’homme dont le rêve était un mur

    Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Mam’zelle BZ, sans H au bout, à qui je viens de parler des nouvelles lampes acnéiques anti-jeunes à l’essai en les quartiers mal famés bien qu’habités de faméliques de London, Liverpool, Cardiff, vient de suggérer l’idée d’un genre de réverbère anti-vieux, façon d’éclairage publique rendant l’incontinence urinaire visible. On vit dans un monde formidable, où les grandes idées ne manquent pas. Au clair, de quoi s’agit-il ? Dans les endroits loufoques où la jeunesse a l’habitude de prendre ses quartiers, de big ampoules roses-rouges font ressortir l’acné à la face des visages adolescents, crème anti-boutons ou pas crème. Cela, c’est censé les faire fuir. M’est avis que ça marchera jamais mais, dans les West Midlands, la police, qui soutient un autre projet, a constaté une « chute spectaculaire du nombre d’ados s’attardant dans les lieux publics après avoir diffusé du Beethoven sur des hauts parleurs. » Tout le contraire d’Alex, en somme, l’ultraviolent héros d’Orange Mécanique, fana lui de « Ludwig van ». Les temps changent il faut croire, quoi que : ce n’est pas d’hier que des cohortes d’ingénieurs paranos planchent sur des systèmes censés contrôler la jeunesse, les moins jeunes, les plus jeunes du tout, les presque vieux, les tout à fait vieux.

    Cela dit, le contrôle, comme dit ma mère, c’est tout con : c’est bien souvent dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, fussent-elles à la grimace, aussi Beethov’ à fond ça vaudra jamais une bonne grille, un barrage à l’ancienne, ou, mieux encore, un mur. Une fois n’est pas coutume : Arno Klarsfeld partage quelque chose avec ma mère, ce quelque chose qui a pour nom l’amour du mur bien fait. « Un mur, c’est fait avec des fils, des barbelés, un mur quoi, comme à Rome. A Rome il y avait un mur », cancanne l’azimuté. C’est ce dont il rêve, l’Arno, c’est sa dernière grande belle idée, un mur de 130 kilomètres, entre la Grèce et la Turquie, un mur, comme « entre les Etats-Unis et le Mexique, une grande barrière, avec des patrouilles qui patrouillent (sic !) sans cesse. » La vision cocaïnomane de ce sarkozyste grotesque est d’une simplicité proche du mongolisme : face à « une Europe prospère », il y aurait « le reste du monde qui a les guerres, qui souffre, qui a des privations, etc (re-sic !) ». Au bout de ce « etc », tombe la sentence, sans appel : « il faut que les gens ne puissent pas passer. S’il y a une porte entrebâillée, il faut qu’elle soit refermée. » C’est que pour Klarsfeld, voyez, l’Europe c’est un peu comme son jardin, avec piscine et pergola. Il convient qu’alentours la muraille soit solide, il faut que ça « patrouille », afin d’éviter que moins-que-riens, souillons et traine-savates ne finissent par gâter l’apéro-brunch, n’est-ce pas Carla ? Des fois, comme ça, et de plus en plus régulièrement, je me dis que la seule bonne nouvelle lors de l’éventuelle annonce de l’éventuelle élection de l’improbable Hollande (c’est le nom, à ce qui se murmure, du candidat Ps à je ne sais plus quelle élection), que la seule bonne nouvelle, donc, sera de voir disparaître de ces énergumènes tel l’imbitable Arno Klarsfeld, comme autant de poils de cul happés par le siphon des chiottes. De cet endroit, ils viennent. Ils n’auraient jamais dû le quitter.

    Mais la vie est mal faite, qui permet l’expression d’un homme dont le rêve est un mur. Mal faite, aussi, la vie qui voit Daniel Mermet, agitateur d’ondes dormantes, tour à tour mériter respect puis susciter franche rigolade, puisque soudainement ridicule de grandiloquence éhontée. Le lendemain du tour de piste Mélanchonniste à la Bastille, on entendit ainsi le gars commenter la chose en ces termes : « de mémoire de manifestant, on avait jamais vu autant de monde dans la rue ! » Calme ta joie, Daniel. 140 000, certes, c’est pas mal. C’est cependant 20 fois moins qu’en 2010 lors des grandes journées de grève, et encore, ce n’est qu’un exemple. « De mémoire de manifestant » on a donc, et souvent, vu bien plus de gens dans la rue, et souvent bien plus énervés, et ne se déplaçant pas, eux, pour écouter le discours du nouveau Leader Maximo, la longue litanie de ses promesses en peau de banane. La « révolution par les urnes », nous promet El Leader Price : arrêtons-nous, un temps, là-dessus. Urnes et révolution, mêlées, mélange de l’eau et du feu en somme, alliance contre-nature dressée telle une digue pour contenir la vague, vas-y vote mon gars, mélenchonne et colère ma fille, mais après : retour à la niche. Pour ma part, prendre part au vote, revient à ne l’avoir jamais quittée.

    Et tandis que ça aboie, que ça couvre d’affiches-portraits nos villes déjà laides sans leurs bouilles, une contrôleuse SNCF largue en pleine cambrousse, en fin de soirée, des mineures. Ordre leur est donné de descendre illico du train. Leurs crimes ? Pas de titres de transport, pas de papiers, et tziganes donc : OUT ! Ainsi le veut le règlement. Le règlement contraint alors ces jeunes filles à poursuivre leur périple le long de la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute, toute proche. Le règlement stipule qu’il est interdit de circuler, à pied, sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute. Il ne dit pas, le règlement, qu’on devait écraser, puis traîner sur cinquante mètres, les corps des trois jeunes demoiselles. Le règlement ne dit rien non plus de ce qu’il serait advenu si, oubliant le règlement, se montrant pour une fois tout simplement humaine, la contrôleuse SNCF ne les avait pas poussées dehors, au milieu de nulle part et alors que la nuit tombait. Elles s’appelaient Carmen, Charlotte, Victorine. Elles sont passées sous les roues, victimes du « règlement. »

    Frédo Ladrisse.

  • Saint-Denis, Mercredi 28 mars : le groupe Saint-Ouen 93 se rend à la manif (autorisée) contre le mal-logement et organisée, entre autre, par le collectif « Plaie commune ». Sur place, une vingtaine de personnes. Départ de la manif devant le cinéma, arrivée de la manif devant la mairie, fermée, grilles tirées.
    En bas du parvis de la mairie, un barnum, une centaine de personnes qui écoutent le discours d’un représentant de la mairie, lequel encense les « performances » du breakdancer Thomas Bimai. Ce dernier monte ensuite sur scène, sans oublier de conseiller à son public de « ne pas regarder ce qui se passe autour » !

    Très rapidement nos slogans, nos revendications gênent le bon déroulement de ce rassemblement festif. « L’organisateur » de l’évènement vient nous demander de couper le mégaphone et de dégager les lieux. Nous tentons de lui expliquer les raisons de notre présence, nous lui demandons de prendre le micro quelques minutes pour expliquer aux dionysiens et dionysiennes ce qui ce passe dans leur ville : expulsions, campement en pleine rue, mal-logement, jeune mère de famille s’immolant dans le hall de la mairie, rendez-vous avec le responsable du logement de Saint-Denis non honoré la semaine précédente, et transformé en rendez-vous avec les flics, s’achevant sur deux gardes à vue… Nos arguments n’y feront rien, car rien ne doit venir perturber l’heure de gloire de monsieur l’organisateur.

    Le ton monte, Thomas Bimai lâche ses « fans » et vient nous engueuler, suivi de sa petite troupe. Une bousculade, puis deux, inévitables. Assiste à tout cela « impuissant » le représentant de la mairie, qui tente selon ses dires de joindre en vain le Maire, puis le conseiller au logement : au final, c’est la police qu’il réussit à joindre. Les flics arrivent, et sont très clairement venus pour assurer le bon déroulement du concert. C’est à nous qu’ils font face, ce sont nous les « perturbateurs ».

    Dès lors, une question : pourquoi autoriser un concert et une manif le même jour, à la même heure, au même endroit ?

    La lutte des classes affiche parfois un drôle de visage, par exemple quand elle voit s’opposer breakdancers égocentrés, avides de gloire et de fric, et militant.es luttant contre les inégalités sociales. Une fois de plus, ce mercredi, le Pouvoir, même municipal, a montré qu’il savait très bien comment faire pour monter les pauvres contre les pauvres !