• La folie qui est pour l’autre
    Ce que j’ai compris de l’homme avec Lacan, c’est que la qualité essentielle de l’homme c’est d’être fou. Si l’homme n’est pas fou, c’est qu’il n’est rien. Le problème c’est savoir comment il soigne sa folie, hein.... Si vous n’étiez pas folle, vous comprenez, comment voulez-vous que quelqu’un soit amoureux de vous ? Pas même vous, vous comprenez ? Ce qui ne veut pas dire que si vous ne savez pas être folle, on vous met pas à l’hôpital psychiatrique, les fous qu’on met à l’hôpital psychiatrique c’est ceux qui ratent leurs folie, l’important pour l’homme, c’est de réussir sa folie, et oui quoi ! Bon Lacan parle sérieusement, il dit mieux mais en réalité c’est comme ça. Enfin, madame, si vous n’êtes pas folle, vous êtes foutue, parce que vous n’aurez aucun accès à vous-même, ni vous pourrez rien donner de vous à l’autre, à l’être que vous aimez, que tout le monde sait que l’amour est une folie, mais c’est une folie, non seulement agréable, mais qui découvre précisément... L’amour c’est pas vous mettre à poil pour découvrir votre viande c’est découvrir votre être, vous ne pouvez pas vous découvrir ailleurs que dans la folie, mais dans la folie qui est pour l’autre, si vous n’êtes pas follement amoureuse d’un idiot comme moi ou n’importe qui, vous ne saurez jamais qui est-ce que vous êtes, bon, c’est clair là ?
    C’est le destin de sa folie qui est l’essence de l’homme. Si on déni sa folie, c’est foutu, c’est zéro...

    François Toskaies à Cécile Hamsy

  • Une politique de la folie par François Tosquelles | histoireetsociete

    "Mais je me demande vraiment s’il existe des fous, s’il y a des malades mentaux partout. Je ne crois pas. Ils sont peut-être oubliés du monde, délaissés par tout le monde. Quand on se promène de par le monde, ce qui compte ce n’est pas la tête, mais les pieds ! Il faut savoir où on met les pieds. Ce sont eux les grands lecteurs de la carte du monde, de la géographie. Ce n’est pas sur la tête que tu marches ! Les pieds sont le lieu de ce qui deviendra le tonus. Voilà pourquoi toute mère commence par faire des chatouilles aux pieds. Il s’agit de tenir debout, de faire une distribution du tonus pour aller quelque part. Mais c’est avec les pieds que tu y vas, pas avec la tête !

    Tu sais, c’est comme les histoires d’amour. Il y a des actes d’amour où une fois très rapide suffit pour rester toute la vie. Il faut vivre avec les malades ; mais ce n’est pas parce qu’on reste dans l’hôpital psychiatrique jour et nuit, que l’on vit avec les malades. Je vis tout le temps avec eux, je les habite, ils m’habitent. Mes premiers malades sont encore vivants en moi. La meilleure façon d’habiter avec eux, c’est peut-être de s’en séparer. A Saint-Alban, il n’y avait pas un seul malade agité en 1950, bien que l’on n’utilisât aucun médicament contre l’agitation. On s’occupait du réseau.

    Malheureusement, entre 1950 et 1960, ils ont découvert ce que l’on appelle les tranquillisants, ou quelque chose comme ça. A partir de ce moment-là, les psychiatres ont dit : « Chouette ! On n’a plus besoin de se préoccuper de la relation, du narcissisme, de l’érotisme » – du filet, en quelque sorte. « Il suffit de donner la pilule ». Ils sont tombés dans ce piège, bien volontiers. Ils étaient contents : « maintenant, grâce aux tranquillisants, on pourra avoir des rapports avec la « personne » du malade et on pourra parler comme à l’école : « Allez à droite, allez à gauche, allez en haut ! « …

    F.Tosquelles

    https://histoireetsociete.wordpress.com/2013/03/17/une-politique-de-la-folie-par-francois-tosquelles

    #Tosquelles #Saint-Alban #psychiatrie #Institutionnelle #psychothérapie #folie #chimiothérapie

  • Roland Gori « On veut nous confisquer nos possibilités de penser, de débattre » | Humanite
    http://www.humanite.fr/debats/roland-gori-veut-nous-confisquer-nos-possibilites-513706

    Roland Gori « On veut nous confisquer nos possibilités de penser, de débattre »
    Mots clés : citoyenneté, travail, environnement, emploi, profits, temps de travail, appel des appels, entretien, bernard madoff,

    Professeur émérite en psychopathologie et co-­initiateur de l’Appel des appels, mouvement dont l’ambition est de 
« remettre l’humain au cœur de la société », Roland Gori dénonce, dans son dernier esssai, les dispositifs d’évaluation quantitative, qui ­colonisent toutes les dimensions de nos existences, produisent du conformisme et, finalement, de l’imposture.

    Dans votre ouvrage, la Fabrique des imposteurs, vous attaquez le capitalisme par le biais de la chosification qu’il produit au niveau des rapports humains. Cette critique était déjà celle de Marx, dénonçant le « fétichisme de la marchandise » qui donne aux rapports sociaux de production l’apparence de rapports entre choses. Quelle est la spécificité de votre apport ?

    Roland Gori. Le capitalisme, c’est l’économie tout entière tournée vers la quête effrénée 
de plus-values, de profits calculés. Avec cette réalité, il y a effectivement chosification de l’humain, celui-ci est réduit à un instrument permettant d’accroître les taux de profit. 
C’est le point commun à tous les capitalismes qui se sont succédé dans l’histoire. C’est 
le point commun entre le capitalisme 
industriel analysé par Marx, et le capitalisme financier actuel, contexte de ma réflexion. 
Ce capitalisme financier a une forte spécificité qui accroît l’aliénation sociale et subjective en jouant toujours davantage sur la fluidité du temps et de l’espace, la vitesse et la globalisation. Désormais, ce qui s’échange, 
ce sont essentiellement des produits financiers déconnectés de l’économie réelle et favorisant les bulles spéculatives. Cette mutation dans la production s’accompagne d’une dématérialisation des rapports sociaux qui accroît l’aliénation. Marx parlait du prolétaire comme cette aliénation d’un humain auquel 
la machine avait confisqué son savoir et 
son savoir-faire, au contraire de l’artisan. Cette prolétarisation s’est étendue aux classes moyennes et à l’ensemble des professionnels des secteurs dédiés au bien commun et à l’espace public. Les machines se sont dématérialisées, elles prescrivent toujours plus de normes de comportement dans tous les domaines de la vie. Le calibrage des comportements opère de manière plus insidieuse, requérant toujours davantage notre servitude volontaire. Dans le domaine de la recherche, plutôt que de nous dire que tout savoir doit devenir marchandise et qu’en conséquence seules les recherches appliquées sont souhaitables, on va jouer sur la grammaire des discours du savoir. Plutôt que d’interdire les recherches qui ne conviennent pas au pouvoir politique, on va les empêcher. Ce genre de procédé se diffuse dans tous les secteurs de la société et fabrique de l’imposture. De nos jours, l’imposteur n’est pas forcément celui qui falsifie des identités, ou s’invente un héritage bidon, une origine aristocratique pour escroquer les autres. C’est plutôt le genre Bernard Madoff, mais en plus ordinaire, avec une série de traficotages au quotidien pour 
faire face aux exigences des normes imposées. De petites tricheries ont lieu partout. Dans 
un colloque récent, auquel je participais, 
le paléontologue Henri de Lumley racontait qu’un chercheur qui avait découvert dans le Rif marocain une dizaine de dents datées d’environ 5 000 ans se trouvait incité par le mode actuel de l’évaluation des scientifiques à produire 
non un seul article sur sa découverte, 
mais une dizaine, un pour chaque dent…

    Si l’imposture est répandue dans toute la société, est-ce à dire que nous serions autant imposteurs en bas qu’en haut de l’échelle sociale ? Ou bien votre réflexion anthropologique sur l’imposture s’articule-t-elle à une analyse de classe ?

    Roland Gori. Ce que je souligne, c’est que 
le capitalisme exige une rationalisation de la production qui aboutit à une fragmentation des actes professionnels. Marx montrait déjà que, pour le capitalisme, le «  travailleur idéal  » était un travailleur sans subjectivité et sans citoyenneté. Marx comme Weber montrent que, pour parvenir à cet asservissement 
de l’homme aux exigences des machines, le processus de rationalisation doit s’étendre au-delà du temps de travail et s’emparer du temps de l’existence tout entière. Le temps du loisir, par exemple, se verra de plus en plus confisqué par la logique de la marchandise et du spectacle. Cette évolution porte une exigence d’adaptation sociale et subjective toujours plus intense, et qui, en tant que telle, n’est pas le lot de telle ou telle classe mais traverse au contraire toute la société. Alors il arrive que, face à un système qui colonise toutes les dimensions de l’existence en le privant de ses possibilités de création, l’individu cherche à se protéger par la ruse et le semblant. L’imposteur n’est pas seulement l’escroc conscient et responsable de ses actes, jouissant de duper, de feindre et de mentir. L’imposture dont je parle concerne aussi les individus ou même les États qui ont été dépossédés, expropriés de leur souveraineté, et qui dès lors se parent de mensonges, de tricheries, de masques pour contrer un système normatif qui exige trop d’eux. Par analogie, disons qu’il arrive qu’un enfant mente moins parce qu’il est malade ou immoral que parce qu’il ressent son environnement comme trop intrusif. Le mensonge devient le moyen, le fétiche par lequel l’enfant se reconstitue un monde intérieur, une intimité mise à l’abri 
de l’environnement perçu comme traumatique. Cela donne une multitude de personnalités particulières, type as if (comme si), des 
faux soi ne répondant qu’en apparence 
aux exigences de l’environnement qui les fait vivre au-dessus de leurs moyens. C’est une fausse adaptation fabriquée par la violence des normes imposées. Cela ne disculpe pas l’imposteur, cela montre simplement que l’environnement dont il émerge a sa part. 
Et cette part est grande, eu égard à la comédie sociale des mœurs qui est la nôtre. J’en donne plusieurs exemples. Ce sont les mécanismes de telles situations que j’essaie de percer à jour.

    Vous disiez qu’aujourd’hui la prolétarisation n’est plus limitée au travail et qu’elle se combat au niveau de l’existence dans sa globalité. Mais vous écrivez aussi que «  l’émancipation politique des travailleurs suppose leur émancipation préalable dans les activités de travail  ». N’est-ce pas, alors, qu’il ne peut y avoir de réelle émancipation sans une action collective pour libérer le travail du joug de la logique capitaliste ?

    Roland Gori. Oui, mais l’émancipation ne saurait être seulement une émancipation 
des conditions matérielles du travail. Gramsci soulignait déjà que l’action des syndicats 
est nécessairement limitée dans la mesure 
où ils ne réunissent les travailleurs que sur 
la seule base de la force de travail, souci 
qu’ils partagent avec le patronat. Aujourd’hui encore, les syndicats se battent davantage sur les conditions de l’emploi que sur la défense des métiers. L’emploi, c’est évidemment crucial du point de vue de la «  citoyenneté sociale  », comme l’a bien montré Robert Castel. 
On assiste aujourd’hui à l’évidence à 
une érosion des droits sociaux, et il faut 
y résister. Mais la prolétarisation n’est pas réductible à cette érosion. Elle consiste 
aussi en une confiscation de la pensée même de l’acte professionnel. Prenons l’exemple des médecins. Au travers de dispositifs comme la tarification à l’activité (T2A) ou le contrat d’amélioration des pratiques individuelles (Capi), des critères hétérogènes à la logique médicale leur sont imposés. 
Les dispositifs d’évaluation requièrent 
une soumission sociale librement consentie les invitant à incorporer toujours davantage des préoccupations de gestion au détriment de l’acte de soin en lui-même. Tout est fait pour que la dimension du soin s’estompe 
au profit de la valeur marchande de l’acte et soit subordonnée aux autorités administratives. Du coup, par exemple, 
ce sont les spécialités les plus techniques 
qui sont valorisées au détriment des autres.Par petits bouts, c’est l’acte même du 
soin qui se trouve modifié. C’est pour cela qu’il y a urgence à déployer 
une «  politique des métiers  », comme 
s’y emploie l’Appel des appels (1).

    Dans vos travaux, vous montrez que l’imposture 
est inhérente à la «  folie de l’évaluation  », 
qui prétend tout mesurer, tout «  quantifier  », 
et produit du conformisme et du faux-semblant. 
Mais l’évaluation ne peut-elle pas être 
un recours pour démasquer l’imposteur ? 
Évaluer les compétences des uns et des autres, n’est-ce pas se doter d’un outil pour débusquer 
les beaux parleurs, qui masquent l’absence 
de fond par un jeu subtil sur les formes ?

    Roland Gori. Je ne critique pas toute forme d’évaluation. J’ai d’ailleurs moi-même passé ma vie à évaluer : des thèses, des mémoires de master, des copies de première année, etc. L’évaluation fait partie de nos vies quotidiennes. On évalue en permanence, 
quand on va au restaurant, au cinéma, etc. 
Ce que je dénonce, ce sont les nouvelles formes sociales de l’évaluation, qui se prétendent objectives alors qu’elles sont simplement formelles et procédurales. Prenez le facteur d’impact (ou, en anglais, l’impact factor). Cette expression renvoie au taux de citation d’une revue et c’est devenu un critère essentiel d’évaluation de la recherche scientifique. Cela signifie que plus une revue a des auteurs cités, plus elle a un indice de popularité élevé. À partir de là, plus on publie dans ce type de revue, plus on est évalué comme un bon auteur. On confond valeur et opinion. C’est une politique de la marque, de l’Audimat 
et du spectacle qui fait de l’article une marchandise comme une autre. Ce type d’évaluation quantitative et spectaculaire prend modèle sur la notation en cours sur les marchés financiers. Les évaluations des chercheurs, celle des enfants de maternelle, celle des équipes hospitalières, du travail social, de l’enseignement, etc. sont établies sur la même base que la notation des agences du même nom. Il s’agit d’émettre une opinion à partir d’un certain nombre d’indicateurs construits à partir des comportements passés. Cette manière d’entrer dans l’avenir à reculons, d’anticiper le futur à partir des logiciels du passé, se généralise à l’ensemble des évaluations sociales. En psychiatrie, cela s’appelle la «  méthode actuarielle  », qui consiste à évaluer les risques de récidives de comportements déviants de la même manière que les agences de notation définissent les risques encourus lors des placements financiers. C’est la même méthode à tous les étages du social, au risque 
là encore de produire ce que l’on annonce et 
de réaliser une prophétie autoréalisatrice.

    Le problème n’est donc pas l’évaluation en soi, mais la place et la forme qu’elle prend dans 
ce que vous appelez la « démocratie d’expertise et d’opinion »…

    Roland Gori. On peut dire les choses de façon plus tranchée : le problème, ce n’est pas 
les chiffres, mais le fait qu’on nous assène des chiffres pour désamorcer par avance la possibilité même du débat. La démocratie d’expertise et d’opinion dont je parle renvoie à cette confiscation systématique de nos possibilités de penser, de débattre. On veut nous faire taire en nous subordonnant aux donneurs de chiffres. De plus en plus, nous nous mettons à croire aux chiffres comme hier en l’animisme, en la bonne parole de l’Évangile ou aux prophéties millénaristes. Nous devons 
à tout prix nous libérer de cette tendance !

    Vous en appelez au désir et aux fictions… Mais ces catégories ont-elles un potentiel subversif, dans notre société de spectacle et de consommation ?

    Roland Gori. Le désir n’est pas l’envie ou le caprice. Le désir naît d’un manque qui ne se laisse saturer par aucun objet, personne ou symbole. Il pousse à créer sans cesse, à inventer la vie sans la réduire à la répétition du passé ou aux conformismes des modes d’emploi. Il nous pousse à fictionner, si j’ose dire. Un individu ou une société qui méprise la fiction se condamne au mensonge. C’est la raison pour laquelle il n’y aura pas d’émancipation politique sans émancipation culturelle. Le jeu, la poésie, l’amour sont inutiles en apparence mais essentiels. Notre civilisation technicienne, en confondant le jeu avec le divertissement et le futile, en méprisant les fictions de la culture et de l’imagination, participe à la chosification de l’humain et de la nature. C’est une authentique catastrophe écologique qui finit par détruire l’environnement symbolique autant que celui de la nature.

    (1) www.appeldesappels.org

    les normes en question « Respecter les normes, c’est le b.a.-ba de tout imposteur », nous explique Roland Gori dans son essai (1).
Ce qui signifie que l’imposteur dont s’occupe le
professeur émérite en psychopathologie est potentiellement en chacun de nous. Il dérive d’une société qui ne jure que par la norme et évalue frénétiquement les individus pour produire du conformisme, du faux-semblant. Attention, «  il ne s’agit pas de supprimer des normes, mission aussi stupide qu’impossible, mais de permettre un jeu suffisant dans leur usage pour qu’elles n’empêchent pas l’invention  », précise Roland Gori. De même, la guerre n’est pas déclarée à l’évaluation en général, mais à «  l’évaluation quantitative, formelle et normative  » dont l’enjeu est de propager la «  religion du marché  » dans tous les domaines de l’existence, à commencer par tout ce qui relève directement du bien commun (l’éducation, la santé, la recherche, etc.). En démontant les rouages psychiques et sociaux de l’imposture, ce livre nous aide à sortir de 
ce que l’auteur appelle un «  état de stupeur culturelle  ».

    (1) La Fabrique des imposteurs, Éditions Les Liens qui Libèrent, 
224 pages, 21,50 euros, 2013.

    Entretien réalisé par Laurent Etre

  • La surmédicalisation de l’existence est un désaveu du « souci de soi »

    La frontière entre la santé et la maladie s’est trouvée déplacée jusqu’à étendre le magister médical au contrôle des styles de vie, à produire progressivement une pharmacovigilance des comportements et à participer aux régulations des auto-surveillances des conduites individuelles par une rhétorique toujours croissante de santé publique. Cette conception médicoéconomique du corps heurte de plein fouet la démarche freudienne assumant la promotion du symptôme et la valeur de révélation ontologique de la maladie, et ce au-delà de toute prétention à la causalité. Le patient ne saurait renoncer à la valeur de révélation de sa souffrance sauf à devoir s’imposer une souffrance supplémentaire, celle de souffrir pour rien et pour personne.

    http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPSY_042_0055&DocId=35300&Index=%2Fcairn2Idx%2Fcairn&

  • Archives numériques - Michel Foucault
    Depuis la mort de Michel Foucault en 1984, sa pensée fait l’objet d’incessantes recherches et débats. L’entreprise de publications des textes épars et des cours au Collège de France est menée, une imposante littérature secondaire est produite en France et à l’étranger, des colloques, enseignements et séminaires se tiennent sur sa pensée.
    Ce portail propose un ensemble d’outils pour faciliter et accompagner la découverte et la lecture de ses travaux. Il ne vise pas à imposer une lecture mais il s’efforce de proposer des ressources utiles à la communauté des lecteurs et usagers. A chacun de le faire vivre.
    http://michel-foucault-archives.org/?-Archives-numeriques-

    #MichelFoucault

  • La science enquête sur le sens des rêves | Actualité | LeFigaro.fr - Santé
    http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/01/24/21896-science-enquete-sur-sens-reves
    http://sante.lefigaro.fr/sites/default/files/styles/450_x_/public/media/field_media_image/PHO694e99c2-7947-11e3-a818-30eec1d1955e-805x453.jpg?itok=76O01BZu

    « Que disent vos rêves ? » : cette question, le psychanalyste Carl Gustav Jung avait coutume de la poser à ses patients. Il raconte comment cette interrogation les laissait souvent perplexes. Il ne s’agissait même pas de se lancer dans une interprétation formelle, mais déjà de s’en souvenir, chose qui leur paraissait d’un intérêt tout à fait relatif, pour ne pas dire trivial.

    Jung, marchant dans les pas du père de la psychanalyse, Sigmund Freud, accordait pourtant un grand intérêt aux songes, qu’il voyait comme des portes ouvertes sur l’inconscient. Une sorte de langage codé de l’âme. Cet intérêt pour les rêves ne se limite pas à l’âge d’or de la psychanalyse du début du XXe siècle. Il est universel et il a traversé l’histoire. Déjà, des papyrus égyptiens datant de 2000 ans avant J.-C. abritaient des traités d’interprétation des rêves. A ­Babylone, dans la Grèce et la Rome antique, mais aussi au Moyen Age, en Orient ou en Occident, l’interprétation des rêves tenait une place importante. « Il y a en chacun de nous, même chez ceux qui paraissent tout à fait réglés, une espèce de désirs terribles, sauvages, sans lois, et cela est mis en évidence par les songes », explique Platon dans La ­République. On voyait alors des présages, des signes des dieux, des symboles prémonitoires d’actions futures dans ces histoires construites en dormant, telles des hallucinations. Dans l’Antiquité, il était coutumier qu’une personne ayant fait un rêve funeste pendant la nuit s’abstienne de toute activité les jours suivants. Difficile, aujourd’hui, d’aller expliquer ça à l’assurance-maladie, à son ­patron ou à ses clients !

    Les attentes face aux rêves n’ont guère changé. Le secret espoir de pouvoir les ­interpréter pour saisir ce qu’ils cachent anime toujours une bonne partie de l’humanité. Trouver la clé des songes est une quête du Graal à laquelle l’homme n’a pas renoncé. Les scientifiques ont entrepris d’en démonter les mécanismes, partant du principe que le meilleur moyen de savoir pourquoi une voiture avance est d’en étudier le moteur. « Pour comprendre le rêve, il faut se ­représenter tout le travail nécessaire à sa réalisation, explique le biologiste Jacques Ninio, auteur d’Au cœur de la mémoire (Ed. Odile ­Jacob). Quels sont les outils disponibles pour construire l’image et y introduire le mouvement ? Où le rêve puise-t-il sa matière première, et dans quel état en dispose-t-il ? Quelles sont ensuite les contraintes techniques dans l’élaboration du scénario, la conception des dialogues, l’accompagnement sonore ? »....

    #science
    #rêves
    #quête-du-Graal

  • Le silence des Sirènes : une approche kafkaïenne de la voix comme objet a - Cairn.info

    Kafka, à l’occasion d’un court texte daté de 1917, revisite le mythe des Sirènes. Les Sirènes y deviennent mutiques et Ulysse choisit de se rendre sourd à ce silence. L’auteur de l’article s’attache à montrer comment la torsion de ce célèbre épisode mythique préfigure et éclaire les thèses de Lacan sur la voix.

    http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=FP_016_0093&DocId=103359&Index=%2Fcairn2Idx%2Fcairn&T

    #Kafka #Lacan #objet a #voix #Vives

  • Parler (3/5) : La cure de parole - Arts & Spectacles - France Culture
    http://www.franceculture.fr/emission-pas-la-peine-de-crier-parler-35-la-cure-de-parole-2014-01-22

    Troisième temps d’une semaine entièrement conjuguée à l’infinitif du verbe « parler ». Aujourd’hui nous évoquons la cure par la parole, avec notre invitée Anaëlle Lebovits-Quenehen, psychanalyste, psychologue clinicienne, nous revenons sur les origines théoriques et pratiques de la psychanalyse, qui parie sur la parole comme mode de guérison.

    Lundi, un anthropologue et un linguiste avançaient prudemment quelques hypothèses sur l’évolution de la capacité des hommes à communiquer par le langage. Hier, c’est la pédiatrie et l’imagerie cérébrale qui tentait de mettre à jour les mécanismes d’apprentissage de la parole par le tout petit humain.

    Anaëlle Lebovits-Quenehen ©dr

    Aujourd’hui, revenons non plus aux origines de cette particularité humaine, ni aux origines de notre apprentissage, mais aux origines de la pratique analytique qui se fonde, à la toute fin du 19ème siècle, sur la parole. Sur l’idée, pour faire simple, que parler dans une certaine configuration, à une certaine oreille, peut améliorer la position du patient. Depuis les premiers écrits, investigation, interprétation et observation du transfert sont les piliers d’une pratique psychanalytique, moult fois redéfinie, précisée, modifiée….. « Nous leur amenons la peste » disait Sigmund Freud. Anaelle Lebovits-Quenehen est psychanalyste, membre de l’école de la cause freudienne, directrice de la revue Le Diable probablement.

  • Lost in cognition : psychanalyse et sciences cognitives, de Eric Parent - France Culture

    Ce livre examine les prétentions du nouveau paradigme de la psychologie à se proposer comme modèle d’avenir pour les disciplines cliniques, et par là, venir à bout de la psychanalyse. Quel est ce changement de paradigme ? C’est le cognitivo-comportementalisme. D’où vient-il ? Des Etats-Unis. Jusqu’aux années soixante, la psychologie comportementale avait joui d’un certain prestige. Elle s’est trouvée disqualifiée par l’objection du linguiste Noam Chomsky : aucun apprentissage ne pourrait jamais rendre compte de la compétence linguistique. Celle-ci devait être innée. La psychologie comportementale mit trente ans à se revêtir d’habits neufs. Les avancées de la biologie, de la neurologie, et de la nébuleuse qui en a résulté sous le nom de neurosciences le lui ont permis. Sous le nom de cognitivisme comportemental, une nouvelle réduction de l’expérience humaine à l’apprentissage a fait retour. A partir de la psychanalyse d’orientation lacanienne, ce livre soutient une thèse opposée. L’inconscient ne relève d’aucun apprentissage. Il est ce qui manque ou excède tout apprentissage possible. L’inconscient est un mode de la pensée délivrée de l’apprentissage comme de la conscience. C’est son scandale et sa particularité

    http://www.franceculture.fr/oeuvre-lost-in-cognition-psychanalyse-et-sciences-cognitives-de-eric-p

    #Lacan #Chomsky #psychanalyse #apprentissage #linguistique #inconscient

    • oups, petite erreur, il ne s’agit pas de Eric Parent mais bien de Eric LAURENT !! (c’est une erreur sur la page de france culture !!)

  • La crise de l’emploi scientifique en France et ses dangers - Conseil scientifique du CNRS
    http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article6639

    Le CNRS a perdu à lui seul plus de 800 emplois statutaires depuis 2002, notamment du fait de la décision de ne remplacer que les départs à la retraite1. Les emplois à durée déterminée explosent par contre et ce dans toutes les catégories de personnels (chercheurs, ingénieurs et techniciens, administratifs) : selon les chiffres du Bilan social du CNRS, ils représentent aujourd’hui plus de 8.000 personnes, soit le tiers des effectifs de l’organisme.
    [...]
    Tandis que les postes mis aux concours de chargés de recherche (première et deuxième classe) par le CNRS s’effondrent, toutes disciplines confondues (400 en 2010, 330 en 2012, 300 en 2014 et moins de 250 prévus en 2016), le nombre de candidats par concours explose. Une conséquence de cette pression est que l’âge moyen au recrutement a reculé de deux ans dans la dernière décennie. Pour les ingénieurs et techniciens, la baisse des recrutements est encore plus grave : 500 postes ouverts en 2010, 421 en 2011, 312 en 2012 et 220 en 2013, ce qui n’ira pas, là aussi, sans poser de sérieux problèmes de transmission des savoirs et techniques au sein des équipes et des laboratoires.

    http://www.sauvonsluniversite.com/IMG/pdf/Le_financement_de_la_recherche_cs_cnrs_100314.pdf [pdf]
    #universités #recherche #sciences #cnrs

  • Roland Gori : « La vie devient un mode d’emploi » - Libération
    L’apport essentiel de Roland Gori, c’est de lier psychanalyse et sociologie politique, de relire Hannah Arendt ou Pierre Bourdieu à la lumière de Freud et Lacan. Retour sur les notions de culpabilité, dépendance et obsession à l’ère pragmatique des « sociétés de la norme ».
    http://www.liberation.fr/livres/2014/02/05/la-vie-devient-un-mode-d-emploi_978135
    #Gori #psychanalyse #normes #évaluation #Arendt #sociologie #politique

  • Le Clavier Cannibale : De la persistance cyclothymique de l’inconscient homophobe
    http://towardgrace.blogspot.fr/2013/06/de-la-persistance-cyclothymique-de.html

    Si j’étais Lacan, je me fendrais d’un petit sourire en coin en apprenant que les opposants au mariage pour tous ont décidé de profiter du Tour de France pour faire parler d’eux. Leur inconscient étriqué leur aurait-t-il soufflé qu’au royaume des pédales ils allaient pouvoir faire la roue ? Ou l’expression « mettre des bâtons dans les roues » les aurait-elle émoustillés ? On ne sait. Ils devraient plutôt aller se jeter sous les voitures du Paris-Dakar, ça nous ferait des vacances.

  • Jacques Lacan, donna une conférence à l’université catholique de Louvain, le 13 octobre 1973. Il va s’ensuivre un événement politique, comme seul l’époque en connaissait. Un jeune étudiant va intervenir pour interrompre la conférence pour se substituer, au discours de Lacan et le retourner contre son propre langage en lui démontrant qu’il incarne et représente, le symbole d’une société bourgeoise, qui finalement ne s’intéresse qu’à une chose : établir l’ordre du discours qui maintient « les pères au pouvoir » ce à quoi répond Lacan : « c’est l’amour qui vous prêche ! » La messe est dite.

    https://www.youtube.com/watch?v=GTT8rpS8jhM

    Retranscription complète de l’échange entre le « non-dupe-ére » et le « maître »
    http://www.valas.fr/Jacques-Lacan-Conference-a-Louvain-le-13-octobre-1972,013

    X – Vous allez me brutaliser, mais je m’exprime à ma façon comme ce monsieur. Est-ce que vous me comprenez ?

    LACAN – Oui, je vous comprends.

    X – Voulez-vous jouer avec moi ?

    LACAN – Oui, tout à l’heure, vous voulez ?

    X – Mais n’avez-vous pas encore assez de ce monologue, non ?

    LACAN – Oui, ça c’est vrai !

    X – Est-ce que vous ne vous rendez pas compte que le public auquel vous vous adressez est par définition même le plus médiocre et le plus méprisable auquel on peut s’adresser, le public étudiant ?

    LACAN – Vous croyez ?

    X – Oui. Vous n’avez pas encore compris que historiquement il est temps maintenant de se rassembler pour autre chose que pour écouter quelqu’un qui parle de quelque chose qui l’intéresse. Au fond, moi, je viens parler maintenant de quelque chose qui m’intéresse, c’est-à-dire les gâteaux.

    PUBLIC – Laissez-le parler.

    X – Pardon. Qui m’invite ? Je m’invite au fond. La petite lubie de ce monsieur est de s’interroger sur le langage, et la mienne est de construire des petits châteaux avec de la pâtisserie (rires). Alors je voudrais encore ajouter que j’interviens au moment où j’ai envie d’intervenir, et que, disons que l’ensemble, ce qui jusqu’il y a environ 50 ans pouvait être appelé culture, c’est-à-dire, expression de gens qui dans un canal parcellaire, exprimaient ce qu’ils pouvaient ressentir, ne peut plus et est maintenant un mensonge, et ne peut plus être appelé que spectacle, et est au fond la toile de fond qui relie au fond, et qui sert de liaison entre toutes les activités personnelles aliénées. Au fond, si maintenant les gens qui sont (17a)ici se rassemblent à partir d’eux-mêmes, et authentiquement veulent communiquer, ce sera une toute autre base et avec une toute autre perspective ; il est évident que ce n’est pas une chose qu’il faut attendre des étudiants qui sont par définition, ceux qui d’un côté s’apprêtent à devenir le cadre du système avec toutes leurs justifications, et qui sont précisément le public qui, avec sa mauvaise conscience, va se repaître précisément des résidus des avant-gardes et du spectacle en décomposition. C’est pour ça que je choisis précisément ce moment pour m’amuser, quoi, parce que si je vois par exemple, des types qui s’expriment authentiquement quelque part, je vais précisément venir les ennuyer, mais j’ai choisi précisément ce moment-ci quoi !

    LACAN – Oui, vous ne voulez pas que j’essaye d’expliquer la suite ?

    X – Quelle suite ? Par rapport à ce que je viens de dire ? J’aimerais bien que vous me répondiez.

    LACAN – Mais oui, bien cher, mais je vais vous répondre. Mettez-vous là, je m’en vais vous répondre. Restez tranquille là où vous étiez. Peut-être que j’ai quelque chose à vous raconter pourquoi pas ?

    X – Vous voulez que je m’assieds ?

    LACAN – Oui c’est ça c’est une très bonne idée… Bon alors, nous en étions arrivés au langage, si vous vous êtes là comme ça exprimé devant ce public, qui en effet est tout prêt à entendre des déclarations insurrectionnelles, mais qu’est-ce que vous voulez faire ?

    X – Où je veux en venir ?

    LACAN – Oui voilà.

    X – C’est la question au fond que les parents, les curés, les idéologues, les bureaucrates et les flics, posent généralement aux gens comme moi, qui se multiplient quoi !, je peux vous répondre, je peux faire une chose, c’est la révolution.

    LACAN – Oui.

    X – Vous voyez et, bon il est clair, au moment où nous en sommes pour le moment, une de nos cibles préférées, ce sont ces moments précis où des gens comme vous, qui sont en train de venir, au fond, apporter à tous ces gens qui sont là, la justification de la misère quotidienne, au fond, c’est ça que vous faites vous !

    LACAN – Oh pas du tout ! (rires).

    X – Oui.

    LACAN – Il faut d’abord la leur montrer, leur misère quotidienne.

    X – Mais c’est justement ce que je voudrais ajouter, c’est qu’on est justement au moment où on n’a plus besoin de spécialistes qui doivent le montrer. Il est clair, que suffisamment de gens, et ça se manifeste pour le moment, la décomposition se manifeste à l’échelle planétaire avec suffisamment de force, pour qu’on voie qu’il règne pour le moment, un malaise, je veux bien concéder cette parenthèse…

    LACAN – Un malaise…

    X – Le public estudiantin est probablement à l’arrière-garde, bien que ce soit probablement de ce côté-là qu’il y ait le plus de troubles spectaculaires et superficiels. Bon, mais il est clair que le malaise et la conscience de son aliénation et de son refus, la familiarité de son aliénation grandit de plus en plus. Il reste maintenant à faire le pas décisif, de voir l’alternative possible. Vous n’êtes certainement pas là pour ça, quoique je ne méprise absolument pas ce que vous venez de faire mais euh… (rires applaudissements). Bon mais maintenant, au fond, je n’ai pas grand-chose à dire ; si tous ces gens ici, se rendent compte qu’au fond, la vie que nous sommes en train de mener en général, doit être changée, au fond, si ces gens là s’organisent entre eux, je voudrais dire encore quelque chose, parce que après, je m’en vais très vite, parce que…

    (17b)LACAN – Non non, pas du tout, il faut rester.

    X – Mais si ces gens-là s’organisent, parce qu’au fond, la seule chose qui est à l’heure actuelle nécessaire, c’est qu’il y ait une organisation, il feront autre chose que de venir écouter quelqu’un qui parle, et même qui puisse parler de politique, ou de n’importe quoi, et euh…

    LACAN – Et vous voyez, vous voilà dans l’organisation !

    X – Oui, oui.

    LACAN – Parce que le propre d’une organisation, c’est d’avoir des membres, et les membres, pour qu’ils tiennent ensemble, qu’est-ce qu’il faut ?

    X – de la cohésion.

    LACAN – Je ne vous le fais pas dire ! (rires). C’est là que j’en étais, parce que, figurez-vous que ce que vous êtes en train de raconter là, ça a comme ça un petit air de logique. Vous êtes un logicien.

    X – Vous faites là un grave saut, enfin, parce que ce n’est pas parce qu’on a de la logique, qu’on en fait, c’est un discours de spécialiste.

    LACAN – Pas du tout, votre organisation, qu’est-ce que c’est ? Vous venez de le dire, c’est de la cohésion, c’est de la logique.

    X – Non, ce n’est pas de la cohésion, ce n’est pas de la logique, je m’en fous de ce niveau-là. En partie de la volonté subjective de chacun, de moi, comme d’autres, et comme j’en suis sûr, tout plein dans cette salle probablement, malgré qu’ils soient ici, et qu’ils soient venus euh, vous écouter, mais j’en suis sûr que c’est de la volonté subjective de chacun qui a envie.

    LACAN – Pourquoi parlez-vous de subjective ?

    X – De subjective, c’est au fond, une chose que tout le monde comprend.

    LACAN – Ah, je ne vous le fais pas dire, tout le monde comprend ! (rires).

    X – Bon mais attendez, cette subjective qui, c’est ça le sens, au fond, de l’histoire maintenant, qui veut se lier avec les autres, pour euh…, ce n’est que là que l’alternative sociale, au fond, dans l’intersubjectivité, et c’est là au fond, la cohésion de, ce n’est même pas besoin d’être un logicien, comme vous dites.

    LACAN – Vous n’avez pas remarqué que les révolutions ont pour principe, comme le nom l’indique, de revenir au point de départ, c’est-à-dire de restaurer ce qui justement clochait.

    X – Oui, mais ça c’est un mythe journalistico-sociologique (rires), qu’au fond, il ne faut pas venir spécialement après les heures de cours, pour venir l’entendre dire, mais je suis sûr que tous les professeurs doivent le dire, et au fond, tous les journaux… Je vous dis que c’est une erreur, et que probablement que dans les années à venir, vous verrez l’erreur à vos dépens, probablement, comme aux dépens de tous les spécialistes, qui sont pour le moment comme vous, ici, en train de lécher les dernières miettes du spectacle et je vous en prie, profitez-en ! (rires).

    LACAN – Ça m’étonnerait, ça m’étonnerait que ça soit comme vous dites, la fin du spectacle.

    X – Mais écoutez, sur ce plan là je ne discute pas avec vous, on verra hein ! vous verrez !

    LACAN – Oui on verra, mais c’est pas couru, vous savez !

    X – Enfin oui, à la base, c’est une sale discussion parce que à la base, vous n’avez pas les mêmes intérêts que moi.

    LACAN – Vous ne savez pas. Vous avoueriez vos véritables intérêts ?

    X – Pardon ?

    LACAN – Quels sont vos véritables intérêts ?

    X – Non mais ça au fond, j’ai dit ce que j’avais à dire, je l’ai d’ailleurs dit…

    LACAN – Vous voyez comme vous aimez dire quelque chose !

    X – C’est la première chose que j’ai dite au fond.

    (18a)LACAN – Oui c’est aussi la dernière, parce que vous ne pouvez pas aller plus loin, vous ne pouvez pas aller plus loin que cette idée de volonté subjective, qui est une idée justement, qu’on trouvait, je viens de faire remarquer justement que le sujet n’est jamais pleinement d’accord avec lui-même, même vous qui… la preuve c’est que vous avez tout de suite commencé à parler d’organisation, au moment où…

    X – Là je peux dire quelque chose, peut-être que vous ne voyez pas très clair ?

    LACAN – Juste après le moment où vous avez fait la pagaille, vous voulez l’organisation ; avouez que quand même !

    X – Bon mais monsieur, est-ce que je pourrais vous répondre quelque chose ?

    LACAN – Je n’attends que ça !

    X – Il est aisé de voir que dans une certaine situation donnée, il faut à un moment donné, disons, capter ou plutôt casser ce qui est existant pour qu’à un moment donné, c’est au fond ça la dialectique, au fond.

    LACAN – Car vous en êtes encore là, vous en êtes encore à la dialectique ?

    X – Mais quand vous parliez de, quand vous parliez d’un semblant de contradictions entre la volonté subjective et l’organisation, ce n’est pas une contradiction ; l’organisation à un moment donné est une concession subjective à l’histoire.

    LACAN – Vous voyez que vous en êtes déjà aux concessions, mon Dieu.

    X – Il s’agit, monsieur, la survie dans laquelle nous vivons pour le moment, n’a fait que vivre sur les concessions infligées aux individus. Il s’agit pour le moment de trouver une organisation sociale qui dépasse le point où on en est pour le moment, et qui satisfasse au fond, satisfasse le mieux…

    LACAN – Vous voyez, maintenant, vous en êtes au mieux, qu’est-ce que c’est ce mieux, un superlatif ou un comparatif ?

    X – C’est un dépassement vous comprenez ? Il ne s’agit pas de Jésus ou Dieu ou bien d’une situation, il ne s’agit pas d’absolu ou de, non c’est un dépassement, c’est ça l’histoire.

    LACAN – Qu’est-ce qu’il vous faut quand vous veniez de dire le mieux, il semble bien que c’est un superlatif.

    X – Le plus mieux, enfin. (rires).

    LACAN – Ah voilà, écoutez, vous êtes exactement mon vieux, vous êtes un appui précieux à mon discours, c’est justement là que je voulais en venir, c’est au plus mieux.

    X – Mais je vous écoutais déjà depuis cinq minutes, mais il ne me semblait pas que c’est de ça que vous causiez.

    LACAN – Mais si, je parle de ça, c’est du plus mieux qu’il s’agit.

    X – Il y a ici 300 personnes, vous êtes au départ d’accord avec moi, vous êtes d’accord que au fond, l’université en soi n’est pas là, comme tout le reste d’ailleurs, comme la cigarette gauloise, comme le pain de campagne ou comme vous-même, en tant qu’objet hein (rires) ; vous n’êtes là au fond vous ne pouvez vous justifier que par le fait même que vous êtes là ; il n’y a plus au fond, on n’en peut plus à un moment donné trouver de justification, par exemple à l’université ? Est-ce que quand vous êtes venu causer ici, vous avez dit que l’université est à détruire, à supprimer de fond en comble ?

    LACAN – Je n’ai pas dit ça.

    X – Nous sommes ici 500 personnes qui chacune, du fait qu’on est dans des situations précises, qui a chacune des talents divers, des situations privilégiées, il serait possible, étant donné que l’on partirait du postulat que l’on aurait envie de changer quelque chose, il serait possible de trouver ensemble une forme d’organisation qui puisse être une forme efficace. Est-ce que quand vous venez causer vous parlez de ça, ou bien est-ce que vous parlez d’autre chose, qui à ce moment-là ne fait que… vous parlez 3 heures, puis après on rentre, puis après bon, hein…

    PUBLIC – Tais-toi maintenant.

    LACAN – Bon, alors on continue quand même !

    PUBLIC – Oui.

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  • " Je ne critique pas toute forme d’évaluation. J’ai d’ailleurs moi-même passé ma vie à évaluer : des thèses, des mémoires de master, des copies de première année, etc. L’évaluation fait partie de nos vies quotidiennes. On évalue en permanence, 
quand on va au restaurant, au cinéma, etc. 
Ce que je dénonce, ce sont les nouvelles formes sociales de l’évaluation, qui se prétendent objectives alors qu’elles sont simplement formelles et procédurales. Prenez le facteur d’impact (ou, en anglais, l’impact factor). Cette expression renvoie au taux de citation d’une revue et c’est devenu un critère essentiel d’évaluation de la recherche scientifique. Cela signifie que plus une revue a des auteurs cités, plus elle a un indice de popularité élevé. À partir de là, plus on publie dans ce type de revue, plus on est évalué comme un bon auteur. On confond valeur et opinion. C’est une politique de la marque, de l’Audimat 
et du spectacle qui fait de l’article une marchandise comme une autre. Ce type d’évaluation quantitative et spectaculaire prend modèle sur la notation en cours sur les marchés financiers. Les évaluations des chercheurs, celle des enfants de maternelle, celle des équipes hospitalières, du travail social, de l’enseignement, etc. sont établies sur la même base que la notation des agences du même nom. Il s’agit d’émettre une opinion à partir d’un certain nombre d’indicateurs construits à partir des comportements passés. Cette manière d’entrer dans l’avenir à reculons, d’anticiper le futur à partir des logiciels du passé, se généralise à l’ensemble des évaluations sociales. En psychiatrie, cela s’appelle la «  méthode actuarielle  », qui consiste à évaluer les risques de récidives de comportements déviants de la même manière que les agences de notation définissent les risques encourus lors des placements financiers. C’est la même méthode à tous les étages du social, au risque 
là encore de produire ce que l’on annonce et 
de réaliser une prophétie autoréalisatrice." Roland Gori #RolandGori #évaluation #société #capitalisme #quantitatif #psychanalyse #psychologie #social #enseignement #notations

  • "Ce que je souligne, c’est que 
le capitalisme exige une rationalisation de la production qui aboutit à une fragmentation des actes professionnels. Marx montrait déjà que, pour le capitalisme, le «  travailleur idéal  » était un travailleur sans subjectivité et sans citoyenneté. Marx comme Weber montrent que, pour parvenir à cet asservissement 
de l’homme aux exigences des machines, le processus de rationalisation doit s’étendre au-delà du temps de travail et s’emparer du temps de l’existence tout entière. Le temps du loisir, par exemple, se verra de plus en plus confisqué par la logique de la marchandise et du spectacle. Cette évolution porte une exigence d’adaptation sociale et subjective toujours plus intense, et qui, en tant que telle, n’est pas le lot de telle ou telle classe mais traverse au contraire toute la société. Alors il arrive que, face à un système qui colonise toutes les dimensions de l’existence en le privant de ses possibilités de création, l’individu cherche à se protéger par la ruse et le semblant. L’imposteur n’est pas seulement l’escroc conscient et responsable de ses actes, jouissant de duper, de feindre et de mentir. L’imposture dont je parle concerne aussi les individus ou même les États qui ont été dépossédés, expropriés de leur souveraineté, et qui dès lors se parent de mensonges, de tricheries, de masques pour contrer un système normatif qui exige trop d’eux. Par analogie, disons qu’il arrive qu’un enfant mente moins parce qu’il est malade ou immoral que parce qu’il ressent son environnement comme trop intrusif. Le mensonge devient le moyen, le fétiche par lequel l’enfant se reconstitue un monde intérieur, une intimité mise à l’abri 
de l’environnement perçu comme traumatique. Cela donne une multitude de personnalités particulières, type as if (comme si), des 
faux soi ne répondant qu’en apparence 
aux exigences de l’environnement qui les fait vivre au-dessus de leurs moyens. C’est une fausse adaptation fabriquée par la violence des normes imposées. Cela ne disculpe pas l’imposteur, cela montre simplement que l’environnement dont il émerge a sa part. 
Et cette part est grande, eu égard à la comédie sociale des mœurs qui est la nôtre. J’en donne plusieurs exemples. Ce sont les mécanismes de telles situations que j’essaie de percer à jour" Roland Gori. #capitalisme #RolandGori #psychanalyse #évaluation #société #consciencepolitique