• Au cœur du cortège de tête
    http://www.streetpress.com/sujet/1464688427-manifestations-au-coeur-du-black-bloc

    Pour lui, le recours à la #violence ne doit pas être systématique et n’est en aucun cas une fin en soi. Il reconnaît cependant qu’il existe chez certains une sorte d’attrait pour la castagne :

    « Quelques-uns vont en manif comme à un match de foot. L’équipe adverse, c’est les flics. »

    Selon Ahmad, l’enjeu est ailleurs :

    « La question n’est pas seulement d’avoir des milliers de personnes qui descendent dans la rue mais de savoir combien de personnes vont continuer à s’organiser après ce mouvement et penser une autre société. »

    #ultras

    • Derrière les « casseurs », toute une galaxie ("Le Monde", Julia Pascual, 28 mai 2016) http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/05/27/qui-sont-les-casseurs_4927393_3224.html

      Des solidarités s’expriment autour des militants de la gauche radicale qui vont à la confrontation
      Des vitrines prises pour cibles, une tentative de détournement du cortège réprimée dans un épais nuage de gaz lacrymogènes, une place de la Nation, théâtre de charges aussi sporadiques que violentes… Jeudi 26 mai, la huitième journée d’action nationale a de nouveau été émaillée d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.

      Lors de ces heurts, à Paris, "un jeune homme a été blessé sérieusement" puis hospitalisé, a indiqué le ministère de l’intérieur, qui a demandé à l’Inspection générale de la police nationale de diligenter une enquête. Au total, trente-deux personnes ont été placées en garde à vue à Paris, soixante-dix-sept dans tout le pays.

      Derrière ces événements, la figure du "casseur" plane, qui écrase depuis plusieurs semaines la chronique médiatique des -manifestations contre la "loi travail". Mais qui se cache sous les coupe-vent noirs que l’on voit se masser en petites grappes dans les cortèges et qui, entonnant un "ahou" aux accents guerriers, semblent aller à la confrontation comme un seul homme ?

      Des "voyous" pour le premier ministre Manuel Valls ; des "milices d’extrême gauche" pour Marine Le Pen ; ou carrément des "terroristes, des Daech de l’intérieur", pour Jean-Pierre Giran, député Les Républicains et maire d’Hyères… "C’est un petit noyau extrêmement déterminé politiquement", avance-t-on Place Beauvau. Il regrouperait "une cinquantaine d’antifascistes et autant d’anarcho-autonomes". Viendraient aussi se greffer des profils "type Nuit debout, avec des intermittents, des précaires, des chômeurs, quelques étudiants et lycéens, qui restent à la fin de la manif et fonctionnent plutôt par mimétisme, quand les autres se sont déjà carapatés et ne se font généralement pas interpeller".

      Depuis la mi-mai, le gouvernement socialiste trente-quatre ans après avoir abrogé la loi "anticasseurs" instaurée par la droite pour incriminer les participants à un attroupement violent – a tenté de neutraliser ceux qu’il considère comme les "têtes de réseaux" de ces affrontements. Sur la base de l’Etat d’urgence, des dizaines d’arrêtés d’interdiction de manifester ont été pris. A Paris, ils ont particulièrement visé des membres de groupes tels que l’Action anti-fasciste Paris-Banlieue (AFA) ou le Mouvement inter luttes indépendant (MILI). Des étiquettes qui renforcent l’idée d’une mouvance structurée, dont s’amusent pourtant certains.

      "Etre un black bloc, ce n’est pas une entité, c’est une stratégie de manifestation", commente un lycéen parisien. "J’aimerais bien qu’on soit aussi organisé qu’ils le disent, mais c’est une construction médiatique, relativise à son tour un militant anarchiste. Les services de police ont ciblé les plus médiatiques. Le MILI a répondu à des interviews, et appelé à des manifestations de lycéens, l’AFA est connue depuis la mort de Clément Méric…" Ce chômeur âgé de 25 ans, qui milite au sein d’un "groupe -affinitaire d’une dizaine de personnes", préfère décrire une "petite galaxie de groupes de cinq, dix ou trente, qui ne se parlent pas forcément entre eux".

      Un portrait impressionniste que complète la sociologue Isabelle Sommier, spécialiste de la violence politique : "Il s’agit d’une nébuleuse que l’on peut rassembler sous le terme d’ultragauche. Ses sensibilités sont l’antifascisme, l’écologie – avec les ZAD –, la solidarité avec les migrants et la remise en question des frontières – dans la filiation des “no borders” –, la dénonciation de la surveillance ou du “flicage généralisé”, ou encore celle des violences policières."

      Le MILI a, par exemple, été fondé fin 2013 à Paris par une trentaine de lycéens, en soutien à Leonarda, collégienne kosovare menacée d’expulsion. Se décrivant comme une "bande de potes", ils ont élargi leur mobilisation et, dans l’actuel mouvement social, ont été à l’initiative de manifestations lycéennes.

      Le positionnement de ces groupes "renvoie historiquement à des courants politiques du début du XXe siècle, d’opposition au léninisme", rappelle Isabelle Sommier. Ensuite, dans les années 1960 et 1970, les autonomes -connaissent une sorte d’"acmé" en Italie, puis en Allemagne et en France, mâtinée "d’anarchisme pour valoriser l’action directe, et rejeter toujours plus les orga-nisations". Enfin, les manifestations antiglobalisation des années 2000 signent "le retour à une stratégie de confrontation avec les forces de l’ordre et d’attaques contre les symboles du capitalisme, par ce qui est alors appelé le ou les black blocs".

      Si ces militants sont qualifiés de "petits-bourgeois" par leurs détracteurs de la droite identitaire, ou d’"éternels première année" par les services de police, Isabelle Sommier rappelle que "l’engagement, quel qu’il soit, requiert une certaine disponibilité permise par l’âge, la capacité à dégager du temps pour militer et des ressources, notamment culturelles". Ceux-ci n’échappent pas à la règle. Et présentent globalement "un niveau d’études supérieur à la moyenne et des positions sociales les situant dans les classes moyennes supérieures. On note toutefois avec le temps plus d’expériences de précarité et de déclassement social". Xavier (prénom d’emprunt), manifestant chevronné, veut croire que "la différence du mouvement actuel, c’est que la confrontation est assumée de façon massive". Et notamment dans le cortège qui a supplanté le traditionnel carré syndical en tête des manifestations.

      Constitué au départ d’à peine quelques centaines de personnes, il s’est étoffé par la suite, attirant à lui, au-delà des étudiants, lycéens et militants rodés, tous types de déçus des partis et des syndicats… C’est dans ce peloton de tête autonome que les slogans "Tout le monde déteste la police" sont entonnés, et c’est à ce cortège que la préfecture de police de Paris a demandé de "se désolidariser des casseurs". En vain ?

      Marion (prénom d’emprunt) refuse la "dissociation qui consiste à vouloir faire croire que l’affrontement, ce n’est pas la manif". Si cette étudiante en sciences humaines de 21 ans a "trop peur pour être offensive", elle a progressivement appris à adopter une "posture de soutien", notamment lorsque les forces mobiles chargent, pour éviter de scinder le cortège, ou en s’habillant en noir pour "protéger" ceux qui ont besoin d’être anonymes.

      De même, trois élèves du lycée Sophie-Germain, dans le 4e arrondissement de Paris,expliquent éprouver une "vraie solidarité" avec ceux qui passent à l’acte. Après l’affaire Leonarda et la mort de Rémi Fraisse, en octobre 2014, ils disent avoir acquis une "conscience politique" et partagent un même rejet des syndicats lycéens, de "la société de consommation", du "JT de 20 heures" et des violences policières. C’est d’ailleurs cette violence qui expliquerait la radicalisation de certains de leurs camarades gazés, matraqués ou interpellés injustement, d’après eux.

      Hugo, un élève de première technologique dans le privé, ne dit pas autre chose. Entraîné par des amis à lui proches du MILI, il a été gazé le 28 avril place de la Nation, en fin de manifestation. Il s’est alors saisi de bouts de bitume… S’il ne s’équipe pas dans le but de participer à des affrontements, il estime qu’"aller à la confrontation, c’est dire au gouvernement qu’il ne peut pas se cacher derrière la police". Lui participe au mouvement "surtout depuis le recours au 49.3, un déni de démocratie".

      Isabelle Sommier note l’incidence d’une "conjoncture politique pesante qui, avec l’absence de perspectives à gauche, s’alourdit au fil des manifestations par une politique répressive aussi bien policière que judiciaire, faisant basculer des pans entiers de la jeunesse contre la police et le pouvoir qu’elle incarne…" Camille (prénom d’emprunt), étudiant en Staps de 23 ans, en est persuadé : "On nous empêche de nous organiser, d’occuper la rue ou d’aller vers les lieux de pouvoir… C’est la présence policière et sa violence qui entraînent l’affrontement. Mais les gens ont envie d’autre chose."

      La conquête de la tête de cortège, une singularité du mouvement ("Le Monde", 28/05/2016, Alban De Montigny) http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/05/27/la-conquete-de-la-tete-de-cortege-une-singularite-du-mouvement_4927684_3224.

      « C’est la première fois que je viens dans la tête de cortège autonome. Je l’ai fait notamment pour montrer que cette partie du défilé est diversifiée, qu’il n’y a pas que des manifestants violents. » Alexis, militant à Attac et étudiant en sciences politiques, a défilé contre la « loi travail », jeudi 26 mai à Paris. Mais pas derrière le « carré de tête » de l’intersyndicale.

      C’est l’une des singularités du mouvement social actuel : l’ouverture de la manifestation a rapidement été contestée aux centrales syndicales par quelques centaines de militants qui ne se retrouvent pas dans les canaux classiques de représentation.

      Antifascistes, autonomes, anarchistes, mais aussi lycéens, étudiants, déçus des syndicats et des partis… Les têtes de cortège ont peu à peu pris de l’ampleur jusqu’à représenter plusieurs milliers de personnes. Jeudi, pour la première fois, un mouvement « interluttes », réunissant des étudiants, des cheminots, des postiers ou encore des travailleurs sociaux, était venu grossir ses rangs.

      C’est au sein de cet ensemble hétérogène qu’évoluent quelques dizaines de militants désireux d’aller à la confrontation avec les forces de l’ordre.Interrogé sur RTL le 19 mai au sujet de ces violences, le premier ministre, Manuel Valls, avait demandé aux syndicats de « prendre leurs responsabilités ». « Les services d’ordre - syndicaux - , avec le soutien bien sûr de la police, doivent prendre toutes les mesures pour empêcher les casseurs de se mêler à la foule des manifestants », avait-il asséné. En mettant en cause les services d’ordre (SO), ces équipes de militants chargées d’assurer le bon déroulé des défilés, le gouvernement laissait entendre que les syndicats échouaient à tenir leurs troupes.

      Mais l’enjeu, en réalité, c’est le fait que les syndicats soient débordés par un cortège dénué de toute étiquette, et que ce débordement se révèle parfois source de tensions entre manifestants. « Les uns veulent de l’ordre et que tout se passe dans le calme, les autres revendiquent le spontanéisme et cherchent à renouer avec la logique émeutière des défilés du XIXe siècle, explique Isabelle Sommier, sociologue et spécialiste des mouvements sociaux. Leur utilisation de la manifestation est opposée. »

      Lors de la manifestation du 17 mai, des heurts avaient ainsi éclaté entre des manifestants et des membres des SO de FO et de la CGT. Ceux-ci s’étaient munis de casques, de matraques et de battes de baseball, échaudés par les affrontements de la journée du 12 mai : des membres de services d’ordre avaient reçu des projectiles, treize personnes avaient été blessées du côté des syndicats. Peu avant, certains manifestants avaient scandé « SO, collabos ». Pour les centrales, ces tensions découlent de la publication, la veille, d’un communiqué par la préfecture de police de Paris. Elle y indiquait qu’"une liaison étroite - serait - maintenue entre les forces de l’ordre et le service d’ordre des organisateurs".

      Une proximité que dément Jacques Girod, secrétaire adjoint de l’union départementale FO de Paris : « Nous avons des contacts avec la préfecture mais à aucun moment nous ne collaborons ! » Pour Frédéric Bodin, en charge des questions de service d’ordre à Solidaires, « la préfecture aimerait bien que l’on sécurise l’extérieur du cortège mais ce n’est pas notre rôle. Un SO ne gère que l’intérieur ».

      « Le 12 mai et le 17 mai, c’était chaud parce que les syndicats ont voulu se mettre devant en jouant les gros bras », assure un étudiant, persuadé que la préfecture a mis sous pression les syndicats pour qu’ils reprennent possession de l’avant du défilé. « Nous n’avons pas essayé de récupérer la tête, nous ne cherchons pas l’affrontement », assure pourtant Jacques Girod. « Il n’y a jamais eu de mot d’ordre de la CGT pour éjecter des manifestants violents, affirme Gérard, un militant qui participe régulièrement au service d’ordre. Dès lors que la manifestation est organisée par des syndicats, c’est logique qu’ils soient en tête pour faire passer un message. »

      Un « message » qu’il craint de voir brouillé par les violences qui se répètent à chaque manifestation.

  • [video] (courte) - Je n’invente rien, je redécouvre. https://vimeo.com/166586911


    Montage parallèle d’images d’archives, travail de création et de réflexion à but non-lucratif, l’auteur ne détient pas les droits des images de ce film.

    Réalisation : Damien Gurzynski
    Aide aux recherches : Remy Fay

    Toutes les sources utilisées sont mentionnées ci-après :
    « Le fond de l’air est rouge » - Chris Marker
    boutique.arte.tv/f5756-fond_de_l_air_est_rouge

    « [SHORTCUT] LOI TRAVAIL 31/03/2016 : MANIFESTATION À NANTES » - Taranis News
    youtube.com/watch ?v=JSCFvJhwfMU

    « ÉTAT D’URGENCE QUELLES VIOLENCES POLICIÈRES EN MANIFESTATION » - Taranis News
    youtube.com/watch ?v=bgUePjHDBmE

    « RIOT (MARS/AVRIL 2016) » - Taranis News
    youtube.com/watch ?v=3-aGBmRCdXo

    « RENNES : LA BATAILLE POUR LE CENTRE-VILLE (PART 5 : MANIF 12/5/2016) » - Taranis News
    youtube.com/watch ?v=EpCfuLb6bF8

    "LOI TRAVAIL 28/4/2016 • PARIS : « QUI SÈME LE GAZ RÉCOLTE LE PAVÉ »" - Taranis News
    youtube.com/watch ?v=T8DW-Jo5qUQ

    « [FETE DU TRAVAIL] PARIS : L’ÉMEUTE DU 1ER MAI » - Taranis News
    youtube.com/watch ?v=umUH052Q7J0

    « On ne sait jamais ce qu’on filme, un film de Matthieu Bareyre et Thibaut Dufait » - Matthieu Bareyre
    youtube.com/watch ?v=geKfJw9AaRM

    « Des échauffourés place de République à la veille de l’ouverture officielle de la COP21 » - Euronews
    youtube.com/watch ?v=-UpUMAsYUcw

    « [31/03] Loi travail : Utilisation de canons à eau contre les manifestants » - Nantes : Manifestations
    youtube.com/watch ?v=X2hBp7PM9cM

    « Manifestation offensive contre la Loi Travail - Paris - 28/04/16 » - Street Politics
    youtube.com/watch ?v=dlJ23-5hNkk

    « Manif du 1er Mai 2016 - l’affrontement jusqu’à Nation - Paris » - Street Politics
    youtube.com/watch ?v=2tCUxU7bQsE

    « Répression, barricades et affrontements avec la police ‪#‎LoiTravail‬ Paris - 05/04/16 » - Street Politics
    youtube.com/watch ?v=bNIYGU9Ltrc

    « Nuit debout 5 avril Prise de parole AG » - jolysable
    youtube.com/watch ?v=2sKfEHqW2ek

    « 28/04/16 Situation explosive Paris place de la nation crs / casseurs GAZ au rdv » - sebabass
    youtube.com/watch ?v=U181NZOpmK8

    "Cazeneuve dénonce « l’outrance » de l’opposition au sujet des débordements place de la République" - BFMTV
    youtube.com/watch ?v=8fAxMl56tEA

    « Loi travail : Cazeneuve condamnes les violences » - AFP
    youtube.com/watch ?v=ljXGT76yVno

  • Foxconn mise sur les robots plutôt que sur les ouvrier

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/05/27/foxconn-mise-sur-les-robots-plutot-que-sur-les-ouvrier_4927577_3234.html

    De gros bras mécaniques à la place des « petites mains » de Foxconn. L’entreprise taïwanaise, qui fabrique notamment les produits d’Apple ou de Samsung, a fait passer son effectif de 110 000 à 50 000 employés dans une de ses usines chinoises. En lieu et place, elle a « embauché » des robots pour assembler iPhone et autres smartphones Galaxy. D’après le gouvernement de la ville de Kunshan, à l’ouest de Shanghaï, 600 entreprises sont engagées dans le même processus de robotisation. « Foxconn a réduit son effectif de 110 000 à 50 000 employés, grâce à l’introduction de robots. Et ils sont parvenus à réduire leurs coûts de production », a expliqué le chef du département de la communication de Kunshan, cité, jeudi 26 mai, par le quotidien hongkongais South China Morning Post.

    Contacté par la BBC, Foxconn explique sa démarche. « Nous utilisons l’ingénierie robotique et d’autres innovations technologiques et industrielles pour remplacer les tâches répétitives que les employés accomplissaient par le passé. » Une manière de répondre aux critiques qui ont souvent été adressées à Foxconn, pour les conditions de travail très difficiles dans ses usines et un fort taux de suicide parmi ses employés.

    La Chine veut monter en gamme

    L’entreprise, qui emploie 1,2 million de personnes en Chine, ne confirme pourtant pas le nombre de 60 000 suppressions de postes et se veut rassurante. « Nous espérons maintenir notre importante main-d’œuvre en Chine, a affirmé Foxconn à la BBC. Nous formons aussi nos employés pour qu’ils se focalisent sur des éléments à plus haute valeur ajoutée du processus industriel, la recherche et développement, le contrôle process et le contrôle qualité. »

    Le salaire moyen a triplé en Chine ces dix dernières années, rendant le pays moins compétitif. Les industries à faible valeur ajoutée comme le textile ont déjà largement déménagé vers des pays moins avancés d’Asie du Sud-Est ou d’Afrique. Les secteurs plus techniques ont, eux, misé sur la robotisation. Un processus dans lequel la Chine a beaucoup de retard. Le pays compte aujourd’hui 36 robots pour 10 000 ouvriers du secteur manufacturier, contre 292 en Allemagne, 314 au Japon et 478 en Corée du Sud.

    Les entreprises de Kunshan semblent donc bien décidées à s’y mettre : 35 entreprises taïwanaises installées dans la zone industrielle ont dépensé plus de 4 milliards de yuans (500 millions d’euros) dans l’intelligence artificielle, d’après la municipalité. Au total, la Chine achète plus de robots industriels chaque année depuis 2013 que les grands pays industriels comme l’Allemagne ou le Japon. D’ici à la fin de l’année, la Chine sera le pays comptant le plus de robots au monde, d’après Ia Fédération internationale de la robotique.

    Ce bouleversement intervient alors que la Chine cherche à monter en gamme. Les dirigeants chinois ont promis d’éviter à la Chine le piège des « pays à revenus intermédiaire », ces pays industrialisés qui peinent à prendre le tournant technologique pour monter dans la chaîne de valeur. La robotisation est au centre de ce plan. Le président chinois, Xi Jinping, a appelé en 2014 à une « révolution des robots », qui transformerait d’abord la Chine, puis le monde. « Notre pays sera le premier marché pour les robots », avait-il déclaré dans une allocution devant l’Académie chinoise des sciences.

    C’est ce qui explique l’empressement des autorités locales de Kunshan à annoncer les progrès technologiques de Foxconn dans leur ville, même si c’est au prix de 60 000 emplois supprimés. Selon une étude menée dans treize pays en début d’année par l’institut de recherche ADP, 80 % des ouvriers chinois considèrent que leur emploi est menacé par la robotisation, contre 46 % en France et 39 % en Allemagne. En première ligne, les travailleurs migrants sont ceux dont les entreprises se passent le plus facilement. A Kunshan, sur 2,5 millions d’habitants, deux tiers sont des migrants venus d’autres provinces.

    La pilule risque d’être dure à avaler, alors que l’économie chinoise ralentit. Le pays a connu sa croissance la plus faible depuis vingt-cinq ans, à 6,9 % en 2015, et plusieurs secteurs sont en crise. A moyen terme, pourtant, la robotisation pourrait venir compenser la baisse de la main-d’œuvre chinoise. Du fait de la politique de l’enfant unique, en vigueur pendant trente-cinq ans jusqu’à fin 2015, la population en âge de travailler a commencé à baisser après 2010. Une tendance qui devrait s’accélérer et poser des problèmes de main-d’œuvre après 2020.

  • Aujourd’hui, un policier m’a menacé de #mort. “On sait où tu habites. On te surveille.” — Medium
    https://medium.com/@LucasCitoyen/aujourdhui-un-policier-m-a-menac%C3%A9-de-mort-on-sait-o%C3%B9-tu-habites-on

    “C’est toi le mec de l’autre jour à Nation, je t’ai reconnu. C’est toi qui a publié nos #photos sur Facebook, d’ailleurs on a fait bloquer ton compte” commence-t-il. [ Il fait référence à un évènement arrivé le jeudi 28 avril où lors d’un #contrôle similaire dans un couloir de métro, ils m’ont vu avec mon compagnon nous tenir la main et nous ont retenus sans aucune raison, renversant nos affaires par terre, humiliant mon compagnon à genoux et, en désignant une capote trouvée dans une poche et une capsule de lacrymo ramassée pour relever sa référence, ont lâché “C’est pour vous la mettre dans le cul ? Vous allez jouer avec ?” ce qui semblait bien les faire rire. J’avais le soir même publié mon #témoignage et des photos de l’incident, publication partagée plusieurs milliers de fois et recensant des milliers de soutiens et de réactions sur Facebook ; publication censurée le lendemain, je republie, soutenu par quelques dizaines de camarades et d’internautes relayant l’info, puis mon compte a été bloqué par Facebook 48h plus tard. ] Ce policier, dont le matricule était non visible, continue : “Plus jamais tu ne racontes ce qui s’est passé ou tu publies les photos ! On surveille ce que tu publies sur Facebook. Sinon on a ton adresse, on sait où tu habites, on vient devant chez toi et on te casse la gueule, fais gaffe à ta peau et à ta tête, t’es fragile”. Je reste muet, le regardant dans les yeux. “T’as compris ? Alors réponds ! — Je dois répondre quoi ? — Que tu publieras plus rien sur nous enculé !”. Essayant de garder mon calme, je lui réponds “Vous ne voulez pas qu’on en parle avec un avocat ? — J’en ai rien à foutre de ton avocat, on te surveille ! — Pour vous les humiliations homophobes de vos collègues étaient justifiées ? N’ayant pas les matricules que vos collègues avaient cachés, on a dû prendre des photos.” Le voyant agressif, j’ai appelé “Des gens ?! Officier !”. L’officier arrive alors : “Contrôle d’identité, c’est filmé”, désignant une petite caméra sur son équipement. Je lui réponds calmement : “Fouillez tant que vous voulez, je n’ai rien à me reprocher, rien à cacher ; par contre votre collègue m’a menacé de mort !”

    #police #homophobie #répression

  • « Nobel Sport Sécurité fabrique et commercialise une large gamme de produits pour le maintien de l’ordre. Cette division de Nobel Sport équipe les forces de #police, de #gendarmerie, et de l’armée en France et à l’étranger » Leur usine de Pont-de-Buis, dans le Finistère, fabrique des #grenades_lacrymogènes et des munitions de #flashball. Le site étant classé SEVESO 3, la simple présence de manifestant-e-s devant les grilles, comme ce fut le cas à plusieurs reprises ces dernières années, permet de stopper la production.
    http://brest.mediaslibres.org/home/chroot_ml/ml-brest/ml-brest/public_html/local/cache-vignettes/L614xH434/appelp2b-d68cb.jpg?1462977490
    http://brest.mediaslibres.org/spip.php?article389

  • Groupe de recherche pour un autre Code du travail
    http://www.pour-un-autre-code-du-travail.fr
    Vers un partage du temps de travail
    – Permettre un temps plein sur trois ou quatre jours
    – L’annualisation du temps de travail, contrepartie d’un passage aux trente-deux heures
    Les 35 h. renforcées
    – Un salaire majoré de 25% au minimum pour les heures supplémentaires
    – Un salaire majoré de 50% dès la septième heure supplémentaire
    Des souplesses pour les PME
    – Dans les entreprises de moins de 20 salariés, sans délégué du personnel, l’autorisation de l’inspecteur du travail peut remplacer un accord collectif d’entreprise.
    Des forfaits, sans burn out
    – Une négociation collective d’évaluation de la charge de travail
    – Un contrôle par le CHSCT du temps et de la charge de travail
    – Un pouvoir du CHSCT de suspendre les clauses de forfait
    – Des durées du travail maximales pour les forfait jours
    – Une réduction des jours travaillés en forfait jour
    Un droit au temps libre et prévisible
    – Un vrai préavis pour toute modification d’emploi du temps
    – Un droit au refus des modifications d’horaires
    – Une sanction pour les interruption du temps libre par l’employeur
    – Un droit à la déconnexion pendant tout le temps libre
    – Un temps d’astreinte rémunéré au moins au tiers du salaire normal
    Mais aussi …
    – Faciliter l’intégration au salariat des travailleurs « uberisés »
    – Une division par deux du volume de la loi
    – Une simplification de la législation sur le travail le dimanche
    – Un meilleur accès à la justice et un renforcement du rôle du juge
    – Une sixième semaine de congés payés, en échange de l’abandon de certains jours fériés
    #loi_travail #loitravail #loitravailnonmerci #onvautmieuxqueca #loi_el_Khomri

  • Pour la Fête du travail, France 2 s’en prend à la Sécurité sociale
    http://television.telerama.fr/television/pour-la-fete-du-travail-france-2-s-en-prend-a-la-securite-social

    « Qui sont ces Français qui ont fait le choix de quitter la Sécurité sociale pour une assurance privée qu’ils estiment moins chère et plus protectrice ?, demande Laurent Delahousse. C’est l’enquête de ce soir. » Nous sommes le dimanche 1er mai et, pour fêter les conquêtes du mouvement ouvrier (dont fait partie la Sécu), le 20 heures de France 2 choisit de mettre en lumière les « libérés » (sic) de la protection sociale… Cet épisode m’avait échappé. Ce jour-là, j’étais surtout frappé du subtil équilibre trouvé par les chaînes info et les JT pour rendre compte équitablement de l’actualité : un tiers pour les manifs syndicales, un tiers pour la manif de Jean-Marie Le Pen, un tiers pour la manif de Marine Le Pen. Source : Ma vie au (...)

  • Des enseignants et personnels des Beaux-Arts de Paris prennent fait et causes pour leurs étudiants qui avaient construit un « château » de #NuitDebout à #Paris, mais récusent également les termes de casseurs dont usent et abusent - comme de leur autorité - gouvernants, policiers et journalistes.

    « Contre l’intimidation systématique, les gazages massifs, les matraquages arbitraires, les brimades et les tirs tendus de flash-balls, nous réaffirmons le droit à manifester, le droit à construire des abris pour y débattre, le droit à investir l’espace public pour le réinventer. »

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/05/11/non-m-cazeneuve-nos-etudiants-n-ont-pas-a-payer-votre-derive-securitaire_491

    • #état_policier #violences_policières

      En réalité, le gouvernement dont vous faites partie, Monsieur Cazeneuve, projette dans cette figure fantasmatique le reflet de sa propre radicalisation répressive. Il flatte le bas instinct de la xénophobie en infligeant aux réfugiés un traitement plus cruel, des conditions de vie plus honteuses que chez tous nos voisins européens. Et voilà qu’aujourd’hui, pour imposer une loi rétrograde que même sa majorité parlementaire refuse de voter, il monte encore d’un cran dans la surenchère policière, et il s’en prend aux plus jeunes. Nous, enseignants et personnels des Beaux-Arts de Paris, refusons que nos étudiants paient le prix de cette dérive sécuritaire. Nous nous déclarons choqués par les violences qu’ils ont subies et solidaires de la plainte qu’ils ont déposée. Nous demandons à l’IGPN de diligenter une enquête et de sanctionner les fonctionnaires incriminés. Nous appelons toutes les victimes des violences policières de ces derniers jours dans toute la France – jeunes et vieux, lycéens, étudiants, militants et simples passants – à se constituer partie civile eux aussi, et nous espérons que le cas présent, par l’écho qu’il peut rencontrer, les y encouragera. Contre l’intimidation systématique, les gazages massifs, les matraquages arbitraires, les brimades et les tirs tendus de flash-balls, nous réaffirmons le droit à manifester, le droit à construire des abris pour y débattre, le droit à investir l’espace public pour le réinventer.

  • 50 organisations demandent aux chefs d’Etats européens de ne pas valider la directive #Secret_des_Affaires | #LDH Ligue des droits de l’Homme
    http://www.ldh-france.org/50-organisations-demandent-aux-chefs-detats-europeens-pas-valider-direct

    50 organisations françaises et européennes adressent ce jour une lettre ouverte aux chefs d’Etats et de gouvernement européens leur demandant de ne de ne pas valider la directive secret des affaires en l’état. En France, une interpellation est adressée à François Hollande.

    Le 14 avril dernier, le parlement européen a voté en faveur du projet de directive sur la protection du secret des affaires. Pour être adoptée, cette directive doit encore être approuvée, le 17 mai prochain par le Conseil de l’Union Européenne, institution représentant les Etats européens.

    Cette directive suscite l’inquiétude et l’opposition des ONG, organisations syndicales et citoyens européens. En effet, destinée à protéger les entreprises contre l’espionnage industriel, elle a un champ d’application potentiel beaucoup trop large et risque de permettre l’ouverture de poursuites judiciaires contre des personnes qui ne sont en aucun cas des criminels : journalistes, syndicalistes, lanceurs d’alertes obtenant ou publiant des informations internes d’une entreprise, ou salariés utilisant chez un nouvel employeur des informations acquises sur leur lieu de travail précédent.

    Le procès d’Antoine Deltour, Raphaël Halet (les #lanceurs_d’alerte) et d’Edouard Perrin (le journaliste) dans l’affaire #LuxLeaks est la parfaite illustration des dangers de cette directive. Le procureur a requis des amendes pour les trois prévenus et 18 mois de prison ferme en sus pour les deux lanceurs d’alerte en se référant entre autres à « la directive européenne sur le secret des affaires largement votée il y a deux semaines au Parlement Européen ». Contrairement aux dénégations des partisans du texte, voici, déjà, un cas où l’argument de protection des secrets d’affaires est utilisé pour poursuivre des journalistes et des lanceurs d’alerte en justice.

    Avec plus de 580.000 citoyens européens[1], les 50 organisations appellent à ne pas valider cette directive en l’état. Elles exigent notamment

    – Une définition du secret des affaires plus précise et limitée

    – Que l’illégalité de l’obtention, de l’usage ou de la publication d’un secret d’affaires soit limitée aux fins financières, commerciales ou concurrentielles.

    – Le renforcement des exceptions et des dispositions protégeant la liberté de la presse et les libertés syndicales, et les lanceurs d’alerte.

    – L’adoption d’une directive européenne protégeant les lanceurs d’alerte.

    13 mai 2016

  • « En s’offusquant de la casse des vitrines et distributeurs des banques, le pillage des grandes enseignes du productivisme, le saccage du mobilier urbain plein de publicités hideuses et sexistes, l’incendie des quartiers généraux des multinationales criminelles, les bourgeois, qui défendent leurs intérêts de classe, opèrent dans les médias un enfumage total. L’ordre républicain qu’ils invoquent ne visent qu’à cacher l’extrême violence de la pauvreté et à protéger la pyramide ultra-inégalitaire capitaliste. En s’autorisant de nouvelles formes de lutte, le prolétariat ouvre un champ des possibles et prend conscience de son propre pouvoir. En se rendant ingouvernable, chacun reprend sa vie en main et démontre non seulement l’inutilité mais aussi le parasitisme des dirigeants. »
    https://paris-luttes.info/les-black-blocs-expliques-a-eric-ciotti-et-a-ma-grand-mere-5655?lang=

  • On ne sait jamais ce qu’on filme
    https://www.youtube.com/watch?v=geKfJw9AaRM

    Le soir du 28 avril 2016, nous étions place de la République en train de réaliser un repérage de nuit pour mon prochain film, L’époque.

    Peu après une heure du matin, des tirs nourris de grenades lacrymogènes ont dispersé en quelques minutes la foule rassemblée auprès d’un feu, au pied de la statue centrale. Ce plan a été tourné à 1h37 du matin (date du rush), alors que la place venait d’être entièrement vidée sous l’effet d’un dispositif policier comportant plusieurs centaines de CRS. Je n’ai rien vu sur le moment, je croyais faire un plan d’ensemble sur une ligne de CRS qui se restructurait. Quelle stupeur fut la nôtre, le 29 au matin, de découvrir tout de ce qui se cachait dans le détail du plan...

    • En parlant de photographes...
      Alain Keler
      21 avril, 23:53 ·

      Journal d’un photographe / Edition spéciale du soir / Place de la République / La liberté de photographier.
      EDITION SPECIALE DU SOIR
      Jeudi 21 avril 2016.
      Robespierre place de la république. Pas de photos. Cela m’est arrivé deux fois ce soir. En tentant d’interdire aux photographes de photographier certaines réunions, on confisque la liberté d’informer, la liberté de, la presse, qui plus est dans un espace publique. Après avoir expulsé manu militari le philosophe Alain Finkelkraut, c’est un nouveau faux pas pour des militants de la nuit debout. On tente de couper des têtes, comme Robespierre, qui a fini par perdre la sienne.
      « La liberté de la presse est l’un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques qui repose sur la liberté d’opinion, la liberté de pensée et d’expression.
      Ainsi, l’article 11 de la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dispose : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » L’article 19 de Déclaration universelle des droits de l’homme aussi dispose la protection de la liberté de la presse ».
      Source https://fr.wikipedia.org/wiki/Liberté_de_la_presse
      Empêcher aux photojournalistes d’exercer leur droit d’informer sur la place publique instaure un régime d’exception digne des heures les plus sombres de l’histoire de France. La liberté d’informer est l’un des fondements de notre démocratie, et l’interdire n’est pas autre chose qu’une forme de fascisme qui ne dit pas son nom.
      http://alain-keler.tumblr.com…/edition-speciale-du-soir8-j…

    • En réponse à alain Keler, je colle pour archive.

      Meyer Flou
      34 min · Montreuil, France ·

      Je ne voulais pas répondre au post polémique d’Alain Keler vendredi au sujet de l’image illustrant la réunion féministe de Nuit Debout. Est-ce bien nécessaire ? J’ai passé le week-end à observer la vivacité du débat, je me méfie de ma colère, et j’ai pensé qu’Alain Keler pouvait faire de même. Je m’aperçois qu’il réitère son indignation sur Instagram ce lundi matin, avec les mêmes commentaires qui accompagnent l’image : « Empêcher aux photojournalistes d’exercer leur droit d’informer sur la place publique instaure un régime d’exception digne des heures les plus sombres de l’histoire de France. La liberté d’informer est l’un des fondements de notre démocratie, et l’interdire n’est pas autre chose qu’une forme de fascisme qui ne dit pas son nom. »
      Pour Alain Keler, si je comprends bien, la liberté d’informer consiste à comparer la volonté de cette réunion féministe qui ne veulent pas être photographiées sur la place publique à une forme de fascisme qui ne dit pas son nom, la Nuit Debout et ses dérives avec.
      J’aurais pu aussi adresser ce texte personnellement à Mr Keler, et éviter de jeter la tambouille sur le pavé, mais voilà, c’est justement la difficulté d’apprécier la réalité frénétique des réseaux sociaux, les idées s’y étalent, s’éparpillent. Je partage.

      Je vais donc laisser place à ma colère, la formuler, la faire glisser dans un point de vue. L’image (purement informative par ailleurs) comporte deux aspects évidents, la commission féministe non-mixte et le refus d’être photographié (sur une place publique).

      Un fascisme qui ne dit pas son nom ? Cette formule accolée à cette image de femmes qui sont en train de débattre de leur condition me fait mal, un mal immense. La cécité collective et essentiellement masculine qui s’étale en commentaires est atterrante. Je vais y aller fort. Il en est un de fascisme qui ne dit pas son nom. C’est le roi fascisme, le champion du monde de l’oppression, celui qui écrase et domine tous les autres, tant dans les statistiques que dans la durée. Tous les fascismes du monde ne sont rien face à lui, il les méprise même, il règne tout puissant. Cette catastrophe sans nom qui est la honte de l’humanité, cette humanité qui n’arrive pas à nettoyer ses racines. Cette horreur omniprésente qui souille l’idée même de civilisation porte un nom depuis les années soixante, c’est le sexisme. J’ai brièvement recoupé quelques chiffres, j’imaginais cette horreur, mais il est difficile de s’y confronter tant la nausée est solide, la vérité se glace. Au moment où j’écris ces lignes, dans le monde, dans un silence abominable, des dizaines, des centaines de femmes meurent sous les coups, des centaines, des milliers sont victimes de viols, des millions subissent humiliations en tout genre, toutes (ou presque) travaillent pour moins cher. Tout cela par le simple fait de leur condition de femme. Et vous pourrez au moins multiplier les chiffres par trois le temps que je termine ce texte. Ce cauchemar est permanent. On ne parle pas tellement d’égalité dans cette réunion, ni d’une main au cul de temps en temps, hein ?! On parle de femmes en danger, de femmes mortes. De millions de mortes ? Les chiffres sont impossibles à calculer, cela est à la limite du concevable, tout vacille.
      Pour moi cette image est d’abord cela, un groupe de femmes opprimées, militantes, qui discutent de la question de leur vie et de leur liberté, qui luttent pour le changement.
      Un fascisme qui ne dit pas son nom ? On ose commenter cette image de la sorte !
      Ce n’est pas de l’huile que l’on jette sur le feu, c’est de l’eau.
      La photographie est correcte, le commentaire abject.
      Je comprends l’indignation du photo-journaliste Keler, mais elle me fait honte, en tant qu’homme et en tant que photographe. Que l’on ne vienne pas me dire que c’est simplement la liberté de la presse qui est ici défendue, que cela ne concerne que quelques éléments réactionnaires, ce serait trop facile, les mots sont lâchés.

      J’en viens sur le deuxième aspect de l’image, le no-photo. Vu la dimension de l’oppression, on comprend facilement le concept de commissions non-mixte (par jour, une non-mixte et une mixte), soit. Je pense que l’intention première de la demande polie (svp) de ne pas photographier est justement d’éviter qu’un photographe masculin soit tout de même présent de part sa qualité de témoin, de journaliste, et que cela fausse le débat. Je remarque que la photo existe. En tant que photographe, cela me dérange beaucoup, j’adore quand les gens n’ont aucun problème avec leurs images et que s’enflamme la grande fête du témoignage photographique libre. Ce n’est pas le cas. Quand quelqu’un me demande de ne pas le photographier, je ne le photographie pas, je ne continue pas en lui disant que j’ai le droit d’informer dans l’espace public. Au mieux, j’engage la conversation.
      Or, tout le problème est là, on brandit (bien droit) le droit à la liberté d’expression, mais on n’informe pas, on diffame, on traite ces femmes et leurs comportements de fascistes. Cela est un dérapage intolérable et injuste, venant d’un professionnel. Il ne faut pas s’étonner que les photographes aient mauvaise presse, eux même la nourrissent. L’image se suffisait à elle même, on pouvait s’interroger sur la volonté de ces féministes qui tiennent à être présentes organiquement sur la place, de faire corps avec l’évènement Nuit Debout, c’est très important pour elles. Et en même temps leur demande de ne pas être photographiées pose un vrai problème, la question complexe du rapport droit à l’image/droit de photographier. Lordon et Sophie E ont intelligemment soutenu notre statut de travailleurs, de photographes et de journalistes qui couvrent difficilement la Nuit Debout. J’ai du mal à accepter la volonté de la commission féministe, entre maladresse et provocation. Mais je la comprends, je la respecte, elle m’interpelle. Si cela avait été une commission de migrants en situation irrégulière sous la menace policière ? Ils demandent à ne pas être photographiés, on fait quoi ? Il est commun de voir la presse invitée pour les dix premières minutes seulement d’une réunion quelconque. La plupart des réunions où se décide l’avenir de nos vies, se font dans un secret absolu.
      Dans un second post, Mr Keler en rajoute une couche en évoquant khmers rouges et talibans, il parle de totalitarisme. Oui, il y a des pays encore aujourd’hui où le fait de prendre une image peut vous mener en prison ou pire, et il existe des journalistes courageux pour l’affronter, ce n’est pas le cas en France, ni à République. Il en est un de totalitarisme qui domine tous les autres, encore une fois, et il est global, c’est le néo-libéralisme. On le voit bien avec la question des lanceurs d’alertes qui croulent sous les procès, ce sont eux à mon avis qui représentent le mieux aujourd’hui les valeurs de la vérité qui dérange, ils fournissent des données. Notre droit à l’information, de s’exprimer, de photographier n’est pas inaliénable, il est aliéné. Vous pouvez aller sans problèmes sur les plages de Lesbos photographier le drame des exilés, ce ne sont pas eux qui vous traineront en justice, ils n’en ont ni le souci, ni les moyens, il en est de même de tous les miséreux. L’image choc démultipliée de la mort du petit Aylan pouvait-elle changer notre vision de cette catastrophe ? Il n’en est rien, le message n’est pas passé. Par contre, je mets quiconque au défi d’aller photographier la vie quotidienne des ultra-riches dans les quartiers de Los Angeles ou de Neuilly-sur-Seine pour y dénoncer les inégalités les plus criantes de notre monde, vous ne ferez pas trois jours que vous vous retrouverez dans un tribunal pour non respect de la vie privée. Il est pensé pour qui le droit, qui l’utilise, que se cache t-il derrière la notion de privé ? Au passage, je félicite Paolo Woods et Gabriele Galimberti pour leur travail subtil et volontaire sur l’opacité des paradis fiscaux.
      Je pense qu’il faut observer les changements qui se sont opérés ces dernières décennies, ici, en ce qui concerne l’image. Oui, il est plus difficile de photographier les gens aujourd’hui, le professionnel se heurte aux réticences, au refus, il doit régulièrement se justifier. Alors que paradoxalement, on voit se déployer un empire colossal de l’image, une ère de la photographie. Le rapport à l’image a profondément changé, simplement parce qu’il est pratiqué par tous, nous en avons l’expérience, nous le vivons. À l’heure de l’autoportrait (selfie) il y a une tendance exagérée à vouloir tout contrôler, on contrôle quoi en définitive ? Oui, la photographie est un langage, nous avons vu naître ce monde sous nos yeux. L’invention de l’imprimerie qui a libéré la littérature est une des plus belles mutations du monde. En sera-t-il de même pour l’image à l’heure d’internet ? À nous d’y participer, et pour cela il faut d’abord libérer l’image de l’oppression. Nous ne traversons pas uniquement une crise de civilisation, ce monde du commerce, du profit et de la compétition, le monde est en crise poétique. Les images sont torturées, exploitées, soumises à la désinformation, la surinformation, la non-information. La publicité et ses valeurs mesquines de basse humanité dominent le champ visuel, l’étouffe. D’ailleurs, c’est pour cela que certaines féministes radicales exècrent la photographie, elles y voient l’objet de l’avilissement de leur corps, ce qui est vrai.
      Nous vivons la dictature du média, et nous perdons la valeur du message.
      La photographie est un métier à risque, parfois il faut savoir remballer son amour propre et son appareil dans le sac, c’est douloureux. Essayons de travailler avec passion et lucidité, une culture du doute, de la découverte, poussons les réflexions, il sera plus facile d’inventer. Les gens d’images ont des droits à faire vivre, mais je leur préfère le sens du devoir, c’est là que réside le combat pour l’art photographique, dans la transmission du désir. « Non, explique Hannah Arendt, la liberté n’est pas de faire ce que je veux, mais de commencer une action avec courage ! »
      Alors, il est inacceptable de voir ainsi ces féministes et la Nuit Debout devenir sujets à amalgames, à y coller des termes comme fascisme. Encore une fois les mots sont gondolés, c’est intolérable. En brandissant ainsi la liberté d’expression, on la fragilise.

      Ces amalgames sont dangereux, la menace est grave, l’extrême droite progresse partout en Europe de manière importante, et pour moi c’est clair, c’est là que réside le « fascisme », celui de la xénophobie et du racisme clairement affichés, du négationnisme, le Front National est ses dérives. Nous ne devons pas le perdre des yeux. Si dans la décennie qui arrive, une guerre civile ravage l’Europe une fois de plus, et que tout ce qui est basané, musulman et migrant se retrouve dans des camions pour je ne sais où, il ne faudra pas nous dire que nous ne savions pas. Il faut imaginer le pire. L’extrême droite se nourrit de la crise, il faut faire cesser la crise, il faut partager, au niveau mondial. Cela fera aussi taire les fascismes de Syrie et d’ailleurs. Quant à l’ogre rouge, il semble bien mort depuis la chute du mur de Berlin.
      Alors, une dernière fois, on ne peut coller le terme de fascisme à Nuit Debout. Oui, Nuit Debout dérive, vacille, se cherche, combat et résiste, car les attaques sont violentes, la pression des violences policières est écrasante, l’infiltration politique nauséabonde. Nuit Debout est un évènement, il aura son temps, la voie est ouverte.
      Ce qui se joue là est toute la force humaniste de la gauche dans sa réinvention, c’est très précieux. On débat durement, mais librement, d’égalité, de travail, de partages des richesses, de femmes et de discriminations, d’écologie et de respect, tout ce qui nous concerne. Les jeunes, les bobos, les freaks, les normaux, les intellos, les syndicalistes, les vieux, toutes sortes de gens dignes se mêlent. L’assemblée générale est magnifique, bouleversante.
      Quoi de plus noble chez l’humain que l’élan de la révolte ? L’exigence poétique, car oui, il est urgent de vivre.

      Amis de l’image, tant que vous le pouvez, travaillez avec hargne la pratique libre de la photographie et prenez soin de votre langage.

      Amicalement.

      Meyer.

  • Facebook fermera en 2024.
    http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2016/04/facebook-fermera-en-2024.html

    Yahoo ! avait « choisi » de devenir un portail pour compenser sa perte de vitesse sur le marché du Search autant que pour agréger une brassée de services tiers lui permettant d’occuper le terrain sur l’ensemble des usages émergents à l’époque. Si Facebook choisit délibérément de devenir un portail c’est à la fois pour des raisons (qui lui semblent) stratégiques, mais également et peut-être surtout pour compenser une perte d’intérêt dans les usages, un désaveu, une déception au regard de son positionnement historique, une perte de sens de sa promesse initiale : Facebook est devenu « de plus en plus impersonnel », « on y partage de moins en moins sa vie privée ». Et ça commence à poser sérieusement problème ...

    #facebook #réseaux_sociaux #internet

  • Nouveau rapport : « En quête de transparence : sur la piste des banques françaises dans les paradis fiscaux »
    Les principaux résultats de cette étude témoignent tant de l’importance des activités menées dans les paradis fiscaux que des spécificités de ces territoires :

    – Les banques françaises déclarent un tiers de leurs bénéfices internationaux dans les paradis fiscaux. Le Luxembourg, paradis fiscal au cœur de l’Union européenne, accueille à lui seul 11 % de ces bénéfices.

    – Les activités des cinq banques françaises sont 60 % plus lucratives dans les paradis fiscaux que dans le reste du monde. La Société Générale est à ce titre la banque la plus « rentable » : à volume d’activité égal, ses activités dans les paradis fiscaux rapportant plus de quatre fois plus que dans les autres pays.

    – Les salariés des banques étudiées sont en moyenne 2,6 fois plus productifs dans les paradis fiscaux que dans les autres pays. L’Irlande est de loin le paradis de la productivité par salarié : le travail d’un salarié du groupe BPCE y rapporte en moyenne 1,8 million d’euros, soit 31 fois plus que la moyenne de l’ensemble des salariés du groupe. Dans 34 cas, les banques indiquent même avoir des filiales dans des territoires offshore sans aucun effectif. La palme en la matière revient aux Iles Caïmans : les cinq banques françaises y possèdent en tout 16 filiales, sans un seul salarié, et pourtant 45 millions d’euros de bénéfices y sont déclarés.

    – Les activités les plus risquées et spéculatives sont toujours situées dans les paradis fiscaux. Les activités de banque de détail y sont en effet très minoritaires : le Crédit Agricole compte par exemple près de 4 fois moins de banques de détail dans les paradis fiscaux que dans les autres pays.

    – A taux de profits égaux, les banques françaises payent deux fois moins d’impôts dans les paradis fiscaux. Dans 19 cas, les banques françaises n’y paient même aucun euro d’impôt bien qu’elles y déclarent des bénéfices. Derrière ces chiffres, c’est bien l’utilisation spécifique des paradis fiscaux par les banques françaises qui est interrogée : transfert artificiel de bénéfices et donc réduction de leurs propres impôts, facilitation de l’évasion fiscale de leurs clients ou encore contournement de leurs obligations réglementaires en y menant des activités spéculatives et risquées.
    #évasion_fiscale #banque #Crédit-Agricole #bnp-paribas #société-générale #PPFJ #paradis_fiscaux #finance #france #économie #fiscalité
    http://www.stopparadisfiscaux.fr/que-font-les-etats/la-france/article/nouveau-rapport-en-quete-de