IA : floué par une visioconférence avec des collègues deepfakes, il transfère 26 millions de dollars à des escrocs – Libération
▻https://www.liberation.fr/economie/economie-numerique/ia-floue-par-une-visioconference-avec-des-collegues-deepfakes-il-transfer
Un employé d’une entreprise basée à Hongkong s’est vu ordonné d’effectuer quinze transactions bancaires par ses supérieurs... qui étaient en fait des avatars complexes générés par intelligence artificielle. Le tout au profit d’escrocs.
]]>Suis-je seul à dire « persiste les signes » et non pas « persiste et signe » ?
C’est surement juste une incomprehension initiale de mes première expériences d’écoute de cette expression, mais j’ai rationalisé la première forme.
Pour moi, ca a toujours été « il persiste à donner des signes de... » donc « persiste les signes ».
(avant de mourir, je voulais au moins laisser une occurrence de cette forme sur internet... pour la postérité et les IA).
#français #expression
Scriptes de la démocratie : les sténographes et rédacteurs des débats (1848–2005) ▻http://journals.openedition.org/sdt/13695
Témoins fidèles de ce qui se produit en séance, les rédacteurs des débats sont également les seuls témoins de tout ce qui constitue le « hors champ » et parfois le « hors règlement » de la séance. Or, la dimension procédurale de la séance, les oblige à une vigilance de tous les instants, car telle interruption peut s’avérer sans suite et telle autre peut jouer un rôle clé dans la dynamique de la séance et déclencher un « incident ». Les « incidents » sont bien entendu de nature et d’ampleur variées : joute oratoire, bruit, insulte, menace physique, irruption du public, révolution ! Évènements historiques, rares, mais qui nous rappelle le caractère d’imprévisibilité de la vie parlementaire.
(…) Comme l’indique Hippolyte Prévost, directeur du service en 1848 : pour rendre la qualité d’un bon orateur, il faut un travail patient et invisible de l’écrit. Personne ne parlant comme il écrit, toute « improvisation » en séance oblige à un important travail de « révision » qui peut être assimilé à une « traduction ». H. Prévost a clairement explicité la nature « littéraire » de ce travail : resserrer, clarifier, émonder, réviser, avec « goût et tact », en dérobant aux lecteurs et à l’orateur, lui-même, les traces de l’intervention (Prévost, 1848). Cette activité de traduction est bien entendu toujours à l’œuvre. Certains rédacteurs des débats considèrent qu’elle est plus que jamais à l’ordre du jour en raison de la baisse des qualités oratoires des élus. Ils assument qu’il leur appartient de redonner du lustre à la fonction parlementaire et de contribuer dans le passage à l’écrit à une mise en forme autant stylistique qu’institutionnelle.
(...) Devant le risque que comporte la loi relative au statut général des fonctionnaires (1946) qui prévoit l’égalité d’accès des hommes et des femmes à tous les emplois publics, ils font voter par le bureau de l’Assemblée en 1951 un numerus clausus qui les préserve (au prétexte de la difficulté de la charge, incompatible avec la « fragilité » de la nature féminine) de toute présence indésirable. L’arrêté stipule ainsi que le service ne peut comporter plus de 10 % de femmes. La digue tient jusqu’à ce que la nécessité de faire face à une surcharge d’activité oblige au recours ponctuel à des dames secrétaires. La porte étant ouverte, des demoiselles s’y engouffrent. Ainsi en est-il de Mlle A., « dame secrétaire » au Palais-Bourbon depuis 1953, auxiliaire au CRI au milieu des années 1960, qui se présente (manifestement contre l’avis du directeur du service) au concours de recrutement qui s’ouvre en 1968. Elle est classée cinquième sur six, alors que le concours pourvoit cinq postes, mais déclassée au profit du sixième candidat, au titre que le service ne pourrait supporter « sans grave dommage » le fait d’absorber deux femmes. Une autre femme, classée quatrième est en effet recrutée, devenant la première femme sténographe des débats de l’histoire du service. Mlle A. porte plainte devant le tribunal administratif qui statue dans un premier temps sur la seule question de la recevabilité de sa candidature. Devant la mobilisation des associations féminines et féministes, le tribunal se voit obliger de statuer au fond sur la légalité de l’éviction (et du numerus clausus). Le tribunal tranche en faveur de Mlle A. Elle est déclarée admise, mais n’est intégrée dans les cadres qu’en novembre 1973, après que le directeur du service ait refusé sa titularisation et que l’administration ait du faire face à une campagne syndicale en sa faveur.
(…) Le rejet du magnétophone enregistreur est une autre affaire. L’objet est tabou jusqu’à la fin des années 1960. Il est interdit de mentionner son nom dans le service. Les plus anciens se souviennent de s’être équipés en secret de leur hiérarchie (cachant l’instrument dans leurs vêtements), soulagés de pouvoir recourir à l’enregistrement en cas de mauvaise « prise », mais effrayés d’être démasqués.
]]>Licenciement : la preuve déloyale devient recevable
▻https://www.lemonde.fr/emploi/article/2024/01/17/licenciement-la-preuve-deloyale-devient-recevable_6211261_1698637.html
Carnet de bureau. Lorsque le marché de l’emploi se tend, des dossiers de #licenciement reviennent sur le bureau des DRH. Deux arrêts de la #Cour_de_cassation pris fin 2023 risquent de faciliter la tâche des employeurs aux dépens des salariés. « La Cour de cassation admet que des #moyens_de_preuve déloyaux peuvent être présentés au juge dès lors qu’ils sont indispensables à l’exercice des droits du justiciable », indique le communiqué de la haute juridiction publié le 22 décembre. « Toutefois, la prise en compte de ces preuves ne doit pas porter une atteinte disproportionnée aux droits fondamentaux de la partie adverse (vie privée, égalité des armes, etc.) », précise-t-elle. Autrement dit, la preuve obtenue de façon déloyale est désormais valable, mais à certaines conditions.
Les deux affaires jugées concernaient, d’une part, un responsable commercial de la société Abaque Bâtiment Services licencié pour #faute_grave le 16 octobre 2016 sur la base des enregistrements de deux entretiens à l’insu du collaborateur ; et, d’autre part, un salarié de la société Rexel Développement licencié le 9 décembre 2015, également pour faute grave, en raison des propos insultants tenus à l’encontre de son supérieur hiérarchique et de son remplaçant lors d’un échange électronique sur sa messagerie privée, hébergée sur son ordinateur professionnel.
Durant son congé, son remplaçant a consulté son compte Facebook, qui n’avait pas été déconnecté, a lu le message qui sous-entendait que ledit remplaçant avait obtenu son poste grâce à son orientation sexuelle et l’a transféré à la hiérarchie.
Au juge de trancher
Depuis 2011 et jusqu’alors, des #enregistrements_clandestins ou autres stratagèmes de l’#employeur pour justifier un licenciement étaient automatiquement irrecevables devant les #prud’hommes. La reconnaissance pour preuve de documents obtenus de manière déloyale, même sous conditions, marque ainsi un revirement certain du traitement des dossiers de #salariés. Les deux licenciés, qui contestaient la façon déloyale dont les preuves avaient été obtenues, ont été déboutés.
Pourquoi ce revirement de #jurisprudence ? Dans la première affaire, pour « ne pas priver un justiciable [l’employeur] de la possibilité de faire la preuve de ses droits, lorsque la seule preuve disponible pour lui suppose, pour son obtention, une atteinte aux droits de la partie adverse », répond la Cour de cassation. Et dans la seconde, parce que la loyauté de la preuve n’était pas le sujet. Une conversation privée ne peut motiver un licenciement que si elle constitue « un manquement du salarié aux obligations découlant du contrat de travail », précise la Cour.
Faut-il craindre pour autant un engouement des employeurs pour les pratiques déloyales ? Pas forcément, dans la mesure où la recevabilité de la preuve déloyale n’est pas automatique. Ce sera au juge de trancher, mais l’approche a changé.
]]>Les ravages de la drogue, quand même, c’est triste à voir…
▻https://www.europe1.fr/politique/info-europe-1-regeneration-audace-discipline-republicaine-ce-qua-dit-emmanue
Selon les informations d’Europe 1, Emmanuel Macron a continué sa prise de parole ainsi : « Le 21e siècle est le siècle de la régénération. Et cette régénération vous ordonne de renouer avec l’esprit de la Révolution française. J’ai choisi pour la France le plus jeune Premier ministre de son histoire : ce n’est pas un risque, c’est une chance », a-t-il déclaré avant de poursuivre.
« Votre mission est d’éviter le grand effacement de la France face au défi d’un monde en proie au tumulte. Si vous ne vous en sentez pas capable, quittez cette pièce à l’instant. Vous n’êtes pas seulement des ministres, vous êtes les soldats de l’an II du quinquennat. Je ne veux pas de ministres qui administrent, je veux des ministres qui agissent. Je ne veux pas de gestionnaires, je veux des révolutionnaires. Ce gouvernement n’a qu’un seul mot d’ordre : de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace. Ce gouvernement sera celui de la discipline républicaine. Je ne veux pas d’états d’âme, je veux des états de services. »
]]>L’Invention du compte rendu intégral des débats en France (1789-1848) | Dans Parlement[s], Revue d’histoire politique 2010/2 (n° 14), pages 146 à 158 ▻https://www.cairn.info/revue-parlements1-2010-2-page-146.htm
Après la révolution de 1830, le climat devint plus favorable aux comptes rendus de séance, désormais presque complètement libéralisés. En 1831, Jean-Baptiste Breton, qui faisait figure de vétéran du journalisme parlementaire, lança le Sténographe des Chambres. Son journal était placé sous le patronage de Casimir Périer, qui souhaitait développer le régime parlementaire en France. C’était la première publication entièrement fondée sur la sténographie, du moins en principe, la première aussi à bénéficier d’une subvention de la Chambre des députés. Hélas, faute de disciples sténographes en nombre suffisant, et en raison de la mort de son protecteur, emporté par le choléra en 1832, Breton dut déposer le bilan dès 1833. L’équipe du Moniteur, qui lui faisait une rude concurrence et qui disposait toujours du monopole de la présence au pied de la tribune des orateurs, parvint à récupérer la subvention versée par la Chambre des députés, bientôt imitée par la Chambre des Pairs. Un service sténographique, indirectement rémunéré par le Parlement, était né. Ses deux meilleurs éléments, Célestin Lagache (1809-1895) et Hippolyte Prévost (1808-1873) reçurent la direction des comptes rendus, respectivement au Palais-Bourbon et au Palais du Luxembourg.
Une organisation minutieuse pour un compte rendu intégral
Tirant les leçons des expériences antérieures, et notamment de l’échec du Sténographe des débats, Lagache et Prévost mirent au point, sans qu’il soit facile de déterminer ce qui revient à l’un, à l’autre, ou à leur concurrent malheureux Jean-Baptiste Breton, des méthodes de travail qui devaient, pour l’essentiel, demeurer inchangées jusqu’à nos jours.
Ils avaient compris que la seule façon de donner un compte rendu intégral de séances souvent longues et agitées était de pousser à l’extrême la division du travail. Ils étaient également bien placés pour connaître la tension psychologique et la fatigue nerveuse qu’entraînait la prise de notes sténographiques. Ils organisèrent donc un roulement le plus rapide possible des rédacteurs en séance. Alors que les journalistes des années 1820 se chargeaient parfois d’une heure entière de débats, les membres de l’équipe du Moniteur acceptèrent de se relayer toutes les deux ou trois minutes dans l’hémicycle. Une fois leur prise de notes effectuée en écriture sténographique, ils sortaient pour la traduire et la dicter à des secrétaires, puis revenaient au plus vite en séance.
Afin de lutter contre le morcellement des débats que ce roulement rapide suscitait, Lagache et Prévost proposèrent en 1835 la création d’un nouveau poste de rédacteur, confié à des sténographes plus expérimentés, appelés « réviseurs », qui se succédaient en séance tous les quarts d’heure seulement. Ainsi deux sténographes se trouvaient-ils constamment présents dans l’hémicycle, de chaque côté de la tribune, se faisant face « comme deux augures », selon le mot de Prévost .
Les réviseurs, comme leur nom l’indiquait, étaient chargés de réviser le travail des « rouleurs ». Les responsables des deux services, c’est-à-dire Lagache et Prévost, se chargeaient quant à eux de relire l’ensemble de la séance, afin de lui conserver son unité. Enfin, l’imprimeur du Moniteur se livrait à une ultime relecture, destinée à traquer coquilles et fautes de frappe. Au total, quatre paires d’yeux suivaient quotidiennement la reproduction des débats, ce qui permettait d’obtenir un compte rendu à la fois fidèle et exhaustif, sans équivalent dans l’Europe de l’époque. Si la monarchie de juillet est restée comme un âge d’or de l’éloquence parlementaire , c’est en grande partie grâce aux rédacteurs du Moniteur.
Au-delà de l’organisation du service sténographique, Lagache et Prévost mirent au point une doctrine originale pour la reproduction intégrale des séances. Ils comprirent qu’il n’était pas souhaitable de reproduire intégralement tous les propos prononcés, avec leurs répétitions, leurs hésitations, leurs incorrections parfois, comme avaient tenté de le faire, en 1791 et 1792, les rédacteurs du Logographe. Ils eurent l’intuition que le compte rendu intégral devait être autant une réécriture qu’une transcription, et qu’ils ne parviendraient à une complète fidélité que grâce à un important travail sur la langue. En effet, l’écart est tel entre la langue écrite et la langue orale, même chez les meilleurs orateurs, même au XIXe siècle, que le discours prononcé doit impérativement être rapproché des standards de l’écrit, faute de quoi le lecteur ne parvient pas à le suivre. Le travail du sténographe ne se bornerait donc pas à l’enregistrement des propos tenus ; il serait une œuvre intellectuelle de traduction et de remise en forme.
Hippolyte Prévost théorisa ces principes dans un article du Constitutionnel publié en 1848 et intitulé « L’organisation de la sténographie officielle de l’Assemblée nationale » :
« Nous sommes convaincus, écrivait-il, qu’il n’est pas d’improvisation, et nous ne parlons que des meilleures, qui puisse supporter sans dommage une reproduction littérale […] Le sténographe qui néglige ce point de vue n’a certainement pas réfléchi sérieusement aux exigences de sa profession. Il n’a pas été frappé comme il convenait des différences essentielles qui existent entre le style parlé et le style écrit ; différence qu’il s’agit de faire, autant que possible, disparaître de la traduction. La fidélité d’un tel sténographe sera cruelle ; elle fera le désespoir du lecteur autant que celui de l’orateur : traduttore, traditore. La sténographie inexorablement exacte ne sera plus l’image de la parole, elle en offrira la charge, la caricature ; car le discours qui aura charmé, convaincu, entraîné l’auditeur, heurtera, fatiguera, irritera le lecteur. »
L’objectif du rédacteur serait donc « de faire parler l’orateur comme un livre, c’est-à-dire, précisément, de lui ôter ses qualités d’orateur. » Non seulement le sténographe rectifierait les erreurs matérielles, mais il supprimerait les répétitions, les hésitations, les lapsus – considérés, en ces temps pré-freudiens, comme dépourvus de sens –, car, comme l’affirmait Prévost « en principe, on peut sans trop de scrupule promener la serpe au milieu des buissons d’ordinaire trop touffus de l’improvisation ». Le résultat pourrait certes affadir les meilleurs discours, conçus d’emblée dans la perspective de l’oral, mais il améliorerait sans aucun doute les plus mauvais, qui étaient aussi les plus nombreux.
]]>Le nucléaire pour sauver le climat ? Lindgaard vs. Jancovici
▻https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/121223/le-nucleaire-pour-sauver-le-climat-notre-debat-avec-jean-marc-jancovici?us
▻https://www.youtube.com/watch?v=dZjKocZk-pM
Louis Althusser et Hélène Rytmann : le philosophe assassin et le féminicide occulté – Libération
▻https://www.liberation.fr/idees-et-debats/louis-althusser-et-helene-rytmann-le-philosophe-assassin-et-le-feminicide
« Althusser trop fort. » Longtemps, ce canular macabre a circulé dans le milieu intellectuel français. Plaisanterie d’initiés, blague de khâgneux, il désigne le cou d’une femme, Hélène Rytmann, étranglée par le philosophe Louis Althusser le 16 novembre 1980 à 7h55 dans leur appartement de fonction de l’Ecole normale supérieure, à Paris. Fait divers total, l’affaire a estourbi la France de l’époque : un philosophe marxiste, prophète en son pays, meurtrier de son épouse, au sein d’une des plus grandes écoles françaises. Mais en dépit de l’avalanche d’articles et de livres parus depuis quarante-trois ans, il a fallu attendre cet automne pour qu’un ouvrage le qualifie de féminicide.
]]>Une tribune d’Isabelle Carré dans Elle
trouvée sur Bluesky
▻https://cdn.bsky.app/img/feed_thumbnail/plain/did:plc:pzrxjiiibrmngsk2itkhufeh/bafkreic2qdsxfffrzhzp5tmnyqnfcru7pixvx7vhx2f3v6fbetqofhpgsq@jpeg
United Nations reports Israeli forces are carrying out mass summary executions in Gaza - World Socialist Web Site
▻https://www.wsws.org/en/articles/2023/12/21/akcl-d21.html
▻https://www.wsws.org/asset/e428c09a-d67d-4073-9ff0-28d0f33a4f08?rendition=1600x900
Même aux Nations unies, on parle de plus en plus d’exécutions sommaires...
On Wednesday, the United Nations Office of the High Commissioner for Human Rights (OHCHR) published a report alleging that Israeli forces carried out a mass execution of civilians in northern Gaza Tuesday, separating 11 men from their families and summarily shooting them.
This report and a similar allegation by the Euro-Med Human Rights Monitor imply that Israel has moved from murdering civilians through bombing to mass executions.
In its report, the OHCHR in the Occupied Palestinian Territories reports that it “has received disturbing information alleging that Israel Defense Forces (IDF) summarily killed at least 11 unarmed Palestinian men in front of their family members in Al Remal neighbourhood, Gaza City, which raises alarm about the possible commission of a war crime.”
The UN wrote, “On 19 December 2023, between 2000 and 2300 hours, IDF reportedly surrounded and raided Al Awda building, also known as the ‘Annan building’, in Al Remal neighborhood, Gaza City, where three related families were sheltering in addition to Annan family.”
The UN added, “While in control of the building and the civilians sheltering there, the IDF allegedly separated the men from the women and children, and then shot and killed at least 11 of the men, mostly aged in their late 20’s and early 30’s, in front of their family members.” The UN continued, “The IDF then allegedly ordered the women and children into a room, and either shot at them or threw a grenade into the room, reportedly seriously injuring some of them, including an infant and a child. OHCHR has confirmed the killings at Al Awda building.”
An appeal from David North: Donate to the WSWS today
Watch the video message from WSWS International Editorial Board Chairman David North.
Donate today
The UN statement corresponds to a report published earlier by Euro-Med, which states, “Israeli army forces have carried out field executions against civilians during raids on Palestinian homes in the Gaza Strip, according to shocking testimonies received by the Euro-Med Human Rights Monitor.”
It continued, “According to preliminary information received by Euro-Med Monitor, 13 members of the Annan family and their displaced in-laws, the Al-Ashi and Al-Sharafa families, were killed by Israeli gunfire, while other members of the families were seriously wounded and are currently in critical condition.”
A witness told the Euro-Med monitor, “Thirteen persons were shot dead and several more were critically injured. The Israeli soldiers later threw shells at the women, who were being held in one of the rooms.” Euro-Med Monitor also recorded a rise in field executions following reports of attacks on Israeli military vehicles by Palestinian factions. This suggests that the crimes being reported are part of Israel’s unlawful retaliatory policy against Palestinian civilians, which is in violation of international humanitarian law.
]]>Toni Negri est mort.
]]>Nina Simone : le concert inédit (1965) | Rembob’INA
▻https://www.youtube.com/watch?v=CPFatt1ajic
Ce numéro de Rembob’Ina est un évènement puisqu’il propose une archive inédite que l’INA vient de retrouver et de restaurer. Il s’agit du tout premier récital que Nina Simone a donné en France, en 1965 au festival d’Antibes Juan-les-Pins.
En première partie, c’est l’occasion de découvrir un autre concert exceptionnel, enregistré en 1969 à l’Olympia et diffusé en deux parties sur la 2ème chaine, les 2 janvier et 2 avril 1970.
Suivront deux autres archives : une interview de Nina Simone en 1991 au micro d’Eve Ruggieri pour l’émission « Musiques au coeur », où elle clame sa colère et son amertume de n’avoir pas pu s’imposer comme pianiste classique, et un extrait du spectacle hommage « Autour de Nina », enregistré en 2016 à la Philharmonie de Paris, avec Sandra Nkaké qui interprète « Four Women ».
]]>« Les Trois Brigands », la littérature jeunesse chahutée : épisode • 4/4 du podcast Il était une fois… la littérature de jeunesse
▻https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-cours-de-l-histoire/les-trois-brigands-la-litterature-jeunesse-chahutee-2108556
▻https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10076-30.11.2023-ITEMA_23568851-2023C36128S0334-21.mp3
Jeudi 30 novembre 2023
En 1968, paraît en France "Les Trois Brigands". L’album pour enfants incarne une contre-culture dans la littérature jeunesse à partir des années 1960. Iconoclaste, l’ouvrage présente un monde sombre où les méchants deviennent accueillants pour Tiffany, la petite fille qu’ils ont fait captive.
Avec
– Loïc Boyer Designer graphique indépendant
– Anne Schneider Maîtresse de conférences en littérature française à l’Université Caen Normandie
Un éléphant, un castor et un reporter à houpette, voici trois figures de l’année 1931, avec la création de Père Castor par Paul Faucher, de Barbar par Cécile et Jean de Brunhoff, et de la parution de Tintin au Congo, une nouvelle aventure que propose Hergé. Pourtant, en 1931, un événement passe inaperçu et c’est normal : la naissance d’un enfant à Strasbourg. Il s’agit de Tomi Ungerer qui, trente ans plus tard, avec les "Les Trois Brigands", chahute la littérature destinée aux enfants.
“Les Trois Brigands”, une création née aux États-Unis
Les Trois Brigands a été illustré et écrit par Tomi Ungerer aux États-Unis en 1961. L’ouvrage est dessiné par un Européen parti chercher aux États-Unis une terre propice à la création après la Seconde Guerre mondiale. "Tomi Ungerer est un enfant de la guerre qui a subi l’occupation allemande. Il est issu de la bourgeoisie protestante. Il a appris l’alsacien sur le tas et est mâtiné de trois langues. À vingt ans, il décide de partir avec son carton de dessin sous le bras", raconte Anne Schneider. La littérature jeunesse trouve à New York un terreau où des auteurs et autrices, illustrateurs et illustratrices peuvent plus aisément coucher leurs inspirations sur papier. "Il y a une scène effervescente à New York avec une création d’arts plastiques qui va dans toutes les directions et qui nourrit Tomi Ungerer. Les Américains perçoivent d’ailleurs son style comme européen", explique Loïc Boyer. "C’est aussi cela qui plaît aux États-Unis, cette forme d’exotisme de Tomi Ungerer."
Une œuvre de contre-culture ?
L’œuvre participe d’une contre-culture qui bouleverse les rôles prédéterminés imposés aux protagonistes de la littérature jeunesse. À partir des années 1960 et 1970 au fil des pages, les enfants ne sont plus forcément punis pour leurs bêtises. Ils sont même encouragés à questionner l’autorité des adultes et leur hubris. "Ce qui est nouveau, c’est la façon dont les illustrateurs et auteurs vont considérer l’enfant. Pour eux, l’enfant peut aller jusqu’à une transgression permanente et totale de la figure maternelle et de l’autorité. Tomi Ungerer s’inscrit dans cette démarche", explique Anne Schneider. "Il y a une vertu éducative chez Tomi Ungerer. Quelque chose de subversif mais qui prend l’enfant en compte comme un personnage à part entière." D’un point de vue graphique et visuel, la rupture entre le monde des enfants et celui des adultes est quasiment invisible. "Il y a un univers pop dans l’album qui est en décalage avec le vocabulaire graphique pour les enfants. (...) La critique identifie ce style à la publicité plus qu’à l’édition de jeunesse", explique Loïc Boyer. "Les illustrations sont picturalement extrêmement fortes. Il est sur des aplats de couleurs. Il y a une présence du noir qui est très importante et qui à l’époque ne correspond pas graphiquement à ce qu’on a l’habitude de voir pour les enfants", explique Loïc Boyer.
En France, une littérature jeunesse bouleversée
C’est justement à travers des ponts entre New York et Paris que la littérature pour enfants trouve une nouvelle jeunesse en France. Grâce notamment à des éditeurs tels que Delpire ou François Ruy-Vidal, qui veulent pour les enfants des histoires et des dessins encore réservés aux plus grands. "Tout le projet de François Vidal, c’est de dire que les enfants ne sont pas en dehors de la société mais qu’ils en font partie. Donc on s’adresse à eux comme on s’adresse aux adultes", explique Loïc Boyer. Ces éditeurs dénichent en France une génération d’auteurs qui trouve sa place dans le paysage de la jeunesse. L’imaginaire des plus petits trouve là un accès aux mondes du design, de la presse et de la publicité.
Le mouvement n’est pas dénué d’intentions politiques. Les personnages de femmes et de petites filles de Tomi Ungerer ont du caractère et de l’initiative. À partir des années 1970, des histoires comme Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon proposent aux petites filles de nouveaux rôles qui façonnent leurs générations.
[...]
Références sonores
Archive INA de la psychanalyste Françoise Dolto à propos des lois sociales pour l’enfance, RTF, 1948
Extrait d’une lecture par Tomi Ungerer des "Trois Brigands" dans le film réalisé par Hayo Freitag, 2007
Archive INA de François Ruy-Vidal sur la lecture des enfants, RTF, 1975
Archive INA de l’éditeur américain Harlin Quist au sujet de l’illustration de jeunesse, France Inter, 1997
Archive INA d’Arthur Hubschmid, fondateur de l’école des loisirs, Antenne 2, 1986
Archive INA de Christian Bruel, fondateur des Éditions du "Sourire qui mord", à propos du métier d’éditeur pour enfants, France Culture, 1978
Archive INA de Tomi Ungerer lors d’une séance de dédicace à Strasbourg, "Autour d’eux", Grand Est, 1997
Musique du générique : Gendèr par Makoto San, 2020
]]>Mécontent du travail de l’AFP, le Sénat a convoqué ses patrons parce qu’ils n’utilisent pas assez le mot « terroriste » et parce qu’ils publient le nombre de morts palestiniens fourni par… les palestiniens (14 novembre 2023).
« À aucun moment on ne nie les atrocités du 7 octobre », les dirigeants de l’Agence France Presse s’expliquent sur leur couverture de la guerre Israël-Hamas
▻https://www.publicsenat.fr/actualites/parlementaire/a-aucun-moment-on-ne-nie-les-atrocites-du-7-octobre-les-dirigeants-de-la
Auditionnés par la commission de la culture du Sénat, le PDG et le directeur de l’information de l’Agence France Presse se sont expliqués sur leur suivi du conflit entre Israël et le Hamas. Depuis la fin du mois d’octobre, l’agence est critiquée pour son refus de qualifier dans ses dépêches le Hamas d’organisation terroriste.
]]>Ukrainian military officer coordinated Nord Stream pipeline attack
▻https://www.washingtonpost.com/national-security/2023/11/11/nordstream-bombing-ukraine-chervinsky
Roman Chervinsky, a decorated 48-year-old colonel who served in #Ukraine’s Special Operations Forces, was the “coordinator” of the #Nord_Stream operation, people familiar with his role said, managing logistics and support for a six-person team that rented a sailboat under false identities and used deep-sea diving equipment to place explosive charges on the gas pipelines. On Sept. 26, 2022, three explosions caused massive leaks on the Nord Stream 1 and 2 pipelines, which run from Russia to Germany under the Baltic Sea. The attack left only one of the four gas links in the network intact as winter approached.
Chervinsky did not act alone and he did not plan the operation, according to the people familiar with his role, which has not been previously reported. The officer took orders from more senior Ukrainian officials, who ultimately reported to Gen. Valery Zaluzhny, Ukraine’s highest-ranking military officer, said people familiar with how the operation was carried out. They spoke on the condition of anonymity to discuss sensitive details about the bombing, which has strained diplomatic relations with Ukraine and drawn objections from U.S. officials.
[...]
Chervinsky is being held in a Kyiv jail on charges that he abused his power stemming from a plot to lure a Russian pilot to defect to Ukraine in July 2022. Authorities allege that Chervinsky, who was arrested in April, acted without permission and that the operation gave away the coordinates of a Ukrainian airfield, prompting a Russian rocket attack that killed a soldier and injured 17 others.
Hanushchak, who is no longer serving in the Special Operations Forces, has said publicly that the operation was approved by the Armed Forces, and declined to comment for this article.
Chervinsky has said he was not responsible for the Russian attack and that in trying to persuade the pilot to fly to Ukraine and hand over his aircraft, he was acting on orders. He calls his arrest and prosecution political retribution for his criticism of Ukrainian President Volodymyr Zelensky and his administration. Chervinsky has said publicly that he suspects Andriy Yermak, one of Zelensky’s closest advisers, of spying for Russia. He has also accused the Zelensky administration of failing to sufficiently prepare the country for Russia’s invasion.
[...]
Chervinsky’s participation in the Nord Stream bombing contradicts Zelensky’s public denials that his country was involved. “I am president and I give orders accordingly,” Zelensky said in press interview in June, responding to a report by The Post that the U.S. Central Intelligence Agency had learned of Ukraine’s plans before the attack.
“Nothing of the sort has been done by Ukraine. I would never act that way,” Zelensky said.
But the Nord Stream operation was designed to keep Zelensky out of the loop, people familiar with the operation said.
“All of those involved in planning and execution reported directly to [chief of defense] Zaluzhnyy, so Zelensky wouldn’t have known about it,” according to intelligence reporting obtained by the CIA that was allegedly shared by Jack Teixeira, a member of the Massachusetts Air National Guard, on the Discord chat platform. Officials in multiple countries have said privately they were confident that Zelensky didn’t personally approve the Nord Stream attack.
]]>Six Months Ago NPR Left Twitter. The Effects Have Been Negligible - Nieman Reports (et ce serait valable pour d’autres titres à forte réputation (à tort ou à raison, la réputation) ▻https://niemanreports.org/articles/npr-twitter-musk
The numbers confirm what many of us have long suspected — that Twitter wasn’t worth the effort, at least in terms of traffic
]]>En 2009 Didier Éribon publie Retour à Reims, ouvrage autobiographique dans lequel il évoque la classe ouvrière de son enfance et s’interroge sur l’identité sociale et sa dilution progressive dans la doxa néolibérale.
Retour à Reims [Fragments] - Regarder le documentaire complet | ARTE
▻https://www.arte.tv/fr/videos/091137-000-A/retour-a-reims-fragments
Adaptant le remarquable récit de Didier Eribon, Jean-Gabriel Périot raconte l’histoire douloureuse et politique des ouvriers de France, grâce à un foisonnant montage d’archives reliant l’intime au collectif et la voix d’Adèle Haenel .../...
Violence physique de l’exploitation
De même que le philosophe et sociologue entrecroise son histoire familiale et celle de la société française, Jean-Gabriel Périot, par un remarquable tissage d’archives et un montage sensible, amplifie la portée du récit en lui donnant mille visages, ceux des travailleurs pauvres, des ouvriers et femmes de ménage des années 1950, tour à tour « remontés » ou résignés, au ras-le-bol des « gilets jaunes » évoqué dans l’épilogue combatif du film. Images d’actualité, témoignages, extraits de documentaires, de mélodrames ou de films réalistes se superposent aux « fragments » de l’ouvrage, prose incisive lue avec une belle sobriété par Adèle Haenel.
]]>1966 : Les Cathares reviennent ! (du pouvoir de la téloche)
▻https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/1966-les-cathares-reviennent-7271744
En 1999, dans « L’Histoire en direct », Emmanuel Laurentin revenait sur une célèbre émission de télévision, « La Caméra explore le temps », et le dernier numéro de ce programme très populaire d’Alain Decaux. Son sujet : les #Cathares. Pour la plupart des téléspectateurs ce sujet était inconnu, mais l’arrêt brusque de l’émission de Stellio Lorenzi, Alain Decaux et André Castelot, par le pouvoir gaulliste, allait faire du thème des Cathares un thème à la mode. Des téléspectateurs, réunis en télé-clubs dans des salles municipales, allaient découvrir une partie de leur histoire, sanglante et oubliée : la croisade contre les Albigeois.
Ce documentaire de "L’Histoire en direct", entre histoire et mémoire, tente de comprendre comment le mythe cathare s’est reconstruit dans les années 1960 à la suite de l’émission "La Caméra explore le temps".
]]> « La clandestinité a toujours fait partie des accessoires du pouvoir aristocratique (...) À l’opposé, le principe de la démocratie est lié à celui de la #publicité, et, dans le même esprit, à la tendance à proclamer des lois universelles et fondamentales. Car celles-ci s’appliquent à un nombre illimité de sujets et sont donc publiques dans leur essence. À l’inverse, l’utilisation du secret à l’intérieur du régime aristocratique n’est que la forme exacerbée de cette exclusion et de ces privilèges sociaux, pour l’amour desquels l’aristocratie répugne d’ordinaire à promulguer des lois fondées sur des principes universels. »_
Georg Simmel, #Secret et sociétés secrètes, Circé, 1996, p. 92).
]]>Colloque : La construction du chef d’orchestre (11h)
▻https://pad.philharmoniedeparis.fr/colloque-construction-chef-orchestre.aspx
Il n’est pas d’expression plus concrète de la puissance que l’activité du chef d’orchestre. Ce jugement du philosophe Elias Canetti date d’une époque où celui qu’on appelle maître était vu comme le dépositaire unique de l’autorité musicale, et donc politique. Dans son rapport au collectif, comment cette figure du chef s’est-elle construite et déconstruite jusqu’à aujourd’hui ? Ces journées croiseront les témoignages de musicologues, sociologues, chefs et interprètes.
]]>Brainwashed - Le sexisme au cinéma
►https://www.arte.tv/fr/videos/110260-000-A/brainwashed-le-sexisme-au-cinema
Analysant avec rigueur plus de 175 extraits de films, la réalisatrice Nina Menkes montre qu’un #sexisme systémique guide la représentation des femmes au #cinéma. Le septième art, « langage commun de la culture du viol » ?
[...]
Hommes et femmes sont filmés différemment. De ce constat implacable et rigoureusement étayé, Nina Menkes met en évidence la #réification des protagonistes féminines dans le cinéma, message plus ou moins conscient qui aboutit selon elle à un « langage commun de la culture du viol ». Car dans l’immense majorité des cas exposés, les femmes sont montrées à l’écran comme objet du regard, souvent silencieuses, décorrélées de leur environnement, fragmentées à l’image (poitrine, fesses...) et réduites à une simple fonction sexuelle. Le ralenti, par exemple, est utilisé pour les filmer en tant que corps sur lesquels le regard s’attarde, tandis qu’au masculin on n’y recourt que pour des scènes d’action. Désormais confronté à la critique féministe, le milieu du cinéma ne semble pas prêt à se réformer en profondeur. Fondée aussi sur l’une de ses conférences ("Sexe et pouvoir : le langage visuel du cinéma") et sur les témoignages d’actrices et d’essayistes, à l’instar de Laura Mulvey (qui a défini en 1975 le « #male_gaze », le « regard masculin »), la démonstration de Nina Menkes crève littéralement les yeux (et l’écran). La réalisatrice revient également sur sa propre expérience de spectatrice soumise à son corps défendant au diktat du male gaze pour nous interroger avec acuité : comment réinventer la représentation des femmes ?
]]>De l’infime tremblement d’une lèvre supérieure
Contexte : le roi et le comte de Mirabeau (23 juin 1789) à l’Assemblée nationale ▻https://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/grands-discours-parlementaires/le-roi-et-le-comte-de-mirabeau-23-juin-1789
La décision du Tiers-État de se constituer en Assemblée nationale surprend Louis XVI et le pousse à faire fermer la salle où les députés se réunissent habituellement. Ces derniers se rendent alors au Jeu de paume où ils prêtent le célèbre serment de ne pas se séparer avant d’avoir donné une Constitution à la France. Le roi convoque alors les députés le 23 juin à une séance royale durant laquelle il consent quelques concessions mais annule toutes les initiatives prises par le Tiers-État et menace même l’Assemblée de dissolution.
Après le départ du roi, les députés sont partagés entre peur et indignation mais décident de rester, alors qu’on leur demande de quitter les lieux. C’est à ce moment-là que Mirabeau, député de Provence, surnommé « l’Orateur du peuple », prononce cette phrase historique : « nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes. »
Passage merveilleux de Kleist à ce propos :
Quand tu cherches à savoir une chose et que tu ne la trouves pas par la méditation, je te conseille, mon cher ami, d’en parler à la première personne venue. Il n’est pas besoin qu’elle soit douée d’une pénétration particulière et je ne veux pas dire non plus que tu doives l’interroger : point du tout ! Raconte-lui simplement de quoi il s’agit.
Je te vois ouvrir de grands yeux et me répondre qu’on t’a appris autrefois à ne jamais parler que de choses que tu comprenais. Mais à l’époque, tu avais probablement la prétention d’instruire les autres tandis que je te demande au contraire de parler dans l’intention fort raisonnable de t’instruire toi-même – de sorte que nous pouvons admettre l’une et l’autre maximes, quoique dans des cas différents.
L’appétit vient en mangeant, disent les Français. Cette proposition reste vraie quand on la parodie et que l’on soutient que l’idée vient en parlant. Il m’arrive souvent d’être assis à ma table, penché sur les pièces d’un procès compliqué, et de me demander par où débrouiller l’affaire. Ou de chercher, devant un problème d’algèbre, l’équation qui exprimera mes données et dont découlera ensuite un calcul simple. Si, dans ces moments-là, j’en parle à ma sœur, qui est près de moi et se livre à ses travaux d’aiguille, je trouve parfois ce qu’une rumination de plusieurs heures ne m’aurait peut-être pas livré. Non qu’elle ait formulé la solution, car elle ne connaît ni le code civil, ni les traités d’Euler et de Kästner. Ni qu’elle m’ait interrogé pour m’amener habilement au point décisif, bien que cela se soit sans doute passé ainsi plus d’une fois. Non, c’est parce que j’ai déjà une vague idée de ce que je cherche, certes encore éloignée du but, et que mon esprit, dès lors que je me décide à parler et pendant que je parle, mène à son terme la partie engagée et transforme en représentation claire l’intuition confuse du début, de sorte qu’à mon grand étonnement, j’atteins mon but au moment même où je termine ma phrase. J’y introduis des sons inarticulés, je tire des conjonctions en longueur, j’ajoute çà et là une apposition qui n’était pas nécessaire et recours à d’autres manœuvres dilatoires pour que mon idée ait le temps de se former selon les exigences de la raison. Rien ne m’est alors plus utile qu’un geste que ma sœur fait pour m’interrompre, car mon esprit déjà tendu tire de cette tentative de m’arracher la parole une excitation supplémentaire. Il réagit comme un général au milieu d’une bataille.
Je comprends en quoi la servante été utile à Molière. (…)
Je me souviens comment Mirabeau a foudroyé le maître des cérémonies à la fin de la dernière séance des états généraux présidée par le roi, le 23 juin [1789]. Le roi avait ordonné à l’assemblée de se disperser. Le maître des cérémonies était revenu dans la salle, où l’on s’attardait, et avait demandé si l’on avait bien entendu l’ordre du roi. « Oui », lui a répondu Mirabeau, « nous avons entendu l’ordre du roi ». Je gage qu’en commençant de cette façon courtoise, il ne sait pas encore où il veut en venir et ne pense pas à l’estocade qu’il va porter. « Oui, monsieur, nous l’avons entendu », dit-il – on voit qu’il hésite encore – « mais qu’est-ce qui vous autorise… continue-t-il, – et devant lui s’ouvre une perspective prodigieuse – … à nous donner des ordres ? Nous sommes les représentants de la nation. » Lui vient alors le mot qu’il lui fallait : « La nation donne des ordres, elle n’en reçoit pas » – puis, poussant l’audace à son comble : « Pour m’exprimer tout à fait clairement… – c’est maintenant qu’il exprime pleinement la résistance dont son âme est capable : … dites à votre roi que nous ne quitterons ces lieux qu’à la pointe des baïonnettes. » Sur quoi il s’assied, satisfait. Après cette saillie, le maître des cérémonies s’est certainement trouvé dans un état de totale banqueroute, pareil à un corps non chargé d’électricité qui est entré dans le champ d’un corps électrisé et s’est instantanément chargé de l’électricité contraire. On sait que, par un effet en retour, la charge du premier corps s’accroît d’autant. C’est ainsi que le courage de notre orateur s’est mué, quand il eut frappé son adversaire, en une extrême témérité.
Il se peut donc que l’ordre des choses ait été renversé en France à cause de l’infime tremblement d’une lèvre supérieure ou d’un jeu de manchette ambigu. Il paraît que Mirabeau, dès que le maître des cérémonies se fut éloigné, se leva et proposa : i) que l’on se constituât immédiatement en Assemblée nationale, et ii) que celle-ci serait inviolable. Car, après cette puissante décharge, il était de nouveau dans un état neutre et, revenu de sa témérité, laissa soudain la crainte du Châtelet et la prudence prendre le dessus.
On voit là une étrange concordance entre les phénomènes du monde physique et moral qui se vérifierait, si on la poursuivait dans les détails, dans tout ce qui s’est produit d’autre à ce moment-là. (…)
Heinrich von Kleist, Que certaines idées nous viennent en parlant, 1805, traduit par J-F. Billeter dans Un paradigme, Allia, 2017, pp.65-68. ▻https://www.editions-allia.com/fr/livre/618/un-paradigme
]]> « L’orgueil, l’émulation, la vengeance, la crainte, prennent le masque de l’esprit de parti, mais cette passion à elle seule est plus ardente ; elle est du fanatisme et de la foi, à quelqu’objet qu’elle s’applique. »
Germaine de Staël, « De l’esprit de parti », in. De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations, 1796 ▻https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8615752h/f204.double
]]>« Où commence le vivant et où s’arrête-t-il ? », entretien avec Nastassja Martin
▻https://www.revue-ballast.fr/nastassja-martin-ou-commence-le-vivant-et-ou-sarrete-il
Dans À l’est des rêves, vous définissez votre anthropologie comme « historique et politique ». À rebours d’une approche totalisante, la votre est ancrée sur le terrain et dynamique, alternant récit et analyse. Historique et politique, donc : qu’est-ce que ça implique, dans votre pratique ?
Il me faut revenir sur la manière dont j’ai été formée. Mon directeur de thèse, Philippe Descola, a été l’élève de Claude Lévi-Strauss. S’il n’a pas repris à son compte la méthodologie structuraliste, il a néanmoins prolongé l’entreprise de symétrisation des manières d’êtres au monde, en travaillant la question des ontologies — dès lors entendues comme plurielles, et dialoguant sur un même plan horizontal — résolument déliée de toute perspective évolutionniste qui nous aurait mené à « l’exception moderne ». Si cette posture théorique fut fondamentale pour l’anthropologie, reconfigurant les coordonnées de départ de la discipline, elle a toutefois contribué à aplanir les trajectoires historiques de chaque collectif. La volonté de symétrisation des manières d’être au monde est une idée politique puissante et nécessaire, mais elle permet difficilement d’aborder les rapports de force entrainés par les histoires coloniales. Et pourtant, on ne peut vraiment pas passer à côté quand on travaille avec des collectifs autochtones !
Comment vous en êtes-vous aperçue ?
C’est ce sur quoi j’ai buté quand je suis arrivée en Alaska en 2009. Je voulais travailler sur l’animisme, qu’on me parle des esprits des animaux, des arbres, de tout ça… Et puis j’ai débarqué. Je me suis rendu compte que ce dont les gens, eux, voulaient parler, c’était des problématiques qu’ils avaient avec l’institution étatique et les entreprises privées dans leurs manières de « gérer l’environnement ». Qu’il était plutôt question de leur confrontation avec la dualité « exploitation des ressources » d’un côté, « protection de la nature » de l’autre. Les pratiques des Gwich’in ne correspondaient ni à l’une ni à l’autre de ces deux facettes du naturalisme qui ont pour conséquences, entre autres, qu’on ne leur reconnaît plus aucuns droits d’usages de chasse et de pêche au sein des parcs nationaux, mais qu’on exploite le pétrole, les minerais et la forêt à l’envi juste à côté de leurs villages. Par ailleurs, ils ont été victimes d’une histoire coloniale très violente, qui a débuté avec l’entreprise de missionarisation des anglicans puis des épiscopaux. C’est donc, assez logiquement, de ce rapport de force avec « l’autre monde », le nôtre, dont ils avaient envie de parler. De leurs luttes pour empêcher les exploitations pétrolières, et des plans de gestion environnementale qui les expulsent de leurs territoires. Ça a été ma première grande claque. Je me suis rendu compte qu’il était complètement obsolète de vouloir travailler sur une autre cosmologie que la mienne, quand ce à quoi je faisais face c’était une histoire coloniale qui perdurait sous la forme de lois qui les empêchent d’accéder aux animaux qui parcourent leur milieu. C’est finalement beaucoup plus tard que la question de l’animisme est revenue, « par la fenêtre », un an après avoir entamé des recherches qui portaient sur l’histoire de la missionarisation, sur l’idée de Nature en Alaska, sur ce qui se passait avec les industriels pétroliers et, aussi, sur ce qu’impliquait la crise climatique, dont on parlait peu à l’époque en sciences humaines.
]]>« Comment pousser les bords du monde : Bob Dylan », de François Bon
▻https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-comment-pousser-les-bords-du-monde-bob-dylan-de-francois-bon?p=2
François Bon nous prend par l’oreille pour nous entraîner sur les chemins de musiques et de vie de Bob Dylan, l’enchanteur secret.
Découvert tardivement cette série de 2011 que j’ai trouvé excellente. Une occasion pour moi de réouvrir le zimmerman perso que je m’étais bricolé jusqu’alors.
edit "to everybody here with heart and ears"
à quelques facilités près, c’est fin. ainsi du générique, dont les toutes premières secondes mixent la voix de Dylan avec l’intro de Like a rolling stone joué par Hendrix à Monterey, dont la voix arrive plus tard pour nommer Dylan. j’aime aussi que l’image choisie déplace la coutumière empreinte visuelle de ce qui a fait Dylan, avec sa guitare et son harmonica. au vu de la richesse des matériaux, témoignages, extraits sonores mis en oeuvre au fil des épisodes, je suis au bord de me procurer la bio de Bon pour explorer encore le soviet électrique diffus des 60’s.
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