Rémi Gendarme

Auteur-réalisateur de films documentaires et par ailleurs, mais vraiment ailleurs, on peut dire en plus, en tout cas pas en moins porteur d’un handicap.


  • La légende de Zu, Tsui Hark, 2001
    C’est la suite. Du pure fantasme. J’imagine le mec. Il en a chié pour faire sa montagne et plus tard, bien plus tard il dispose d’effets techniques qu’il n’aurait jamais imaginés en 83. Alors juste pour le plaisir il fait la suite. Y en a partout ! Des épées de 2 km de long, des sabres qui vont plus vite que la lumière, des nuages de sang et des boules de feu. Je n’ai encore une fois jamais autant regretté de ne pas avoir ma salle de projection privée.
    Et l’intrigue ... c’est là que je peux dire que c’est du fantasme... On n’y comprend rien bordel. Au début on pense que c’est juste un peu hermétique et que ça ne concerne pas une culture occidentale mais en fait, il va plus loin, il en rajoute des caisses et des caisses du genre les milles et une nuit dans le détail en 1h40.

    https://www.youtube.com/watch?v=A1TkgVNdmEI


    #critique_a_2_balles #la_légende_de_zu #tsui_hark #2001 #film_de_genre #cinéma

  • Le meilleur vin de Chine, Olivier Pousset, 2005
    Voilà de quoi alimenter une discussion sur ce qui se joue en ce moment sur la question du financement du documentaire de création. Cette question a des répercussions inimaginables sur la forme comme sur le fond des œuvres.
    Ce documentaire met en image les questions de la forme d’une manière tonitruante. Le héros est le frère du réalisateur. Celui-ci est embauché par une boîte chinoise prête à investir dans le vin avec l’argument du savoir-faire Français. Et le grand frère filme le frangin novice mais expert avec un tact et une rigueur à toute épreuve.
    Comprenez-moi bien, il y a le frère et son projet professionnel. Un jour une occasion se présente d’aller tester son savoir-faire en Chine. Je me dis que le frère ainé, le réalisateur a en tête de filmer le protagoniste depuis longtemps, peut-être même depuis tout petit. Mais là, il faut se magner, suivre le projet dans ces péripéties coûte que coûte, en ayant certes des petits préjugés mais en les dissimulant en acceptant la réalité avec toujours la plus grande naïveté.
    Donc il part en Chine deux jours, une semaine, un mois, il sait pas. Assez rapidement les choses se présentent plutôt mal, les gens du coin font n’importe quoi et notre vigneron est à deux doigts de tout lâcher.
    Je me met à la place du réal et j’admire cette capacité à tenir le film, c’est à dire à le penser quelque soit la forme que va prendre la réalité.
    Au final un seul problème : la durée. Avec arte qui achète le film à la condition qu’il ne fasse pas plus de 52 minutes, c’est la meilleure solution pour avoir un film qu’on arrivera certes à tenir mais dont on aura l’impression qu’on a forcé une aubergine à rentrer dans un pot d’échappement … on me dira : avec suffisamment de salive, ça passe. Oui, mais voilà la gueule de l’aubergine à la fin !

    http://www.dailymotion.com/video/xlq50e_le-meilleur-vin-de-chine-film-entier_shortfilms

    #critique_a_2_balles #le_meilleur_vin_de_chine #Olivier_pousset #2005 #cinéma #documentaire #arte


  • The suspect, Shin-Yeon Won, 2013
    Je me suis trompé. Et c’est fou l’esprit. Je l’ai vu et j’ai eu du mal à suivre. L’intrigue me semblait complexe et chiadée. Je me suis dit que c’était un bon film d’espionnage tortueux. Alors arrivé à la moitié j’ai arrêté. Je l’ai gardé pour le week-end et le revoir avec Chloé. On l’a vu. Le film m’a alors paru nettement moins bon.
    Au générique de fin... pas besoin qu’elle me regarde avec cet air de dépit désœuvré, je savais. Je savais que c’était vraiment un film de merde. Même pas un bon actionner. Film d’espionnage... n’importe quoi ! Ca m’est venu d’où ?
    La fascination initiale pour des scènes de violence bien filmées, il faut vraiment s’en méfier...

    https://www.youtube.com/watch?v=CuQm-aDH5ac

    #critique_a_2_balles #the_suspect #shin-yeon_won #2013


  • Zu, les guerriers de la montagne magique, Tsui Hark, 1983
    Beaucoup de plaisir de voir comment quelque chose a commencé. On a compris, je découvre. Mais comme le disait un prof de son, dans tous, tous les milieux tous les mondes il peut y avoir de la création. Je n’ai pas tous les codes mais je vois... l’énergie, l’envie de faire du conte visuel, des combats cataclysmiques à une époque où l’on ne fait pas beaucoup plus que du Dark Cristal à l’autre bout du monde.
    https://www.youtube.com/watch?v=06E2kS-SVNw

    #critique_a_2_balles #zu_les_guerriers_de_la_montagne_magique #tsui_hark #1983 #film_de_genre #cinéma

  • Contre l’Assistance sexuelle pour les personnes handicapées : Nous ne sommes pas des « indésirables » | auxmarchesdupalais
    https://auxmarchesdupalais.wordpress.com/2015/04/19/contre-lassistance-sexuelle-pour-les-personnes-handica

    Récemment, à l’occasion de la mise en place de la première formation d’assistant sexuel en France par l’association l’APPAS et de la sortie du film « Indésirables », le débat sur l’Assistance Sexuelle a été relancé, suscitant l’intérêt des médias.

    S’il ne fait aucun doute que la vie affective et sexuelle des personnes handicapées est un sujet important, toutes les personnes concernées par le handicap sont loin d’être convaincues que l’assistance sexuelle est la meilleure réponse à leurs difficultés.

    Au contraire, certains, comme nous, sont fondamentalement opposés à la mise en place d’un tel système auquel semblent pourtant souscrire beaucoup d’associations de personnes handicapées

    #handicap #accompagnement_sexuel #prostitution

  • Grèce : les Européens sous pression
    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-les-europeens-sous-pression-470349.html

    Pendant les mois de février et de mars, on a en effet vu le gouvernement grec beaucoup reculer. Alexis Tsipras a fait beaucoup de concessions, acceptant notamment de ne pas renégocier la dette publique dans l’immédiat, d’accepter certaines privatisations et de présenter jusqu’à quatre listes de réformes différentes à la demande des créanciers. Mais, depuis la réunion de l’Euro Working Group (EWG), le groupe de travail technique de l’Eurogroupe, le 1er avril, Athènes cesse de reculer. Alexis Tsipras a alors prévenu qu’il ne présentera plus de nouvelles listes et qu’il refuserait les réformes « austéritaires » réclamées par les créanciers. Depuis, le gouvernement hellénique tient sa position. Source : La (...)


  • Little Children, Todd Field, 2006

    C’est horrible. Affreux. Nul à chier. Une espèce de resucée de desperate housewives avec une putain de voix off insupportable sur la tragédie de ce pauvre petit milieu de banlieue Américaine.
    Et en plus un putain de film moraliste.
    Tout fini bien. Les amants se séparent pour retrouver leur couple et leurs gamins légitime. Et vous savez quoi, le pervers pédophile regrette et se coupe la bite.
    Todd Solondz, tu nous manques.
    https://www.youtube.com/watch?v=rlYLNMPeHQc


    #critique_a_2_balles #todd_field #little_children #2006 #gulag


  • Shaun Of The Dead, Edgar Wright, 2004

    Merveilleux ! Un vrai pure fantasme de gosse. Du genre : Ha ouais, moi, si y’avait des zombies je f’rai ça et puis ça, je leur enverrai des 33T dans la gueule et puis Madame Prout la prof d’anglais, vu sa gueule, je suis sûre qu’on pourrait la prendre pour un zombie ! Et tout ce fantasme là d’enfants élevés à la super nintendo, ils les ont mis dans un film.

    Et en plus, c’est un vrai film. Tout à fait sérieux pour son genre. Pas un espèce de clin d’oeil pourris façon Scary Movie. Et ça c’est plutôt fin ... Il faut se rappeler les différences entre toutes les figures de style. C’est quoi la différence entre une parodie et un pastiche. Moi je ne suis pas très fort en rhétorique mais il y a quelque chose comme ça, c’est sûr. Ici, l’attaque de zombie est tout à fait sérieuse. Les personnages aussi. C’est, disons, des personnages de comédie, c’est à dire tout à fait excessifs, plongés dans un univers de zombies. Très sérieux et très gore.

    1h30 de jubilation.
    https://www.youtube.com/watch?v=OMitSKT-u_k


    #critique_a_2_balles #shaun_of_the_dead #2004 #edgar_wright #zombies #film_de_genre #cinéma #comédie

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/027.htm

    C’est pas loin de dix mille photographies que j’aurais prises cet été à intervalles réguliers, le ciel s’y prêtant sans doute au-delà même de mes espérances. Naturellement quand on se lance dans ce genre de choses on fait semblant de ne pas savoir que par la suite, il n’y aura dix mille photographies à trier, à équilibrer, tailler aux bonnes dimensions, répartir dans des répertoires, un par séquence, renommer en masse les fichiers, vérifier qu’il n’y a pas d’images manquantes dans les séquences, puis animer les séquences en question — ce qui n’est pas le plus long ni le plus difficile à faire, et ce qui se fait avec un certain soulagement, oui, cela a l’air de fonctionner — pour, enfin, pouvoir, se lancer dans le montage, ce qui est l’occasion de vérifier une intuition première, oui, ces images animées fonctionnent bien quand elles sont accompagnées par la musique extraite du disque dit des maisons de mon ami Jean-Luc Guionnet, qui doit être ici remercié pour si souvent se prêter, et d’aussi bonne grâce, à mes intuitions.

    Et pourtant, comme l’indique le titre du film, c’est un peu comme si tout cela s’était fait en mon absence.

    Ces vingt minutes de film sont téléchargeables ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/films/en_mon_absence.mp4

    clic droit, enregistrer sous) dans un format non compressé, enfin le moins possible, aussi peu pour que l’on puisse voir les étoiles tomber en pluie fine. Vous en prenez cependant pour huit cents et quelques méga-octets. Trois fois rien, le prix des étoiles

  • My Zdes, Jaroslav Vojtek, 2005

    Un film des amis de la famille Digitale.
    Le regard doit s’habituer, c’est sûr. Des films faits par des gens d’un autre pays sur des sujets qui ne nous concernent pas. Alors forcément, il faut un temps d’adaptation. Mais une fois plongés on est dedans, très très biens avec lui, et toute sa famille, qui ont décidé de rejoindre la Slovaquie qu’ils avaient quitté pour vivre pendant 40 ans au Kazakhstan. Et on vit le déchirement du héro. Son pays qu’il regrette c’est de la boue et des steppes à perte de vue mais c’est chez lui...

    Le projet Lávka veut créer de nouveaux liens entre la France et la Slovaquie en favorisant l’accessibilité à des œuvres cinématographiques, en encourageant leur mobilité à travers la création d’un réseau de diffusion et en organisant des rencontres autour de problématiques communes aux deux pays.

    http://www.lafamilledigitale.org/fr/dvd/collection-lavka.html
    #critique_a_2_balles #Jaroslav_Vojtek #2005 #my_zdes #film_des_amis #slovaquie #la_famille_digitale


  • The taste of tea, Katsuhito Ishii, 2004

    Bouuuh lala que ça m’a fait chier ! Je me rappelle quand il est sorti à l’Utopia de Bordeaux, je m’étais dit qu’il me ferait chier. Si j’ai fini par le regarder c’est parce que j’ai décidé de regarder tous les films qui trainaient sur mon ordinateur. Quand les gens passent, je copie. Et voilà comment on se retrouve à regarder des films de 2h20 supers chiants. On dirait une promo pour le Japon. C’est une famille avec un Papa, une Maman, un ado, une petite fille et un grand-père et chacun est un peu bizarre mais pas trop. Assez pour faire des séquences poétiques qui montrent la légèreté de la vie au milieu des cerisiers en fleur. Le Japon et les champs... Le japon et le taïchi... Le Japon et les japonnais... Bouh que c’est mignon. Le Japon et ses petits riens qui font ses petits touts. Ah ça m’énerve. Évidemment on ne va pas parler de Fukushima.
    http://www.dailymotion.com/video/x9ohfd_the-taste-of-tea-bande-annonce-vost_shortfilms


    #critique_a_2_balles #Katsuhito_ishii #2004 #the_taste_of_tea #japon #film_qui_m'énerve


  • Poltergeist, Tobe Hooper, 1982

    Je n’ai jamais eu le droit de voir ce film étant enfant. Alors je m’en faisais une mythologie horrifique. On peut dire que le film devait être dans ma tête bien meilleur que ce qu’il est en vérité. Et puis en fait je l’ai regardé hier soir. Fait en 82 je me disais bien que je serais un peu déçu.
    En fait, j’ai surtout été étonné. Je suis tombé sur un film d’horreur commercial et pour une part grand public alors que les codes du film d’horreur n’étaient pas encore assimilés par le monde des supers productions... Oui d’accord, il y en avait déjà eu des films d’horreur et, pardonnez moi, des biens meilleurs mais sans doute pas prévus par les productions Spielberg...
    J’ai réellement été étonné. D’un côté c’est un film de famille insupportable un peu comme Beethoven, le film avec le chien. Mais insupportable insupportable, du genre des baffes. Et d’un autre côté... les aspects inquiétants fonctionnent vraiment bien. Rapidement Papa et Maman capitalistes voient des chaises et des tables bouger, ils décident sagement de fermer la porte à clef et de ne plus passer dans cette pièce pour vivre dans le salon... Ça donne un malaise. Le sentiment de ne pas savoir dans quel film je suis.

    Pour résumer, en gros en gros : tout à part la première demi heure et la dernière demi heure sont royalement emmerdants. Mais alors le tout début et la toute fin en auraient à montrer aux films d’horreur d’aujourd’hui. Une manière d’installer le surnaturel là où on ne l’attend pas et la panique là où on ne l’attend plus.
    http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19423558&cfilm=1081.html
    #critique_a_2_balles #tobe_hooper #1982 #cinéma #horreur


  • Le dernier continent, Vincent Lapize, 2015

    Ils sont biens les films des copains de réel factory... Et Vincent je le connais mal mais il a sacrément bien bossé...

    Ce qui est difficile dans les films sur les ZAD, et plus généralement dans les films partisans d’un mode de vie différent c’est que beaucoup d’entre eux, je veux dire beaucoup trop d’après moi, reviennent à un plaidoyer mondialement chiant. Des gens qui vous expliquent comment qu’on peut faire pousser soi même et comment que c’est bien les compostes. Putain... Et le cinéma dans tout ça bordel !
    Et bien le cinéma il est là, tout simplement. Des sensations, des impressions, de la poésie où les personnages semblent parfois mettre de côté leurs enjeux musclés pour faire une ode au film poétique de Vincent.
    Même les CRS... C’est incroyable comment il a réussi à filmer ça...
    Allez le voir, allez le soutenir, et achetez le film dès qu’il sort.
    https://vimeo.com/117403223


    #critique_a_2_balles #le_dernier_continent #vincent_lapize #2015 #réel_factory #la_famille_digitale #film_des_copains #cinéma
    #documentaire


  • La salamandre, Alain Tanner, 1971

    Ah que ça me manquait une direction d’acteurs comme ça. Oui et puis bien sûr des acteurs aussi. Je me dis quelques fois qu’en documentaire comme en fiction, la parole ne se comporte plus pareil aujourd’hui. C’est comme si aujourd’hui, tout naturellement, la parole, le ton, l’accent, les mots, passaient dans le moule d’une norme universelle. Ce n’est pas que les personnes aient particulièrement un accent, mais leurs réflexes, leurs lieux communs, leurs habitudes de vie n’existent presque plus aujourd’hui.
    Ça touche aux propos du film aussi. Deux bonshommes veulent faire un film de fiction sur un fait divers. L’un veut partir en enquête, rencontrer des gens et tout et tout. L’autre veut rester seul à écrire sans jamais rencontrer la personne concernée. Tout ça donnerait deux films, à chaque fois des documentaires... assurément.
    Une sorte de Jules et Jim. En, je crois, meilleur.

    https://www.youtube.com/watch?v=d2WL7TTxlKw


    #critique_a_2_balles #alain_tanner #la_salamandre #1971 #triolisme

  • http://storage.canoe.ca/v1/dynamic_resize/id/32455230/?size=350x650&site=nstein_elephant-prod&authtoken=9e2729ce3537b0f6d6bd
    Les mains nettes, Claude Jutra, 1958
    Un OVNI, un OVNI dans ma tête tant je connais mal ce cinéma français là. C’est sans doute ce que l’ami Truffaut appelait la certaine tendance du cinéma français, voulait-il dire cinéma qui s’occupe d’analyser les affres du système capitaliste ?
    Je le reconnais, je n’ai pas tous les bagages pour parler de ce film. Un nouveau chef arrive dans la branche secrétariat d’une société. Secrétariat ou comptable ou je n’sais quoi mais que des mains « nettes ». Il travaille tout bien comme Mathieu Gallet donc il trouve direct une femme qui pourra lui donner toutes les infos nécessaires pour en faire son assistante et virer gentiment tous les éléments gênants.
    Et puis je ne le cache pas, j’ai pas été très attentif sur la fin. C’est que j’ai bien l’impression que de fin il n’en a pas trop. Je veux dire, pas de morale très claire, une espèce de quiproquo et de happy end un peu pourrie.
    https://www.youtube.com/watch?v=HEKRQGk8S9I


    #critique_a_2_balles #les_mains_nettes #claude_jutra #1958 #lutte_des_classes #B&W

  • Une Affaire De Décor, Rémi Gendarme, 2012
    http://www.lafamilledigitale.org/fr/dvd/une-affaire-de-decor.html

    Prix Corsica.doc / Viastella du festival Corsica.doc d’Ajaccio 2012
    Prix du film de formation universitaire du festival Traces de Vies de Clermont Ferrand 2013

    Synopsis
    Je vis chez moi. Un peu comme n’importe qui. J’ai besoin de manger, j’ai de l’humour, j’aime le cinéma, j’ai besoin d’aller aux toilettes, j’aime tomber amoureux... Un peu comme n’importe qui.
    Par ailleurs, j’ai un handicap. Alors, j’ai des auxiliaires de vie pour m’aider à vivre, m’aider à faire. Ce dont j’ai besoin, et ce dont j’ai envie... Et depuis que j’habite en Charente, ceux d’en face, ceux qui s’occupent de handicap, veulent m’imposer le “quoi” et le “où” : Pour quelles raisons mes auxiliaires de vie interviennent ? Pour quels gestes ? Et à quels moments ? Qu’est-ce qui est légitime, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Qu’est-ce qui est essentiel et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Selon eux. Alors, ils veulent restreindre mes heures.
    Je prends une caméra pour dire, pour voir, pour faire. Faire ce qu’il n’est pas prévu que je fasse...

    Contexte de production
    Une Affaire de Décor est un film documentaire que j’ai réalisé à l’issue du Master 2 « Créadoc », documentaire de création de l’université de Poitiers.
    J’ai décidé de faire ce Master au terme de trois années d’études universitaires en licence Arts du Spectacle. Ce désir de me spécialiser dans la réalisation documentaire en faisant ce Master pro a posé plusieurs difficultés.
    En raison d’un handicap moteur qui me rend largement dépendant d’une tierce personne, il a d’abord fallu envisager de déménager en Charente. Une fois l’examen d’entrée au Créadoc obtenu, le responsable de la structure, Denis Bourgeois, a accepté de décaler d’un an mon entrée dans cette formation afin que je prenne le temps de mon aménagement et pour régler mon organisation.
    Il a fallu ensuite se poser la question des outils de compensation de mon handicap. Je me déplace en fauteuil roulant électrique et ne peux absolument pas tenir une caméra moi-même, ni faire la plupart des gestes d’un étudiant (manipulation d’un ordinateur, prise de notes, …). Après plusieurs discussions avec le personnel de l’université et Mariana Otero, réalisatrice et responsable du M2, il fut convenu que je serai accompagné toute l’année par un assistant, Quentin Mesnard, ancien étudiant du Créadoc.
    Je dois donc avoir à mes cotés un assistant technique, une sorte de complice professionnel chargé de remplacer mes bras et mes jambes sans usurper ma position d’étudiant. Quentin Mesnard est capable de manipuler une caméra et un logiciel de montage. Ainsi mon handicap n’est plus un handicap pour accéder à cette formation, et je peux être pleinement responsable de mes choix cinématographiques.
    Après plusieurs exercices de réalisation, la formation prévoit que les étudiants consacrent toute la deuxième moitié de l’année à la réalisation de leur film de fin d’études. C’est aussi le moment qu’à choisi la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) pour diminuer le nombre d’heures d’accompagnement auxquelles j’ai droit pour vivre mon quotidien. Etant donné la situation déjà fragile dans laquelle mon déménagement m’avais mis, ces menaces de diminution me mettaient clairement en danger et compromettaient sérieusement mes chances de réussite universitaire.
    Après une longue hésitation entre l’arrêt brutal de ma formation et l’indifférence à ces bouleversements (ce qui m’aurait conduit à faire un film pour me changer les idées), je choisis de prendre le problème à bras le corps en filmant ma vie et mon appartement. Quitte à être englué dans des problèmes administratifs inhumains, je préfère les faire fleurir en me réappropriant un regard, une parole grâce au cinéma. Je prends ainsi le pari risqué, d’être à la fois réalisateur et personnage, d’expérimenter des méthodes pour tenir une caméra moi-même et de dépeindre une situation kafkaïenne, en faisant un film drôle et personnel, sensible et politique. Un film qui part de l’individuel pour atteindre l’universel.

    Quelques questions de cinéma...
    Les premiers enjeux
    Au début du tournage, j’ai comme première intention de faire comprendre une situation injuste. J’ai toujours beaucoup de mal à expliquer cette manière de vivre que j’ai choisie depuis 2004. A expliquer, surtout, pourquoi je panique à réception de chacun des courriers de la MDPH. Les questions à résoudre en premier sont donc, pour moi, des questions didactiques. Comment faire comprendre ? Comment expliquer la complexité de la vie que je mène et les contraintes du statut de particulier employeur. Quelle place laissée, dans le film, à l’administratif pur, et comment faire en sorte que les scènes du quotidien apportent ce contre-champs salvateur qui humanise ma vie ? Très vite ces questions deviennent : comment passer d’une explication, la moins ennuyeuse possible, mise en image, à un vrai film de cinéma ? C’est à dire en fait comment me filmer ? Comment faire un film intime sans faire un film individuel ? Comment satisfaire ce premier besoin de dénonciation en évitant les écueils du film de propagande.
    J’ai découvert le cinéma documentaire il y a une dizaine d’années avec le cinéma de Pierre Carles. C’est alors la jubilation communicative d’un cinéma à faire soi-même, avec les moyens du bord pour dénoncer frontalement le pouvoir, qui me séduit . Même si je n’ai aucune illusion sur l’aspect vain et presque grossier de ce désir de dénoncer, c’est ce premier élan que je retrouve au moment de choisir de filmer ma situation. C’est bien le contact avec une situation d’oppression, avec des administrations qui exercent un réel pouvoir sur nos vies, qui me donne l’étincelle du désir de filmer.
    Mais depuis ces premières découvertes, mon plaisir du cinéma s’est largement diversifié. L’idée devient rapidement de faire un film qui ne se contente pas de décrire ma toute petite situation, mais d’aller plus loin, de faire un vrai film.
    De la même manière beaucoup de choses me retiennent de faire un film sur moi, en premier lieu, la suspicion de la volonté narcissique de vouloir faire un film individuel, en profitant d’une supposée bienveillance du spectateur.
    Ce sont donc toutes ces questions que je m’applique à régler avant de commencer le film. En mettant de coté tous ces démons, qui viennent de représentations du handicap odieuses et dégradantes, je constate que c’est bien la justesse de ce que j’ai à dire qui me permettra de faire le film que je veux. Idem, une fois clarifiée ma volonté de faire un film avec ce que je suis, la plupart de ces questionnements se trouvent réglés. Je ne ferai donc pas un film sur le handicap, je ferai un film avec mon handicap.

    Faire un film chez moi
    Au début de cette année universitaire je ne voyais aucune évidence à faire un film dans mon appartement. Bien au contraire, même en tant que personne handicapée, je ne vois aucune raison qui légitime le choix de réduire un travail universitaire au strict territoire de mon logement.
    Mais lorsque ces événements de la fin de l’année 2011 sont survenus, en faire le sujet de mon film était plus qu’une opportunité : j’en avais besoin.
    Il n’empêche que, une fois le besoin constaté de travailler sur mes galères administratives pour, disais-je, les faire “fleurir”, j’avais de vraies réticences à contenir mon film entre les murs de mon appartement. D’abord, à l’exception de certains films de fiction très grand public, les mauvais reportages télévisuels au sujet de personnes handicapées, étaient les seuls exemples d’images que je connaissais où était représentée la vie de personnes handicapée. J’avais d’abord peur de reproduire une forme et des idées que j’ai toujours détestées.
    D’autre part, en tant qu’auteur, faire un film dans mon appartement signifiait faire le deuil de toutes les nouvelles rencontres et de tous les nouveaux territoires sur lesquels j’aurais pu poser mon regard. Je craignais alors de n’avoir tout simplement rien à filmer qu’une monotonie individuelle.
    Il y a d’abord eu plusieurs films qui m’ont touché en me proposant quelques voies d’un cinéma du tout petit, du micro-récit qui raconte énormément pour toucher à l’universel. Les portraits d’Alain Cavalier, Ceci n’est pas un Film de Jafar Panhai, m’ont montré que tout ce dont j’avais peur, tout ce qui, dans le quotidien ne me rappelle que l’ennui et la morosité pouvait devenir représentation d’un combat, signifiant d’une réalité qui serait humaine avant tout, en fin de compte, poésie.
    Ainsi, mon appartement ne serait plus cette surface de 70 m2, il serait un univers où chaque pièce représente un monde différent, où les échelles de plans permettent de faire vivre une photo de mes grands-parents autant que des amis filmés en vidéo-conférence sur mon ordinateur. Des légumes acquièrent alors autant de puissance évocatrice qu’un tableau rempli de chiffres ou une comparaison que je trouve terrible « tu préfères t’occuper des vieux ou des handicapés ? ».
    En fait, une fois que j’ai décidé que le cinéma serait mon moyen d’expression, mon appartement, comme monde à peu près accessible à ma dépendance, est devenu un décor comme un autre.
    Au début du tournage, je ne vois pas encore ce que sera le film. Je vois surtout tous les écueils dans lesquelles je ne veux pas tomber.

    Les deux caméras : apprendre à se filmer soi-même.
    Avant Une Affaire de Décor, j’avais déjà réalisé quelques essais cinématographiques. Au cours de ces expériences, je n’ai jamais tenu la caméra. J’avais, jusque là, plutôt l’habitude de dire que je n’avais jamais filmé moi-même. Comme si porter la caméra et la diriger était la seule manière de dire « je filme ».
    Nous prévoyons alors que j’aie deux caméras. L’une est tenue par Quentin, mon assistant universitaire, l’autre, plus rudimentaire, est fixée à un bras métallique et accompagne les mouvements de mon fauteuil.
    Au début du tournage, Quentin devait être le caméraman principal, mes bras et mon œil, parfois tourné sur moi, pour saisir ma vie et ses absurdités. Ainsi je lui ai demandé de me filmer de près, filmer mon corps, me filmer regardant, me filmer me défendant.
    J’ai très vite eu l’idée du tableau noir fixé au mur. Mais les premières images de moi-même dans mon salon me renvoyaient à un corps mi-humain, mi-machine, dont on ne distinguerait rien d’autre que cette masse monolithique. Une sorte de tout en un : fauteuil, corps, tête, qui pourrait expliquer beaucoup mais qui reste impersonnel et froid.
    J’ai donc décidé de revenir à l’essentiel du problème : mon corps. Tout ça est une histoire de corps, sans ce corps là, pas d’histoire et pas ce film. Il a donc filmé une séance de kiné, mon réveil, mes croutes aux yeux, mon installation dans le fauteuil.
    Ces séquences sont vites devenues essentielles à une bonne compréhension de mes péripéties. En premier lieu, il y a une situation compliquée dont j’ai du mal à expliquer tous les détails. Il ne s’agit pas de faire un manuel ou un dossier d’aide sociale, mais tous les éléments doivent être donnés, méticuleusement pour expliquer ma situation. Comment je vis. Comment mes auxiliaires de vie travaillent. Ce que c’est que la vie, pour moi, au quotidien. Sans ce terreau qui explique ce que j’ai envie de dire de moi, le reste du film ne pouvait pas naître.
    Il a donc fallu jouer le jeu du regard extérieur, et celui-ci, même si je le maîtrisais, me faisait peur. J’ai donc abandonné toute velléité de filmer une quelconque vérité des gestes qui occupent ma vie. Mon lever, mon installation dans le fauteuil, toutes les scènes au cours desquelles j’ai demandé à Quentin de me filmer sont mises en scène pour respecter les impératifs didactiques (c’est quoi ces fameux gestes essentiels de la vie quotidienne ?) et surtout me permettre de prendre progressivement en charge le regard du film.
    Mais rapidement plusieurs problèmes ont surgi. Des problèmes que je ressentais, moi, personnellement et intimement. D’abord, des questions de hauteur de cadre, de regards extérieurs à moi. C’était plus fort que moi, je voyais dans les images filmées par Quentin, ce regard médiatique qui dit « allons voir chez un handicapé comment c’est ». Quelques regards-caméra accompagnés d’un « salut » et quelques très gros plans sur mon torse n’ont pas suffi à exorciser définitivement cette crainte de voir un reporter distancié et objectif me filmer. Après les premiers essais concluant d’une petite caméra fixée sur mon fauteuil, j’ai définitivement choisi de terminer le film avec tous les moyens que m’offrait le cinéma. C’est à dire en filmant moi-même.
    J’avais, pour la première fois de ma vie, une image filmée qui correspondait parfaitement à mon regard. La hauteur, les mouvements, la stabilité, tout m’a provoqué une jubilation que j’essaye de communiquer dans le film. Ainsi, j’ai eu l’impression nouvelle de « faire moi-même » plutôt qu’un autre qui fait pour moi.
    Cette caméra déporte et amplifie complètement mes possibilités d’actions et, pour une part, de puissance. Plutôt qu’un geste à faire faire, encore une fois, à ma place, j’ai constaté que filmer ainsi était un nouveau geste que je faisais. Ce geste était d’abord personnel : personne ne pouvait le faire à ma place puisque ce regard vient de ma place.
    Dès lors, si l’on ne me voit pas, on me sent, tout le temps. Le moindre mouvement est indicatif de ce que je suis, position physique et position sociale. Ce que je souhaite c’est prendre le spectateur et, plutôt que de lui demander de me regarder, le faire regarder dans la même direction que moi. Avec ce dispositif, on ne s’attendrirait pas d’une situation injuste, on regarderait le monde comme je le regarde, tout en conservant une situation de spectateur libre.
    Ainsi, il y a cette petite caméra qui fait peu de choses, mais que je maîtrise entièrement. Il y a aussi ma voix, qui est toujours présente et qui guide une réalité que je décide. Je choisis alors de dire pour faire exister. Le film est alors performatif, un terrain se construit à mesure que ma voix le dicte. Je ne fais pas que me ré-approprier une réalité qui m’échappe et qui vient de l’extérieur, je reconstruis littéralement mon appartement, mes rencontres, mes fantasmes avec ma voix et mon regard.

    Etre seul
    Enfin, cette possibilité de filmer moi-même ce n’est pas seulement filmer seul, c’est être seul et filmer. Ma dépendance m’a poussé à faire le choix de n’être jamais seul. Je suis très souvent en interaction avec une auxiliaire de vie. J’ai choisi, pour quelques scènes, de rester seul avec la caméra. A ces occasions, et encore plus que lorsque je me tourne vers les autres, ma présence remplit tout le cadre pour aller voir ailleurs. J’ai alors voulu être pleinement réalisateur de cinéma en mélangeant des images et des textes. J’ai voulu le personnage handicapé bien loin de ce que je pouvais faire sentir pendant le reste du film. Ces contre-champs pour raconter autre chose de ce que j’ai à dire sur la situation de dépendance. Je voulais avoir une mise en image poétique de l’idée que je me fais de l’essentiel.
    Je base le film sur un amalgame administratif. La MDPH utilise le terme gestes essentiels de la vie quotidienne pour désigner les stricts gestes de nursing. J’affirme que l’essentiel c’est autre chose, beaucoup plus impalpable. J’ai donc choisi de chercher en moi quelques images, plus ou moins lointaines, plus ou moins indicibles, qui pouvaient représenter ce que j’imagine être l’essentiel. Une baignade impromptue à Camaret, un appartement idéal au troisième étage pour une vie sans anticipation et sans certitudes (une vie bien loin de la mienne), le corps fantasmé d’une égérie lointaine... A toutes ces divagations, je choisis de joindre les images d’une réalité froide, brute, administrative. Je souhaite que cet essentiel imaginé contamine littéralement les images du handicap.

    https://www.youtube.com/watch?v=g2827dd6fNw

    #Rémi_Gendarme #Une_Affaire_De_Décor #2012 #cinéma #documentaire #Angoulême #Creadoc #Auto-promotion

    • Comme cela a été annoncé (et pointé ici à plusieurs endroits), la Grèce rembourse le FMI.

      Dette : la Grèce rembourse le FMI, l’incertitude demeure sur les prochaines échéances
      http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/04/09/dette-la-grece-rembourse-le-fmi-l-incertitude-demeure-sur-les-prochaines-ech

      En tout état de cause, jeudi 9 avril, Athènes semblait devoir tenir ses engagements. Un ordre de payer 459 millions d’euros au FMI, soit l’échéance du mois d’avril de son plan de remboursement, est parvenu à la Banque de Grèce, selon une source anonyme citée par l’agence AFP. « Le paiement est programmé et sera effectué dans la journée », a déclaré un responsable gouvernemental à l’agence Reuters. La source citée par l’AFP a ajouté qu’« il est impossible que la Grèce ne serve pas toute sa dette ce mois-ci ».

      Mais, pendant ce temps, les discussions entre le gouvernement grec et ses créanciers pour trouver un terrain d’accord sur les réformes à mener, et donc débloquer la dernière tranche des aides financières prévues (7,2 milliards d’euros au total) se poursuivent. Elles n’ont pas abouti à ce stade.

      Pour suivre les événements et une analyse ne hurlant pas avec les loups, suivre les excellents articles de Romaric Godin dans La Tribune. Un point d’entrée, par exemple, par le lien sur le site http://seenthis.net/sites/667095

  • Idem, ces articles sont de Olivier Daunizeau au sujet de la lutte en cours après les réformes du COSIP. Je l’ai reproduit ici afin de recueillir vos avis.
    #documentaire #documentaire_de_création #télévision #CNC

    La production du documentaire : une question esthétique et économique

    Les maîtres d’œuvre de la réforme du COSIP ont choisi de « ne pas rouvrir le débat sur la définition du genre ». Or, « l’expression "documentaire de création" ne fait l’objet d’aucune définition juridique. Il y a vingt-sept ans, la Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL, prédécesseur du CSA) s’était essayée à l’exercice. Le résultat fut quelque peu laborieux. Le documentaire de création, avait indiqué la CNCL dans une décision du 31 décembre 1987, "se réfère au réel, le transforme par le regard original de son auteur et témoigne d’un esprit d’innovation dans sa conception, sa réalisation et son écriture". "Il se distingue du reportage par la maturation du sujet traité et par la réflexion approfondie, la forte empreinte de la personnalité d’un réalisateur et/ou d’un auteur", avait précisé l’instance de régulation. Cette définition fut annulée par le Conseil d’Etat, au motif qu’elle donnait "une interprétation trop restrictive de la notion d’œuvre audiovisuelle par rapport à la loi". »1

    Le Fonds d’Aide à l’Innovation audiovisuelle du CNC se montre néanmoins précis par rapport aux projets qu’il entend soutenir : « Le projet doit exprimer une vision singulière du sujet, des choix de traitement revendiqués par l’auteur et les axes de recherches qu’il souhaite suivre. L’affirmation d’une démarche et d’un point de vue artistiques priment sur le sujet. La créativité de l’approche doit mettre en œuvre des exigences stylistiques qui rompent avec les formes conventionnelles, attendues ou stéréotypées. »

    « Vrai » ou « faux » documentaire de création ?

    C’est la place de l’auteur qui permet celle du spectateur : c’est la construction d’un point de vue qui permet au spectateur de se positionner en tant que sujet par rapport à ce qui lui est montré et raconté par l’auteur. « Le » documentaire, c’est donc autant de points de vue que d’auteurs, ce qui permet de ne pas sombrer dans la pensée unique, les vérités simplistes et la radicalisation des discours.

    La problématique de la production des documentaires, c’est celle, répétée indéfiniment, de la fabrication d’œuvres : on est dans le champ de l’artisanat, pas dans celui de l’industrie, fût-elle industrie de prototypes.
    Or, la réforme du COSIP a envisagé la production sans sortir du champ lexical de l’économie industrielle. C’est qu’il aurait alors fallu non seulement réformer le COSIP, mais aussi le débaptiser (COSIP : COmpte de Soutien à l’Industrie des Programmes).

    On sait bien faire la différence entre un meuble IKEA et un meuble d’artisan et on sait les différences en jeu dans la fabrication et dans le prix d’achat, dans l’empreinte écologique et les conséquences économiques et sociales. On sait aussi faire la différence entre l’élevage d’animaux et la production industrielle de viande.

    L’artisanat, c’est la personne, pas la gestion technocrate des populations. Des individus, pas des expertises modélisées. L’artisanat, c’est le travail d’atelier, pas le travail à la chaîne.

    Ce n’est pas un concept d’arrière-garde, car l’artisanat est le premier moteur de l’économie française et peut-être mondiale.

    Une question de langage

    La question de l’innovation relève du champ industriel. Par exemple, toutes les voitures neuves qui sont produites aujourd’hui en France disposent de l’airbag et de l’ABS. L’ABS et l’airbag sont des innovations industrielles qui ont conduit à déplacer certaines normes en ce qui concerne l’automobile.

    Mais si chaque œuvre est une création, la question de l’innovation n’a pas de raison de se poser. La création, d’une manière générale, est une notion qui se situe au-delà de l’innovation et surtout sur un autre champ sémantique (donc dans une autre conception de l’économie). La notion de « documentaire de création » est donc incompatible avec celles d’industrie et d’innovation.

    Je propose donc purement et simplement de remettre en question l’usage des termes « innovation » et « industrie des programmes » au sein même du CNC, puisqu’ils s’opposent à la réalité du documentaire de création.

    Il peut être proposé au CNC de considérer globalement la question du documentaire à partir de la pratique telle qu’elle a été exposée par les professionnels présents à la tribune le 24 mars entre 16h et 18h.

    Aujourd’hui, les paysages audiovisuel et cinématographique ont tellement changé que le CNC lui-même a changé de nom (Centre National du Cinéma et de l’image animée). Cependant, l’étanchéité des services et la rigidité d’application des règles existantes conduisent comme on peut le constater les professionnels du documentaire à la faillite.

    Il est sans doute temps de faire plus qu’une réforme du COSIP (ou pour être plus juste un simple réajustement de son fonctionnement) : que des pratiques réelles émerge une réelle refondation du soutien au documentaire.

  • je reproduis ici la tribune de mon ami Olivier Daunizeau qu’il accepte que je vous transmette pour recueillir vos avis.

    NOUS NE FAISONS PAS LES MÊMES MÉTIERS

    Le reportage et le documentaire ne doivent pas s’opposer sur une échelle de valeur mais par rapport à leur nature. Le reportage, ce n’est pas moins bien que le documentaire, c’est autre chose, c’est un genre qui appartient au champ du journalisme où le principe d’objectivité, certes discutable, est à l’œuvre aux côtés de la volonté d’enquêter. Le reportage a sa place légitime dans les grilles de programmes des chaînes de télévision.

    De la même façon, je trouve qu’il est vain d’opposer plus avant le « bon documentaire » au « mauvais documentaire ». Il y a les documentaires et les documentaires de création.
    Il y a le documentaire animalier, le documentaire scientifique, etc. Pourquoi n’y aurait-il pas le documentaire de création ? La tentative de définition du genre a échoué en 1987, pourquoi ne pas reprendre le chantier ?

    Limoges, la promesse d’une politique différente – cité en tout premier lieu dans l’entretien avec Dana Hastier dans Le Monde des 29-30 mars – est certainement un documentaire important, nécessaire, mais certainement pas un documentaire de création. J’en veux pour indice premier le fait qu’il est coréalisé par Jean-Louis Saporito, qui est journaliste.

    France Télévisions ne peut pas se voir reprocher le fait de ne pas être le premier acteur français du documentaire. Il l’est sans aucun doute. Donc il est absolument stérile, à mon sens, de clamer « Nous sommes le documentaire ». Le documentaire, c’est d’abord France Télévisions. Pas « Nous ».

    Par contre, nous sommes le documentaire de création. C’est autour de cette idée que nous sommes réunis.

    Un sujet de lutte, une question sémantique

    En relisant l’article du Monde où Michel David s’exprime, je me dis qu’il ne faut pas laisser les producteurs parler seuls.

    D’abord parce qu’ils ne sont pas d’accord entre eux sur un certain nombre de points et que les compromis auxquels ils arrivent affaiblissent leur discours, les réduisant à ne parler que de 15% etc.
    Ensuite parce qu’ils sont tombés dans le panneau de l’équipe qui a "réformé" le COSIP (CNC, USPA, SCAM) et qui a soigneusement évité la question centrale qui est la définition juridique du documentaire de création. Michel David enfonce le clou en disant qu’il « refuse toute définition du documentaire, notamment de création ».

    Si on ne définit pas de sujet pour une lutte, pour quoi peut-on se battre alors ?

    J’ai donc continué à fourbir des "éléments de langage" et pour ma part je lutte :

    – pour la renaissance du documentaire de création et non pas pour sa survie,
    – pour l’artisanat, pas pour l’industrie,
    – la création, pas l’innovation,
    – le soutien, pas l’aide,
    – la conception, pas le développement,
    – la remise à plat des conceptions public/privé en ce qui concerne le financement des documentaires de création,
    – et enfin je pense que poser juridiquement une définition du genre sera la meilleure façon de pouvoir opposer quelque chose à France Télévisions, qui pour le moment se gargarise de ses chiffres d’audience et de ses 8800 heures de documentaires diffusés en 2014.

    Cette définition juridique du genre ne gênerait pas la SCAM à mon avis, puisqu’elle représente tous les types d’auteurs, des photographes aux écrivains en passant par les documentaristes. Donc je ne vois pas de problème économique à venir pour la SCAM si on sépare règlementairement le documentaire d’un côté et le documentaire de création de l’autre.


  • The Victim, Michael Biehn, 2011
    Ce film est vachement bien, il a éclairé ma soirée.
    Il y a quelque chose qui me met de plus en plus hors de moi quand des femmes se font assassiner facile dès le début d’un film. Certes elles sont stripteaseuse. J’ai alors l’impression que ce simple statut de femme de petite vertu permet qu’on s’en serve à l’intérieur du film autant, pour le coup, qu’à l’extérieur, comme d’un simple enjeux pour lancer l’intrigue. Je trouve ça dégueulasse. Alors je m’attendais à un thriller minable, un peu gore de fin de dimanche pascal. Et beh pas du tout.
    Le film va même plus loin, il joue tellement bien avec le formatage de nos esprits qu’on s’attend d’une minute à l’autre à un twist qui rende l’héroïne, témoin de la mort de sa copine, coupable. Mais le film est honnête, droit, et va jusqu’au bout. En vérité, jusqu’à nous faire culpabiliser nous-même en jouant avec nos attentes de sales spectateurs matchos. Et spectateur et à prendre au masculin comme au féminin puisque devant un film de tueur américain, il n’y a, malheureusement, que des spectateurs symboliquement masculins ...
    Au final on jubile devant cette vengeance.

    Et surtout, attendez le générique de fin qui nous montre que ce film est fait entre potes et potesses. Je veux voir des génériques comme ça plus souvent.
    https://www.youtube.com/watch?v=ZcXgLNkMpWc


    #critique_a_2_balles #the_victim #michael_biehn #2011 #cinéma #thriller

    • Marrant, j’ai Googlé Michael Biehn ce matin, après avoir revu les deux premiers Alien⋅s en famille (c’est cool, quand les gosses grandissent, on peut se faire des #rétrospectives !) et que la gamine faisait remarquer qu’il était gaillard, à roucouler avec la tueuse d’aliens ET la mère de John Connor !
      Il était censé faire une bonne carrière avec Cameron et finalement, il s’est paumé dans des actionners .


  • Derniers mots, Stijn Van Santen, 2002
    C’est un petit film et d’ailleurs en terme de cohérence, ils ont, d’après moi, eu tord de mettre ce film sur le même dvd que Ma Soeur Joke. Il y a même quelque chose d’un peu dérangeant. Stijn est, apparemment, le fils de Johan. Celui-ci filme ces dernières vacances en compagnie de son père qui pense qu’il va mourir prochainement. Il mourra 2 semaines plus tard. Alors ces derniers mots échangés, dernières réflexions sont sobres, belles et touchantes. Mais ce n’est pas un film de Johan, c’est un film inspiré du film qu’a fait Johan sur sa sœur mourante. Il pose presque les mêmes questions. C’est embêtant quand même. Je ne dis pas qu’il n’aurait pas dû le faire je dis qu’il n’a pas sa place sur ce dvd.
    Sinon Keuken est toujours magnifique.
    Pas de vidéo et c’est normal.
    #critique_a_2_balles #stijn_van_santen #derniers_mots #2002 #johan_van_der_keuken #cinéma #documentaire #mort