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Fil d’actualités Covid19-Migration-santé (veronique.petit@ird.fr) relié à CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS.

  • Aix-Marseille Université va accueillir 31 chercheurs américains : « Ce qui se passe aux Etats-Unis, c’est l’antiscience, c’est l’arrivée de l’obscurantisme »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/07/18/aix-marseille-universite-accueillera-31-chercheurs-americains-a-la-rentree_6

    Aix-Marseille Université va accueillir 31 chercheurs américains : « Ce qui se passe aux Etats-Unis, c’est l’antiscience, c’est l’arrivée de l’obscurantisme »
    Le Monde avec AFP
    Aix-Marseille Université (AMU) accueillera à la rentrée prochaine 31 chercheurs américains, menacés dans leur liberté académique par la politique de Donald Trump, dans le cadre de son programme Safe Place for Science (« un lieu sûr pour la science »), a annoncé vendredi 18 juillet son président Eric Berton sur France Inter.
    Au 31 mars, date limite des candidatures, l’AMU avait reçu 300 dossiers, et au total 600 chercheurs américains ont exprimé le souhait de venir travailler au sein de l’université marseillaise, l’une des plus importantes de France en nombre d’étudiants (80 000, dont 12 000 internationaux).Les 31 chercheurs sélectionnés « sont des profils seniors, des professeurs de haut niveau », qui travaillent dans les sciences environnementales, dans les domaines des humanités (études de genre, histoire, géographie), de la biologie, la santé, l’épidémiologie, l’immunologie, et « plus surprenant, des collègues qui viennent de la NASA et vont nous rejoindre dans nos laboratoires d’astrophysique », a ajouté M. Berton.
    « Le plus dur dans cet épisode, ce sont les messages poignants des gens qu’on n’a pas pris », a-t-il déclaré, estimant toutefois que « ces collègues vont pouvoir aussi trouver des solutions dans les autres universités françaises et en Europe » grâce au programme Choose France et à des bourses européennes. « Ils ont des pressions, les banques de données des collègues qui travaillent dans le domaine du climat sont parfois effacées, ils ne peuvent plus travailler, mais on leur demande de justifier leur salaire, ce qui est assez cocasse », a affirmé M. Berton.
    « Ce qui se passe aux Etats-Unis, ça influence le monde entier » : en France, « des programmes sont arrêtés parce qu’aux Etats-Unis c’est arrêté. Il faut se montrer à la hauteur de l’événement. Ce qui se passe aux Etats-Unis, c’est l’antiscience, c’est l’arrivée de l’obscurantisme. C’est l’honneur de l’université française d’amener une lueur d’espoir à ces collègues », a-t-il souligné.
    Le président d’AMU, qui défend au côté de l’ancien président François Hollande le statut de « réfugié scientifique », a rappelé qu’Aix-Marseille Université accueillait également « 25 collègues qui viennent d’Iran, du Liban, d’Ukraine, de Palestine ». « Au même titre qu’un opposant politique, le scientifique peut gêner le pouvoir en place, quand [celui-ci] est climatosceptique par exemple », a-t-il ajouté. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son administration et des milliards de dollars en subventions de recherche ont été supprimés.

    #Covid-19#migration#migrant#france#etatsunis#refugiescientifique#université#recherche#sante#politiquemigratoire

  • En Mauritanie, le premier ministre espagnol vante les bienfaits de l’immigration
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/07/17/en-mauritanie-le-premier-ministre-espagnol-vante-les-bienfaits-de-l-immigrat

    En Mauritanie, le premier ministre espagnol vante les bienfaits de l’immigration
    Le Monde avec AFP
    Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a vanté, mercredi 16 juillet à Nouakchott, les bienfaits de l’immigration, qui a contribué aux « progrès et à la bonne situation économique » de son pays, tout en souhaitant qu’elle soit « régulière et ordonnée ». M. Sanchez effectue actuellement une visite en Mauritanie, pays de la côte Atlantique ouest-africaine, qui sert de point de départ à de nombreux migrants venus de tout le continent pour tenter de rejoindre l’Europe clandestinement en entreprenant un périlleux voyage en mer en quête d’un avenir meilleur.
    Dans une déclaration à la presse à Nouackchott, en présence du président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, Pedro Sanchez a évoqué le « développement des pays qui sont aujourd’hui les destinataires [des flux migratoires] comme l’Espagne », qui a été un pays d’émigration. « Aujourd’hui, les progrès et la bonne situation économique de l’Espagne doivent beaucoup à l’apport de l’immigration, à ces personnes venues y développer leur projet de vie », a-t-il dit. Il s’est dit favorable à une coopération « avec des pays comme la Mauritanie », mais pour « garantir une migration sûre, régulière, ordonnée, qui profite mutuellement à nos sociétés ».
    Mohamed Ould Ghazouani, s’exprimant en arabe, a salué la coopération entre les deux pays et « apprécié l’engagement du gouvernement espagnol à défendre les causes justes et à promouvoir la paix et la sécurité aux niveaux régional et international ». Cette visite a permis de discuter avec Pedro Sanchez de « questions vitales d’intérêt commun, notamment les défis de la sécurité, du développement, de la migration et des perspectives de coopération dans le domaine des énergies », a-t-il ajouté. Les délégations mauritanienne et espagnole ont, par ailleurs, signé quatre accords dans les domaines des transports et des infrastructures, de la sécurité sociale, de la cybersécurité et des parcs nationaux, selon un communiqué du gouvernement espagnol.
    M. Sanchez avait effectué à la fin d’août 2024 une tournée dans trois pays ouest-africains, dont la Mauritanie, pour aider au développement de la « migration circulaire », c’est-à-dire l’envoi en Espagne de travailleurs formés en fonction des besoins de l’économie espagnole. Nouakchott et Madrid s’étaient alors mis d’accord pour gérer ensemble les flux migratoires.
    Des milliers de migrants ont perdu la vie ces dernières années en tentant de rejoindre l’Europe au départ de l’Afrique, via l’archipel espagnol des Canaries, à bord d’embarcations souvent surchargées. Pour la seule année 2024, l’ONG espagnole Caminando Fronteras a établi un bilan de 10 457 personnes mortes ou disparues en mer. Après une année record en 2024, marquée par l’arrivée de 46 843 migrants aux Canaries, le rythme s’est nettement ralenti ces derniers mois, avec 10 882 arrivées entre janvier et la mi-mai, soit une baisse de 34,4 % par rapport à la même période l’année précédente, selon le ministère de l’intérieur.

    #Covid-19#migrant#migration#mauritanie#espagne#politiquemigratoire#migrationreguliere#fluxmigratoires#sante#migrationcirculaire

  • L’administration Trump expulse cinq migrants vers la dernière monarchie absolue d’Afrique, présentée comme un « pays tiers sûr »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/07/17/l-administration-trump-expulse-cinq-migrants-vers-la-derniere-monarchie-abso

    L’administration Trump expulse cinq migrants vers la dernière monarchie absolue d’Afrique, présentée comme un « pays tiers sûr »
    Par Mathilde Boussion
    L’administration Trump les appelle des « pays tiers sûrs ». Après le Soudan du Sud, un Etat au bord de la guerre civile, c’est au Eswatini (anciennement Swaziland), la dernière monarchie absolue d’Afrique, qu’ont atterri cinq individus expulsés des Etats-Unis, a annoncé le département américain de la sécurité intérieure, mercredi 16 juillet.
    Comme la quasi-totalité des migrants envoyés au Soudan du Sud, ils ne sont pas originaires du pays d’Afrique australe. Comme dans le cas du Soudan du Sud également, le gouvernement américain présente ces expulsés comme de dangereux criminels emprisonnés pour viols sur mineurs ou meurtres. Et comme pour le Soudan du Sud, la manœuvre est entourée de secret.
    Sous pression, le royaume de l’Eswatini a fini par réagir dans un communiqué. Alors que de nombreuses voix sur les réseaux sociaux s’inquiètent de voir cette nation coincée entre l’Afrique du Sud et le Mozambique devenir la « poubelle » des Etats-Unis, les autorités assurent que les migrants « ne représentent aucune menace pour le pays ou ses citoyens ». Originaires du Vietnam, de la Jamaïque, du Laos, du Yemen et de Cuba, ils sont actuellement détenus dans des « unités isolées », « où sont gardés des délinquants similaires », précisent-elles.
    Sans dévoiler le détail de l’accord qui encadre ces expulsions, la porte-parole du gouvernement du royaume africain, Thabile Mdluli, souligne que l’« exercice » est « le fruit de plusieurs mois de robustes échanges de haut niveau entre le gouvernement américain et celui de l’Eswatini ». Elle précise que les deux pays collaboreront avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) « pour faciliter le transit de ces détenus vers leur pays d’origine ».
    L’Eswatini réussira-t-il là où le gouvernement américain assure avoir échoué ? Dans un message annonçant le transfert des hommes sur le réseau social X, la porte-parole du département américain de la sécurité intérieure, Tricia McLaughlin, évoquait « des individus si barbares que leurs pays d’origine ont refusé de les accueillir ». Une affirmation par ailleurs démentie par la Jamaïque.
    « Le gouvernement n’a refusé le retour d’aucun de nos ressortissants en Jamaïque et, par conséquent, si les informations sont confirmées, poursuivra ses discussions avec les Etats-Unis sur les dispositions nécessaires pour faciliter le retour de l’individu en Jamaïque », a indiqué la ministre jamaïcaine des affaires étrangères, Kamina Johnson Smith, le 17 juillet.
    En guerre contre l’immigration illégale, l’administration Trump a promis d’expulser un maximum de migrants en situation irrégulière. Pour y parvenir, elle souhaite faire appel à des « pays tiers », prêts à accepter les ressortissants d’autres pays que l’administration peine à renvoyer chez eux. Les autorités américaines ont ainsi déjà procédé à des expulsions d’étrangers vers le Panama, le Costa Rica ou encore le Salvador.Mais, en mai 2025, alors que le gouvernement américain tentait d’envoyer des migrants au Soudan du Sud, ses efforts ont buté sur la décision d’un juge fédéral de suspendre ces expulsions en exigeant que l’administration accorde aux expulsés une « possibilité significative » d’exprimer d’éventuelles craintes sur leur destination, au nom du respect de la Convention contre la torture.
    A l’issue d’un bras de fer judiciaire, la Cour suprême a donné raison au gouvernement américain et a autorisé la reprise de ces expulsions expéditives. Le 5 juillet, huit migrants, dont un seul Sud-Soudanais, ont ainsi atterri au Soudan du Sud. En guise de garantie que les migrants envoyés dans des pays tiers ne seront ni persécutés, ni torturés, l’administration américaine estime suffisante l’obtention d’« assurances diplomatiques » jugées « crédibles » par le département d’Etat américain.
    « En tant que membre responsable de la communauté mondiale, le royaume d’Eswatini adhère aux accords internationaux et aux protocoles diplomatiques concernant le rapatriement des individus, garantissant ainsi le respect d’une procédure régulière et des droits de l’homme », assure la porte-parole du gouvernement. Mais l’idée de qualifier de « pays sûr » le Swaziland, comme l’appellent encore les opposants au roi Mswati III, révolte ceux qui s’élèvent contre le pouvoir absolu du monarque en place depuis 1986.
    « Les Swazis n’ont pas de droits, comment ces étrangers pourraient-ils en avoir ? Les Américains eux-mêmes, dans leur rapport annuel sur les droits humains, expliquent que la situation est très mauvaise. Le fait qu’ils parlent aujourd’hui d’un “pays sûr” est scandaleux », explique Mfanafuthi Tsela, porte-parole du Swaziland Solidarity Network, un réseau d’opposants au cœur des manifestations exigeant des réformes démocratiques qui ont secoué le régime en 2021. La répression du mouvement a fait 80 morts, selon Amnesty International.
    Dans son rapport 2023 passant en revue les pratiques de l’Eswatini en matière de respect des droits humains, le département d’Etat américain évoquait en effet des « exécutions extrajudiciaires », des « tortures », de « sérieux problèmes » avec l’indépendance de la justice, des détentions de prisonniers politiques ou encore de « sérieuses restrictions » de la liberté d’expression.« Le pire, c’est que ces migrants sont détenus dans la même prison que les opposants politiques. Quand le gouvernement assure qu’ils sont gardés dans des unités isolées où sont emprisonnés des délinquants similaires, les délinquants dont il parle, ce sont les combattants pour la liberté détenus dans des quartiers de haute sécurité », poursuit Mfanafuthi Tsela.
    S’agissant de la contrepartie qui aurait pu être acceptée par le royaume en échange de l’accueil des migrants, le responsable évoque « une transaction financière ». « Le Swaziland est dirigé par un régime cupide, en particulier son dirigeant. Il ne fait aucun doute qu’il a obtenu quelque chose personnellement. Les Etats-Unis sont hostiles envers le monde entier, ils veulent imposer des droits de douane à l’Afrique du Sud qui vont faire mal au Swaziland. Personne de sain d’esprit n’aurait accepté ça, mais le roi ne pense qu’à lui, ses femmes et ses enfants », explique Mfanafuthi Tsela.
    Connu pour son train de vie extravagant et celui de sa dizaine de femmes, le roi Mswati III aurait récemment dépensé près de 4 millions d’euros pour financer une virée shopping de ses épouses à Dubaï, alors que les hôpitaux publics sont confrontés à des pénuries de médicaments, selon le média indépendant Swaziland News.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#eswatini#expulsion#payssur#politiquemigratoire#migrationirreguliere#droit#sante#swaziland

  • A Paris, un centre psychiatrique pour « soulager » les migrants
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/07/14/a-paris-un-centre-psychiatrique-pour-soulager-les-migrants_6621196_3224.html

    A Paris, un centre psychiatrique pour « soulager » les migrants
    Par Mustapha Kessous
    Lancée en 2021, une unité du groupe hospitalier universitaire psychiatrie & neurosciences de la capitale accueille les migrants en situation de précarité. Son but : atténuer l’anxiété et les traumatismes liés à la route migratoire et leur arrivée en France.
    Elle se répète pour qu’on la croie. En pleurs, cette Sri-Lankaise a peur d’oublier le visage de son fils de 10 ans, resté au pays. « J’oublie tout ce que je fais. Pourquoi ça m’arrive ? », lance la quadragénaire en anglais, montrant son poignet couvert de pense-bêtes. L’infirmier, qui la suit et la rassure, s’éclipse pour chercher une collègue. La psychiatre Maria Vittoria Carlin écoute à son tour la patiente – arrivée en France en 2024 et qui redoute d’en être expulsée – puis lui saisit la main : « Votre cerveau est trop stressé, il n’en peut plus. »
    La scène se déroule dans l’unité consultation d’accompagnement psychiatrique et social (Capsys), lancée en mars 2021, du groupe hospitalier universitaire psychiatrie & neurosciences de Paris. Situé dans un bâtiment discret du 1er arrondissement, ce service est exclusivement dédié à la santé mentale des migrants en situation de précarité en Ile-de-France, qu’ils soient demandeurs d’asile, réfugiés ou sans-papiers.
    Trois psychiatres, une psychologue, un infirmier, tous accompagnés d’interprètes, si nécessaire, y reçoivent – avec ou sans rendez-vous –, du lundi au vendredi (sauf le mercredi), une trentaine d’exilés venus le plus souvent d’Afghanistan, mais aussi de Guinée, du Soudan, ou encore d’Ukraine. Les écouter, saisir leurs tourments, les soigner : telle est la mission de ce dispositif du secteur public financé par l’agence régionale de santé Ile-de-France. Ici, pas de carte Vitale et son accès est gratuit. Le Monde a assisté à plusieurs consultations.
    En cette fin de matinée de juillet, la salle d’attente est déjà saturée. A l’autre bout du couloir exigu, Maria Vittoria Carlin, visage rassurant et sourire immuable, vient de passer cinquante-six minutes avec Fatou (les prénoms des patients ont été modifiés). Cette Sénégalaise, accompagnée d’une interprète diakhanké, consulte pour la première fois une spécialiste de la santé mentale. Son assistante sociale a pris rendez-vous en signalant que « madame semble très à distance de son histoire et n’arrive pas à se connecter (…), ce qui nous met en difficulté dans son accompagnement ».
    Maria Vittoria Carlin explique son rôle. Il le faut, le plus souvent, car ces migrants n’ont jamais eu affaire à un « psy » et peinent à décrire leur mal-être. La médecin invite Fatou à se confier, celle-ci se lance : elle évoque un mariage forcé, un époux violent, ses cicatrices dans le dos. Puis, un jour, le mari a brûlé des ordures, le feu s’est propagé à une maison, un enfant est mort. « Mon mari s’est enfui, raconte-t-elle. Le chef de village a décidé de me donner au monsieur qui a perdu son petit. » Paniquée, elle a confié ses trois enfants à une proche avant de fuir. Direction l’Europe, après trois jours en mer. En France, sa demande d’asile a été rejetée. Quand elle ne dépend pas du 115, Fatou dort dans le métro. « Je suis bloquée, je n’arrive pas à avancer », souffle-t-elle.
    Le Capsys est un concentré de détresse et de tristesse. Tout y est intense : les regards, les silences, les journées. Et ces récits d’exil qui, entre ces murs, n’étonnent plus. « C’est plus qu’un centre de consultation, nous traitons le désespoir d’une population invisible avec des symptômes invisibles », explique la psychiatre Andrea Tortelli, responsable de l’unité, également à l’origine de sa création. « Nous sommes là pour les apaiser », lui fait écho Gilles Charel, l’infirmier. L’objectif est d’atténuer l’anxiété et les traumatismes liés à la route migratoire ou aux épreuves de l’arrivée en France : démarches administratives ardues, hébergement de plus en plus rare, vie dans la rue.
    Le plus souvent, travailleurs sociaux, associations ou services d’urgences orientent ces personnes vers l’unité Capsys afin d’obtenir de l’aide. Les médecins peuvent leur prescrire des antidépresseurs, somnifères ou anxiolytiques. L’unité est d’ailleurs dotée d’une pharmacie pour ceux qui n’ont pas de complémentaire santé solidaire ou d’aide médicale d’Etat. « C’est le lieu du soulagement, note Abdulraziq Mangual, réfugié et interprète afghan. Ils ont la possibilité de comprendre pourquoi ils vont mal, c’est une chance. »
    Pascal, un jeune Congolais, a le moral en berne depuis le refus, en juin, de sa demande d’asile. Les agents n’ont pas cru à son histoire, celle d’un homme torturé dans son pays en raison de son homosexualité. « Je suis sous le choc », décrit-il à Maria Vittoria Carlin. « Il faut s’accrocher », répond-elle. Il est venu renouveler son traitement pour un mois. « Si je n’ai pas de médicaments, je peux faire des dégâts. Avec la dépression, tous les jours, j’irais en garde à vue, explique-t-il en aparté au Monde. Parler avec Mme Carlin me fait du bien. Sans elle, tout serait difficile. »
    Au Capsys, il n’est pas question de juger la sincérité du parcours des migrants. « Il faut que je croie en la souffrance pour soigner et, jusqu’à présent, je n’en ai jamais douté », souligne la psychiatre. Au bout de plusieurs semaines de traitement, les patients vont mieux, assurent les médecins. « Le cerveau reposé, ils reviennent nous voir, nous recommandent à d’autres », atteste Andrea Tortelli. « On redonne une identité de sujet à ces personnes qui n’ont pas de statut social, insiste Gilles Charel. Cela participe à leur redonner de l’estime [d’eux-mêmes]. »
    La prévention est l’autre enjeu de ce dispositif : « Plus nous traitons tôt et rapidement le stress des migrants, moins les troubles psychiatriques sévères se développent, et moins cela coûte à la collectivité », admet Andrea Tortelli. La psychiatre alerte toutefois sur l’impact des décisions politiques, comme lorsque Bruno Retailleau, le ministre de l’intérieur, avait décidé de déployer 4 000 membres des forces de l’ordre pour interpeller des « clandestins » dans les gares et les bus, en juin. « Des rendez-vous ont été annulés, les gens ont eu peur de venir, affirme-t-elle. C’est un risque de rupture de soins. »
    Il est 15 h 11. Divine arrive, accompagnée d’une traductrice. Cette Congolaise d’une vingtaine d’années a les yeux cernés d’un noir intense, une chevelure en désordre, le visage épuisé et abîmé par le chagrin. La demandeuse d’asile dit entendre des voix et être tourmentée par les cauchemars. Pourtant, pour Maria Vittoria Carlin, qui l’a déjà rencontrée, Divine va mieux, ces voix sont moins récurrentes que l’an passé. La psychiatre veut en savoir plus sur elle, car elle ne connaît pas son histoire. Divine accepte.
    D’un ton à peine audible, elle raconte qu’à l’âge de 16 ans, son père a voulu la marier à un homme influent et riche. Elle a refusé. Pourtant, un jour, en revenant de l’école, elle s’est fait enlever par deux inconnus. « Je me suis retrouvée dans une chambre, l’homme influent était en face de moi, il m’a dit : “Désormais, tu es chez toi”, relate-t-elle. Il voulait avoir un rapport sexuel avec moi. » Et puis, plus rien. Elle se fige, son visage aussi. Elle est ailleurs, le regard perdu. « Divine ? Vous êtes en France, vous savez qui je suis ? Vous pouvez dire mon nom ? » Silence. « Vous reconnaissez ma voix ? Vous êtes en sécurité. » Après de longues minutes, elle revient à elle. Divine veut rentrer. Maria Vittoria Carlin lui renouvelle son ordonnance.
    En 2024, le Capsys a réalisé 6 280 consultations, contre 1 416 en 2021. Face à une telle croissance, « il faudrait que nous soyons le double [de soignants] », assure Andrea Tortelli. « Cette unité nous redonne confiance, glisse un demandeur d’asile mauritanien, torturé dans son pays, dit-il, pour ses idées politiques. J’ai pu dominer ma peur. Leur travail est vital. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#santementale#routemigratoire#psychiatrie#traumatisme

  • Les Etats des Caraïbes contraints de réformer leur programme de passeports dorés face à la pression des Etats-Unis et de l’UE
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/15/les-etats-des-caraibes-contraints-de-reformer-leur-programme-de-passeports-d

    Les Etats des Caraïbes contraints de réformer leur programme de passeports dorés face à la pression des Etats-Unis et de l’UE
    Par Jean-Michel Hauteville (Fort-de-France, correspondant)
    Sur les rivages habituellement ensoleillés des Caraïbes, l’horizon s’assombrit pour cinq Etats des Petites Antilles dotés de dispositifs de « citoyenneté par investissement » (Citizenship by Investment, ou CBI). Engagés depuis plusieurs années dans un bras de fer avec l’Union européenne au sujet de leurs passeports dorés, que Bruxelles voit d’un mauvais œil, ces petits pays insulaires, voisins de la Martinique et de la Guadeloupe, se trouvent désormais dans le collimateur des Etats-Unis, également en raison de cette activité controversée.
    En réponse aux menaces qui s’accumulent, les gouvernements de ces cinq micro-Etats – Antigua-et-Barbuda, la Dominique, la Grenade, Saint-Kitts-et-Nevis et Sainte-Lucie – ont proposé conjointement un paquet de réformes inédites de leurs programmes nationaux de vente de passeports, mis en place successivement entre 1984 et 2013. Long de 66 pages, le projet d’accord, daté du 1er juillet et rendu public sur le site de la Banque centrale des Caraïbes orientales, au terme de plusieurs mois de consultations et de tractations, introduit une dose d’harmonisation de ces dispositifs, prévoit la création d’une autorité supranationale de régulation des programmes de CBI et durcit les conditions d’octroi et de renouvellement des passeports dorés.
    « En étroite collaboration avec nos partenaires internationaux, nous renforçons la crédibilité du programme face aux nouveaux défis géopolitiques et sécuritaires », explique au Monde, dans une déclaration écrite, Calvin St. Juste, le président exécutif du Bureau de la citoyenneté par investissement, l’organisme public qui gère le dispositif à Saint-Kitts-et-Nevis. La manne financière générée par ce dispositif représentait 22 % du produit intérieur brut de cet archipel de 47 000 habitants en 2023, et 37 % de celui de la Dominique.
    Le temps presse : quatre de ces Etats caribéens – Antigua-et-Barbuda, la Dominique, Saint-Kitts-et-Nevis et Sainte-Lucie – figuraient sur une liste de 36 pays qui auraient reçu, le 14 juin, un ultimatum de l’administration Trump. Selon le Washington Post et l’agence de presse Reuters, une note diplomatique signée par le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, identifiait « 36 pays à risques » dont les ressortissants pourraient faire l’objet d’une « interdiction totale ou partielle d’entrée sur le territoire » américain si ces Etats ne se conformaient pas aux exigences de Washington « dans un délai de soixante jours ». Le département d’Etat évoquait la naturalisation « grâce à un investissement financier sans obligation de résidence » parmi les critères rédhibitoires, selon ces médias.
    Ces menaces de l’administration Trump faisaient suite à une interdiction de voyage vers les Etats-Unis frappant les ressortissants de douze autres pays, annoncée le 4 juin par la Maison Blanche. « Le programme de citoyenneté par investissement est aujourd’hui menacé, car on le soupçonne de faciliter le blanchiment d’argent », explique Ankie Scott-Joseph, maîtresse de conférences en économie à Cave Hill (Barbade).
    A Bruxelles aussi, l’étau se resserre sur ces cinq pays des Caraïbes orientales. Le 17 juin, le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen parvenaient à un accord sur les modalités de suspension de l’exemption de visa pour les ressortissants de pays tiers désirant se rendre dans l’espace Schengen. L’application d’un programme de citoyenneté par investissement dont les bénéficiaires « n’ont pas de lien réel avec le pays tiers concerné » figure parmi les « nouveaux motifs qui déclencheront le mécanisme de suspension », a précisé le Conseil dans un communiqué.
    Et pour les pays caribéens, les précédents inquiétants s’accumulent : en décembre 2024, le Vanuatu devenait le premier pays pour lequel Bruxelles révoquait l’exemption de visa, invoquant le programme de passeports dorés mis en place en 2015 par cet Etat du Pacifique. En juillet 2023, le Royaume-Uni avait fait de même avec la Dominique, pour des raisons identiques. « Le principal problème, c’est que vous vendez la citoyenneté à des personnes qui n’ont jamais mis les pieds dans votre pays », critique l’économiste Ankie Scott-Joseph, qui préconise l’approche « plus durable » des dispositifs de résidence sans naturalisation, en contrepartie d’un investissement, proposés par la Barbade et la Jamaïque.
    Les nombreux professionnels du secteur, qui accompagnent les candidats à la naturalisation dans leurs coûteuses démarches, balaient ces critiques : les demandeurs de passeports dorés font l’objet d’enquêtes approfondies. « La due diligence effectuée à Antigua-et-Barbuda est tout aussi rigoureuse qu’ailleurs », assure Patrick Peters, directeur général du cabinet ClientReferrals. Les enquêteurs « ont des équipes sur le terrain et font des vérifications sur chaque candidat », assure cet expert montréalais, qui travaille dans les Caraïbes depuis une décennie et compare cette activité au dispositif canadien de résidence par investissement.
    Une obligation de résidence figure toutefois parmi les réformes des programmes CBI proposées par le projet d’accord intergouvernemental du 1er juillet. Les citoyens naturalisés devront désormais justifier d’« au moins trente jours au total » de présence sur le territoire durant les cinq premières années suivant la délivrance du passeport, mais aussi participer à un « programme d’intégration obligatoire », afin de « créer un lien réel et effectif » avec leur nouveau pays.« Nous avons toujours été partisans de cette exigence à Antigua », affirme Patrick Peters. Aux yeux du professionnel québécois, le délai de trente jours n’est pas trop bref. Au contraire, certains investisseurs fortunés pourraient même « avoir du mal à passer autant de temps physiquement dans leur nouveau pays ». La réforme des passeports dorés « doit être mise en œuvre avec prudence, car une réglementation excessive n’est viable pour aucun secteur », tempère Daisy Joseph-Andall, avocate spécialiste de la citoyenneté par investissement à Saint-Kitts-et-Nevis. Ce secteur d’activité « est bénéfique et bien réglementé », plaide-t-elle. Avant de conclure : « Les programmes CBI nous permettent, dans les Caraïbes, d’avoir notre indépendance économique. Et c’est très important pour notre avenir. »

    #Covid-19#migrant#migration#UE#etatsunis#caraibe#passeportdoré#schengen#politiquemigratoire#economie

  • L’administration Trump a expulsé cinq migrants vers l’Eswatini, ex-Swaziland
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/16/l-administration-trump-a-expulse-cinq-migrants-vers-l-eswatini-ex-swaziland_

    L’administration Trump a expulsé cinq migrants vers l’Eswatini, ex-Swaziland
    Le Monde avec AFP
    L’administration Trump a annoncé, mardi 15 juillet, avoir expulsé cinq immigrés en situation irrégulière originaires d’Asie ou des Caraïbes vers l’Eswatini, un petit pays d’Afrique australe. Leurs pays d’origine respectifs refusent de les accueillir, selon les autorités américaines. Le 4 juillet, elle avait déjà acheminé au Soudan du Sud, pays pauvre et en proie à un conflit, huit immigrés en situation irrégulière, après y avoir été autorisée par la Cour suprême, au terme d’une longue bataille judiciaire.
    « Aujourd’hui, le ministère de la sécurité intérieure a effectué une expulsion par avion vers un pays tiers, l’Eswatini », a affirmé cette administration sur son compte X.Il s’agit d’« étrangers criminels en situation irrégulière » que leurs pays respectifs ont refusé de reprendre, explique le ministère, publiant l’identité, la photo et les faits reprochés à ces cinq hommes, de nationalité vietnamienne, laotienne, yéménite, cubaine et jamaïcaine.
    L’Eswatini, ex-Swaziland, dernière monarchie absolue d’Afrique, voisine de l’Afrique du Sud, est dirigé depuis 1986 par Mswati III, critiqué pour son train de vie fastueux et régulièrement accusé de violations des droits humains. Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une « invasion » des Etats-Unis par des « criminels venus de l’étranger » et communiquant abondamment sur les expulsions d’immigrés.
    Mais son programme d’expulsions massives a été contrecarré ou freiné par de multiples décisions de justice, notamment au motif que les personnes visées devaient pouvoir faire valoir leurs droits.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#expulsion#eswatini#droit#migrationirreguliere

  • Garde nationale à Los Angeles : 2 000 des 4 000 membres déployés vont partir, annonce le Pentagone
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/16/garde-nationale-a-los-angeles-2-000-des-4-000-membres-deployes-vont-partir-a

    Garde nationale à Los Angeles : 2 000 des 4 000 membres déployés vont partir, annonce le Pentagone
    Le Monde avec AFP
    Le ministre américain de la défense, Pete Hegseth, a ordonné le retrait d’environ la moitié des quelque 4 000 militaires de la garde nationale déployés à Los Angeles, en Californie, a annoncé, mardi 15 juillet, le Pentagone.Donald Trump avait réquisitionné, au début de juin, pour soixante jours, la garde nationale en Californie, contre l’avis du gouverneur, le démocrate Gavin Newsom, affirmant vouloir ainsi rétablir l’ordre à Los Angeles après des échauffourées.
    « Grâce au renfort de nos troupes, le chaos diminue à Los Angeles », a déclaré le porte-parole du Pentagone, Sean Parnell, dans un communiqué. « En conséquence, le ministre a ordonné que 2 000 membres de la garde nationale de Californie soient relevés de leur mission de protection fédérale », a-t-il ajouté.
    Donald Trump avait également ordonné la mobilisation de 700 marines en renfort de la garde nationale afin de faire face aux protestations, largement pacifiques mais dont certaines avaient dégénéré, contre des arrestations d’immigrés par la police fédérale de l’immigration (ICE).En Californie, les démocrates avaient accusé Donald Trump de « fabriquer une crise ». Selon eux, les incidents survenus en marge des manifestations – robotaxis incendiés, pillages de commerce et graffitis – étaient largement gérables par les forces locales, qui ont assuré le maintien de l’ordre dans les manifestations.
    La situation s’est largement calmée depuis près d’un mois dans la deuxième ville du pays, où le couvre-feu nocturne a été levé le 17 juin. Mais les raids d’ICE, la police de l’immigration, se poursuivent, visant particulièrement la communauté latino. Les militaires ont surtout été utilisés pour garder les bâtiments fédéraux, et ont parfois accompagné ICE pour protéger ses agents lors de leurs descentes.
    Après l’annonce du Pentagone, la maire de Los Angeles, la démocrate Karen Bass, qui s’était également opposée à la réquisition de la garde nationale, s’est félicitée dans un communiqué de cette « retraite ». « Tout cela est arrivé parce que les habitants de Los Angeles ont tenu bon. Nous avons organisé des manifestations pacifiques, nous nous sommes retrouvés à des rassemblements, nous avons attaqué l’administration Trump en justice, et tout ceci a conduit à la retraite d’aujourd’hui », a-t-elle assuré.
    De son côté, le gouverneur de Californie, qui avait intenté en vain une action en justice pour révoquer la mobilisation de l’armée à Los Angeles, a déclaré dans un communiqué que « Donald Trump instrumentalisait politiquement depuis un mois les membres de la garde nationale, tels des pions ». « Des milliers d’autres sont toujours déployés par l’Etat fédéral sans raison, ce qui les empêche de remplir des missions essentielles au travers de l’Etat », poursuit-il, intimant au président américain : « Mettez fin au spectacle maintenant. »

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#ICE#expulsion#californie#droit#sante

  • Au Québec, de plus en plus d’Haïtiens fuient les Etats-Unis pour trouver refuge au Canada
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/14/au-quebec-de-plus-en-plus-d-haitiens-fuient-les-etats-unis-pour-trouver-refu

    Au Québec, de plus en plus d’Haïtiens fuient les Etats-Unis pour trouver refuge au Canada
    Par Eliott Dumoulin (Montréal, correspondance)
    Jameson (qui utilise un prénom d’emprunt par crainte de représailles) s’apprête à parler, mais sa respiration se coupe, il s’effondre, son front posé contre la table. La chaleur qui étouffe Montréal, en ce début juillet, n’en est pas la cause : « C’est le stress, je suis épuisé », raconte-t-il, essoufflé. Le trentenaire est à bout. De l’Etat américain du New Jersey au canapé du centre d’hébergement La Traverse, dans le nord de Montréal, au Canada, il vient d’accomplir un périple de 700 kilomètres.
    Arrivé la semaine précédente au Québec, après avoir roulé longtemps, puis traversé à pied une forêt de la Nouvelle-Angleterre, il a rejoint la trentaine de demandeurs d’asile hébergés ici, dans le presbytère d’une église de la communauté haïtienne. « La forêt, c’était dur. Et je voyais des voitures de police au loin, j’avais tout le temps peur », détaille-t-il. Mais il ne voulait plus rester un jour de plus aux Etats-Unis, où il vivait depuis un an, par crainte d’être renvoyé rapidement en Haïti, où il a déjà subi des violences, dont il garde un tibia cassé. « Il fallait que je parte au plus vite », soupire Jameson, l’œil vif et la voix saccadée.
    Comme lui, ils sont des centaines à franchir la frontière  terrestre, ces dernières semaines. Le nombre de demandes d’asile reçues au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle – le plus fréquenté par les demandeurs d’asile haïtiens, entre New York et le Québec – a quasiment triplé par rapport à celui de 2024 (passant de 2112 entre le 1er avril et le 6 juillet 2024 à 5725 sur la même période en 2025), avec une accélération durant la première semaine de juillet (761 demandes, contre 149 en 2024). Haïti figure en tête des pays d’origine des demandeurs d’asile qui arrivent par la frontière terrestre canadienne en 2025. Ils fuient la fin annoncée du statut de protection temporaire aux Etats-Unis, un statut humanitaire accordé notamment à plus de 520 000 Haïtiens des Etats-Unis, dont certains installés depuis le séisme de 2010.
    L’administration Trump souhaitait y mettre fin dès le 2 septembre, arguant d’une amélioration de la situation en Haïti, malgré la famine et la flambée continue de violence toujours en cours. Mais le 1er juillet, un juge fédéral new-yorkais a suspendu cette décision et rétabli le statut jusqu’en février 2026. « La suppression du statut de protection temporaire ne peut qu’aggraver la crise en Haïti : pour beaucoup, le retour resterait très dangereux », assure l’avocate Suzanne Taffot, qui accompagne des demandeurs d’asile haïtiens à Montréal.
    Depuis la dictature de « Papa Doc », François Duvalier, à partir de 1957, le Canada a vu déferler plusieurs vagues d’immigration haïtienne. La communauté haïtienne compte désormais près de 180 000 personnes, dont 9 sur 10 vivent au Québec. La dernière arrivée importante remonte à la période comprise entre 2017 et 2019, dans la foulée, déjà, du refus de renouvellement du statut de protection temporaire pour 46 000 Haïtiens par la première administration Trump. Mais, depuis le 25 mars 2023, les règles ont changé, avec l’entrée en vigueur d’un protocole additionnel à l’Entente sur les tiers pays sûrs, un accord entre le Canada et les Etats-Unis qui détermine dans lequel des deux pays une demande d’asile doit être examinée. L’entente oblige les demandeurs à la présenter dans le premier de ces deux pays dans lequel ils posent le pied. Avant mars 2023, cette règle ne s’appliquait qu’aux demandes faites dans les postes frontaliers officiels. Désormais, elle concerne toute la frontière, y compris les passages irréguliers entre deux postes, ce qui ferme la porte à ceux qui tentaient d’entrer au Canada depuis les Etats-Unis par ces voies pour y demander l’asile : les personnes interceptées sont donc généralement renvoyées vers le premier pays « sûr » traversé, les Etats-Unis.
    Ce durcissement complique la tâche des Haïtiens qui tentent de fuir l’Amérique de Donald Trump pour rejoindre le voisin du Nord. Seuls ceux pouvant prouver la présence d’un membre de leur famille au Canada, les mineurs non accompagnés ou ceux qui risquent la peine de mort peuvent déposer une demande d’asile auprès d’Ottawa.
    « Les Haïtiens qui viennent en ce moment au Canada considèrent que les Etats-Unis ne sont plus un pays sûr pour eux : ils sont sur un siège éjectable là-bas, observe Audrey Macklin, professeure de droit spécialisée en immigration à l’université de Toronto. Mais Ottawa fait comme si rien n’avait changé et continue de les y renvoyer. » Plus de 2 000 demandeurs d’asile considérés comme non admissibles au Canada – tous pays d’origine confondus – ont été remis aux Etats-Unis depuis janvier. Autre symbole d’une fermeté croissante, le projet canadien de loi C-2, déposé le 3 juin à la Chambre des communes (pas encore adopté), qui vise à « moderniser le régime » de l’asile, prévoit, entre autres, de nouvelles restrictions dans les délais de demande. La fondatrice du centre d’hébergement La Traverse, Kicha Estimé, croise les doigts pour que celle de Jameson soit acceptée. « Je ne sais pas s’il va réussir à rester ici : on va tout faire pour, mais le Canada a changé, ce n’est plus le même pays », estime-t-elle. Allongé sur le canapé, Jameson a le regard qui brille malgré tout : « Je vais y arriver, Dieu est avec moi et j’ai déjà survécu à beaucoup de choses. »

    #Covid-19#migrant#migration#canada#etatsunis#haiti#asile#droit#politiquemigratoire#sante#protection

  • Migrantes : le calvaire de la route de l’exil - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65740/migrantes--le-calvaire-de-la-route-de-lexil

    Migrantes : le calvaire de la route de l’exil. Capture d’écran du reportage de France 24.
    Par FRANCE 24 Publié le : 14/07/2025
    Les femmes représentent 51 % des flux migratoires dans le monde, selon l’ONU, mais elles sont bien souvent invisibilisées... Leur chemin d’exil est une longue succession d’obstacles et nombre d’entre elles seront victimes de violences sexuelles. Arrivées en France, que ce soit leur destination finale ou une étape avant le Royaume-Uni, leur calvaire n’est pas fini car leur situation précaire les désigne comme des victimes contraintes au silence et les empêche de porter plainte. Lucie Feutrier-Cook, experte en migration et droit d’asile, décrypte la réalité des migrantes et raconte la réalité de leur voyage.
    La France s’enorgueillit d’être le pays des droits de l’Homme mais les violences n’y sont pas moins graves qu’ailleurs, sur la route de l’exil de ces dizaines de milliers de femmes qui se cherchent un destin meilleur. À Grande Synthe, le Refugee Women’s Center leur apporte, à elles et aux enfants, une aide psychologique autant que logistique. Ici, les femmes ne représentent que 10 % à 15 % des migrants et elles évitent autant que possible d’attirer l’attention. Les passeurs ou les autres migrants sont des agresseurs potentiels alors la nuit, impossible de se soulager. L’association leur délivre donc des couches pour adultes, afin qu’elles puissent faire leurs besoins sans avoir à sortir de la tente ou de se déshabiller. Outre le risque de viol, certaines y sont contraintes à la prostitution, prises au piège de passeurs qui leur font ainsi payer la dette du voyage. Parfois, les enfants aussi en sont victimes. Pour eux, le travail forcé est un autre risque également.
    Le démantèlement de la jungle de Calais en 2016 était censé avoir réglé ces problèmes : les autorités françaises font en sorte de déloger les populations migrantes avec la destruction des campements toutes les 48 h et le soutien du Royaume-Uni, qui fait pression sur Paris pour que la France retienne sur son territoire les personnes qui veulent tenter la traversée de la Manche. Entre janvier et juillet 2025, 20 000 migrants sont parvenues à rejoindre l’Angleterre, soit une augmentation de 48 % par rapport à 2024 à la même période. La police française peine à endiguer le flux migratoire, au point que depuis 2018 et la signature du traité de Sandhurst, Londres la finance en partie pour l’aider dans sa mission… et met la pression pour qu’elle renforce ses mesures. Le thème était d’ailleurs au menu des discussions du Sommet franco-britannique qui s’est conclu par une poignée de main entre les dirigeants des deux partenaires. Emmanuel Macron et Keir Starmer se sont d’ailleurs mis d’accord sur un programme de retour des migrants : pour chaque migrant illégal renvoyé vers la France, le Royaume-Uni s’est engagé à prendre en charge un demandeur d’asile sur le territoire britannique.
    Mais la politique reste détachée des réalités du terrain. Selon le centre Primo-Levi, 90 % des femmes qui prennent la route de l’exil seront victimes de violences sexuelles. En Libye, au Maroc ou en Grèce, la violence sexuelle est systématique et vient autant des passeurs que des membres de forces de sécurité, détaille le Centre. Avant le départ, les femmes se renseignent bien sûr et mettent en place des stratégies pour limiter les risques d’agression… ou leurs effets. À la frontière entre l’Italie et la France, des femmes érythréennes avaient ainsi pris l’habitude de voyager ensemble, misant sur l’effet de groupe pour dissuader les hommes de s’en prendre à elles mais elles prenaient aussi une contraception de manière préventive. Pour éviter une grossesse indésirée en cas de viol, explique Lucie Feutrier-Cook.
    Malheureusement, il n’existe pas de solution miracle pour empêcher les violences sexuelles et à l’arrivée en Europe, la police n’aide pas à sécuriser ces femmes qui ont déjà traversé un continuum de violences, parfois tout une vie. Les autorités, les services en charge des demandes d’asile non plus ne prennent pas forcément la mesure du calvaire vécu par ces femmes, contrainte de revivre et répéter tout ce qu’elles ont vécu, elles qui ne sont pas des migrants comme les autres.

    #Covid-19#migrant#migration#france#routemigratoire#sante#santementale#violencesexuelle#femmes

  • France : un rapport d’associations dénonce d’importantes disparités territoriales dans la prise en charge des mineurs isolés étrangers - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65573/france--un-rapport-dassociations-denonce-dimportantes-disparites-terri

    France : un rapport d’associations dénonce d’importantes disparités territoriales dans la prise en charge des mineurs isolés étrangers
    Par Clémence Cluzel Publié le : 11/07/2025
    Publié jeudi 3 juillet, le rapport de deux associations de défense des droits des migrants alerte sur les nombreuses défaillances et disparités d’un département à un autre dans la prise en charge des mineurs non accompagnés étrangers en France. Ces inégalités dans l’accès au droit affectent aussi la reconnaissance de leur statut de mineur et contraignent des centaines de jeunes à survivre sans protection, dans la rue.
    "Critères subjectifs" pour déterminer l’âge, mineurs laissés à la rue, traumatismes ignorés, évaluation sommaire des documents d’identité, manque de structures adaptées... sont autant de défaillances dans la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA) en France dénoncées dans le rapport "Des droits au hasard du département d’arrivée ?” des associations Utopia 56 et l’Association d’Accès aux Droits des Jeunes et d’Accompagnement vers la Majorité (AADJAM), publié ce 3 juillet. L’enquête, menée entre fin 2024 et début 2025, dans 53 structures réparties dans 38 départements, dresse un constat accablant. Des "défaillances systémiques", des "dysfonctionnements administratifs" et des "disparités majeures" ont été relevés dans les départements de l’Hexagone concernant l’accueil et la prise en charge provisoire d’urgence des mineurs isolés étrangers. L’évaluation de la minorité ainsi que la mise à l’abri relèvent de la responsabilité des départements - et non de l’État - au regard de leurs compétences en matière de protection de l’enfance.
    Ainsi, "iI y a des différences de traitement importantes selon l’endroit du territoire où les jeunes arrivent", rapporte à l’AFP Angelo Fiore, membre d’Utopia 56, et corédacteur du rapport. "Cela a de lourdes conséquences dans la construction de leur avenir".
    Cet accès au droit, qui se fait “au hasard des départements d’arrivées des MNA”, entrave aussi la reconnaissance de leur minorité et accentue leur vulnérabilité. Chaque mois, de nombreuses personnes se déclarant mineures se retrouvent sans protection à la rue après avoir été décrétées majeures par les départements. Or, après dépôt d’un recours, un mineur sur deux est finalement reconnu comme tel par un juge des enfants. Durant le traitement de ce recours, qui peut durer un an et demi, les jeunes ne sont pas pris en charge par les autorités et sont ainsi livrés à eux-mêmes.
    Ces dernières années, la mission de la protection de l’enfance assurée par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) se retrouve confrontée à la politique migratoire toujours plus répressives des autorités françaises. Celle-ci s’illustre notamment par des expulsions brutales des lieux occupés par les personnes se déclarant mineures. Selon le collectif Le Revers de la Médaille entre février et mai 2024, 828 jeunes ont été expulsés de leurs lieux de vie à Paris.
    Ces MNA sont principalement originaires de Guinée, Côte d’Ivoire, Tunisie, Bangladesh mais aussi de Gambie et du Cameroun. Majoritairement masculins, ces jeunes ont fui des conflits, des situations de violences, la pauvreté ou sont en rupture familiale. En 2024, l’ASE protégeait officiellement 13 554 MNA en France.
    Si dès son arrivée en France un mineur isolé exilé peut demander une protection dans son département d’arrivée, son premier défi est de "comprendre où et comment accéder à celle-ci", note le rapport, avec de plus grandes difficultés pour identifier un interlocuteur la nuit et les weekends. Déjà confrontés à un long parcours d’exil souvent émaillé de violences, des jeunes ont rapporté avoir été confrontés à un refus de prise en charge dans certains départements.Pourtant, la loi leur impose d’assurer un accueil provisoire d’urgence auprès des MNA pour une durée maximum de cinq jours, renouvelable par deux fois. Depuis 2013, les frais de prise en charge reviennent aux départements qui peuvent être remboursés par l’État, suivant conditions. Le montant s’élève à 90 euros journaliers durant 14 jours.
    Dans la capitale, c’est l’association France Terre d’asile qui gère l’évaluation et la mise à l’abri de ces jeunes, au sein de l’Accueil des mineurs non accompagnés (AMNA). "En moyenne, nous avons 130 jeunes qui arrivent par semaine" rapportait en avril dernier Béatrix Allan, directrice du service d’évaluation au sein de l’AMNA.“Depuis 2015, nous faisons le constat d’une augmentation croissante du nombre de jeunes se déclarant mineurs non accompagnés venus de différents pays. Alors que 1 500 jeunes se présentaient pour une évaluation en 2015, ils étaient 10 500 en 2023, avec un nombre de présentations totalement inédit. En 2024, nous estimons le nombre à 8 500” indique la Ville de Paris. Les MNA représentent aujourd’hui 30% des enfants pris en charge par cette mairie qui, de par ses compétences départementales en matière de protection de l’enfance, leur consacre un budget global de 80 millions d’euros.
    “L’année 2023 a été marquée par une forte augmentation du nombre de mineurs non accompagnés pris en charge ainsi que de personnes se présentant comme MNA entraînant une saturation des dispositifs d’accueil”, appuie la Direction générale de la Cohésion Sociale (DGCS). En juin dernier, la commission d’enquête parlementaire définissait la protection sociale de l’enfance comme un “système qui craque de toutes parts” et dans lequel les MNA sont les “oubliés des oubliés”.La Direction indique que "les services de l’État sont attentifs aux situations et aux difficultés rencontrées par les départements” et “sont pleinement mobilisés pour les soutenir". En 2024, la création d’une “instance de dialogue renforcée avec les départements” et le gouvernement a permis de dégager "sept chantiers prioritaires” dont l’un portait sur la prise en charge des mineurs non accompagnés.
    Mais si la DGCS juge qu’il y a une "bonne appropriation par les départements" du guide de bonnes pratiques édité en 2019 par le ministère en charge des Solidarités afin d’harmoniser le traitement des mises à l’abri et évaluation de minorités, les conclusions du récent rapport dressent un autre constat.
    L’accueil est loin d’être uniforme sur le territoire, certains départements mènent en effet une fronde contre ce dispositif d’accueil et prise en charge qui est coordonné par la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ). La Seine Saint-Denis a suspendu temporairement l’accueil de nouveaux MNA en 2011 tout comme la Mayenne et l’Alsace en 2013. Aujourd’hui encore, plusieurs départements sont peu enclins à s’acquitter de ce devoir. Sollicité par la rédaction, le département des Alpes-Maritimes, qui connait un fort afflux de migrants, dont de MNA, depuis l’Italie depuis ces dix dernières années n’a pas répondu à nos questions.
    Manque de structures adaptées, placement dans des hôtels en violation de la loi Taquet, encadrement aléatoire faute de personnel, non-respect du temps de répit avant l’évaluation, absence de bilan de santé pourtant obligatoire… Les défaillances dans la prise en charge sont nombreuses et discriminantes par rapports aux traitements appliqués aux autres enfants en France.
    “Les pratiques observées varient d’un territoire à un autre, ce qui questionne doublement sur le traitement accordé à ces enfants migrants en France” souligne le rapport. Preuve d’un manque d’harmonisation des pratiques, un jeune reconnu non mineur dans un département peut l’être dans un autre après un nouveau dépôt.
    Le déroulement des enquêtes sociales destinées à évaluer la minorité de la personne a aussi déjà été plusieurs fois épinglé, notamment en 2018 dans un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW). Les entretiens express, parfois sans interprète, ainsi que la mise en doute quasi systématique de l’authenticité des documents d’identité transmis sont décriés par les associations. L’évaluation de l’âge se base également sur des critères "très subjectifs", pointe Angelo Fiore. Des "délits au facies" selon les associations qui ne prennent pas toujours en compte les traumatismes vécus et les stigmates qui peuvent affecter l’apparence physique de la personne.
    “Les consignes données aux évaluateurs sont claires : tout doute sur la minorité doit profiter au jeune”, se défend la ville de Paris qui indique avoir créé une plateforme pour renforcer les compétences des travailleurs sociaux à travers une permanence juridique et des formations pour permettre un meilleur accompagnement des MNA dans leur parcours. C’est en grande partie sur cette évaluation sociale que se base ensuite le président du conseil départemental pour statuer sur la minorité et l’isolement d’un jeune étranger isolé.
    Alors que la loi stipule effectivement qu’en cas de suspicion, le doute doit bénéficier à l’individu, la réalité est autre. Au niveau national, le taux de reconnaissance de la minorité est en baisse constante ces dernières années : d’environ 52% en 2016, il est descendu à 19% en 2021 pour légèrement remonter à 23% en 2023.
    L’accès à l’information et à la justice restent aussi difficile d’accès pour des mineurs isolés, ne parlant pas toujours la langue et ne maitrisant pas les rouages administratifs. Le recours gracieux devant un juge des enfants, seul habilité à reconnaitre la minorité, pour contester une non-reconnaissance de minorité est souvent ignoré de ces jeunes. Les délais d’attente de la procédure sont également assez longs et éprouvants.
    Jusqu’à la décision de la justice, "la présomption de minorité" doit être garantie rappelle la commission d’enquête parlementaire et permettre au présumé mineur de continuer à bénéficier de l’accueil provisoire et d’un accompagnement. Le juge des enfants a en effet la possibilité de prononcer un placement provisoire pendant le temps de l’instruction. Or selon le recensement de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de mars 2024, un mineur en recours sur trois vivait à la rue au niveau national. Une proportion probablement sous-estimée. En situation d’extrême vulnérabilité, nombre de MNA se retrouvent à survivre dans la rue, sans aucun soutien. “Chaque jour, dix jeunes sont mis à la rue et se retrouvent sans protection”, y compris lorsqu’ils présentent des graves problèmes de santé ou qu’il s’agit de jeunes filles enceintes.
    Pourtant “dans un cas sur deux, ils sont reconnus comme mineurs après leur recours auprès d’un juge pour enfants, parfois après avoir passé plus de 18 mois à survivre à la rue”, assure le rapport. Sur 2 550 jeunes ayant saisi un juge des enfants en 2023 suite à un refus par le département, 1 550 ont été reconnus mineurs, soit 61% des cas. Cependant, beaucoup restent exclus du dispositif et sortent des radars de la protection de l’enfance. D’autres sont devenus majeurs entre temps.Les associations, à qui les départements peuvent également déléguer la prise en charge des MNA, jouent alors un rôle crucial pour pallier les carences institutionnelles dans l’hébergement, l’accompagnement ainsi que l’aide à la scolarisation des MNA. En l’absence de protection, ils sont privés d’accès à l’éducation, d’un logement ainsi que d’un suivi social, médical et psychologique. Déjà très vulnérables, ils subissent durement cette exclusion qui aggrave leur santé mentale et peut accentuer leurs traumatismes. L’insécurité et leur situation irrégulière les rendent aussi plus susceptibles d’être victimes d’exploitation par des réseaux criminels et soumis aux violences.

    #Covid-19#migrant#migration#france#MNA#politiquemigratoire#ASE#politiquemigratoire#sante#santementale#droit#minorite

  • En Grèce, un bateau de Frontex coule en mer Egée lors d’un sauvetage de migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/14/en-grece-un-bateau-de-frontex-coule-en-mer-egee-lors-d-un-sauvetage-de-migra

    En Grèce, un bateau de Frontex coule en mer Egée lors d’un sauvetage de migrants
    Le Monde avec AFP
    Un navire de Frontex a coulé, lundi 14 juillet, en mer Egée lors d’une opération de sauvetage de migrants, ont déclaré les gardes-côtes grecs, précisant que l’équipage avait été immédiatement secouru par d’autres navires.Le navire de l’agence européenne des gardes-côtes a sombré après avoir heurté un récif près de l’île de Lesbos, a déclaré un garde-côte à l’Agence France-Presse (AFP). « Il participait au sauvetage de migrants dans la zone, dans des conditions de vent quasi tempétueuses », a-t-il ajouté. L’équipage du bateau, cinq Portugais et un Grec, est sain et sauf, a-t-il précisé.
    L’opération avait débuté après que 36 migrants, repérés par la police sur une plage de Lesbos, eurent signalé aux autorités que d’autres membres de leur groupe étaient portés disparus en mer. Les recherches se poursuivent, ont fait savoir les garde-côtes. Frontex est l’Agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes, qui a pour rôle d’aider les pays de l’Union européenne et de l’espace Schengen dans la gestion des frontières extérieures de l’Union.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#frontex#lesbos#UE#politiquemigratoire#routemigratoire

  • Des opérations policières « vertigineuses » : la Mauritanie durcit sa politique migratoire sous la pression de l’Europe
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/07/11/des-operations-policieres-vertigineuses-la-mauritanie-durcit-sa-politique-mi

    Des opérations policières « vertigineuses » : la Mauritanie durcit sa politique migratoire sous la pression de l’Europe
    Par Abbas Asamaan (Nouadhibou [Mauritanie], envoyé spécial)
    Nouadhibou, port de pêche situé au nord de la façade maritime du pays, est depuis un quart de siècle l’un des carrefours du départ de migrants et « le ventre mou du dispositif » sécuritaire mauritanien. Mais, poussées par Bruxelles, les autorités tentent de porter un coup d’arrêt aux filières d’émigration irrégulière.
    Le capitaine de vaisseau Mohamed Salem Hamza dirige les garde-côtes mauritaniens et recèle en lui un lot d’images « cauchemardesques ». « Comment oublier ce bébé allaité par sa mère et tous deux retrouvés morts sur une plage ? », lâche l’officier, ébranlé, établi à Nouadhibou depuis un an et demi. Jusqu’à la fin de l’année 2024, « les cadavres jonchaient la plage et l’odeur était irrespirable jusqu’en ville », se souvient cet homme chargé de la surveillance des côtes et du sauvetage en mer dans cette zone devenue l’une des principales voies d’accès vers l’Europe. « Il fallait que cela cesse », ajoute-t-il.
    Port de pêche industriel, Nouadhibou est depuis un quart de siècle l’un des carrefours du départ de migrants et « le ventre mou du dispositif » sécuritaire mauritanien d’après M. Hamza, dont les « moyens restent insuffisants » avec deux patrouilleurs de haute mer, quatre vedettes et une vingtaine d’autres petites embarcations, pneumatiques compris. Selon le ministère de l’intérieur espagnol, 180 000 personnes ont ainsi rejoint illégalement les côtes des Canaries entre 2020 et 2024. Ces îles sont à trois jours de bateau de Nouadhibou, faisant ainsi de la capitale économique de la Mauritanie une base de projection des candidats à l’exil. Selon les autorités locales, 30 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne y seraient désormais installés.
    Cet afflux, conjugué à l’émoi suscité par les images de naufragés, a poussé la Mauritanie à tenter de porter, entre février et mars, un coup d’arrêt aux filières d’émigration irrégulière. Alors que la route maritime par l’Atlantique avait permis en 2024 à près de 45 000 personnes – un record – de gagner l’archipel espagnol, les arrivées ont depuis baissé drastiquement : plus de 11 300 exilés ont débarqué depuis début 2025 sur les îles contre près de 19 300 sur la même période un an plus tôt, d’après les données du ministère espagnol de l’intérieur.
    Sous la pression de Madrid et de l’Union européenne (UE) et encouragée par une aide de 210 millions d’euros, en partie dédiée à la lutte contre l’émigration irrégulière, Nouakchott a donc opéré un « durcissement sur les questions migratoires », que salue M. Hamza, fier de poser devant les centaines de moteurs de bateaux confisqués qui s’étalent sous les fenêtres de son bureau. La réaction est tout d’abord intervenue à Lagouira, zone frontalière avec le Sahara occidental, mais contrôlée de fait par les forces mauritaniennes, dont les plages du Cap-Blanc ont vu partir les cayucos (pirogues) des migrants pour les Canaries. 88 réseaux de passeurs, la plupart à Nouadhibou, ont été démantelés au premier trimestre 2025 et seules deux embarcations ont pu partir de Lagouira, indique une source policière.
    Puis, la répression a débordé sur Nouadhibou. Des rafles, ciblant officiellement les sans-papiers, sont menées sur tout le territoire depuis fin février. Dans la rue, sur les chantiers, dans les salons de coiffure, dans les stations-service, sur les marchés, dans les champs et les mines… Entre janvier et avril, les autorités mauritaniennes assurent avoir expulsé « 30 000 personnes en situation irrégulière ».
    Un chiffre probablement sous-estimé car, pour la seule communauté malienne, au moins 27 000 de ses ressortissants auraient été renvoyés dans leur pays en guerre, d’après des sources au sein de cette communauté. Issiaka Traoré, à la tête des « Maliens de Mauritanie », l’une des communautés étrangères les plus nombreuses, raconte des opérations policières « vertigineuses ». Le 3 mars reste « [son] pire souvenir », lorsque « 524 Maliens ont été arrêtés en une seule journée et tous expulsés », déplore ce professeur marié à une Mauritanienne. « Des enfants de 10 ans ont passé une semaine de détention », relate Abdoulaye Diallo, de l’association d’aide aux migrants Ensemble pour un avenir meilleur (EPAM), basée à Nouakchott. Plusieurs cas de viols ont été recensés par des ONG mauritaniennes et des policiers ont extorqué des détenus, d’après des témoins rencontrés par Le Monde.
    Les opérations policières ont été pratiquées au faciès, ciblant exclusivement les personnes de couleur noire. « Etrangement, parmi les interpellés et les refoulés, il n’y a aucun Marocain ou Pakistanais, s’offusque le député de l’opposition Khally Diallo, alors que les réseaux de traite des migrants établis en Mauritanie attirent depuis des années des candidats à l’exode en Europe venus d’Afrique, mais aussi de Syrie et du sous-continent indien. Pour appuyer son propos, l’élu évoque les cas de « cinq Négro-Mauritaniens arrêtés puis refoulés » avant que l’Etat mauritanien ne s’en rende compte et les rapatrie. Contacté, le ministère de l’intérieur n’a pas souhaité répondre.
    Ces opérations policières ont par ailleurs été appuyées par des discours stigmatisants de personnalités du pouvoir. « Les migrants, on doit même aller les chercher dans leur maison ! », lançait, le 24 mai, Ahmedna Ould Sidibe, le wali (gouverneur) du Trarza (sud) sous les vivats d’une assemblée de Beidanes, la minorité des Maures blancs qui contrôle toujours les leviers du pouvoir en Mauritanie. « Si vous voyez un étranger qui n’est pas en règle, vous le signalez et le dénoncez », appelait-il.
    Cette traque a suscité l’effroi des migrants en situation irrégulière. Même les étrangers qui se pensaient protégés, comme les titulaires d’une carte de réfugié – on en dénombre plus de 176 000 dans le pays d’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) – se sont retrouvés dans le viseur. Moussa (un prénom d’emprunt), ancien chauffeur routier qui a fui le Mali il y a dix ans après avoir été menacé à quatre reprises par les djihadistes, se terre aujourd’hui dans un lieu tenu secret. « Après les premières rafles début mars, je n’osais plus sortir de chez moi, explique-t-il. Je n’allais plus au marché travailler, on se sent persécutés. » Pour un impayé d’une « centaine d’euros » sur son loyer, des proches de son propriétaire, installé en Angola, l’ont menacé de mort. Ses deux plaintes déposées à la police sont restées lettres mortes.
    Comme Moussa et sa famille, des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne, contraints de changer de domicile, sont désignés comme des ennemis de l’intérieur, selon les ONG mauritaniennes. Plus de 4 100 autres souhaitent rentrer dans leur pays d’origine, souligne l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Du jamais vu. « Dans ces opérations policières, la dimension raciale et raciste est évidente, alerte Sonia Haidara, une militante féministe qui, devant l’ampleur de la crise, a transformé son centre d’aide aux femmes victimes de violences sexuelles en hébergement d’accueil d’urgence aux migrants. Face aux abus, le pouvoir a certes affiché son opposition mais, en réalité, il se radicalise. » Le raidissement du pouvoir s’est encore accentué lors du procès d’Ablaye Ba, figure de l’Initiative pour la résurgence abolitionniste – mouvement fondé pour l’abolition de l’esclavage, criminalisé depuis 2007, mais dont certaines pratiques demeurent en Mauritanie – et bête noire du régime. Pour avoir critiqué les opérations en cours, le militant a été condamné, le 6 juin, à six mois de prison ferme pour « incitation à la haine raciale ».
    La gestion de la crise migratoire suscite pourtant un mécontentement grandissant. Face à « une crise sans précédent », prévient Khally Diallo, l’élu et d’autres ont aussi dirigé leurs critiques contre l’UE, accusée d’être « complice » du régime. « Par ses dotations financières colossales, l’Europe a versé de l’huile sur le feu. Si l’UE continue de soutenir ce régime qui arrête massivement et expulse abusivement en bafouant les droits les plus élémentaires, on court à notre perte », s’inquiète-t-il. Selon les données européennes, entre 2024 et 2027, l’Europe devrait engager plus de 950 millions d’euros en Mauritanie.
    Les conséquences de cette politique sont déjà visibles pour l’économie mauritanienne, fortement dépendante de la main-d’œuvre étrangère. Taxis, ménage, pêche et mines d’or artisanales, BTP… Des pans entiers de l’économie manquent de bras. A Nouakchott, le prix d’une brique et le salaire journalier des manœuvres ont presque doublé. Comme une centaine d’autres briqueteries de la capitale, celle de Kalidou Sy est moribonde.
    « Quotidiennement, les agents du ministère de l’emploi viennent inspecter », témoigne l’entrepreneur qui employait cinq Maliens. Plusieurs ont été arrêtés et refoulés. « C’est du harcèlement sous couvert d’une directive pour “mauritaniser” l’emploi », dénonce-t-il. Le lendemain de notre rencontre, sa société a été fermée et M. Sy recherchait dans les commissariats un employé disparu, probablement interpellé par la police.
    Par sa dénonciation de la présence de migrants subsahariens, l’aile dure du régime a réveillé les vieux démons du pays. Les rafles ont ravivé celles d’une tout autre ampleur survenues après 1989, lorsqu’un conflit frontalier précipita la Mauritanie et le Sénégal au bord de la guerre. En Mauritanie, comme le relata en 1994 l’ONG Human Rights Watch dans son rapport « Campagne de terreur », sans le dire, une campagne d’« épuration ethnique mais qui en avait les effets » fut menée.Des dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens furent expulsés de leurs terres, des centaines de fonctionnaires noirs arrêtés, torturés, et tués. « 1989, c’est encore vivant dans les esprits, rappelle Aminetou Mint El-Moctar, défenseuse des droits humains, sélectionnée pour le prix Nobel de la paix, en 2015. On ne peut pas soigner les événements racistes du passé en commettant de nouveaux crimes racistes. »

    #Covid-19#migrant#migration#mauritanie#UE#espagne#subsaharien#politiquemigratoire#droit#sante

  • En Californie, heurts entre des défenseurs des droits des migrants et des agents de l’immigration lors d’opérations dans des fermes de cannabis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/11/en-californie-heurts-entre-des-defenseurs-des-droits-des-migrants-et-des-age

    En Californie, heurts entre des défenseurs des droits des migrants et des agents de l’immigration lors d’opérations dans des fermes de cannabis
    Le Monde avec AFP
    Des agents fédéraux de l’immigration ont mené, jeudi 10 juillet, des perquisitions dans deux exploitations de cannabis en Californie, qui ont provoqué un affrontement avec une centaine de manifestants, entraînant des tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Des heurts se sont produits avec des défenseurs des droits des migrants autour d’une plantation légale de cannabis de Camarillo, située à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Los Angeles.
    Un homme, filmé par ABC News, apparemment en train de tirer sur des agents du Service des douanes et de la protection des frontières des Etats-Unis (CBP), est recherché, avec « une récompense de 50 000 dollars pour toute information », a fait savoir sur son compte X le procureur des Etats-Unis par intérim pour le district central de Californie, Bill Essayli.
    « La rhétorique dangereuse des politiciens de l’Etat de Californie alimente les agressions contre les agents fédéraux chargés de faire respecter les lois sur l’immigration. Leurs paroles imprudentes encouragent implicitement la violence et aggravent les tensions. Mais nous ne reculerons pas », a assuré cet ancien élu républicain, qui a été nommé en avril par la ministre de la justice, Pam Bondi.
    Le patron du CBP, Rodney S. Scott, a déclaré que la découverte de dix mineurs dans l’établissement, dont huit mineurs non accompagnés en situation irrégulière, avait déclenché une enquête sur d’éventuelles violations du droit du travail des mineurs, qualifiant cette situation de « Californie de Newsom ».
    Le gouverneur démocrate de l’Etat, Gavin Newson, a riposté sur les réseaux sociaux, accusant le président Donald Trump de cibler les familles et les travailleurs agricoles tout en défendant le bilan de la Californie en matière de poursuites contre l’exploitation des enfants. M. Newsom a dénoncé « des enfants qui fuient les gaz lacrymogènes, qui pleurent au téléphone parce que leur mère vient d’être enlevée dans les champs », et qualifié M. Trump de « véritable ordure ». Des affrontements ont aussi eu lieu dans une autre plantation de cannabis située à une cinquantaine de kilomètres plus à l’ouest de Camarillo, à Carpinteria. Ces deux raids interviennent alors que l’administration Trump a intensifié sa répression de l’immigration à travers le pays, ciblant ce qu’elle dit être des entreprises criminelles exploitant des populations vulnérables.

    #covid-19#migrant#migration#etatsunis#californie#politiquemigratoire#droit#sante#expulsion

  • L’ONU s’attend à ce que 3 millions de personnes rentrent en Afghanistan en 2025 et s’inquiète des conditions de leur retour
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/11/l-onu-s-attend-a-ce-que-3-millions-de-personnes-rentrent-en-afghanistan-en-2

    L’ONU s’attend à ce que 3 millions de personnes rentrent en Afghanistan en 2025 et s’inquiète des conditions de leur retour
    Le Monde avec AFP
    Quelque 3 millions d’Afghans pourraient retourner dans leur pays d’ici à la fin de l’année, a estimé vendredi 11 juillet Arafat Jamal, un représentant du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies (ONU), alertant quant à l’impact de cet afflux sur l’Afghanistan déjà victime d’une crise humanitaire majeure. L’Iran et le Pakistan ont mis en place de nouvelles politiques vis-à-vis des Afghans présents sur leur sol, Téhéran ayant notamment donné « jusqu’au 6 juillet » aux « quatre millions d’Afghans illégaux » pour quitter le territoire iranien.
    « Ce que nous voyons aujourd’hui est l’exode peu digne, désorganisé et massif d’Afghans de ces deux pays, ce qui génère une énorme pression sur [l’Afghanistan] prêt à les accueillir mais pas du tout préparé à le faire », a déclaré le représentant du HCR en Afghanistan, Arafat Jamal, lors d’une conférence de presse par vidéo de Kaboul. « Ce qui nous inquiète est l’échelle, l’intensité et la manière de ces retours », a-t-il ajouté. « En termes d’échelle, plus de 1,6 million d’Afghans sont rentrés du Pakistan et d’Iran cette année, dont 1,3 [million] depuis l’Iran », a-t-il précisé. Ce chiffre dépasse déjà les premières prévisions du HCR, qui s’attendait à 1,4 million pour 2025. Des prévisions désormais révisées à la hausse. Même si prédire est « compliqué » et que cela peut changer, le HCR estime désormais que « 3 millions [de personnes] pourraient rentrer en Afghanistan cette année », a estimé Arafat Jamal.
    L’agence onusienne s’inquiète également des conditions de retour, avec « des pics de plus de 30 000 personnes par jour » au poste-frontière d’Islam Qala entre l’Iran et l’Afghanistan, et même 50 000 enregistrées le 4 juillet, a-t-il noté. « Beaucoup de ces rapatriés arrivent après avoir été brutalement déracinés, après un voyage difficile, épuisant et dégradant. Ils arrivent fatigués, désorientés, brutalisés, et souvent désespérés » dans des centres surchargés sous une chaleur accablante, a-t-il ajouté. L’ONU a pris des mesures d’urgence pour renforcer les systèmes d’eau et d’assainissement construits pour 7 000 à 10 000 personnes par jour, ainsi que les vaccinations, la nutrition et les espaces adaptés aux enfants.
    De nombreuses personnes ayant traversé la frontière ont fait état de pressions de la part des autorités iraniennes, voire d’arrestations et d’expulsions. Plus de 6 millions d’Afghans sont installés en Iran, en raison de l’instabilité politique et économique de leur pays. Près de 2 millions d’entre eux possédant un document leur accordant une résidence temporaire sont aussi menacés d’expulsion, au même titre que ceux sans papiers. Ces exilés redoutent désormais de plonger un peu plus dans la pauvreté, à la suite de leur retour en Afghanistan. Même si le pays est en paix, les perspectives d’emplois y sont maigres et le pays reste dans la deuxième plus grande crise humanitaire mondiale, selon l’ONU. Depuis que les Etats-Unis ont cessé de distribuer de l’aide internationale, le 14 avril, l’ONU et les ONG sur place sont à la peine. L’Organisation des migrations internationales (OMI), par exemple, « n’a pu aider que 3 % des migrants de retour certains jours de forts passages à Islam Qala [ville afghane à la frontière iranienne] », rapporte l’agence onusienne.

    #Covid-19#migrant#migration#afghnistan#pakistan#iran#esil#retour#OIM#HCR#crise#sante

  • A Los Angeles, la police de l’immigration doit cesser ses contrôles au faciès, ordonne une juge fédérale
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/12/a-los-angeles-la-police-de-l-immigration-doit-cesser-ses-controles-au-facies

    A Los Angeles, la police de l’immigration doit cesser ses contrôles au faciès, ordonne une juge fédérale
    Le Monde avec AFP
    Une juge fédérale a ordonné, vendredi 11 juillet, à l’administration Trump de prendre des mesures pour éviter les contrôles au faciès à Los Angeles, lors des arrestations musclées de migrants qui se multiplient depuis un mois autour de la mégapole californienne.
    Elle donne ainsi raison à plusieurs migrants, à deux citoyens américains, et aux associations qui les ont aidés à porter plainte, début juillet. Ces personnes estimaient avoir été victimes de contrôles arbitraires, et elles dénonçaient également des obstructions pour avoir accès à un avocat en détention.
    « Ce que le gouvernement fédéral voudrait faire croire à cette cour – malgré la montagne de preuves présentées dans cette affaire –, c’est que rien de tout cela ne se produit réellement », a dénoncé la magistrate, Maame Ewusi-Mensah Frimpong.
    Sa décision, qui s’applique à Los Angeles et dans six autres comtés de Californie, interdit à la police de l’immigration (Immigration and Customs Enforcement, ICE) de procéder à des arrestations sans motif valable sur la base de quatre facteurs, seuls ou combinés : l’origine ethnique, le fait de parler espagnol ou anglais avec un accent étranger, le métier d’un individu ou le fait qu’il se trouve dans un lieu particulier – comme un arrêt de bus, un lavage auto, une ferme ou un magasin de bricolage.
    L’intensification des descentes de la police de l’immigration dans ce genre de lieux, dans des zones connues pour être fréquentées par des Latino-Américains, fait polémique depuis début juin à Los Angeles. Une grande partie de la communauté latino se sent injustement visée, et des manifestations de protestation ont eu lieu en juin, dégénérant parfois en violences.La Maison Blanche a réagi, vendredi en fin de journée. « Aucun juge fédéral n’a le pouvoir de dicter la politique d’immigration – ce pouvoir appartient au Congrès et au président, a déclaré une porte-parole, Abigail Jackson. Les opérations d’application de la loi nécessitent une planification et une exécution minutieuses, des compétences qui dépassent largement le cadre [ou la compétence] d’un juge. Nous nous attendons à ce que cet abus flagrant de l’autorité judiciaire soit corrigé en appel. »
    Quelques heures avant la décision, le responsable de la politique d’expulsions massives ordonnée par Donald Trump, Tom Homan, a défendu l’usage de l’apparence physique comme critère pouvant motiver une arrestation.
    Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a salué une décision qui « met un terme temporaire aux violations des droits des personnes et au profilage racial par les fonctionnaires fédéraux de l’immigration. » « Le programme de Stephen Miller [l’architecte de la politique antimigrants de M. Trump] en matière d’immigration est un programme de chaos, de cruauté et de peur. (…) Cela doit cesser maintenant », a ajouté M. Newsom dans son communiqué.
    Le climat continue d’être tendu autour de Los Angeles, mégapole démocrate érigée en contre-exemple par l’administration Trump. Vendredi, un ouvrier agricole est mort à la suite d’une chute lors d’un raid de l’ICE dans une ferme de cannabis légale, dans le comté de Ventura, à une heure de la ville. Des milliers de soldats de la garde nationale sont toujours déployés dans la région, les opérations antimigrants y sont quotidiennes et le gouvernement conteste en justice son statut de « ville sanctuaire », qui limite la coopération des forces de l’ordre locales avec la police de l’immigration.

    #covid-19#migrant#migration#etatsunis#droit#politiquemigratoire#ICE#expulsion#sante#californie

  • Aux Etats-Unis, le « rêve américain » en suspens des Ukrainiens
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/12/aux-etats-unis-le-reve-americain-en-suspens-des-ukrainiens_6620757_3210.html

    Aux Etats-Unis, le « rêve américain » en suspens des Ukrainiens
    Par Ivanne Trippenbach (Chicago [Illinois], envoyée spéciale)
    Publié aujourd’hui à 06h00, modifié à 07h50
    Depuis le début de la guerre, en février 2022, 250 000 Ukrainiens fuyant l’invasion russe ont été accueillis aux Etats-Unis. Donald Trump a mis fin au programme d’accueil spécifique dont ils bénéficiaient. Dans le flou provoqué par la nouvelle politique migratoire américaine, les Ukrainiens n’ont plus de certitude sur leur avenir. Certains décident de retourner en Europe.
    Les bords du lac Michigan évoquent Marioupol, ville portuaire de l’est de l’Ukraine, sur la mer d’Azov. C’est du moins ce qu’a ressenti Kseniia Levchenko en découvrant Chicago (Illinois). Cette Ukrainienne, qui vient de fêter ses 28 ans, a fui, il y a deux ans, sa ville détruite et occupée par l’armée russe. Un missile avait éventré l’immeuble où elle vivait, sa belle-mère n’a pas survécu à l’hiver glacial dans les caves. La jeune femme arrive en Allemagne, dans un camp de réfugiés près d’Augsbourg, avec son mari, Oleksii. Ils ont alors l’idée de poster une vidéo de SOS sur Facebook et Instagram. Petit miracle : un Américain répond, fermier du Dakota du Nord, qui les aidera par « charité chrétienne ».
    C’est ainsi que fonctionne le programme Uniting for Ukraine, mis en place sous Joe Biden, dès avril 2022, deux mois après le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie : tout citoyen américain peut parrainer une famille ukrainienne pour qu’elle s’installe aux Etats-Unis durant deux ans et puisse demander un permis de travail. Plus de 240 000 Ukrainiens en ont bénéficié, dont une large partie à Chicago, qui abrite la deuxième communauté ukrainienne du pays, après New York.
    Kseniia Levchenko l’ignorait. Arrivée à Chicago, elle découvre l’Ukrainian Village, le paisible quartier historique qui accueille les vagues d’immigrés ukrainiens depuis la fin du XIXe siècle. Elle se fait embaucher comme administratrice du Musée national ukrainien, au cœur de cet îlot pavoisé de bleu et jaune, tandis que son mari est recruté en tant que chimiste dans un laboratoire en contrat avec le ministère de la défense. La vie reprend, coupée d’une famille qui, dans les territoires sous domination russe, affirme que l’occupation est un « mal nécessaire ». Et puis… « Un jour nous étions légaux, un autre nous sommes illégaux », dit en soupirant Kseniia Levchenko, dont le permis de travail expire en août. Car la vague d’arrivées ouverte en 2022 appartient au monde d’avant Trump 2. Dès son investiture, le président américain a signé un décret mettant fin à plusieurs programmes d’accueil. Le 24 janvier, celui qui bénéficiait aux Ukrainiens, déjà ralenti, a été stoppé : plus aucun Ukrainien n’est autorisé à entrer aux Etats-Unis par ce biais.
    Pour les Ukrainiens déjà présents, le flou de l’administration plonge nombre d’entre eux dans le désarroi. Ils ignorent si leur permis de travail sera renouvelé, et quand. Sur le site des services de l’immigration, ils se heurtent au même message : « dossier en cours de traitement ». Au-dessus s’affiche le nouveau slogan « Rendons l’Amérique à nouveau sûre : respectez la loi, et vous aurez des opportunités »… « Non seulement nous respectons toutes les règles, mais nous avons payé dès la seconde où nous avons touché le sol américain : pour les assurances, le permis de conduire, les impôts, les tests, les démarches administratives, énumère Kseniia Levchenko, qui économisait pour acheter une maison. On a dépensé des milliers de dollars, parce qu’on nous avait dit qu’on pourrait vivre ici. » Ce parcours a un coût : 2 400 dollars (2 053 euros) pour un permis de travail, de 12 000 à 15 000 dollars pour candidater au droit au séjour, en comptant les frais d’avocat.Cette incertitude sur leur sort intervient au moment où Donald Trump qualifie un jour Volodymyr Zelensky de « dictateur sans élection », compare un autre jour l’Ukraine et la Russie à « deux enfants se battant dans un parc », et ce, alors que les négociations pour un cessez-le-feu sont dans l’impasse.
    Au printemps 2022, choqués par l’agression russe, les visiteurs se bousculaient dans l’Ukrainian Village. Les corbeilles du musée débordaient de dons et de matériel expédiés à Kiev, les manifestations de soutien réunissaient élus et citoyens au pied de l’église ukrainienne Saint-Nicolas, à Chicago, sous son splendide dôme aux reflets dorés. Aujourd’hui, pas un chat. « Si, un vieil homme est venu avec son déambulateur pour dire : “Vous devez partir d’Ukraine parce que c’est la Russie” », se rappelle en riant tristement Kseniia Levchenko.Halyna Parasiuk, historienne et archiviste du musée, vivait à Ternopil, dans l’ouest de l’Ukraine. Elle se rendait régulièrement à New York et à Chicago pour ses travaux. Depuis que la guerre a éclaté dans le Donbass, en 2014, elle n’est pas repartie des Etats-Unis. Son fils Sacha l’a rejointe lorsque ont retenti les premiers bombardements de 2022, avec sa femme et leur enfant. Son permis de travail expiré n’est toujours pas renouvelé, bien qu’il ait dépensé 3 000 dollars. Son employeur, dans la restauration, a choisi de le garder, hors des clous de la légalité.
    « Pendant l’attente, vous n’êtes pas autorisé à travailler. Les gens font face à un dilemme : rester illégalement, ou partir », décrit Svitlana Ugryn. Cette avocate ukrainienne a ouvert son cabinet en bordure de l’Ukrainian Village, en janvier 2022, deux semaines avant l’invasion russe. Elle se destinait au droit de la famille ; la voilà spécialisée en droit de l’immigration. Depuis six mois, elle entend la même question : « Y a-t-il un moyen de rester ? » Elle s’est habituée à lire la surprise sur les visages lorsqu’elle explique : « Il est plus facile pour les Russes d’obtenir l’asile, parce qu’un Ukrainien n’est pas persécuté par son propre gouvernement ou sa société. La guerre n’est pas une persécution individuelle. Quand un missile tombe sur une maison, c’est de manière indiscriminée. »
    Son assistante, Uliana Kyrylyshyn, est l’une des dernières Ukrainiennes à être entrée aux Etats-Unis avec Uniting for Ukraine, en octobre 2024. La jeune psychologue originaire de Ternopil se dit chanceuse, malgré le choc culturel. « L’Ukraine est un pays de la taille du Texas, où tout est numérisé », explique Svitlana Ugryn. Là-bas, une application permet d’obtenir un rendez-vous en deux jours, de faire une demande en mariage ou de créer une entreprise. Aux Etats-Unis, le renouvellement d’un titre prend entre dix mois et un an. « Ils veulent suivre les règles, contribuer au pays. Mais ils sont maintenus dans l’incertitude pendant des mois. Beaucoup ne se voient plus d’avenir aux Etats-Unis », conclut l’avocate. Un désamour pour l’Amérique qui ne date pas seulement de l’administration Trump, même s’il s’est aggravé. En mai, un couple âgé de l’Ukrainian Village est rentré à Koupiansk, à quelques kilomètres de la ligne de front. Comme d’autres Ukrainiens de Chicago, la photographe Liubov Vintonyak, 29 ans, arrivée en octobre 2022, s’apprête à rejoindre son pays en guerre pour « aider à reconstruire l’Ukraine plutôt que d’investir en Amérique ».
    A l’école catholique ukrainienne Saint-Nicolas, parmi les 180 élèves, 80 sont des réfugiés. Anna Cirilli a vu son quotidien de directrice d’école changer depuis 2022. Des conversations inhabituelles avec les mères : « Ma ville a été bombardée la nuit dernière. » Des enfants qui ne parlent pas l’anglais et souffrent de traumatismes. « Un garçon avait perdu l’usage de la parole, il se cachait sous les tables. C’est l’un de nos meilleurs élèves aujourd’hui », relate fièrement cette Américaine descendante d’Irlandais et d’Italiens. Mais depuis quelques mois, les inscriptions se tarissent : 215 en 2024, 180 en 2025, 157 en 2026… Moins d’arrivées, plus de départs. « Le rêve américain est dur pour ces familles », résume Anna Cirilli.
    Cet avenir assombri ne décourage pas les Ukraino-Américains de porter activement la cause de leurs compatriotes. Zoryana Smozhanyk, 27 ans, est née à Lviv, en Ukraine. Elle a 10 ans quand ses parents gagnent leur précieux droit de séjour à la loterie, un système de tirage au sort qui accorde 55 000 visas chaque année à ceux qui veulent tenter leur chance aux Etats-Unis. « Les Hunger Games de l’immigration », plaisante la jeune femme, qui possède désormais la citoyenneté américaine.Ses parents, chanteur d’opéra et professeure de musique en Ukraine, sont devenus chauffeur de camion et aide-soignante. Son frère est soldat en Ukraine. Sa sœur, sans droit de séjour, se débat désormais avec son statut aux Etats-Unis. Son neveu s’apprête à retourner en République tchèque, déçu de l’Amérique.
    Zoryana Smozhanyk a fondé l’Ukrainian Daughters Foundation, en tête des manifestations qui se déroulent chaque semaine à Chicago. Elle a récolté 400 000 dollars de dons en trois ans, lors de concerts de musique ukrainienne ou de projections de films dans une galerie d’art ouverte par Luna Prysiazhniuk, 30 ans, architecte et peintre ukrainienne. « Trouver de l’argent est plus difficile, à présent », note Zoryana Smozhanyk. Avec d’autres activistes, elle fait le tour des parlementaires à Washington. « Derrière les portes closes, les élus nous disent : “On est avec vous”, raconte-t-elle. Mais ensuite, plus rien. De quoi ont-ils peur ? » Elle a sa réponse : « Trump. » Elle aussi a pris une décision, elle va retourner en Ukraine, pour aller se battre sur le front.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#ukraine#politiquemigratoire#asile#refugie#sante

  • En Californie, un ouvrier agricole meurt après une descente de la police de l’immigration dans des fermes de cannabis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/12/en-californie-un-ouvrier-agricole-meurt-apres-une-descente-de-la-police-de-l
    https://img.lemde.fr/2025/07/11/26/0/5668/3778/1440/960/60/0/586c3ed_ftp-import-images-1-iki3meqx4ur3-5387168-01-06.jp

    En Californie, un ouvrier agricole meurt après une descente de la police de l’immigration dans des fermes de cannabis
    Le Monde avec AFP
    Un ouvrier agricole est mort, vendredi 11 juillet, après avoir été grièvement blessé la veille lors d’une chute durant une descente de la police de l’immigration près de Los Angeles, dans des fermes légales de cannabis où des affrontements entre agents et manifestants ont eu lieu. « La famille m’a informé qu’il se trouvait en soins intensifs, et ce matin, elle a confirmé qu’il était décédé », a expliqué sur place à l’Agence France-Presse (AFP) Roman Pinal, vice-président de United Farm Workers, un grand syndicat agricole américain. L’homme serait tombé du toit d’une serre alors qu’il tentait d’échapper aux agents de l’immigration, selon le Los Angeles Times.
    L’opération menée par ICE, la police de l’immigration, avec le renfort de la Garde nationale, a eu lieu jeudi à Carpinteria et à Camarillo, deux communes rurales du comté de Ventura, situées à un peu plus d’une heure de route de Los Angeles.Les agents fédéraux ont « arrêté environ 200 étrangers en situation irrégulière sur les deux sites », et « ont essuyé des coups de feu » de la part d’un tireur « toujours en fuite », a précisé, de son côté, le ministère de la sécurité intérieure dans un communiqué. « Plus de 500 émeutiers ont tenté de perturber les opérations », a ajouté le ministère, en expliquant que les agents agissaient avec des « mandats d’arrêt ».
    Les images des médias locaux montrent des agents masqués en tenue antiémeutes disperser des dizaines de protestataires avec du gaz lacrymogène, et certains manifestants jeter des projectiles sur les voitures de police. Sur une vidéo captée par la chaîne ABC7, un homme semble brandir un pistolet en direction des forces de l’ordre. La police fédérale (FBI) « offre désormais une récompense de 50 000 dollars [soit 42 700 euros] pour toute information permettant l’arrestation de cet émeutier violent », selon le ministère.
    Vendredi soir, Donald Trump a ordonné, sur sa plateforme Truth Social, à tout agent fédéral « qui serait victime de jets de pierres, de briques ou de toute autre forme d’agression, d’arrêter leur voiture et d’arrêter ces raclures, en utilisant tous les moyens nécessaires pour y parvenir. » « Je ne veux plus jamais voir une voiture transportant un agent des forces de l’ordre être attaquée ! », a-t-il insisté, en dénonçant « un mépris total pour la loi et l’ordre ».
    Au cours de l’opération, la police a trouvé « dix enfants migrants », que les autorités estiment avoir « sauvés d’une exploitation potentielle, de travail forcé ». L’entreprise Glass House, propriétaire des deux fermes visées par la police, a assuré dans un communiqué qu’elle « n’a jamais sciemment enfreint les pratiques d’embauche applicables et n’emploie pas ni n’a jamais employé de mineurs ».
    Vendredi, la ferme de Camarillo était de nouveau calme, a constaté une journaliste de l’AFP. Des dizaines de proches des travailleurs arrêtés faisaient la queue, désemparés, face à des agents de sécurité qui les laissaient rentrer sur l’exploitation pour récupérer leurs affaires et le solde de leur paie.
    Des milliers de soldats de la garde nationale sont toujours déployés dans la région, les opérations antimigrants y sont quotidiennes et l’administration Trump conteste en justice le statut de « ville sanctuaire » de la mégapole démocrate, qui limite la coopération des forces de l’ordre locales avec la police de l’immigration. Lundi, la maire Karen Bass a confronté une foule d’agents fédéraux à cheval et lourdement armés lors d’une opération organisée dans un parc prisé des Latinos, en dénonçant une opération « scandaleuse ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#latino#politiquemigratoire#ICE#expulsion#droit#sante

  • Une Gazaouie obtient le statut de réfugiée en France en raison des « persécutions » de l’armée israélienne à l’encontre des Palestiniens
    https://www.lemonde.fr/guerre-au-proche-orient/article/2025/07/11/une-gazaouie-obtient-le-statut-de-refugiee-en-raison-des-persecutions-de-l-a

    Une Gazaouie obtient le statut de réfugiée en France en raison des « persécutions » de l’armée israélienne à l’encontre des Palestiniens
    Par Julia Pascual
    La situation de violence à Gaza est telle que les Palestiniens qui y vivent peuvent obtenir le statut de réfugié en raison des persécutions qu’ils subissent de la part des forces armées israéliennes, estime la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Vendredi 11 juillet, la juridiction administrative a rendu une décision qui fait jurisprudence, en se fondant sur les méthodes de guerre utilisées par l’armée israélienne depuis la fin du cessez-le-feu en mars.
    Jusque-là, les Palestiniens de Gaza pouvaient se voir accorder une protection subsidiaire en France compte tenu de la situation de violence aveugle d’intensité exceptionnelle résultant du conflit armé entre les forces du Hamas et l’armée israélienne. La décision de vendredi marque une étape, puisqu’elle reconnaît une « persécution » à leur encontre, qui justifie l’octroi du statut de réfugié, mieux-disant que la protection subsidiaire.
    « La portée en fait est très limitée car les sorties de Gaza sont peu nombreuses, mais en droit, c’est important », insiste Maya Lino, l’avocate de la requérante gazaouie à l’origine de la décision et membre du Collectif des avocats France-Palestine. La CNDA avait déjà jugé, en 2024, que les Palestiniens protégés par l’ONU pouvaient bénéficier du statut de réfugiés, au vu de la situation à Gaza et de la défaillance de l’ONU sur place.
    Mme H. et son fils mineur ne relevaient pas de cette catégorie. Ils avaient saisi la CNDA en faisant valoir le fait que l’« armée israélienne a recours à des techniques de guerre indiscriminées contre les populations civiles [qui] reposent sur leur nationalité palestinienne ». Mme H. estimait donc relever de la convention de Genève de 1951 sur les réfugiés. Agée de 47 ans, elle résidait à Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza. Sa maison a été partiellement détruite lors d’un bombardement et son fils de 11 ans a alors été blessé aux jambes. Pris en charge par l’ambassade de France, ils ont été exfiltrés en Egypte, puis accueillis en France en janvier 2024.
    Pour examiner leur demande, la CNDA s’est appuyée sur les sources documentaires publiques disponibles, en particulier celles des Nations unies. Elle relève ensuite que « les méthodes de guerre employées par les forces israéliennes dans la bande de Gaza conduisent à un nombre important de victimes et de blessés civils dont une majorité de femmes et d’enfants, une destruction à grande échelle d’infrastructures essentielles à la population civile, comme des points d’approvisionnement et de distribution d’eau et d’électricité, d’hôpitaux ou des écoles et des déplacements forcés de population ».
    En outre, « les entraves et blocages à l’acheminement de l’aide humanitaire créent un niveau de crise d’insécurité alimentaire pour l’ensemble de la population gazaouie ». Des méthodes « suffisamment graves du fait de leur nature et de leur caractère répété pour pouvoir être regardées comme des actes de persécution ».Ensuite, la juridiction française estime que ces persécutions sont liées à une « nationalité ». En octroyant le statut de réfugié à Mme H. et son fils, elle considère qu’« ils craignent, avec raison, en cas de retour (…) d’être personnellement persécutés du fait de cette “nationalité” par les forces armées israéliennes qui contrôlent une partie substantielle de [la bande de Gaza] », détaille la Cour dans un communiqué de presse publié vendredi.
    Pour examiner la requête de Mme H. , la CNDA s’était réunie en grande formation, une composition de neuf juges (dont le président de la CNDA), au lieu de trois habituellement, qui permet d’harmoniser la jurisprudence soit sur une question juridique nouvelle, soit sur l’appréciation d’une situation géopolitique.
    La France traite peu de demandes d’asile en provenance des Territoires palestiniens occupés. En 2023, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides a ainsi reçu 204 premières demandes, puis 230 en 2024 et 100 entre janvier et mai 2025. L’offensive israélienne menée en représailles des attaques terroristes du 7 octobre 2023 a fait près de 58 000 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU.

    #Covid-19#migrant#migration#france#palestine#gaza#israel#refugie#CNDA#sante#droit

  • Libye : Tripoli annonce un plan anti-immigration lors d’une visite dans le pays de plusieurs ministres européens - InfoMigrants
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    Libye : Tripoli annonce un plan anti-immigration lors d’une visite dans le pays de plusieurs ministres européens
    Par La rédaction Publié le : 09/07/2025
    La Libye a annoncé mardi un plan pour lutter contre l’immigration irrégulière vers son territoire lors d’une réunion avec le commissaire européen chargé des questions migratoires, les ministres italien et maltais de l’Intérieur, ainsi que le ministre grec des Migrations. Depuis le début de l’année, les arrivées en Italie depuis la Libye ont augmenté de 50%. La délégation européenne, qui espérait aussi trouver un accord avec le gouvernement de l’est libyen, a été refoulée à son arrivée à l’aéroport de Benghazi.
    Mardi 8 juillet, une rencontre à Tripoli, la capitale libyenne, a réuni Magnus Brunner, commissaire européen chargé des questions migratoires, les ministres italien et maltais de l’Intérieur, Matteo Piantedosi et Byron Camilleri, le ministre grec des Migrations, Thanos Plevris ainsi qu’Abdelhamid Dbeibah, le chef du gouvernement d’unité nationale. Cette visite a pour objectif de renforcer la coopération entre l’Union européenne (UE) et les autorités libyennes dans la lutte contre la migration illégale, qui a connu une forte accélération ces derniers mois.
    À l’issue de cette réunion, Abdelhamid Dbeibah a annoncé « une vaste campagne nationale [qui] va être déployée avec le soutien de plusieurs pays amis pour lutter contre la traite des êtres humains ».
    Hausse de 50% des arrivées de Libye

    Carte de la Libye à l’appui, le ministère libyen de l’Intérieur, Imad Trabelsi, a présenté les grands axes de ce plan : renforcement de la présence sécuritaire et des contrôles dans les villes, en mer et aux frontières, expulsion d’une partie des migrants, régularisation de « ceux dont le marché de l’emploi libyen a besoin ».Le ministre a affirmé qu’en Libye, pays qui compte environ sept millions d’habitants, il y a « entre trois et quatre millions de migrants entrés illégalement (...) que nous encourageons à repartir ».
    Le responsable libyen a mis l’accent sur la nécessité d’un « soutien politique » à la Libye de la part de l’UE et des pays concernés par les flux migratoires. « La question migratoire ne peut être résolue sans le soutien des pays amis. (...). Le problème est plus grand que les capacités de notre pays », a-t-il souligné.
    Ces derniers mois, la route libyenne qui mène de l’ouest de la Libye vers l’Italie est à nouveau largement empruntée par les exilés. Au cours du premier semestre 2025, 30 060 migrants ont débarqué sur le sol italien, contre 26 131 à la même période en 2024. Soit une hausse de 15%, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Parmi ces quelque 30 000 exilés arrivés en Italie cette année, 27 000 avaient pris la mer depuis une plage libyenne, soit une hausse de près de 50% (14 684 personnes recensées en 2024 sur les six premiers mois de l’année) par rapport à l’année passée.
    Les départs depuis la Tunisie ont en revanche fortement chuté : on compte près de 2 000 arrivées sur le sol italien depuis janvier, contre plus de 10 000 à la même période de 2024. « La vie en Tunisie est devenue si difficile qu’on peut imaginer un déplacement [du flux migratoire] vers la Libye », a expliqué la semaine dernière Sara Prestianni, directrice de plaidoyer à l’association EuroMed Rights, contactée par InfoMigrants.
    Après cette visite à Tripoli, la délégation européenne espérait rencontrer les autorités de l’est libyen. Mais les responsables politiques ont été déclarés mardi « persona non grata » et invités à quitter le territoire libyen à leur arrivée à l’aéroport de Benghazi. L’ordre a été donné par le gouvernement de stabilité nationale (GNS), rival du gouvernement d’unité nationale (GNU) reconnu par la communauté internationale. Le premier contrôle la ville de Benghazi et le second celle de Tripoli. Dans un communiqué, le Premier ministre de l’ouest libyen, Oussama Hammad, a qualifié cette visite de « violation flagrante des normes diplomatiques établies et des conventions internationales », et a dénoncé des « actions qui ne tiennent manifestement pas compte de la souveraineté nationale de la Libye ».
    Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est devenue une plaque tournante pour des dizaines de milliers de personnes cherchant à gagner l’Europe par la mer au péril de leur vie. Les plages de l’ouest de la Libye sont des zones de départs bien connues des exilés qui souhaitent atteindre l’île italienne de Lampedusa, située à plus de 300 km des rives libyennes. Mais ces dernières années, face au renforcement des contrôles dans cette région, une autre route se développe : celle qui part de Tobrouk, à l’est de la Libye, vers la Grèce. Au cours des quatre premiers moi de 2025, « l’afflux en provenance de Libye [a] augmenté de 174% », avait affirmé fin mai Makis Voridis, l’ancien ministre grec des Migrations.
    Depuis un an, la petite île de Gavdos, située au large de l’île grecque et ne comptant que quelque 200 habitants, est devenue une zone d’arrivées pour les migrants partis des rives de l’est libyen. Les plages de Tripiti et Karave voient débarquer ces derniers mois un afflux d’exilés sans précédent, principalement des Égyptiens, mais aussi des Pakistanais, Bangladais, Soudanais et Yéménites.
    Au total, 5 161 ont débarqué à Gavdos et en Crète l’an dernier, soit six fois plus qu’en 2023, où l’on comptait 815 arrivées.
    L’UE se rend « complice d’horribles violations des droits humains »
    Cette nouvelle visite d’une délégation de l’UE est vivement critiqué par les ONG. Amnesty International a affirmé mardi que la coopération migratoire de l’Union européenne avec la Libye était « dépourvue de moralité » et revenait à « se rendre complice d’horribles violations des droits humains ».L’ONG a évoqué les « conditions épouvantables » auxquelles sont confrontés migrants et réfugiés en Libye, et a appelé l’UE à « réévaluer en urgence » son soutien « aux autorités et aux milices libyennes ».
    Depuis 2017, un accord entre la Libye et l’Italie soutenue par Bruxelles autorise Tripoli à prendre en charge la coordination des sauvetages en Méditerranée centrale (tâche qui incombait auparavant à Rome ou à La Valette, à Malte). Le but : « endiguer » les arrivées de migrants en Europe. Depuis cet accord, non seulement la Libye est autorisée à arrêter les embarcations de migrants qui partent de ses côtes, mais le pays bénéficie aussi d’une aide financière et logistique de l’Union européenne : Rome équipe les autorités libyennes et les forme aux interceptions. Lorsqu’ils sont interceptés en mer par les gardes-côtes libyens, les migrants sont envoyés dans des prisons gérées par le département de lutte contre l’immigration illégale (DCIM) où les abus, les tortures, les viols, les travaux forcés, la malnutrition… sont légion. Pour en sortir, les exilés doivent débourser une importante somme d’argent. Certains, totalement démunis, peuvent passer des années enfermés dans les geôles libyennes.
    Un récent rapport de Médecins sans frontières (MSF) a, une nouvelle fois, mis en lumière les pratiques de torture à grande échelle dont sont victimes les migrants dans le pays. De janvier 2023 à février 2025, le projet MSF à Palerme (Sicile) a aidé 160 survivants de torture ayant traversé la Méditerranée. Originaires de 20 pays - principalement du Bangladesh, de la Gambie, de la Côte d’Ivoire et du Nigeria -, ce sont en majorité des hommes (75 %) d’une moyenne d’âge de 25 ans. Dans 82 % des cas, la torture a eu lieu dans un pays de transit, en majorité en Libye. Et les formes de sévices y sont multiples et systématiques. Sur un total de 181 incidents de torture signalés, « 17 types de violences infligées ont été identifiés, notamment des coups, des coups de fouet, des brûlures, l’ablation des ongles, des décharges électriques et la suffocation, entre autres », note MSF.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#libye#UE#mediterranee#routemigratoire#politiquemigratoire#sante#droit

  • Sénégal : l’armée intercepte 201 migrants en partance pour l’Espagne dans le delta du Sine Saloum - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65683/senegal--larmee-intercepte-201-migrants-en-partance-pour-lespagne-dans

    Sénégal : l’armée intercepte 201 migrants en partance pour l’Espagne dans le delta du Sine Saloum
    Par RFI Publié le : 10/07/2025
    Dans la nuit du mardi 8 au mercredi 9 juillet, 201 migrants ont été interceptés dans le delta du Sine Saloum, une zone devenue depuis un an un point de départ privilégié pour les candidats à l’émigration clandestine depuis le Sénégal.
    Au Sénégal, 201 candidats à l’émigration clandestine ont été interceptés par la marine juste avant de prendre la mer pour l’Espagne depuis les eaux du Sine Saloum. Ce delta formé par la confluence de deux fleuves, situé à environ 170 km au sud de Dakar, concentre une grande partie des départs vers la Canaries depuis un an. L’interpellation s’est déroulée dans la nuit du mardi 8 au mercredi 9 juillet. Alors qu’un petit bateau de la marine sénégalaise patrouille dans la zone, celui-ci tombe sur un groupe de 69 personnes rassemblées à terre. Composé d’une majorité d’hommes, il compte aussi quelques femmes et des enfants, selon un communiqué de l’armée sénégalaise.
    Cent trente-deux individus étaient quant à eux cachés dans une pirogue qui se trouvait juste à côté, prête à partir en direction des îles Canaries. Composé d’une myriade de bras de fleuves - les bolongs - qui mènent directement à l’océan Atlantique et transforme la zone en un vrai gruyère potentiellement plus difficile à surveiller, le parc naturel du Sine Saloum est devenu, depuis un an, l’un des points de départ privilégiés des candidats à l’émigration clandestine depuis le Sénégal. Dans une nouvelle tentative de mettre fin à l’hémorragie qui touche l’ensemble des côtes sénégalaises et notamment les zones de pêche selon l’ONG de protection des migrants Horizons sans frontières, la marine sénégalaise avait fait installer l’an dernier une station de surveillance à Foundiougne, l’une des villes situées à l’entrée du parc.

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#routemigratoire#migrationirrreguliere#canaries#foundiougne#sinesaloun#sante

  • Donald Trump a reçu cinq présidents africains à la Maison Blanche, le regard tourné vers les minerais
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/07/10/donald-trump-a-recu-cinq-presidents-africains-a-la-maison-blanche-le-regard-

    Donald Trump a reçu cinq présidents africains à la Maison Blanche, le regard tourné vers les minerais
    Le Monde avec AFP
    (...) En parallèle de ces discussions commerciales, rapporte The Wall Street Journal, Washington a tenté de convaincre les cinq chefs d’Etat d’accueillir chez eux des personnes faisant l’objet d’un ordre d’expulsion des Etats-Unis, mais que leur pays d’origine a refusé de reprendre. Le Soudan du Sud a déjà accepté une telle demande et a accueilli début juillet huit migrants irréguliers renvoyés par Washington.Fin juin, des entreprises américaines se sont engagées à investir dans plusieurs projets d’infrastructures en Afrique, lors d’un sommet en Angola qui a été l’occasion pour Washington de défendre les investissements privés plutôt que l’aide internationale.
    La rencontre intervient ainsi quelques jours après le démantèlement officiel de l’Usaid, l’agence de développement international, qui apportait son soutien à de nombreux pays d’Afrique et au moment où l’administration Trump a décidé de fortement réduire sa contribution à l’aide internationale. Interrogée par l’AFP mardi, la porte-parole du président libérien, Kula Fofana, avait fait savoir que Joseph Boakai avait accepté l’invitation à Washington dans l’optique que son pays ne soit plus « seulement un récipiendaire » d’aide.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#afrique#developpement#migrationirreguliere#sante

  • La Grèce veut suspendre l’accès à l’asile des migrants arrivant de Libye
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/10/la-grece-veut-suspendre-l-examen-des-demandes-d-asile-des-migrants-arrivant-

    La Grèce veut suspendre l’accès à l’asile des migrants arrivant de Libye
    Par Marina Rafenberg (Athènes, correspondante)
    Publié hier à 17h07, modifié à 07h19

    « Le message doit passer que la route vers la Grèce est fermée », a insisté, mercredi 9 juillet, le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, à la tribune du Parlement. Depuis plusieurs mois, la recrudescence des arrivées en Crète de migrants en provenance de l’est de la Libye, contrôlé par le maréchal Haftar, inquiète les autorités. Entre janvier et fin juin, plus de 7 000 réfugiés sont arrivés depuis la Libye en Crète et sur la minuscule île de Gavdos, qui ne compte que 70 habitants hors saison et aucun centre d’accueil. Sur toute l’année 2024, quelque 5 100 exilés ont emprunté cette même route, selon l’ONG Refugee Support Aegean. Ces derniers jours, les arrivées se sont accélérées avec plus de 1 200 personnes qui ont débarqué en seulement soixante-douze heures en Crète.
    Fin juin déjà, Kyriakos Mitsotakis avait annoncé l’envoi de deux navires de la marine en bordure des eaux territoriales de la Libye afin de dissuader les passeurs et les exilés d’emprunter cette route. Ils devaient appuyer le bateau de l’agence européenne de surveillance aux frontières Frontex.
    Le dirigeant conservateur espérait aussi pouvoir obtenir des concessions du maréchal Haftar pour un meilleur contrôle des départs depuis le rivage libyen. Mais la visite en Libye du commissaire européen aux migrations, Magnus Brunner, et des ministres des migrations grec, italien et maltais, mardi 8 juillet, s’est avérée être un échec. Le dirigeant de Benghazi, qui avait pourtant accepté cette réunion, a tout bonnement refusé de les recevoir.
    Face à ce couac diplomatique, le premier ministre grec a convoqué en urgence une session parlementaire concernant la situation migratoire. Devant les députés, Kyriakos Mitsotakis a assuré que « tout migrant entrant illégalement sera arrêté et détenu » et qu’il souhaitait « suspendre, dans un premier temps pour trois mois, les demandes d’asile pour les migrants arrivant à bord de bateaux en provenance d’Afrique du Nord ». Selon Kyriakos Mitsotakis, un nouveau centre fermé, à l’image de ceux qui existent déjà dans les îles du nord de la mer Egée comme à Samos ou Lesbos, doit aussi ouvrir en Crète, qui ne disposait jusqu’à présent d’aucun camp.
    Cette décision de suspendre les examens des demandes d’asile sera soumise au vote au Parlement grec et présentée à la Commission européenne, a-t-il aussi précisé. La suspension unilatérale des examens des demandes d’asile est cependant contraire à la convention de Genève relative au statut des réfugiés. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés s’est dit jeudi 10 juillet « très inquiet » de cette décision. Mais le gouvernement Mitsotakis l’avait déjà mise en place en mars 2020, pendant un mois, lorsque à la frontière gréco-turque, dans la région de l’Evros, des milliers de réfugiés, encouragés par Ankara, tentaient de rejoindre l’Europe. A l’époque, la « situation d’urgence » et la nécessité de prendre des « mesures exceptionnelles » avaient été avancées par Athènes. Ce même argument est employé aujourd’hui, au grand dam des défenseurs des droits humains et des ONG.
    « La suspension de l’accès à l’asile est clairement illégale et viole le droit international », a affirmé dans un communiqué le Conseil grec pour les réfugiés. « L’invocation de l’augmentation des flux migratoires ne saurait servir d’excuse (…) La Grèce avait pris des mesures similaires en mars 2020 (…) et nous attendons encore le jugement de la Cour européenne des droits de l’homme sur cette décision », ajoute l’ONG.
    Adla Shashati, directrice du Forum grec des migrants, estime de son côté qu’« en tant qu’Etat membre de l’UE en première ligne, la Grèce possède à la fois l’expérience et la responsabilité de mettre en œuvre un système d’asile capable de s’adapter à des circonstances exceptionnelles, et non de le démanteler lorsque la situation géopolitique évolue défavorablement ».Les ONG craignent aussi que, face à cette situation dite d’« urgence », les refoulements illégaux de migrants ne se généralisent sur cette route alors même que depuis 2020, la Grèce a été maintes fois accusée par des enquêtes journalistiques et des instances internationales de recourir à cette pratique, contraire au droit international, aux frontières terrestre et maritime avec la Turquie.
    Athènes a toujours démenti ces accusations. Mais en janvier, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné pour la première fois la Grèce à indemniser d’une somme de 20 000 euros la victime d’un refoulement illégal vers la Turquie et a reconnu que les autorités grecques avaient recours de manière « systématique » à cette pratique. Ce nouveau durcissement de la politique migratoire grecque intervient aussi avec la nomination, il y a quelques jours, du nouveau ministre des migrations, Thanos Plevris, qui a qualifié d’« invasion d’Afrique du Nord » l’augmentation des flux en provenance de la Libye. Ancien député élu avec un parti d’extrême droite, L’Alerte populaire orthodoxe, Thanos Plevris avait déclaré en 2011, avant de rejoindre le parti conservateur Nouvelle Démocratie : « Il n’y a pas de protection aux frontières sans victimes et, pour être clair, sans morts. »

    #Covid-19#migrant#migration#grece#UE#libye#mediterranee#politiquemigratoire#asile#migrationirreguliere#sante

  • Le Royaume-Uni annonce un accord pilote pour renvoyer en France des migrants qui arrivent illégalement par la Manche
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/10/le-premier-ministre-britannique-keir-starmer-annonce-un-accord-avec-paris-po

    Le Royaume-Uni annonce un accord pilote pour renvoyer en France des migrants qui arrivent illégalement par la Manche
    Le Monde avec AFP
    Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé, jeudi 10 juillet, un accord pilote pour un échange de migrants avec la France, qui doit entrer en vigueur dans les « prochaines semaines ». Cet accord, qui doit encore être soumis à la Commission européenne avant d’être signé, repose sur le principe du « un pour un ».
    « J’ai le plaisir d’annoncer aujourd’hui notre accord sur un projet pilote inédit : pour la première fois, les migrants arrivant par petits bateaux seront arrêtés puis renvoyés rapidement en France », a déclaré le dirigeant travailliste, ajoutant qu’« en échange de chaque retour » une autre personne pourrait venir via un itinéraire contrôlé et légal. Cette dernière devra, au préalable, exprimer sa volonté, via une plateforme en ligne, de s’installer au Royaume-Uni et justifier de liens avec ce pays.
    Seuls les individus « qui n’ont pas essayé d’entrer illégalement au Royaume-Uni » seront éligibles pour cet échange, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse avec le président français, Emmanuel Macron, à l’occasion d’une visite d’Etat de trois jours au Royaume-Uni.« Pour la première fois, les migrants arrivant par petits bateaux seront arrêtés puis renvoyés rapidement en France », a ajouté le premier ministre britannique, se réjouissant d’un accord « révolutionnaire » sur un projet susceptible de démarrer « dans les prochaines semaines ». Le sujet est délicat alors que sur les six premiers mois de l’année 2025, plus de 20 000 personnes sont parvenues à rejoindre les côtes britanniques à bord de small boats, une hausse de presque 50 % par rapport à la même période l’an dernier.
    Le président français a également déploré une « incitation » à traverser la Manche depuis le Brexit, en 2020, en expliquant qu’il n’existait depuis plus « aucun accord migratoire avec l’Union européenne ». « Il n’existe pour les candidats à la traversée ni voie d’admission légale alternative ni dispositif de réadmission à l’issue d’une traversée, et la situation actuelle crée en réalité une incitation à réaliser la traversée », a détaillé Emmanuel Macron. Il a estimé que ce projet pilote « exercera[it] un effet très dissuasif sur le modèle des passeurs et sur les traversées ». Aucune précision chiffrée n’a été donnée sur le nombre de migrants que l’accord pourrait concerner. Il doit encore être soumis à vérification juridique, selon Emmanuel Macron. L’ONG Médecins sans frontières a de son côté jugé que ce projet n’était « pas seulement absurde » mais « aussi extrêmement dangereux ».(...).

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#politiquemigratoire#migrationirreguliere#droit#sante

  • Un juge fédéral suspend de nouveau le décret de Donald Trump revenant sur le droit du sol
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/10/un-juge-federal-suspend-de-nouveau-le-decret-de-donald-trump-revenant-sur-le

    Un juge fédéral suspend de nouveau le décret de Donald Trump revenant sur le droit du sol
    Le Monde avec AFP
    Un juge fédéral américain a de nouveau suspendu, jeudi 10 juillet, le décret du président des Etats-Unis, Donald Trump, visant à revenir sur le droit du sol, l’un des plus contestés du nouveau mandat du milliardaire républicain. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une action de groupe par plusieurs associations au nom de toute personne née aux Etats-Unis à partir du 20 février, donc potentiellement affectée.
    Tous les tribunaux et cours d’appel qui en avaient été saisis avaient déjà suspendu sur tout le territoire l’entrée en vigueur de ce décret. Un juge fédéral de Seattle, dans l’Etat de Washington, avait suspendu ce même décret le 23 janvier, le jugeant « manifestement inconstitutionnel ».Mais la Cour suprême, à majorité conservatrice, saisie par l’administration Trump, a limité le 27 juin le pouvoir des juges de bloquer à l’échelle nationale les décisions de l’exécutif qu’ils considèrent comme illégales. L’administration Trump demandait à la Cour non pas de lever la suspension de son décret à ce stade, mais de limiter la portée des suspensions aux seules personnes ayant saisi la justice.
    L’influente organisation de défense des droits civiques Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), une des associations engagées dans ce dossier, s’est félicitée dans un communiqué que cette décision « protège les droits à la citoyenneté de tous les enfants nés sur le sol américain ».« Les parents vivaient dans la peur et l’incertitude, se demandant s’ils devraient faire naître leurs enfants dans un autre Etat et si leurs bébés risquaient d’être expulsés », a expliqué Aarti Kohli, la directrice de l’ONG Asian Law Caucus, qui a salué une « victoire majeure ».
    Le juge a reporté d’une semaine l’entrée en vigueur de sa décision afin de donner le temps au gouvernement de faire appel. Cela interviendra avant le 27 juillet, échéance fixée par la Cour suprême pour permettre à l’administration Trump d’appliquer partiellement le décret, soulignent les associations. La Cour suprême n’a pas statué sur la constitutionnalité du décret présidentiel mais a autorisé les agences fédérales à élaborer et publier des directives quant à son application, à partir d’un mois après sa décision.Le décret interdit au gouvernement fédéral de délivrer des passeports, des certificats de citoyenneté ou d’autres documents aux enfants dont la mère séjourne illégalement ou temporairement aux Etats-Unis, et dont le père n’est pas citoyen américain ou résident permanent – titulaire de la fameuse « carte verte ».
    Le décret de Donald Trump, qu’il a signé le jour de son investiture, le 20 janvier, devait entrer en vigueur le 19 février. Le président avait lui-même reconnu s’attendre à des contestations devant les tribunaux. Il avait également jugé que le droit du sol est un principe « ridicule » et avait faussement affirmé que les Etats-Unis seraient « les seuls » à l’appliquer. En réalité, des dizaines de pays reconnaissent le droit du sol, dont la France, le Canada et le Mexique. Le principe du droit du sol, consacré par le quatorzième amendement de la Constitution, disposant que tout enfant qui est né aux Etats-Unis est automatiquement citoyen américain, est appliqué depuis plus de cent cinquante ans

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  • Un Tunisien menacé d’expulsion en dépit des risques de torture encourus
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/07/10/un-tunisien-menace-d-expulsion-en-depit-des-risques-de-torture-encourus_6620

    Un Tunisien menacé d’expulsion en dépit des risques de torture encourus
    Par Julia Pascual et Simon Roger
    C’est un cas qui interroge autant sur la nature du système judiciaire tunisien que sur les pratiques du gouvernement français. Vendredi 11 juillet, Mohamed Fahem devrait franchir les portes du centre pénitentiaire de Nanterre après avoir purgé une peine de six ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste. Mais ce ressortissant tunisien de 35 ans est également passible d’une peine de cent trente-deux années d’emprisonnement en Tunisie, où il est poursuivi pour des faits de terrorisme. Le régime de Kaïs Saïed a d’ailleurs émis à son encontre une demande d’extradition, rejetée le 22 janvier par la cour d’appel de Paris.
    Malgré cela, le ministère de l’intérieur entend expulser Mohamed Fahem vendredi. Un arrêté a été pris en ce sens par la préfecture des Hauts-de-Seine, mercredi. La cour d’appel de Paris avait pourtant estimé, en suspendant son extradition, que Mohamed Fahem encourait dans son pays un « risque réel de subir des actes de torture ». Dans son arrêt de janvier, consulté par Le Monde, la justice estime par ailleurs que la « remise de Mohamed Fahem aux autorités tunisiennes lui ferait encourir un risque réel et sérieux de subir un déni de justice flagrant en l’absence de garanties suffisantes sur l’exercice effectif des droits de la défense, sur l’indépendance des magistrats du siège et sur la publicité des débats ». Elle motive sa décision sur des « éléments documentés de sources diverses et concordantes » et « l’absence de réponse satisfaisante du gouvernement tunisien au complément d’information [qui lui a été demandé] ».
    Dans son arrêté du 9 juillet, la préfecture des Hauts-de-Seine balaye ces arguments, au prétexte que si la torture « n’a pas été totalement éradiquée en Tunisie », les personnes les plus exposées seraient les « opposants politiques ». Plusieurs rapports, rédigés notamment par les organisations non gouvernementales Amnesty International et Human Rights Watch, documentent la mise au pas de l’appareil judiciaire tunisien enclenché, en 2022, par Kaïs Saïed. Le 12 février de cette année-là, le chef de l’Etat décidait de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature et de le remplacer par un conseil provisoire, dont il a nommé une partie des membres. Le 1er juin 2022, il s’arrogeait le pouvoir de révoquer les magistrats et limogeait aussitôt 57 d’entre eux. La suspension de 49 de ces révocations, prononcée quelques semaines plus tard par le tribunal administratif de Tunis, ne sera pas suivie d’effet.
    « L’arrêt de la cour d’appel de Paris est inédit, estiment Raphaël Kempf et Romain Ruiz, les avocats de M. Fahem. La juridiction dit clairement qu’aujourd’hui, on ne peut pas être jugé sereinement en Tunisie. » « L’interdiction de la torture est un impératif absolu, poursuivent-ils. Il s’applique à tous, y compris aux personnes condamnées pour les faits les plus graves. »
    Lorsque débute le mouvement prodémocratique du printemps arabe, fin 2010 en Tunisie, M. Fahem s’est rapproché de la mouvance salafiste. Comme certains de ses membres, il est tenté par le djihad. Arrêté à plusieurs reprises par la police tunisienne, il rejoint l’organisation Etat islamique (EI) en 2014 à Rakka, en Syrie. En désaccord par la suite avec l’EI, qu’il quitte en 2015, selon le témoignage qu’il livre à un journaliste tunisien rencontré en Turquie, M. Fahem fuit en Allemagne, où il se marie à une Allemande convertie à l’islam. Il se rend ensuite en France où il est interpellé en octobre 2019. Il est condamné, le 8 décembre 2023, par le tribunal judiciaire de Paris à six ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs terroristes. Outre son appartenance à l’organisation Etat islamique en Syrie, il a participé à un trafic de faux papiers.
    Il écope d’une peine complémentaire d’interdiction définitive du territoire français, qui s’ajoute à une obligation de quitter le territoire français (OQTF). M. Fahem va être libéré de prison et la France va-t-elle l’expulser alors qu’une juridiction française a interdit son extradition ? Sollicitées, les préfectures des Hauts-de-Seine (où le Tunisien est incarcéré) et de l’Oise (qui a émis l’OQTF) n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
    Les avocats de M. Fahem devaient contester, jeudi 10 juillet après-midi, devant le tribunal de Cergy-Pontoise, l’arrêté préfectoral pris mercredi. Me Raphaël Kempf et Me Romain Ruiz ont également saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour empêcher, dans l’urgence, l’expulsion. Jeudi, elle n’avait pas encore statué.
    Si M. Fahem était expulsé, ce ne serait pas la première fois que les autorités françaises outrepassent des décisions de justice. En 2024, un autre Tunisien, Houssem J., avait été mis dans un avion en direction de Tunis, où il avait été incarcéré à son arrivée. Pourtant, la veille de son expulsion, le tribunal administratif de Paris avait suspendu en urgence l’interdiction administrative du territoire dont il faisait l’objet, sur la base de soupçons de radicalisation islamiste.
    En 2023, un ressortissant ouzbek et un Haïtien ont aussi été expulsés alors même que des décisions de la CEDH défendaient aux autorités françaises de le faire, en raison des risques de torture encourus. A l’association La Cimade, Paul Chiron pense que des « personnes passent nécessairement en dessous des radars et d’autres décisions de justice ont été bafouées ».

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