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Fil d’actualités Covid19-Migration-santé (veronique.petit@ird.fr) relié à CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS.

  • Lutte contre l’immigration irrégulière : 93 candidats de nationalités étrangères interpellés
    https://www.dakaractu.com/Lutte-contre-l-immigration-irreguliere-93-candidats-de-nationalites-etran

    Lutte contre l’immigration irrégulière : 93 candidats de nationalités étrangères interpellés
    Dans le cadre de la lutte contre l’émigration irrégulière, la Gendarmerie nationale a mené une série d’opérations dans différentes localités du pays, dans la période du 15 au 16 Décembre 2023. En effet 93 candidats tous de nationalités étrangères, sont interpellés entre Thiés (toglou) et Saint-Louis (Gandiol). Parmi les 93 candidats on compte 83 maliens, 07 gambiens et 03 mauritaniens
    Ils ont été respectivement appréhendés par la brigade de proximité de Diass et la SR de Saint-Louis.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#migrationirreguliere#mali#gambie#mauritanie#gendarmerie

  • « Aucune disposition en matière de lutte contre l’immigration illégale ne saurait justifier un renoncement aux obligations du droit international »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/15/aucune-disposition-en-matiere-de-lutte-contre-l-immigration-illegale-ne-saur

    « Aucune disposition en matière de lutte contre l’immigration illégale ne saurait justifier un renoncement aux obligations du droit international »
    Jean-Marie Burguburu, président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme
    Pierre Micheletti, président d’honneur d’Action contre la faim
    En marge des débats sur la loi « immigration » était examinée par la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale une proposition de résolution visant à faire respecter le droit international dans le secours des migrants en mer Méditerranée.
    L’exposé des motifs donne le ton dès son introduction : « Les ONG ferment les yeux sur les conditions humaines désastreuses du transport de migrants par les réseaux de passeurs, voire, pour certaines d’entre elles, agissent en coordination avec eux, par conviction idéologique que l’Europe a besoin de plus d’immigration. »Le projet de résolution a été rejeté. La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) ne peut qu’approuver cette décision. Les navires de sauvetage continuent pourtant de faire l’objet de stratégies d’épuisement, sous le regard indifférent de la France et de l’Union européenne (UE).
    Le 15 novembre, les autorités italiennes ont ainsi ordonné une immobilisation de vingt jours du navire de sauvetage humanitaire Ocean-Viking et lui ont imposé une amende de 3 300 euros. Cette détention s’effectue sous l’égide du décret-loi connu sous le nom de « décret Piantedosi ». Ce dernier a introduit une série de nouvelles mesures qui régissent les activités des navires de sauvetage en Méditerranée, dont celle qui oblige les ONG à se rendre « sans délai » au port de débarquement assigné par les autorités italiennes juste après un premier sauvetage.
    Mer Méditerranée, l’axe migratoire le plus meurtrier au monde
    En cas de manquements à cette nouvelle règle contraignante, les ONG s’exposent à de lourdes sanctions. C’est ce qui vient de se produire avec la détention du navire de SOS Méditerranée. Précédemment, en août, les autorités italiennes avaient saisi le bateau de l’ONG espagnole Open-Arms, ainsi que les navires de l’association Sea-Watch, le Sea-Eye 4 et l’Aurora. Leur tort ? Avoir opéré quelques jours plus tôt trois sauvetages distincts en Méditerranée centrale, au lieu d’un, comme le prévoit le décret Piantedosi.
    Dans un tel contexte, il nous paraît utile de rappeler les termes essentiels de la déclaration en urgence de la CNCDH du 19 octobre 2023, concernant les opérations de recherche et de sauvetage des migrants.La Méditerranée est l’axe migratoire le plus meurtrier au monde. De 2014 à début septembre 2023, le nombre de morts est ainsi estimé à 28 074 personnes, dont 80 % en Méditerranée centrale. La Commission rappelle qu’aucune disposition en matière de gestion des flux migratoires et de lutte contre l’immigration illégale ne saurait justifier un renoncement aux obligations découlant de l’application du droit international, notamment en matière de sauvegarde de la vie en mer, de respect des droits fondamentaux et d’absence de traitement dégradant.
    La CNCDH tient également à rappeler que les ONG qui interviennent dans les eaux internationales jouent un rôle primordial dans le sauvetage en Méditerranée et que, au lieu d’entraver leurs actions de secours, il faut, au contraire, défendre la légitimité de leurs actions et renforcer leurs moyens. Ces mesures n’exonèrent en rien les Etats d’assumer leurs responsabilités, puisque c’est à eux qu’incombent en premier lieu les obligations relatives au sauvetage en mer.
    Ces considérations de principe doivent conduire à la reconnaissance de la Méditerranée comme espace humanitaire de secours aux migrants naufragés.La CNCDH réitère ses demandes à l’égard de la France et de l’Union européenne :
    – Le respect du droit et des conventions ratifiées par la France et un rappel du droit international, européen et national concernant la mise en œuvre impérative des secours. La réaffirmation des éléments de droits pourra se fonder sur l’explicitation des textes de référence qui régissent le droit de la mer et le droit international humanitaire.
    Les éléments de droit pourront utilement comprendre l’explicitation des condamnations pénales auxquelles s’exposent les capitaines de navires qui se refusent à secourir les naufragés. La nécessité à agir, sur terre comme en mer, pour diminuer la mortalité sur les routes migratoires a été réaffirmée par des acteurs majeurs du droit international humanitaire en mars 2022.
    – L’arrêt des stratégies d’épuisement à l’égard des ONG. Les opérations de recherche et de secours ne peuvent pas être criminalisées pour ce qu’elles sont, mais reconnues comme des opérations humanitaires et protégées comme telles. Les modalités d’assignation d’un lieu sûr pour le débarquement des rescapés doivent être explicitées, systématisées et améliorées dans la perspective de faciliter les sauvetages.
    L’assignation délibérée – non argumentée – de ports très éloignés pour le débarquement des naufragés doit être prohibée. Cette stratégie « déshabille » en permanence les faibles moyens de secours existants, pour des naufragés dont une proportion non négligeable est composée de mineurs
    Les mesures contraignantes et répétitives d’immobilisation des navires, pour des motifs parfois fallacieux, doivent cesser.
    – Le renforcement et la diversification de la capacité à agir : les bailleurs de fonds bilatéraux (étatiques), européens (direction générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire européennes, ECHO) et multilatéraux (dont les Nations unies) doivent intégrer la Méditerranée centrale dans leurs plans de financement de l’aide humanitaire internationale.
    Une coordination effective des activités de recherche et de secours en Méditerranée (« Search and Rescue », SAR en anglais) doit être mise en place par les pays riverains concernés, avec le soutien de l’UE. Les Etats européens doivent coopérer plus étroitement et plus efficacement pour améliorer le déroulement des opérations de sauvetage elles-mêmes.
    Les compagnies maritimes seront rappelées à leur devoir d’assistance et encouragées à proposer des formations à leurs capitaines de navire.
    – La transparence sur les accords signés avec la Libye et la Tunisie : il y a nécessité d’expliciter publiquement la nature et l’utilisation des ressources françaises (matériel, financement, formations, RH…) mises à la disposition des autorités libyennes, via les mécanismes européens.
    Toute violence ou tentative d’intimidation des gardes-côtes libyens à l’égard des bateaux de migrants ou de secours doit être proscrite.
    Lire aussi notre enquête : Article réservé à nos abonnés Comment l’Europe a laissé Malte livrer en mer des migrants à une milice libyenne
    – Le renforcement des moyens octroyés à l’identification des personnes noyées : il convient que l’UE se dote de tous les moyens nécessaires pour permettre d’identifier les noyés dont les corps sont retrouvés. Cette identification est impérative pour que soit ainsi réaffirmée leur inaliénable humanité, et les moyens d’informer objectivement les familles des personnes décédées.Jean-Marie Burguburu est le président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) ; Pierre Micheletti est membre de la CNCDH, président d’honneur d’Action contre la faim

    #Covid-19#migrant#migration#france#droit#ONG#UE#CNCDH#sante

  • Libye : au moins 61 migrants présumés morts dans un naufrage
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/16/libye-au-moins-61-migrants-presumes-morts-dans-un-naufrage_6206211_3210.html

    Libye : au moins 61 migrants présumés morts dans un naufrage
    Au moins 61 migrants sont portés disparus et présumés morts après le naufrage de leur embarcation de fortune au large de la Libye, a rapporté à l’Agence France-Presse (AFP) le bureau de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Libye. « Un grand nombre de migrants, environ 61, sont présumés avoir péri à cause de fortes vagues », ayant submergé leur embarcation « partie de Zouara, dans le nord-ouest de la Libye avec 86 migrants à son bord », selon la même source.
    Il s’agit en majorité de ressortissants du Nigeria, de Gambie et d’autres pays d’Afrique, et parmi les victimes « figurent des enfants et des femmes », a-t-on ajouté. Au total, 25 personnes ont pu être sauvées et ont été transférées vers un centre de détention libyen à Tariq Al Sekka, près de Tripoli. « Une équipe OIM a pu apporter un soutien médical et ils sont tous en bonne santé », selon la même source.« Plus de 2 250 personnes ont perdu la vie en Méditerranée centrale cette année », a déploré sur X Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’OIM pour la Méditerranée, en faisant état du lourd bilan de cet énième naufrage. « Ce chiffre dramatique démontre que malheureusement on ne fait pas suffisamment pour sauver les vies en mer », a-t-il ajouté.
    La Libye et la Tunisie sont les deux principaux points de départs en Méditerranée centrale pour les migrants qui tentent de gagner l’Europe en débarquant clandestinement sur les côtes italiennes.
    Selon les derniers chiffres du HCR (Haut commissariat aux Réfugiés de l’ONU) au 10 décembre, plus de 153 000 migrants sont arrivés en Italie cette année, en provenance de Tunisie et de Libye.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#libye#mediterranee#traversee#mortalite#frontiere#UE#OIM#HCR#sante

  • Naufrage meurtrier dans la Manche avant une visite de Gérald Darmanin à Calais
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/15/migrants-nouveau-naufrage-dans-la-manche-un-mort-et-une-personne-gravement-b

    Naufrage meurtrier dans la Manche avant une visite de Gérald Darmanin à Calais
    C’est le neuvième mort en mer dans la zone depuis le début de l’année « en lien avec le phénomène migratoire », selon la préfecture maritime.
    Le Monde avec AFP
    Un migrant est mort et deux autres ont été blessés, vendredi 15 décembre, lors de deux tentatives distinctes de traversées de la Manche vers le Royaume-Uni à bord d’embarcations de fortune.
    Le bilan du premier naufrage, survenu au large de Gravelines (Nord) dans la nuit de jeudi à vendredi, est de « soixante-six naufragés dont une personne décédée », a annoncé la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Prémar) dans un communiqué. Il s’agit du neuvième mort en mer dans la zone depuis le début de l’année « en lien avec le phénomène migratoire ».
    « Potentiellement » deux autres personnes sont « disparues », a précisé la Prémar à l’Agence France-Presse (AFP), ajoutant que les recherches se poursuivaient par moyens aériens et maritimes. Une autre victime de ce naufrage, évacuée par hélicoptère vers l’hôpital de Calais en « urgence absolue » est passée « en état d’urgence relative », a appris l’AFP.
    Par ailleurs, une personne a été gravement blessée lors d’une autre tentative de traversée au large de Sangatte (Pas-de-Calais) vendredi matin, a rapporté à l’AFP la préfecture du Pas-de-Calais, sans plus de détails.Ces naufrages interviennent alors que le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, est attendu à Calais, vendredi matin, où il doit rencontrer des policiers et des gendarmes engagés dans la lutte contre l’immigration irrégulière. Le ministre, qui a vu cette semaine l’Assemblée nationale rejeter son projet de loi sur l’immigration, est attendu au commissariat et à la caserne de gendarmerie de Calais.
    Au milieu de la nuit, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage maritime (Cross) a été informé « qu’une embarcation de migrants » était en difficulté « à moins de huit kilomètres des côtes au large de Grand-Fort », a-t-elle relaté. Le Cross a alors engagé un navire de sauvetage. En se rapprochant de l’embarcation, l’équipage a informé le Cross que l’un des boudins de l’embarcation était « dégonflé » et que des personnes étaient « à l’eau ». L’ensemble des naufragés secourus ont été « débarqués et pris en charge au port de Calais ». Les recherches sur la zone se poursuivent par moyens aériens et maritimes, a précisé la préfecture.
    Les derniers décès de migrants dans la Manche remontent au 22 novembre, quand un homme et une femme d’une trentaine d’années sont morts dans le naufrage de leur embarcation. Quelques jours plus tard, un homme avait été découvert mort sur une plage du Pas-de-Calais. Le 12 août, six Afghans ont péri dans un naufrage, le plus meurtrier dans le détroit depuis celui du 24 novembre 2021, qui avait fait vingt-sept victimes.
    Depuis les années 1990 et après la fermeture, en 2002, d’un centre de la Croix-Rouge à Sangatte (Pas-de-Calais), des centaines d’exilés s’entassent dans des tentes et des abris de fortune à Calais ou à Dunkerque pour tenter de rallier le Royaume-Uni, cachés dans des camions ou par bateau. Quelque 29 000 migrants ont traversé la Manche sur de petites embarcations pour rejoindre l’Angleterre depuis le début de l’année, contre 44 000 l’an dernier à la même date, avait précisé le 4 décembre la préfecture du Nord.

    #Covid-19#migrant#migration#france#calais#dunkerque#grandebretagne#manche#traversee#mortalite#CROSS#prefeccture#sante

  • Calais, « impensé » du projet de loi « immigration »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/15/calais-impense-du-projet-de-loi-immigration_6205927_3224.html

    Calais, « impensé » du projet de loi « immigration »
    Par Julia Pascual (Calais (Pas-de-Calais), envoyée spéciale)
    Alors que le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, se rend vendredi dans la ville frontière défendre sa politique migratoire, les associations humanitaires investies dans l’aide aux migrants jugent le projet de loi très éloigné de leur réalité. (...)
    Selon les estimations, ils seraient à ce jour environ 1 500 à Calais – originaires du Soudan, d’Afghanistan, d’Erythrée… – à vivoter dans des camps pourtant démantelés toutes les quarante-huit heures. C’est ici que le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, devait se rendre, vendredi 15 décembre. Un déplacement symbolique dans cette ville frontière, alors que le projet de loi sur l’immigration a essuyé une motion de rejet à l’Assemblée nationale quatre jours plus tôt et qu’il doit être étudié en commission mixte paritaire à partir du 18 décembre. A Calais, M. Darmanin devait rencontrer la maire Les Républicains Natacha Bouchart et décorer des policiers et gendarmes « blessés durant des missions de lutte contre l’immigration irrégulière ».
    Le délit de séjour irrégulier ? « Ils ne vont pas arrêter 1 500 personnes, ce n’est pas une mesure organisable, estime cependant Amélie Moyart, de l’association d’aide aux migrants Utopia 56. Et puis les gens viennent de pays en guerre où on ne peut pas les renvoyer. » « Comme en période électorale, Calais est un endroit de théâtre, un piédestal pour draguer la droite et faire passer son projet de loi », accuse Juliette Delaplace, chargée de mission « personnes exilées » depuis plus de quatre ans à Calais pour le Secours catholique. Ils sont nombreux à penser que la loi Darmanin ne répond pas à leur problématique, parmi celles et ceux qui côtoient les personnes migrantes dans les campements de fortune de la Côte d’Opale. « Le texte parle beaucoup des étrangers délinquants mais ça ne nous concerne pas », considère Jeanne Bonnet, 25 ans, qui participe à un projet de maison d’hospitalité, La Margelle, ouverte il y a un an à Calais. Ce lieu peut accueillir, pendant un mois et demi maximum, neuf personnes « qui veulent réfléchir sur leur projet, se stabiliser en France ou demander l’asile par exemple ». Jeanne Bonnet est originaire d’un village de Vendée, Montaigu, qui, en 2016, lors du démantèlement de la « grande jungle » de Calais, a vu débarquer des Afghans. Ils ont depuis trouvé du travail et vivent à La Roche-sur-Yon. « Regardons déjà ce qui marche avant de voter une loi », dit-elle.
    Le démantèlement de 2016, Claire Millot, 74 ans, s’en souvient aussi. Elle était déjà investie auprès de l’association de distribution de repas Salam, dont elle est aujourd’hui secrétaire générale. « C’est la seule chose qui a marché parce que Bernard Cazeneuve [ministre de l’intérieur de l’époque] avait levé l’application du règlement Dublin pour que les gens demandent l’asile en France. Pendant plus de deux mois, on n’a plus vu personne sur les camps. »
    Le règlement européen de Dublin prévoit qu’un demandeur d’asile doit faire étudier sa situation dans le pays qui a enregistré ses empreintes, le plus souvent celui par lequel il est arrivé en Europe. Parmi les candidats au départ vers l’Angleterre, nombreux sont ceux qui fuient les conséquences de ce règlement. C’est le cas de Mohamada (qui n’a pas souhaité donner son nom, comme les personnes citées par leur prénom), un Soudanais de 23 ans qui a ses empreintes en Espagne, et qui ne peut donc pas demander l’asile en France ou en Allemagne. Cela fait deux semaines qu’il s’abrite dans un hangar désaffecté de Calais.
    A l’accueil de jour du Secours catholique de Calais, où 900 personnes viennent quotidiennement s’abriter, on aimerait aussi que les procédures de demande d’asile soient facilitées, alors que « cela prend plus d’un mois et demi avant de pouvoir enregistrer sa demande », déplore Juliette Delaplace. Sans compter que, pour le faire, les personnes doivent se rendre à Lille depuis les camps. Plusieurs recours en référé-liberté ont été déposés devant le tribunal administratif pour obliger la préfecture à améliorer ses délais. Wehbe Muhamad, 18 ans, est à l’origine de l’un d’eux. Lui a renoncé à l’Angleterre, mais il désespère de quitter la « jungle ». « Améliorer les conditions d’accueil, l’enregistrement des demandes d’asile, suspendre le règlement de Dublin, ce sont des impensés de la loi “immigration” », dénonce Juliette Delaplace.
    « Si je restais en France, je serais toute ma vie sans-abri », redoute Abdulhaman, un autre Soudanais de 23 ans, à Calais depuis trois mois déjà. Avant ça, il a été sous le périphérique parisien pendant trois semaines. « La situation est catastrophique. Et la seule bonne nouvelle du projet de loi, c’est l’interdiction de placer en rétention les mineurs », estime Juliette Witt, 27 ans, de l’association Project Play, qui propose des séances de jeu pour les enfants vivant dans des camps. « Ils sont souvent malades, montrent des signes d’épuisement, et sont très anxieux à propos des violences policières et des traversées », rapporte-t-elle.
    Jeudi 14 décembre, ils étaient nombreux à attendre devant les arrêts de bus de Grande-Synthe (Nord), pour gagner les plages autour de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). La météo s’annonçait propice aux traversées. Depuis le début de l’année, environ 29 000 personnes ont rejoint le Royaume-Uni à bord d’embarcations pneumatiques, contre plus de 45 000 en 2022. Dans la nuit de jeudi à vendredi, une soixantaine de personnes ont été secourues alors que leur embarcation se dégonflait et que certaines se trouvaient à l’eau. L’une d’elles est décédée tandis qu’une autre a été transportée à l’hôpital de Calais, en urgence absolue. Par ailleurs, un Soudanais est mort d’un arrêt cardiaque lors d’un autre naufrage, la même nuit. Ceux qui échouent à franchir le pas de Calais devront regagner les campements, détrempés.
    Il est arrivé à plusieurs reprises à Olivier Carton, le maire centre gauche de la commune de Dannes, au sud de Boulogne-sur-Mer, de prêter une salle aux naufragés transis. Le temps d’une nuit, pour qu’ils se changent, se sèchent, se nourrissent. Les 1 300 habitants de sa commune ont voté à plus de 64 % pour Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, mais, le maire en est persuadé, « ce n’est pas parce qu’on vote une loi d’expulsion que les migrants ne vont pas traverser la mer ».« Si déjà on gagnait une benne à ordures et rien qu’un point d’eau, ça changerait tout » : Claire Millot a appris à avoir des attentes modestes. Autour de 1 000 personnes se trouveraient sur le principal camp de migrants, installé depuis plus de deux ans à Loon-Plage (Nord). Les gens utilisaient les bornes à incendie pour se servir en eau, mais la dernière a été coupée en novembre. C’est ce qui a poussé Pierre Lascoux, un bénévole de Salam de 62 ans, à entamer une grève de la faim, le 22 novembre. Il a déjà perdu plus de 9 kilos. « Manquer d’eau en France, vous imaginez ?, nous interpelle-t-il. En août 2022, un jeune est mort noyé en essayant de se laver dans le canal de Bourbourg [à proximité du campement]. »
    Le projet de loi « immigration » ? « C’est drainer l’opinion des Français, qui vivent de plus en plus dans la peur », dit M. Lascoux, qui s’est installé dans une chambre de la maison Sésame, à Herzeele (Nord), un lieu de vie citoyen, qui permet d’offrir quelques jours de répit aux personnes en transit vers le Royaume-Uni. Il y a ce jour-là dans la maison un grand monsieur soudanais, qui porte sur son dos son fils de 15 mois. « Je vais traverser », nous dit-il en descendant l’escalier de la maison, engoncé dans son manteau. Il part sous la pluie. Cela fait des mois qu’il erre en France. Une nuit de traversée, il a été séparé de sa femme et de leurs autres enfants. Eux sont déjà en Angleterre. Lui entend les rejoindre.

    #Covid-19#migrant#migration#france#calais#loimigration#traversee#campement#traversee#manche#grandebretagne#sante#droit#asile#violence

  • Projet de loi immigration au Royaume-Uni : « Sortir de la Convention européenne des droits de l’homme serait une ineptie » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53880/projet-de-loi-immigration-au-royaumeuni--sortir-de-la-convention-europ

    Projet de loi immigration au Royaume-Uni : « Sortir de la Convention européenne des droits de l’homme serait une ineptie »
    Par Louis Chahuneau Publié le : 14/12/2023
    Après un premier rejet de la Cour suprême, le projet de loi controversé du gouvernement britannique pour expulser les migrants illégaux au Rwanda a été adopté mardi par la Chambre des Communes. L’aile droite du parti conservateur estime que Londres devrait se retirer de la Convention européenne des droits de l’Homme pour éviter les recours juridiques. Vincent Chetail, professeur de droit international et directeur du Centre des migrations globales à Genève, explique pourquoi cette proposition relève davantage de la posture politique que d’une solution.
    InfoMigrants : La Chambre des Communes britannique a adopté mardi le projet de loi permettant d’expulser au Rwanda les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni. Pour quelle raison la Cour suprême avait-elle rejeté le texte il y a un mois ?
    Vincent Chetail : La Cour suprême avait jugé que cette législation était incompatible avec le droit international, pour diverses raisons. La première raison, c’était qu’il y a un risque de refoulement illégal par le Rwanda vers le pays d’origine des réfugiés, ce qui reviendrait à une violation par le Royaume Uni de la Convention européenne des droits de l’homme, mais aussi de la convention de Genève sur les réfugiés, du Pacte international relatif aux droits civiques et politiques, et de la Convention contre la torture.
    Par ailleurs, sans préjuger de la bonne foi du Rwanda, la Cour suprême soulevait les difficultés de mettre en œuvre soudainement des procédures d’asile impartiales dans un pays qui n’a pas de procédure prévue à cet effet. Elle notait à cet égard la tendance des tribunaux rwandais à accorder une grande déférence à l’égard du pouvoir exécutif.
    IM : Depuis, le ministre de l’Intérieur anglais s’est rendu au Rwanda pour signer un nouveau traité plus conforme au droit international. Le texte est-il plus susceptible d’être adopté selon vous ?
    VC : Pour essayer d’éluder la condamnation de la Cour suprême, le gouvernement britannique a conclu un traité contraignant avec le Rwanda où il a abordé les deux points de violation évoqués plus haut. Avec ce nouveau texte, le Rwanda devra garder les migrants à l’intérieur de ses frontières même après le rejet de leur demande d’asile, une manière de contourner l’interdiction de la Cour suprême.La compatibilité de ce traité avec le droit international n’en reste pas moins douteuse. La Chambre des Lords va probablement modifier le texte, et celui-ci devrait faire l’objet de nombreux recours devant les tribunaux anglais et le cas échéant la Cour européenne.
    IM : L’aile droite du parti conservateur estime que Londres devrait carrément se retirer de la Convention européenne des droits de l’Homme pour empêcher tous les recours légaux d’aboutir. Qu’est-ce qu’une telle décision impliquerait pour le Royaume-Uni ?
    VC : Cette menace est régulièrement agitée par la droite populiste européenne. L’ancien Premier ministre britannique James Cameron avait déjà soulevé l’idée en 2014. Sortir de la Convention européenne des droits de l’homme serait une ineptie totale. Cela n’impliquerait pas seulement la procédure prévue par le traité, mais surtout des modifications très importantes dans le droit britannique, notamment le Human Rights Act.Le coût politique sera également important puisqu’il faudrait que le Royaume-Uni se retire du Conseil de l’Europe, ce qui le ferait de facto figurer aux côtés de la Russie parmi les États européens non membres du Conseil de l’Europe. Enfin, les principales victimes d’un tel retrait seraient les citoyens britanniques eux-mêmes, car il ne faut pas oublier que la Convention européenne des droits de l’homme protège d’abord et avant tout les ressortissants nationaux. L’autre aspect, moins connu, c’est que l’Accord du Vendredi saint (1998), qui a mis fin à 30 ans de guerre civile en Irlande du nord, repose en grande partie sur la Convention européenne des droits de l’Homme. S’en retirer aurait donc des conséquences politiques et juridiques très importantes, bien au-delà de la question migratoire.
    IM : Au-delà de la Grande Bretagne, l’Italie a signé en novembre un accord avec l’Albanie pour y externaliser une partie de ses procédures d’asile. Ces accords risquent-ils de se multiplier ?
    VC : Le spectre de l’externalisation est souvent agité par les gouvernements populistes, mais en 20 ans, cela n’a jamais abouti car il y a beaucoup de difficultés juridiques. Les gouvernements qui tentent de promouvoir ce type d’arrangements le font surtout à des fins électoralistes. Le protocole conclu entre l’Italie et l’Albanie, par exemple, est contraire au droit européen. Et il met en fâcheuse posture l’Union européenne qui est censée adopter le Pacte européen sur la migration avant les prochaines élections européennes (juin 2024).

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#rwanda#accordmigratoire#droit#asile#externalisation#CEDH#italie#albanie#UE

  • En Albanie, la Cour constitutionnelle suspend l’accord avec l’Italie sur l’externalisation des demandes d’asile - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53894/en-albanie-la-cour-constitutionnelle-suspend-laccord-avec-litalie-sur-

    En Albanie, la Cour constitutionnelle suspend l’accord avec l’Italie sur l’externalisation des demandes d’asile
    Par La rédaction Publié le : 14/12/2023
    La Cour constitutionnelle de Tirana a annoncé mercredi la suspension des procédures parlementaires, censées valider l’accord avec Rome sur l’externalisation des demandeurs d’asile. La Haute Cour estime que le texte viole la Constitution albanaise et les conventions internationales, une circonstance qui nécessite l’arrêt de la ratification parlementaire jusqu’au prochain verdict de la Cour.
    Premier revers pour l’accord entre l’Albanie et l’Italie. La Cour constitutionnelle de Tirana a annoncé mercredi 13 décembre la suspension des procédures parlementaires, qui doivent valider le texte, initialement prévu ce jeudi.
    Le partenariat entre ces deux pays, signé le 6 novembre par la Première ministre italienne Giorgia Meloni et son homologue albanais Edi Rama, prévoit d’envoyer une partie des demandeurs d’asile secourus en Méditerranée centrale dans ce pays, non membre de l’Union européenne (UE). Au total, 30 000 personnes seront envoyées en Albanie sur une période d’un an. Le 6 décembre, le Conseil des ministres italiens avait approuvé cet accord, ouvrant la voie à la construction de deux centres en Albanie, pour accueillir les demandeurs d’asile et y examiner leurs dossiers. Mais la Haute Cour albanaise a mis un coup d’arrêt au projet. La justice a accepté deux appels, déposés séparément par le Parti démocratique albanais et 28 autres députés alignés aux côtés de l’ancien Premier ministre de centre-droit Sali Berisha, qui suspend automatiquement le texte.
    Les conclusions de la Cour affirment que l’accord viole la Constitution albanaise et les conventions internationales signées par Tirana, une circonstance qui nécessite l’arrêt de la ratification parlementaire jusqu’au prochain verdict de la Cour.Le tribunal doit se prononcer dans les trois mois suivant le dépôt du recours, soit le 6 mars 2024. Sa première séance plénière est attendue le 18 janvier.
    Mercredi, le ministre albanais de l’Intérieur, Taulant Balla, avait défendu son partenariat, estimant qu’il avait « le droit de négocier de tels accords au nom de la République d’Albanie », ajoutant que celui-ci était « entièrement conforme à la constitution ». Le ministre a également répondu aux opposants du projet en affirmant que « nous ne vendons pas un morceau de terre albanaise » à l’Italie. « Nous offrons cette terre à l’Italie comme nous le faisons habituellement, par exemple lorsque nous installons une ambassade », a insisté Taulant Balla. La juridiction à l’intérieur du camp sera italienne, mais la terre restera albanaise, a-t-il assuré. L’Italie prendra en charge les coûts du projet, ainsi que les dépenses supplémentaires engagées par la police albanaise pour assurer la sécurité en dehors du périmètre du camp. En Italie aussi, cet accord est vivement critiqué. Lors de l’annonce du texte début novembre, le député et secrétaire du parti d’opposition Più Europa, Riccardo Magi, avait déclaré : « On crée une sorte de Guantanamo italien, en dehors de toute norme internationale, en dehors de l’UE, sans la possibilité de contrôler la détention des personnes enfermées dans ces centres ». L’ONG Amnesty international évoquait de son côté un partenariat « illégal et irréalisable ». « Il s’agit d’un accord de refoulement, une pratique interdite par les normes européennes et internationales et pour laquelle l’Italie a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme », avait déploré Elisa de Pieri d’Amnesty international. Du côté de la Commission européenne, en revanche, on se félicite d’un tel accord, jugé conforme aux obligations de l’UE. Dans une lettre adressée aux États membres, la présidente Ursula von der Leyen estime qu’il « s’agit d’un exemple de réflexion originale, basée sur un partage équitable des responsabilités avec les pays tiers ».

    #Covid-19#migrant#migration#italie#albanie#accordmigratoire#asile#externalisation#refoulement#droit#sante#UE

  • Au Royaume-Uni, Rishi Sunak surmonte de peu une rébellion interne sur l’immigration
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/13/au-royaume-uni-rishi-sunak-surmonte-de-peu-une-rebellion-interne-sur-l-immig

    Au Royaume-Uni, Rishi Sunak surmonte de peu une rébellion interne sur l’immigration
    Par Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante)
    Publié aujourd’hui à 10h30
    Comme en France, le débat sur l’immigration déstabilise le gouvernement britannique. Rishi Sunak dispose certes d’une majorité importante à Westminster, mais son parti conservateur étale ses divisions sur la politique d’envoi des demandeurs d’asile au Rwanda, clé de voûte de la stratégie de Downing Street pour stopper les traversées de la Manche en « small boats ». Mardi 12 décembre, à l’issue d’une journée d’intenses tractations, le premier ministre a réussi à imposer un projet de loi Safety of Rwanda (« sûreté du Rwanda ») en deuxième lecture à la Chambre des communes, avec une majorité de 44 voix, malgré l’abstention d’une part significative de ses troupes : plus d’une trentaine de conservateurs n’ont pas voté. Rishi Sunak est cependant loin d’avoir gagné la bataille. La droite des tories a promis de revenir à la charge lors de la troisième lecture du texte, après les fêtes de fin d’année. L’autorité du dirigeant n’a pas été prise en défaut, mais elle reste fragile. Tensions, complots, comptes d’apothicaire : ces derniers jours, le Parlement britannique avait un petit air de 2018 ou 2019, quand les députés tories se déchiraient sur le Brexit, n’arrivant pas à s’entendre sur l’accord de divorce négocié entre Theresa May et Bruxelles.
    A l’époque, un club de rebelles eurosceptiques, l’European Research Group, avait pris un tel ascendant aux Communes qu’il avait fini par faire tomber la dirigeante et réussi à imposer les termes d’un Brexit dur, impliquant la sortie du marché intérieur européen. L’European Research Group a perdu de sa puissance, mais un de ses responsables, le très brexiter Mark Francois, est toujours aussi radical. Et d’autres factions à la droite des conservateurs sont apparues dans l’intervalle, le Common Sense Group, New Le Safety of Rwanda Bill décrète que ce pays de l’Afrique e l’Est est « sûr » pour les demandeurs d’asile. Il a été rédigé en urgence à Downing Street pour tenter de contourner une décision de la Cour suprême, en date du 15 novembre, selon laquelle l’accord de reconduite au Rwanda des demandeurs d’asile arrivés au Royaume-Uni en small boats est illégal. Les juges ont considéré, à l’unanimité, que cet accord présentait un risque significatif de refoulement vers le pays d’origine des demandeurs depuis le Rwanda, le système judiciaire de ce dernier ne présentant pas de garanties suffisantes concernant leurs droits.
    Amorcé par le gouvernement de Boris Johnson, signé en 2022 entre Londres et Kigali, l’accord « Rwanda » est très controversé – il a été qualifié d’« inhumain » par Justin Welby, le primat de l’Eglise d’Angleterre –, et il n’a encore jamais été appliqué, à cause de multiples recours en justice. Mais Rishi Sunak s’est mis dans une situation compliquée en le plaçant au cœur de sa stratégie pour limiter la migration illégale : l’accord est censé avoir un effet dissuasif sur les candidats à la traversée de la Manche.
    Les modérés (une centaine d’élus) ont certes soutenu le projet de loi mardi, mais ils voient d’un mauvais œil qu’il contredise la décision de la Cour suprême et apprécient peu que le ministre de l’intérieur, James Cleverly, se soit montré incapable, en préambule du texte, de confirmer sa compatibilité avec la Convention européenne des droits de l’homme. A l’inverse, les rebelles, qui prônent un abandon de cette convention (dont le Royaume-Uni est signataire), estiment que le texte ne va pas assez loin, en n’excluant pas les recours individuels de demandeurs d’asile contre leur reconduite au Rwanda sur la base de motifs personnels, comme leur santé par exemple.
    M. Sunak a enchaîné les réunions avec ses élus rétifs mardi, pour tenter de les dissuader de lui infliger une défaite qui aurait pu être considérée comme un vote de défiance. L’inquiétude était telle à Downing Street que le dirigeant a rappelé en urgence de Dubaï son secrétaire d’Etat au climat, Graham Stuart, pour s’assurer qu’aucun vote de soutien ne manquerait à l’appel. Ce dernier représentait pourtant le Royaume-Uni aux négociations finales de la COP28. Si le danger immédiat est passé, les rebelles ont prévenu qu’ils réclameraient des amendements substantiels en troisième lecture aux Communes, à partir de janvier 2024. La poursuite du cheminement législatif du texte risque donc d’entretenir les divisions au sein du parti majoritaire, alors même que l’accord Rwanda ne concernera probablement – s’il est jamais mis en œuvre – que quelques centaines de demandeurs d’asile, au vu des capacités d’accueil du pays africain. Son effet dissuasif n’a par ailleurs pas été démontré, et son coût s’avère déjà prohibitif : 400 millions de livres sterling (465 millions d’euros) ont été promis par Londres à Kigali, alors qu’aucun demandeur d’asile n’y a encore été envoyé. Keir Starmer, le chef de file du Labour, à qui tous les sondages promettent la victoire lors des prochaines élections générales, courant 2024, a promis de se débarrasser de l’accord rwandais s’il entre à Downing Street. L’annonce tragique, mardi, un peu avant les votes à Westminster, de la mort d’un demandeur d’asile hébergé sur une barge controversée, installée dans le Dorset, a souligné la dureté du traitement des personnes venues chercher protection au Royaume-Uni. Les circonstances du drame n’étaient pas connues mardi soir, mais la BBC a rapporté qu’il s’agissait d’un suicide, et le Home Office a ouvert une enquête.

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#rwanda#demandeurdasile#accordmigratoire#sante

  • Des millions de Russes sommés de confier leur passeport aux autorités
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/12/des-millions-de-russes-sommes-de-confier-leur-passeport-aux-autorites_620541

    Des millions de Russes sommés de confier leur passeport aux autorités
    Par Benoît Vitkine (Moscou, correspondant)
    Depuis lundi 11 décembre, des millions de Russes dont la sortie du territoire est déjà soumise à des restrictions ont obligation de confier d’eux-mêmes leur passeport aux autorités, qui se chargent de la « conservation » du document. Les personnes concernées par cette ordonnance, adoptée le 22 novembre, ont désormais cinq jours pour se conformer à cette injonction, même si aucune responsabilité pénale n’est prévue pour ceux qui ne le feraient pas.
    Depuis 2014 et l’annexion de la Crimée, les mesures d’interdiction ou de limitation de sortie du territoire ont peu à peu été renforcées. Elles concernent différentes catégories de la population : les personnes poursuivies en justice ou condamnées ; celles ayant des dettes ou des amendes en souffrance ; les membres des services de sécurité ; ou bien encore les hauts fonctionnaires, qui doivent obtenir une autorisation spéciale et ont pour consigne d’éviter les « pays inamicaux »…
    Une mesure de contrôle supplémentaire leur est donc imposée, avec cette obligation de remettre leur passeport extérieur (par opposition au « passeport intérieur », qui fait office, depuis l’époque soviétique, de carte d’identité). Ceux qui ne s’y seront pas soumis pourront voir le document saisi lors d’une tentative de passer, malgré tout, une frontière. De quoi nourrir la crainte d’un pays qui se mure derrière ses frontières comme au temps de l’URSS.
    De nouvelles catégories sont aussi désormais concernées, comme les jeunes entre 18 et 30 ans ayant reçu une convocation pour le service militaire et les hommes convoqués au bureau de recrutement dans le cadre du décret de mobilisation « partielle » annoncée le 21 septembre 2022 et toujours en vigueur. Le fait de garder leur passeport pourrait se révéler utile en cas de nouvelle vague de mobilisation massive, afin de les empêcher de partir, y compris ceux appelés pour de simples « vérifications ». La menace est d’autant plus vive que la législation considère désormais une convocation comme étant remise à partir du moment où elle a été envoyée, sous forme écrite ou électronique, et non plus à réception.
    Le nombre total des « privés » de passeport est difficile à évaluer, une partie étant secrète, mais il se compte bien en millions. Les membres des forces de sécurité seraient environ cinq millions. En revanche, le nombre des personnes interdites de sortie pour des dettes ou des amendes non payées est public et s’élève à sept millions.
    Les organismes habilités à « conserver » les passeports remis (dans des conditions qui ne sont pas précisées) sont le ministère de l’intérieur, les services de sécurité (FSB), le ministère des affaires étrangères et ses représentations à l’étranger. En vertu d’une autre loi adoptée en mai, les mêmes structures ont aussi le droit de confisquer un passeport si celui-ci est jugé non valable par un agent, par exemple si les données personnelles inscrites ont changé ou si une page est détériorée – mais aussi si le document se révèle « impropre à une utilisation ultérieure », formule particulièrement floue.
    Ces différents changements sont scrutés avec une inquiétude particulière par les Russes vivant à l’étranger, dont le nombre a explosé depuis l’invasion de l’Ukraine, mais aussi depuis la mobilisation et l’intensification des répressions qui en ont résulté contre les antiguerre. Ceux-ci peuvent ainsi se voir sommés de remettre leur passeport au consulat du pays dans lequel ils résident et se retrouver sans document. Certains ont déjà signalé des difficultés à obtenir le renouvellement de leurs papiers d’identité expirés. Tel est le cas, par exemple, de l’ancien député et opposant en exil à Chypre Dmitri Goudkov, qui ne peut obtenir de nouveau passeport depuis dix mois.
    Un père de famille installé en France raconte au Monde avoir demandé le renouvellement du passeport de ses deux enfants – une fille et un garçon en âge d’être appelé par l’armée. Si celui de la jeune fille a été remis par le consulat dans les délais prévus, celui de son fils a été retenu pendant plusieurs mois, ce que le père interprète comme une tentative de forcer le jeune homme à rentrer en Russie. La crainte est celle d’une évolution selon le modèle biélorusse. Depuis le 4 septembre, Minsk a très officiellement indiqué que ses consulats et représentations à l’étranger ne remettraient plus de passeports ou autres documents administratifs aux Biélorusses vivant à l’étranger (notamment ceux permettant de mener des opérations immobilières), laissant des centaines de milliers d’entre eux face à un dilemme impossible : vivre à l’étranger quasiment comme des apatrides, ou revenir dans le pays affronter de possibles persécutions

    #Covid-19#migrant#migration#russie#passeport#sortiedeterritoire#ressortissantaletranger#guerre

  • Mohamed Habib Diallo, ambassadeur du Sénégal au Qatar : « Il n’y a pas de clandestins ici, les deux pays discutent sur… »
    https://www.dakaractu.com/Mohamed-Habib-Diallo-ambassadeur-du-Senegal-au-Qatar-Il-n-y-a-pas-de-clan

    Mohamed Habib Diallo, ambassadeur du Sénégal au Qatar : « Il n’y a pas de clandestins ici, les deux pays discutent sur… »
    L’ambassadeur du Sénégal au Qatar a révélé que les deux pays discutent pour faciliter l’arrivée de travailleurs sénégalais au Qatar. Les Sénégalais comptent au total 260 compatriotes. Un nombre infime par rapport aux autres pays Africains qui se comptent par milliers. Ainsi, l’offre d’emploi étant grande, les deux pays sont en train de trouver des subterfuges pour augmenter le nombre de Sénégalais au Qatar. « Le ministre du travail Qatari s’attèle pour faciliter l’arrivée de compatriotes Sénégalais car l’offre de l’emploi existe. Beaucoup de pays limitrophes sont bien représentés. Les 260 sénégalais sont infimes et la plupart sont soit des étudiants, des sportifs ou des professionnels », souligne Mohamed Habib Diallo.
    L’ambassadeur souligne que les difficultés que rencontrent les sénégalais sont relatives à leur intégration, la barrière linguistique et le coût élevé du billet d’avion…

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#qatar#travailleurmigrant#etudiant#economie#emploi

  • Des femmes enceintes et des mères avec des nouveau-nés sans hébergement d’urgence
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/12/des-femmes-enceintes-et-des-meres-avec-des-nouveau-nes-sans-hebergement-d-ur

    Des femmes enceintes et des mères avec des nouveau-nés sans hébergement d’urgence
    Par Claire Ané et Minh Dréan
    Les équipes parisiennes du numéro d’urgence 115, maintes et maintes fois appelées, n’ont pas été en mesure de lui proposer un nouveau toit. Elle a dormi jusqu’à l’accouchement, sur le canapé d’une dame rencontrée dans le salon de coiffure afro où elle travaillait. Elle explique que, sitôt l’enfant née, à l’hôpital Lariboisière, elle appelait « tout le temps, de 6 heures le matin jusqu’à tard le soir. » Il lui a fallu deux jours pour réussir à joindre un écoutant de ce service débordé. Sept jours après la naissance, elle a dû sortir de la maternité, sans solution d’hébergement.
    Si elle avait accouché il y a un an, elle n’aurait quitté l’hôpital qu’une fois obtenue une chambre en centre ou en hôtel, où, en vertu du droit à la continuité de l’hébergement d’urgence, elle aurait pu rester aussi longtemps que nécessaire. Mais la situation s’est dégradée. Après avoir atteint un nombre record de 205 000 places d’hébergement d’urgence durant l’hiver 2022-2023, et consommé l’essentiel des crédits prévus pour l’année 2023, le gouvernement a décidé de réduire la voilure, bien que le besoin n’ait pas faibli.
    En Ile-de-France, fin juin, la Préfecture a annoncé aux associations gérant ces places qu’il fallait en fermer 3 000. Pour Paris, la perte, bien que limitée à 200 ou 300 places, a conduit à revoir des critères déjà drastiques. « Depuis septembre, nous n’arrivons même plus à répondre à toutes les personnes en priorité 1, dont font partie les femmes enceintes de plus de sept mois et les familles avec des bébés de moins de 3 mois. C’est inédit et [cela] montre une défaillance du système », reconnaît la directrice générale du Samusocial de la capitale, Vanessa Benoît. La situation est encore plus compliquée en Seine-Saint-Denis, où l’Etat a souhaité supprimer 2 000 places. « On a obtenu de fermer des places progressivement, sans remises à la rue, afin de respecter la continuité de l’hébergement prévue dans la loi. Mais presque plus personne ne peut entrer dans le dispositif », déplore le directeur adjoint de l’association Interlogement93, Maxence Delaporte. Lors du dernier décompte, le 5 décembre, 700 personnes sont restées à la rue bien qu’elles aient réussi à joindre le 115. Parmi elles, 51 étaient des femmes enceintes et 95 étaient des enfants de moins de 3 ans.
    (...)« C’est une catastrophe !, s’indigne Julia Lucas, assistante sociale de Solipam, un réseau qui suit des femmes en grande précarité durant leur grossesse et jusqu’aux 3 mois de l’enfant. En 2022, on avait 37 % de femmes à la rue à l’entrée dans notre dispositif. En 2023, c’est 60 % ! Et malgré nos efforts, en novembre, un tiers étaient toujours ou à nouveau à la rue au moment de sortir de notre dispositif. » Quand accueil il y a, la discontinuité prime : une jeune mère a eu 25 hébergements différents en quelques mois, situés dans six départements, et connu 18 retours à la rue, où elle se trouve encore. L’avocat Samy Djemaoun, qui multiplie depuis décembre 2022 les actions en justice pour faire respecter le droit à l’hébergement d’urgence, se souvient d’avoir déposé coup sur coup, fin octobre, des recours pour trois familles avec des nouveau-nés de moins de 18 jours, auxquelles le 115 n’avait pas pu proposer de solution. Il a défendu plusieurs autres cas similaires depuis. « Il y a encore trois mois, de tels recours permettaient d’obtenir, souvent avant l’audience, une place d’hébergement d’urgence durable. Désormais, même pour des femmes qui ont accouché récemment, j’obtiens surtout des orientations en sas d’accueil temporaire régional, loin de Paris, avec seulement trois semaines d’hébergement garanties », explique-t-il.
    Cette saturation de l’hébergement d’urgence rejaillit sur les hôpitaux. L’Agence régionale de la santé d’Ile-de-France observe une « augmentation forte depuis quelques semaines » des femmes qui restent à la maternité non par nécessité de soins, mais faute d’autre solution : elle a décompté jusqu’à 50 « bed blockers » (« bloqueuses de lit ») en simultané, au lieu de 20 ou 30 habituellement, sur 27 maternités recensées. L’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), est en première ligne. Ses sages-femmes, qui refusent de mettre dehors ces mères en détresse, ont envoyé, le 30 octobre, un courrier d’alerte. Le département de Seine-Saint-Denis a rouvert une centaine de places, mais seulement 6 jeunes mères ont pu quitter la maternité. Treize y restent bloquées. Avec des effets délétères. « On passe des heures à essayer de transférer vers d’autres hôpitaux des femmes qui devaient accoucher chez nous, ou qui viennent d’accoucher. Il faut laisser des mamans dans les couloirs ou dans des salles inadaptées, avec une douche pour 10 accouchées », s’alarme la sage-femme Edith Rain, qui n’a jamais connu une telle situation en 28 années passées dans cet hôpital.La chute du nombre d’accouchements pratiqués au sein de la maternité a pour effet de diminuer ses financements. Mais plus que ce coût financier, c’est le coût humain, immense, qui inquiète.(...) Pour les femmes laissées ou remises à la rue, le quotidien est plus difficile encore. Parfois, elles reçoivent, tard le soir, une proposition d’hébergement.
    Souvent, il y a la fatigue et l’angoisse des nuits passées à marcher, ou à essayer de dormir dans des bus de nuit, des gares, des halls d’hôpital, des parcs, des squats, ou chez des inconnus. Les vols et les agressions sont fréquents. « Une dame enceinte de 7 mois me confiait avoir dû accepter de coucher avec l’homme qui l’hébergeait. Et ces “services sexuels” ne sont pas rares », raconte une psychologue souhaitant rester anonyme et rattachée à « l’une des quelques maternités parisiennes qui acceptent d’accueillir les patientes à la rue ». « Ces femmes sont des guerrières », dit admirative Nora Zedek. Non sans souffrances, complète Maryse Rossi : « Elles ont plus de pathologies, plus de risques de développer un diabète gestationnel, car elles ne mangent pas tous les jours, plus de risques d’accoucher prématurément, plus de risques d’avoir une césarienne. Et plus de risques que leur situation santé mentale se dégrade. »Leurs nouveau-nés aussi paient le prix fort. « La mortalité infantile est plus élevée, on a beaucoup de bébés de petit poids, ils sont aussi plus exposés aux bronchiolites. Certains sont épuisés, d’autres ne sourient pas. Leurs parents, accaparés par la survie, n’ont pas les ressources pour se mettre au rythme de l’enfant, le stimuler », énumère Mme Rossi. L’un des bébés restés plusieurs mois à l’hôpital Delafontaine y a attrapé une grave maladie nosocomiale.Quel est l’horizon ? Le ministre du logement, Patrice Vergriete, a annoncé, le 7 novembre, la création de 500 postes dans les services sociaux d’urgence, et le versement de primes à ceux qui y travaillent. « Ces postes sont indispensables pour mieux répondre à ceux qui appellent le 115, pour évaluer les situations et travailler l’accès au logement – à condition qu’il y ait plus de logement social », selon Vanessa Benoît, du Samusocial de Paris. Celui-ci a vu son plafond de nuitées hôtelières rehaussé de 400 places mi-novembre, pour atteindre 17 100, mais ses équipes ne parviennent pas à trouver d’hôteliers volontaires.
    Le ministre déclare au Monde envisager la création d’une mission parlementaire pour mieux connaître la situation des personnes en hébergement d’urgence. Mais il ne prévoit pas d’augmenter le nombre total de places, bien que les sénateurs aient voté en faveur d’une rallonge de 6 000 places pour 2024. « Si rien n’est fait, la maternité de Delafontaine va mourir, car elle n’aura plus de sages-femmes acceptant d’y travailler vu la situation dégradée », prévient Edith Rain. « On n’est même plus capables d’héberger ceux qui sont les plus fragiles. Et il ne faut pas oublier tous les autres publics qu’on laisse à la rue », déplore Maxence Delaporte qui ajoute « craindre des drames pour cet hiver ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#hebergement#urgence#sante#santementale#femme#maternite

  • Projet de loi « immigration » : à la suite du rejet à l’Assemblée, la commission mixte paritaire se réunira lundi
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/13/projet-de-loi-immigration-la-commission-mixte-paritaire-reunie-probablement-

    Projet de loi « immigration » : à la suite du rejet à l’Assemblée, la commission mixte paritaire se réunira lundi
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 08h47, modifié à 13h07
    Le président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, Sacha Houlié, a annoncé mercredi 13 décembre que la commission mixte paritaire (CMP) entre députés et sénateurs se réunira le 18 décembre, à 17 heures, pour dégager un compromis sur le projet de loi du gouvernement relatif à l’immigration. « Avec le président de la commission des lois du Sénat, nous venons de décider de convoquer la CMP (…) le lundi 18 décembre à 17 heures », a écrit le député de la Vienne (Renaissance) sur X.
    « Cette commission se met au travail informellement dès aujourd’hui » afin de « préparer » les débats, avait assuré plus tôt dans la journée la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, en disant espérer, si ces derniers sont « conclusifs », un vote de la loi « avant Noël ». L’élue des Yvelines avait rappelé sur France 2 qu’« aujourd’hui personne n’a la majorité » dans la future CMP, composée de sept députés et sept sénateurs : ni le camp présidentiel, qui détient la majorité relative à l’Assemblée, ni la droite majoritaire au Sénat. Il faut que « chacun fasse un pas vers l’autre » et « sortir des postures », a affirmé la présidente de l’Assemblée nationale, en résumant : « Il faut trouver un compromis. »De son côté, la première ministre, Elisabeth Borne, devait recevoir à Matignon, mercredi à 11 h 30, les dirigeants des Républicains (LR) pour tenter de trouver un accord, a appris l’Agence France-Presse de plusieurs sources parlementaires. La cheffe du gouvernement, qui était accompagnée du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, devait échanger avec Eric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau, respectivement président du parti, chef de file des députés et chef de file des sénateurs de LR.
    Le projet de loi relatif à l’immigration a été rejeté lundi par l’Assemblée nationale avant même d’être débattu, laissant l’exécutif dans une situation de crise inédite. Dès mardi, Emmanuel Macron avait confirmé la poursuite du chemin législatif du projet de loi, l’un des plus importants de son deuxième mandat, écartant toute dissolution ou utilisation du 49.3 en dépit du feu nourri des oppositions. Le président de la République a dénoncé en conseil des ministres le « cynisme » et « le jeu du pire » des oppositions qui veulent « bloquer le pays ». Signe du séisme, le chef de l’Etat a convoqué dans la soirée de mardi un dîner à l’Elysée auquel ont pris part une demi-douzaine de ministres parmi les plus politiques, sa cheffe du gouvernement et des cadres de la majorité, dont les rapporteurs du texte sur l’immigration.
    Le président « souhaite un dialogue constructif mais sincère en CMP pour bâtir un compromis si possible », a résumé un participant. Et si cette CMP échouait, le texte serait donc abandonné, sans nouvelle lecture à l’Assemblée ou au Sénat, après un an et demi de revirements, tractations et péripéties.Sans préciser alors la date de la réunion de la CMP, Emmanuel Macron a souhaité que cela se fasse « dans les meilleurs délais », a affirmé un autre convive du dîner, qui a duré plus de trois heures. Quant à la dissolution, le président a blâmé ceux « autour de la table qui imaginent une dissolution, alors qu’il n’y a même pas lieu de tirer de conclusion générale de cette séquence », affirme un des participants.

    #Covid-19#migrant#migration#france#loimigration#immigration#debatparlementaire#politiquemigratoire

  • La France augmente d’un tiers sa contribution à l’agence de l’ONU pour les réfugiés
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/13/la-france-augmente-d-un-tiers-sa-contribution-a-l-agence-de-l-onu-pour-les-r

    La France augmente d’un tiers sa contribution à l’agence de l’ONU pour les réfugiés
    Le Monde avec AFP
    La France va augmenter d’un tiers cette année sa contribution au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour la porter à 120 millions d’euros, a rapporté la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, à Genève. La France « s’efforcera de la maintenir à ce niveau en 2024 », a-t-elle déclaré à l’ouverture du Forum de l’ONU sur les réfugiés, que la France coparraine avec la Colombie, le Japon, la Jordanie et l’Ouganda. « La France continuera donc à soutenir le HCR, et elle a décidé de tripler, en trois ans, sa contribution financière, comme elle s’y était engagée », a insisté la ministre française.En 2022, cette contribution était de 91,6 millions d’euros, et d’environ 30 millions d’euros il y a trois ans, selon des chiffres du ministère. A l’ouverture du forum, le haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, avait rappelé que son agence avait encore besoin de 400 millions de dollars (371 millions d’euros) d’ici la fin de l’année.
    (...) Alors que les crises et les conflits se multiplient, plus de 114 millions de personnes étaient déplacées à la fin septembre dans le monde, un nombre record, selon le HCR. La population mondiale de réfugiés a doublé au cours des sept dernières années, atteignant 36,4 millions de personnes à la mi-2023, un autre record. Cela représente une augmentation de 3 % par rapport à la fin de 2022.
    « Alors que s’achève la COP28 avec un consensus appelant à une sortie des énergies fossiles, afin de permettre d’arriver au “net zéro” en 2050 comme c’est indispensable – ambition qu’il va maintenant falloir concrétiser –, je tiens aussi à rappeler que le dérèglement climatique a des conséquences très lourdes sur les mouvements migratoires », a développé Mme Colonna.
    Elle a par ailleurs appelé la communauté internationale « à lutter résolument contre les réseaux criminels » et « à nous mobiliser davantage collectivement pour éliminer la traite des êtres humains par des poursuites judiciaires, par des sanctions sévères et par le tarissement des financements de ces trafics ». La ministre a également appelé à « soutenir les pays limitrophes des zones de conflit armé, qui sont les premiers pays d’accueil ». Et « nous devons contribuer à alléger la pression qui s’exerce sur les pays d’accueil », a-t-elle dit. La ministre française a expliqué que la France « accueille 3 000 réfugiés par an dans le cadre du programme de réinstallation du HCR, et [qu’]elle maintiendra cet engagement en 2024 et 2025 ». Le programme de réinstallation du HCR permet aux réfugiés ayant trouvé refuge dans un premier pays de s’installer dans un autre pays qui a accepté de leur assurer une protection internationale et, à terme, une résidence permanente.
    Catherine Colonna a également annoncé que la France « s’engage à réinstaller en France [par le biais du] dispositif “Femmes en danger” des femmes réfugiées isolées et particulièrement vulnérables, notamment les victimes de violences, d’exploitation ou de traite des êtres humains ».

    #Covid-19#migrant#migration# france#HCR#refugie#traite#femme#crise#conflit

  • Chypre : 33 migrants arrêtés à Nicosie pour « situation irrégulière », bientôt expulsés - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53803/chypre--33-migrants-arretes-a-nicosie-pour-situation-irreguliere-bient

    Chypre : 33 migrants arrêtés à Nicosie pour « situation irrégulière », bientôt expulsés
    Par La rédaction Publié le : 11/12/2023
    Tour de vis à Chypre. Dimanche, 33 migrants en situation irrégulière ont été arrêtés par la police à Nicosie. Des procédures pour expulser ces personnes sont déjà en cours, a précisé la police.D’après le Cyprus Mail, la police affirme travailler en étroite collaboration avec le service des Migrations - entité en charge de la gestion des exilés sur l’île - pour « maximiser le nombre de retours ».Ces dernières semaines, de nombreuses opérations similaires ont été conduites sur le territoire. Entre le 3 et le 10 décembre, 207 migrants, également en « situation irrégulière » ont été rapatriés dans leur pays d’origine, soit via un programme de retour volontaire, soit dans le cadre d’un processus d’expulsion. Le 24 novembre, trois avions avec 42 exilés à bord ont décollé de l’aéroport de Larnaca, en direction des différents pays d’origine des passagers, qui n’ont pas été précisés. Au moment de leur arrestation, ces migrants étaient installés à Paphos, dans le sud-est de l’île, où résident de nombreux demandeurs d’asile.Depuis le début de l’année, 9 075 personnes ont été rapatriés, volontairement ou contre leur volonté, dans leur pays d’origine, contre 7 500 en 2022, indique un communiqué de la police.Pour de nombreux candidats à l’exil, Chypre constitue une des portes d’entrée de l’Union européenne. Sur cette île de la Méditerranée, les demandeurs d’asile représentent 5% des 915 000 habitants de la République de Chypre située au sud du territoire – la partie nord étant sous administration turque depuis 1974.
    Le statut de demandeur d’asile octroie à ces exilés le droit de résider légalement sur l’île. Mais le refus des autorités, prononcé parfois plusieurs années après le dépôt du dossier, les plonge alors dans l’illégalité. Malgré les possibilités de recours devant la justice, depuis novembre 2020, un arrêté d’expulsion est en effet automatiquement prononcé lors d’un rejet de la demande d’asile.
    Et à Chypre, les refus sont considérables : en 2022, le taux de rejet s’élevait à 93% pour 22 182 demandes, d’après un rapport du Cyprus Refugee Council publié en avril 2023. Dans le détail, aucun demandeur d’asile originaire du Népal et de l’Inde n’ont par exemple obtenu l’asile cette année-là. Le taux de rejet appliqué pour ressortissants du Bangladesh et du Pakistan s’élève, lui, à 99%. Et le Nigéria, la République démocratique du Congo (RDC) et le Cameroun, respectivement à 98, 97 et 89%.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#chypre#expulsion#programmevolntaireretour#politiquemigratoire#sante#routemigratoire#demandeurdasile

  • Tunis annonce 70 000 interceptions en mer, et reste accusée de renvois vers la Libye - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53791/tunis-annonce-70-000-interceptions-en-mer-et-reste-accusee-de-renvois-

    Tunis annonce 70 000 interceptions en mer, et reste accusée de renvois vers la Libye
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 11/12/2023
    Près de 70 000 migrants ont été arrêtés depuis le début de l’année par les forces tunisiennes alors qu’ils tentaient de traverser la Méditerranée. C’est plus du double par rapport à 2022. Dans le même temps, de nombreux exilés accusent ces militaires tunisiens de les envoyer dans le désert, aux frontières algérienne et libyenne, juste après leur interception en mer.Selon les autorités tunisiennes, près de 70 000 migrants ont été interceptés cette année alors qu’ils tentaient de traverser la Méditerranée depuis la Tunisie vers l’Italie. C’est plus du double par rapport à la même période l’année précédente. Plus précisément, 69 963 personnes ont été arrêtées dans leur tentative de traversée, contre 31 297 en 2022, selon des graphiques transmis à l’AFP par le porte-parole de la Garde nationale, Houssem Eddine Jebabli.
    Sur ce total, 77,5% (54 224) étaient des ressortissants d’Afrique subsaharienne, et le reste des Tunisiens (15 739), contre 59% de migrants étrangers en 2022 (18 363) et 12 961 Tunisiens.
    En 2023, l’essentiel des migrants (82%) ont été interceptés sur le littoral proche de Sfax, dans le centre du pays, distante d’à peine 150 km de l’île italienne de Lampedusa – contre 66% pour 2022, selon la Garde nationale.
    Mais que deviennent ces migrants une fois interceptés ? La polémique est là. Depuis le mois de septembre, InfoMigrants a recueilli plusieurs témoignages d’exilés subsahariens qui racontent avoir été immédiatement expulsés vers les frontières algérienne et libyenne après leur interception en mer au large de Sfax.
    Nouvelles expulsions aux frontières du pays Des déclarations que le porte-parole de la Garde nationale, contacté par InfoMigrants, nie en bloc. « Ces propos sont inacceptables. Il n’y a aucune opération d’expulsion. Il ne se passe rien à la frontière libyenne », a déclaré Houssem Eddine Jebabli. « Nous proposons uniquement des retours volontaires pour les migrants qui le souhaitent ». Et de préciser que Tunis lutte contre les trafics d’êtres humains. « En Tunisie, il y a des passeurs, comme dans tous les pays, et nous essayons de les arrêter ».Ces expulsions rappellent celles observées durant l’été lorsque des milliers de migrants avaient été arrêtés à Sfax puis abandonnés dans les zones frontalières de Libye et d’Algérie en plein désert. Des images de migrants subsahariens, à bout de force sous un soleil de plomb, avaient été largement diffusées sur les réseaux sociaux.
    Selon plusieurs sources humanitaires contactées récemment par l’AFP, « au moins 5 500 migrants ont été expulsés vers la frontière avec la Libye et plus de 3 000 vers celle avec l’Algérie depuis juin ».
    Plus de 100 exilés sont morts dans le désert tuniso-libyen pendant l’été, selon les sources humanitaires.Ces sources, à l’instar d’InfoMigrants, ont confirmé que les « expulsions collectives vers la Libye et l’Algérie continuent ». Les départs des migrants ont connu une accélération après un discours fin février du président tunisien Kaïs Saïed, dénonçant l’arrivée « de hordes de migrants clandestins » en provenance d’Afrique subsaharienne et imputant leur présence à un « plan criminel » visant à « changer la composition démographique » de son pays. Ces propos ont déclenché une violente campagne anti-migrants incitant plusieurs pays africains (Côte d’Ivoire et Guinée notamment) à rapatrier des milliers d’entre eux. Beaucoup d’autres ont pris la mer au péril de leur vie pour tenter de fuir vers l’Europe.
    Des experts des Nations unies avaient même appelé le gouvernement tunisien à stopper ces refoulements illégaux d’exilés subsahariens, une pratique illégale au regard du droit international. Dans le même communiqué du mois de juillet 2023, l’ONU exhortait par ailleurs le gouvernement tunisien à prendre des mesures immédiates « pour mettre fin aux discours de haine raciste dans le pays ».

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afriquesubsaharienne#expulsion#interception#routemiigratoire#italie#algerie#libye#frontiere#sante

  • Espagne : La communauté sénégalaise alerte sur des difficultés d’obtention de passeports
    https://www.dakaractu.com/Espagne-La-communaute-senegalaise-alerte-sur-des-difficultes-d-obtention-

    Espagne : La communauté sénégalaise alerte sur des difficultés d’obtention de passeports
    La communauté sénégalaise d’Espagne alerte sur des difficultés majeures pour l’obtention de passeports auprès du consulat général du Sénégal à Madrid. Selon une note transmise à la rédaction de Dakaractu, « cette situation a plongé la communauté dans une tourmente, menaçant la stabilité juridique et la vie quotidienne de nos compatriotes ». Notre source explique que « la pénurie de passeports crée une série d’obstacles, empêchant le renouvellement ou l’acquisition de la carte de séjour et met en danger le statut légal de nombreux Sénégalais en Espagne.
    De plus, l’absence de ce document vital constitue une complication quasi insurmontable pour les prestations sociales et la demande de nationalité espagnole, entre autres, privant ainsi la communauté sénégalaise d’opportunités essentielles d’intégration et de bien-être.
    Les nouveaux arrivants en Espagne dans les embarcations de fortune aussi porteurs d’espoir de nombreuses familles rencontrent également toutes les difficultés du monde pour obtenir un certificat de résidence, document essentiel dans le processus de régularisation de leur séjour », révèle le document, qui souligne que, « ce problème de passeport est encore plus préoccupant pour les nouveau-nés, qui se retrouvent dans une situation de vulnérabilité et sans protection juridique et sanitaire ».
    La note rappelle la promesse faite, il y’a quelques années sur la validité des passeports et l’installation d’un consulat à Barcelone. "Le département des Sénégalais de l’extérieur, par le biais de son secrétaire d’État de l’époque, avait annoncé avec enthousiasme que les passeports auraient une validité de dix ans. Cependant, cette promesse tant attendue tarde à se concrétiser, tout comme l’installation d’un consulat à Barcelone que le président Macky Sall avait annoncé en grande pompe, lors de sa première et dernière venue en Espagne en décembre 2015. Toutefois, « Malgré leurs promesses de mesures concrètes pour améliorer la vie des Sénégalais d’Espagne, nous constatons que ces engagements n’ont pas été suivis d’actions concrètes. Les attentes sont élevées, mais jusqu’à présent, les résultats sont en deçà des attentes, pour ne pas dire inexistants.
    Il est essentiel que le gouvernement sénégalais prenne des mesures immédiates pour remédier à cette situation et tenir ses engagements envers la communauté sénégalaise établie en Espagne », se désole notre source qui estime : « il est aussi primordial que le gouvernement sénégalais prenne des mesures concrètes pour résoudre ce problème, en garantissant un approvisionnement adéquat en talons de passeport et en améliorant le processus de délivrance des documents. Cela permettra de restaurer la stabilité et la confiance au sein de la communauté sénégalaise établie en Espagne ». Pour la communauté sénégalaise vivant en Espagne, "la situation exige une action urgente de la part du gouvernement sénégalais, afin de protéger les droits et le bien-être de nos compatriotes vivant au royaume de Don Felipe VI. Sous ce rapport, une solution rapide et efficace s’impose, conclut le document.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#senegal#diaspora#passeport#statutlegal#cartedesejour#sante#bienetre

  • En direct, le projet de loi « immigration » rejeté par les députés : Gérald Darmanin reçu à l’Elysée
    https://www.lemonde.fr/politique/live/2023/12/11/en-direct-le-projet-de-loi-immigration-rejete-par-les-deputes-gerald-darmani

    Live en cours
    En direct, le projet de loi « immigration » rejeté par les députés : Gérald Darmanin reçu à l’Elysée. L’Assemblée nationale a adopté par 270 voix contre 265 une motion de rejet préalable au projet de loi relatif à l’immigration. L’union opportune des voix de la gauche, de LR et du RN a permis d’infliger une lourde défaite politique au gouvernement.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loimigration#parlement#immigration#politiquemigratoire

  • Comment l’Europe a laissé Malte livrer en mer des migrants à une milice libyenne
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/12/11/comment-l-europe-a-laisse-malte-livrer-en-mer-des-migrants-a-une-milice-liby

    Le « Monde Afrique » a enquêté sur les activités de la vedette libyenne « Tareq-bin-Zeyad », qui a intercepté plusieurs embarcations en Méditerranée, dans la zone de recherche et de sauvetage européenne, avec l’appui de Frontex.
    (...) Pendant des mois, Le Monde Afrique et ses partenaires de la plateforme collaborative Lighthouse Reports, de la chaîne télévisée qatarie Al-Jazira, du bihebdomadaire Malta Today, du quotidien allemand Der Spiegel et du collectif de journalistes syriens SIRAJ ont enquêté sur le navire des hommes de Tareq Bin Zeyad et ont découvert qu’à plusieurs reprises les forces armées maltaises et l’agence européenne de garde-frontières Frontex ont livré à cette milice les coordonnées GPS de bateaux cherchant à rejoindre l’Europe. Des informations qui ont conduit à l’interception des migrants et à leur envoi forcé vers la Libye où ils sont victimes de mauvais traitements, en complète violation du droit international.
    Ces dernières années, Malte, qui se trouve sur l’une des principales routes migratoires entre l’Afrique du Nord et l’Europe, a plusieurs fois été épinglée par le Haut-Commissariat pour les réfugiés, l’Organisation internationale pour les migrations et des organisations de défense des droits humains à cause des méthodes qu’elle utilise pour éviter l’arrivée de migrants sur ses côtes. « Cette tactique comprend l’organisation de refoulements illégaux vers la Libye (…), plutôt que le sauvetage de personnes en détresse, et la détention illégale de centaines de personnes dans des ferries mal équipés au large des eaux maltaises », écrivait Amnesty International en 2020. Trois ans plus tard, le gouvernement de La Valette utilise toujours les mêmes procédés.
    (...) Le Monde Afrique et ses partenaires ont pu interroger six autres migrants qui ont été interceptés par les hommes de Tareq Bin Zeyad depuis mai, date à laquelle la milice a acquis son bateau. Tous racontent les violences, les humiliations, le racket dont ils sont victimes. (...) Ce calvaire n’aurait jamais dû avoir lieu, car, selon le droit international, ni Bassel ni aucun autre de ces migrants n’auraient dû être arrêtés par les Libyens, mais par les Maltais. Au moment où le chalutier de Bassel est intercepté par le Tareq-Bin-Zeyad, il est en effet dans la « zone de recherche et de sauvetage » (SAR) de l’île européenne. Ces zones, qui quadrillent toute la surface maritime mondiale, ont été définies par les Nations unies pour déterminer quels pays sont responsables des secours en mer.
    Ainsi, deux jours avant son arraisonnement par la milice libyenne, c’est bien l’Union européenne (UE) qui la première repère le chalutier surchargé d’occupants. Deux jours auparavant, un drone Heron 1 de Frontex le détecte au large des côtes de la Crète, comme le montrent les données de vol disponibles sur le site ADSB Exchange et des documents internes que Le Monde Afrique s’est procurés. Frontex assure avoir alors pris connaissance de la « gravité d’une telle situation » du fait du nombre anormalement élevé de passagers. Elle affirme avoir alerté « les centres de coordination de sauvetage grecs et maltais » et uniquement eux. Mais aucun n’a déclenché d’opération de secours. Comment le Tareq-Bin-Zeyad a-t-il repéré le chalutier ? Dans le cas du bateau de Bassel, aucune explication n’a été apportée, mais Le Monde Afrique et ses partenaires ont pu démontrer que, dans d’autres cas similaires, les autorités maritimes maltaises ont transmis des informations à la vedette libyenne, la poussant à intervenir au sein de la zone de recherche (SAR) maltaise.
    (...) Sous couvert d’anonymat, un haut fonctionnaire maltais est bien plus affirmatif. « Notre géographie nous amène à la périphérie de la gestion des migrations entre l’Europe et l’Afrique. Alors, nous collaborons avec les garde-côtes libyens », justifie-t-il. « Ce que nous entendons par collaboration, c’est que nous fournissons des moyens [de surveillance], des formations, de l’aide humanitaire. »
    Les autorités maltaises ne sont pas les seules à communiquer avec le Tareq-Bin-Zeyad. Dans la matinée du 26 juillet, un avion de surveillance de l’agence européenne Frontex, l’Osprey 3, repère une embarcation surchargée de personnes à 7 h 17 GMT et déclenche dans la foulée un « Mayday Relay », une procédure d’urgence pour alerter qu’un bateau est en détresse et transmettre ses coordonnées. L’Osprey 3 déclare qu’une embarcation « est loin du rivage, qu’il était surpeuplé et qu’il n’y avait aucun équipement de sauvetage visible » mettant « des vies en danger ». Deux porte-conteneurs se trouvent à proximité immédiate du bateau, mais aucun ne réagit. En revanche, le Tareq-Bin-Zeyad accuse réception du message. « Ces appels peuvent être captés par n’importe quel navire dans la zone, y compris les bateaux marchands, les ONG ou les autorités nationales. Dans ce cas, c’est un navire libyen, le Tariq-Bin-Zeyad, qui a accusé réception de l’appel radio », se défend l’agence, réfutant toute communication directe avec la vedette. Pour la juriste Nora Markard, Frontex « aurait donc dû veiller à ce que quelqu’un d’autre prenne en charge le sauvetage après l’appel de détresse – par exemple l’un des navires marchands, qui aurait de toute façon été beaucoup plus rapidement sur place ». Environ sept heures plus tard, aux alentours de 14 heures GMT, le Tareq-Bin-Zeyad arrive sur zone et intercepte l’embarcation.
    « Les dirigeants de Frontex savent que les personnes en Libye risquent d’être victimes de torture et d’autres traitements inhumains. Et si, comme dans ce cas, personne ne prend en charge le sauvetage ou la coordination, Frontex reste responsable, car ce que font les milices relève plus de l’enlèvement que du sauvetage », estime Nora Markard. Les actions de la brigade Tareq Bin Zeyad, ses « violences brutales et abus incessants » ainsi que ses « crimes relevant du droit international et autres graves atteintes à la vie humaine », ont été vivement dénoncées par un rapport d’Amnesty International paru en décembre 2022. Officiellement, ce groupe armé est intégré à l’ANL du maréchal Khalifa Haftar, au pouvoir dans la région orientale de la Libye, et dirigé par son fils Saddam. Mais en réalité, il a gardé une large autonomie, et ses agissements semblent être en totale inadéquation avec ceux d’une armée. Dans un rapport de l’ONU paru en septembre, la milice est accusée de se financer par « le trafic de carburant, le trafic de migrants, la traite des personnes et le trafic de drogue ». L’Union européenne (UE) est bien informée de cette réalité. Un document interne de l’UE obtenu par Lighthouse Reports rapporte « qu’une milice liée à l’ANL » orchestre des « retours forcés » quand un autre document fait état d’un « soutien par des mercenaires soudanais et les mercenaires russes de Wagner », alliés stratégiques du maréchal Haftar.
    Avant même de se tourner vers l’Est libyen, l’UE et ses Etats membres se sont déjà associés aux autorités de l’Ouest en soutenant à hauteur de dizaines de millions d’euros les autorités du gouvernement de Tripoli, en leur fournissant du matériel et des formations. Egalement accusées de graves violences à l’égard des migrants, elles reconnaissent aisément collaborer avec leurs rivaux de l’Est quand il s’agit d’intercepter des embarcations clandestines. « Nous traitons avec les autorités portuaires et les garde-côtes de Benghazi et ils peuvent confier l’affaire à qui ils veulent », y compris la milice Tareq Bin Zeyad, admet Massoud Abdel Samad, à la tête du Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage de Tripoli. « Haftar n’est pas notre partenaire privilégié. Nous ne nous occupons pas d’eux. Ce n’est pas un interlocuteur approprié pour nous », répond le porte-parole pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’UE, Peter Stano. Le régime du maréchal Haftar, qui a tenté de renverser les autorités libyennes officielles qui contrôlent l’ouest du pays, n’est en effet pas reconnu par la communauté internationale. Mais, derrière les discours officiels, le militaire est bien courtisé par Malte et par l’Italie, qui ont multiplié les rencontres avec des représentants de l’Est libyen au cours des derniers mois. Le ministre italien de l’intérieur, Matteo Piantedosi, s’est montré clair quant aux intentions de son gouvernement pour endiguer les flux à travers la Méditerranée au cours d’une conférence de presse en juin : « Nous demanderons à Haftar davantage de collaboration pour arrêter les départs. ».

    #Covid-19#migrant#migration#UE#FRONTEX#mediterranee#libye#malte#italie#sauvetage#droit#droitmaritime#sante

  • « La vie était devenue impossible » : au Bangladesh, la pauvreté et l’insécurité poussent des milliers de personnes à l’exil - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53696/la-vie-etait-devenue-impossible--au-bangladesh-la-pauvrete-et-linsecur

    « La vie était devenue impossible » : au Bangladesh, la pauvreté et l’insécurité poussent des milliers de personnes à l’exil
    Par Marlène Panara Publié le : 06/12/2023
    La nuit est noire de jais. À 50 km des côtes libyennes, ce 3 novembre, seul le phare du Zodiac de sauvetage du Geo Barents, navire de Médecins sans frontières (MSF), éclaire les visages des 30 passagers de l’embarcation qui lui fait face. Ils sont tous Bangladais. Un peu plus d’une demi-heure plus tard, tous posent le pied sur le pont du bateau humanitaire. L’inquiétude fait place au soulagement. Les premiers sourires se dessinent. Ce sauvetage leur assure de faire route pour l’Italie, destination finale d’un périple entamé à des milliers de kilomètres de là, au Bangladesh. Chaque année, des milliers de ses ressortissants empruntent cette route migratoire qui passe par la Méditerranée centrale. Souvent le trajet est le même : les exilés prennent l’avion depuis Dacca, la capitale, et atterrissent en Égypte après plusieurs escales avec un visa de travail, obtenu avant le départ par un passeur.
    Les frais de ce voyage sont réglés directement au Bangladesh, ou à l’arrivée en Égypte. Depuis Le Caire, les candidats à l’exil sont ensuite transférés par des passeurs, en voiture ou dans des vans, jusqu’à l’ouest de la Libye. C’est là, depuis une plage de cette région propice aux départs, qu’ils prennent finalement la mer direction l’Europe. Sur les 152 882 personnes débarquées en Italie cette année, 12 100 sont bangladaises. Soit la quatrième nationalité représentée par les primo-arrivants dans le pays, derrière la Guinée, la Tunisie et la Côte d’Ivoire. Qu’est-ce qui poussent ces migrants sur la route la plus meurtrière au monde ? Pour Nordine Drici, président de l’association Planète Réfugiés et Droits de l’Homme, et ancien juge à la Commission nationale du droit d’asile (CNDA), « le contexte de pauvreté très important dans le pays » en est l’une des réponses. « Les inondations, les cyclones, rendent les Bangladais très vulnérables, explique-t-il. Sur ce petit territoire disputé par 168 millions d’habitants, et qui se rétrécie à vue d’œil avec l’érosion de la côte, avoir une terre à cultiver est un privilège que très peu de gens peuvent s’offrir ». (...) Malgré les « progrès remarquables » accomplis par le Bangladesh dans la réduction de la pauvreté monétaire globale, la pauvreté multidimensionnelle reste élevée et les inégalités de revenus se sont accrues, affirme l’Organisation des nations unies (ONU), en particulier dans les zones urbaines. L’ONG Oxfam confirme : la pauvreté dans le pays est « aussi extrême que généralisée », presque la moitié de la population vivant avec moins d’un dollar par jour. Une situation qui, avec le changement climatique, ne cesse de s’aggraver. « De par sa position géographique […] le Bangladesh subit régulièrement des catastrophes naturelles aux conséquences désastreuses », déplore aussi Oxfam. Fin août 2023, de fortes pluies et inondations soudaines ont provoqué destructions d’habitations, glissements de terrain, et perte de cultures dans le sud-est du pays. Et ce, trois mois après le passage dévastateur du cyclone Mocha, qui avait déjà causé de sérieux dégâts dans plusieurs régions.
    Gouverné d’une main de fer par la Première ministre Sheikh Hasina depuis 2009, le pays est actuellement en proie à une sévère répression menée par les autorités en place. Début octobre, des manifestations pour réclamer un meilleur pouvoir d’achat et d’autres évènements, organisées par le parti nationaliste du Bangladesh (BNP), dans l’opposition, ont été sévèrement réprimées. D’après un rapport publié le 27 novembre par Human Rights Watch, en un mois, au moins 10 000 militants ont été arrêtés, 5 500 personnes blessées et 16 sont mortes, dont deux policiers.
    À l’approche des élections, le 7 janvier 2024, « la violence politique est extrême, assure Nordine Drici. Avec le retour en force de l’opposition, le régime se sent en insécurité, et la Première ministre, fragilisée. Le retour de bâton est d’autant plus fort pour les Bangladais ». Comme Abdulla, Rubel a quitté sa ville natale de Muksudpur « pour des raisons de sécurité ». « Dans mon pays, les droits de l’Homme ne sont pas respectés. À cause du conflit qui oppose la Ligue Awami [parti au pouvoir] et le BNP, la violence augmente de jour en jour. Vivre là-bas est trop dangereux pour moi », racontait-il au lendemain de son sauvetage en mer..

    #Covid-19#migrant#migration#bangladesh#libye#italie#pauvrete#violence#emigration#routemigratoire#mediterranee#humanitaire#sante

  • Traversées de la Manche : « On ne peut pas forcer un migrant à être secouru » par les forces françaises - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53723/traversees-de-la-manche--on-ne-peut-pas-forcer-un-migrant-a-etre-secou

    Traversées de la Manche : « On ne peut pas forcer un migrant à être secouru » par les forces françaises
    Par Leslie Carretero Publié le : 07/12/2023
    Les autorités françaises constatent une augmentation du nombre de migrants refusant d’être secourus dans la Manche. Être pris en charge par les forces françaises pour ces exilés désireux de rejoindre le Royaume-Uni est vécu comme un échec. Entretien avec Véronique Magnin, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Premar), qui gère les opérations de sauvetage.
    InfoMigrants : Comment se déroule un sauvetage dans la Manche ?
    Véronique Magnin : Lorsqu’on arrive près d’un canot de migrants, une vedette s’approche des exilés. Le bateau mère, plus gros, reste à distance.On ne monte jamais à bord de ces canots instables pour plusieurs raisons. Tout d’abord, pour rester maître de la situation. Et deuxièmement, pour des questions de sécurité : on ne peut pas prendre pas le risque que tous les passagers viennent en même temps d’un côté du canot et que celui-ci se renverse.On fait monter les volontaires. On commence par extraire les plus faibles. On traite ce genre d’urgence comme pour une gestion de foule. La procédure est la même si l’évacuation du canot est partielle ou complète.
    IM : Les migrants peuvent-ils refuser d’être secourus ?
    VM : Oui. On remarque d’ailleurs de plus en plus qu’un débat s’installe dans les canots quand les navires de secours s’approchent d’eux.Certains veulent être secourus, et d’autres non. Les personnes en état d’hypothermie, les enfants en bas âge ou les migrants plus âgés nous demandent souvent de l’aide. Idem lorsque une embarcation a une panne de moteur ou qu’un des boudins est crevé. Là, il n’y pas de discussion, les personnes demandent à être secourues.Mais parfois, l’ambiance peut devenir tendue si les migrants ne sont pas d’accord : des personnes crient, disent qu’elles veulent venir avec nous, d’autres refusent d’être secourus par les Français… une discussion commence donc en pleine mer.
    Dans la loi, rien n’oblige les navires à secourir de force une embarcation. Les migrants peuvent donc s’opposer à une assistance extérieure. Parfois, ils refusent d’être secourus par les forces françaises car cela signifie qu’ils seront débarqués sur les côtes françaises. En franchissant les eaux anglaises, les exilés savent que ce seront les autorités britanniques qui interviendront et les emmèneront à Douvres, dans le sud du Royaume-Uni. Les « pushbacks » maritimes depuis le Royaume-Uni vers la France sont interdits. C’est aux exilés de prendre la décision. On ne peut pas dire : « Soit on secourt tout le monde, soit on ne secourt personne ». On ne peut pas non plus forcer quelqu’un à être secouru, même s’il est mal en point.
    IM : Que faites-vous pour les migrants qui refusent le sauvetage ?
    VM : Si les migrants refusent le sauvetage, on ne prend pas le risque qu’ils en viennent aux mains contre nous. Il faut bien comprendre que pour les migrants désireux de rejoindre l’Angleterre, être pris en charge par les forces françaises est vécu comme un échec.
    Donc on les laisse partir, en prenant soin de vérifier les éléments factuels : s’il y a de l’eau au fond du canot, l’état général des personnes à bord… Cela permet de préparer l’intervention sanitaire en cas d’urgence.Ensuite, nous maintenons la surveillance à distance, si nous le pouvons. Mais parfois, c’est impossible car il y a plusieurs embarcations en détresse dans l’eau.Du point de vue du droit maritime, nous devons faire en sorte que les risques soient minimisés.
    En cas de détresse, un bateau britannique peut rentrer dans les eaux françaises [pour secourir une embarcation], et vice versa, sans demander l’autorisation des autorités responsables de la zone.
    IM : Y a-t-il plus de migrants qui refusent d’être secourus ces derniers mois ?
    VM : Oui, on constate plus de cas de refus, mais cela s’explique par l’augmentation du nombre de migrants à bord des embarcations. Plus il y a de personnes, plus il y a de débat lors des interventions.
    En 2022, entre 30 et 40 personnes étaient entassées dans un canot de 11 mètres, aujourd’hui elles sont environ 60. On pense que ce sont les passeurs qui informent les migrants de leur droit de refuser un sauvetage. Dans les camps, on sait que des tracts avec les numéros des secours circulent. Mais malgré ce phénomène, nous continuerons toujours sur la même ligne : sauver des vies.
    IM : Dans quel état physique sont les naufragés à qui vous portez secours ?
    VM : La majorité des gens sont mouillés depuis plusieurs heures. Ils ont froid. Les cas d’hypothermie sont très fréquents. On voit aussi beaucoup de personnes brûlées à cause du carburant qui se mélange à l’eau salée sur leur peau. Les personnes blessées sont soignées sur notre bateau. On prévoit aussi quelques vêtements secs pour les plus faibles, souvent les femmes et les enfants. On donne à tout le monde une couverture de survie, une boisson chaude et un biscuit. Ensuite, on les laisse au port et nous repartons en mer. Souvent, plusieurs embarcations sont parties la même nuit, donc on doit aller secourir d’autres personnes. Dès qu’il y a un créneau météo plus favorable, les gens tentent de passer au Royaume-Uni.À leur arrivée dans un port français, les migrants sont récupérés par la police aux frontières et les pompiers. Les associations déplorent l’absence de prise en charge des autorités. Souvent, les migrants, trempés, regagnent leur campement par leurs propres moyens. Cette année, 30% de personnes en moins ont pris la mer par rapport à 2022. Mais on compte quand même 34 000 migrants qui ont tenté la traversée de la Manche en 2023.
    Et au total depuis janvier, 5 500 personnes sont revenues du côté français. La plupart ont été secourues par nos services, mais certaines ont fait demi-tour d’elles-mêmes. Parfois, lorsque le canot des migrants prend l’eau ou que le moteur tombe en panne à quelques mètres des eaux françaises, ils rebroussent chemin par leurs propres moyens. Ces dernières années, nos moyens mis en œuvre se sont adaptés pour faire face à l’augmentation du flux. En 2022, quatre bateaux étaient en alerte, et en 2023 ce sont six navires. Lors de journée ou de nuit chargée, nous pouvons utiliser d’autres bateaux de l’État. Et en dernier recours, nous faisons appel à des moyens privés.

    #Covid-19#migrant#migration#france#grandebretagne#calais#manche#traversee#frontiere#sauvetage#prefeturemaritime#sante

  • Italie : le Conseil des ministres approuve l’accord avec l’Albanie sur l’externalisation des demandes d’asile - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53713/italie--le-conseil-des-ministres-approuve-laccord-avec-lalbanie-sur-le

    Italie : le Conseil des ministres approuve l’accord avec l’Albanie sur l’externalisation des demandes d’asile
    Par Marlène Panara Publié le : 06/12/2023
    Signé par Rome et Tirana le 6 novembre dernier, le texte sur la délocalisation d’une partie des demandeurs d’asile a été confirmé mardi par le Conseil des ministres italien. Le décret atteste que les migrants secourus en mer Méditerranée par les autorités italiennes dans les eaux extra-européennes - ou eaux internationales - pourront être emmenés directement en Albanie.
    Des migrants secourus par les garde-côtes italiens bientôt en Albanie. Mardi 5 décembre, le Conseil des ministres a approuvé l’accord de collaboration entre Rome et Tirana pour l’accueil d’une partie des demandeurs d’asile dans ce pays non membre de l’Union européenne. Avec ce décret, annoncé le 6 novembre dernier par la Première ministre italienne Giorgia Meloni et son homologue Edi Rama, l’Albanie prévoit de prendre en charge jusqu’à 3 000 demandeurs d’asile en même temps, soit environ 36 000 personnes par an, d’après les prévisions des autorités.
    Mardi, quelques précisions ont été apportées quant à la mise en application de cette mesure. Ainsi, seuls les migrants secourus par les autorités italiennes en dehors des eaux territoriales européennes pourront être transférés vers l’Albanie et ses deux centres spécifiques - à Shengjin, pour l’identification, et à Gjader pour le traitement de la demande d’asile. Une spécificité qui permet ainsi à l’Italie de ne pas entrer « en conflit avec les règles du droit européen [qui interdit l’externalisation des demandes d’asile, ndlr] qui ne s’appliquent évidemment que sur le territoire ou dans les eaux européennes », explique La Repubblica. « Si le sauvetage a lieu dans les eaux internationales, le droit d’asile communautaire ne s’applique pas et l’Italie a le droit d’emmener ces personnes vers un autre pays », précise aussi l’agence de presse italienne Ansa, citant une source à Bruxelles.
    Avec ce traité, les migrants récupérés en mer ne débarqueront pas en Italie, ne fouleront pas son sol. Ils seront directement emmenés vers les ports albanais. Rome contourne ainsi la responsabilité légale d’accueil qui lui incombe lorsqu’un demandeur d’asile est secouru sur son territoire, maritime en l’occurrence. Au lendemain de la signature de l’accord le 6 novembre, le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) avait d’ailleurs rappelé à l’ordre l’Italie sur ce point. « La responsabilité première de l’évaluation des demandes d’asile et de l’octroi de la protection internationale incombe à l’État où le demandeur d’asile arrive », avait tancé l’institution onusienne. Cet accord obligera donc, aussi, les garde-côtes italiens « à s’éloigner beaucoup plus des côtes nationales pour les opérations de sauvetage, ce qui ne s’était pas produit depuis de nombreuses années », souligne la Repubblica.
    Le décret détaille également le fonctionnement interne des futurs centres, où la durée de rétention ne devra pas excéder 18 mois. Dans les structures albanaises, les migrants ne pourront échanger avec leur avocat seulement « à distance, par visioconférence », depuis le centre de Gjader. En cas de recours, l’audience avec les magistrats de Rome - tribunal compétent pour la gestion des centres - se déroulera de la même manière. « Le respect de tous les droits prévus par la réglementation générale (italienne et européenne) en la matière » seront garantis, assure le communiqué publié à l’issue du Conseil des ministres. En cas de problème juridique ou sanitaire, le transfert des exilés dans des centres en Italie ne sera possible qu’à titre « exceptionnel ». Dans la grande majorité des cas, l’entièreté des procédures se déroulera sur le sol albanais.
    Le centre de Shengjin sera construit sur un périmètre d’environ 240 mètres, et sera entouré d’une clôture de 4 mètres de haut, rehaussée de barbelés. Celui de Gjader, destiné à vérifier les conditions de protection internationale et de rapatriement des migrants, sera construit sur une superficie constructible de 77 700 mètres carrés. À l’heure actuelle, il n’existe à cet endroit qu’une dizaine de « bâtiments vétustes ». Des fonctionnaires, juges, médecins et infirmiers italiens seront aussi embauchés pour faire fonctionner les centres. Au total, 135 profils sont recherchés par les autorités.
    Coût total de l’opération ? Environ 200 millions d’euros. La moitié sera allouée en 2024, puis 50 millions d’euros seront versés chaque année, pendant quatre ans. « Cette somme sera bien dépensée, pour lutter contre l’immigration irrégulière », a assuré le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani à l’issue du Conseil des ministres. Pour Matteo Mauri, du Parti démocrate, cet argent est au contraire « littéralement jeté à la poubelle ». L’opposant dénonce « une pure opération de propagande de la part d’un gouvernement qui doit faire face à l’échec de sa gestion de l’immigration ». « Faire en Albanie ce qui devrait être fait en Italie ne résoudra aucun problème ni aucun coût », a-t-il fustigé. Dès son officialisation il y a trois semaines, cette collaboration avait essuyé de nombreuses critiques. « Il s’agit d’un accord de refoulement, une pratique interdite par les normes européennes et internationales et pour laquelle l’Italie a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme », avait déploré Elisa de Pieri d’Amnesty international qui évoquait un accord « illégal, et irréalisable ». L’ONG allemande de sauvetage en mer Méditerranée Sea-Watch évoquait de son côté « une manœuvre inhumaine et populiste sans fondement juridique ». « Avec cette nouvelle absurdité, le gouvernement tente une fois de plus de se soustraire à ses responsabilités en matière d’asile. Les migrants, privés de leurs droits, sont toujours ceux qui en paient les conséquences », déploraient les humanitaires sur leur compte X (ex-Twitter).
    Le député et secrétaire du parti d’opposition Più Europa, Riccardo Magi, avait déclaré, lui, : « On crée une sorte de Guantanamo italien, en dehors de toute norme internationale, en dehors de l’UE, sans la possibilité de contrôler la détention des personnes enfermées dans ces centres ». Cette année, plus de 152 000 migrants ont débarqué en Italie, contre 96 624 pour toute l’année 2022. En réponse, Rome multiplie les mesures pour dissuader les exilés de venir sur son sol. Le 28 novembre, les députés ont validé le décret Cutro 2, qui durcit les conditions d’accueil des migrants. Parmi les mesures les plus polémiques : celle qui autorise l’hébergement des mineurs de moins de 16 ans dans des centres pour adultes. Alors même que l’Italie a été épinglée plusieurs fois par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) à indemniser des migrants mineurs, hébergés dans des centres pour adultes. Début septembre par exemple, la CEDH a condamné l’Italie pour « traitements inhumains et dégradants » à l’égard d’une migrante mineure ghanéenne. Cette dernière a été hébergée huit mois dans un centre pour adultes en Italie, malgré la reconnaissance de sa minorité. Victime d’abus sexuels dans son pays d’origine et en Libye, M.A. avait passé huit mois dans la structure, totalement inadaptée à sa vulnérabilité.

    #Covid-19#migration#migrant#italie#albanie#CEDH#delocalisation#asile#protection#rapatriement#vulnerabilite#droit#sante#mineur

  • Claire Hédon, Défenseure des droits : « Le projet de “loi immigration” sacrifie les droits fondamentaux des étrangers »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/09/claire-hedon-defenseure-des-droits-le-projet-de-loi-immigration-sacrifie-les

    Claire Hédon, Défenseure des droits : « Le projet de “loi immigration” sacrifie les droits fondamentaux des étrangers »
    Tribune
    Un équilibre doit exister entre le pouvoir des Etats de décider des règles d’entrée et de séjour sur le territoire et la protection des droits et libertés. Or le texte débattu à l’Assemblée bouleverse cet équilibre, en bafouant la dignité et l’égalité, estime la Défenseure des droits dans une tribune au « Monde ».
    Lundi 11 décembre, un texte d’une gravité majeure pour les droits fondamentaux des étrangers doit être discuté à l’Assemblée nationale. Dès sa présentation par le gouvernement, j’ai alerté sur les nombreuses atteintes aux droits et libertés comprises dans le projet de loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration ». La surenchère démagogique lors des débats parlementaires, notamment au Sénat, les a aggravées au mépris des obligations constitutionnelles et internationales de l’Etat.
    En premier lieu, au nom de l’objectif légitime de sauvegarde de l’ordre public et de lutte contre l’immigration irrégulière, le projet de loi supprime nombre de garanties actuellement prévues pour protéger les droits fondamentaux des étrangers. Il accroît en outre, avec une acception particulièrement extensive de l’ordre public, les possibilités de refus ou retrait du droit au séjour, y compris pour des personnes n’ayant fait l’objet d’aucune condamnation pénale. L’éloignement des étrangers se trouverait ainsi très largement remis à l’appréciation de l’administration, au risque de multiplier des décisions arbitraires.
    La grave fragilisation du droit au séjour qui en résulterait serait d’autant plus préoccupante que le droit au juge est amoindri. En particulier, la réforme du contentieux envisagée par le projet maintient, dans de nombreux cas, des délais de recours extrêmement brefs, compliquant de fait l’accès au juge.
    En deuxième lieu, le texte accrédite l’idée, pourtant démentie par de nombreuses études, selon laquelle des conditions d’accueil « trop favorables » encourageraient l’immigration irrégulière ou l’installation durable d’étrangers sur le territoire. Omniprésent dans le débat parlementaire, ce discours a poussé le législateur à envisager des restrictions de nombreux droits, notamment pour les personnes particulièrement vulnérables.
    Je pense d’abord au droit d’asile, avec la multiplication des possibilités de rejet des demandes sans examen au fond, couplée à une extension de la procédure à juge unique devant la Cour nationale du droit d’asile. Je pense ensuite, au droit au séjour des étrangers malades, réservé aux cas où le traitement requis n’existe pas du tout dans le pays d’origine sans vérification par ailleurs des possibilités d’accès effectif au traitement. Cette disposition conduirait à une nette diminution des admissions au séjour pour soins, au détriment de la santé des personnes concernées et alors même que ce motif d’admission au séjour représente une part infime des titres de séjour délivrés (environ 1,5 %).
    Je pense enfin au déploiement renforcé, en outremer, d’un droit dérogatoire, concourant à la pérennisation, sur le territoire de la République, de zones de moindres droits, y compris pour les étrangers qui y sont régulièrement établis, voire pour les Français lorsqu’ils y fondent une famille avec des étrangers. En troisième lieu, la politique d’intégration promue par le texte inverse le rapport entre l’obtention d’un titre de séjour et l’intégration.
    Autrefois conçue comme permettant, par sa stabilité, une meilleure intégration, la carte de résident de dix ans est devenue le titre d’exception, délivré en récompense ultime d’une intégration jugée réussie. Le projet de loi vient approfondir cette logique en subordonnant l’accès aux titres de séjour de longue durée à la justification d’une maîtrise suffisante de la langue française ainsi qu’à la réussite à un examen d’évaluation de la connaissance de la société française et de ses principes.
    Mon institution, autorité indépendante inscrite dans la Constitution, chargée de veiller au respect des droits et libertés, est le témoin quotidien de l’extrême dégradation des droits des étrangers vivant en France. La défaillance des services préfectoraux y contribue largement : il ne s’agit pas ici de mettre en cause le travail des agents publics, mais de constater que le manque d’interlocuteur humain et surtout les délais d’attente pour l’obtention ou le simple renouvellement d’un titre de séjour se sont considérablement aggravés depuis la dématérialisation des guichets engagée à marche forcée, sans renforcement des moyens des préfectures.
    Des milliers d’étrangers présents en France, parfois depuis des décennies, se retrouvent en situation irrégulière du fait de cette défaillance. Surtout, les ruptures de droits subies (pertes d’emploi et de droits sociaux) sont dramatiques et provoquent une précarité insoutenable. Les parcours de vie sont gravement et irrémédiablement entravés.
    Un équilibre doit exister entre, d’une part, le droit souverain des Etats de décider des règles d’entrée et de séjour sur le territoire en tenant compte de l’impératif de sauvegarde de l’ordre public et, d’autre part, la nécessaire protection des droits fondamentaux. Le projet de loi bouleverse profondément cet équilibre, au profit de nouvelles formes d’ostracisme et au détriment de principes juridiques essentiels, en particulier les principes de dignité et d’égalité. Cette rupture dans la protection des droits et libertés en France emporterait des effets néfastes pour la cohésion sociale et l’intérêt général.

    #Covid-19#migrant#migration#france#droit#etranger#defenseurdesdroits#loimigration#immigration#egalité#droitsouverain#territoire#protection

  • Au Royaume-Uni, bras de fer sur l’immigration entre Rishi Sunak et l’aile droite des tories
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/07/au-royaume-uni-bras-de-fer-sur-l-immigration-entre-rishi-sunak-et-l-aile-dro

    Au Royaume-Uni, bras de fer sur l’immigration entre Rishi Sunak et l’aile droite des tories
    Par Cécile Ducourtieux(Londres, correspondante)
    L’un des quelques succès de Rishi Sunak a été, jusqu’à présent, d’avoir réussi à apaiser les dissensions au sein du Parti conservateur britannique, qui ont conduit à l’éviction de trois premiers ministres en trois ans : Theresa May, Boris Johnson et Liz Truss. Mais cette fragile unité est de nouveau menacée, alors que le dirigeant tente de relancer sa stratégie migratoire. Cette dernière est contestée par la droite du parti, qui ne la trouve pas assez radicale, certains avançant des raisons de fond, d’autres semblant mus par d’évidentes ambitions personnelles.
    Jeudi 7 décembre, M. Sunak a défendu un nouveau projet de loi d’urgence. Baptisé « sûreté du Rwanda », il vise à remettre sur les rails l’accord de transfert de demandeurs d’asile arrivés au Royaume-Uni en « small boats » à travers la Manche, vers le Rwanda. Cet accord a été déclaré illégal le 15 novembre par la Cour suprême britannique.La plus haute juridiction du pays a considéré que ce partenariat, signé au printemps 2022 entre Londres et Kigali mais encore jamais mis en œuvre à cause de multiples recours juridiques, présentait un risque « réel » de refoulement des demandeurs d’asile vers leur pays d’origine par les autorités rwandaises, même si leur demande de protection était justifiée. Or, le Royaume-Uni adhère au principe du non-refoulement, qui est inscrit dans sa loi nationale et dans des traités internationaux dont le pays est signataire : la convention des Nations unies sur les réfugiés et la Convention européenne des droits de l’homme.
    Le projet de loi d’urgence dispose que pour le Parlement britannique, le Rwanda est sûr au regard de l’asile, c’est-à-dire que les demandeurs d’asile et réfugiés y sont traités dans le respect des conventions internationales. Selon le texte, personne n’est en droit de contester ce caractère « sûr » du pays de l’Afrique des Grands Lacs : ni les politiques, ni les fonctionnaires, ni les juges britanniques… Il contredit donc un fait pourtant établi par la Cour suprême – le risque de refoulement – afin de neutraliser les recours en justice pour éviter les déportations. Le texte complète un traité signé mardi 5 décembre entre James Cleverly, le ministre de l’intérieur britannique, et le chef de la diplomatie rwandaise, Vincent Biruta, dans lequel le Rwanda s’engage à ne refouler aucun des demandeurs d’asile arrivés depuis le Royaume-Uni. Soit ils recevront un statut de réfugiés au Rwanda, soit ils obtiendront un droit de séjour dans le pays. Ce traité et le projet de loi Rwanda « répondent point par point à la décision de la Cour suprême », a assuré Rishi Sunak, lors d’une conférence de presse, jeudi. « J’ai confiance dans le fait que le texte de loi sera efficace et qu’il est la seule approche possible », a ajouté le premier ministre.
    Ces arguments n’ont pas convaincu les élus de l’aile droite des Tories, qui dénoncent encore les possibles recours de migrants auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et craignent que le partenariat Rwanda ne puisse toujours pas être mis en œuvre, malgré la promesse répétée des conservateurs de « stopper » les arrivées en small boats. Menés par l’ex-ministre de l’intérieur Suella Braverman, ces élus plaident depuis des mois pour un abandon de la CEDH par le Royaume-Uni, une option que M. Sunak a, jusqu’à présent, écartée. De fait, elle ferait probablement beaucoup de mal à la réputation du pays, le plaçant à côté d’Etats « parias », comme la Russie.
    Mercredi, Robert Jenrick, le secrétaire d’Etat à la migration, jusqu’à présent un allié de M. Sunak, a démissionné au motif que le projet de loi « Rwanda » ne serait pas assez radical, aggravant la crise interne au sein des Tories. Jeudi matin, son ex-collègue, Suella Braverman, a attisé les dissensions en mettant en garde M. Sunak contre un « effondrement » du parti aux prochaines élections générales si son projet de loi n’est pas efficace. Depuis plusieurs semaines, elle défie ouvertement l’autorité du premier ministre, après l’avoir qualifié de « faible » et l’avoir accusé de « trahison » sur les sujets migratoires. Beaucoup la soupçonnent de convoiter la tête du parti et de comploter pour le mettre en échec.
    Le premier ministre voudrait que le projet soit adopté le plus vite possible à Westminster, l’espoir étant de pouvoir envoyer des demandeurs d’asile vers le Rwanda au printemps, avant les élections générales. Mais les prochains votes sur le texte Rwanda à la Chambre des communes risquent de tourner aux votes de confiance sur sa capacité de M. Sunak à contrôler son parti. Le moment pour lui est d’autant plus dangereux que les élus tories n’ont plus grand-chose à perdre : le Parti conservateur accuse un retard d’au moins 20 points dans les sondages sur les travaillistes et aucune des tentatives de M. Sunak pour relancer son mandat - la conférence annuelle des Tories en octobre, un nouveau programme législatif et un nouveau budget en novembre…- n’a permis de renverser la tendance.

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#rwanda#politiquemigratoire#asile#droit#CEDH

  • Israël force les Gazaouis à un nouvel exode vers Rafah : « Où veulent-ils qu’on aille ? »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/07/israel-force-les-gazaouis-a-un-nouvel-exode-vers-rafah-ou-veulent-ils-qu-on-

    Israël force les Gazaouis à un nouvel exode vers Rafah : « Où veulent-ils qu’on aille ? »
    Des abris de fortune ont été érigés non loin de la frontière égyptienne. La majorité de ceux qui fuient ont déjà été déplacés plusieurs fois depuis le début de la guerre.
    Par Clothilde Mraffko(Jérusalem, correspondance)
    Une voix de synthèse masculine, au timbre métallique, égrène des numéros en arabe au bout du fil. Chacun correspond à une zone précise dans la bande de Gaza, désignée pour être évacuée. Ces derniers jours, plusieurs habitants ont reçu ces appels « d’avertissement de l’armée israélienne », écrit Afaf Ahmed, étudiante en littérature anglaise de 21 ans, en publiant sur Instagram une vidéo du coup de téléphone qui lui est parvenu le 2 décembre. La veille, juste après la fin de la trêve, des avions de chasse israéliens avaient largué des tracts munis d’un QR code. Ce dernier ouvrait l’accès à une carte de la bande de Gaza divisée en centaines de petits cantons, tous identifiés par des numéros.
    « Ils vous appellent tard le soir quand vous dormez et vous demandent de partir. Soit vous mourez à la maison sous les bombes, soit vous êtes tués en tentant d’échapper aux bombes, soit vous succombez de froid et de faim, dehors, avec vos proches. OÙ veulent-ils qu’on aille ! ? », ajoutait Afaf Ahmed. La jeune femme a fui sa maison dans la ville de Gaza au début de la guerre. Elle a quitté Khan Younès, la grande ville du sud où elle s’était réfugiée, après cet appel de l’armée. Contactée par Le Monde, elle s’excuse : elle n’a plus « l’énergie pour répondre à des interviews ».
    Selon l’Organisation des Nations unies, plus de 80 % des Gazaouis ont été déplacés de force depuis le début de la guerre, bloqués au sein de l’enclave assiégée par Israël. Certains ont fait des allers-retours dans leur quartier, au gré des bombardements. Dès le 13 octobre, l’armée israélienne a ordonné aux habitants du nord de l’enclave d’aller vers le centre et le sud, entraînant un exode sur fond de chaos humanitaire. Depuis début décembre, les militaires ont demandé une nouvelle évacuation de larges zones dans le centre et à Khan Younès – soit quelque 22 % du territoire. Des dizaines de milliers de Gazaouis ont alors repris la route, direction Rafah cette fois, à la frontière égyptienne. Des vidéos montraient de longues colonnes de familles à pied, avec des sacs à dos ou de petites valises, avançant, sous la pluie, le long d’une chaussée où circulaient aussi quelques charrettes surchargées de matelas et de rares voitures. L’exode devrait encore s’intensifier dans les prochains jours, alors que l’armée israélienne progresse à Khan Younès.
    Dans un message vocal envoyé sur WhatsApp, Rahaf Shamaly, une artiste de 20 ans, fait l’inventaire, la voix fatiguée. D’abord, elle a fui sa maison, à Al-Rimal, dans la ville de Gaza, pour se réfugier à l’hôpital. Ce dernier a été évacué et la famille a atterri dans le grenier d’amis, à Qarara, un quartier de Khan Younès. Début décembre, l’armée israélienne a ordonné l’évacuation de la zone. « Au début, je n’y ai pas cru. Puis nous avons vécu une nuit terrible de bombardements. Au petit matin, de 4 heures à 5 h 30, nous étions sous une ceinture de feu : des missiles, qui frappaient partout, les uns après les autres, en continu. » La famille prend ses affaires et s’en va dans la panique, sans savoir où. En chemin, les bombes pleuvent toujours. Elle débarque à Rafah et pendant deux nuits dort à même le sol, dans un abri de fortune. Rahaf a depuis réussi à dénicher un appartement « au loyer exorbitant ». « Où ira-t-on ensuite ? Hier, on plaisantait en famille et d’un coup, j’ai éclaté en sanglots. Je veux retrouver mon lit, mes draps. Ma vie me manque. »
    Ahmad Masri, professeur de français à l’université Al-Aqsa, s’est isolé dans sa voiture pour répondre au téléphone : dans l’école de Rafah où il s’est installé avec ses proches, « c’est très bruyant ». Femmes et enfants s’entassent à soixante dans les salles de classe, les hommes dorment dans la cour. L’air est saturé de fumée noire ; faute de gaz dans l’enclave sous siège, les déplacés cuisinent sur le feu qu’ils alimentent avec ce qu’ils trouvent, papier, Nylon… « Beaucoup de choses manquent, il n’y a ni sucre ni sel », note-t-il. L’aide, largement insuffisante, passe encore à Rafah. Mais elle atteint difficilement Khan Younès et le centre de l’enclave. Le nord est inaccessible depuis le 1er décembre. Environ 800 000 personnes y seraient toujours basées, selon le gouvernement du Hamas. Ahmad, dont l’appartement dans la ville de Gaza a été bombardé, a fui de Khan Younès juste après la fin de la trêve. « Les rues principales étaient ciblées, nous sommes passés par des axes secondaires. Je prends les menaces de l’armée israélienne très au sérieux. Si je restais, ils allaient me considérer comme une cible », explique-t-il. Ceux qui sont arrivés après lui s’installent dans la rue, faute de place dans l’école.
    Depuis son bureau à Rafah, Adnan Abou Hasna bascule en appel vidéo et montre l’alignement d’abris – des piliers de bois surmontés de bouts de Nylon – que les déplacés ont érigés à la hâte juste sous ses fenêtres. « Il commence à faire froid. C’est horrible. Je ne sais pas comment ils font avec la pluie », explique ce porte-parole de l’UNRWA. L’agence onusienne des réfugiés palestiniens qui a ouvert ses écoles et bâtiments à près de 1,2 million de déplacés ne peut absorber ce nouvel exode. Deux camps, érigés par les déplacés eux-mêmes, sont sortis de terre ces derniers jours le long de la frontière avec l’Egypte, sur des étendues de sable sans accès à l’eau potable, à la nourriture ou à des toilettes. Les images sont inédites à Gaza où avant la guerre, malgré un blocus israélien de seize ans, tout le monde avait un toit. Dans la psyché palestinienne, elles réveillent les souvenirs des camps érigés par le Comité international de la Croix-Rouge au moment de la Nakba, l’exode de plus de 700 000 Palestiniens à la création de l’Etat d’Israël en 1948.
    Israël prétend que ces évacuations sont humanitaires – son allié américain insiste sur la nécessité de protéger davantage les civils à Gaza. Le ministère de la santé local a recensé plus de 16 200 Gazaouis tués, à 70 % des femmes et des enfants – sans compter les milliers de corps encore sous les décombres. L’ONU et des ONG multiplient les alertes, alors que l’Etat hébreu détruit les institutions et infrastructures permettant la survie des habitants.L’armée israélienne a désigné une « zone sûre » à Al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younès, où étaient installées des colonies avant le retrait de l’Etat hébreu de Gaza en 2005. La bande sablonneuse de 6,5 km2 ressemble à une décharge. « Vous ne pouvez pas déclarer une zone sûre sans consulter personne ! Les Nations unies ont été claires : elles s’y opposent », souligne Adnan Abu Hasna. Le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU rappelle, de son côté, qu’en droit international « les civils qui choisissent de rester dans les zones désignées pour une évacuation ne perdent pas leur protection ».
    Beaucoup ne peuvent pas partir, insiste Azmi Keshawi. Son fils a été blessé dans le sud de la bande de Gaza qu’Israël avait pourtant désigné comme plus « sûr ». La famille a été déplacée quatre fois. « Depuis la fin de la trêve, Israël a commis tant de massacres, entraînant les habitants toujours plus au sud. Ils poussent vers une direction, puis ferment la route, poussent une autre zone, referment derrière…, analyse ce chercheur pour l’International Crisis Group. On ne comprend pas leur tactique. Les gens voient ça comme un moyen de réaliser ce dont personne ne veut : la déportation des Gazaouis en Egypte. » Le Caire a massé des tanks à la frontière et mis plusieurs fois en garde Israël contre un tel scénario. Les Gazaouis redoutent que tout exil soit sans retour, comme lors de la Nakba. « Beaucoup craignent qu’Israël frappe et ouvre des brèches dans le mur [à la frontière], poussant les gens hors de Gaza. Comment réagiraient alors les Egyptiens ? Personne ne sait ce qui peut se passer. Ce n’est pas entre les mains des Palestiniens. La communauté internationale doit être ferme sur le sujet. Elle voit ce qui se passe aujourd’hui, mais elle ne fait rien. »

    #Covid-19#migration#migrant#gaza#israel#guerre#crise#deportation#exil#egypte#nakba#deplacement#mortalite#frontiere

  • Privés de visas, les étudiants sahéliens victimes collatérales des tensions entre la France et les régimes putschistes
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/12/05/prives-de-visas-les-etudiants-saheliens-victimes-collaterales-des-tensions-e

    Privés de visas, les étudiants sahéliens victimes collatérales des tensions entre la France et les régimes putschistes
    Malgré une inscription dans une université française, de nombreux Burkinabés, Maliens et Nigériens ont dû renoncer. Paris se défend de toute une mesure de rétorsion.
    Par Coumba Kane
    « Pour nous, cette année, c’est fini la France », souffle Fodé*. Admis à l’université d’Angers en licence économie et gestion, le jeune Burkinabé n’ira pas étudier dans l’Hexagone. Jusqu’au 30 septembre, date butoir pour rejoindre la faculté angevine, Fodé a espéré partir. Mais, à l’instar de centaines d’autres étudiants du Burkina Faso, mais aussi du Niger et du Mali, également inscrits dans des établissements français, il n’a pas pu déposer sa demande de visa. Depuis cet été, les services consulaires français sont fermés dans ces pays dirigés par des juntes, « pour des raisons de sécurité », justifie-t-on au ministère des affaires étrangères.
    La mesure a été annoncée en septembre en pleine crise diplomatique entre la France et le Niger. Après la prise de pouvoir par les militaires fin juillet, Paris a refusé de reconnaître les nouvelles autorités, qui maintiennent toujours le président Mohamed Bazoum captif. Les tensions ont abouti au départ précipité des troupes françaises et de l’ambassadeur de France.
    Pris au piège de ces dissensions politiques, les étudiants des Etats concernés oscillent entre désespoir et incompréhension. La sélection est si rude que Fodé pensait avoir fait « le plus dur » en réussissant à obtenir une admission via Campus France, l’agence française de promotion à l’étranger de l’enseignement supérieur français et de l’accueil des étudiants étrangers en France. (...)
    Côté français, on confirme le statu quo tout en se défendant d’avoir pris une mesure de rétorsion contre des régimes militaires qui affichent leur hostilité à la France. « Il ne faut pas inverser les responsabilités, ce sont les juntes qui portent atteinte à nos relations. Nous souhaitons préserver les liens avec les forces vives de ces sociétés, notamment les étudiants », réagit-on au Quai d’Orsay. Le ministère affirme ne pas avoir « de visibilité sur la suite », mais assure réévaluer « les conditions sécuritaires dans ces pays, de façon à ajuster au mieux la mesure ». Signe d’une légère accalmie, les services de Campus France ont rouvert le 1er octobre au Mali et au Burkina Faso. Les étudiants de ces pays peuvent à nouveau tenter une admission en France pour la prochaine année universitaire… sans garantie d’obtenir un visa. Reste à savoir si ceux qui avaient déjà été admis, devront reprendre la fastidieuse procédure à zéro. « Nous n’avons pas d’information sur ce point », répond-on à Campus France.
    Au Niger, où la plateforme demeure fermée « pour des raisons de sécurité », l’horizon apparaît plus incertain. Chaque fois qu’il passe devant le consulat français à Niamey, Houzaifa Hamma Issaka a le « cœur qui se serre ». L’étudiant nigérien titulaire d’une licence en droit avait obtenu une inscription à l’université de Nice. Il se préparait à déposer sa demande de visa quand le coup d’Etat s’est produit. « Mes démarches administratives m’ont coûté 150 000 francs CFA (228 euros), soit cinq fois le salaire moyen. Rien ne m’a été remboursé et je me retrouve sans perspectives d’études », se désole l’étudiant qui visait un master en droits humains.
    Comme lui, près d’une centaine de Nigériens admis dans des établissements publics et privés français a perdu une année universitaire. Désemparés, certains ont tenté, en vain, de déposer leur demande de visa au Bénin voisin. « J’ai fait 1 000 km pour tenter ma chance. Mais l’agent a refusé, car je n’ai pas de certificat de résidence. Pourquoi ne pas numériser les demandes ? », s’interroge Ibrahim Maiga. « L’option dématérialisée pour le dépôt d’un visa n’est pas possible ni au Sahel ni ailleurs, répond le ministère des affaires étrangères qui argue d’une procédure immuable. Lors du dépôt du dossier, les données biométriques des demandeurs sont prises, le passeport récupéré afin qu’on y accole une vignette. »Certains étudiants sahéliens, bénéficiaires d’une bourse française, ont néanmoins eu plus de chance. Visés par la mise à l’arrêt de la mobilité internationale fin août suite à la « suspension de l’aide au développement », ils avaient appris quelques jours avant leur départ pour la France l’annulation de leur séjour de recherche. Puis, début octobre, la mesure, dénoncée dans les milieux académiques, avait été levée pour leur permettre de se rendre en France.Koffi, étudiant en géographie à l’université de Ouagadougou, était attendu le 1er septembre à Paris-1 La Sorbonne. Mais deux jours avant, il a reçu un mail lapidaire. « En quelques lignes, on m’a expliqué que mon séjour d’études était annulé. Pourtant j’avais un visa, un logement. Ça a été un choc. » Le 1er novembre, il a finalement pu s’envoler pour Paris avec son visa initial de six mois. « Je vais pouvoir étudier jusqu’à fin janvier. Je suis bien loti car certains boursiers ont perdu beaucoup de temps avec ces restrictions. » En effet, malgré le déblocage de la situation, les durées de visa n’ont pas été allongées.
    Doctorant en géographie et titulaire d’une bourse octroyée par l’ambassade de France, Hamidou Zougouri bénéficiait d’un visa courant de septembre à décembre. Mais il n’a pu se rendre à Paris que début octobre. « J’ai perdu un mois de recherche » explique-t-il par téléphone, à peine rentré de France. « J’ai tout de même travaillé au mieux grâce à l’investissement de mon directeur de thèse », se réjouit l’étudiant rattaché au CNRS. « Mais il aurait fallu nous informer de cette décision des semaines à l’avance pour qu’on s’organise. On a eu l’impression que la France nous abandonnait en plein vol. »

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