• La nouvelle normalité - Le Monolecte
    https://blog.monolecte.fr/2024/09/15/la-nouvelle-normalite

    La nouvelle normalité, c’est que même l’éducation n’est plus acquise. La nouvelle normalité, c’est la pauvreté écrasante des étudiants, ce sont leurs files d’attente pour les distributions alimentaires. C’est également des classes sans profs, des écoles sans chauffage, des lycées bondés où les jeunes se prennent les plafonds sur la tête et où il pleut dans les couloirs pendant que le lycée privé entretient sa piscine avec de l’argent public.

    La nouvelle normalité, c’est que la démocratie, la République, la Constitution et même le Droit en général sont des farces avec lesquelles il est loisible de se torcher abondamment et délibérément sans aucune espèce de conséquence. Ce n’est pas une surprise ou même une nouveauté pour tout le monde, mais notre naufrage dans la voyoucratie sans fin et sans fond est tout de même une énorme déconvenue pour ma modeste personne.

    La nouvelle normalité, c’est la xénophobie. La haine. L’inversion des valeurs. Les humanistes sont des criminels. Les haineux ont l’oreille du pouvoir au plus haut niveau et de plus en plus de médias couchés pour y déverser H24 leur bile aigre. Les ennemis, ce sont ceux qui réclament que soient rendus vivants, réels et permanents les mots qui ornent le fronton des derniers bâtiments publics.

  • Rami Ayari sur X :
    https://x.com/Raminho/status/1828862852473491485

    When a photo says it all. We’re learning now it was a @WFP vehicle which IDF shot at repeatedly despite clear #UN insignia and the vehicle being part of a humanitarian convoy that was fully deconflicted and coordinated with #Israel.

    شنشون sur X : “Notice how all of the shots are in the windows, not a single one in the door.” / X
    https://x.com/humanprovince/status/1829209776846430609

    Notice how all of the shots are in the windows, not a single one in the door.

  • Hitler, les dessous d’une prise de pouvoir, par Johann Chapoutot (Le Monde diplomatique, août 2024)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2024/08/CHAPOUTOT/67294

    Contrairement à une idée reçue, Adolf Hitler n’est pas arrivé au pouvoir par les urnes. Dans un contexte de crises parlementaires à répétition et de paniques morales orchestrées par une presse aux ordres d’un magnat d’extrême droite, ce fut le résultat d’intrigues menées par des industriels et des banquiers. Tous entendaient casser l’élan électoral de la gauche, et abattre l’État social.

  • À Gaza, des agriculteurs résistent encore sous les bombes
    https://reporterre.net/A-Gaza-des-agriculteurs-resistent-encore-sous-les-bombes

    Terres détruites, départs forcés... L’offensive israélienne a mis à mal l’agriculture à Gaza. Malgré les bombes, certains agriculteurs sont restés, et s’entêtent pour sauver leurs champs.

    Beyrouth (Liban), correspondance

    Entre les gravats et les débris, des plantes poussent encore. Aubergines, tomates, poivrons et concombres s’entêtent à vivre au milieu des explosions d’obus, de phosphore blanc et de drones. C’est un petit miracle qui se déroule à Gaza : des agriculteurs tiennent bon face à l’offensive israélienne, qui a tué plus de 40 000 Gazaouis et contraint 2 millions de civils à l’exode.

    Samir Khoder Ibrahim Mansi, lui, est toujours là. Malgré les bombardements et une guerre génocidaire qui ravage le territoire, le jeune agriculteur s’occupe toujours de ses 8 000 m2 de terres, dont 6 000 à Deir el-Balah, au centre de la bande de Gaza.

    Transmis à Reporterre par notes vocales sur WhatsApp par une militante écologiste gazaouie, son témoignage n’était pas facile à recueillir faute de connexion stable et d’électricité. « Aucune zone n’est épargnée. Mais Dieu merci, pour nous, c’est mieux que pour d’autres ; ils n’ont détruit que de petites choses et n’ont touché qu’une partie des serres, explique-t-il. 100 de mes oliviers ont été bombardés. Cela pourrait être pire. »
    « Il ne reste rien »

    D’après des chiffres récents de l’Organisation des Nations unies (ONU), Israël aurait anéanti 57 % des terres agricoles de la bande de Gaza et rasé plus de 40 % des serres à coup de bombes ou de pelleteuses. La destruction est bien plus importante dans le nord de la bande et pour la ville de Gaza, où presque 90 % des serres ont disparu. 537 granges, 484 élevages de volailles et 397 élevages de moutons ont été détruits, réduisant à néant l’infrastructure agroalimentaire gazaouie.

    « Tout ce que nous produisions a disparu »

    Des milliers d’agriculteurs ont ainsi perdu leurs terres et leurs fermes, disparues sous les bombes. C’est le cas de Ghifra Ahmad Abdelkhesi, 55 ans, mère de famille et agricultrice. « Depuis trente-cinq ans, l’agriculture était toute ma vie. On travaillait sur nos terres avec mon mari et nos enfants. Tout ce que nous produisions a disparu, tout a été détruit… Notre maison, nos cultures, la ferme de nos animaux, tout », témoigne-t-elle via WhatsApp.

    Elle énumère avec fierté les fruits et légumes qui sortaient de ses champs : okras (en forme pyramidale), pastèques jaunes et rouges, tomates, maïs, poivrons, navets, aubergines, mloukhiya (corète potagère) en été ; orge, blé, pois chiches, épinards en hiver. « Il ne reste rien. Nous sommes déplacés à l’hôpital al-Aqsa, à Deir el-Balah, et les animaux que nous avions réussi à sauver sont morts de faim. On a cueilli des mauvaises herbes pour les nourrir, mais cela n’était pas assez. Nous mourrons nous-mêmes de faim », se désole-t-elle.

    Génocide par la famine

    L’effondrement de l’agriculture à Gaza a une autre conséquence : la famine. En juin, 95 % des Gazaouis, soit 2,15 millions de personnes, souffraient d’insécurité alimentaire élevée. Des dizaines d’enfants sont déjà morts d’épuisement et de faim ; 50 000 en sont menacés. « Nous pensons que ces chiffres sont grandement sous-estimés, puisque le système alimentaire s’est effondré et 75 % du secteur agricole est détruit », selon Lisa Shahin, responsable de la recherche et de la mobilisation du Groupe arabe pour la protection de la nature (APN), une organisation environnementale palestino-jordanienne de la société civile.

    Et d’ajouter : « Avant la guerre, Israël utilisait déjà la faim comme arme contre les Gazaouis afin de les maintenir à un niveau d’épuisement constant, de les subjuguer et de les contrôler. » Avant le 7 octobre, 65 % des Gazaouis souffraient d’insécurité alimentaire, et les agriculteurs étaient limités par le blocus israélien imposé depuis 2007. « Aujourd’hui, on assiste à l’extension logique de cette tactique : le génocide par la famine, la punition collective », dit-elle.

    Israël bloque totalement l’importation de matériel agricole. Les agriculteurs doivent se contenter de ce qui a survécu aux bombardements, et à des prix exorbitants. « Nous avions l’habitude d’obtenir 1 000 plants de poivrons avec 100 shekels [24 euros] ; pour nous, c’était déjà cher. Aujourd’hui, cela coûte 500 shekels [121 euros] », explique Samir Khoder Ibrahim Mansi. Ces prix réduisent la viabilité économique de leur métier. « Une récolte coûte très cher, maintenant. S’il fallait dépenser 1 000 dollars avant la guerre, c’est maintenant 4 000 ou 6 000 dollars. »
    Ce champ d’un agriculteur à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, tient encore. DR

    Replanter arbres et semences au milieu des débris

    Dans ce contexte délétère, certaines associations locales tentent d’aider les agriculteurs. L’APN, basé à Amman mais avec des équipes à Gaza, a ainsi lancé la campagne Revive Gaza’s Farmland (« Faire revivre les terres agricoles de Gaza »). « Nous sommes encore en contact avec 500 agriculteurs, et avons réussi à soutenir 162 d’entre eux. Nous leur fournissons des semences, surtout des légumes pour nourrir rapidement le maximum de personnes : concombres, tomates, aubergines, courgettes, poivrons… », explique Lisa Shahin.

    L’APN aurait ainsi replanté 500 000 pousses de légumes, 900 kg de graines de mloukhiya, 115 000 graines d’aubergines et de piments, sur un total de 40 hectares sur toute la bande de Gaza, en plus d’un projet de réhabilitation de la pépinière de la ville de Gaza.
    L’APN a replanté des pousses de légumes et a fourni des graines aux agriculteurs. © APN

    « Mes champs ont été détruits, des puits jusqu’aux cultures. L’APN m’a remis sur pied en m’aidant à replanter des aubergines de zéro, témoigne anonymement un agriculteur de l’est de la bande de Gaza, par peur de représailles israéliennes. Je dois nourrir 22 personnes de ma famille. Je traite mes plantes comme des enfants, j’en prends soin, mais nous sommes entourés de débris, de fragments de missiles. On a besoin d’aide. »

    Pour Lisa Shahin, cette aide d’appoint n’est qu’une première étape pour éviter le pire. « Une fois la guerre terminée, nous lancerons deux autres étapes de la campagne : nous aiderons des pêcheurs avec des filets et la réparation de leurs bateaux, nous restaurerons des puits, et planterons des arbres fruitiers pour compenser les 55 000 arbres déracinés par l’occupation dans la ville de Gaza. Puis, nous réhabiliterons les élevages et distribuerons des ruches, comme nous le faisions avant la guerre », dit-elle.
    L’identité agricole de Gaza

    En pleine guerre, le travail des associations reste difficile. « J’ai été contraint de fuir deux fois, et nous avons dû déplacer nos bureaux à cause des bombardements », témoigne Mahmoud Alsaqqa, manager de programmes chez Oxfam à Gaza. Les nouveaux bureaux de l’association, déplacés à Deir el-Balah et Rafah, servent aussi de refuge. « Avant la guerre, je travaillais sur un programme pour mettre en valeur la chaîne de production des agriculteurs, améliorer leurs qualité et production, ainsi que leur accès aux marchés externes… Maintenant, on lutte pour leur survie », dit-il au téléphone.

    Oxfam distribue ainsi des bons de consommation et de l’argent liquide aux agriculteurs, qu’ils peuvent dépenser en engrais, graines ou pour se nourrir. « La condition pour qu’ils puissent faire revivre leurs cultures, c’est déjà qu’ils ne meurent pas de faim. Ça leur redonne confiance, envie de se battre », explique-t-il.
    L’APN aide 162 agriculteurs à Gaza. © APN

    Et d’ajouter : « La quasi-entièreté des zones agricoles du nord de Gaza sont détruites. Les champs de Beit Lahya, mondialement connus pour leur production de fraises, ont disparu. C’est une attaque contre notre identité palestinienne, de paysans fellahin, contre notre culture de l’olivier. » Selon lui, « sur les 200 000 agriculteurs qu’il y avait à Gaza, de nombreux sont morts, blessés et déplacés » et « moins de 10 % d’entre eux arrivent encore à exercer ».

    Pourtant, malgré l’ampleur de la destruction, il ne manque pas d’optimisme : « Les Palestiniens sont résilients, on va tenir bon. Ce qu’il nous faut, c’est un cessez-le-feu et la levée du blocus. » Et que les Gazaouis retrouvent leur autosuffisance en légumes. « Je crois fermement qu’on y arrivera de nouveau. Continuer l’agriculture, aujourd’hui, c’est un acte de subsistance, mais aussi de résistance. »

  • Pourquoi l’intelligence artificielle rapporte des millions à une petite île des Caraïbes ?
    https://www.economiematin.fr/ai-zone-domaine-internet-pays-territoire-anguilla

    Anguilla, une petite île nichée dans les Caraïbes orientales, a vu son destin transformé grâce à une ressource inattendue : les noms de domaine en .ai. Ce suffixe, attribué à l’île en 1995 lors de la répartition des extensions de domaine par pays, s’est avéré être une mine d’or avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle. Alors que le monde entier se tourne vers l’IA pour façonner l’avenir, les entreprises cherchent à enregistrer des noms de domaine qui reflètent cette avancée technologique, ce qui a provoqué une explosion des demandes pour des adresses en .ai. Elon Musk, par exemple, a réservé le domaine X.ai pour son entreprise d’IA, illustrant l’attrait mondial pour cette extension spécifique.

    Il faut savoir que chaque enregistrement de domaine génère des revenus substantiels pour le gouvernement anguillais, avec des frais variant de 140 dollars à plusieurs milliers, selon les enchères. En 2023, ces enregistrements ont rapporté à Anguilla environ 32 millions de dollars, une somme qui dépasse les 10% du produit intérieur brut (PIB) de l’île, qui compte près de 16.000 habitants sur 90 km². Pour une île qui dépendait jusqu’alors principalement du tourisme, ces revenus inattendus sont venus compenser les pertes subies à cause des restrictions de voyage liées à la pandémie et d’un ouragan dévastateur en 2017.

    Grâce à son .ai, Anguilla a mené à bien nombre de projets à vocation sociale

    Face à cet afflux financier, le gouvernement d’Anguilla a pris des mesures pour améliorer le quotidien de ses citoyens. Sous le Premier ministre Ellis Webster, les fonds générés ont été utilisés pour offrir des soins de santé gratuits aux résidents de 70 ans et plus. Le gouvernement a également alloué des millions de dollars pour terminer la construction d’une école et d’un centre de formation professionnelle, ainsi que pour améliorer l’aéroport local. Par ailleurs, le budget consacré aux activités sportives a doublé, tout comme celui destiné aux citoyens nécessitant des traitements médicaux à l’étranger.

    Anguilla n’est pas la seule nation à avoir bénéficié d’une telle manne. Tuvalu, par exemple, a engrangé 50 millions de dollars en vendant son domaine .tv, tandis que Niue a perdu une opportunité similaire avec son domaine .nu, qui a été vendu sans qu’elle ne puisse en tirer pleinement profit. Contrairement à ces îles, Anguilla a su saisir l’opportunité au bon moment, garantissant ainsi un avenir plus prospère pour ses habitants grâce à cette ressource numérique inattendue.

  • A.L.S. Stole His Voice. A.I. Retrieved It. - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/08/14/health/als-ai-brain-implants.html

    In an experiment that surpassed expectations, implants in a patient’s brain were able to recognize words he tried to speak, and A.I. helped produce sounds that came close to matching his true voice.

    C’est assez passionnant, même si j’ai du mal à croire tant l’histoire est belle.

    #Intelligence_artificielle #Voix #Implants_cérébraux

  • La question est de savoir pourquoi Microsoft a choisi ce moment pour passer à 2 To sur un format qui est peu usité.

    FAT32 prend de l’embonpoint - Le Monde Informatique
    https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-telex-mike-lynch-porte-disparu-en-mer-fat32-prend-de-l-embo

    - FAT32 prend de l’embonpoint. Sur le blog du canal de Windows Insider (beta testeur), Microsoft a annoncé que dans la prochaine version de Windows 11, la limite du format de partition FAT32 va passer de 32 Go à 2 To. Pour mémoire, FAT32 a été intégré dans Windows 95 il y a 30 ans pour partitionner les disques ou des périphériques de stockage. La limitation de la taille à 32 Go était arbitraire et n’avait jamais évolué jusque-là. La question est de savoir pourquoi Microsoft a choisi ce moment pour passer à 2 To sur un format qui est peu usité. Attention pour bénéficier de cette extension, il faudra passer par la ligne de commande format et non par l’interface de formatage de l’OS.

    • Ouais et si je peux me permettre faisant partie de la communauté depuis quelques années, si vous n’êtes pas cycliste de voyage, passez votre chemin (j’ai déjà eu une demande de camping-cariste, le comble). Ne posez jamais de lapin. Ne vous croyez pas à l’hôtel. Désactivez votre compte si vous n’accueillez plus. N’utilisez pas l’appli, elle est pourrie, uniquement dans le navigateur. Faites vos demandes d’hébergement 24h à l’avance si possible. Donnez ou demandez une fourchette précise d’heure d’arrivée.
      Warmshowers, un bel outil qui a tendance à se faire moisir par des gens qui n’ont pas bien compris l’esprit...

  • Au fait ! Une ICE (iniative citoyenne européenne) a été lancée pour permettre l’accès à l’IVG partout dans l’UE.

    Ça ressemble à une pétition, mais il y a un vrai cadre juridique autour et a minima un examen par la Commission européenne.

    L’objectif à atteindre : 1 million de signatures en 1 an, dans au minimum 7 États de l’UE (avec un seuil à dépasser : pour que la France compte il nous faut 55 695 signatures, pour la Belgique 14 805)

    Si vous pouvez voter, vous pouvez signer.
    https://eci.ec.europa.eu/044/public

  • « Ma grand-mère vote Rassemblement national depuis qu’elle regarde CNews » | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1719394598-grand-mere-vote-rassemblement-national-cnews-bollore-extreme

    Le designer Marc (1), 36 ans, a quitté la France pour Berlin il y a dix ans. Il retourne voir ses parents en région parisienne une fois par an. Au fil du temps, il a vu CNews s’imposer sur l’écran plat familial. « Il y a deux ans mon père disait : “C’est rigolo, c’est du divertissement”. Maintenant, il me sort que Pascal Praud est le seul à dire la vérité. » Le trentenaire, dégoûté par l’évolution politique de celui qui l’a élevé, compare la chaîne d’info à « un poison qui s’immisce » :

    « À chaque fois que je reviens, ça continue vers un chemin toujours plus vers l’extrême droite. Je n’arrive pas à comprendre comment quelqu’un d’aussi cultivé a pu tomber là-dedans. »

    Pire, il s’est rendu compte, après en avoir discuté avec ses cousins, que son père est devenu le « tonton raciste de la famille ».

  • Législatives : CNews incite ses téléspectateurs à ne pas accepter le résultat des élections si le RN ne l’emporte pas
    https://www.telerama.fr/television/legislatives-cnews-incite-ses-telespectateurs-a-ne-pas-accepter-le-resultat

    Le lendemain matin, Pascal Praud fustige les désistements toujours plus nombreux face aux candidats RN. « On pourrait appeler cette coalition la métamorphose des cloportes. » L’invasion des cafards, la submersion des rats d’égout. « Cette stratégie consiste à contourner le vote des Français : vous avez voté ? On s’en fiche ! » Il faudrait que l’armée intervienne pour rétablir la victoire du RN.

  • Mélenchon, c’est l’Arabe – le cahier rouge
    https://leonardvincent.net/2024/07/01/melenchon-cest-larabe

    Voici ma thèse : Mélenchon, c’est l’Arabe. Dans la triste France effondrée d’aujourd’hui, cet homme de chair et d’esprit est devenu non seulement un objet politique, mais aussi un sujet d’empoignades en étant devenu un fantasme, une entité imaginée, ou plutôt rêvée, ou plutôt délirée. Comme l’Arabe.

  • #Antisémitisme. L’#extrême_droite blanchie par son soutien à Israël - Alain Gresh - Sarra Grira
    https://orientxxi.info/magazine/antisemitisme-l-extreme-droite-blanchie-par-son-soutien-a-israel,6952

    Pour le RN, le processus de blanchiment a commencé en 2011 : Marine Le Pen affirmait alors le soutien de son parti à Israël, tandis que Louis Aliot, son compagnon et numéro 2 de ce qui s’appelait encore le Front national, se rendait à Tel-Aviv et dans les colonies pour tenter d’y séduire l’électorat français. De quoi faire oublier l’ardoise du père et rassurer les autorités israéliennes qui, depuis plusieurs années, ne cachent pas leurs accointances avec ces sionistes antisémites, dont le populiste hongrois Victor Orban est un des chefs de file. Récemment, Israël a ouvert un dialogue avec le parti Alliance pour l’unité des Roumains, qui glorifie Ion Antonescu, le leader du pays pendant la seconde guerre mondiale. Il avait collaboré avec les #nazis et porte la responsabilité de la mort de 400 000 juifs2. De l’Autriche à la Pologne, Nétanyahou ne compte plus ses alliés d’extrême droite, néofascistes, souvent négationnistes, voire nostalgiques du IIIe Reich.

    La classe dirigeante israélienne ne fait en réalité que perpétuer ainsi une tradition qui remonte au temps des pères fondateurs du #sionisme : trouver dans les antisémites européens des alliés à leur entreprise, et qui se prolonge à la faveur de la « convergence coloniale ».

    L’universitaire israélien Benjamin Beit-Hallahmi écrivait, à propos de l’alliance entre son pays et l’Afrique du Sud de l’apartheid dans les années 1960 — 1980, dont le parti au pouvoir depuis 1948 avait eu des sympathies pour l’Allemagne nazie :

    On peut détester les juifs et aimer les Israéliens, parce que, quelque part, les Israéliens ne sont pas juifs. Les Israéliens sont des colons et des combattants, comme les Afrikaners3.

  • France’s Establishment Is Preparing for a Le Pen Government
    https://jacobin.com/2024/06/france-marine-le-pen-horaces-far-right

    Si je comprends bien cet article les fascistes au sein des institutions francaises préparent depuis longtemps l’arrivée au pouvoir de leurs figures de proue. Nous connaissons tous une sorte de « preview » de ce que sera leur politique. L’agence européenne Frontex est un projet réalisé par les mêmes fanatiques xénophopes et suprémacistes qui se préparent à transformer la France dans un régime du genre Vichy 2.0 . Les élections seront alors dramatiques. Leur résultat le sera aussi s’il donne raison aux partisans d’une sixième République Vichyste.

    14.6.2024 by Marlon Ettinger - For years, French media has speculated on “Les Horaces,” a secret group of state officials who hope to join a far-right government. With Marine Le Pen’s party heading polls for the parliamentary elections, their plans look closer to reality than ever.

    For nearly a decade there have been whispers of a secret group in French politics called the “Horaces.” Expecting that Marine Le Pen will one day become president, this circle of influential senior government officials and business leaders have been assiduously preparing for her first hundred days in power.

    According to a report from Le Point, they numbered around eighty people in 2016, and included judges and teachers, members of the military bureaucracy, lawyers and CEOs, as well as functionaries in government ministries and higher education. By 2017, a report in Marianne put their number at 155, though a 2024 investigation in Libération narrowed the circle back down to an efficient twenty-eight. These men reportedly dine with Le Pen, draft her program and speeches, and author her campaign initiatives and about-faces (it was this group, according to an Agence France-Presse report, that urged Le Pen to step away from the aspects of her program that have sometimes feigned a defense of France’s social welfare system).

    They’ve also plotted attacks on Le Pen’s opponents, like Jean-Luc Mélenchon, drafting messaging in 2017 in case the left-wing presidential candidate forced a runoff between himself and Le Pen instead of Emmanuel Macron.

    Now, after the Rassemblement National (RN)’s crushing performance in the European elections, and the political thunderbolt of Macron’s announcement of snap elections, Le Pen truly is closer to power than ever. This is not just a campaign slogan, but a widely understood reality. Éric Ciotti, the leader of the mainstream right-wing party Les Républicains, announced on Tuesday afternoon that he was prepared to forge an alliance with Le Pen, snapping the thin film between respectable Gaullism and the far right (in reality, this film has been porous for year). Les Républicains quickly splintered, with the party’s political bureau voting to strip Ciotti of the presidency. Still, Ciotti was backed by the leader of Les Républicains’ youth wing, and according to one poll over 50 percent of their voters support such a right-wing alliance with Le Pen.

    The shockwave of Macron’s dissolution of parliament and the political opportunities that it has opened up has prompted figures like Ciotti to openly proclaim what they really think — and pushed forward the schedule for a Rassemblement National government that now feels all but inevitable. It’s ten minutes to midnight for those who want to stop Le Pen. But even before this political earthquake, way back in the now-distant campaign for Sunday’s European elections, senior officials with profiles that matched the foggy outlines of the Horaces were stepping out of the shadows to contest for power openly. With Le Pen’s dominant performance over the weekend, some of those senior officials are now members of the European Parliament (MEPs), charged with making policy in a much more direct way than ever before.

    There was the former head of the EU’s border agency Fabrice Leggeri, number three on the Rassemblement National list and Thierry Mariani, a longtime member of the mainstream right-wing party Les Républicains, minister of transport from 2010 to 2012, and number nine on the list. They were both easily elected. There’s also a criminal magistrate, Pascale Piera, a high-ranking representative of France’s justice system and elected from position number ten. Twenty-fifth on the list — but still comfortably elected — is Pierre Pimpie, deputy director of the body charged with securing the nation’s railways.

    During a debate in the run-up to the election, Macron’s young prime minister, Gabriel Attal, tried to portray Le Pen’s Rassemblement National as an ill-prepared, flighty outfit led by politicians ready to say anything and change any opinion to get power. But outside of empty politicking, Attal underestimates just how ready this party is to govern, just how long it’s been preparing to take power, and who’s ready to join it on its road to the top.
    The Horaces

    When Hossam Boutros Messiha came to France from Egypt he was eight years old and didn’t speak a word of French. The son of an Egyptian diplomat, when he turned twenty he became a naturalized citizen of France and changed his name to Jean. “I’m assimilated,” Messiha told the newspaper Libération in 2017. “Arab on the outside, French on the inside.”

    Messiha was educated at the prestigious École nationale d’administration (ENA) and in 2005 became a project manager for the Army’s chief of staff. His career didn’t attract much public attention, but he marched steadily up the ranks of the civil service within the Ministry of Defense.

    In 2014, by Messiha’s account, he sent an email to the Rassemblement National and met Le Pen the same year. They were interested in him, and later on would refer to him, with his impeccable educational background and career as a functionary, as a prize.

    In an interview with the reactionary journal Valeurs actuelles earlier this year, Messiha claimed that joining Le Pen’s party in 2015 cost him his civil service career. But the same year he met Le Pen, he also became an assistant to the ministry’s deputy director of operational management. He remained trusted enough in that position that in 2016 the minister of defense gave him the formal authority to sign all “acts, orders, and decisions” in the minister’s name for the division, according to an announcement in the government’s official gazette.

    And according to an investigation by Mediapart last year, Messiha’s civil service career didn’t end when he joined RN at all. Nor did it end when he left that party in 2018 and threw his support behind far-right pundit and presidential candidate Éric Zemmour in 2022 as his spokesman.

    Collaborating with Le Pen, Messiha reportedly racked up five figures a month in payments, then working for Zemmour’s campaign he pulled in another €32,700 for a variety of services including television appearances and organizing rallies. Throughout nearly that whole time, from 2017 to 2023, according to documents reviewed by Mediapart, Messiha was also drawing a salary from the Ministry of Armed Forces at an estimated €6,000 a month.

    What was he doing for the ministry in between television appearances warning about the Islamization of the country and the forced replacement of the country’s white, Christian ethnic stock?

    Nobody could say for sure, though he remained listed on the ministry’s internal staff directory and had an official government email address. Messiha denied Mediapart’s entire report and sued them for defamation. A trial will take place in Paris in November.

    Now Messiha views Zemmour’s Reconquête as the future of the French right. But the dramatic betrayal of Zemmour over the past couple of days — led by Le Pen’s niece Marion Maréchal — makes that look less likely now, with all of the party’s MEP’s defecting back to Rassemblement National. Zemmour kicked them out of the party and said he was “disgusted and hurt by the betrayal” — but still held the door open to alliances with Le Pen’s party, Les Républicains, and “all other parties of good faith who want to defeat Macron and the Islamo-leftists.” He also pointed a finger at the behavior of the “clan” around Maréchal as part of the reason for the crack up, referring to Marion as “Maréchal Le Pen.”
    Leggeri — a Heavy Proposition

    The Rassemblement National announced Fabrice Leggeri as a candidate early on in its EU election campaign, as a show of its strength. Now, after coasting to an easy election, Leggeri will be one of the party’s official spokesmen for the parliamentary elections at the end of June.

    Leggeri has his own long and successful career in the French civil service, and that trajectory reached its apogee in the seven years he served as the director of the European Union’s border control agency Frontex. Frontex is the EU’s first uniformed branch, with over two thousand employees and a budget at just under a billion euros a year. It’s the EU’s largest agency, and the first one to carry firearms.

    Leggeri came to Frontex with decades of experience enforcing border controls for the French government. In the French Ministry of Interior he headed up everything from digitizing passports to handling “irregular migration” by combating fraud and organizing deportations.

    Leggeri also accumulated experience at the European Commission level in the early 2000s, when he was a national expert for the commission from 2000 to 2003. There, he contributed to a document that recommended the formation of a Europe-wide border control agency. The recommendations of that document were adopted by the commission and led to the formation of Frontex.

    Leggeri left the agency in 2022 under a cloud of controversy after reports from Der Spiegel and Lighthouse Reports revealed that the agency had been complicit in illegally pushing migrants back out into the Mediterranean. Those allegations led to an investigation by the European Anti-Fraud Office, which found that Frontex cofunded Greece’s coast guard forces responsible for pushing migrants back out into the Aegean Sea often in inflatable rafts with motors, that Frontex was aware of the pushbacks, that the executive management of the agency concealed cases from its own officers to prevent them from investigating, and that Frontex even withdrew aerial surveillance so the operations couldn’t be documented.

    The report also found that Leggeri “actively resisted” hiring forty human rights agents, which European regulations required that the agency have (all while pushing to balloon the agency’s staff to ten thousand strong by 2027).

    After Leggeri stepped down from the agency in June 2022, he went back to the Ministry of Interior, where he had a vague position as an “executive project manager” before taking an “unpaid leave of absence from the French State administration,” according to his LinkedIn page.

    The location Leggeri listed for that leave gave some clue about his future plans — the Brussels Metropolitan Area. And right after he left Frontex, he was seen at the European Parliament in Strasbourg with deputies from both Les Républicains and the Rassemblement National.

    With the Gaullist center-right polling much lower than the “national” camp, Le Pen’s party was a much safer choice for Leggeri to guarantee him a seat.

    “We have to fight against being drowned by migration, a challenge which the European Commission and the Eurocrats minimize,” Leggeri said when he announced his candidacy in February. “My experience at Frontex confirms this reality.” Music to Le Pen’s ears.

    “It’s very interesting to have somebody from the inside . . . who’s proof of what we’ve been saying for a long time,” Le Pen said in reaction to Leggeri’s announcement.
    A Civilizational War

    Leggeri’s remarks backed up a common concern among the Horaces, who believe that the fight against immigration is a battle in a civilizational war that threatens to overwhelm Europe.

    “For those who we might encounter that are hesitating, let’s not forget to remind them that there are some ten million people in an assault base on the other side of the Mediterranean,” the creator of the group André Rougé told them in 2017.

    As a Rassemblement National candidate Leggeri adopted the same rhetoric, claiming that the European Commission doesn’t view “migratory submersion” as a threat, “but more as a project.”

    “I can testify to that,” he said, claiming that by contrast Le Pen’s party is “determined to fight” the commission’s plot, which they argue is furthered by last month’s adoption of the Pact on Migration and Asylum.

    “As a senior civil servant, I served the state with honor, but I’ve also seen the limits that of political decisions, which lead to failure,” Leggeri said in February. “Faced with this, I’m choosing to become politically involved to defend the public interest and that of France.”

    Leggeri and all those who’ve long wished for Le Pen to come to power suddenly see their deepest wishes coming true. Macron, that prince of chaos, has thrust France headlong into the next stage of its history.

    For the Horaces, all the better.

    #France #Europe #élections #administration #fascisme #élites #Frontex

  • Pourquoi mépriser les électeurs RN est un vilain défaut
    https://www.nouvelobs.com/politique/20240616.OBS89835/pourquoi-mepriser-les-electeurs-rn-est-un-vilain-defaut.html

    Par Xavier de La Porte

    Analyse Le fossé entre l’électeur Rassemblement national et le « bobo » passe aussi par le diplôme et le rapport au savoir qu’il génère. S’y glisse une condescendance que la gauche peut dépasser en cessant d’être experte et en acceptant de rêver.

    Pourquoi tant de gens votent-ils pour le Rassemblement national ? Racisme, sentiment de déclassement et d’abandon, baisse du pouvoir d’achat, défiance envers les partis de gouvernement, attirance pour une nouveauté politique… ces mobiles s’accumulent et se combinent, et ils sont largement documentés. Il en est un autre dont on parle moins et qui surgit au détour d’une page de l’excellent livre du sociologue Félicien Faury « Des électeurs ordinaires. Enquête sur la normalisation de l’extrême droite » (Seuil, 2024). Ayant pendant cinq ans interrogé régulièrement et longuement des électeurs du parti d’extrême droite en région Paca, le chercheur écrit dans un chapitre consacré à la question scolaire : « Il faut rappeler ici que le niveau de diplômes est l’une des variables les plus prédictives du vote RN. Derrière ce résultat statistique, on retrouve chez ces électeurs des trajectoires scolaires souvent heurtées, relativement courtes, vécues difficilement. C’est un certain rapport à l’école, distant voire défiant, qui apparaît comme l’un des facteurs communs à une partie importante de cet électorat. »

    Pendant ce temps-là, on observait à gauche le phénomène inverse. En 2018, l’économiste Thomas Piketty publiait un article, développé ensuite dans le livre coécrit avec Julia Cagé « Capital et Idéologie » (Le Seuil, 2023), où il parlait de « gauche brahmane ». Il montrait que depuis les années 1970-1980, le vote de gauche s’était progressivement associé à un haut niveau d’éducation, la « gauche » dans son ensemble devenant donc le parti de l’élite intellectuelle (d’où la métaphore des « brahmanes », la caste supérieure en Inde). Ce constat se reflète aujourd’hui dans la répartition du vote aux élections européennes : mutatis mutandis, la gauche n’est majoritaire que dans les lieux où se concentre cette élite, à savoir les métropoles.

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    Les implications dépassent la géographie électorale et touchent au rapport au savoir. Lors du débat télévisé qui opposait Jordan Bardella à Gabriel Attal, les errements de la tête de liste RN ont été apparents. A plusieurs reprises, il s’est montré imprécis, n’ayant manifestement qu’une connaissance vague des sujets dont il était question. Pour autant, cela ne lui a manifestement porté aucun préjudice, comme toutes les erreurs ou mensonges qu’on a pu relever pendant la campagne.

    Bien sûr, il est évident que la morgue du Premier ministre a pu, même quand elle servait à révéler la faiblesse de son adversaire, le renforcer. Néanmoins, il y avait, pour qui appartient à la « gauche brahmane » constituée autour de la croyance en les vertus du savoir, une tentation : se demander comment « les gens » (= les électeurs du RN) pouvaient avoir envie de voter pour quelqu’un qui a l’air d’une machine répétant des éléments de langage qui se révèlent hors-sol dès qu’on les défait des oripeaux du bon sens. Pourquoi ces gens ne voient-ils pas que ce type ne sait pas vraiment de quoi il parle, que ses positions sont contradictoires, qu’il ne sait même pas très bien comment fonctionnent les institutions qu’il est censé fréquenter, etc ? Cette interrogation n’est pas complètement illégitime mais elle a un défaut terrible : y pointe une forme de mépris.

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    Aucun fact checking ne se révèle efficace

    Et ce mépris, en plus d’être une faute humaine et une erreur tactique, révèle une incompréhension sur la caractéristique du vote RN relevée par Félicien Faury. Car, derrière la question scolaire, se glisse un rapport à la connaissance, à l’intellectualité. Non que les électeurs du RN soient bêtes, incultes, ou même qu’ils n’aient pas réussi dans la vie. D’ailleurs, celles et ceux qu’a interrogés le sociologue appartiennent plutôt, en général, à la petite classe moyenne. Mais outre que ce rapport contrarié à l’école peut produire, malgré une vie pas si mauvaise, une fragilité due à l’absence de diplômes, elle peut engendrer une relation contrariée au savoir, à ceux qui le portent, à ceux qui le transmettent et à tous ceux qui s’en prévalent : les sur-diplômés, les intellectuels, les experts, les journalistes. Les gens interrogés par le chercheur partagent le sentiment d’être méprisés par les « élites » sachantes et un soupçon immédiat pour tout argument qu’elles portent.

    La conséquence est terrible : aucune correction, aucun fact checking, aucun « débunkage » du programme du RN ne sont efficaces. Au contraire même, puisque la parole de ceux qui se livrent à cet exercice est d’emblée démonétisée, voire suspecte. Elle devient alors contre-productive. C’est le drame vécu par les médias qui tentent de documenter les erreurs, mensonges et dangers du RN : les preuves qu’ils apportent ne sont pas discutées en elles-mêmes parce qu’elles sont immédiatement transformées en signes de leur complicité avec un système qu’il s’agit de dégager. On peut évidemment le déplorer. Notamment parce que, comme on l’observe aux Etats-Unis et partout où des leaders illibéraux et populistes sont puissants, cela rend très compliqué le débat public et fragilise les fondements de la démocratie. Si les faits et la connaissance n’ont plus d’importance, comment argumenter ?

    Ce n’est pas la première fois dans l’Histoire que se pose cette question. Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, les chercheurs de l’école dite de Francfort (Theodor Adorno et consorts) se sont demandé comment le fascisme avait pu monter dans une grande partie de l’Europe, et pourquoi rien n’avait pu endiguer cette montée. Et ils avaient observé notamment que le camp antifasciste s’était évertué à contrer les élucubrations adverses avec des arguments posés, rationnels, chiffrés, et que, si cela s’était révélé inopérant, c’est parce que le combat ne se jouait pas sur le terrain de la vérité. Il ne s’agissait pas d’affronter une interprétation des faits, mais des émotions et des pulsions. La conclusion qu’ils en tiraient était que face à ce type de discours, il fallait quitter le terrain de la connaissance et de la rationalité, recourir aux mêmes outils que les adversaires et proposer de l’imaginaire et de l’utopie.
    Raviver les rêves

    Ce n’est pas la voie empruntée par les opposants au RN en France, gauche comprise. Pourquoi ? Les raisons sont multiples mais la principale est sans doute que la grande utopie de gauche, le communisme, a tellement failli qu’elle a rendu impossible le fait même de rêver à une autre société. Quant à l’idée de révolution, qui a longtemps habité l’imaginaire de gauche avec une grande puissance mobilisatrice, elle a été renvoyée au mieux au fantasme adolescent, au pire aux souvenirs de la Terreur, et a laissé place à l’obsession d’afficher le plus parfait pragmatisme.

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    Aujourd’hui qu’est en passe d’arriver au pouvoir un parti qui fait fi de tout pragmatisme, mais propose à ses électeurs une autre vie, il serait peut-être intéressant d’essayer de raviver à gauche les raisons de rêver. Car le rêve n’a pas seulement eu comme conséquence le désastre communiste, il a été le déclencheur de nombre de combats et de victoires dont la gauche n’a pas à rougir – et considérés comme des acquis parfois même au-delà de son camp : dans le droit du travail, dans l’égalité entre les hommes et les femmes, dans la redistribution, dans la protection des plus faibles, etc.

    Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais la gauche est sans doute la mieux placée pour ce travail. Et cela pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’il n’y a pas de rêve macroniste – ou il a tourné au cauchemar. Ensuite parce que ce mépris de classe qu’elle pourrait développer vis-à-vis des électeurs du RN, la gauche le connaît bien, elle l’identifie facilement, puisqu’elle en fut elle-même victime, longtemps, quand elle était populaire et ouvrière. Ainsi est-elle la mieux placée pour s’en défaire, pour comprendre ce que c’est de le ressentir, et apporter des réponses à celles et ceux qui l’éprouvent.

    Et puis, il y a un paradoxe à exploiter : les propositions défendues par le Nouveau Front populaire seraient, si elles étaient appliquées, beaucoup plus favorables économiquement et socialement aux électeurs du RN que les mesures prises par Jordan Bardella s’il était nommé Premier ministre. Enfin, il reste une base populaire importante à la gauche. C’est même une correction que Thomas Piketty et Julia Cagé avaient apportée à leur idée de « gauche brahmane » en constatant que cette assise était encore forte et qu’elle devait constituer une base sur laquelle travailler.

    Par Xavier de La Porte

    #Xavier_de_La_Porte #RN #Gauche_brahmane

    • Aujourd’hui qu’est en passe d’arriver au pouvoir un parti qui fait fi de tout pragmatisme, mais propose à ses électeurs une autre vie, il serait peut-être intéressant d’essayer de raviver à gauche les raisons de rêver.

      Alors c’est faux. Le programme du RN n’est pas de faire rêver et ne propose pas « une autre vie ». Le fondement du vote RN, c’est la croyance dans le fait que, justement, il n’y a pas d’alternative au creusement des inégalités et au rétrécissement des services publics. Les électeurs RN pensent qu’on ne peut pas changer le système, que c’est perdu d’avance, et donc la seule chose qu’on peut faire, c’est qu’il faudra continuer à se contenter d’un service public (école, santé, chômage, retraite…) qui se réduit comme peau de chagrin mais, selon la logique raciale du RN, récupérer une partie du peu qu’il reste à son profit en en privant une partie de la population (les immigrés). Puisqu’on ne croit pas pouvoir rééquilibrer entre riches et pauvres, on va exclure les arabes de la part des pauvres, ça nous en fera un peu plus quand même.

      Rien que la semaine dernière : finalement le RN ne reviendra pas sur la réforme des retraites. Juste on promet qu’on va réduire les pensions des arabes, ce qui devrait en laisser un peu plus pour les autres. (Pendant le mouvement contre la réforme, je me souviens que certains avaient prédit qu’en cas d’échec du mouvement social, ce serait une autoroute pour le RN. Justement parce que vote RN repose sur l’idée qu’on ne peut pas résister au néolibéralisme : juste virer les immigrés pour que le souchien améliore sa part du peu qu’il reste.)

      De fait, le programme de la gauche est exactement ce qui « change la vie », en termes de rééquilibrage de la distribution des richesses et de re-développement des services publics. Mais si on accepte l’idée que les électeurs RN sont rétifs à l’argumentation rationnelle, je vois pas bien quelle est la logique, et que ce n’est pas ça qui peut faire « rêver ».

      Par contre ce qu’on a vu, ce sont les innombrables trahisons de la gauche au pouvoir. C’est pas « le rêve » et les promesses qui ont manqué. C’est la trahison pure et simple par les socialistes au pouvoir qui, systématiquement, ont conduit à désespérer de pouvoir faire les choses autrement. Donc « il faut pas les mépriser, mais il faut leur vendre du rêve », (1) je ne vois pas pourquoi ça marcherait, (2) c’est en soi une forme de mépris (le passage où il décrit longuement les électeurs du RN comme un troupeau d’abrutis de la classe moyenne inférieure cons comme des briques, rétifs à tout argument rationnel, après avoir dit qu’ils ne sont ni bêtes ni incultes, ça vaut son pesant de cacahouètes).

    • Sinon c’est magnifique cette façon d’opposer « l’électeur Rassemblement national et le “bobo” », dès la première phrase qui suit le mot « Analyse ».

      Seine-Saint-Denis 2017, au premier tour :
      – Mélenchon 49% des votes exprimés
      – Le Pen 12%.

      À Saint-Denis même :
      – Mélenchon 61%
      – Le Pen 8%.

    • Sur le fond, @arno je pense que tu dis la même chose que Xavier de La Porte. Il y a une distance entre le « rêve » vendu est sur-vendu, et ce qui se fera vraiment. La question des retraites est significative.
      En revanche, je pense qu’il y a plein d’électeurs du RN qui le font pas seulement pour donner un coup de pied dans la fourmilière, mais parce qu’ils « rêvent » de la France nostalgique qui transparaît dans les discours non pas du RN, mais de tous les suppôts du RN (les médias Bolloré en number one).
      Que leur « rêve » ressemble à ton cauchemar, c’est certain... mais pour elles et eux ?

    • Au sein de la grande guerre qui vise à capter la force de travail d’autrui, je vois le « vote RN populaire » comme une sous-bataille pour engendrer une classe sociale inférieure (ayant moins de droits et sous-payée, logique de l’esclavage et de la colonisation, c’est déjà bien entamé pour qui veut bien regarder du côté de certaines plateformes de livraison à vélo, du secteur hôtelier, du bâtiment et certains pans de l’agriculture). Ceux qui votent RN espèrent tirer quelques subsides du sous-paiement de la classe inférieure ainsi créée. Je le vois comme un mouvement de recolonisation de l’intérieur où les classes populaires blanches espèrent devenir des sortes de pieds-noirs métropolitains pouvant à nouveau se payer du petit personnel ou au moins bénéficier d’un SMIC auquel les non-blancs ne pourront plus accéder.

    • @hlc Si tu as le temps, je te conseille l’entretien entre Félicien Faury et Stefano Palombarini, je trouve que c’est beaucoup plus pertinent. Ils décrivent les électeurs RN comme adhérant au « paradigme néolibéral », en ce sens qu’ils adoptent sa logique, savent qu’ils sont du mauvais côté du bâton, mais plutôt que de vouloir en sortir ou de le changer (position de gauche), ils considèrent qu’il n’y a pas de possibilité d’en sortir, et donc adoptent une grille de lecture ethno-raciale : ce qu’il reste pour notre classe sociale, on va en priver les immigrés.
      https://seenthis.net/messages/1057467

      Du coup, je pense pas qu’ils « rêvent » d’un retour à la France de la Guerre des boutons, façon clip de Zemmour : certes ils ont la nostalgie (plus ou moins fantasmée) d’une époque meilleure pour leur classe sociale, mais ils pensent fondamentalement qu’on est dans un monde désormais néolibéral, et qu’il faut faire avec. Ils ne rêvent pas d’un monde où il y aurait plus d’argent pour les petites gares de campagne, pour l’école, pour l’hôpital, pour les retraites, pour les protections sociales : ils adoptent l’idée que c’est fini et que maintenant il faut faire des économies pour soutenir l’économie, et pour cela on va arrêter de donner des sous aux arabes et autres.

      Ils ne rêvent pas qu’on va leur redonner un truc d’avant. Juste qu’on en prive les allogènes pour qu’on évite de leur sucrer à eux. Le RN fonctionne sur l’absence d’espoir.

    • C’est vrai. On ne peut pas donner des étoiles aux commentaires seulement aux documents de départ. Qui se charge-t-il de programmer l’attribution de notes aux commentaires et des modes de tri rendus possibles par cette nouvelle fonctionnalité ;-)

    • Oui pour le « vote RN populaire », mais ce qui se passe sous nos yeux, c’est aussi le vote RN de membres des classes dirigeantes et de la petite bourgeoisie, y compris intellectuelle (les profs). C’est ce cumul de deux voies qui fait la force du vote. Ne recommençons pas l’erreur que nous avons faite en analysant le vote Trump comme celui des déclassés. Certes, ils y étaient, mais sa puissance provenait du ralliement des classes aisées.

    • Oui mais a priori, la logique de la gauche, c’est « comment reconquérir le vote populaire ? » et non « Comment conquérir le vote des classes aisées ? »

    • @hlc Le texte de Xavier de la Porte se focalise explicitement sur la base, « la petite classe moyenne » qui aurait eu un rapport compliqué à l’école et qui est totalement rétive aux arguments rationnels et hostile aux intellectuels.

      Du coup si à l’inverse tu veux discuter des classes dirigeantes, de la petite bourgeoisie et des classes intellectuelles, je veux bien, mais dans ce cas, je pense que le mépris le plus cinglant est parfaitement légitime (et même encouragé). :-))

      Pour les classes populaires, qu’on considère les déterminants sociologiques, c’est effectivement sans doute plus efficace que le simple mépris (qui peut tourner au mépris de classe – même si je pense que l’argument du mépris de classe est une grosse facilité au service du RN, parce que toutes les classes populaires ne virent pas fachotes).

      Par contre, pour les autres, on ne va pas se gêner.

    • sociologie électorale du RN résumée
      https://seenthis.net/messages/1057561

      Ces dernières années, l’expansion électorale du RN s’est réalisée en grande partie sur les segments de l’ancien électorat de la droite. En schématisant, le RN « normalisé » de Marine Le Pen a très largement prospéré au sein de la coalition électorale qui avait porté Nicolas Sarkozy au pouvoir, dans les classes moyennes, chez les retraités, dans les mondes ruraux. Parmi les électeurs qui avaient soutenu Nicolas Sarkozy en 2007 et ont voté le 9 juin, quatre sur dix l’ont ainsi fait en faveur de la liste conduite par Jordan Bardella.
      Cette évolution se vérifie dans toutes les enquêtes. Ce ne sont plus seulement les artisans, les commerçants, les ouvriers les moins qualifiés et les employées sans diplôme qui placent le RN en première position quand ils votent. Ce sont également les classes moyennes propriétaires de leur résidence principale en périphérie urbaine, les agriculteurs, les entrepreneurs et les retraités résidant dans les villes moyennes et à la campagne.

  • French businesses court Marine Le Pen after taking fright at left’s policies
    https://www.ft.com/content/e28f9753-1770-4c8c-91d8-e7bb7ed44feb

    France’s corporate bosses are racing to build contacts with Marine Le Pen’s far right after recoiling from the radical tax-and-spend agenda of the rival leftwing alliance in the country’s snap parliamentary elections.

    Four senior executives and bankers told the Financial Times that the left — which polls suggest is the strongest bloc vying with Le Pen — would be even worse for business than the Rassemblement National’s unfunded tax cuts and anti-immigration policies.

    “The RN’s economic policies are more of a blank slate that business thinks they can help push in the right direction,” a Cac 40 corporate leader said of Le Pen’s party, which is ahead of other groupings in the run-up to the two-round vote on June 30 and July 7. “The left is not likely to water down its hardline anti-capitalist agenda.”

    Another major business leader and investor in France added: “If you had told me two weeks ago that the business world would be rooting for the RN and counting [President Emmanuel] Macron out, I would not have believed it.”

  • Elections législatives 2024 : Pourquoi c’est faux de dire que LFI est un parti d’extrême gauche ?
    https://www.20minutes.fr/politique/4096310-20240614-elections-legislatives-2024-pourquoi-faux-dire-lfi-parti-
    https://img.20mn.fr/5gXIJrdGRTa_e-wvwaPfmik/1444x920_le-parti-de-jean-luc-melenchon-est-souvent-qualifie-d-extreme-gauc
    À faire circuler auprès de tous ceux qui jouent à se faire peur avec les crypto-bolchéviques.

    « C’est quelque chose qui revient sans cesse, analyse Aurélien Dubuisson, chercheur associé au Centre d’histoire de Sciences po et auteur de L’extrême gauche en France aux éditions Presses universitaires Blaise Pascal. À mon sens, c’est une erreur qui est notamment provoquée par la droitisation de l’échiquier politique ces dernières années. » Le spécialiste note qu’en reprenant le programme de Mitterrand de 1981, il passerait pour « le pire des extrémistes à l’heure actuelle ». « Mais en 1981, le contexte politique était différent, il était imprégné par les thèmes de la gauche », souligne-t-il.

    Avant d’ajouter : « L’assimilation de LFI à l’extrême gauche dépend aussi du PS qui assumait une politique ouvertement libérale qui ne le différenciait pas vraiment de la droite. Il suffit de se pencher sur le quinquennat Hollande pour s’en faire une idée. Ainsi, quand un mouvement politique de gauche émerge sur la base d’un programme qui assume sa volonté de rupture, même minimale, avec le néolibéralisme, ça peut affoler les commentateurs ».

  • Ce réseau libertarien qui veut imposer ses idées en France - Basta !
    https://basta.media/reseau-libertarien-veut-imposer-idees-france-Atlas-Javier-Milei-Trump-Ifrap

    Un rapport de l’Observatoire des multinationales met en lumière l’un des facteurs méconnus de la progression des idées d’extrême droite en Amérique et en France : le soutien d’un réseau états-unien de think tank libertariens, appelé Atlas.

    Mais que font nos cellules anti-fake news ?

  • Santé : des chercheurs japonais développent un traitement qui fait repousser les dents
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/aujourd-hui-c-est-demain/sante-des-chercheurs-japonais-developpent-un-traitement-qui-fait-repous

    On pourrait bientôt en finir avec les couronnes, les bridges et les prothèses. Une équipe de chercheurs de l’hôpital Kitano à Osaka au Japon a identifié le gène qui bloque la repousse des dents et ils ont réussi à le désactiver avec un médicament. C’est donc comme si on avait des dents de lait en permanence, elles pourront repousser indéfiniment. Ils ont présenté les détails de l’étude clinique qui doit confirmer l’efficacité de ce traitement chez des humains.

    Cela fait plusieurs années qu’ils y travaillent, ils ont déjà réussi à faire repousser les dents des souris et des furets. Ils passent donc à l’étape suivante, des tests sur l’Homme sont prévus en septembre 2024. Vous savez que nous n’avons pas de chance, contrairement aux requins ou aux crocodiles, nos dents d’adulte ne repoussent pas. Si elles sont abîmées, on est obligés de les arracher et de mettre une prothèse. Avec ce type de traitement, ce sont nos propres dents, toutes propres, toutes neuves, qui pourraient naturellement repousser.
    Une alternative à la prothèse

    Ce nouveau traitement sera testé sur des enfants, entre deux et sept ans, atteints d’une maladie congénitale qui empêche leurs dents de pousser. Mais dans un premier temps, il faudra s’assurer que le médicament ne pose aucun danger. Il sera donc d’abord inoculé à des adultes sains à qui il manque au moins une molaire, comme ça, ils ne risquent pas de se retrouver avec 33 dents si le traitement fonctionne bien. À priori, aucun effet secondaire n’a été constaté sur les animaux. Donc ce sera aussi l’occasion de le vérifier. Cette première étape devrait durer à peu près un an, jusqu’en août 2025. Ensuite, ils enchaîneront avec les tests sur les enfants. Et si tout se passe bien, le traitement pourra être commercialisé d’ici 2030.

    Le médicament ne servira pas qu’à soigner cette maladie congénitale l’objectif est bel et bien de trouver une alternative à la prothèse quand on a perdu une dent, que ce soit après un accident ou après une mauvaise carie. Ce serait formidable de voir ses propres dents repousser. C’est pourquoi cette recherche sera suivie de très près. Elle pourrait marquer un tournant dans la médecine dentaire.

  • Nightshade, le logiciel qui « empoisonne l’IA » est désormais disponible. Destiné aux artistes qui en ont ras la banane que les modèles d’IA s’entraînent sur leurs œuvres, la logique de Nightshade est très simple : retourner l’IA contre l’IA.Développé par des chercheurs de l’Université de Chicago, le logiciel modifie subtilement l’image au niveau du pixel pour embrouiller complètement la machine.

    https://venturebeat.com/ai/nightshade-the-free-tool-that-poisons-ai-models-is-now-available-for-ar

    • l’hypothèse officiellement privilégiée, l’EI plus qu’Israël
      https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/04/l-iran-frappe-par-l-attentat-le-plus-meurtrier-depuis-la-revolution-islamiqu

      Peu après le double attentat de Kerman, sur le réseau social X, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, la plus haute autorité du pays, a menacé les responsables des explosions d’une « réponse ferme ». Le président, Ebrahim Raïssi, a promis que les services de sécurité iraniens « identifieront et puniront bientôt les auteurs de cet acte lâche ». Aucun de ces deux dirigeants n’a pointé du doigt un pays étranger ou un groupe militaire en particulier. Jeudi matin, le ministère de renseignement iranien n’avait pas encore attribué la responsabilité des deux explosions.

      Esmail Qaani, le successeur de Ghassem Soleimani, a accusé « des éléments soutenus par les Etats-Unis et le régime sioniste [Israël, dans la phraséologie officielle iranienne] » d’être à l’origine des explosions à Kerman. Mais, à Téhéran, peu d’officiels ont mis en cause les Etats-Unis ou Israël , deux ennemis jurés du régime iranien. Mercredi, le département d’Etat américain a rejeté l’accusation de M. Qaani. « Nous n’avons aucune raison de croire qu’Israël a été impliqué dans cette explosion », a déclaré Matthew Miller, le porte-parole de la diplomatie américaine, lors d’un point de presse. « Cela ressemble à une attaque terroriste, du type de celles que l’#EI a commises par le passé, et, pour autant que nous le sachions, c’est en quelque sorte, je pense, notre hypothèse de départ à l’heure actuelle », a dit un haut responsable américain, dans des propos rapportés par l’agence Reuters.

      Beaucoup d’experts pointent, en revanche, du côté de l’EI. Pays majoritairement chiite et dirigé par une élite appartenant à la même obédience, l’#Iran a été touché, à de multiples reprises, par des attaques, dont plusieurs ont été attribuées à l’EI. En juin 2017, le groupe avait ainsi revendiqué, pour la première fois, des actions simultanées à Téhéran, l’une près du mausolée du fondateur de la République islamique, Ruhollah Khomeyni, et l’autre au Parlement iranien. Ce double attentat avait tué dix-sept personnes.
      Un an plus tard, lors d’un défilé militaire à Ahvaz, ville située dans le sud-ouest de l’Iran, des hommes armés ont tiré sur les soldats, tuant vingt-cinq personnes. La dernière attaque revendiquée par l’organisation Etat islamique a été menée en octobre 2022, au sanctuaire de Chah-Tcheragh, à Chiraz, ville du sud du pays, lorsqu’une fusillade a tué quinze personnes. L’EI avait ensuite menacé de mener d’autres attaques en Iran. De leur côté, les dirigeants iraniens annoncent très souvent le démantèlement des réseaux appartenant à cette organisation et l’arrestation de plusieurs de ses membres dans le pays.

      Depuis le 7 octobre 2023, Téhéran a exprimé son soutien au Hamas, tout en affirmant n’avoir joué aucun rôle dans l’organisation de l’attaque en Israël. Pour le moment, la République islamique d’Iran prend soin de ne pas s’engager dans une guerre ouverte avec Israël et son allié indéfectible, les Etats-Unis. Mais ses « proxys » (alliés) ne cessent de défier ces deux pays sur plusieurs fronts.

      Condamnations internationales
      Au Liban, les échanges de tirs entre le Hezbollah et l’Etat hébreu le long de la frontière israélo-libanaise, devenus quotidiens, se sont intensifiés depuis l’assassinat de Saleh Al-Arouri, le 2 janvier. En Syrie et en Irak, les forces américaines ont été prises pour cible plus de cent fois par des militants soutenus par l’Iran. Dans la mer Rouge, les rebelles yéménites houthistes attaquent des navires marchands qu’ils estiment « liés à Israël ». Le 1er janvier, la marine américaine est intervenue au sud-ouest d’Hodeïda (le premier port du Yémen, aux mains des houthistes) pour détruire trois des quatre embarcations utilisées par le mouvement rebelle qui cherchaient à attaquer un navire commercial.

      Par le passé, Israël aurait certes procédé à des assassinats en Iran, sans jamais les revendiquer, mais ils ont toujours été ciblés. En novembre 2020, Mohsen Fakhrizadeh, acteur-clé du programme nucléaire de Téhéran, a été tué en plein jour à Absard, une petite ville à l’est de Téhéran. Quelques mois plus tard, le quotidien américain New York Times a révélé que cet assassinat avait été mené par une mitrailleuse de haute technologie pilotée à distance et cachée dans un pick-up stationné au bord de la route. Avant lui, au moins quatre autres scientifiques nucléaires iraniens ont été tués à Téhéran : Massoud Ali Mohammadi et Majid Shahriari, en 2010, Darioush Rezaeinejad, en 2011, et Mostafa Ahmadi Roshan, en 2012.
      Les explosions de Kerman ont été condamnées unanimement par la communauté internationale. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé « les responsables à rendre des comptes ». Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a « condamné cette attaque terroriste dans les termes les plus forts » et « exprimé [sa] solidarité avec le peuple iranien ».
      Alors que les inquiétudes grandissent quant à une possible extension régionale de la guerre à Gaza, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, devait commencer jeudi une nouvelle tournée au Moyen-Orient, qui le conduira notamment en Israël, mais aussi dans des capitales arabes. Ce déplacement sera son quatrième dans la région depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
      Ghazal Golshiri

    • Quand Israël créait un groupe terroriste pour semer le chaos au Liban - Rémi Brulin
      https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/quand-israel-creait-un-groupe-terroriste-pour-semer-le-chaos-au-liban,24

      Dans les années 1979-1982, le gouvernement israélien a créé au Liban une organisation qui a commis de très nombreux attentats terroristes. Dans son livre Rise and Kill First : The Secret History of Israel’s Targeted Assassinations, traduit en français sous le titre Lève-toi et tue le premier (Grasset, février 2020), le chroniqueur militaire israélien Ronen Bergman revient, entre autres, sur cet épisode qui reste largement occulté.

    • D’abord actes de vengeance aveugle, en réaction au massacre d’une famille israélienne de Nahariya par un commando palestinien, ces opérations ont eu pour objectif, après 1981, de pousser Yasser Arafat à attaquer Israël, en violation du cessez-le-feu négocié par les Etat-Unis, pour justifier une invasion militaire au Liban.