Anna Utopia Giordano | Venus

/venus-eng.html

  • Les beautés classiques passées à Photoshop comme des Top modèles modernes
    http://www.ufunk.net/artistes/beautes-classiques-a-photoshop

    Et si les canons de la beauté moderne étaient appliqués aux beautés classiques des peintures des grand maitres ? Et si les femmes de ces tableaux recevaient le même traitement photoshop que les top modèles modernes ? Le « Venus Project » de l’artiste italienne Anna Utopia Giordano apporte un début de réponse…


    #publicité

    • Le photoshoppeur diminue toutes les courbes, sauf celles des seins qui sont revalorisées. Je pense que ça rentre dans les canons du moment, peut-être. beau travail en tout cas même si je préfère quand même bien souvent l’esthétique et l’équilibre (surtout) de l’oeuvre originale.

    • Pas forcément convaincu. Je trouve que ça relève plus du gag que d’autre chose. Là, on applique ce qui relèverait des stéréotypes actuels de la beauté sur ce qui, en fait, relève déjà des stéréotypes de beauté de leur époque. Du coup, on serait amené à s’interroger sur « nos » stéréotypes, mais en oubliant les stéréotypes d’origine.

      Par exemple, questions idiotes :
      – Pourquoi de la nudité dans des scènes mythologiques bourrées de symboles qui nous échappent quasiment tous ?
      – Pourquoi ces femmes si « naturelles » n’ont-elles ni poils ni sexes ?
      – Pourquoi les femmes des tableaux classiques sont-elles différentes des femmes des sculptures classiques ?
      – Est-ce que les femmes de l’époque étaient toutes comme celles représentées ? Est-ce qu’à l’époque déjà les femmes carrément dodues étaient représentées nues dans les tableaux ?
      – Est-ce que les femmes nues des tableaux classiques étaient peintes par de riches et célèbres peintres femmes, ou uniquement, systématiquement, par des hommes ?
      – Les hommes nus représentés dans les tableaux classiques correspondent-ils à une représentation objective de ce qu’est un homme qui ne passerait pas 8 heures par jour à soulever de la fonte ?
      – Les femmes, dans les sociétés qui ont produit ces tableaux, étaient-elles plus libres qu’aujourd’hui ? Étaient-elles moins réduites à leur rôle sexuel que les femmes d’aujourd’hui ?

      Je trouve donc ce travail plutôt superficiel, et destiné essentiellement à provoquer un « c’était mieux avant » carrément simpliste.

      Sinon, site officiel :
      http://www.annautopiagiordano.it/venus-eng.html

    • Tout comme pour nous, les œuvres iconographiques anciennes représentent les physiques auxquels les gens aspiraient, les standards de la beauté qui ont souvent comme caractéristique principale de représenter la rareté et la distinction. À savoir que les canons de la beauté sont souvent émis par la classe dominante, laquelle a à cœur de se distinguer de la masse des dominés. Quand le peuple est halé par les travaux des champs et amaigri par les privations, l’idéal féminin se doit d’échapper aux vicissitudes du commun et donc d’être pâle et gras.
      En gros, la beauté dans l’art représente souvent ce que l’on aspire à être ou a posséder, à contrario de la cruelle réalité de la vie.
      http://blog.monolecte.fr/post/2005/01/16/39-regimes-totalitaires-enjeux-du-corps-social

    • @arno sauf que les nus « classiques » ont été faits dans un contexte particulier : la renaissance, avec des scènes et des sujets mythologiques donc forcément fantasmatiques, prétexte à l’émancipation du contrôle ecclésial. Je ne pense pas que ce travail soit superficiel, simplement parce que ce n’est pas le travail en lui-même qui est intéressant mais, effectivement, les questions qu’il pose dans notre rapport aux canons.

    • @allergie Oui, mais je lis l’interview de l’auteur sur son site, et sans aucune surprise, ça parle de l’anorexie (des canons d’aujourd’hui). J’y vois donc bien une lecture simpliste, avec condamnation des canons d’aujourd’hui, sans trop d’interrogation sur ceux de l’époque et leur évolution.

      Ce que dit Agnès est tout de même beaucoup plus intéressant.

      Les femmes de l’époque ne sont pas athlétiques, parce que ce sont les paysannes qui font des efforts physiques toute la journée, elles ne sont pas bronzées, parce que là encore les paysannes passent leurs journées dehors. Aujourd’hui, la femme des classes laborieuses est urbaine, travaille assise enfermée dans un bureau, n’a pas le temps de soigner son alimentation, ne peut pas se payer les crèmes antirides de luxe… Donc la représentation de la femme idéale (donc pas laborieuse) se pose assez naturellement à l’inverse : elle a du temps et les moyens pour s’occuper d’elle-même, donc elle est bronzée, athlétique, avec un régime alimentaire contrôlé, et des crèmes régénérantes qui vont bien.

      Les représentations de l’époque ne sont en rien « naturelles ». Elles sont socialement construites, et pas forcément pour le mieux. Or ce que je lis sur ce travail (et les histoires d’anorexie), ça repose très largement sur l’idée de l’opposition entre femmes « naturelles » de l’époque, et « anorexiques » d’aujourd’hui.

    • Ça me rappelle quand dans Germinal (#Émile_Zola), le vieux Bonnemort étrangle la fille des propriétaires de la mine qui lui rend visite en lui offrant de vieilles chaussures qu’il ne peut même plus porter. Zola décrit en une seule phrase leur condition sociale :

      Attirés, tous deux restaient l’un devant l’autre, elle florissante, grasse et fraîche des longues paresses et du bien-être repu de sa race, lui gonflé d’eau, d’une laideur lamentable de bête fourbue, détruit de père en fils par cent années de travail et de faim.

      http://fr.wikisource.org/wiki/Page%3AZola_-_Germinal.djvu/552

    • A me relire, je pense que j’ai été un peu (trop) concis. Ce que je trouve génial, c’est de montrer par ce biais à quel point la photoshoperie est une nazerie normalisatrice. Il ne m’avait pas échappé que l’œuvre originale est aussi une représentation donc aussi un truc normalisé selon les standards de son époque. Simplement, la réapplication du photoshop là-dessus met à mon goût très bien en perspective la caractère irréel et puissant du photoshopmonde.

      Par ailleurs, ce n’était pas mieux avant amha (mais pas sûr que ce soit mieux maintenant non plus) et je n’apprécie pas beaucoup l’œuvre représentée ci-dessus (mais je crois qu’on s’en bat les sourcils :-p ).