« Mon entretien de demande d’asile a lieu mi-mars. Nous avons attendu si longtemps cette occasion de raconter notre histoire aux autorités néerlandaises… Alors, quand vient le jour, je me sens très nerveux. Je sais que le restant de ma vie et le sort de notre famille vont dépendre de cette unique entrevue.
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« A cinq heures de l’après-midi, l’entrevue est enfin terminée. L’interrogateur et l’interprète me raccompagnent au bus, où m’attendent Alia et Adam. L’interprète commence à jouer avec mon fils. Puis l’interrogateur lui prend la main. Il me regarde dans les yeux, et il sourit.
« Maintenant, je comprends pourquoi vous avez fait tout ce voyage », me dit-il.
« Cela fait longtemps, très longtemps que nous sommes partis de chez nous. Mais je garde espoir. L’attente est longue – on nous a dit que le résultat de notre demande d’asile pourrait prendre jusqu’à six mois – et c’est difficile. Le sentiment général, c’est que les Syriens se voient accorder le statut de réfugié et un permis de séjour beaucoup plus facilement que nous, les Irakiens. Mon frère, qui habite aux Pays-Bas depuis onze ans, me dit d’être patient, que c’est toujours difficile au début. Attendre ne me dérange pas. C’est l’incertitude qui est pénible.
« Tout ce que je veux, c’est qu’Adam puisse aller à la crèche, puis à l’école maternelle, puis en primaire. Qu’il vive une vie normale, dans un endroit sûr. C’est tout. »