La dignit des boueurs - Justine Canonne, article Sociologie

/la-dignite-des-eboueurs_fr_28255.html

  • La dignité des éboueurs - Justine Canonne, article Sociologie
    http://www.scienceshumaines.com/la-dignite-des-eboueurs_fr_28255.html

    Du chiffonnier du XIXe siècle à l’éboueur d’aujourd’hui, le travail des déchets a toujours été dévalorisé dans l’imaginaire collectif. Or, ce sont ces métiers qu’ont choisi d’étudier une quinzaine de sociologues et anthropologues via plusieurs enquêtes de terrain auprès des « travailleurs des déchets ». Comment devient-on éboueur à Paris, São Paulo ou Montréal ? Comment ces salariés tentent-ils d’atténuer le regard dévalorisant porté sur eux ? Et pourquoi fait-on ce travail ? « Parce que toutes les autres portes se sont fermées », ont répondu les éboueurs suivis par le sociologue Angelo Soares. L’immigration, les restructurations économiques, le besoin de stabilité – par rapport à un travail précaire exercé précédemment – expliquent souvent cette trajectoire professionnelle. Le métier est difficile : intempéries, circulation automobile, odeurs, travail de nuit, blessures causées par des bris de verre présents dans les poubelles… Au-delà des désagréments physiques, les éboueurs doivent surmonter la répulsion inspirée par les odeurs : il est fréquent que les nouveaux ne parviennent pas à manger les premiers jours de travail. La sociologue Régine Bercot s’est demandée comment les éboueurs exorcisaient la dévalorisation de soi engendrée par l’exercice d’une profession jugée dégradante. Si l’humour est un moyen pour les éboueurs de s’accommoder du métier, l’exacerbation de la virilité est un autre mécanisme de défense