Plein Chant Apostilles - Deux chansons de Jules Jouy

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  • Plein Chant Apostilles - Deux chansons de Jules Jouy
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    Le chansonnier protestataire, Jules Jouy, né et mort à Paris (1855-1897), ayant animé plusieurs #goguettes, chanté un temps au Chat Noir, publié des chansons dans divers journaux dont Le Cri du Peuple de #Vallès, rassembla ses chansons écrites au gré de l’événement durant l’année 1887 sous le titre Les Chansons de l’année, en vente chez Bourbier et Lamoureux, Paris, 11, rue du Croissant, 1888. De ce recueil, on a extrait deux chansons, d’une certaine manière encore actuelles, puisque l’une d’elles traite de #la_malbouffe – un mot qui n’existait pas encore ! – et l’autre des #chiffonniers – qui, de nos jours, ont de quoi faire devant la surabondance des déchets qui envahissent les rues, mais dont l’activité est interprétée de manière politique et revendicatrice par #Jules_Jouy.

    LA LÉGENDE
    DU CHIFFONNIER

    Air du Juif-Errant

    Promenant sa lanterne,
    Sa hotte et son crochet ;
    Piquant, dans la nuit terne,
    L’ordure et le déchet ;
    Le Temps erre, à pas lents,
    Depuis mille et mille ans.

    Auprès du patriarche
    Et suivant tous ses pas,
    Le Progrès lui dit : « Marche !
    Et ne t’arrête pas !
    Fouille, vieux chiffonnier,
    Pour remplir ton panier !

    Va, sans cesse ; ramasse,
    Sans peur et sans dégoût,
    Ce que, sur terre, amasse
    D’objets bons pour l’égout
    Ta putréfaction,
    Civilisation !

    Vois ; cette pourriture,
    C’est la Société.
    Regarde, cette ordure,
    C’est la Propriété.
    Là, cette infection,
    C’est la Religion.

    Approche ta lanterne ;
    Ce que tu vois briller
    Ici, c’est la Caserne ;
    Là-bas, c’est l’Atelier :
    Ici, viande à canon ;
    Là-bas, viande à patron.

    Quel métal flambe et crie,
    Heurté par ton crochet ?…
    Vois, c’est la Monarchie ;…
    Enlève ce hochet !
    Prince, roi, pape ou czar,
    Pique, pique au hasard !

    À la hotte ! à la hotte !
    Tous, en un tour de main…
    Mais que vois-je, qui flotte,
    Là-bas, sur le chemin ?
    Pour mieux voir ce lambeau
    Amène ton flambeau…

    Éclaire ; fouille, fouille !…
    Là, pique !… Qu’est-ce enfin ?
    Halte ! c’est la dépouille
    D’un pauvre, mort de faim !
    Cette loque d’azur,
    C’est le drapeau futur ! »

    4 mars 1887.

    http://www.pleinchant.fr/sommaires/collections.html


    #imprimeur #éditeur