• Le cruel #transport des jeunes #veaux au sein de l’#Europe
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/19/le-cruel-transport-des-jeunes-veaux-au-sein-de-l-europe_4985187_3244.html

    C’est une nouvelle illustration de la #maltraitance_animale, qui met une fois de plus en cause des pratiques de l’#industrie_agroalimentaire. Les images ne sont pas aussi insoutenables que celles tournées dans des abattoirs par l’association L214, qui ont ému l’opinion publique ces derniers mois. Elles n’en révèlent pas moins la souffrance infligée à des animaux, au mépris de la réglementation.

    L’ONG de défense du bien-être animal Compassion in World Farming (CIWF) vient de rendre publique une enquête, menée par les associations allemande et suisse, Animal Welfare Foundation et Tierschutzbund Zürich, sur les conditions de transport des jeunes veaux entre pays européens. Il s’agit de #bovins non sevrés, âgés de seulement dix jours, issus de la filière laitière : des mâles qui, par définition, ne produiront pas de lait, et des femelles (des velles) non destinées au renouvellement du cheptel. Tous sont expédiés vers des centres d’engraissement intensif, avant de finir sur l’étal des bouchers.

    #bétail

  • « Probo-Koala » : drame écologique et bonnes affaires

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/19/probo-koala-drame-ecologique-et-bonnes-affaires_4984771_3244.html

    Lorsque le Probo Koala, un vieux tanker battant pavillon panaméen accoste au port d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, une odeur méphitique se répand dans la ville. Nul n’y prête vraiment attention, ce samedi 19 août 2006.

    Les effluves s’échappent du navire vraquier bleu affrété par le géant suisse de négoce de matières premières, Trafigura, alors dirigé par son fondateur, le Français Claude Dauphin. En fait, les cuves du Probo-Koala sont remplies de déchets liquides toxiques qui seront déversés à la nuit tombée dans la décharge publique de la ville et sur une dizaine d’autres sites.

    Avec la complicité de ministres et de fonctionnaires corrompus, une société ivoirienne a été chargée par des intermédiaires de Trafigura d’effectuer cette sale besogne. Traiter ces déchets d’hydrocarbures a un coût élevé que la société de négoce est soupçonnée d’avoir voulu éviter, quitte à contourner les lois internationales, à semer la mort à Abidjan et à provoquer une catastrophe écologique.

    Près de 100 000 victimes

    Trois jours après son accostage, le Probo Koala quitte la capitale économique ivoirienne. Il laisse à quai une ville angoissée par la crise politico-militaire en cours depuis quatre ans, et des dizaines de milliers d’Abidjanais subitement frappés de maux de têtes, de diarrhées, de vomissements.

    Selon les autorités ivoiriennes, les 528 mètres cubes de déchets toxiques du Probo Koala ont causé la mort de dix-sept personnes et 43 000 intoxications. Près de 100 000 victimes ont assigné en justice Trafigura aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Mais le groupe suisse – chapeauté par une holding néerlandaise –, qui n’a cessé de nier toute responsabilité, n’a jamais été condamné et il a négocié l’abandon des poursuites par l’Etat ivoirien contre 152 millions d’euros.
    Dix ans plus tard, malgré la catastrophe du Probo-Koala, Trafigura n’a jamais quitté la Côte d’Ivoire et a habilement navigué dans les cercles de pouvoir sous la présidence de Laurent Gbagbo puis de son successeur, Alassane Ouattara.

    C’est d’ailleurs un neveu de ce dernier, Ahmadou Touré, qui dirige la filiale ivoirienne de la société Puma Energy, chargée des activités « aval » (raffinage, distribution, commerce) de Trafigura. Dès 2007, Puma Energy avait mis la main sur les infrastructures de stockage de carburants dans le port d’Abidjan.

    « L’impunité règne »

    « Cela peut sembler fou mais Trafigura est aujourd’hui en position de force en Côte d’Ivoire et dispose de passe-droit au sein du pouvoir, confie un acteur du secteur pétrolier ivoirien sous couvert d’anonymat. L’impunité règne et ils continuent à faire du business avec les responsables politiques pour qui le dossier Probo-Koala appartient au passé. »
    Puma Energy négocie actuellement le rachat du réseau de distribution de la société nationale d’opérations pétrolières de Côte d’Ivoire (Petroci). Les liens familiaux de M. Touré avec le chef de l’Etat ivoirien ont-ils aidé ?

    « Nous travaillons avec de nombreux partenaires locaux et nous favorisons les talentueux entrepreneurs des pays dans lesquels nous travaillons », se défend une porte-parole de Puma Energy. L’entreprise compte parmi ses principaux actionnaires, outre Trafigura, la société pétrolière publique angolaise, Sonangol, régulièrement pointée du doigt pour des importants détournements au profit du clan du président José Eduardo Dos Santos – la firme est dirigée par sa fille depuis juin.

    « Comme en Angola, où Trafigura a le monopole sur l’approvisionnement du pays en carburant grâce à ses liens avec des proches conseillers du président, Puma Energy s’appuie en Côte d’Ivoire sur la famille au pouvoir », constate Marc Guéniat, spécialiste des questions pétrolières pour l’ONG suisse La Déclaration de Berne.
    Mais Trafigura, dont l’image a sévèrement été ébranlée, a désormais recours à de discrètes sociétés offshore, « indépendantes » mais « alliées » pour continuer à faire du négoce en Côte d’Ivoire. Il en va ainsi de Delaney Petroleum. Par l’intermédiaire de Mossack Fonseca, le cabinet d’avocats panaméen au cœur du scandale des « Panama papers », cette société a été enregistrée en 2008 aux îles Vierges britanniques mais établie à Dubaï où réside son directeur, l’Allemand Roald Goethe, 60 ans. Ce dernier a été porte-parole de Trafigura au lendemain de « l’incident » du Probo Koala et chargé du Nigeria où Delaney Petroleum a affrété de nombreux tankers.

    Un petit monde

    Selon les « Panama Papers », cette société a disposé d’un compte en banque au département Energie de la BNP Paribas à Paris et a lorgné sur le pétrole irakien en nommant un représentant à Bagdad. De quoi attirer l’attention du cabinet panaméen Mossack Fonseca qui, dans un mail interne daté du 1er août 2014, s’inquiète des liens entre Delaney Petroleum et la Iraqi Oil Tanker Company « liée au financement du terrorisme », selon les Nations unies (ONU) et l’Union européenne.
    Le patron de Delaney Petroleum, par ailleurs petit actionnaire de Puma Energy, est revenu cette année chez Trafigura. Il a pris en février la tête du département pétrolier Afrique, en remplacement de son ami Jean-Pierre Valentini qui avait été brièvement incarcéré à Abidjan au lendemain du scandale du Probo Koala, avec le fondateur de Trafigura M. Dauphin.

    L’univers du trading pétrolier en Afrique est un petit monde. A tel point qu’une autre société, sur laquelle Trafigura se serait appuyée pour se développer en Côte d’Ivoire, est domiciliée à la même adresse que Delaney Petroleum, à Dubaï. Il s’agit de Worldwide Energy, dirigée depuis sa création en 2007 par Frédéric Fatien. Cet homme d’affaires franco-ivoirien est également consul de Côte d’Ivoire aux Emirats arabes unis, ancien partenaire de M. Goethe au sein d’une société de bâtiment avec qui il a fondé une écurie de course automobile qui compte parmi les pilotes M. Valentini.

    Drôle de société que cette Worldwide Energy, fondée un an après le scandale du Probo Koala, et qui décroche d’emblée d’importants quotas d’exportations pétrolières au Nigeria et en Côte d’Ivoire auprès de la Petroci. Ce qui lui a valu d’être classée parmi les « sociétés mystérieuses ne pouvant être correctement identifiée », par Energy Compass, cabinet d’analyse risque du secteur pétrolier.

    Pétrole et politique s’entremêlent

    Un contrat avec la Société ivoirienne de raffinage (SIR), initialement attribué à Trafigura, est confié à Worldwide Energy en 2014 pour un montant de 200 millions de dollars (176 millions d’euros). Il s’agit d’exporter 25 000 tonnes de produits pétroliers par mois en échange de la livraison de deux tankers chargés de brut chaque année. Y a-t-il eu un accord entre Trafigura et Worldwide Energy ? Contacté, M. Fatien était injoignable et « inatteignable » selon son service de communication.

    Les liens entre Worldwide Energy et Trafigura semblent néanmoins étroits. La première a ainsi pris en charge pour le compte de la seconde 30 000 tonnes de pétrole transformé en « carburants aviation » par la SIR afin de le livrer au Nigeria en décembre 2014.

    Quelques mois plus tard, c’est l’inverse : Worldwide Energy a livré 650 000 tonnes de brut nigérian en échange de livraisons de produits raffinés par la SIR au Nigeria. « Worlwide Energy ne jouit pas d’un contrat SWAP [brut contre produits pétroliers] avec le Nigeria, on peut donc fortement se demander si cette société n’exécute pas un contrat obtenu par Trafigura », note un analyste pétrolier.

    La petite société de trading pétrolier est même devenue un important créancier de Petroci, à qui elle concède des prêts de dizaines de millions de dollars. En échange, elle se voit attribuer d’importants contrats d’exportation du brut, au grand dam de Glencore, concurrent anglo-suisse de Trafigura.

    Bien loin des hautes sphères où s’entremêlent pétrole et politique, des victimes attendent toujours leurs indemnisations. Une partie des 33 millions d’euros versés en 2009, sur décision de la justice britannique, par Trafigura à près de 30 000 victimes a été détournée par des responsables de Côte d’Ivoire. Des dizaines de milliers d’Ivoiriens se battent toujours pour percevoir leurs 1 150 euros de dédommagement.