Parcours de femmes 

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  • Parcours de femmes, SPÉCIFICITÉS DES FEMMES INCARCÉRÉES
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    Le très grand isolement des femmes incarcérées

    La détention des femmes est une réalité méconnue, souvent tue. Il est surprenant de constater le nombre restreint de travaux et de recherches d’universitaires ou d’experts de la question pénitentiaire sur ce sujet.

    Les femmes représentent une minorité de la population carcérale en France : au 1er juin 2013, 2386 femmes étaient écrouées au sein des établissements pénitentiaires sur un total de 68 544 détenus (soit 3,5 % environ de la population pénale). Un chiffre stable mais un nombre d’incarcérations en augmentation. Les femmes en prison sont certes moins nombreuses que les hommes, mais en y regardant de plus près on s’aperçoit qu’elles sont plus nombreuses qu’elles ne l’ont jamais été. En effet, leur effectif a plus que doublé depuis 1980 qui comptabilisait 1159 femmes incarcérées.

    Ces femmes vivent très marginalisées dans des quartiers ou des établissements qui n’ont pas véritablement été conçus pour elles, même si leurs conditions matérielles de détention sont souvent meilleures que celles des hommes, essentiellement parce que la surpopulation y est moins fréquente (sans être inexistante pour autant).

    Mais ce n’est pas parce que les femmes constituent une large minorité en prison qu’il faut ignorer leur situation. Au contraire, la faible proportion des femmes est, en elle-même, une source de difficultés pour celles qui sont incarcérées, et ce pour plusieurs raisons.

    #femmes
    #incarcération

  • « Il n’y a que l’amour qui nous fait venir dans les parloirs »
    Entretien avec Stéphane Mercurio et Chantal Vasnier sur les familles de détenus

    Propos recueillis par Clémence Durand et Ferdinand Cazalis

    Pendant que Stéphane Mercurio tournait son documentaire À côté (2007) sur les familles de détenus, elle a rencontré Chantal Vasnier, qui a passé 34 ans de sa vie à aller voir en prison Georges Courtois, son ex-mari. Entretien croisé.

    http://jefklak.org/?p=3209

    Il y a des moments assez forts dans le film, avec certaines femmes qui craquent, et qui sont soutenues par les autres présentes…

    Stéphane : Certaines femmes qui viennent au parloir ont leur vie suspendue à la prison, comme si tout ce qui se passait à l’extérieur n’était qu’une parenthèse.

    Chantal : Je pense que j’ai tenu aussi longtemps parce que j’ai refusé de rentrer dans ce schéma. Mais quelqu’un comme Séverine dit aussi dans le film qu’en une heure et demie de parloir, elle a une relation d’amour plus forte que la plupart des gens qui vivent tous les jours dans la même maison. Dans À coté, il y a une dame, en larmes, qui dit : « On est punies d’aimer quelqu’un qui a fait une connerie. » Moi aussi, je le dis. Il n’y a que l’amour qui nous fait venir dans les parloirs pendant aussi longtemps, seuls les sentiments permettent de résister à tout ça. J’aurais pu me dire au bout d’un moment « ça suffit », mais c’est une question de lien entre lui et moi. Les détenus deviennent vite égocentriques. Ils s’imaginent que ce sont eux les victimes, c’est-à-dire que ce sont eux qui sont à plaindre, et ils ne se rendent pas compte de ce que les familles vivent. Moi, je n’ai pas vécu ça. Il ne m’a jamais imposé de venir à tel rythme, jamais reproché de ne pas être venue pendant trois semaines… J’ai fait mes choix et n’ai pas eu besoin de les réaffirmer durant toutes ses années de détention : si j’ai décidé de ne pas couper les ponts, autant aller jusqu’au bout. Cela dit, il ne faut pas s’obliger à y aller toutes les semaines.

    Stéphane : Je pense quand même qu’il y a une part très importante d’imaginaire dans ces relations. Parfois, elles viennent de rencontrer leur homme au moment où il est incarcéré, du coup, il y a une soif de vivre plus. Et une relation fantasmée.

    Chantal : Quand deux personnes se voient tous les jours, elles s’engueulent parfois, mais elles se réconcilient deux heures plus tard en général. Au parloir, si tu commences à t’engueuler, c’est fini, tu repars avec ça, et au parloir suivant, t’es toujours sur l’engueulade. D’un parloir à l’autre, la relation est suspendue. En même temps, un parloir, c’est un endroit où les familles ne vont pas raconter les ennuis qu’elles ont à la maison : le détenu ne peut rien y faire, il n’a pas besoin de s’inquiéter pour rien. En gros, il y a deux sortes de détenus : ceux qui racontent les problèmes qu’ils ont à l’intérieur, et ceux, comme Georges, qui ne se plaignent jamais de leurs conditions de détention devant leurs proches.

    Stéphane : Mais ce silence crée du fantasme aussi… Il y a beaucoup d’angoisse sur ce qui peut arriver à l’intérieur. Quand je me suis rendue à Rennes pour tourner la première fois, j’avais entendu parler de l’histoire de Georges Courtois, et je savais que Chantal allait dans la maison Ti Tomm. Je me disais qu’elle connaissait trop bien la prison, et que je préférais rencontrer des femmes qui découvraient cet univers, pour que le spectateur le découvre avec elles. Mais la première fois que j’ai filmé Chantal, Georges n’était pas là, elle n’avait pas pu le voir, et je l’ai vue littéralement nouée par l’angoisse, en train de se demander ce qu’il avait pu arriver, s’il était ci ou ça, s’il était chez le juge… Je me suis dit « Au bout de tant d’années, elle est toujours prise par cette angoisse ! » Je trouvais ça incroyable : qu’on ne s’habitue pas. Toutes les familles vivent dans la peur. Je me souviens d’une maman qui se demandait à chaque fois si elle allait retrouver son fils entier. Elle ne disait pas clairement ce qu’elle craignait, mais j’imagine qu’elle avait peur des suicides, des bagarres, des viols, de tout ce qu’on pense sur la prison…

    • http://brindesoleil-rennes.fr
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      Un détenu reçoit des paquets. On peut les lui confisquer sans l’avertir. Ainsi Georges Courtois a découvert des mois après que des livres qui lui étaient adressés par des amis nantais étaient consignés par l’administration pénitentiaire. L’amie d’un autre détenu s’est vue remettre à #Nantes un paquet d’une vingtaine de ses lettres, qui n’ont jamais été remises depuis des mois : l’adresse, le numéro de cellule, tout y est, sauf le numéro d’écrou. Arbitraire total, d’autres lettres sans numéro d’écrou arrivent parfaitement. Plus qu’une simple tracasserie, cette mesure sert à désespérer le #taulard qui se dit que sa #femme l’a abandonné. L’effet est double sur cette femme qui ne peut comprendre pourquoi il ne répond jamais. Qui a intérêt à ça ? Personne vraiment, mais c’est un genre de #double_peine permanente.

      Vêtue d’un pantalon comportant une ceinture métallique qui sonne au portique, une femme ne peut aller voir son homme au #parloir. C’est prévu. Un jogging de remplacement lui est prêté. Sauf que le surveillant le lui tend sans vestiaire pour se changer. Elle doit se déshabiller devant lui. Imaginez le moral et la rage du détenu quand il apprend l’humiliation de sa femme.

      À la maison d’arrêt de Nantes, un autre taulard bénéficie d’une sortie pour les obsèques de son beau-père, qui l’a élevé. Pour acheter des fleurs, il demande qu’on lui sorte un peu d’argent sur son pécule gagné par son travail en prison. Refus tout net des surveillants.
      Après des rencontres avec leur famille au parloir, certains détenus subissent une fouille à corps par un surveillant qui enfile un gant pour sonder d’un doigt dans le cul l’éventuelle cachette intime. Une humiliation de plus évoquée par très peu de détenus, par pudeur d’une atteinte proche d’un viol.

      La brimade la plus usuelle, c’est les changements de prison. En un mois, Georges Courtois en a subi trois. Sans que jamais la famille ne soit avertie. Ni l’avocat, qui se casse régulièrement le nez en allant voir un client changé d’adresse. Du coup, femmes et #enfants se retrouvent devant une grille sans que l’administration ne divulgue la nouvelle destination. Faut attendre une lettre du détenu après déménagement, ou obtenir le rencard du service social. Alors qu’une bonne agence de voyage en annexe aux parloirs, ça ferait quand même plus classe.

      http://www.lalettrealulu.com/Peine-perdue-Brimades-des-moeurs_a1178.html

      http://www.jetfm.asso.fr/site/stockage/destination_loubards/destinationloubards46courtois1.mp3
      http://www.jetfm.asso.fr/site/Entretien-avec-Georges-Courtois.html
      http://www.jetfm.asso.fr/site/stockage/destination_loubards/destinationloubards%2047%20courtois%202.mp3
      http://jefklak.org/?p=2609

      A Micha
      « Le #couple dont l’un des deux est en prison peut-il vivre autrement qu’au rythme de la prison ? La société qui a quelque part mauvaise conscience, va faire pression sur la #femme_du_taulard. On lui tient un double discours : "Reste, il a besoin de toi" et par ailleurs : "Vis, bouge, ne t’enferme pas avec lui". On nous parle de dépendance quand on comptabilise les heures et les kilomètres consacrés aux parloirs. Mais le foyer du prisonnier est au parloir. Si la maudite table qui nous sépare peut avoir quelque valeur de symbole c’est en la comparant à la table familiale. Elle est aussi le lit d’amour, ô dérision ! Mais il faut faire avec. J’ai toujours été étonnée de l’incohérence de la société vis-à-vis de ses prisonniers. Elle leur impose un temps de non-vie qui se déroule, immuable, sur des années. Et sous prétexte d’ouverture elle introduit dans ce temps inexorable le temps des gens libres avec ses caractéristiques qui ne peuvent avoir leur raison d’être que dans le fait qu’ils sont libres. Par exemple l’enseignement en prison qui ne se fait, par les instituteurs détachés, que pendant le temps qui est imparti aux enfants à l’extérieur : aux vacances scolaires, plus d’enseignement en prison. Pour les prisonniers c’est le retour à la cellule et à l’inactivité. Comment ne voit-on pas ou ne veut-ont pas voir une telle incohérence ? Ce sont les femmes de parloirs que l’on taxe d’incohérence car elles viennent partout les temps et même pendant les sacro-saintes vacances de la société de consommation, impassibles au temps des autres ; et ça dérange cette constance hors du temps, hors des règles, hors du commun. Quelle cohérence y a-t-il à suivre dans le temps-prison l’homme que j’aime enfermé ? C’est ça aimer un prisonnier. »
      Duskza

      http://prison.eu.org/rubrique.php3?id_rubrique=520