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    • « Il est logique de reconnaître aux Maires la possibilité d’exiger des devoirs en contrepartie de droits, le respect de son pays et des morts pour la France en fait partie. »

      Le front de l’air est vraiment putride.
      Bientot le RSA conditionné à la présence lors des commemoration de Pétain et Maurras. La CAF à condition de dire notre fierté pour Depardieu....
      Bientôt tu pourra crever la dalle si t’es pas Charlie

    • Le tribunal administratif de Toulon a (...) validé le 26 janvier 2024, cette décision du maire, adoptée en septembre 2022, par la majorité des élus de #droite. Cette mesure avait été cependant contestée par la suite par la préfecture qui dénonçait : "une ingérence dans les libertés d’association et de conscience".

      Le tribunal administratif de Toulon a estimé que cette dernière favorisait "l’engagement des associations lors d’événements ayant un intérêt public local" sans enfreindre "le principe de neutralité".

      #Associations #subventions

      Droits et devoirs : la rupture Macron
      https://www.mediapart.fr/journal/france/250322/droits-et-devoirs-la-rupture-macron

      Pour le président-candidat, « les devoirs valent avant les droits ». Cette logique, qui va à l’encontre des principes fondamentaux de l’État social et l’#État_de_droit, irrigue l’ensemble de son projet de réélection. En distinguant les bons et les mauvais citoyens.
      Romaric Godin et Ellen Salvi
      25 mars 2022


      EmmanuelEmmanuel Macron a rarement parlé de « droits » sans y accoler le mot « devoirs ». En 2017 déjà, il présentait les contours de sa future réforme de l’assurance-chômage, en expliquant vouloir « un système exigeant de droits et de devoirs ». Deux ans plus tard, au démarrage du « grand débat national », pensé comme une campagne de mi-mandat pour endiguer la crise des « gilets jaunes », il déplorait l’usage de l’expression « cahier de doléances », lui préférant celle de « cahiers de droits et de devoirs » [le droit de se plaindre, et surtout le devoir de la fermer et d’obéir, ndc]..
      À l’époque, le chef de l’État prenait encore soin, au moins dans son expression, de maintenir un semblant d’équilibre. Mais celui-ci a volé en éclats au printemps 2021, en marge d’un déplacement à Nevers (Nièvre). Interpellé par un homme sans papiers, le président de la République avait déclaré : « Vous avez des devoirs, avant d’avoir des droits. On n’arrive pas en disant : “On doit être considéré, on a des droits.” » Avant d’ajouter, sans l’ombre d’une ambiguïté : « Les choses ne sont pas données. »

      Jeudi 17 mars, le président-candidat a de nouveau invoqué la question des devoirs en abordant le volet régalien de son projet. Rappelant son engagement à accueillir des familles ukrainiennes fuyant la guerre, il a immédiatement prévenu vouloir « changer les modes d’accès aux titres de séjour » et notamment les titres de séjour longs, qui seront désormais accordés « dans des conditions beaucoup plus restrictives ». Parce que non, définitivement, « les choses ne sont pas données ».
      Cette rhétorique du donnant-donnant irrigue aujourd’hui l’ensemble du programme d’Emmanuel Macron. Elle s’impose ainsi dans le volet économique de celui-ci. La mesure la plus représentative en la matière étant sans doute la mise sous condition de travail ou de formation du revenu de solidarité active (#RSA). Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a d’ailleurs explicitement indiqué que cette proposition s’inscrivait dans cette « logique de droits et devoirs » proposée par le candidat.
      Une logique, ou plus exactement une précédence, que le chef de l’État a lentement installée, l’étendant des sans-papiers à tous les citoyens et citoyennes. « Être #citoyen, ce n’est pas demander toujours des droits supplémentaires, c’est veiller d’abord à tenir ses devoirs à l’égard de la nation », avait-il lancé en août 2021. « Être un citoyen libre et toujours être un citoyen responsable pour soi et pour autrui ; les devoirs valent avant les droits », insistait-il en décembre, à destination des personnes non vaccinées.

      Une vision digne de l’Ancien Régime

      Emmanuel Macron a balayé, en l’espace de quelques mois, l’héritage émancipateur de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Pour les rédacteurs de cette dernière, rappelait l’avocat Henri Leclerc dans ce texte, « les droits qu’ils énoncent sont affaire de principe, ils découlent de la nature de l’homme, et c’est pourquoi ils sont imprescriptibles ; les devoirs eux sont les conséquences du contrat social qui détermine les bornes de la liberté, par la loi, expression de la volonté générale ».
      « Ce sont les sociétés totalitaires qui reposent d’abord sur l’#obéissance à des impératifs non négociables qui, en fait, ne sont pas des devoirs auxquels chacun devrait subordonner librement ses actes, écrivait-il en guise de conclusion. Les sociétés démocratiques reposent sur l’existence de droits égaux de citoyens libres qui constituent le peuple d’où émane la souveraineté. Chacun y a des devoirs qui, sans qu’il soit nécessaire de les préciser autrement, répondent à ses droits universels. »
      Début 2022, face aux critiques – Jean-Luc Mélenchon avait notamment tweeté : « Les devoirs avant les droits, c’est la monarchie féodale et ses sujets. Le respect des droits créant le devoir, c’est la République et la citoyenneté » –, Gabriel Attal avait assuré un nouveau service après-vente. Dans Le Parisien, le porte-parole du gouvernement avait expliqué vouloir « poursuivre la redéfinition de notre contrat social, avec des devoirs qui passent avant les droits, du respect de l’autorité aux prestations sociales ».

      La conception conservatrice du « bon sens »

      Cette « redéfinition de notre contrat social » se traduit par plusieurs mesures du projet présidentiel : le RSA donc, mais aussi l’augmentation des salaires du corps enseignant contre de nouvelles tâches – « C’est difficile de dire : on va mieux payer tout le monde, y compris celles et ceux qui ne sont pas prêts à davantage s’engager ou à faire plus d’efforts », a justifié Emmanuel Macron [avant d’introduire la notion de #salaire_au_mérite dans la fonction publique, ndc]–, ou même la réforme des retraites qui soumet ce droit devenu fondamental à des exigences économiques et financières.
      Cette vision s’appuie sur une conception conservatrice du « bon sens », qui conditionne l’accès aux droits liés aux prestations sociales à certains comportements méritants. Elle va à l’encontre total des principes qui fondent l’État social. Ce dernier, tel qu’il a été conçu en France par le Conseil national de la Résistance, repose en effet sur l’idée que le capitalisme fait porter sur les travailleurs et travailleuses un certain nombre de risques contre lesquels il faut se prémunir.

      Ce ne sont pas alors d’hypothétiques « devoirs » qui fondent les droits, c’est le statut même du salarié, qui est en première ligne de la production de valeur et qui en essuie les modalités par les conditions de travail, le chômage, la pénibilité, la faiblesse de la rémunération. Des conditions à l’accès aux droits furent toutefois posées d’emblée, l’État social relevant d’un compromis avec les forces économiques qui ne pouvaient accepter que le risque du chômage, et sa force disciplinaire centrale, ne disparaisse totalement.
      Mais ces conditions ne peuvent prendre la forme de devoirs économiques, qui relèvent, eux, d’une logique différente. Cette logique prévoit des contreparties concrètes aux aides sociales ou à la rémunération décente de certains fonctionnaires. Et ce, alors même que chacun, y compris Emmanuel Macron, convient de la dévalorisation du métier d’enseignant. Elle conduit à modifier profondément la conception de l’aide sociale et du traitement des fonctionnaires. À trois niveaux.
      Le premier est celui de la définition même des « devoirs ». Devoirs envers qui ou envers quoi ? Répondre à cette question, c’est révéler les fondements philosophiques conservateurs du macronisme. Un bénéficiaire du RSA aurait des devoirs envers un État et une société qui lui demandent de vivre avec un peu plus de 500 euros par mois ? Il aurait en quelque sorte des « contreparties » à payer à sa propre survie.
      Si ces contreparties prenaient la forme d’un travail pour le secteur privé, celui-ci deviendrait la source du paiement de l’allocation. C’est alors tout le centre de gravité de l’État social qui évoluerait, passant du travail au capital. En créant la richesse et en payant l’allocation, les entreprises seraient en droit de demander, en contrepartie, du travail aux allocataires au RSA, lesquels deviendraient forcément des « chômeurs volontaires » puisque le travail serait disponible.

      Les allocataires du RSA devront choisir leur camp

      Ce chômage volontaire serait une forme de comportement antisocial qui ferait perdre à la société sa seule véritable richesse : celle de produire du profit. On perçoit, dès lors, le retournement. La notion de « devoirs » place l’allocataire du RSA dans le rôle de #coupable, là où le RMI, certes imaginé par Michel Rocard dans une logique d’insertion assez ambiguë, avait été pensé pour compléter l’assurance-chômage, qui laissait de côté de plus en plus de personnes touchées par le chômage de longue durée.

      Ce retournement a une fonction simple : #discipliner le monde du travail par trois mouvements. Le premier, c’est celui qui veut lui faire croire qu’il doit tout au capital et qu’il doit donc accepter ses règles. Le second conduit à une forme de #criminalisation de la #pauvreté qui renforce la peur de cette dernière au sein du salariat – un usage central au XIXe siècle. Le dernier divise le monde du travail entre les « bons » citoyens qui seraient insérés et les « mauvais » qui seraient parasitaires.
      C’est le retour, déjà visible avec les « gilets jaunes », à l’idée que déployait Adolphe Thiers dans son discours du 24 mai 1850, en distinguant la « vile multitude » et le « vrai peuple », « le pauvre qui travaille » et le « vagabond ». Bientôt, les allocataires du RSA devront choisir leur camp. Ce qui mène à la deuxième rupture de cette logique de « devoirs ». Le devoir suprême, selon le projet d’Emmanuel Macron, est de travailler. Autrement dit de produire de la valeur pour le capital.

      Individualisation croissante

      C’est le non-dit de ces discours où se retrouvent la « valeur #travail », les « devoirs générateurs de droits » et le « #mérite ». Désormais, ce qui produit des droits, c’est une capacité concrète à produire cette valeur. Il y a, dans cette démarche, une logique marchande, là où l’État social traditionnel voyait dans la protection sociale une fenêtre de démarchandisation – c’est parce qu’on devenait improductif qu’on devait être protégé. À présent, chacun, y compris les plus fragiles, doit faire preuve de sa capacité constante de production pour justifier son droit à survivre.

      Cette #marchandisation va de pair avec une individualisation croissante. Dans le modèle traditionnel, la pensée est systémique : le capitalisme produit des risques sociaux globaux dont il faut protéger tous les travailleurs et travailleuses. Dans le modèle des contreparties, chacun est mis face à l’injonction de devoir justifier individuellement ses droits par une mise à l’épreuve du marché qui est le juge de paix final. On comprend dès lors pourquoi Christophe Castaner prétend que l’allocation sans contrepartie est « la réponse des lâches ».
      Car ce choix laisserait les individus sans obligations devant le marché. Or, pour les partisans d’Emmanuel Macron, comme pour Friedrich Hayek, la seule façon de reconnaître un mérite, c’est de se confronter au marché qui donne à chacun ce à quoi il a droit. La vraie justice est donc celle qui permet d’être compétitif. C’est la vision qu’a d’ailleurs défendue le président-candidat le 22 mars, sur France Bleu, en expliquant que la « vraie inégalité » résidait dans « les inégalités de départ ». L’inégalité de résultat, elle, n’est pas remise en cause. [voir L’égalité des chances contre l’égalité http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4443]

      Le dernier point d’inflexion concerne l’État. Dans la logique initiale de la Sécurité sociale, la protection contre les risques induits par le capitalisme excluait l’État. De 1946 à 1967, seuls les salariés géraient la Sécu. Pour une raison simple : toutes et tous étaient les victimes du système économique et les bénéficiaires de l’assurance contre ces risques. Le patronat cotisait en tant qu’origine des risques, mais ne pouvait décider des protections contre ceux qu’il causait. Ce système a été progressivement détruit, notamment en s’étatisant.
      Le phénomène fut loin d’être anecdotique puisqu’il a modifié le modèle initial et changé la nature profonde de l’État : désormais, le monde du travail est redevable à celui-ci et au patronat de ses allocations. Ces deux entités – qui en réalité n’en forment qu’une – exigent des contreparties aux allocataires pour compenser le prix de leur prise en charge. L’État étant lui-même soumis à des choix de rentabilité, l’allocataire doit devenir davantage rentable. Dans cet état d’esprit, cette « #rentabilité » est synonyme « d’#intérêt_général ».
      Les propositions sur le RSA et le corps enseignant entrent dans la même logique. Emmanuel Macron agit en capitaliste pur. Derrière sa rhétorique des droits et des devoirs se profilent les vieilles lunes néolibérales : marchandisation avancée de la société, discipline du monde du travail et, enfin, idée selon laquelle l’État serait une entreprise comme les autres. Le rideau de fumée de la morale, tiré par un candidat qui ose parler de « dignité », cache mal le conservatisme social de son système de pensée.

      Romaric Godin et Ellen Salvi

      #subventions #associations #contrepartie #droits #devoirs #égalité #inégalité

  • Reporterre, cynique boute-feu irresponsable

    Cinq manifestants, arrêtés lors de la manifestation de Sainte Soline, dont l’un gravement blessé d’un tir de LBD (orbite fracturée) a été placé en GAV par les gendarmes venus l’interpeller au CHU où il avait été évacué, ont été inculpés de « participation à un groupement en vue de la préparation de violences ou dégradations » (un an de prison).

    Ils comparaitront le 28 novembre prochain à Poitiers.

    Le même jour cinq autres manifestants itou après une action à Bures.

    Suivront au moins quatre autres manifestants, à qui il est reproché leur participation à deux manifs précédentes dans le Marais Poitevin…

    « On n’a pas réussi à interpeller les personnes qui ont jeté des cocktails Molotov, des boules de pétanque sur les forces de l’ordre, qui ont tiré des mortiers », reconnaissait le procureur de la République de Niort, Julien Wattebled, deux jours après la mobilisation (Mediapart).

    Après les sorties fracassantes de Darmanin sur les « éco-terroristes ». Eric-Dupont-Moretti invitait les parquets par une circulaire datée du 9 novembre à la plus grande sévérité.

    Là-dessus l’autoproclamé « quotidien de l’écologie » ne trouve rien de mieux à faire que de publier une « défense et illustration du sabotage », photos à l’appui, sur lesquelles on peut identifier les contrevenants ( !), un délire « ultra-gauchiste » rappelant les belles heures de « l’autonomie » des années 80.

    Pain bénit pour nos adeptes étatiques de la nouvelle stratégie de la tension. Des clous dans le cercueil des 5 inculpés qui vont comparaître à Poitiers le 28 novembre ! Sous réserve d’une étude juridique approfondie certains passages de cet article pourraient même tomber sous le coup de la loi.

    Cynisme mercantile : caressons la base dans le sens du poil. Et surtout soutenez-nous financièrement…

    Tout-à-fait logiquement les inculpés sont défendus par deux branquignols membres d’un énigmatique collectif de défense contre les violences étatiques, qui vont plaider « la désobéissance civile » et faire du procès une « tribune politique »…

    Le lendemain, pas gèné, le même Reporterre publie un autre article, titré « Ultras, violents, ces medias qui criminalisent les écologistes »…

    Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge…

    – Megabassines, les ingrédients d’une lutte efficace

    https://reporterre.net/Megabassines-petit-manuel-d-une-lutte-efficace

    – - Ultras, violents, ces medias qui criminalisent les écologistes

    https://reporterre.net/Ultras-violents-Ces-medias-qui-criminalisent-les-ecologistes

  • Je vois souvent passer ici cette simplification :

    Une petite musique commence d’ailleurs à se faire entendre (chez les soignant-e-s, mais pas que) : pourquoi continuer à soigner les non-vacciné-e-s ?

    – Premièrement, l’idée qu’on ne soignerait pas les non-vaccinés est une saloperie massivement répandue par les militants antivax. Tous les soignants en témoignent : les gens mentent sur leur statut vaccinal, parce qu’ils croient que s’ils ne sont pas vaccinés, on ne les soignera pas (ce qui est évidemment totalement faux).

    – Personnellement, à part deux-trois blagues de merde de la part d’élus LaRem (dont l’appartenance à l’espèce humaine était déjà un sujet polémique avant le Covid), je ne vois pas qu’on propose ou réclamerait de ne plus soigner les non-vaccinés, et surtout pas dans les milieux soignants un peu sérieux (mais je peux me tromper). Par contre, il y a choses qui reviennent régulièrement, et qui peuvent être utilisées pour faire croire cela :

    > il y a des témoignages de soignants qui ouvertement disent ne plus supporter les comportements des tarés ; l’inévitable « contre-transfert » évoqué par @colporteur, mais aussi, objectivement, des comportements juste délirants et difficilement tolérables, en permanence, de la part de non-vaccinés ;

    > surtout : le fait qu’il y a désormais des tris à l’entrée en soins critiques ; il n’y a plus de place, parce qu’elles sont occupées par les patients Covid. Non seulement l’essentiel des gens en réanimation sont non-vaccinés, mais « moralement » ce sont des cas évitables dans le cas des non-vaccinés. Les soignants sont désormais en train de décider qui sera soigné, et qui ne sera pas soigné. C’est extrêmement violent. Donc il y a des questions de critères, et au final le choix échoit aux soignants, qui n’ont aucune raison de trouver cela juste ou facile et, surtout : la conséquence est il y a déjà des gens qui ne sont pas soignés et qui vont mourir. Parce que d’autres gens, massivement, ont décidé de ne pas se faire vacciner. Donc la question qui est suggérée par certains (mais généralement désavouée) : puisqu’il y a un tri, puisqu’il faut faire le choix de qui va mourir et qui va être soigné, et que pour l’instant les critères sont assez strictement médicaux (estimation des chances de survie : âge et comorbidités), est-ce qu’il ne faudrait pas aussi prendre en compte des critères moraux ?

    Parce que si selon les critères médicaux, il faut soigner un « jeune » non vacciné et refuser la place à un « vieux » vacciné ou qui n’arrive pas là pour un Covid, évidemment que dans la tête des gens qui doivent prendre cette décision, ça doit être carrément insupportable à gérer.

    Alors les gens qui simplifient sur l’idée qu’il s’agirait de décréter qu’on ne soigne plus les non-vaccinés, c’est aussi une saloperie : outre que c’est faux, c’est occulter qu’à cause des non-vaccinés, on en est déjà au point où les soignants doivent décider de ne plus soigner des gens. Par ailleurs, plus l’âge à partir duquel on va devoir refuser les gens en réanimation va baisser, plus la question « morale » va se poser.

    Alors on peut faire mine de ne pas la poser publiquement, et payer des séances de psychothérapies, ensuite, aux personnels qui sont obligés d’intérioser des décisions et des critères que leur propre morale trouve insupportable. C’est pratique, et ça permet aux non-vaccinés de continuer à se poser en victimes de ségrégations et de génocide.

    • A l’hôpital Nord de Marseille : « La sélection, on l’opère depuis plusieurs jours »
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/03/a-l-hopital-nord-de-marseille-la-selection-on-l-opere-depuis-plusieurs-jours

      Le docteur Jean-Marie Forel raccroche son téléphone et le range dans son pantalon de bloc bleu. Il vient de refuser le transfert d’une malade du Covid-19 vers son service. « Soixante-six ans, trop en difficulté et trop âgée pour qu’on lui place une ECMO, l’assistance respiratoire extracorporelle… », résume le responsable de la réanimation de l’hôpital Nord de Marseille.

      […]

      « Il n’est pas fréquent de refuser quelqu’un en réa et personne ne se sent à l’aise avec ça. Mais la sélection, on l’opère depuis plusieurs jours en fonction du nombre de places. Les plus âgés, les plus comorbides ne rentrent pas. On leur donne des chances avec de l’oxygène à haut débit, mais on préfère garder les lits pour des personnes à meilleur pronostic », poursuit Jean-Marie Forel. Les choix sont collégiaux et mesurés au cas par cas. En fin de journée, un patient sexagénaire des Alpes-Maritimes verra, lui aussi, son transfert refusé. Quelques minutes plus tard, le lit préservé sera attribué à une jeune trentenaire, enceinte, au pronostic plus favorable.

      […]

      Comme ses collègues, il grince contre les non-vaccinés qui forment l’immense majorité des cas dont il s’occupe. « T’as qu’à passer douze heures en réa, tu verras, quand tu sors, le vaccin, tu te le prends en apéro », ironise-t-il. Incompréhension, agacement, colère… Dans le service, les mêmes sentiments reviennent quand surgit la question de ces réfractaires ou, pis, des quelques faux vaccinés qui ont reconnu leur fraude. Chef de clinique assistant hospitalier depuis novembre, le docteur Giovanni Bousquet reconnaît que, face aux antivaccins, il a abandonné la pédagogie. « Je sais maintenant qu’aucun argument rationnel ne les fera changer d’avis », soupire-t-il.

      « Les mêmes, qui doutaient de l’existence de la maladie, doutent de la vaccination et de notre capacité médicale. Ils prennent des photos des soignants, des seringues, des machines… Et, en même temps, ils croient à l’efficacité de l’hydroxychloroquine ou de l’ivermectine », s’irrite le docteur Forel. A ceux qui s’en sortent, il conseille de se faire vacciner dans les deux mois. Aux autres ? « Je ne dis rien, parce qu’ils sont morts. »

    • d’autres gens, massivement, on décidé de ne pas se faire vacciner.

      ce n’est pas parce que nous sommes nombreux à avoir décidé de nous faire vacciner « de manière éclairé », en conscience, que l’on peut déduire que les choix faits par d’autres relèvent de la même logique, y compris parmi les vaccinés (c’est quoi le « consentement éclairé » qui figure sur les papiers d’hospitalisation pour diverses interventions ? c’est quoi la compliance aux traitements, l’observance, sous matraquage matraquage télégouvernemental et dans la dématérialisation du premier arrivé premier servi ?). ça ne marche pas de regarder les pratiques sous l’angle exclusif de la volonté d’un sujet souverain. ça donne trop de poids aux antivax en ignorant tout le vaste halo de la non vaccination déterminé par d’autres facteurs. des « je préfèrerais ne pas » (motifs divers : peur, méfiance, espérer passer entre les gouttes car vivant dans peu de relations sociales, etc), des pas sûrs que ce soit utile, pour eux, pour endiguer l’épidémie (c’est pas juste des crétins ou des méchants, nous savons que la vaccination ne suffit pas). j’aimerais savoir par exemple combien de vieux vieux qui ont pu prendre le vaccin anti-grippe ces dernières années n’ont pas recouru au vaccin covid et que des enquêtes permettent d’entrevoir leurs motifs. sans compter la distance aux soins, les questions d’accès aux soins qui prééxistent et qui n’ont été abolies que partiellement dans la crise sanitaire (des vaccinés qui refusaient de voir des toubibs pour quoi que ce soit depuis des années, j’en connais). pour avoir aidé certain.es à se faire vacciner, qui croyaient des trucs qui les bloquaient, qui n’arrivaient pas à trouver un rdv vaccinal ; pour en avoir convaincu que non, leur bonne immunité de jeunes en forme (passons...) ne les protégerait pas nécessairement et que le risque de contaminer d’autres étaient une raison suffisante ; pour avoir été réduit à dire à un père de famille qui n’avait pris qu’une dose et arrêté s’estimant trop paumé pour décider quelque chose au vu des confusions et pressions gouvernementales des trucs un peu pendables ("ok, ne parlons pas de toi, mais pense à tes mômes si tu te retrouvais à l’hosto"), pour savoir que l’"aller vers" n’a pas été que très partiellement boosté avec un retard prodigieux (intégration partielle et tardive de la médecine de ville et du paramédical), pour avoir milité auprès de telle ou telle soignant pour qu’ielle se vaccine malgré sa méfiance, je crois que nombre de pas vaccinés ont été pris dans un tourbillon d’infos officielles qui sèment le doute et conduisent au scepticisme tant elles sont peu fiables et truffées de contre vérités (tant elle rappelant que dès qu’il prétendent faire le bien, il vaut mieux lire leur dires comme des antiphrases, à la façon du « mon ennemi c’est la france de Hollande ») et des allégations mensongères qui circulent de toute part

      et que ce que je fais (comme tant d’autres) dans ce domaine, d’autres le font dans l’autre sens (pas de vaccin !) avec eux aussi des petits bouts d’arguments qui ne nécessitent pas un alignement théorique, de principe, mais suffisent à induire une non vaccination.

      manquant de courage pour des trajets en vélo sou la grosse pluie, j’ai pris le métro pour la première fois depuis des semaines hier. il faut pas. les pas de masques (rares) les masques sous le pif, je voudrais avoir le temps et la manière non pas de les rappeler à l’ordre (dites donc, il est temps d’adopter une attitude rationnelle !) mais d’arriver à ce qu’ils parlent depuis ce qu’ils font et à converser pour faire bouger quelque chose, quitte à employer toutes les ruses nécessaires pour que cela puisse être audible. mais cette situation là je la connais, s’adresser à eux c’est passer pour un relais du gouvernement. il arrive que ce soit pas le cas mais a priori, rien ne remplace une relation effective pour déterminer/modifier ce que nous appelons des individus, par commodité, fatigue, adhésion à une vue bourgeoise de la vie humaine.

      il me semble que sans revenir à des garde-fous théoriques (une analyse relationnelle), on ne peut que se fourvoyer, qu’il est question ici de ce substrat transindividuel ( Simondon, Individu et collectivité. Pour une philosophie du transindividuel , Muriel Combes https://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4433), de l’impersonnel mis en jachère ou détruit par le capital dès lors qu’il n’escompte pas l’exploiter, en tirer profit.

    • @colporteur : mais je suis d’accord, juste c’est pas mon sujet ici. Je réponds à l’accusation, désormais banale, selon laquelle on serait en train de, ou au moins on voudrait, refuser de soigner les non-vaccinés.

      Je vais aller plus loin, et reprendre la question telle qu’elle a été posée en Belgique (de mémoire). La situation est qu’on est en situation de tri, et que cela est provoqué par l’afflux de patients Covid qui doivent suivre des soins lourds. Ces patients qui doivent passer par des soins lourds sont massivement des gens non-vaccinés. De ce fait, les ressources des hôpitaux sont réorientées pour traiter ces patients Covid. On arrive donc à la situation où, en pratique, la priorité de soin est désormais donnée à des patients Covid, qui sont massivement non-vaccinés, sur toute autre forme de soins (non prise en charge des plus vieux, report des traitements, etc.).

      Et c’est ce qu’interrogent des médecins belges. Parce que cette priorité donnée aux patients Covid, massivement non-vaccinés, sur tous les autres, pose un problème moral.

      Donc au lieu de fantasmer sur un refus de soigner les non-vaccinés, ces médecins soulignent qu’en fait, on a une priorité donnée à des gens qui ne sont pas vaccinés. On peut très bien ne pas culpabiliser ces gens si on veut, mais la conséquence morale est bien là (objectivement, des gens meurent parce qu’on donne la priorité à d’autres), et ce sont des soignants qui doivent, chaque jour, trier l’accès au soin, qui sont confrontés à quelque chose de moralement très difficile à supporter.

      Ici @ericw cite un soignant à propos de son père (qui lui n’a rien à voir le Covid) : « ben non, la ça déborde de covid de partout, d’ailleurs on a isolé votre papa pour essayer de le préserver, mais c’est pas facile ». Ça devrait relativiser la légitimité des non-vaccinés à jouer les victimes d’une médecine qui voudrait les punir.

    • mais @arno, ta formulation citée plus haut surestime (à tout le moins) le libre arbitre, c’est que je mets en cause. sans appeler Spinoza à la rescousse il me suffit de me souvenir dans un autre contexte des interdits de RMI/RSA en raison de leur trop jeune âge qui disaient... refuser ce minimum pour marquer leur défiance vis-à-vis de l’État. même ce que l’on présente facilement aujourd’hui comme le marqueur le plus net d’une vérité (et bien que des cas innombrables vérifient que l’émergence d’une vérité est possible ainsi, et souvent seulement de cette manière), la parole des premiers concernés ne peut relever exclusivement et en toute circonstances d’une lecture littérale de tous les énoncés. « parler à la première personne », c’est politiquement affuté, mais c’est aussi en train de sombrer pour partie dans la complaisance pour n’importe quel énoncé qui puisse se revendiquer de l’authenticité du vécu. Y a du tri à effectuer, ça s’appel l’analyse, la critique ou ce qu’on voudra.

      j’ai par ailleurs relayé le papier que tu cites (sélection à Marseille) ainsi que la prise de position de Grimaldi sur ce problème d’avoir à prioriser les non vaccinés au détriment d’autres patients, ce qui en plus de leur nuire (et « la santé publique » avec) fait vivre à ces soignants un violent dobble bind
      https://seenthis.net/messages/941990
      et après bien d’autres exemples cités ici, deux papiers récents sur les effets de la pandémie (non prise en charge adéquate des AVC https://seenthis.net/messages/941976
      on y rappelle que des limites structurelles du système de santé sont aggravées par la gestion de la pandémie et ça fournit un de ces cas qui éclaire sur le contexte de toutes les décisions hasardeuses des uns et des autres (dont les covodés potentiels), c’est bien utile lorsque l’on arrive à s’en servir sans lors d’échanges dans la vie courante, sans culpabilisation, pour faire bouger des pratiques de refus de soin ou de relativisation de leur portée (ici soins préventifs : vaccin ; voire non pharma : masques).

    • Contrairement aux propos du président, certains hôpitaux publics pratiquent déjà des tris de patients. Outre la déprogrammation d’opérations qui contraint les médecins à sélectionner les patients, certaines réanimations se préparent à durcir les critères d’admission. Nous publions l’intégralité d’un document de travail préparatoire officialisant des critères de tri parfois drastiques.

      https://seenthis.net/messages/942767#message942773

    • David Graeber: American-Born Anthropologist Dies in at 59 | Heavy.com
      https://heavy.com/news/2020/09/david-graeber

      Graeber’s death was confirmed on the morning of September 3 by his wife, Nika Dubrovsky. Dubrovsky tweeted, “Yesterday the best person in a world, my husband and my friend. @davidgraeber died in a hospital in Venice.”

    • Un type bien sympathique semble-t-il, dont les travaux (pour ce que j’en connais) sont un des innombrables indices d’une crise de la critique (éclipse de la pensée ?). Sa dénonciation des " bullshit job" avait le mérite d’affirmer que bien des emplois n’existent que pour (non seulement "occuper", comme il le souligne, mais) justifier le fait qu’avoir les moyens de vivre sans emploi ne doit en aucun cas être à la portée de n’importe qui (ce qui était aussi le cas sous le socialisme réel où on pouvait coller trois personnes là où une aurait suffit). Il suffit d’avoir lu Maurizio Lazzarato ( La fabrique de l’homme endetté, essai sur la condition néolibérale, http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6238) pour savoir que son "histoire" de la #dette est des plus faibles, une anthropologie trans-historique, une éternité qui récuse l’historicité.
      Je détaille pas, faute d’avoir pris le temps de la lire pour de bon (j’avais laissé tomber...), mais voici une note de lecture (dont je partage pas les présupposés) qui en relève le peu de consistance.

      « Quand David Graeber étale la dette : une critique du livre " La dette : 5000 ans d’histoire " », par Franz Schandl
      http://www.palim-psao.fr/article-quand-graeber-etale-la-dette-une-critique-du-livre-la-dette-5000-

      « La langue du marché a envahi toutes les dimensions de la vie humaine[14] », dit Graeber. Cependant, la façon dont il se sert de cette langue est complètement acritique. C’est bien trop souvent que la terminologie dominante est aussi la sienne. On est frappé par la naïveté totale avec laquelle sont employées des catégories quotidiennes telles que économie, politique, démocratie, capital, crédit. Celles-ci sont utilisées sans la moindre distance critique, comme si aucune d’elles n’était problématique. Il y a un rapport positif constant, voire lassant, à la justice et, bien sûr, aux valeurs. [...]

      Conformément aux postulats anarchistes, le mauvais rôle échoit le plus souvent à l’#État, tandis que le marché s’en sort assez bien la plupart du temps. En de nombreux endroits l’État et le #marché sont pensés comme des antipodes, et non comme des éléments qui se complètent et qui sont indispensables à la domination du capital. Le bon marché remonte toujours à la surface.

    • Une critique du concept de « Bullshit Jobs » par les auteurs de Boulots de Merde (Cyran & Brygo, La Découverte, 2016) :

      https://lundi.am/Boulots-de-merde-Du-cireur-au-trader

      Lorsqu’on a lu l’essai de David Graeber, on s’est dit qu’il y avait une belle matière pour commencer un travail reliant le haut et le bas du monde du travail, puisque Graeber avançait l’idée selon laquelle les cadres chargés de faire tourner la machine capitaliste étaient rincés, déprimés, accablés par la conscience de leur inutilité et incapables de trouver une consolation dans leurs salaires princiers. C’est en cela qu’il parle de « bullshit jobs », des boulots bidon où les gens s’emmerdent à mettre des coups de tampon et à pianoter sur Facebook au lieu de faire un « vrai » travail, productif, visible, palpable. On avait trouvé stimulante cette réhabilitation du critère de l’utilité sociale, mais sa focalisation sur le sommet de la pyramide salariale nous posait problème , raison pour laquelle nous avons claqué notre enveloppe de frais de reportage pour aller rencontrer Graeber à Londres. Les réponses qu’il a apportées à nos questions n’ont pas franchement levé nos doutes, comme on l’explique dans l’introduction de notre bouquin. Ce qui nous a le plus scié, c’est l’explication qu’il nous a fournie sur sa méthodologie : pas d’enquête de terrain, pas de chiffres, pas de sources, seulement une compilation de données récupérées sur des blogs d’avocats d’affaires… Du coup, on a changé notre fusil d’épaule et laissé derrière nous les affres existentielles des cols blancs cholestérolés, choqués de découvrir que leur dévouement à l’économie capitaliste n’était pas aussi sexy que prévu. C’est un sujet qu’on laisse volontiers aux journalistes des grands médias, qui se sont tous pris de passion pour les thèses de Graeber, en raison peut-être de leur proximité sociale avec les cadres d’entreprise. En revanche, la souffrance ordinaire endurée par la majorité de la population active, dans les boîtes de sous-traitance comme dans les anciens fleurons du service public, dans les bureaux de poste comme dans les restaurants en passant par les guichets de Pôle emploi, cette souffrance-là n’intéresse pas grand monde. Ce désintérêt résulte en grande partie de la propagande quotidienne pour la « valeur travail » et le « plein emploi », du matraquage verbal et administratif infligé aux chômeurs soupçonnés de fraude et de désertion. Pour beaucoup de journalistes, il faut bien qu’il y en ait qui fassent le « sale boulot » de leur nettoyer leurs burlingues au petit matin. On a voulu remettre à leur place ces réalités sociales : 80 % du livre est consacré aux trimardeurs du bas, 20 % aux cols blancs. Loin de nous l’intention de minimiser le cafard des bureaucrates de l’économie capitaliste, mais on a choisi de ne pas oublier les conditions de travail autrement plus rudes de ceux que ces mêmes cols blancs réduisent à l’état de larbins.

  • Rennes : Un conseiller #Pôle_emploi menacé de licenciement pour avoir aidé des chômeurs
    https://www.20minutes.fr/societe/2803595-20200619-rennes-conseiller-pole-emploi-menace-licenciement-avoir-a

    C’est en 2014 que Yann Gaudin a identifié une première « anomalie ». Elle concerne les #intermittents_du_spectacle en fin de droits qui pouvaient alors prétendre à une aide spécifique de solidarité d’un montant de 324 €. Sauf que le conseiller a découvert que le dossier de demande ne leur était pas transmis, les privant ainsi de cette #aide. Pour les informer de leurs droits, Yann Gaudin a alors rédigé un mail à 8.000 intermittents bretons. Une initiative qui n’a pas beaucoup plus à sa direction et lui a valu une première convocation. « A partir de là, j’ai commencé à me méfier et à tout vérifier », indique le conseiller.

    • Pôle emploi : le droit de savoir
      À propos du blog
      https://blogs.mediapart.fr/yann-gaudin/blog

      Il est possible que vous ayez de l’argent - peut-être même beaucoup d’argent ! - à récupérer auprès de Pôle emploi après avoir pris connaissance des articles de cet espace d’informations. Pour prendre
      connaissance de l’intégralité des articles : https://blogs.mediapart.fr/yann-gaudin/blog Vous pouvez m’écrire à cette adresse : yann.gaudin@free.fr

    • Pour le patron, il faut avant toute chose défendre la caisse face aux demandeurs de revenu. C’est le cas face à des mouvements revendicatifs, à des luttes, à des comportements diffus, quitte à devoir répondre positivement par une nouvelle disposition légale qui traduit la demande en des termes autorisant une maîtrise de celle-ci (exemplaire est l’instauration du RMI par toute la classe politique en 1988, y compris dans son échec auquel il aura fallu répondre par des mesures répétées, durcissements variés du contrôle, jusqu’à l’instauration du RSA, ou/et concessions : le fonds d’urgence sociale de Jospin en 1998, la prime d’activité, demain du RUA, dont il ne suffit pas de dire qu’il nous tomberait dessus comme un acte de maîtrise étatique sans reste : là encore se demander à quelle adversité, à quel travail du négatif, à quelles libertés abusivement prises par les précaires, répond une telle mesure)

      Et c’est aussi le cas face à tout acte isolé qui pourrait faire office de germe d’une déstabilisation : commencer par tenter l’éradication. Un subordonné d’une de ces caisses qui oeuvre pour l’accès au droit et aux droits doit être sanctionné parce qu’il n’est pas question que la culture du collectif (du service public avait-il été dit) dont il subissait des restes à l’ANPE et que la création de Pôle emploi visait à détruire au plus profond (plus de chômeurs ! des "candidats"http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5925) produisent aujourd’hui de tardifs surgeons.
      Une pratique qui peut offrir boussole à qui dépend de ce maquis kafkaien (du « droit », des règles, des usages, du « guichet », toujours plus dématérialisé) dont la bureaucratie ne cesse de modifier les repères par une permanente restructuration contrevient à l’organisation que se donne le commandement capitaliste pour la mise au travail et le contrôle. Tout ce qui érode l’ opacité défensive qui protège les caisses des institutions sociales doit a priori être traité comme un acte de guérilla à éteindre ou contenir, quelques soient les déclarations de bonnes intentions démocratiques qui prétendent se fonder sur la loi pour en faire un usage que l’on sait objectivement hostile.

      "On n’est pas là pour faire des devis" Un salariés Assedic en réponse à une question sur le calcul de l’alloc (années 90).

      « On est pas là pour vous accabler d’informations inutiles ou nuisibles pour votre recherche d’emploi, cher candidat » (à défaut d’institution imaginaire :) l’imaginaire de l’institution) :

      On le sait, il faut défendre la société d’abandon. Par tous les moyens nécessaires.

      Cet épisode a une portée critique. Il va permettre de prendre la température d’agents du Pôle qui font désormais fonction de Marcheurs Blancs du back office de la glaciation capitaliste. Vont-ils trouver l’espace d’un renversement aussi ténu soit-il ?

      Hors Pôle, une scandalisation de cette initiative patronale a-t-elle ses chances ?
      à suivre...

      Sur cet enjeu de pouvoir qu’est l’indemnisation du chômage, sur son évolution depuis 1979, une vue récente (IRES), avec des indicateurs inédits qui percutent l’opacité défensive de l’institution du chômage :
      https://seenthis.net/messages/862039

      #demandeurs_de_revenu #pôle_emploi #droits_sociaux #ayants_droit #chômeurs #chômage #accès_au_droit

    • #rennes Yann Gaudin, conseiller pôle emploi accueilli en héros par les intermittents bretons, lors de sa convocation avec sa hiérarchie. Il est considéré comme lanceur d’alerte pr avoir dénoncé des « anomalies sur des droits non alloués à des demandeurs d’emploi. »

      https://video.twimg.com/ext_tw_video/1275398674277978112/pu/vid/640x360/mJA84V8B4HbDO9ED.mp4?tag=10

      https://twitter.com/Narjisse_E/status/1275399731682906115

      A Pôle emploi Bretagne, l’énigme Yann Gaudin

      Lanceur d’alerte pour les uns, collègue ingérable pour les autres… Yann Gaudin, le conseiller Pôle emploi soutenu par les intermittents du spectacle, était convoqué ce mardi 23 juin pour un entretien disciplinaire. Sans qu’on comprenne vraiment ce qui lui est reproché…

      https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/rennes/pole-emploi-bretagne-enigme-yann-gaudin-1845382.html

      https://soundcloud.com/francetrois-bretagne/yann-gaudin-je-suis-juste-un-conseiller-pole-emploi-qui-fait-son-travail

  • Patrick Chamoiseau : « Le virus a tout bouleversé, mais nos imaginaires sont restés pour ainsi dire sidérés » | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/04/25/patrick-chamoiseau-le-virus-a-tout-bouleverse-mais-nos-
    https://secure.gravatar.com/blavatar/a3b1cc5dc5733d7f4309d47eda4caf8d?s=200&ts=1587910872

    ce « confinement sanitaire » a éjecté la plupart d’entre nous d’un vaste confinement invisible : celui d’une domination de nos imaginaires par le dogme néolibéral. Nous n’avons pas été éjectés du contact avec les autres ou de la vie, mais des mécaniques du boulot-dodo-boulot, des compulsions consuméristes, de la course aux loisirs névrotiques, au driving du Caddie, aux grenouillages corporatistes… Une existence sans idéal, sans engagement, sans rien qui dépasse ses propres étroitesses.

    Quel serait le pire ?

    Patrick Chamoiseau. Peut-être le non-événement. Ce déconfinement-politique-et-humain est paradoxalement pour nous angoissant. Il risque de susciter un immense retour-sauve-qui-peut-général vers la cage anesthésiante du système dominant, comme dans un moment libérateur. Là encore, le néolibéralisme risque de se retrouver triomphant en distribuant une myriade d’aides sociales pour dégripper son économie et l’aider à sortir (non pas d’une crise interne) mais de sa mise volontaire sous coma artificiel. Pourtant, nos réclusions perçoivent bien comment le bien commun, les services publics, l’État protecteur, le souci du plus faible, ont été sacrifiés sur l’autel de l’optimisation des profits.

    Hélas, les assassins d’aube risquent de ne pas avoir à sortir leurs coutelas : le virus a tout bouleversé, mais nos imaginaires sont restés pour ainsi dire sidérés : sans « révolution », ni « ré-évolution », juste en attente du top départ pour le déconfinement…

    Rappelons-nous ces vers de Césaire :« J’habite l’embâcle, j’habite la débâcle, j’habite le pan d’un grand désastre ! » Ne pas s’enfermer dans une pensée de système ou système à penser des réponses, mais s’installer dans une lucidité qui fait blessure-rapprochée-du-soleil, à la manière de René Char. Une lucidité questionnante dont l’inconfort stimule nos imaginations, et rend désirables de vraies accroches aux utopies, aux possibles, aux ferveurs restés noués dessous nos énergies.

    Comment envisager des individualités solidaires sans individualisme ?

    Patrick Chamoiseau. En soignant l’individuation. L’individualisme est une perversion exacerbée par le néolibéralisme. L’individuation, c’est le soin porté à chacun par lui-même et par les autres. C’est donc la possibilité pour chacun de vivre en responsable les questions de prime abord indépassables, et avec elles de s’accomplir en tant que personne. L’individu néolibéral est isolé, même évidé, il n’a plus de questions sinon celle de sa précarité grandissante.

    #Patrick_Chamoiseau #Confinement #Néolibéralisme

  • Actions pour le droit au chômage à Auch, Lille, Noisy-le-Grand (93) et Toulouse - CIP-IDF
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=9326

    Après diverses initiatives de lutte dans l’hexagone [1], l’interpellation de la ministre du travail [2] et d’autres actions, de nouvelles actions ont eu lieu ce jeudi 28 mars à Auch, Lille, Toulouse et Noisy-le-Grand (93).

    Nous exigeons l’abrogation du décret du 30 décembre [3] qui
     planifie les radiations et les sanctions à l’encontre des chômeurs et précaires
     va fabriquer de nouveaux chômeurs privés d’allocation
     détruit la mission d’accompagnement de Pôle Emploi au profit de missions de contrôle et sanctions

    À la direction régionale IdF de Pôle emploi

    #chômeurs #droit_au_chômage #luttes sociales #occupation

  • Retour sur l’envahissement de la plateforme de contrôle des chômeurs de Rennes, et ses suites - Plutôt chômeur que contrôleur
    https://contrelareformechomage.noblogs.org/post/2019/03/09/retour-sur-lenvahissement-de-la-plateforme-de-contro

    Le vendredi 15 février, répondant à l’appel public du Collectif contre la réforme chômage, une cinquantaine de personnes a envahi une plateforme de pôle emploi à Rennes. C’est dans ce lieu que travaillent les agents spécialisés dans le contrôle des chômeurs, autrement dit les agents qui sont amenés à mettre concrètement en œuvre les nouvelles sanctions à l’encontre de ces derniers. Le nombre de ces contrôleurs doit passer de 215 à 1000 au niveau national d’ici la fin de l’année. Depuis que la « loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel » est passée en septembre 2018, un ensemble d’actions a lieu partout en France, s’inscrivant dans le rapport de force de grande ampleur face à la vie chère qui prend notamment place au travers du mouvement des gilets jaunes.
    Le rythme s’est accéléré après la publication du décret du 30 décembre : envahissement d’une plateforme de contrôle à Andrézieux (près de Lyon et Saint-Étienne) le 30 janvier, à Rennes le 15 février, à Paris le 22 et occupation d’une agence pôle emploi à Toulouse le même jour. Depuis ses débuts le collectif rennais est un espace public ouvert qui tient des réunions hebdomadaires, intervient chaque semaine dans l’AG des gilets jaunes et qui a mené nombre d’actions : diffusion de tracts au pôle emploi, CAF et entreprises, réunions publiques sur le contenu de la réforme, occupation de la direction régionale de pôle emploi, CAF et conseil départemental.

    Une semaine après l’action du 15 février, plusieurs articles publiés par les médias locaux (Ouest-France et Télégramme) dont la source est manifestement policière, viennent jouer les auxiliaires de justice par un discours à charge digne d’un procureur. Le vocabulaire utilisé, parlant de « commando » pour désigner les personnes ayant répondu à l’appel du collectif, et de « saccage » pour décrire un envahissement, correspond bien à cette logique de judiciarisation et criminalisation des pratiques de lutte. Dans un communiqué condamnant cette action la CGT Pôle emploi Bretagne renforce cette logique.

    Les actions d’occupation, d’envahissement, de déménagement sont des modalités habituelles de conflits et mouvements sociaux (on peut se rappeler par exemple du déménagement des locaux du Medef à Rennes pendant le mouvement contre la loi travail en 2016). De façon plus spécifique la question de l’occupation et de l’envahissement de Pôle emploi, des administrations et des institutions en charge des chômeurs, précaires et intérimaires est l’une des seules armes dont dispose ces exploités sans lieu de travail. Comment faire grève par exemple quand on ne travaille que sur des missions d’une ou deux semaines ? Comment les livreurs à vélo (travailleurs non-garantis dont le statut est celui « d’auto-entrepreneur ») peuvent-ils s’organiser collectivement contre leur boîte ? Comment des inscrits à Pôle emploi peuvent-ils ne serait-ce que se rencontrer quand les agences ferment de plus en plus souvent et sont désertées du fait de la dématérialisation ?

    L’offensive portée contre le collectif n’est pas isolée, elle s’inscrit dans une dynamique plus large visant les blocages, actions et manifestations notamment des gilets jaunes. Le discours gouvernemental qui désigne tous les participants à des manifs non déclarées comme « casseurs » potentiels va de pair avec les milliers d’arrestations, de poursuites judiciaires et les centaines d’incarcérations. Cette répression attaque la lutte en isolant et divisant ses participants, et cherche à entraver les pratiques qui débordent. Par exemple à Rennes, les récentes descentes du RAID, perquisitions suivies d’arrestations de deux camarades, et le discours journalistique qui l’accompagne, ont pour objectif de provoquer stupeur et effroi dans le mouvement et chez tous ceux qui veulent participer aux luttes actuelles.

    #chômage #chômeurs #contrôle_des_chômeurs #occupation #criminalisation

  • Chômage : le faux suspense du gouvernement | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/260219/chomage-le-faux-suspense-du-gouvernement?onglet=full

    Une semaine après l’arrêt des négociations entre les syndicats et le patronat sur les nouvelles règles de l’assurance-chômage, le premier ministre et la ministre du travail ont relancé mardi 26 février une grande phase de concertation. Ils ont refusé de dévoiler les contours de la réforme, annoncée pour cet été. Mais les priorités de l’exécutif sont connues, et les perdants du futur système aussi.

    Je croi que la loi s’appelle « loi de confiance dans l’ #équarrissage »

    • ui, pour la réforme des règles régissant l’assurance-chômage, il y a un plan. Et non, il n’est toujours pas l’heure de le dévoiler. C’est le message que se sont employés à faire passer, lors d’une conférence de presse ce mardi 26 février, le chef du gouvernement Édouard Philippe et la ministre du travail Muriel Pénicaud, appuyés par des explications données aux journalistes par le cabinet de la ministre.

      La réaction du gouvernement était attendue, à la suite de l’échec des négociations entre syndicats et organisations patronales, acté la semaine précédente. « Je regrette évidemment très profondément qu’un accord n’ait pu être trouvé, a déclaré Édouard Philippe. J’ai parfaitement conscience qu’il n’était pas facile d’obtenir cet accord, parce que c’est toujours difficile de remettre à l’endroit un système qui s’est constitué par une sédimentation de règles année après année. »

      Cinq jours plus tôt, le président de la République avait été plus tranchant, ironisant devant les présidents de département réunis à l’Élysée sur des « corps intermédiaires » incapables de se mettre d’accord. « On est dans un drôle de système ! Chaque jour, dans le pays, on dit : “Corps intermédiaires, démocratie territoriale, démocratie sociale, laissez-nous faire”, s’est-il exclamé. Et quand on donne la main, on dit : “Mon bon monsieur, c’est dur, reprenez-la.” Et le gouvernement va devoir la reprendre, car on ne peut pas avoir un déficit cumulé sur le chômage, comme on a depuis tant d’années. »

      Mais si l’exécutif est bien décidé à prendre la main, il se donne encore un peu de temps avant de dire précisément comment il entend modifier les règles, et donc dévoiler qui seront les perdants de sa réforme. Les décisions finales, qui seront prises par décret et ne passeront donc pas devant le Parlement, ne seront pas annoncées avant plusieurs semaines, dans le cours du printemps. Leur mise en œuvre est annoncée pour l’été, sans plus de précision.

      Édouard Philippe et Muriel Pénicaud, à Matignon le 26 février. © capture d’écran - site internet de Matignon Édouard Philippe et Muriel Pénicaud, à Matignon le 26 février. © capture d’écran - site internet de Matignon

      Dans l’intervalle, va s’ouvrir « une concertation très approfondie et très intense », a annoncé Muriel Pénicaud. Dès ce mercredi, la ministre du travail et son cabinet vont commencer à recevoir, un par un, les représentants des salariés et du patronat, mais aussi des associations de chômeurs, des parlementaires ou des lobbys patronaux non représentatifs. Dans un premier temps pour tenter d’« aboutir à un diagnostic partagé ». Puis une seconde fois pour, enfin, dévoiler les mesures que le gouvernement mettra en place. Une « cinquantaine de réunions » en tout, selon une méthode rappelant celle qui avait abouti à l’adoption des ordonnances réformant le code du travail – et qui avait fortement déplu.

      Sur le papier, rien ou presque n’a donc changé depuis la mi-septembre, quand le gouvernement avait présenté sa lettre de cadrage encadrant la négociation qu’il demandait aux partenaires sociaux d’ouvrir. Cinq mois plus tard, les mêmes thèmes et les mêmes mots reviennent. « Il est vrai que nous avons connu quatre mois de négociation, et que certains sujets sont labourés depuis six ans, reconnaît-on au ministère du travail. Mais des points névralgiques n’ont pas été assez discutés, approfondis. » « Les partenaires sociaux sont passés à côté de certains sujets fondamentaux, assure-t-on. Nous avons envie de repartager les choses le plus clairement possible, pour mieux préparer le terrain pour les solutions. »

      Officiellement, il n’est pas encore question d’évoquer ces « solutions », que le gouvernement entend pourtant mettre en œuvre dans les six mois à venir. Il faut laisser passer la séquence actuelle du grand débat, et sans doute les élections européennes, pour trouver plus tard une fenêtre de tir favorable à la présentation de mesures qui risquent de faire grincer beaucoup de dents.

      Pourtant, aujourd’hui comme au mois de septembre, il n’est pas sorcier de comprendre les axes que l’exécutif souhaite favoriser, et dont beaucoup sont explosifs. Les mots employés dans la lettre de cadrage, ceux-là mêmes qui ont abouti à un échec des négociations entre partenaires sociaux, sont plus que jamais d’actualité. En coulisse, le ministère du travail a affûté ses arguments pour convaincre que ses choix étaient les bons. Le cadre financier d’abord : il s’agit toujours de trouver 4 milliards d’économies en trois ans, même si le cabinet de Muriel Pénicaud assure que « le but poursuivi n’est pas économique » et qu’il s’agit avant tout d’« améliorer le fonctionnement du marché du travail ».

      Les priorités, ensuite. À commencer par le désormais fameux « bonus malus » sur les contrats courts, qui verrait les cotisations patronales sur les salaires modulées en fonction du nombre de contrats courts utilisés dans une entreprise. Emmanuel Macron défend cette mesure depuis sa campagne présidentielle et le ministère du travail assure depuis 18 mois qu’elle sera mise en œuvre si une alternative équivalente n’est pas proposée. Mais le patronat n’en veut absolument pas. Ce mardi, Édouard Philippe a rappelé qu’« à ce stade », « personne » ne lui a « proposé […] une meilleure solution ». « L’instrument est sur la table », a-t-il donc martelé, rappelant que la mesure était à ses yeux une « contrepartie » demandée aux chefs d’entreprise, à qui les ordonnances ont assuré « plus de souplesse et de sécurité » dans le licenciement de leurs salariés.

      Les organisations patronales assurent depuis des années que cette mesure est un contresens car utiliser des contrats courts est obligatoire dans certains secteurs, qui ne peuvent pas s’organiser autrement. Le ministère du travail souligne que cette position ne tient pas la route : « Dans tous les secteurs, pour une même taille d’entreprise, pour le même business et les mêmes contraintes, il existe des pratiques très différentes. » Ainsi, parmi les traiteurs – un exemple régulièrement utilisé par le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux –, certaines entreprises utilisent quarante fois plus les contrats courts que leurs concurrents. « Il y en a un qui fait subventionner sa flexibilité par les autres », traduit un conseiller, agacé.
      Réduire l’indemnisation des salariés les mieux payés, un précédent dangereux

      Le gouvernement reste tout aussi attaché à une réforme du système qui, selon lui, avantage certains travailleurs précaires, qu’il nomme les « permittents ». Il s’agit des demandeurs d’emploi qui travaillent régulièrement, mais sur de petites périodes. Pour le gouvernement, il faut modifier les règles encadrant les droits rechargeables à l’assurance-chômage. Depuis 2014, il est prévu que si un chômeur travaille pendant qu’il touche son allocation-chômage, il allonge la période pendant laquelle il peut toucher de l’argent de Pôle emploi. Un mécanisme qui peut durer indéfiniment, pour peu qu’il travaille au moins 150 heures, c’est-à-dire environ un mois.

      Ces paramètres sont incontestablement bénéfiques pour les chômeurs et les incitent à trouver un travail, même court et peu rémunéré. Le ministère du travail en convient, mais souligne que depuis 2014, la part de ceux qui se trouvent dans cette situation depuis plus de deux ans « a quasiment doublé, passant de 9 % à 16 % » des demandeurs d’emploi qui utilisent les droits rechargeables. « On enferme les gens dans la précarité plutôt que de les en sortir », assure le ministère. Un argument qui ne devrait guère convaincre les syndicats, logiquement très hostiles à une réforme qui serait défavorable aux plus précaires.

      Le débat devrait être tout aussi virulent sur la question, en apparence technique, du calcul du salaire journalier de référence. C’est en se fondant sur ce calcul qu’est établi le montant de l’allocation chômage versée à chaque demandeur d’emploi. Or, se plaint le ministère, environ 20 % des chômeurs indemnisés « touchent une allocation chômage supérieure à la moyenne de leurs revenus » lorsqu’ils travaillaient. La raison ? Le calcul de l’indemnité est établi en fonction du revenu touché uniquement les jours travaillés, et non selon le revenu mensuel global, qui inclut jours travaillés et jours chômés et qui est donc plus faible. Le système actuel « favorise mécaniquement le fractionnement des contrats de travail », plaide-t-on au ministère, et ne pousse pas assez au retour à l’emploi.

      Cette argumentation met de côté le fait que les règles en vigueur depuis octobre 2017 ont déjà corrigé en grande partie les inégalités pointées par l’exécutif, celles qui concernent les contrats de moins de cinq jours. L’assurance-chômage avait trouvé des cas frappants : deux demandeurs d’emploi ayant travaillé 90 jours pour un même salaire pouvaient toucher 1 000 euros de différence en quatre mois d’indemnisation, si l’un avait travaillé avec un CDD de dix-huit semaines, et l’autre avec dix-huit CDD de cinq jours. La situation a déjà été corrigée, 20 % des demandeurs d’emploi ont vu leurs allocations baisser en conséquence.

      Les salariés concernés par cette future réforme font partie des plus précaires. Est-ce parce qu’il en est conscient que le gouvernement insiste en parallèle pour réduire les droits au chômage des salariés les mieux payés ? « Nous devons revoir notre système qui permet d’obtenir des niveaux d’indemnisation pour les salaires élevés qui sont trois fois supérieurs à ce qui se passe chez nos voisins », a prévenu le premier ministre. Les plus pessimistes craindront qu’en touchant d’abord aux droits des plus riches, le gouvernement ne s’autorise un précédent qui fera peu de mécontents, mais qui installera l’idée qu’il est possible de diminuer les allocations chômage.

      Aujourd’hui, le niveau maximal de l’allocation est fixé à 7 750 euros brut (soit 6 615 euros net). Un plafond qui est le plus haut d’Europe, mais qui concerne… seulement 0,05 % des demandeurs d’emploi, selon l’Unédic – et seuls 5 % d’entre eux touchent plus de 1 810 euros net par mois. Muriel Pénicaud et son cabinet ont tellement envie de convaincre que ce plafond maximal est trop haut qu’ils assurent que « le deuxième pays qui indemnise le plus en Europe » est le Danemark, où le plafond est fixé à 2 700 euros par mois. Problème, selon l’Unédic elle-même, il existe des cas où les niveaux sont plus hauts, sans atteindre celui de la France : presque 5 000 euros au Luxembourg, 4 400 en Allemagne.

      Pour réduire les plus hauts niveaux d’allocation chômage, il y a deux solutions. Mettre en place la dégressivité dans le temps, d’abord. Une idée qui a longtemps séduit l’exécutif, mais qui est unanimement refusée par les syndicats, et battue en brèche par l’immense majorité des études économiques. Une étude de l’OFCE a ainsi rappelé fin 2017 que la dégressivité des allocations était tout sauf efficace.

      L’autre possibilité est de baisser le plafond maximal, et c’est l’option que semble désormais privilégier l’exécutif. Une piste qui serait « légitime », compte tenu d’une « situation de quasi-plein-emploi » chez les cadres, dont moins de 4 % sont au chômage. Au ministère du travail, on détaille que « plus le niveau d’indemnisation augmente, plus la durée d’indemnisation augmente » : 419 jours indemnisés en moyenne pour des demandeurs d’emploi touchant 2 000 à 3 000 euros d’indemnités, contre 575 jours pour ceux qui touchent plus de 5 000 euros, et l’écart se maintient même chez les moins de 50 ans, qui retrouvent plus facilement un emploi.

      « Ce ne sont pas les gens qui sont en cause, ce sont les règles », répètent les conseillers de Muriel Pénicaud, qui conviennent que pour le patronat ou les syndicats, les « diagnostics » alignés par le gouvernement « sont difficiles à poser, à accepter ». De fait, il paraît inconcevable qu’ils deviennent des constats partagés par tous. Mais ce n’est de toute façon pas le but poursuivi par le gouvernement, qui ne cache pas son ambition de mettre en place une « réforme systémique ». Que les organisations qui étaient jusque-là aux manettes l’approuvent ou non.

    • Gagner plus au chômage qu’en travaillant : l’étonnante statistique du gouvernement, Hélène Fily
      https://www.franceinter.fr/economie/gagner-plus-au-chomage-qu-en-emploi-l-etonnante-statistique-du-gouvernem

      Le gouvernement reprend la main sur l’assurance chômage en s’attaquant aux contrats courts et aux règles d’indemnisation. En s’appuyant sur une donnée qui interroge : selon lui, un #allocataire sur cinq perçoit un revenu plus élevé en étant au #chômage qu’en travaillant. Qu’en est-il vraiment ?

      De nouvelle règles seront applicables dès cet été pour le calcul des indemnités chômage, a annoncé mardi le Premier ministre Édouard Philippe, accompagné de la ministre du #Travail, Muriel Pénicaud. Cette dernière reçoit dès cette semaine les leaders syndicaux et patronaux, pour une phase de diagnostic, qui, juge-t-elle, n’a pas été assez creusé ces quatre derniers mois.

      Qui touche quoi ?

      La moitié des allocataires touche moins de 860 euros nets par mois. 45% touchent entre 860 et 1 810 euros. Seuls 5 % des allocataires touchent donc plus de 1 810 euros nets chaque mois.

      Il existe également un plafond. À ce jour, il se situe à 6 615 euros nets mensuels, une somme qui est « versée à 0,05 % des bénéficiaires », précise l’Unedic, soit un millier d’allocataires sur les 2,7 millions de personnes qui sont aujourd’hui indemnisées au titre de l’Assurance chômage. Les cadres représentaient, en 2017, 43 % de la masse salariale soumise à contribution sur l’assurance chômage.

      Comment se calcule l’allocation

      Aujourd’hui, l’allocation minimale versée est de 29,06 euros par jour pour un demandeur d’emploi qui a travaillé à temps plein sur une durée suffisamment longue pour en être bénéficiaire. Le montant de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) est calculé à partir de votre salaire journalier de référence (SJR). Ce salaire de référence prend en compte tous vos salaires bruts perçus au cours des 12 derniers mois, primes comprises, mais hors indemnités liées à la rupture de votre contrat.

      En moyenne, précise l’Unédic, l’allocation nette correspond à 72 % de l’ancien salaire, sur la base d’un temps complet et le taux varie en fonction de l’ancien salaire : 79% pour un SMIC net et, par exemple, 64 % sur un salaire de 3 000 euros nets mensuels.

      Comment expliquer la statistique du ministère ?

      Un demandeur d’emploi sur cinq gagne t-il vraiment plus au chômage qu’en travaillant ? Prenons un exemple : entre la situation d’un chômeur qui aurait été salarié à mi-temps pendant douze mois et celle d’un chômeur salarié 15 jours par mois, tous les mois ( donc avec un contrat différent chaque mois), le ministère estime que le système actuel favorise le fractionnement des contrats.

      Car dans le premier cas, celui du salarié à mi-temps, on applique un coefficient de temps partiel. Et pas dans l’autre. La salarié à temps partiel qui se retrouve sans emploi ne touchera que 740 euros par mois. Alors que le salarié qui cumule les contrats percevra 900 euros, plus que lorsqu’il travaillait.

      Mais ce qu’il ne faut pas oublier de préciser, c’est que le contrat de longue durée permet une indemnisation plus longue que les contrats courts. Dans notre exemple, le mi-temps sera indemnisé pendant douze mois, tandis que le salarié qui a cumulé les contrats courts pendant 12 mois ne sera indemnisé, lui, que pendant 6 mois. Son capital est grignoté plus vite parce qu’il a travaillé moins longtemps.

      Le gouvernement tient-il compte de cette donnée ? Inclut-il les chômeurs qui travaillent (la moitié des allocataires), et qui cumulent donc allocation et salaires ? L’Unédic a été bien en peine de trouver la moindre donnée qui confirme cette étonnante statistique.

  • Appel des gilets jaunes intermittent.e.s chômeur.euse.s précaires
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=9307

    Nous publions cet appel issu de l’assemblée générale du 4 février à la Bourse du travail de Paris. À chacun de le faire circuler, de le faire sien et d’y répondre.
    Depuis deux semaines déjà, rdv est donné le samedi matin au départ du cortège des #Gilets_jaunes de Montreuil. Il en sera de même ce samedi à 10h, soit à la Boissière, carrefour Aristide Briand / bd La Boissière, soit à Croix de chavaux, avant un départ commun vers Paris.

    Appel des gilets jaunes intermittent·e·s chômeur·euse·s précaires

    Nous sommes artistes, technicien·ne·s, personnels administratifs, nous travaillons dans les mondes du théâtre, du cinéma, de la musique, de la danse, du cirque, de l’audiovisuel, des arts de rue. Nous avons décidé de rejoindre le mouvement des gilets jaunes.

    Comme beaucoup d’autres personnes, nous sommes des travailleur·euse·s précaires qui vivons de contrats courts, nous dépendons de plusieurs employeur·euse·s, nous travaillons souvent les soirs et les week-ends, sans possibilité de nous projeter dans le temps. La discontinuité et l’instabilité font souvent partie de nos métiers. Ce que nous refusons, c’est la précarité organisée.
    À l’heure où l’intermittence de l’emploi est la réalité d’un nombre croissant de travailleur·euse·s, une indemnisation chômage inconditionnelle doit être mise en place.

    #chômeurs #intermittents #précaires #droit_sociaux #droit_au_chômage

  • « Les salariés à temps partiel ne tireront que peu, voire pas, d’avantage de la réforme de la prime d’activité », François Bourguignon, Paul Champsaur, ex-présidents du groupe d’experts sur le smic, et Gilbert Cette, le président actuel,
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/01/16/les-salaries-a-temps-partiel-ne-tireront-que-peu-voire-pas-d-avantage-de-la-

    Tribune. Le gouvernement a souhaité répondre à la demande de hausse du pouvoir d’achat exprimée ces dernières semaines par le mouvement des « gilets jaunes » en préférant la défiscalisation des heures supplémentaires et le relèvement de la #prime_d’activité à une hausse du smic.

    Le groupe d’experts sur le smic a souligné à plusieurs reprises que le salaire minimum n’était pas, en effet, un instrument efficace pour soutenir le pouvoir d’achat des personnes à bas revenus salariaux.
    D’une part, ses effets sur l’emploi risquent d’être contre-productifs.
    D’autre part, c’est un instrument mal ciblé pour lutter contre la pauvreté des travailleurs et, a fortiori, des personnes sans emploi. Une rémunération au smic ou à un taux proche ne signifie pas nécessairement que la famille concernée soit au-dessous du seuil de pauvreté. Il n’est pas rare en effet qu’un autre membre bénéficie d’un revenu supérieur, qui permet à la famille de dépasser ce seuil.

    Par ailleurs, divers transferts sociaux (prime d’activité, aides au logement, certaines aides locales) sont sous conditions de ressources ou diminuent avec la hausse du revenu d’activité : les effets d’une hausse du smic sur le revenu des ménages éligibles à ces transferts sont donc considérablement réduits.
    Ainsi, les simulations publiées dans les rapports du groupe d’experts ont montré qu’une hausse de 1 % du smic augmentait le revenu disponible moyen des 30 % des ménages les moins aisés de moins de 0,15 %, tandis qu’une hausse de la prime d’activité conduisant au même revenu agrégé de l’ensemble des ménages l’augmentait d’environ 0,4 %, la différence reposant essentiellement sur un meilleur ciblage de la prime d’activité vers le bas de la distribution.

    Bonus variable
    En revanche, ces mesures négligent les personnes et familles dont les revenus d’activité viennent d’un emploi salarié à #temps_partiel, souvent contraint, qui, par définition, ne font pas d’heures supplémentaires et qui sont peu, voire pas concernées par le relèvement de la prime d’activité.
    En effet, le relèvement annoncé de la prime d’activité, pour parvenir à une hausse de 100 euros du pouvoir d’achat au niveau du smic (une fois prise en compte la hausse réglementaire du smic au 1er janvier), ne concerne que la partie « bonification » de cette prime. Car la prime d’activité est constituée de deux parties distinctes.

    D’une part un montant forfaitaire : le montant de base est égal au RSA socle, soit 550 euros par mois pour un célibataire et plus selon la composition familiale, mais il est diminué de 38 % des revenus d’activité du ménage. Il s’amenuise donc au fur et à mesure de la hausse de ces revenus, jusqu’à disparaître lorsque le revenu atteint, pour une personne seule à temps plein, 1,2 smic.
    D’autre part, la prime d’activité comprend un bonus mensuel variable, destiné à inciter les salariés à travailler à plein-temps. Dans le barème de 2018, il est en effet versé à partir de 0,5 smic, atteint un maximum de 70 euros à 0,8 smic, puis diminue progressivement à partir de 1,2 smic pour disparaître à 1,3 smic.
    La nouvelle bonification est toujours nulle au-dessous de 0,5 smic, mais elle augmente fortement à partir de 0,8 smic. Le bonus atteint 90 euros au niveau du smic, puis reste constant avant de s’annuler progressivement entre 1,3 et 1,5 smic – il est encore de 45 euros à 1,4 smic. Les autres paramètres de calcul de la prime d’activité restent inchangés.

    Temps partiel contraint
    En conséquence, la hausse de pouvoir d’achat sera nulle pour les personnes qui ne travaillent qu’à mi-temps ou moins, et minime juste au-dessus. Les salariés à temps partiel réduit ne tireront donc que peu, voire pas, d’avantage de la réforme de la prime d’activité. Or, cette population est loin d’être négligeable : la proportion de l’emploi salarié travaillant à mi-temps ou moins pour qui la réforme n’apportera rien est de 11 % pour les femmes et de 4 % pour les hommes. Rappelons en outre que près de 45 % du temps partiel est contraint, et que ce chiffre est beaucoup plus élevé dans certains métiers – les caissières de supermarché par exemple.

    Il aurait été possible de jouer sur les autres paramètres de la prime d’activité pour atteindre l’objectif d’une hausse du pouvoir d’achat de 100 euros au niveau du smic, tout en améliorant celui des travailleurs à temps partiel. On aurait pu aussi simplifier l’ensemble du dispositif de la prime d’activité, dont la complexité et l’opacité contribuent sans doute à un taux encore élevé – environ 30 % – de non-recours.
    Souhaitons que ces limitations de la prime d’activité et plus généralement la complexité du système redistributif français figurent en bonne place parmi les questions à aborder dans le grand débat qui s’engage. Souhaitons aussi que, dans ce grand débat, ne soit pas oublié le fait que la France est l’un des rares pays développés à souffrir encore de chômage massif et que la priorité y reste la création d’emplois, la baisse du #chômage et celle de la #précarité.

    • Une lecture de la revalorisation du « bonus individuel » de la prime d’activité proposée par Ankhôlie @reventoline sur l’oiseau bleu
      https://twitter.com/reventoline/status/1090073920852684800

      C’est aujourd’hui que les bénéficiaires à temps partiel de la prime d’activité découvrent avec amertume - surtout ceux entre 0,5 et 0,6 smic - le montant pathétique de leur "gain"... bien loin des 90€ réservés à celles et ceux gagnant au moins 1203,60€ soit 1 smic net (ou +).

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      @loic_jeune En réponse à @le_pape_alain @stephaneeti @MalikAcher_RTFr : Et pourquoi j’ai 2,40€ de prime d’activité en plus maintenant ? C’est vrai, avec 695€ net de salaire je fais partie des privilégiés
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      Oui c’est normal (enfin façon de parler, c’est injuste mais normal en regard du mode de calcul :) La "hausse" de la prime passant par la revalorisation du #bonus_individuel qui en est une composante, et celui-ci croissant proportionnellement aux revenus plus on se rapproche du niveau de revenu plancher = 591,77€ ou le bonus=0, plus le gain est faible et inversement plus on va vers 1 #smic net, plus le Graal des 90 euros est proche. A 615 euros de revenus, le gain est de moins d’un euro. ?

      Je dois retourner travailler là mais fav si tu veux que je te prédise ce soir la hausse pour chaque tranche de revenu entre 0,5 et 1 smic. Je suis un simulateur de gain vivant :) (et je te révèle mon secret aussi :)

      Le montant du gain pour les temps partiel, donc. Eh bien c’est assez simple, la "hausse de prime" se résumant en fait comme je vous le disais à un gain de bonus individuel, le gain est égal à la différence entre le montant (variable en fonction des revenus) du nouveau bonus « augmenté » de 2019 et celui de l’ancien bonus en 2018 (pour une personne hein, s’il s’agit d’un couple les montants s’additionnent, le bonus étant individuel, et le gain peut aller jusqu’à 180 euros par foyer).

      180 euros si les deux gagnent au moins un smic et jusqu’à 2,4 smic pour un couple avec 2 enfants. A côté de ça le gain d’une mère isolée à mi-temps payée au smic est de : nada.

      J’avais fait un thread expliquant la raison pr laquelle AUCUN temps partiel ne toucherait la hausse de 90€ : à cause du choix du Gouvernement de passer par une revalorisation du montant max. de la bonification individuelle et d’élever le niveau de revenu à partir duquel on l’atteint de 0,8 smic à 1 smic dc (ce qui permet à la fois de réduire la hausse entre 0,5 et 0,8 smic et d’exclure au passage les tps partiels entre 0,8 et 1 smic du gain maximal qu’ils atteignaient en 2018 et dc de limiter les frais, mon 1er tir était le bon)

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      https://twitter.com/reventoline/status/1083840877527748608

      Je viens de comparer les décrets du Gouvernement sur la revalorisation de 20 euros de la prime d’activité en octobre (Décret n° 2018-836 du 3 octobre 2018) et celui de la revalorisation exceptionnelle de 90 euros pour le 1er février (Décret n° 2018-1197 du 21 décembre 2018)...

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      Ça a pu paraître technique à certains mais au-delà du fait que tout (s’)est (et était) vérifié, les choix techniques c’est politique vous savez :)

      Mais qu’est-ce au juste que cette "bonification individuelle" ? (Petite présentation avant l’estimation des gains :) Créée au départ avec un objectif unique d’incitation à l’emploi, mais fonctionnant davantage jusqu’à présent comme compensation de la décrue de la prime d’activité avec les revenus (le bonus individuel commence et croît en effet au moment où la prime décroît), la bonification est établie individuellement pour chaque travailleur(se) membre du foyer en fonction de ses revenus professionnels (plus ils sont hauts, plus elle est élevée) et est calculée selon des règles énoncées à l’article D. 843-2 du code de la sécurité sociale, modifié par le décret n°2018-1197 du 21 décembre 2018 dit de « revalorisation exceptionnelle de la prime d’activité » (en fait du bonus individuel) https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=E5DDAD269F25C078B37CFA0E4FD390A0.tpl

      Depuis le Décret du 21 décembre (prise d’effet en janvier 2019), le montant maximal de la bonification s’élève donc à 29,101 % du montant forfaitaire applicable à un foyer composé d’une seule personne (contre 12,782% du montant de ce forfait de base auparavant), soit à désormais 160,49€ contre 70,49€ avant la réforme, ce qui correspond bien une hausse de 90 euros… mais du montant maximal du bonus par rapport à 2018 et non du montant forfaitaire de la prime, montant maximum que seules les personnes d’un niveau de rémunération désormais égal ou supérieur à un smic (au lieu de 0,8 smic avant la réforme) peuvent percevoir, les autres percevant un bonus proportionnel à leur revenu dans le rapport de ce nouveau montant maximum : leur bonus augmente donc aussi p/r à celui de 2018, mais pas de 90 euros.

      Composante du calcul de la prime (rappel de sa formule de calcul : montant forfaitaire éventuellement majoré selon la composition du foyer + 61% des revenus pro + BONUS INDIVIDUEL – total des ressources du foyer dont revenus pro), cette bonification modulable est donc octroyée à chaque membre du foyer bénéficiaire dont les revenus professionnels sont supérieurs à 59 fois le smic horaire soit 591,77€ (et donc nulle pour les niveaux de revenu inférieurs ou égaux à ce seuil), et croît à partir de ce seuil de façon proportionnelle avec les revenus jusqu’à un certain plafond (désormais élevé au niveau d’un smic, donc) où elle atteint alors son maximum sans plus augmenter pr les revenus situés au-dessus.
      Comme son nom l’indique, la bonification individuelle majore la prime à titre INDIVIDUEL et non pas familial comme c’est le cas du montant forfaitaire (majoré de son côté en fonction de la composition du foyer), et la part des foyers comportant au moins une personne éligible à une bonification individuelle est de 87,4% selon la Cnaf.

      La bonification concerne donc 2,4 millions de foyers sur les 2,8 millions actuellement bénéficiaires de la prime d’activité, et dc au minimum 2,4 millions de personnes sur les 2,66 millions d’adultes au total responsables du dossier (sans compter les conjoints éligibles au bonus) à quoi il faut ajouter 100% des 1,2 millions des nouveaux foyers éligibles à la prime d’activité (chiffres du Gouvernement), puisque précisément (c’est le but) ils entrent ds le dispositif grâce à leur bonification maximale dont l’augmentation les rend mécaniquement éligibles.

      Ce qui nous fait 2,4 + 1,2 = 3,6 millions de foyers au total comportant AU MOINS une personne percevant un bonus individuel, dont 1/3 dc de foyers du haut ++ du panier, privilégiés par le Gouvernement ds l’arbitrage entre incitation et soutien aux plus modestes des "bonifiés".

      C’est - je le répète - un choix politique très clair du côté du renforcement du versant incitatif de la prime et un "soutien" (quasi symbolique pr certains) du pouvoir d’achat des classes moyennes au lieu des petits temps partiels au smic, considérés sûrement comme déjà bien assez aidés par la prime (dégressive avec les revenus, contrairement au bonus individuel), et pourtant de l’avis de certains rapports qui mettent en garde contre le risque de délaisser la lutte contre la pauvreté pas assez redistributive relativement au RSA activité qu’elle remplace.

      L’idée, c’est de calmer les classes moyennes qui n’ont pas droit aux aides sociales et se considèrent lésées par rapport aux plus pauvres alors qu’elles bossent (bien plus) dur. Bien au delà des stricts smicards, on privilégie ceux qui ont le moins besoin et exclut ceux qui ont le plus besoin de la revalorisation de la prestation et à qui elle aurait été vraiment salutaire, dans un but d’incitation au travail et dans le cas des couples, à la « biactivité ». C’était d’ailleurs dans le programme En Marche, si on s’en souvient : « Nous augmenterons encore plus le pouvoir d’achat de tous ceux qui travaillent davantage » par une « revalorisation des dispositifs d’incitation au travail tels que la prime d’activité ».

      Bon, les chiffres (j’ai creusé le sujet et vous ai même concocté des graphiques et tableaux, s’il vous plaît :). La bonification individuelle étant une fonction croissante sur l’intervalle de 591,77 à 1203,60 euros nets avec un bonus augmentant proportionnellement aux revenus de 0 à désormais 160,49 euros (nouveau montant maximum du bonus), le gain de toutes celles et ceux en-dessous de 591,77 euros est donc de 0 (on ne le répètera jamais assez, y’a pas je ne m’y fais pas).

      En dessous ou au niveau de 591,77 euros donc (c’est le seuil) : pas de bonification.
      Pour 602 euros net de revenus soit 0,5 smic en 2019, c’est moins d’1 euro de « gain ». Si vous êtes à 0,6 smic (720 euros environ), comptez la miette de 8 à 9 euros de hausse de bonus.

      A 0,7 smic (840€ net environ), vous devriez percevoir autour de 17 euros, et 26 euros si vous êtes à 0,8 smic. Pour celles et ceux qui gagnent dans les 1080 euros nets (0,9 smic), la miette tombée de la Macron-croquette de 90€ devrait être un peu plus grosse : autour de 58€.

      Et à partir de 1203,60 euros de revenus (très précisément, oui, car c’est le niveau de revenu où est attribué le bonus maximum fixé par décret) et jusqu’aux anciens plafonds (au-delà, c’est plus compliqué), le gain est maximal, soit de 90 euros,
      Cela pour une personne.

    • La prime d’activité va être versée à plus d’un million de nouveaux bénéficiaires
      https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/prime-dactivite-plus-dun-million-de-nouveaux-beneficiaires_3219119.html

      Les conditions d’accès à la prime d’activité ont été élargies en décembre pour répondre à la colère de « gilets jaunes ».

      La prime d’activité a vu son montant augmenté et ses conditions de ressources élargies pour bénéficier jusqu’à 5 millions d’allocataires.
      La prime d’activité, dont les conditions d’accès ont été élargies pour répondre à la colère des « gilets jaunes », est versée à 1,1 million d’allocataires supplémentaires par rapport à l’an dernier, a indiqué mardi 5 mars le gouvernement. "C’est un succès remarquable. On se rapproche de la barre des 5 millions de bénéficiaires" , a indiqué Christelle Dubos, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Santé.

      Le montant de la prime d’activité, allouée aux salariés autour du smic, a aussi été augmenté au 1er janvier de 90 euros maximum – avec effet réel sur le versement du 5 février. Pour une personne célibataire sans enfant rémunérée au smic (1 204 euros), la prime d’activité s’élève maintenant à 241 euros par mois.

      Les oppositions nous accusent de ne distribuer que des miettes. Mais 241 euros [soit 90 euros de plus qu’avant], pour un smicard, ce ne sont pas des miettes, c’est un joli coup de pouce. Christelle Dubos à l’AFP

      Avec cette prime bonifiée, le gouvernement entend honorer la promesse d’Emmanuel Macron d’augmenter de 100 euros les personnes ayant des revenus au niveau du smic.

      Des bénéficiaires qui ne demandaient pas la prime

      Les allocataires déjà enregistrés dans les fichiers des caisses d’allocations familiales ont bénéficié automatiquement de cette hausse. Sur les 1,1 million de nouveaux inscrits dans le dispositif, quelque 55% étaient des ménages qui remplissaient déjà les conditions pour en bénéficier l’an dernier – avant l’élargissement des critères – mais qui ne la demandaient pas , a précisé la secrétaire d’Etat. La ministre des Solidarités Agnès Buzyn et sa secrétaire d’Etat se sont félicitées dans un communiqué « que les Français se soient largement saisis » de cette prestation.

      On se souviendra que sous Jospin en 1998, la création d’un « fonds d’urgence sociale » en réponse aux mobilisations de chômeurs et précaires avait fait apparaître 30% de #demandeurs_de_revenu totalement inconnus de l’ensemble des services sociaux.

    • Quand a été créée la « prime pour l’emploi », ancêtre de la « prime d’activité » ? J’avais souvenir que c’était une réponse à la « prime de Noël » des chômeurs marseillais en 97-98...

    • La prime pour l’emploi a été crée en 2001 sous ce même Jospin qui disait « préférer une société de travail à l’assistance » (à rebours de la tradition révolutionnaire, cf. les traces laissées dans l’actuel préambule de la Constitution française ou l’assistance est une dette sacrée de la société vis-à-vis de ses membres).
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Prime_pour_l%27emploi
      C’était effectivement après que un peu partout des chômeurs s’essaient à vider en fin d’année des reliquats de caisse Assedic en fin d’année (prime de fin d’année ou prime de Noël, selon les obédience), et après la mobilisation massive qui avait eu pour point de départ la suppression du « fonds social des assedic ».
      Théoriquement elle s’appuie sur un principe avec lequel on en a pas finit (cf. RSA, PA) la Less eligibility , voir
      Less eligibility et activation
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=3738

      Le less eligibility (L.E.) est la logique qui régule l’attractivité de l’assistance par rapport au travail. Cette logique s’exprime sous forme d’un principe qui peut s’écrire ainsi : « que l’homme secouru par la nation, et qui est à sa charge, doit cependant se trouver dans une situation moins bonne que s’il n’avoit pas besoin de secours, et qu’il put exister par ses propres ressources (…) le besoin qui naît du manque de travail dans un homme qui n’en a pas cherché, dans celui qui n’a pas pensé à s’en procurer, pénible sans doute pour un cœur humain et compatissant, est, dans un Etat où il y a une grande masse de travail en activité, une punition utile et d’un exemple salutaire. ». Ce principe d’action répond au risque d’une trop grande attractivité de l’assistance par rapport au travail.

      #assitance #less_eligibility #travail #travaillisme (au sens actuel...) #activation_des_dépenses_passives

    • Donc, le post fb de la cip-idf n’était pas complètement délirant (je l’ai retrouvé)

      Cip- Idf
      10 décembre 2018 ·

      Rectifier les « fake news » présidentielles : il n’y aura pas d’augmentation du SMIC, il y aura accélération sur l’augmentation de la prime d’activité qui était déjà prévue ("Contacté par franceinfo, l’Elysée a confirmé que ces 100 euros d’augmentation comprenaient les hausses déjà prévues de la prime d’activité : 30 euros en avril 2019, 20 euros en octobre 2020 et 20 euros en octobre 2021.")
      La prime d’activité est financée non par les patrons, mais par l’impôt (donc, par les contribuables eux-mêmes), elle est sous condition de ressources (avec un conjoint au salaire correct, vous n’y avez pas droit - si, jeune, vous dépendez des impôts de vos parents, vous n’y avez pas droit), il faut la demander (tous les 3 mois à la CAF : 30% des gens qui y auraient droit ne la demandent pas), les étrangers doivent prouver 5 ans de résidence pour y accéder, et bien sûr elle n’est pas comptabilisée ni pour la retraite ni pour l’assurance chômage. Le bonus qu’elle constitue est ciblé sur le temps plein : le bonus individuel est nul à 0,5 smic, progressif entre 0,5 et 1 smic puis fortement régressif entre 1 et 1,2 smic. En l’état un.e salarié.e à mi-temps au Smic n’y gagnera rien...

      La « prime d’activité » est l’héritière de la « prime pour l’emploi », réponse au mouvement de chômeurs de la fin des années 90, qui exigeait la revalorisation des minima sociaux. Son principe est de diviser pour mieux régner et de monter les pauvres les uns contre les autres : petit bonus pour les pauvres « méritants » (qui acceptent n’importe quel boulot sous-payé, pourvu qu’ils travaillent) pour faire honte aux « mauvais » pauvres (les chômeurs qui réclament de quoi vivre dignement). Le but de la manœuvre est de créer une part la plus importante possible de « travailleurs pauvres », pour faire baisser les salaires de toutes et tous.

      L’autre aspect de l’allocution présidentielle était de dresser les pauvres français contre les pauvres immigrés en réouvrant le débat sur « l’identité nationale » - faire monter l’extrême-droite et diviser les pauvres entre eux est la meilleure chance de survie pour un président des riches. Quand le pays entier débat des questions sociales, rien de tel que de relancer la rengaine sarkozyste de « l’identité nationale » pour détourner le regard de la suppression de l’ISF, du CICE, de la casse des services publics, etc.

      Bref, une parfaite cohérence et une belle continuité.

      #BLOCAGESPARTOUT

  • Communiqué Sud Emploi :
    Chasser et sanctionner les chômeurs : nouveau sport olympique à Pôle Emploi ?

    /.../ C’est du lourd, avec une intensification inégalée des mesures de sanctions à l’égard des seuls chômeurs dans un objectif clair de répression sans aucune humanité et possibilité de modulation.
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=9260

    Ce qu’il faut retenir de tout ça

    ➢ La sanction et sa progressivité deviennent automatiques.

    Les « manquements » dits répétés doivent appartenir au même groupe et sont considérés sur une période de 24 mois, dont le point de départ est le 1er manquement sanctionné. Autrement dit, aucune modulation, en fonction des critères d’appréciation au cas par cas (sur la durée de la sanction par exemple), ne pourra s’opérer.

    C’est la « machine » qui décide sans possibilité d’intervention humaine.

    Cela n’est pas sans nous faire penser au barème des indemnisations prudhommales issu des ordonnances Travail. Barème remis en cause ces dernières semaines par 3 juridictions (Troyes, Amiens et Lyon).

    #societe_de_controle

  • Les intermittents et précaires n’appellent pas au calme - CIP-IDF
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=9038

    Communiqué de l’A.G. de la Colline du 10 décembre 2018

    À l’unanimité l’Assemblée Générale des intermittent.e.s, intérimaires, chômeur.se.s, précaires, professionnel.le.s du spectacle et de l’audiovisuel permanents ou non, réunie le lundi 10 décembre 2018 au Théâtre de La Colline à Paris, se réjouit du mouvement des Gilets Jaunes de son ampleur et de sa détermination.

  • Pôle emploi organise des #recrutements inspirés de The Voice : un dispositif « humiliant » pour les chômeurs | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1539770984-pole-emploi-the-voice-humiliant

    Selon nos informations, plusieurs fonctionnaires se sont émus de ce nouveau mode de recrutement et le sujet serait remonté en haut-lieu. Réponse de Paris : il ne faut plus reprendre les codes graphiques de The Voice, afin d’éviter un recours juridique du producteur du télé-crochet. Mais rien à dire sur le principe en lui-même. Pierre-Edouard Magnan compte également interpeller le Directeur général de Pôle emploi, à l’occasion d’un comité national de liaison qui doit se tenir le 25 octobre prochain.

    Du côté de Pôle emploi, on explique à StreetPress que l’objectif est de permettre aux recruteurs de « se concentrer sur les compétences et le savoir être ». Les participants sont « tous volontaires et bénéficient d’un accompagnement préparatoire ». Quand on évoque la mise en scène et l’usage de buzzers, ça semble coincer un peu plus : « Je n’ai pas connaissance de ça », reconnait notre interlocuteur. Il n’est toutefois pas question de remettre en cause le dispositif :

    « Les retours que nous avons sont plutôt positifs. »

    #gorafi_encore_plagié

  • A propos de la grève à la Commune - CDN d’Aubervilliers, CIP-IDF http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=9037

    Un conflit entre l’équipe de la Commune d’Aubervilliers et sa direction a donné l’occasion de diverses prises de positions publiques que nous publions ci-dessous.

    Deux de ces tribunes soutiennent la direction : celle de M. Badiou et celle de M. Tackels. Une soutient les gréviste, elle est signée par M. Neveux.

    Une manifestation de soutien aux grévistes aura lieu ce mercredi 3 octobre entre 18h et 20h30 devant le bâtiment du théâtre. [1]

    Le contenu des tribunes de M. Tackels et de M. Badiou est suffisemment préoccupant pour nous inciter à rappeler certains points qui ne sont pas des détails.

    Le droit de grève est indiscutable, et sa remise en cause est inadmissible. Quelles que soient leurs raisons pour le faire, les salariés d’un Centre Dramatique National jouissent de ce droit à l’instar de n’importe quel salarié. Contrairement à ce qu’écrit M. Tackels, les grèves de 2003 ne furent pas une répétition de l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie. Elles furent un événement décisif qui permit d’établir un rapport de force dont jouissent tous les intermittents depuis lors.

    Nous sommes fiers de nous être mis en grève en 2003, de l’avoir refait en 2014. Et nous sommes prêts à le refaire en 2018 et 2019 et après, si les droits des chômeurs, précaires, intermittents et permanents devaient être à nouveau mis en cause.

    L’actuelle directrice de La Commune, Marie-Josée Malis, doit le savoir, puisqu’elle était gréviste en 2014 au festival d’Avignon. Ni sa nomination à la direction d’un CDN, ni son élection à la présidence du Syndéac (Syndicats des directeurs de théâtres publics) n’ont pu nettoyer sa mémoire de combien la grève est difficile à décider, mais vitale à organiser et à tenir.

    Dans une autre tribune, M. Badiou, dénonçant le travail de sape d’une partie de l’équipe du théâtre opposée à la direction, appelle à ce que le CDN d’Aubervilliers devienne « plus homogène encore à son goût du travail, de l’art théâtral et de l’amitié politique. ». Nous n’avons pas la même conception ni du travail, ni de la démocratie, ni du théâtre : si un directeur de théâtre est encarté dans quelque parti, tous les artistes, techniciens, personnels administratifs doivent-ils lui emboîter le pas dans ses convictions ?

    Le dialogue ne se fait pas qu’entre amis, heureusement, le travail non plus, c’est une évidence. Nier cette vérité, c’est penser qu’on est libre de licencier, ou d’obliger autrui à se taire ou se démettre.

    Le droit de grève, le droit du travail, les droits syndicaux, c’est - entre autres choses - ce que nous sommes nombreux à défendre et à avoir défendu dans des collectifs ou dans les têtes de cortèges contre la loi Travail et son monde.

    #théâtre #entreprise #grève

  • http://www.jeudepaume.org/?page=article&idArt=3001

    Je ne saurais trop recommander l’exposition de Bouchra Khalili que j’ai découverte ce dimanche au Jeu de Paume à Paris, en allant voir l’exposition de Gordon Matta-Clark, par ailleurs somptueuse, mais c’est une autre histoire. Il y a notamment ces vidéos remarquables où l’on voit la main d’une personne réfugiée dessiner sur une carte le parcours souvent remarquable de complexité et de longueur (il peut falloir cinq ans pour aller du Bangladesh à Rome, surtout en passant par le Mali) et les récits des personnes qui commentent leur propre odyssée sont d’une incroyable puissance (surtout dans un Italien parfait quand on est né à Dhaka).

    Quant au film Twenty-Two Hours c’est peu dire qu’il est à la fois émouvant et édifiant.

    cc @cdb_77

    Naturellement l’exposition de Gordon Matta-Clark, elle vaut aussi largement la peine d’être vue

    Incidemment, quand on voit les images pour le moins fragiles et pas toutes faciles à regarder tellement elles sont médiocres des performances de Gordon Matta-Clark, on peut se poser la question aujourd’hui du rapport entre le nombre et la fréquence des captations versus la qualité des interventions, il doit être l’exact inverse que pour Matta-Clark. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

  • Depuis la Bourse du travail occupée
    http://www.zite.fr/bourse-occupee

    Le 30 janvier 2018, des exilé.es et leurs soutiens ont réquisitionné un bâtiment de l’université Paris 8 à Saint Denis. Cet hiver, des salles universitaires avaient déjà été occupées à Lyon ou à Grenoble. Une manière de faire tenir ensemble le besoin concret de réquisition des lieux pour ne plus dormir à la rue et la nécessité de s’organiser politiquement pour défendre la liberté de circulation. Ces occupations font écho à celle de la Bourse du travail, menée dix ans plus tôt par d’autres, qui avaient décidé de se faire appeler « sans-papiers ». L’occasion d’écouter Maïmouna, l’une des actrices de l’époque, qui raconte au collectif Précipité le quotidien de l’auto-organisation, entre cuisine collective et galères de chauffage. Source : Revue (...)

  • Le projet Macron pour l’enseignement supérieur : une offensive sur le terrain de la valeur des études

    par Aurélien Casta

    https://www.questionsdeclasses.org/?Le-projet-Macron-pour-l-enseignement-superieur-une-offensive-su

    Deux positions coexistent ainsi encore aujourd’hui. Elles opposent des partisans du droit d’accès des bacheliers à l’enseignement supérieur et leurs opposants qui soutiennent la loi Vidal. Le conflit porte fondamentalement sur la valeur des études et sur le statut économique de l’étudiant. La valeur économique des études et de la formation est-elle, comme le pensent les initiateurs de la loi Vidal, la valeur capitaliste qu’elles produisent, directement dans les écoles supérieures payantes ou après les études une fois que les étudiants sont diplômés, occupent un emploi mieux rémunéré et remboursent le prêt qu’ils ont contracté (ici les étudiants sont des consommateurs et des personnes qui ne produisent de la valeur qu’une fois leurs études finies) ? Ou est-ce que, comme ont commencé à l’affirmer dans l’esprit du Plan Langevin-Wallon les syndicats étudiants et une partie des organisations universitaires, une valeur économique non capitaliste est produite au cours des études gratuites par les personnels et par les étudiants (ici, les étudiants sont des travailleurs à qui il s’agit de donner un salaire) ? Pour trois raisons, on peut voir dans la loi Vidal une nouvelle attaque destinée à contrer les projets issus de l’après-guerre et à renforcer les pratiques et croyances fondatrices de la valeur capitaliste.

    https://www.questionsdeclasses.org/local/cache-vignettes/L200xH111/telechargement_1_-ce2e1.jpg?1516702552

  • Mais ils sont où, les fainéants ? | Jean-Baptiste Bernard
    http://cqfd-journal.org/Mais-ils-sont-ou-les-faineants

    Ils animent un lieu collectif. Font vivre des médias libres. Mettent la main à la pâte militante. Et vivent, ou survivent, grâce aux minima sociaux ou aux Assedics. Proches de CQFD ou participant au journal, ils appartiennent de fait à cette frange contestataire à laquelle pensait Macron en fustigeant les « fainéants et extrêmes ». Des fainéants, eux ? Tout le contraire, bordel. Source : CQFD

    • « Je vais juste recharger mes droits au chômage, puis je partirai. Et je m’investirai à nouveau dans un projet sans argent mais qui me botte. » À qui tenterait de lui faire la morale, voire de le traiter de fainéant, Momo a une réponse tout prête. Il hausse les épaules : « Je ne me sens pas concerné. Cette insulte déplace le curseur sur la question de la production économique : qui ne travaille pas au sens classique du terme n’existe pas. En ce qui me concerne, je constate que le chômage n’est plus l’envers de l’emploi. Au contraire, il fait partie intégrante du système de travail. » Sans doute plus pour longtemps, tant l’air du temps est à la chasse aux supposés profiteurs.

      Un papier opportun, merci @cqfd !
      C’est heureux de dire cela y compris pour défaire les discours apologétiques de la contestation sur elle même : la désertion, le soit disant hors salariat dont se targuent des « radicaux » qui n’admettent pas à que les insultes poujadistes qui leur sont opposés ("les « Zadistes » sont des parasites qui profitent du RSA", par exemple) sont aussi fondées en fait qu’inacceptables politiquement. Il y aurait toute une enquête à faire sur ce que permettent déjà les formes de revenu existantes (en plus de jouer ou pas à la tombola du revenu minimum avec MonRevenuDeBase...).
      Le phénomène va bien au delà des « contestataires » ou des « milieux de l’édition » évoqués par l’article. C’est sans doute la nécessité d’aller vite, de faire court (journalisme oblige) qui justifie la dernière phrase citée ici et son « Sans doute plus pour longtemps »...
      Constater que « le chômage n’est pas l’envers du travail mais l’un de ses moments »
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5990
      cela revient à admettre que la valorisation capitaliste comme le contrôle social par le travail ont plutôt l’allure d’un continuum différencié, dans et hors emploi. Tout comme la chômeuse est à la fois dans et hors l’emploi (cf #chômage_en_activité_à_temps_réduit) Le renforcement du contrôle des chômeurs, comme la raréfaction des ressources qui leurs sont concédées, loin de marquer la fin de l’inclusion du chômage « dans le système de travail » en signerait plutôt l’approfondissement, aux conditions politiques du capital. La restructuration permanente de l’articulation chômage/emploi/salaire/contrôle est un enjeu politique central... et celui-ci semble actuellement insaisissable parmi ceux mêmes qui par millions en font l’expérience directe.

      #travail #chômage #revenu #RSA #allocation #habiter_le_monde