@klaus je reviens sur cette partie de ce que tu as dit et sur laquelle je t’ai pas vraiment répondu clairement parceque je n’ai pas été assez attentive.
@mad_meg Je sais, mais justement, il est absurde de vouloir interdire le viol dans le cadre d’une institution qui représente l’essence de tout ce qui s’oppose à la liberté sexuelle . La « modernisation » du mariage est un contre-sens : Si on interdit le viol dans le mariage, pourquoi on n’interdit pas simplement le mariage.
En fait il n’est absurde d’interdire le viol dans aucun cadre. Je pense que le mariage n’est pas vraiment le problème ici et qu’interdire le mariage n’aurais aucune incidence sur le nombre de viols - ou très peu. Il faudrait peut être interdire aussi le couple, l’hétérosexualité, la famille, vu que les viols c’est d’abord les hommes et les garçons de famille qui les infligent aux filles et aux garçons avant leurs 15 ans si on regarde les statistiques.
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Le problème c’est le patriarcat, pas le mariage. Le mariage c’est le tout petit bout du problème.
Le problème c’est la sexualité vu par le patriarcat qui est au seul service des hommes hétéros. La vision de la sexualité par les grecs et compagnie.
– le pénétrant actif, masculin et positif
– la pénétrée passive, féminine et négative.
C’est la base de toute la culture occidentale et le mariage n’en est qu’une des nombreuses manifestations. Cette idée que se faire baiser est synonyme se faire arnaquer . Cette idée que le sexe c’est un avilissement pour la (ou le) pénétrée, une domination en soi et qu’il est interdit de questionner cette donnée sans se faire méchamment rabroué à base de « mal baisé ». C’est quant même étrange d’avoir envie de se faire arnaquer quant on y pense. Qui voudrait se faire arnaquer de son plein grès en pleine conscience ? Quant on pratique ce genre d’association sexe-avilissement dans ce monde ou « salope » n’est pas un compliment, il y a une certaine logique à pensé qu’aucune femme saine d’esprit serait partant pour se faire arnaquer-mettre-entuber-passer à la casserole-pilonner et autre merveilles de la langue française. Si le sexe en soi c’est dégradant, faut forcé un peu celles qui vont être salie. C’est une logique qui se défend.
Je pense que l’un des textes indiqué par @sandburg est très éclairant. Je vais le copié ici.
Le rapport Hite
Après une première enquête qui a duré 4 ans durant lesquels Shere Hite a interrogé 3000 femmes de 14 à 78 ans (The Hite Report on Female Sexuality, 1976, traduction en français 1977), l’auteure propose une autre enquête auprès des hommes publiée en 1981 (The Hite Report on Men and Male Sexuality, 1981). Ce texte est la conclusion du chapitre « Viol, domination - soumission et pornographie ». Un Nouveau rapport Hite est paru en 2000, traduit apparemment en 2004 en français.
Pourquoi les hommes violent-ils les femmes ? Puisqu’un homme peut toujours atteindre l’orgasme par la masturbation, quelle est la signification du viol ? Comme nous l’avons vu dans cette section, la plupart des hommes ne violent pas par « désir sexuel » mais poussés par des sentiments tels que la colère, le manque de confiance en soi et le désir d’affirmer la virilité, la domination de l’homme, et « remettre une femme à sa place ». Etre viril équivaut donc pour certains hommes à dominer une femme. Dominer une femme peut être un moyen pour l’homme de se donner un sentiment de réussite qu’il n’éprouve peut-être pas dans d’autres domaines. Comme dit un homme : « En général j’ai des fantasmes de viol dans les moments où je me sens "largué" - violer quelqu’un serait une façon symbolique de me faire reconnaître par les autres. »
Le fantasme de viol typique exprimé par les hommes dans cette enquête est le suivant : « Dans mes fantasmes, il m’arrive de baiser (ou de déflorer) une femme qui au départ n’en a pas envie, se refuse ou a peur mais qui, au bout d’un moment, devient brûlante de passion et finit par avoir autant de plaisir que moi. » Beaucoup d’hommes estiment que les femmes n’ont pas le droit de les repousser. Les hommes passent pour être supérieurs aux femmes après tout ; et c’est la pire insulte imaginable que de se faire repousser par un inférieur. Ce sont les hommes qui sont censés faire le choix (« choisir une épouse », « prendre femme »).
De plus, la société enseigne aux hommes que les femmes devraient les aimer, et que c’est un de leurs principaux devoirs : les femmes qui « n’aiment » pas les hommes sont de « mauvaises » femmes. Et donc, si les femmes ne sont pas disposées à avoir un rapport sexuel, les hommes ont le droit de les y contraindre... En d’autres termes, un homme, dans notre société, c’est avant tout quelqu’un qui fait l’amour à une femme ; c’est pourquoi une femme qui « se refuse » à un homme « lui refuse son droit d’être un homme ». Elle n’a pas le « droit » de faire ça, et donc il a le « droit » de la prendre de force.
Définir la sexualité par le coït revient à définir la sexualité par le viol puisque traditionnellement l’épouse était obligée de faire l’amour à la demande de son mari et n’était pas autorisée à utiliser un moyen de contraception. Cela a effectivement privé la femme de tout pouvoir sur son propre corps. Cette situation existe encore aujourd’hui pour beaucoup de femmes, et l’idée que les hommes possèdent le corps des femmes et qu’ils y ont droit est encore très répandue parmi eux.
Mais le viol n’a pas toujours existé - parce que le coït n’a pas toujours été considéré comme un acte symbolique et signifiant. Le mythe de « l’homme des cavernes » qui ramène « sa femme par les cheveux » n’est rien d’autre qu’un mythe. Le viol n’est pas la satisfaction d’un besoin physique ; le viol est culturel. Si nous vivions dans une société où les hommes n’avaient pas le sentiment qu’ils doivent dominer les femmes et si le coït n’était pas le symbole culturel de première importance qu’il est devenu, les hommes considéreraient-ils comme signifiant l’acte de prendre une femme de force ? Qu’est-ce qui fait l’attrait émotionnel de l’acte ? C’est sa signification, le fait qu’il symbolise l’acceptation et le statut de l’homme, pour beaucoup d’entre eux.
Bien trop souvent, l’idéologie patriarcale de l’« homme » combinée à l’aliénation et à la solitude que cette pression peut parfois engendrer, et qui sont parfois suscitées par des sentiments de rejet ou d’échec (même légers, un accrochage au travail par exemple), font des hommes des prédateurs de femmes, des charognards de la tendresse, et les poussent à extorquer aux femmes le « oui » à leurs « besoins biologiques » (et donc « virils », « pas faibles »). En fait il y aurait matière dans cette enquête à émettre l’hypothèse qu’une grande partie de la vie sexuelle des hommes concerne cette demande d’amour, de tendresse et d’attention et de « soumission » de la femme plutôt qu’un désir « sexuel » ou qu’une vraie passion.
En bref, plus un homme manque de confiance en lui, plus il est possible qu’il essaie de faire de l’acte sexuel un substitut au contact émotionnel ; et plus un homme pense que c’est la seule façon pour lui d’avoir des contacts personnels, émotionnels avec les autres, plus il est susceptible de se plaindre de ne pas avoir assez de rapports sexuels.
Ces schémas mentaux peuvent en fin de compte amener certains hommes à penser qu’ils sont absolument dans leur droit en violant une femme. […]
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