Le requin et la taupe
Croquisgnolés par Lucien Suel
▻https://twitter.com/LucienSuel/status/1133259473664008192
Me rappelle l’aileron de @philippe_de_jonckheere
Le requin et la taupe
Croquisgnolés par Lucien Suel
▻https://twitter.com/LucienSuel/status/1133259473664008192
Me rappelle l’aileron de @philippe_de_jonckheere
J’ai mis un peu de temps à la retrouver, mais il y en a une plus complète :
#seenthis_bug ? L’écran vidéo dépasse sur le commentaire en-dessous.
►http://www.desordre.net/spectacles/apnees/w/index.htm
A la fois page de travail et de collecte du spectacles Apnées , avec @dominique Pifarély, violon et traitement numérique du son, Michele Rabbia, percussions et traitement numérique du son et votre serviteur aux images.
Je sais que je l’ai déjà dit ici ( ▻https://seenthis.net/messages/699666 ), mais si vous êtes dans la région d’Autun demain soir, Adrien Genoudet et moi-même, lisons L’Etreinte, texte d’Adrien Genoudet, qui est, à mon sens, l’une des très rares réponses littéraires intelligentes aux attentats du 13 novembre 2015 en Ile de France. On y projetera également cinq minutes de très belles images d’archives des boulevards à Paris en 1913 issues du fond Albert Kahn, le tout sur un solo de guitare électrique de votre serviteur (je vous raconte un peu la fin là, réalise-je !).
Et avant cela vous pourrez vous régaler puisque mon amie Isa Bordat fait un Mordre et Unir du feu de Dieu (et là je vous raconte un peu le début).
Vous ne pouvez pas rater cela.
(Exemple de ce qu’il advient, de temps en temps, sur seenthis. En réponse à un de mes billets #de_la_dyslexie_créative - Trump cherche à empêcher la compagne de l’auteur de l’attentat de Trèbes de témoigner contre lui. L’actrice porno Stormy Daniels était fichée S et suivie pour radicalisation - @bce_106_6, puisqu’il est question de Stormy Daniels, donne le lien d’une vidéo de Paul Jorion sur ce sujet. C’est le point de départ pour moi d’une remarque à propos des personnes qui se filment face caméra dans leur salon, ou dans leur garage, et s’adressant à la Terre entière - ce qu’ils et elles aimeraient croire sans doute en parlant à leur écran de contrôle. La discussion est lancée dans laquelle @arno évoque aussi les contours mortifères de ces vidéos.)
Je crois que je n’arriverais jamais à comprendre l’intérêt de ces vidéos de personnes, pourtant pas toutes idiotes - pas toutes en tout cas -, qui nous parlent depuis leur salon - ou depuis leur garage, j’ai plus de sympathie a priori pour celles et ceux qui parlent depuis leur garage, plutôt que depuis leur salon à la décoration bourgeoise très discutable - à propos d’un événement qu’elles ont relevé dans l’actualité, un livre qu’elles ont lu, d’un film qu’elles ont vu, que sais-je encore - et, donc, face caméra : bien au-delà de ce qu’elles disent, qui pourrait le plus souvent tenir en deux minutes et qui s’étend invariablement sur une bonne demi-heure, et qui serait assez sot, ou absent à soi-même, pour écouter de tels flux jusqu’à leur conclusion sans cesse retardée et généralement minuscule, en dépit de force annonces au début de telles vidéos - on y lit tellement le fantasme et l’envie d’être vu, écouté par des millions, des multitudes, et ce qu’ils ou elles disent, en étant nullement contredit ou renchéri, n’a, en fait, aucune portée, beaucoup moins que s’ils ou elles étaient filmées dans leur salon avec des connaissances avec lesquelles ils et elles échangeraient.
Paul Jorion peut dire, et même écrire, de temps en temps, des choses assez remar-quables, ce n’est pas @laurent2 qui me contredirait pour en avoir repris de larges extraits dans son excellent Journal de la crise, en revanche dans cette vidéo - et dans les quelques autres que je suis allé piocher et regarder rapidement -, quel néant ! et c’est impressionnant à quel point il s’écoute pisser sur les feuilles ! - faisant mine, par endroits, de ne pas connaître tel ou tel équivalent français à telle locution anglaise (non-disclosure agreement, en bon français, doit pouvoir se traduire par accord de non divulgation, quant à one night stand, passade ou coucherie d’un soir conviendra très bien, merci).
Et j’ai naturellement l’esprit très mal tourné - c’est de notoriété publique -, parce que chaque fois que je tombe sur de tels extraits vidéographiques, je ne peux m’empêcher de penser que les membres de leur famille doivent les entendre depuis la pièce d’à côté et se dire : « tiens, le vieux il est encore en train de radoter à sa webcam » avec une comparable suspicion que si le vieux était justement en train de se masturber devant tel ou tel film pornographique en diffusion continue. Et je n’ai aucune difficulté à me faire l’application d’un tel raisonnement, pas tant sur la masturbation vidéographique - pitié ! -, mais il doit bien arriver des moments pendant lesquels le cliquetis incessant de mes doigts sur le clavier de mon ordinateur doit porter sur les nerfs de mes enfants et il et elles doivent se demander ce que je branle. C’est peut-être vain et fat de ma part, mais je m’accroche à la croyance qu’écrire ce n’est quand même pas la même farine, la même limonade, le même branlage de dindon - j’imite très bien le cri du dindon, cela amusait beaucoup mes enfants quand ils étaient petits.
Bien que je ne me sois jamais servi d’une webcam et que je ne peux pas dire que je ne me sois vraiment filmé en train de dire quoi que ce soit, plutôt en train de me taire - voire de mourir -, je n’ignore pas que, quel que soit le dispositif pour se filmer, il y a un écran de contrôle et, que peut-il se passer, vraiment, dans la tête d’une personne qui se parle à elle-même, via un écran de contrôle, dont elle espère que ce petit miroir s’inverse pour atteindre des dizaines, des centaines, des milliers, non, des millions de personnes. Utile rappel, sauf cas inquiétants - mais justement je suis inquiet - : on est tout seul dans sa tête.
Si j’avais un peu de talent pour le montage vidéographique, et du temps pour cela, je crois que je téléchargerais tant et tant de ces extraits vidéo masturbatoires - je ne peux vraiment pas voir et appeler les choses autrement - et que je les monterais entre eux pour recréer, très artificiellement, les conditions du dialogue, de la conversation, de la convivialité. Et le désir que je pourrais avoir d’un tel projet, ce serait presque, en rétablissant les conditions d’une conversation, de ramener toutes ces personnes dans le giron de l’humanité qu’elles semblent avoir quittée, happées qu’elles sont désormais par leur interlocutrice fictive - parce que je me suis vraiment creusé les méninges pour tenter de répondre à cette question pourtant tout simple, de savoir à qui ces personnes étaient en train de parler, et après une journée, presque, de cette réflexion, et après être retombé sur cette citation de Susan Sontag (la pornographie a moins à voir avec le sexe qu’avec la mort - citation traduite de tête par mes soins inexperts), il m’est donc apparu que cette interlocutrice fictive ne pouvait être autre que la mort.
Et si peu de ces vidéos qui ne se terminent pas par une supplication de soutien, d’étoile, de pouce levé ou encore d’abonnement gratuit - dans tous les sens du terme -, ou même un simple à demain, pas moins suppliant finalement, ce que je ne peux m’empêcher d’entendre comme une prière et d’être désormais persuadé que c’est bien à la mort que ces personnes parlent.
Et cette dernière ne les écoute même pas.
Je dois en avoir une version animée quelque part, mais je ne sais plus bien où ? Et surtout je crois qu’elle est reprise dans une vidéo qui comprend d’autres exercices de défigurations.
@touti, message de service. Je tente par tous les moyens de répondre à ton mail mais toutes mes tentatives me reviennent dans la poire sous le motif fallacieux que c’est du spam alors que ma réponse c’est du caviar. Je me demande si tu ne devrais pas abaisser légèrement ta garde.
@philippe_de_jonckheere pour la version animée (enfin un scroll animé) il suffit d’enlever la fin de l’URL de ton image pour aller sur le dossier parent. Heureusement qu’on est là pour t’y retrouver dans ton désordre !
@rastapopoulos Non je pensais à de la vraie vidéo. C’est à la fin de cette vidéo : ▻http://www.desordre.net/spectacles/apnees/w/mimiques.flv (mais c’est du flash, bref je n’ai rien sous la main de mieux)
@philippe_de_jonckheere je ne vois ton message de service que maintenant ! vu que je n’arrive pas à domestiquer les mails de seenthis qui partent tous en indésirables malgré le cowboy thunderbird qui devrait les mener au bon paturage.
Je ne sais pas quoi faire pour recevoir ton cheval caviar :/ une idée ?
Adrien Genoudet et moi-même relisons l’Etreinte d’Adrien, entrecoupé de passages d’une lettre que je n’aurais jamais du lui écrire, voilà où cela me mène : faire, à mon âge, des trucs qui sont de mon âge.
C’est à Beaubourg, le samedi 3 février à 20H (entrée libre dans la limite des places disponibles), cela fait partie de la manifestation Gardez les yeux ouverts d’Adrien, elle-même incluse dans le festival Hors-pistes
Et c’est présenté là : ▻https://horspistes13.fr/l-etreinte
Quelques photographies d’Adèle-Zoé
Pas le moindre rêve ce matin
L’inconscient en grève ?
Ou simplement repus ?
Dernier marché
Pour Brigitte, elle voudrait me donner
Des cœurs de poulet dont je raffolais
« - Je ne mange plus de viande
– Non ? - Qui aurait besoin de viande
En mangeant d’aussi bons légumes ? »
Les discussions avec ma maraîchère
Vont terriblement me manquer
De même ses kakis et ses tomates vertes
Je te souhaite de passer
Un bon Noël
( Ça on ne se l’était jamais dit)
Jamais
Où on l’attend
Jamais
►http://www.desordre.net/musique/brahem.mp3
Émile et Zoé
Préparent le dal de midi
Anouar Brahem
Puis, plus rien
Pas le moindre message, silence
Que je n’essaie plus d’interpréter : libre !
Sieste bienfaisante
Et puis je m’attèle au dessert
Et puis je joue aux échecs avec Émile
On fait de sacrées parties
Le plaisir de se donner mal au crâne
Et de regretter certaines erreurs, ensemble
Quand Sarah rentre
Je mets le dîner en route
Raclette et clafoutis
Je sers un petit verre
De Jurançon
À mes grands
On fait le bilan
De cette année
Tout juste écoulée
C’est qu’il s’en est passé
Des choses
Cette année !
Sarah a eu son bac
Émile, et bien Émile, désormais confiant
Zoé a brûlé les planches de la scène Watteau
– Et toi Papa ?
– Moi trois fois rien
– Ben quand même et ton livre ?
▻http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/20160917_apnees_autun.mp3
Oui, mon livre
Et puis l’Étreinte
Et puis Apnées
Une Fuite en Égypte
L’Étreinte avec Adrien
Apnées avec Dominique et Michele
On débarrasse
Sarah nous met le dernier OrelSan
Qu’on écoute de bout en bout dans les canapés
Je ne complimente pas mes filles
Pour leur vénération d’un pareil misogyne
Et je repense à une émission de FC : au secours !
On regarde Bright
Je suis saisi, deux soirs de suite
Par l’anormale bêtise du divertissement
Il est tard
On s’embrasse
Un Noël tout simple
J’écris un peu
Je bouquine un peu
Je pense un peu à elle
Sommeil en pointillé
Troublé, agité
Tout ce cirque n’est pas neutre
Je partage une collocation
À New York dans la famille de Nicolas
Je me fais pardonner en préparant un tiramisu
Je surprends un intrus
Qui joue du violoncelle
Un enfant roux que je ne reconnais pas
A la piscine, celle de Thelma
Je nage vers le sexe d’A.
Mais nous sommes interrompus
Petit-déjeuner plantureux
Avec Adrien, Bertrand et Zoé
On prend des forces
Vincent l’ingénieur du son
Prend les commandes
Soudain nos voix projetées
On répète les parties dialoguées
Dans une petite loge
Zoé en assistante parfaite
Les calages très erratiques de la vidéo
Adrien et moi ne déraillons pas
Mais nous sommes tendus par tant d’erreurs
Dernier filage catastrophique
Suivi d’une réunion à même notre table
On recale tout, Bertrand prend les manettes
On reprend le début
On a besoin de le refaire
Six fois pour que cela soit bon
On reprend la fin
On a besoin de la refaire
Six fois pour que cela soit presque bon
On souffle un grand coup
Rendez-vous dans les loges
Dans une heure
Je pars me promener
Avec Zoé dans les rues voisines
Une crêpe et un crème
Dans les loges
Petites attentions de l’équipe
Pascal en régisseur très protecteur
Adrien et moi dans les loges
On blague pas mal
Mais on n’en mène pas large
Pascal vient nous chercher
On se glisse derrière
Les rideaux. Un monde fou
Noir salle
On se jette dans le vide
Repères flurorescents, confiance
Entame vidéo
Parfaitement calée
Merci la technique
J’entame
Ça va, j’ai la voix libre
Je ne bafouille pas
Bertrand nous a fait une armure
De lumière, deux îlots lumineux
On est seuls, protégés par l’ombre
Ca déroule
Ca roule
Tout coule
On fait comme on a dit
Je ne quitte pas Adrien des yeux
Je me fis entièrement à ses gestes
Pas une erreur
Tout est synchrone
Des passes aveugles parfaites
On prend du plaisir
J’improvise
Je me sens bien
Adrien rentre dans le dernier tiers
Un (beau) cheval qui sent l’écurie
Du regard je l’encourage, j’halète dans le micro
Le public est captif
Pas une toux, pas un bruit
Des petits sursauts de temps en temps
J’ai le sentiment
Isolé par l’éclairage
De n’être pas moi-même
Adrien se met dans tous ses états
C’est dingue ce que cela dégage
Je l’étreins, comme prévu, quelle décharge !
Nous sommes très applaudis
Soulagés
Et on rigole bien
Dans la loge Pascal me déséquipe
De mon micro, le capitaine Haddock
Se débattant avec un lézard dans le dos
On reprend un peu nos esprits
Adrien s’est un peu blessé
Mais il a un bon sourire
Dans le hall qui nous attendent
Des sourires connus
Et d’autres inconnus, mais sourires
Je confie Zoé
À sa marraine
Week-end à Rennes
Un monsieur me dit être bouleversé
Me dit devoir tout repenser
Me dit n’avoir pas pensé tout cela avant !
Un autre monsieur
Veut une dédicace d’Une Fuite en Égypte
Mes mains tremblent, presque incapable
On part dîner
Au TNB
Autour de nous, des amis
J’aime le sourire farceur
Du cuisinier du TNB
Et son dîner est fort bon
Je bois du vin
Encore du vin
Je ris tout mon saoul
Dans un café à l’ancienne
Longues conversations
Avec Mathieu, Adrien lui, avec Jérôme
Nous échouons dans une salle du billard
Première fois que je joue depuis très longtemps
Surtout première fois que je joue avec des lunettes
Retour à l’hôtel
A trois heures
Epuisé, mais heureux
Altercation
Sur le parking de l’hôtel
On a rayé mon automobile
Moqueries amicales
Habituelles
Et matinales
Je fais provision
D’un long morceau
De comté
Je fais provision
De poisson et je cuisine
Deux gâteaux de marrons
Dorades au barbecue
Pleurotes à la crème
Conté. Sieste
Promenade
Au temple de Janus
Tel un rite
On traverse le pont de l’Arroux
Sous un ciel orageux
Une vache se regarde dans l’eau
Des trombes d’eau s’abattent
Un orage tonne, bien au chaud
À travailler sur l’affiche de l’Étreinte
Bien au chaud à travailler sur l’affiche
Sur le nouvel ordinateur
Sept mois que je n’avais pas ouvert Photoshop®©™
Je sais encore faire du graphisme
Je travaille avec lenteur
Nouvel ordinateur
Je sais encore produire une affiche
Je suis encore capable
D’intuitions
Dîner chez Karim et Sarah
Soupe aux trois courges
Gâteaux de marrons, lait de poule
Karim me parle d’Apnées
Et me demande si je suis capable
De le jouer devant n’importe qui
Je réponds à Karim
Que je ne sais pas ce qu’est un public
Fragile, je veux bien jouer avec des rappeurs
Et je ris de mon audace
Et je ris que mes filles
Et je ris de ce que cela va donner
Un thé à la cardamone
Avec Sarah
À Chicago, 943N Wolcott
Croiser Clément et les enfants
En route pour les Cévennes
Sur une aire d’autoroute
Émile est très fort au ping-pong
Une nouvelle thérapie
Pour les enfants autistes
Audition d’enfants
Qu’il faut surveiller
Dans un bain de boue noire
Cynthia portant des bas crême
Disparaît
Dans le bain de boue
Etaient-ce dans un seul rêve
Ou est-ce une suite de rêves
Mis bout à bout ? je ne me souviens pas
Je dépose Zoé au collège
Je prends les informations
Je ne supporte plus les informations
Je ne supporte plus les louanges
Du gamin-président
Et encore moins l’exégèse de ses dires
Je suis très remonté
Je décide de détourner cette hargne
Sur mon travail : dix mails en une heure !
Il fait un temps radieux
Je bois un café, je me sens bien
N’était-ce un pincement au cœur, trois fois rien
Je m’assois à ma table du BDP
Tout juste si les habitués ne s’écartent pas
Dos au soleil, jamais sans penser à B.
Pause méridienne fort productive
Je creuse de nouvelles galeries
Dans Frôlé par un V1 , récit protéiforme
La transition est rude
Réunion à propos de demandes d’évolution
Sur l’application dont je suis la maîtrise d’ouvrage
La transition est glissante
Je passe dans un théâtre
Convaincre à propos des Apnées
La transition est douce
J’accompagne Zoé à un entretien
Radiophonique à propos de son école
La transition est désespérante
Après avoir déposé Zoé au théâtre
Je vais dans le temple de consommation
La transition est impossible
Après avoir rangé mes courses
Je tente d’écrire de la poésie
Je ne me foule pas de trop
Pour le dîner en tête-à-tête avec Zoé
Raviolis aux épinards, eau salée
Fatigue
Trop d’ingénierie informatique
Pour une seule journée
Je me passe quelques sketchs
De Coffee & Cigarettes
De Jim Jarmush
Zoé sort de la salle de bain inquiète
Je suis en train de m’étrangler de rire
Je me couche sourire aux lèvres
▻https://soundcloud.com/archipels/apnees
Je suis un peu à la traîne pour ce qui est de monter la captation vidéo de notre petite affaire, du coup, messieurs les musiciens ont une longueur d’avance pour ce qui est de fournir quelques très belles traces de notre spectacle à Suresnes le 7 février dernier. On peut donc d’ores et déjà écouter leur très beau concert et même tenter de se faire une idée de ce à quoi cela peut ressembler avec cette page de travail et d’échange entre nous en préparation du spectacle ►http://www.desordre.net/spectacles/apnees/w/index.htm
Sans compter qu’il y a plein d’autres morceaux de @dominique depuis cet espace :
Apnées , spectacle de Dominique Pifarély (France, violon, traitement numérique du son, @dominique ), Michele Rabbia (Italie, percussions, traitement numérique du son), et Philippe De Jonckheere (France, images, traitement en direct de ces dernières), le 7 janvier 2017 à 20h à la médiathèque de Suresnes, 5 rue Ledru-Rollin à Suresnes (Transilien : Lignes L et U, arrêt Suresnes-Mont-Valérien, Tramway : T2, arrêt Belvédère ou Suresnes-Longchamp, Bus : lignes 144 (arrêt Pagès), 244, 241 (Suresnes-Longchamp), 175 (Nieuport), Tel. : 01 41 18 16 69), le spectacle est gratuit, en plus d’être très beau, vous n’avez aucune excuse pour ne pas aller le voir.
La page de nos échanges pour la construction du spectacle se trouve ici ( ►http://www.desordre.net/spectacles/apnees/w/index.htm ), elle vous donne une idée de la narration, des images.
Sur scène la rencontre toujours fructueuse, toujours surprenante, jamais sage et jamais écrite d’avance, de Dominique Pifarély et Michele Rabbia, l’un joue du violon comme personne et personne qui essaierait, et retraite numériquement en direct les sons qu’il en tire en orfèvre du truc, l’autre fait la même chose avec un set de percussions qui comprend un tom basse, des cymbales déchiquetées, et une multitude de petits objets trouvés en chemin, qu’il effleure, qu’il caresse, qu’il déchire, et pareillement retraite tout cela numériquement en direct, les deux musiciens se rejoignant dans un espace tiers dans lequel bien malin serait celui qui pourrait dire qui produit tel son et qui le modifie, à certaines de leurs expressions de surprise en concert, on comprend qu’eux-mêmes n’en sont pas toujours très sûrs, mais toujours réjouis, derrière eux un écran sur lequel sont projetées des images vidéos essentiellement produites par photographies, sorte de caméra du pauvre, animation, stop motion , time lapse , ellipses flagrantes, d’autres moins mais tout aussi coupables, mouvements de caméras énervés sur images fixes et placides, superpositions d’images à tout va, le tout mélangé et cuisiné sur place devant vous, sous vos yeux ébahis, pendant qu’on vous divertit les oreilles.
Apnées est la mise en commun irrespirable de nos rêves et de nos actes manqués, images silencieuses qui crient, et musiciens qui jouent dans le noir. On retient le souffle des spectateurs et on leur fait faire rêves paradoxaux et cauchemars doux, une expérience unique dont on ne ressort pas pareil que quand on est entré, sinon à quoi cela servirait d’aller au spectacle, de sortir de « chez soi ».
Et sinon en horizontal, l’affichette, elle donne ça :
J – 123 : Je ne sais pas comment vous faites, vous, mais moi, quand un programme, un logiciel, une fonctionnalité, ou quoi que ce soit de ce genre me résiste, je finis par aller regarder dans le menu d’aide, mais je ne pourrais jamais dire que j’y trouve toujours ce que je venu chercher. Depuis qu’internet existe aussi massivement qu’aujourd’hui (c’est-à-dire qu’on y trouve à peu près tout ce que l’on cherche et souvent au-delà), quand le menu d’aide n’est pas suffisamment aidant, je me rencarde sur internet et je finis toujours par trouver plus ou moins ce que je cherche en termes d’explications avec parfois des copies d’écran qui me permettent de mieux comprendre comment on atteint telle ou telle figure. Depuis quelques années de tels vecteurs d’aide prennent désormais la forme de vidéos et pour certaines choses c’est même la seule voie possible. En général cela ne fait pas mon affaire, la parole étant pour moi le pire des véhicules, je ne comprends pas toujours bien ce qu’on me dit, je préfère le lire à mon rythme. Sans compter que dans ces vidéographies, le plus souvent réalisées par des amateurs qui touchent leur bille, certes, il y a une façon d’expliquer qui ne va pas toujours dans le sens de la clarté, je ne jette la pierre à personne, quand j’explique quoi que ce soit, singulièrement à mes enfants, personne ne comprend jamais rien, et surtout pas mes enfants pourtant habitués à mes nébuleuses. Les choses s’enveniment d’autant à mes yeux que c’est désormais une tendance lourde, les apprentis sorciers aiment beaucoup s’écouter pisser sur les feuilles, en fait je crois même qu’ils s’aiment tout court énormément. Et donc je pense que pour moi il n’y a pas pire torture que de devoir regarder une telle vidéographie parce que je ne parviens pas du tout à obtenir tel effet dans le logiciel de retouche d’images numériques, ou plus souvent encore, exporter telle ou telle séquence vidéographique dans un format qui est ensuite pleinement reconnu par mon programme de projection, couche alpha comprise. Certaines soirées sont exécrables dans le garage, vous n’avez pas idée, surtout quand ces dernières sont entièrement mangées par une quête pas toujours atteinte, loin s’en faut, d’un résultat dont j’aurais pourtant jugé de prime abord que ce n’était pas la mer à boire, il m’arrive parfois même de jurer ou d’avoir des paroles déconcertantes de bêtise ou même d’impolitesse envers Guy, mon ordinateur s’appelle Guy. Et ces derniers temps j’étais à la recherche d’un effet dans le logiciel d’animation qui pourrait donner le sentiment qu’un texte qui s’affiche progressivement à l’écran est tapé à la machine à écrire — pour donner le sentiment au spectateur d’ Apnées que c’est ce que je suis en train de faire pendant que les deux autres, qui au violon, qui aux percussions, se débattent, eux aussi, avec leurs machines à calculer. Oh, j’en ai bien trouvé de ces tutoriaux vidéographiques, mais aucun au début duquel ne figure pas tout un laïus de bonimenteur dans lequel l’amateur nous explique comment les choses sont paramétrées dans son logiciel et pourquoi il a fait en sorte qu’elles s’affichent de cette manière et pourquoi il nous recommanderait peut-être d’en faire autant, bien que le seul argument qu’il déploie effectivement pour nous convaincre c’est que cela fait plus joli, ce dont on pourrait discuter. Bref quand l’amateur décorateur d’interface de programme, en vient au nœud du problème, les explications sont alors d’une rapidité déconcertantes un peu comme si un prestidigitateur faisant semblant de vous expliquer comment il produit son tour, en n’ayant absolument pas l’intention de vous révéler quoi que ce soit, après tout c’est son fonds de commerce. Dix minutes d’explications à propos de telle ou telle façon d’agencer les icônes des outils dans le logiciel de retouche d’images numérique et une fraction de seconde que vous pouvez difficilement passer au ralenti sur le site de partage de documents vidéographiques : après quoi l’humeur dans le garage est morose, vous n’avez pas idée.
J’étais donc bernique dans l’eau, comme on ne dit pas, après avoir, dans un premier temps, tenté de trouver, seul, dans le logiciel d’animation une manière de m’y prendre, puis avoir remué ciel et terre dans le logiciel avoir compulsé le menu d’aide pour comprendre que je ne comprenais pas, avoir tenté de chercher des explications écrites sur internet, regardé deux de ces vidéographiques à la gloire de leurs auteurs amateurs, fini par me souvenir que mon voisin d’en face était animateur de métier et comme justement il passait dans la rue, dis Nicolas, toi qui es de la partie j’essaye d’utiliser un effet de machine à écrire en animation, je ne m’en sors pas tout seul est-ce que tu pourrais passer un petit moment dans le garage avec moi pour me montrer comment on fait ?
-- Pas de problème.
C’est tout moi chercher au mauvais endroit (internet) ce que je pourrais facilement trouver en face, chez Nicolas-de-chez-Smith-en-face.
Donc effectivement Nicolas a vite réglé mon problème qui n’en était pas un et je suis désormais en possession de l’extrait vidéographique dont j’ai besoin pour Apnées (▻http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/videos/043.htm ).
Mais ce que j’ai vu par ailleurs, c’est la façon dont mon voisin Nicolas a pris possession de l’outil d’animation dont je croyais jusqu’à présent qu’il servait essentiellement à être chargé de collections d’images séquencées et de produire, moyennant un peu de paramétrage, des fichiers vidéographiques résultant de cette animation, bref une sorte d’objet bidimensionnel. Mais en quelques clics, Nicolas a déplié l’outil qui s’est littéralement creusé sous mes yeux pour devenir une véritable machine temporelle truffée de petits chronomètres, de déclencheurs s’appliquant à des calques, bref une véritable féérie d’images, un processus capable de produire des étincelles en vrai. Et je disposais d’une telle magie dans le garage en en ignorant tout.
Et lorsque Nicolas et moi remontons du garage, une petite demi-heure plus tard, Nicolas m’assure que surtout si je rencontre de nouvelles difficultés, il se fera un plaisir de m’aider. On ne pourrait rêver mieux non ?
Je n’en suis pas si sûr. En fait la boîte de Pandore telle qu’elle a été entre ouverte par mon voisin Nicolas est une boîte à double fond. Je ne peux m’empêcher de regretter de n’avoir pas connu l’existence de telles choses bien avant, disons, il y a une quinzaine d’années, si tant est que de tels outils existaient alors sous cette forme incroyablement performante. Et, taraudé par un tel regret, je suis également assailli par cette pensée triste que je ne sois pas certain que je puisse aujourd’hui démarrer une nouvelle carrière, une carrière de vidéaste en somme. Que n’ai-je suivi Daphna quand elle optait pour la section vidéo en seconde année aux Arts Déco, plutôt que d’aller m’enterrer dans la section photo ! Et c’est curieux, comme je remarque que de plus en plus souvent de telles pensées semblent m’entourer et me cerner de plus en plus près. Je ferai bien de surveiller de tels effets de fossilisation chez moi.
Mais quand j’y pense ce n’est peut-être pas entièrement un problème de vieillissement ou d’âge, en y pensant bien, j’ai toujours eu un tel sentiment, celui que je n’aurais jamais l’occasion de faire tout ce que j’aimerais faire de ma vie. Et pourtant j’essaye.
Allez du nerf mon gars !
Exercice #65 de Henry Carroll : Associez deux images pour créer quelque chose de surréaliste
@reka Il n’y a pas de quoi. tu es, nul doute, mon plus fidèle lecteur. J’en ai de la chance.
Je ne sais pas si tu as de la chance :) mais moi je me retrouve assez bien dans ces narrations. C’est fluides, riche, simple et on lit presque en une seule respiration (je dis presque, hein ?). J’aime beaucoup cette forme témoignage distanciée, un rien anti-héro qui regarde le monde de manière toujours étonnée et parfois révoltée mais sourdement révoltée.
Ces textes me font penser à ceux de ma copine Dominique qui habite au Pays basque et qui me confie régulièrement depuis trente ans des textes témoignages que je garde précieusement. Peut-être les publiera-t-elle un jour.
Bref, écrire, lire, réecrire, recomposer, relire, et changer, etc... La vie, quoi.
Oui, la vie. Tellement plus pleine de cette façon d’ailleurs.
@aude_v Ce qui me fait penser au très beau Livre des regrets de Jacques Drillon (te vous le recommande à tous les deux, @reka et toi)
Si toutefois vous ne l’avez pas déjà lu, ce n’est pas très récent, je pense l’avoir lu il y a une douzaine d’années.
@aude_v Aude, @reka a raison, c’est un très chouette livre et je me demande même s’il n’a pas la vertu de libérer son lecteur de ses potentiels regrets en lui donnant à voir le caractère à la fois inéluctable et universel des regrets (enfin en tout cas c’est le souvenir que ce livre me laisse, douze ans plus tard), un peu comme le Baleinier qui décrit à merveille ces étranges sentiments dont on pourrait croire qu’ils nous sont très personnels (et honteux la plupart du temps), alors que pas du tout.
@aude_v Je vais voir si je le retrouve, ce n’est pas si long comme bouquin, un petit coup d’OCR. Le tout étant de le retrouver, ma bibliothèque c’est vraiment le Désordre .
J-227 : Magie de voir Dominique (@dominique) et Michele évoluer dans le cadre tellement familier de la Folie à Autun, chez Martin et Isa. Grande tablée samedi midi, balance l’après-midi avec Rose aux boutons, Dominique après une petite demi-heure de réglages qui déclare être comme un coq en pâte , moi tout proche d’un des retours de scène de Michele, j’entends les moindres détails de son jeu tellement subtil, on y est, là où je voulais être, dès le début de l’été.
Plus tard le soir.
Pendant que les spectateurs entrent et s’installent, et découvrent tout à la fois le caractère chaleureux de la scène, le set de Michele, la table de contrôle de Dominique, ma petite table à moi aussi, les deux tapis au sol qui délimitent la scène, l’écran derrière, sur lequel est projeté en boucle lente la séquence de la truite aux gommettes, Dominique a installé une manière de prologue auto généré. De temps en temps j’épie depuis la porte de l’atelier de Martin, je trouve cela beau et surtout très accueillant. Au premier rang, je vois Adèle qui est déjà en train de filmer en suivant mes recommandations, cette beauté de la transmission avec mes enfants.
On s’installe, je réduis la luminosité de ce premier tableau, la main tremblante de trac sur la glissière de couche alpha, puis je bascule sur le calque suivant, celui des Croutes dorées explorées à la lampe de poche (▻http://www.desordre.net/bloc/contre/spectacle/images/croutes/grandes/index.htm), parfaite réaction de Dominique, on n’entend pas un bruit dans la salle, Michele installe quelques petits craquements dont il a le secret et c’est parti. Je suis tendu comme un arc.
Durant une heure je prends un plaisir tellement vif à ces enchaînements, mes propres improvisations, mes petites audaces encore timides, des moments où les images et la musique, son rythme, son atmosphère, se touchent parfaitement, s’enlacent, le sentiment de produire avec les deux musiciens un objet rêvé, et cela tombe bien parce que c’est le thème même de ce que je voulais faire, des images paradoxales, spectrales, abstraites par endroits, complexes aussi, cette heure aura été la plus rapide de toute mon existence, la plus belle aussi sans doute, la plus paradoxale sans doute aussi, j’étais à la fois fiévreux de peur et à la fois au comble du bonheur, comme si les images qui étaient projetées sortaient littéralement de ma tête.
Joie d’entendre le tonnerre d’applaudissements, le salut, bras dessus bras dessous avec Dominique et Michele, la force de ce triangle d’amitié, et le géné-rique qui arrache un sourire et des applaudissements répétés de la part de la septantaine de personnes présentes. Joie ensuite de croiser les regards de quelques amis, après le spectacle, tandis que nous dégustons quelques bouchées de pure sorcellerie culinaire d’Isa, parmi lesquels Laurent Grisel (@laurent2), avec lequel j’échange à propos de son Journal de la crise et de Qui ça ?
Oui, Laurent, je maintiens, nos propres agissements ont tellement plus de portée que ceux des sinistres que nous tentons de marquer à la culotte, avec des moyens inégaux, ceux de simples citoyens conscients, pas floués, pots de terre lan-cés, tels des bouteilles de champagne, contre la coque du France dans la rade du Havre, en 1964, ne nous brisons pas inutilement. En tout cas pas contre de tels blindages d’égoïsme et, in fine, de bêtise et de lâcheté.
C’est à Autun. A la Folie. Chez Martin Et Isa (▻http://www.desordre.net/invites/martin_isa/001.htm). le 17 septembre 2016 à 19H45, un spectacle de Dominique Pifarély (▻http://www.pifarely.net) (@dominique) , Michele Rabbia (▻http://www.michelerabbia.com/index.php/en) et Philippe De Jonckheere, évenement culinaire d’Isa Bordat (►http://www.isabordat.net).
La Folie c’est 10 route de Chateau-Chinon, sur les bords de l’Arroux dans les faubourgs d’Autun. Dans l’ombre, presque, du temps de Janus.