• http://www.desordre.net/spectacles/apnees/w/index.htm

    A la fois page de travail et de collecte du spectacles Apnées , avec @dominique Pifarély, violon et traitement numérique du son, Michele Rabbia, percussions et traitement numérique du son et votre serviteur aux images.

    #retour_au_desordre

  • Je sais que je l’ai déjà dit ici ( https://seenthis.net/messages/699666 ), mais si vous êtes dans la région d’Autun demain soir, Adrien Genoudet et moi-même, lisons L’Etreinte, texte d’Adrien Genoudet, qui est, à mon sens, l’une des très rares réponses littéraires intelligentes aux attentats du 13 novembre 2015 en Ile de France. On y projetera également cinq minutes de très belles images d’archives des boulevards à Paris en 1913 issues du fond Albert Kahn, le tout sur un solo de guitare électrique de votre serviteur (je vous raconte un peu la fin là, réalise-je !).

    Et avant cela vous pourrez vous régaler puisque mon amie Isa Bordat fait un Mordre et Unir du feu de Dieu (et là je vous raconte un peu le début).

    Vous ne pouvez pas rater cela.

  • (Exemple de ce qu’il advient, de temps en temps, sur seenthis. En réponse à un de mes billets #de_la_dyslexie_créative - Trump cherche à empêcher la compagne de l’auteur de l’attentat de Trèbes de témoigner contre lui. L’actrice porno Stormy Daniels était fichée S et suivie pour radicalisation - @bce_106_6, puisqu’il est question de Stormy Daniels, donne le lien d’une vidéo de Paul Jorion sur ce sujet. C’est le point de départ pour moi d’une remarque à propos des personnes qui se filment face caméra dans leur salon, ou dans leur garage, et s’adressant à la Terre entière - ce qu’ils et elles aimeraient croire sans doute en parlant à leur écran de contrôle. La discussion est lancée dans laquelle @arno évoque aussi les contours mortifères de ces vidéos.)

    Je crois que je n’arriverais jamais à comprendre l’intérêt de ces vidéos de personnes, pourtant pas toutes idiotes - pas toutes en tout cas -, qui nous parlent depuis leur salon - ou depuis leur garage, j’ai plus de sympathie a priori pour celles et ceux qui parlent depuis leur garage, plutôt que depuis leur salon à la décoration bourgeoise très discutable - à propos d’un événement qu’elles ont relevé dans l’actualité, un livre qu’elles ont lu, d’un film qu’elles ont vu, que sais-je encore - et, donc, face caméra : bien au-delà de ce qu’elles disent, qui pourrait le plus souvent tenir en deux minutes et qui s’étend invariablement sur une bonne demi-heure, et qui serait assez sot, ou absent à soi-même, pour écouter de tels flux jusqu’à leur conclusion sans cesse retardée et généralement minuscule, en dépit de force annonces au début de telles vidéos - on y lit tellement le fantasme et l’envie d’être vu, écouté par des millions, des multitudes, et ce qu’ils ou elles disent, en étant nullement contredit ou renchéri, n’a, en fait, aucune portée, beaucoup moins que s’ils ou elles étaient filmées dans leur salon avec des connaissances avec lesquelles ils et elles échangeraient.

    Paul Jorion peut dire, et même écrire, de temps en temps, des choses assez remar-quables, ce n’est pas @laurent2 qui me contredirait pour en avoir repris de larges extraits dans son excellent Journal de la crise, en revanche dans cette vidéo - et dans les quelques autres que je suis allé piocher et regarder rapidement -, quel néant ! et c’est impressionnant à quel point il s’écoute pisser sur les feuilles ! - faisant mine, par endroits, de ne pas connaître tel ou tel équivalent français à telle locution anglaise (non-disclosure agreement, en bon français, doit pouvoir se traduire par accord de non divulgation, quant à one night stand, passade ou coucherie d’un soir conviendra très bien, merci).

    Et j’ai naturellement l’esprit très mal tourné - c’est de notoriété publique -, parce que chaque fois que je tombe sur de tels extraits vidéographiques, je ne peux m’empêcher de penser que les membres de leur famille doivent les entendre depuis la pièce d’à côté et se dire : « tiens, le vieux il est encore en train de radoter à sa webcam » avec une comparable suspicion que si le vieux était justement en train de se masturber devant tel ou tel film pornographique en diffusion continue. Et je n’ai aucune difficulté à me faire l’application d’un tel raisonnement, pas tant sur la masturbation vidéographique - pitié ! -, mais il doit bien arriver des moments pendant lesquels le cliquetis incessant de mes doigts sur le clavier de mon ordinateur doit porter sur les nerfs de mes enfants et il et elles doivent se demander ce que je branle. C’est peut-être vain et fat de ma part, mais je m’accroche à la croyance qu’écrire ce n’est quand même pas la même farine, la même limonade, le même branlage de dindon - j’imite très bien le cri du dindon, cela amusait beaucoup mes enfants quand ils étaient petits.

    Bien que je ne me sois jamais servi d’une webcam et que je ne peux pas dire que je ne me sois vraiment filmé en train de dire quoi que ce soit, plutôt en train de me taire - voire de mourir -, je n’ignore pas que, quel que soit le dispositif pour se filmer, il y a un écran de contrôle et, que peut-il se passer, vraiment, dans la tête d’une personne qui se parle à elle-même, via un écran de contrôle, dont elle espère que ce petit miroir s’inverse pour atteindre des dizaines, des centaines, des milliers, non, des millions de personnes. Utile rappel, sauf cas inquiétants - mais justement je suis inquiet - : on est tout seul dans sa tête.

    Si j’avais un peu de talent pour le montage vidéographique, et du temps pour cela, je crois que je téléchargerais tant et tant de ces extraits vidéo masturbatoires - je ne peux vraiment pas voir et appeler les choses autrement - et que je les monterais entre eux pour recréer, très artificiellement, les conditions du dialogue, de la conversation, de la convivialité. Et le désir que je pourrais avoir d’un tel projet, ce serait presque, en rétablissant les conditions d’une conversation, de ramener toutes ces personnes dans le giron de l’humanité qu’elles semblent avoir quittée, happées qu’elles sont désormais par leur interlocutrice fictive - parce que je me suis vraiment creusé les méninges pour tenter de répondre à cette question pourtant tout simple, de savoir à qui ces personnes étaient en train de parler, et après une journée, presque, de cette réflexion, et après être retombé sur cette citation de Susan Sontag (la pornographie a moins à voir avec le sexe qu’avec la mort - citation traduite de tête par mes soins inexperts), il m’est donc apparu que cette interlocutrice fictive ne pouvait être autre que la mort.

    Et si peu de ces vidéos qui ne se terminent pas par une supplication de soutien, d’étoile, de pouce levé ou encore d’abonnement gratuit - dans tous les sens du terme -, ou même un simple à demain, pas moins suppliant finalement, ce que je ne peux m’empêcher d’entendre comme une prière et d’être désormais persuadé que c’est bien à la mort que ces personnes parlent.

    Et cette dernière ne les écoute même pas.

    #pendant_qu’il_est_trop_tard

  • Adrien Genoudet et moi-même relisons l’Etreinte d’Adrien, entrecoupé de passages d’une lettre que je n’aurais jamais du lui écrire, voilà où cela me mène : faire, à mon âge, des trucs qui sont de mon âge.

    C’est à Beaubourg, le samedi 3 février à 20H (entrée libre dans la limite des places disponibles), cela fait partie de la manifestation Gardez les yeux ouverts d’Adrien, elle-même incluse dans le festival Hors-pistes

    Et c’est présenté là : https://horspistes13.fr/l-etreinte

    Quelques photographies d’Adèle-Zoé

  • Pas le moindre rêve ce matin
    L’inconscient en grève ?
    Ou simplement repus ?

    Dernier marché
    Pour Brigitte, elle voudrait me donner
    Des cœurs de poulet dont je raffolais

    « - Je ne mange plus de viande
    – Non ? - Qui aurait besoin de viande
    En mangeant d’aussi bons légumes ? »

    Les discussions avec ma maraîchère
    Vont terriblement me manquer
    De même ses kakis et ses tomates vertes

    Je te souhaite de passer
    Un bon Noël
    ( Ça on ne se l’était jamais dit)

    Jamais
    Où on l’attend
    Jamais

    http://www.desordre.net/musique/brahem.mp3

    Émile et Zoé
    Préparent le dal de midi
    Anouar Brahem

    Puis, plus rien
    Pas le moindre message, silence
    Que je n’essaie plus d’interpréter : libre !

    Sieste bienfaisante
    Et puis je m’attèle au dessert
    Et puis je joue aux échecs avec Émile

    On fait de sacrées parties
    Le plaisir de se donner mal au crâne
    Et de regretter certaines erreurs, ensemble

    Quand Sarah rentre
    Je mets le dîner en route
    Raclette et clafoutis

    Je sers un petit verre
    De Jurançon
    À mes grands

    On fait le bilan
    De cette année
    Tout juste écoulée

    C’est qu’il s’en est passé
    Des choses
    Cette année !

    Sarah a eu son bac
    Émile, et bien Émile, désormais confiant
    Zoé a brûlé les planches de la scène Watteau

    – Et toi Papa ?
    – Moi trois fois rien
    – Ben quand même et ton livre ?

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/20160917_apnees_autun.mp3

    Oui, mon livre
    Et puis l’Étreinte
    Et puis Apnées

    Une Fuite en Égypte
    L’Étreinte avec Adrien
    Apnées avec Dominique et Michele

    On débarrasse
    Sarah nous met le dernier OrelSan
    Qu’on écoute de bout en bout dans les canapés

    Je ne complimente pas mes filles
    Pour leur vénération d’un pareil misogyne
    Et je repense à une émission de FC : au secours !

    On regarde Bright
    Je suis saisi, deux soirs de suite
    Par l’anormale bêtise du divertissement

    Il est tard
    On s’embrasse
    Un Noël tout simple

    J’écris un peu
    Je bouquine un peu
    Je pense un peu à elle

    #mon_oiseau_bleu

  • Sommeil en pointillé
    Troublé, agité
    Tout ce cirque n’est pas neutre

    Je partage une collocation
    À New York dans la famille de Nicolas
    Je me fais pardonner en préparant un tiramisu

    Je surprends un intrus
    Qui joue du violoncelle
    Un enfant roux que je ne reconnais pas

    A la piscine, celle de Thelma
    Je nage vers le sexe d’A.
    Mais nous sommes interrompus

    Petit-déjeuner plantureux
    Avec Adrien, Bertrand et Zoé
    On prend des forces

    Vincent l’ingénieur du son
    Prend les commandes
    Soudain nos voix projetées

    On répète les parties dialoguées
    Dans une petite loge
    Zoé en assistante parfaite

    Les calages très erratiques de la vidéo
    Adrien et moi ne déraillons pas
    Mais nous sommes tendus par tant d’erreurs

    Dernier filage catastrophique
    Suivi d’une réunion à même notre table
    On recale tout, Bertrand prend les manettes

    On reprend le début
    On a besoin de le refaire
    Six fois pour que cela soit bon

    On reprend la fin
    On a besoin de la refaire
    Six fois pour que cela soit presque bon

    On souffle un grand coup
    Rendez-vous dans les loges
    Dans une heure

    Je pars me promener
    Avec Zoé dans les rues voisines
    Une crêpe et un crème

    Dans les loges
    Petites attentions de l’équipe
    Pascal en régisseur très protecteur

    Adrien et moi dans les loges
    On blague pas mal
    Mais on n’en mène pas large

    Pascal vient nous chercher
    On se glisse derrière
    Les rideaux. Un monde fou

    Noir salle
    On se jette dans le vide
    Repères flurorescents, confiance

    Entame vidéo
    Parfaitement calée
    Merci la technique

    J’entame
    Ça va, j’ai la voix libre
    Je ne bafouille pas

    Bertrand nous a fait une armure
    De lumière, deux îlots lumineux
    On est seuls, protégés par l’ombre

    Ca déroule
    Ca roule
    Tout coule

    On fait comme on a dit
    Je ne quitte pas Adrien des yeux
    Je me fis entièrement à ses gestes

    Pas une erreur
    Tout est synchrone
    Des passes aveugles parfaites

    On prend du plaisir
    J’improvise
    Je me sens bien

    Adrien rentre dans le dernier tiers
    Un (beau) cheval qui sent l’écurie
    Du regard je l’encourage, j’halète dans le micro

    Le public est captif
    Pas une toux, pas un bruit
    Des petits sursauts de temps en temps

    J’ai le sentiment
    Isolé par l’éclairage
    De n’être pas moi-même

    Adrien se met dans tous ses états
    C’est dingue ce que cela dégage
    Je l’étreins, comme prévu, quelle décharge !

    Nous sommes très applaudis
    Soulagés
    Et on rigole bien

    Dans la loge Pascal me déséquipe
    De mon micro, le capitaine Haddock
    Se débattant avec un lézard dans le dos

    On reprend un peu nos esprits
    Adrien s’est un peu blessé
    Mais il a un bon sourire

    Dans le hall qui nous attendent
    Des sourires connus
    Et d’autres inconnus, mais sourires

    Je confie Zoé
    À sa marraine
    Week-end à Rennes

    Un monsieur me dit être bouleversé
    Me dit devoir tout repenser
    Me dit n’avoir pas pensé tout cela avant !

    Un autre monsieur
    Veut une dédicace d’Une Fuite en Égypte
    Mes mains tremblent, presque incapable

    On part dîner
    Au TNB
    Autour de nous, des amis

    J’aime le sourire farceur
    Du cuisinier du TNB
    Et son dîner est fort bon

    Je bois du vin
    Encore du vin
    Je ris tout mon saoul

    Dans un café à l’ancienne
    Longues conversations
    Avec Mathieu, Adrien lui, avec Jérôme

    Nous échouons dans une salle du billard
    Première fois que je joue depuis très longtemps
    Surtout première fois que je joue avec des lunettes

    Retour à l’hôtel
    A trois heures
    Epuisé, mais heureux

    #mon_oiseau_bleu

  • Altercation
    Sur le parking de l’hôtel
    On a rayé mon automobile

    Moqueries amicales
    Habituelles
    Et matinales

    Je fais provision
    D’un long morceau
    De comté

    Je fais provision
    De poisson et je cuisine
    Deux gâteaux de marrons

    Dorades au barbecue
    Pleurotes à la crème
    Conté. Sieste

    Promenade
    Au temple de Janus
    Tel un rite

    On traverse le pont de l’Arroux
    Sous un ciel orageux
    Une vache se regarde dans l’eau

    Des trombes d’eau s’abattent
    Un orage tonne, bien au chaud
    À travailler sur l’affiche de l’Étreinte

    Bien au chaud à travailler sur l’affiche
    Sur le nouvel ordinateur
    Sept mois que je n’avais pas ouvert Photoshop®©™

    Je sais encore faire du graphisme
    Je travaille avec lenteur
    Nouvel ordinateur

    Je sais encore produire une affiche
    Je suis encore capable
    D’intuitions

    Dîner chez Karim et Sarah
    Soupe aux trois courges
    Gâteaux de marrons, lait de poule

    Karim me parle d’Apnées
    Et me demande si je suis capable
    De le jouer devant n’importe qui

    Je réponds à Karim
    Que je ne sais pas ce qu’est un public
    Fragile, je veux bien jouer avec des rappeurs

    Et je ris de mon audace
    Et je ris que mes filles
    Et je ris de ce que cela va donner

    #mon_oiseau_bleu

  • Un thé à la cardamone
    Avec Sarah
    À Chicago, 943N Wolcott

    Croiser Clément et les enfants
    En route pour les Cévennes
    Sur une aire d’autoroute

    Émile est très fort au ping-pong
    Une nouvelle thérapie
    Pour les enfants autistes

    Audition d’enfants
    Qu’il faut surveiller
    Dans un bain de boue noire

    Cynthia portant des bas crême
    Disparaît
    Dans le bain de boue

    Etaient-ce dans un seul rêve
    Ou est-ce une suite de rêves
    Mis bout à bout ? je ne me souviens pas

    Je dépose Zoé au collège
    Je prends les informations
    Je ne supporte plus les informations

    Je ne supporte plus les louanges
    Du gamin-président
    Et encore moins l’exégèse de ses dires

    Je suis très remonté
    Je décide de détourner cette hargne
    Sur mon travail : dix mails en une heure !

    Il fait un temps radieux
    Je bois un café, je me sens bien
    N’était-ce un pincement au cœur, trois fois rien

    Je m’assois à ma table du BDP
    Tout juste si les habitués ne s’écartent pas
    Dos au soleil, jamais sans penser à B.

    Pause méridienne fort productive
    Je creuse de nouvelles galeries
    Dans Frôlé par un V1 , récit protéiforme

    La transition est rude
    Réunion à propos de demandes d’évolution
    Sur l’application dont je suis la maîtrise d’ouvrage

    La transition est glissante
    Je passe dans un théâtre
    Convaincre à propos des Apnées

    La transition est douce
    J’accompagne Zoé à un entretien
    Radiophonique à propos de son école

    La transition est désespérante
    Après avoir déposé Zoé au théâtre
    Je vais dans le temple de consommation

    La transition est impossible
    Après avoir rangé mes courses
    Je tente d’écrire de la poésie

    Je ne me foule pas de trop
    Pour le dîner en tête-à-tête avec Zoé
    Raviolis aux épinards, eau salée

    Fatigue
    Trop d’ingénierie informatique
    Pour une seule journée

    Je me passe quelques sketchs
    De Coffee & Cigarettes
    De Jim Jarmush

    Zoé sort de la salle de bain inquiète
    Je suis en train de m’étrangler de rire
    Je me couche sourire aux lèvres

    #mon_oiseau_bleu

  • https://soundcloud.com/archipels/apnees

    Je suis un peu à la traîne pour ce qui est de monter la captation vidéo de notre petite affaire, du coup, messieurs les musiciens ont une longueur d’avance pour ce qui est de fournir quelques très belles traces de notre spectacle à Suresnes le 7 février dernier. On peut donc d’ores et déjà écouter leur très beau concert et même tenter de se faire une idée de ce à quoi cela peut ressembler avec cette page de travail et d’échange entre nous en préparation du spectacle http://www.desordre.net/spectacles/apnees/w/index.htm

    Sans compter qu’il y a plein d’autres morceaux de @dominique depuis cet espace : https://soundcloud.com/archipels



  • Jeudi Apnées , 7 février 2017, 20H, médiathèque de Suresnes. Tout est un peu dit sur l’affichette, mais voilà autant souligner la chose.

    Apnées , spectacle de Dominique Pifarély (France, violon, traitement numérique du son, @dominique ), Michele Rabbia (Italie, percussions, traitement numérique du son), et Philippe De Jonckheere (France, images, traitement en direct de ces dernières), le 7 janvier 2017 à 20h à la médiathèque de Suresnes, 5 rue Ledru-Rollin à Suresnes (Transilien : Lignes L et U, arrêt Suresnes-Mont-Valérien, Tramway : T2, arrêt Belvédère ou Suresnes-Longchamp, Bus : lignes 144 (arrêt Pagès), 244, 241 (Suresnes-Longchamp), 175 (Nieuport), Tel. : 01 41 18 16 69), le spectacle est gratuit, en plus d’être très beau, vous n’avez aucune excuse pour ne pas aller le voir.

    La page de nos échanges pour la construction du spectacle se trouve ici ( http://www.desordre.net/spectacles/apnees/w/index.htm ), elle vous donne une idée de la narration, des images.

    Sur scène la rencontre toujours fructueuse, toujours surprenante, jamais sage et jamais écrite d’avance, de Dominique Pifarély et Michele Rabbia, l’un joue du violon comme personne et personne qui essaierait, et retraite numériquement en direct les sons qu’il en tire en orfèvre du truc, l’autre fait la même chose avec un set de percussions qui comprend un tom basse, des cymbales déchiquetées, et une multitude de petits objets trouvés en chemin, qu’il effleure, qu’il caresse, qu’il déchire, et pareillement retraite tout cela numériquement en direct, les deux musiciens se rejoignant dans un espace tiers dans lequel bien malin serait celui qui pourrait dire qui produit tel son et qui le modifie, à certaines de leurs expressions de surprise en concert, on comprend qu’eux-mêmes n’en sont pas toujours très sûrs, mais toujours réjouis, derrière eux un écran sur lequel sont projetées des images vidéos essentiellement produites par photographies, sorte de caméra du pauvre, animation, stop motion , time lapse , ellipses flagrantes, d’autres moins mais tout aussi coupables, mouvements de caméras énervés sur images fixes et placides, superpositions d’images à tout va, le tout mélangé et cuisiné sur place devant vous, sous vos yeux ébahis, pendant qu’on vous divertit les oreilles.

    Apnées est la mise en commun irrespirable de nos rêves et de nos actes manqués, images silencieuses qui crient, et musiciens qui jouent dans le noir. On retient le souffle des spectateurs et on leur fait faire rêves paradoxaux et cauchemars doux, une expérience unique dont on ne ressort pas pareil que quand on est entré, sinon à quoi cela servirait d’aller au spectacle, de sortir de « chez soi ».

    Et sinon en horizontal, l’affichette, elle donne ça :

  • J – 123 : Je ne sais pas comment vous faites, vous, mais moi, quand un programme, un logiciel, une fonctionnalité, ou quoi que ce soit de ce genre me résiste, je finis par aller regarder dans le menu d’aide, mais je ne pourrais jamais dire que j’y trouve toujours ce que je venu chercher. Depuis qu’internet existe aussi massivement qu’aujourd’hui (c’est-à-dire qu’on y trouve à peu près tout ce que l’on cherche et souvent au-delà), quand le menu d’aide n’est pas suffisamment aidant, je me rencarde sur internet et je finis toujours par trouver plus ou moins ce que je cherche en termes d’explications avec parfois des copies d’écran qui me permettent de mieux comprendre comment on atteint telle ou telle figure. Depuis quelques années de tels vecteurs d’aide prennent désormais la forme de vidéos et pour certaines choses c’est même la seule voie possible. En général cela ne fait pas mon affaire, la parole étant pour moi le pire des véhicules, je ne comprends pas toujours bien ce qu’on me dit, je préfère le lire à mon rythme. Sans compter que dans ces vidéographies, le plus souvent réalisées par des amateurs qui touchent leur bille, certes, il y a une façon d’expliquer qui ne va pas toujours dans le sens de la clarté, je ne jette la pierre à personne, quand j’explique quoi que ce soit, singulièrement à mes enfants, personne ne comprend jamais rien, et surtout pas mes enfants pourtant habitués à mes nébuleuses. Les choses s’enveniment d’autant à mes yeux que c’est désormais une tendance lourde, les apprentis sorciers aiment beaucoup s’écouter pisser sur les feuilles, en fait je crois même qu’ils s’aiment tout court énormément. Et donc je pense que pour moi il n’y a pas pire torture que de devoir regarder une telle vidéographie parce que je ne parviens pas du tout à obtenir tel effet dans le logiciel de retouche d’images numériques, ou plus souvent encore, exporter telle ou telle séquence vidéographique dans un format qui est ensuite pleinement reconnu par mon programme de projection, couche alpha comprise. Certaines soirées sont exécrables dans le garage, vous n’avez pas idée, surtout quand ces dernières sont entièrement mangées par une quête pas toujours atteinte, loin s’en faut, d’un résultat dont j’aurais pourtant jugé de prime abord que ce n’était pas la mer à boire, il m’arrive parfois même de jurer ou d’avoir des paroles déconcertantes de bêtise ou même d’impolitesse envers Guy, mon ordinateur s’appelle Guy. Et ces derniers temps j’étais à la recherche d’un effet dans le logiciel d’animation qui pourrait donner le sentiment qu’un texte qui s’affiche progressivement à l’écran est tapé à la machine à écrire — pour donner le sentiment au spectateur d’ Apnées que c’est ce que je suis en train de faire pendant que les deux autres, qui au violon, qui aux percussions, se débattent, eux aussi, avec leurs machines à calculer. Oh, j’en ai bien trouvé de ces tutoriaux vidéographiques, mais aucun au début duquel ne figure pas tout un laïus de bonimenteur dans lequel l’amateur nous explique comment les choses sont paramétrées dans son logiciel et pourquoi il a fait en sorte qu’elles s’affichent de cette manière et pourquoi il nous recommanderait peut-être d’en faire autant, bien que le seul argument qu’il déploie effectivement pour nous convaincre c’est que cela fait plus joli, ce dont on pourrait discuter. Bref quand l’amateur décorateur d’interface de programme, en vient au nœud du problème, les explications sont alors d’une rapidité déconcertantes un peu comme si un prestidigitateur faisant semblant de vous expliquer comment il produit son tour, en n’ayant absolument pas l’intention de vous révéler quoi que ce soit, après tout c’est son fonds de commerce. Dix minutes d’explications à propos de telle ou telle façon d’agencer les icônes des outils dans le logiciel de retouche d’images numérique et une fraction de seconde que vous pouvez difficilement passer au ralenti sur le site de partage de documents vidéographiques : après quoi l’humeur dans le garage est morose, vous n’avez pas idée.

    J’étais donc bernique dans l’eau, comme on ne dit pas, après avoir, dans un premier temps, tenté de trouver, seul, dans le logiciel d’animation une manière de m’y prendre, puis avoir remué ciel et terre dans le logiciel avoir compulsé le menu d’aide pour comprendre que je ne comprenais pas, avoir tenté de chercher des explications écrites sur internet, regardé deux de ces vidéographiques à la gloire de leurs auteurs amateurs, fini par me souvenir que mon voisin d’en face était animateur de métier et comme justement il passait dans la rue, dis Nicolas, toi qui es de la partie j’essaye d’utiliser un effet de machine à écrire en animation, je ne m’en sors pas tout seul est-ce que tu pourrais passer un petit moment dans le garage avec moi pour me montrer comment on fait ?

    -- Pas de problème.

    C’est tout moi chercher au mauvais endroit (internet) ce que je pourrais facilement trouver en face, chez Nicolas-de-chez-Smith-en-face.

    Donc effectivement Nicolas a vite réglé mon problème qui n’en était pas un et je suis désormais en possession de l’extrait vidéographique dont j’ai besoin pour Apnées (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/videos/043.htm ).

    Mais ce que j’ai vu par ailleurs, c’est la façon dont mon voisin Nicolas a pris possession de l’outil d’animation dont je croyais jusqu’à présent qu’il servait essentiellement à être chargé de collections d’images séquencées et de produire, moyennant un peu de paramétrage, des fichiers vidéographiques résultant de cette animation, bref une sorte d’objet bidimensionnel. Mais en quelques clics, Nicolas a déplié l’outil qui s’est littéralement creusé sous mes yeux pour devenir une véritable machine temporelle truffée de petits chronomètres, de déclencheurs s’appliquant à des calques, bref une véritable féérie d’images, un processus capable de produire des étincelles en vrai. Et je disposais d’une telle magie dans le garage en en ignorant tout.

    Et lorsque Nicolas et moi remontons du garage, une petite demi-heure plus tard, Nicolas m’assure que surtout si je rencontre de nouvelles difficultés, il se fera un plaisir de m’aider. On ne pourrait rêver mieux non ?

    Je n’en suis pas si sûr. En fait la boîte de Pandore telle qu’elle a été entre ouverte par mon voisin Nicolas est une boîte à double fond. Je ne peux m’empêcher de regretter de n’avoir pas connu l’existence de telles choses bien avant, disons, il y a une quinzaine d’années, si tant est que de tels outils existaient alors sous cette forme incroyablement performante. Et, taraudé par un tel regret, je suis également assailli par cette pensée triste que je ne sois pas certain que je puisse aujourd’hui démarrer une nouvelle carrière, une carrière de vidéaste en somme. Que n’ai-je suivi Daphna quand elle optait pour la section vidéo en seconde année aux Arts Déco, plutôt que d’aller m’enterrer dans la section photo ! Et c’est curieux, comme je remarque que de plus en plus souvent de telles pensées semblent m’entourer et me cerner de plus en plus près. Je ferai bien de surveiller de tels effets de fossilisation chez moi.

    Mais quand j’y pense ce n’est peut-être pas entièrement un problème de vieillissement ou d’âge, en y pensant bien, j’ai toujours eu un tel sentiment, celui que je n’aurais jamais l’occasion de faire tout ce que j’aimerais faire de ma vie. Et pourtant j’essaye.

    Allez du nerf mon gars !

    Exercice #65 de Henry Carroll : Associez deux images pour créer quelque chose de surréaliste

    #qui_ca

  • J-227 : Magie de voir Dominique (@dominique) et Michele évoluer dans le cadre tellement familier de la Folie à Autun, chez Martin et Isa. Grande tablée samedi midi, balance l’après-midi avec Rose aux boutons, Dominique après une petite demi-heure de réglages qui déclare être comme un coq en pâte , moi tout proche d’un des retours de scène de Michele, j’entends les moindres détails de son jeu tellement subtil, on y est, là où je voulais être, dès le début de l’été.

    Plus tard le soir.

    Pendant que les spectateurs entrent et s’installent, et découvrent tout à la fois le caractère chaleureux de la scène, le set de Michele, la table de contrôle de Dominique, ma petite table à moi aussi, les deux tapis au sol qui délimitent la scène, l’écran derrière, sur lequel est projeté en boucle lente la séquence de la truite aux gommettes, Dominique a installé une manière de prologue auto généré. De temps en temps j’épie depuis la porte de l’atelier de Martin, je trouve cela beau et surtout très accueillant. Au premier rang, je vois Adèle qui est déjà en train de filmer en suivant mes recommandations, cette beauté de la transmission avec mes enfants.

    On s’installe, je réduis la luminosité de ce premier tableau, la main tremblante de trac sur la glissière de couche alpha, puis je bascule sur le calque suivant, celui des Croutes dorées explorées à la lampe de poche (http://www.desordre.net/bloc/contre/spectacle/images/croutes/grandes/index.htm), parfaite réaction de Dominique, on n’entend pas un bruit dans la salle, Michele installe quelques petits craquements dont il a le secret et c’est parti. Je suis tendu comme un arc.

    Durant une heure je prends un plaisir tellement vif à ces enchaînements, mes propres improvisations, mes petites audaces encore timides, des moments où les images et la musique, son rythme, son atmosphère, se touchent parfaitement, s’enlacent, le sentiment de produire avec les deux musiciens un objet rêvé, et cela tombe bien parce que c’est le thème même de ce que je voulais faire, des images paradoxales, spectrales, abstraites par endroits, complexes aussi, cette heure aura été la plus rapide de toute mon existence, la plus belle aussi sans doute, la plus paradoxale sans doute aussi, j’étais à la fois fiévreux de peur et à la fois au comble du bonheur, comme si les images qui étaient projetées sortaient littéralement de ma tête.

    Joie d’entendre le tonnerre d’applaudissements, le salut, bras dessus bras dessous avec Dominique et Michele, la force de ce triangle d’amitié, et le géné-rique qui arrache un sourire et des applaudissements répétés de la part de la septantaine de personnes présentes. Joie ensuite de croiser les regards de quelques amis, après le spectacle, tandis que nous dégustons quelques bouchées de pure sorcellerie culinaire d’Isa, parmi lesquels Laurent Grisel (@laurent2), avec lequel j’échange à propos de son Journal de la crise et de Qui ça ?

    Oui, Laurent, je maintiens, nos propres agissements ont tellement plus de portée que ceux des sinistres que nous tentons de marquer à la culotte, avec des moyens inégaux, ceux de simples citoyens conscients, pas floués, pots de terre lan-cés, tels des bouteilles de champagne, contre la coque du France dans la rade du Havre, en 1964, ne nous brisons pas inutilement. En tout cas pas contre de tels blindages d’égoïsme et, in fine, de bêtise et de lâcheté.

    #qui_ca

  • C’est à Autun. A la Folie. Chez Martin Et Isa (http://www.desordre.net/invites/martin_isa/001.htm). le 17 septembre 2016 à 19H45, un spectacle de Dominique Pifarély (http://www.pifarely.net) (@dominique) , Michele Rabbia (http://www.michelerabbia.com/index.php/en) et Philippe De Jonckheere, évenement culinaire d’Isa Bordat (http://www.isabordat.net).

    La Folie c’est 10 route de Chateau-Chinon, sur les bords de l’Arroux dans les faubourgs d’Autun. Dans l’ombre, presque, du temps de Janus.