Virilité et genre : se défaire des vérités « rustiques » et des robustes préjugés

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  • Quand les virilités partent en vrille, Nancy Huston
    http://www.liberation.fr/debats/2016/08/18/quand-les-virilites-partent-en-vrille_1473260

    Et si les jeunes hommes qui se tournent vers Daech ne toléraient pas leurs propres faiblesses ? Et transformaient leur terreur intime en une terreur politique ? Face au fanatisme, il faut prendre conscience de l’importance du corps et des pulsions.

    #fragilité

    • Ratés, esseulés, sans père ni autre modèle viril valorisant, humiliés, sans avenir crédible, sans la moindre perspective de séduire une femme en incarnant un des modèles acceptables de virilité contemporaine (sinon superstar de la politique ou du sport, au moins détenteur d’un emploi valable), les jeunes Français et Belges qui, aujourd’hui, se tournent vers Daech ne se supportent pas. Et comme il est insupportable de ne pas se supporter, ils transforment leur terreur intime en terreur politique. A l’époque de leur fécondité maximale, ils adhèrent à une idéologie virulente et se fondent religieusement dans une masse masculine, comme l’ont fait les robespierristes, les bolcheviques, les SS, les guévaristes, les Khmers rouges… La liste est longue. Plutôt que de plaquer sur ces comportements l’épithète facile et creux de barbares, on ferait mieux de se rappeler que ceux qui tiennent à se prouver une force impitoyable, ont été petits. Qu’ils se sentent ou se savent encore faibles et poreux. « Je me suis toujours interdit toute compassion, déclare Hitler dans la Chute (2004) d’Oliver Hirschbiegel. J’ai toujours combattu mes sentiments intimes de la même façon que les races inférieures, avec une vigueur brutale. Impossible de faire autrement. » Avant la définition folle et paranoïaque de l’ennemi extérieur (juif, femme, homosexuel, etc.), on s’acharne contre l’ennemi en soi : sa fragilité.

    • « Faire de la masturbation un péché et de l’adultère un crime était certes répressif, mais avait au moins le mérite de reconnaître le penchant inné des hommes pour ces comportements. » Alors que les femmes, elles, n’ont pas de « penchant inné pour ces comportements », c’est bien connu...Misère de la pensée.

    • Virilité et genre : se défaire des vérités « rustiques » et des robustes préjugés
      http://www.liberation.fr/debats/2016/08/29/virilite-et-genre-se-defaire-des-verites-rustiques-et-des-robustes-prejug

      En réponse à la tribune de Nancy Huston intitulée « Quand les virilités partent en vrille », Cyril Barde propose d’élargir le débat en parlant plutôt des masculinités qui englobent les questions sociale, politique et culturelle.

      Virilité et genre : se défaire des vérités « rustiques » et des robustes préjugés
      Il paraît que Nancy Huston fut féministe. Aujourd’hui, ses articles sont salués par Christine Boutin, dont on connaît l’engagement résolu en faveur de l’émancipation des femmes et des corps. Le texte qui emporte l’enthousiasme de la pasionaria anti-mariage pour tous est une tribune publiée sur le site de Libération le 18 août, intitulée « Quand les virilités partent en vrille ». On admire le pluriel poétique, coquetterie de style plus qu’une réflexion sur la multiplicité des formes de masculinité.

      De masculinité d’ailleurs, il n’est pas question sous la plume de Huston. En choisissant d’aborder son sujet sous l’angle de la virilité et non des masculinités (1), l’auteure préfère une notion monolithique, presque toujours employée au singulier, renvoyant à une masculinité dominante, conquérante, voire agressive. La chercheuse Anne-Charlotte Husson résume les enjeux de ce choix sémantique à propos de la virilité : « Il s’agit d’une façon unique d’être un homme, s’exprimant à travers des attributs physiques et des dispositions morales ; un homme correspondra alors plus ou moins à cet idéal normatif, mais ce dernier est présenté comme étant sans alternative. Les attributs associés à la virilité sont le fruit d’un effort et source de fierté […]. Des théoriciens des masculinity studies parlent de "masculinités" parce que le concept se veut pluriel et non normatif ...