Je doute de l’aspect humoristique de l’article, malheureusement (malgré son intertitre « Eurabian nights », que j’ai du mal à trouver aussi désopilant que « Alors monsieur Le Pen, on braconne ? ») .
L’article consiste à balancer des paragraphes de pourcentages de nombre de « musulmans » en 2030 :
– à partir de « imperfect data », ils te publient des tendances au dixième de pour cent près d’ici 2030, ça me semble plus débile que drôle ;
– quand on commence à pinailler les populations au dixième de poil de cul près, ça me semble particulièrement douteux (tu te rends compte qu’il y aura quinze VIRGULE neuf pour cent de Musulmans en Inde en 2030, contre quatorze VIRGULE six aujourd’hui !).
Un paragraphe complet sur des « bleak findings » au Nigéria, qui permet de mettre en avant de subtiles comparaisons entre les femmes musulmanes et les autres (« Illiteracy among Nigerian women of child-bearing age is three times as high among Muslims (71.9%) as among others (23.9%). ») Chiffres totalement décontextualisés ; je ne suis pas un spécialiste du Nigéria, mais je suspecte que de nombreux facteurs peuvent influer sur l’accès à l’éducation des femmes en dehors de leur seule religion. Par exemple :
►http://www.commongroundnews.org/article.php?id=22982&lan=fr&sid=1&sp=0
Le nord est majoritairement musulman tandis que le sud est surtout peuplé de chrétiens. Cependant le problème n’est pas une question de religion. La diversité de religions et d’ethnies à elle seule n’aurait pas abouti à l’éclatement de la violence. Mais l’occidentalisation du sud a engendré des inégalités socio-économiques, renforçant les liens ethniques et même les sentiments d’appartenance religieuse. D’autres tensions ont commencé à s’exprimer et à s’articuler en termes de religion, et les principaux acteurs du conflit se sont mis à utiliser la religion pour gagner un soutien politique.
Le sud est plus riche en ressources naturelles, particulièrement en pétrole, alors que le nord est plus orienté vers l’agriculture. Le pétrole constitue plus de quatre-vingt pour cent des revenus du gouvernement, d’où une concurrence de tout temps, entre les différents groupes, pour accéder à ces ressources. La violence et les rapts de 2006 dans la région du delta du fleuve Niger riche en pétrole (les activistes avaient réclamé alors une part plus grande des revenus fédéraux et des retombées des projets de développement locaux) prouvent bien que le problème de la répartition des ressources naturelles est loin d’être résolu et causera probablement plus de violence dans l’avenir.
Quand tu lis ce genre de chose et le paragraphe du Economist, je crois que le texte du Economist est parfaitement indigne.
Quant au dernier paragraphe, il relance d’autres questions à la con, cite au passage un universitaire « Islam-watcher » et se termine par la bonne grosse question qui tâche :
But with nativism on the march, it is also highly possible that Muslims will come to feel they have less in common with their fellow citizens than with their growing band of co-religionists elsewhere.
(Le musulman cosmopolite et apatride, quoi.)