Debord(er) la carte
▻http://strabic.fr/Guy-Debord-er-la-carte-derive-psychogeographie-internationale-situationniste
« Une carte du monde ne faisant pas mention du royaume d’Utopie ne mérite même pas un coup d’œil, car elle laisse à l’écart le seul pays où l’humanité finit toujours par aborder. » Oscar Wilde, L’Âme humaine et le socialisme, 1891.
Fondateur de l’Internationale Situationniste (I.S.), mouvement d’avant-garde fondé en 1957 et dissous en 1972, Guy Debord aimait les cartes et les plans. Plans de Paris, plans de bataille, carte du Tendre et cartes d’état major. Poète, cinéaste, théoricien marxiste et stratège révolutionnaire, Guy Debord était aussi un grand marcheur et un excellent buveur, deux qualités essentielles pour prétendre à la dérive. Enfant terrible de la promenade baudelairienne, des vagabondages de Thomas de Quincey à Londres et des surréalistes à Paris, la dérive consiste à marcher sans but dans la ville, à s’y laisser aller aux sollicitations du milieu. Ça a l’air fastoche comme ça, mais il y faut beaucoup d’application. « Les difficultés de la dérive sont celles de la liberté » [1]. Tout concourt en effet à diriger les pas urbains. Il ne s’agit pas pour autant de marcher au hasard, mais de suivre le « relief psychogéographique », d’explorer les « unités d’ambiances » ou « plaques tournantes » et d’en rendre éventuellement compte par la fabrication de plans plus ou moins élaborés, les fameuses cartes psychogéographiques.