Trieste, la ville qui a libéré les malades mentaux - Europe

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  • Trieste, la ville qui a libéré les malades mentaux

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    « Psychiatrie sociale »

    « La psychiatrie exercée ici est une psychiatrie sociale. Elle ne s’intéresse pas qu’aux symptômes, mais aussi et surtout à la complexité et à la globalité de la vie des personnes, assure Oletta Chiarappa, assistante sociale au sein du service de santé mentale depuis 30 ans. Nous pensons qu’une personne qui vit dignement, qui a un travail, un logement, la possibilité de se sociabiliser et les mêmes droits que les autres, va aller mieux ».

    A son arrivée dans un centre psychiatrique, le patient établit avec l’équipe un projet de vie. Au début, il s’agit de l’aider à retrouver ses repères : se lever à heures fixes, s’habiller correctement, ranger sa chambre. Puis on l’amène à participer à des activités, au sein du centre ou dans des associations partenaires, avant de lui trouver un travail. Chaque malade étant différent, les équipes du service de santé mentale cherchent à mettre en place des projets adaptés à chacun. « C’est du sur-mesure », explique Oletta Chiarappa. Du sur-mesure dont 5 000 malades ont profité en 2011, certains venant même parfois d’autres régions d’Italie pour être traités.

    Un rapport d’égal à égal entre personnel et patients

    Elia est l’un d’eux. Lorsqu’il est arrivé au centre Maddalena en 2011 après une tentative de suicide, ce professeur de théâtre a proposé de mettre ses connaissances artistiques au service des autres patients. Il ne l’a plus quitté, revenant chaque après-midi pour encadrer des activités de théâtre et d’arts plastiques. « Une des plus grandes satisfactions est de voir des personnes arriver avec un extrême manque de confiance en elles et en leurs capacités en affirmant qu’elles ne savent rien faire, et sortir avec quelque chose réalisée de leurs propres mains, et dire : ’ voilà, ça c’est moi qui l’ai fait ’ et être fières », rapporte Elia d’une voix posée.

    Il appelle ces activités des « laboratoires », car elles permettent à chacun de faire partager ses connaissances aux autres. Tout le monde est libre d’y participer. Des élèves d’Elia, des membres du personnel ou même de simples visiteurs se mêlent ainsi aux malades. « Ces laboratoires bousculent la hiérarchie entre personnel et patients, en les mettant sur le même pied d’égalité et de dignité, dit encore Elia. Une personne qui a acquis des techniques peut les enseigner à une autre ».

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