La crise chez Caterpillar ? Un choix

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  • Belgique : La crise chez Caterpillar ? Un choix _ Germain Mugemangango Solidaire.org
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    Ce vendredi 2 septembre, la direction de Caterpillar a annoncé la fermeture du site de Gosselies (Charleroi). 2 200 emplois risquent de passer à la trappe. Une nouvelle étape dans la stratégie mondiale de la multinationale, dont le souci premier est de maintenir les dividendes le plus élevé possible pour les actionnaires.
    L’article ci-dessous a été écrit début octobre 2015, alors que le groupe Caterpillar annonçait la suppression de 10 000 emplois au niveau mondial. Au vu des événements de ce 2 septembre 2016, il apparaît toujours aussi pertinent...

    Voici déjà des années que la direction de cette multinationale harcèle les travailleurs avec sa « Vision 2020 ». Une « vision » qui prévoyait d’obtenir un chiffre d’affaire de 100 milliards de dollars et un dividende important par action (dividende de 20 dollars sur les 15 dernières années du plan). Le plus étonnant était de la voir marteler cette vision malgré la crise économique. Seulement, les chiffres sont là. Au lieu des 100 milliards annoncés, on est plutôt à une prévision de 48 milliards de dollars pour l’année 2015. Un chiffre d’affaire en baisse pour la troisième année.

    Enrichir les actionnaires, appauvrir les travailleurs
    Malgré la crise, Bill Gates a touché 30 millions de dollars de dividendes grâce à ses actions Caterpillar en 2014. Les dividendes ont continué à grimper ces dernières années alors que le chiffre d’affaire, et donc le nombre de machines vendues, était en diminution. Comment expliquer cela ? Ce sont les travailleurs qui ont rémunéré les actionnaires. En 2 ans, la multinationale a détruit 31 000 emplois 1 .

    Tout bénef pour la multinationale : un gain net en réduction de masse salariale, les travailleurs restants cravachent pour produire, le chômage économique permet à la direction de financer une partie de ses travailleurs sur le dos de la collectivité. C’est dans ce cadre-là qu’il faut comprendre l’annonce de ces 10 000 licenciements. 

    La stratégie de Caterpillar, qui est celle des autres multinationales, ne peut que mener au gouffre. La crise économique est créée par la sous-consommation des travailleurs et des États. Ainsi que par le sous-investissement des entreprises qui, vendant moins leurs produits, produisent moins et consomment moins d’énergie (ex : le charbon). Au delà des considérations éthiques et écologiques, la faillite du secteur minier de Caterpillar est générée par le faible niveau de production de l’industrie. Ce faible niveau de production est causé par la baisse de pouvoir d’achat des États et des particuliers. Or que fait Caterpillar ?

    Après avoir mis 31 000 travailleurs sur le carreau, la multinationale se propose d’en mettre à nouveau 10 000 dehors. Aggravant de ce fait le problème de sous consommation.

    Et si les dividendes étaient gelés pour 2015 ?
    Le plan de licenciement de Caterpillar doit rapporter à la boîte 1,5 milliard de dollar sur base annuelle.

    L’actionnariat de l’entreprise a reçu 1,635 milliard de dollars en 2014. En 5 ans (de crise), ils ont pompé 6,4 milliards de dollars aux travailleurs sous forme de dividendes2. Si la direction décidait un gel des dividendes pour l’année 2015, elle aurait l’argent nécessaire pour permettre le maintien de l’emploi. C’est donc un choix.

    À ce raisonnement on pourrait objecter que la multinationale a besoin de la bourse pour se financer. Or Caterpillar dispose de l’argent nécessaire pour se financer. En 2012, les entreprises américaines avaient accumulé un trésor de guerre de 1 450 milliards de dollars et Caterpillar n’a pas échappé à cette règle3. De plus, Caterpillar a procédé ces dernières années au rachat de ses propres actions pour un montant de 7,5 milliards de dollars et a déjà décidé de poursuivre d’ici 2018 ce rachat de ses propres actions pour un montant de 10 milliards de dollars. Soit assez d’argent pour protéger plus de 10 fois les 10 000 emplois menacés actuellement4.
    1. RTBF, 25 septembre 2015
    2. D’après les chiffres officiels parus dans la Review Cat 2014
    3. Easybourse.com, 20 mars 2013
    4. Zonebourse.com, 30 janvier 2014