Cet ancien article de Jared Diamond (1987), illustre une fois de plus son obsession pour la croissance démographique comme moteur principal de l’évolution des activités humaines. Cette obsession a été particulièrement critiquée à l’occasion de ces livres De l’inégalité parmi les sociétés (1997) et Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie (2005) voir en particulier les articles de Daniel Tanuro et le livre collectif Questioning Collapse ►https://seenthis.net/messages/519656
Sur les pistes d’explication du développement de l’agriculture, on peut écouter Jean-Denis VIGNE (Archéozoologue et biologiste au Muséum National d’Histoire naturelle) dans cette conférence de mars 2014 où il relate l’état des récentes recherches (en particulier à partir de la quarantième minute). Il souligne à quel point les différentes causalités sont mêlées et l’importance de l’évolution culturelle comme moteur :
▻https://www.youtube.com/watch?v=YQVr0Q86RXw
Sinon il y a aussi les émission de Jean Claude Ameisen Sur les Épaules de Darwin consacrée à la naissance et la diffusion de l’agriculture :
▻https://www.youtube.com/watch?v=BMKeRny7uFM
▻https://www.youtube.com/watch?v=Ah2zZRKTdRs
Les passages où Jared Diamond soutien la thèse de la croissance démographique :
Ces éléments suggèrent que les indiens des Dickson Mounds, à l’instar de beaucoup d’autres peuples primitifs, se sont mis à cultiver, non par choix, mais par nécessité, afin de nourrir leur population en constante augmentation.
[...]
L’agriculture pouvait soutenir une population bien plus importante que la chasse, en dépit d’une qualité de vie plus pauvre.
[...]
Tandis que les densités de population des chasseurs-cueilleurs s’élevèrent doucement à la fin des périodes glaciaires, des groupes durent choisir entre nourrir plus de bouches en s’orientant vers l’agriculture , et trouver des moyens pour limiter cette croissance . Quelques groupes choisirent la première solution, incapables d’anticiper les mauvais côtés de l’agriculture et séduits par l’abondance éphémère dont ils bénéficièrent jusqu’à ce que la croissance de la population rattrape l’augmentation de la production de nourriture. Ces groupes-là se reproduisirent en grand nombre, puis s’en vinrent décimer les groupes qui avaient choisi de rester chasseurs-cueilleurs, parce qu’une centaine d’agriculteurs mal nourris peuvent quand même combattre un seul chasseur-cueilleur isolé. Les chasseurs-cueilleurs n’ont pas vraiment abandonné leur mode de vie, mais ceux qui s’étaient montrés assez raisonnables pour le conserver ont été expulsés, sauf des régions dont les agriculteurs ne voulaient pas.
A ce stade, il est utile de rappeler l’accusation banale qui prétend que l’archéologie est un luxe, préoccupé par le passé lointain et n’offrant aucune leçon pour le présent. Les archéologues étudiant l’avènement de l’agriculture ont reconstitué une période cruciale, celle où nous avons commis la pire erreur de l’histoire humaine. Sommés de choisir entre limiter la population ou essayer d’augmenter la production de nourriture, nous avons choisi cette dernière solution et ainsi subi la famine, la guerre, et la tyrannie.
#néolithique