Le Liban en proie à des effets dévastateurs en cas de hausse mondiale des prix alimentaires - Anne-Marie El-HAGE

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  • Le Liban en proie à des effets dévastateurs en cas de hausse mondiale des prix alimentaires - Anne-Marie El-HAGE - L’Orient-Le Jour
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    Selon les estimations onusiennes, un tiers de la population libanaise est touché par la pauvreté. Une réalité qui a augmenté de 4 % environ durant les cinq dernières années, depuis le début de la crise syrienne. Pire encore, 70 % des réfugiés syriens vivent au Liban dans l’extrême pauvreté, avec moins de 1,25 dollar par jour.

    Il faut dire qu’à cause de l’augmentation de l’offre d’une main-d’œuvre syrienne temporaire et peu qualifiée, la compétition pour l’emploi est acharnée et les salaires dégringolent. Les réfugiés syriens dépendent presque totalement des aides alimentaires du Programme alimentaire mondial, sous forme de bons d’achat qu’ils dépensent dans des magasins partenaires. En 2015, seulement 11 % des réfugiés syriens du Liban bénéficiaient d’une sécurité alimentaire, alors qu’en 2013, ce chiffre était de 32 %.

    Les Libanais se portent mieux, certes, mais eux aussi commencent à montrer des signes d’insécurité alimentaire et nutritive. Vu le manque d’argent et de ressources, 49 % des Libanais se disent aujourd’hui inquiets quant à leur capacité à assurer assez de nourriture, et 31 % affirment n’avoir pas pu manger des aliments sains et nutritifs durant l’année en cours.

    Paradoxalement, l’obésité est en augmentation. Durant les cinq dernières années, elle a augmenté de 10,9 % chez les enfants de 6 à 19 ans et de 28,2 % chez les adultes. Et pour cause, les habitudes alimentaires des Libanais changent. Ces derniers délaissent les régimes riches en micronutriments pour adopter des habitudes alimentaires occidentales, riches en calories, en sucre et en matière grasse.

    (Lire aussi : Deux réfugiées, une mendiante, 90 Libanais)

    Un secteur agricole laissé pour compte
    Autre indicateur dans le rouge, celui du secteur agricole, qualifié par l’Escwa de « laissé-pour-compte », alors que le pays du Cèdre importe plus de 80 % de ses besoins alimentaires. Représentant 23 % de la production nationale à la fin de la guerre civile, en 1990, ce secteur ne représente plus désormais que 4 % environ du produit intérieur brut (PIB). Et dans la plaine de la Békaa, des habitations poussent comme des champignons, remplaçant les champs agricoles, les uns après les autres. Touchés par la pauvreté, délaissés par les autorités, nombre de paysans abandonnent les champs, migrent vers les villes ou partent pour l’étranger.

    Si les travailleurs agricoles sont considérés comme étant les travailleurs les plus pauvres de tous les secteurs de l’emploi, environ 40 % des fermiers vivent dans la pauvreté et ne bénéficient d’aucune prestation sociale ou de prise en charge médicale, constate le rapport. À leur instar, 40 % des Libanais percevant un salaire ne bénéficient pas de la couverture de la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS).
    Le potentiel agricole du Liban est certes non négligeable. Près de 65 % des terres du pays sont arables, mais les surfaces cultivées ne représentent que 231 000 hectares, dont seulement la moitié est irriguée, vu l’échec des grands projets étatiques d’irrigation. Paradoxalement, ce secteur représente encore le quart de l’emploi dans le pays et jusqu’à 80 % de la production économique des régions rurales.

    #Liban #pauvreté #agriculture