« Please don’t say, we’ll never find a way » (« Layla », Derek and the Dominos)

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  • Sacré pavé de J. Raillane. Difficile d’en extraire un bout tellement l’ensemble est riche.

    « Please don’t say, we’ll never find a way » (« Layla », Derek and the Dominos) | Terrorismes, guérillas, stratégie et autres activités humaines
    http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2016/09/07/brrrt

    La mouvance jihadiste mondiale peut ainsi être schématisée autour de cinq pôles principaux :

    Al Qaïda (Al Qaeda Senior Leadership – telle que décrit par Bruce Hoffman et Fernando Reinares) ;
    Ses franchises (AQMI, AQPA, AQIS, les Shebab – une partie, du moins, le réseau Haqqani, certains mouvements en ASE, etc.) ;
    L’Etat islamique (donc les territoires qu’il contrôle en Irak et en Syrie) ;
    Ses wilayas (donc, hors des territoires précédemment mentionnés) ;
    Les acteurs autonomes, inspirés par les uns et/ou par les autres (cellules familiales, groupes locaux, etc.).

    Ce pentacle du jihad est ainsi constitué de cinq grands types d’acteurs, tous liés d’une façon ou d’une autre, certains susceptibles de changer d’allégeance et tous capables de s’influencer :
    Vite, une craie pour tracer un pentacle et invoquer Celui qu’il ne faut pas nommer.

    Vite, une craie pour tracer un pentacle et invoquer Celui qu’il ne faut pas nommer.

    Depuis le temps qu’on court après des jihadistes, qu’on les arrête et qu’on les interroge, qu’on les écoute ou qu’on les tue, certaines vérités les concernant sont connues :

    Le jihad est intrinsèquement international. Les événements qui se produisent là-bas peuvent influencer des acteurs ici, et inversement. Les réseaux eux-mêmes sont systématiquement à cheval sur plusieurs Etats ;
    Le jihad est un récit, celui d’un combat de révoltés – dont on a parfaitement le droit de penser que la lutte est absurde, les méthodes insupportables et l’idéologie délirante – qui nous défient et nous renvoient à ce que nous sommes et faisons ;
    Le jihad mondial est la somme de jihads locaux, de luttes parfois très différentes (irrédentisme ici, révolution ratée là, réponse à un système économique et social défaillant ailleurs, riposte à des ingérences extérieures, crise identitaire profonde, etc.) ;
    Le jihad, dont le nom même dit bien que nos ennemis sont en guerre contre nous, associe en fonction du lieu et du moment actes de terrorisme et opérations paramilitaires, voire réellement militaires ;
    La mouvance jihadiste est faite d’allégeances, de connivences personnelles. Elle n’implique pas assez de personnes pour autoriser la moindre généralisation à l’encontre de groupes humains, mais elle est assez importante pour mobiliser des appareils d’Etat, défier des systèmes politiques et poser des questions troublantes au sujet de crises profondes et anciennes dans certaines régions. Il n’est donc pas question ni de la nier ni d’en faire la preuve ultime d’un hypothétique choc des civilisations, mais simplement de l’affronter – même si justement, ce n’est pas si simple.

    Une fois encore, et pour citer mon premier chef (auquel j’adresse mes salutations respectueuses), on y voit plus clair avec un schéma :