• A quoi bon célébrer une journée des droits de l’enfant si la France ne les respecte pas ? | Bondy Blog
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    A quoi bon célébrer ici une journée internationale des droits de l’enfant lorsque nous savons que la patrie des droits de l’homme, comme on l’appelle, a été condamnée, cinq fois, oui vous avez bien lu, cinq fois, en juillet 2016 par la Cour européenne des droits de l’homme pour avoir enfermé des enfants étrangers dans des centres de rétention administrative ? C’est précisément la violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’Homme par la France qui est sanctionnée : celui qui indique “nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants“. Rien que cela.

    En janvier 2012, par exemple, la Cour européenne a condamné la France pour le placement en rétention pendant 15 jours de deux enfants de cinq mois et trois ans avec leurs parents. Et ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres. “La France compte parmi les trois seuls pays européens qui recourent systématiquement à la rétention de mineurs migrants accompagnés“, notaient alors les juges européens. Un mois plus tard, le 20 février 2012, François Hollande, alors candidat à la présidence de la République écrivait ceci à deux associations, l’Observatoire de l’enfermement des étrangers et au Réseau éducation sans frontières : “Je veux prendre l’engagement, si je suis élu à la présidence de la République, à mettre fin dès mai 2012 à la rétention des enfants et donc des familles avec enfants”. En 2015, 105 enfants ont été placés en rétention par la France. 105 enfants.

    C’est cette même France qui fait partie des 191 Etats ayant ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant. C’était en 1990. L’ambition affichée par les pays signataires était celle de promouvoir et de garantir la protection universelle à tout enfant relevant de leur juridiction, indépendamment notamment de leur nationalité. Visiblement, la France semble l’avoir oubliée.

    Pour quelles raisons les autorités refusent de se conformer aux dispositions de deux traités internationaux érigés par nature au premier rang de la hiérarchie des normes ? Pourquoi continuent-elles à ne pas respecter les droits fondamentaux des enfants ?

    L’Etat n’est pas seul coupable ici. Certaines collectivités, au premier chef desquelles, des communes, refusent de scolariser des enfants en raison de leur origine ethnique. Ainsi, récemment, le maire de Saint-Ouen, William Delannoy, en Seine-Saint-Denis, a tranquillement affirmé qu’il refusait de scolariser des enfants roms dans sa commune. D’ailleurs, d’autres municipalités agissent de la sorte sur le territoire national. Puisque ni le droit européen ni le droit international ne suffisent, faut-il ici rappeler ce que dit le droit français, notamment le Code de l’éducation qui indique à son article L131-1 : “L’instruction est obligatoire pour les enfants des deux sexes, français et étrangers, entre six ans et seize ans” ? Qu’est ce que ces municipalités ne comprennent pas dans le mot “obligatoire” ? En France, en 2016, des enfants ont ainsi cours dans des camions grâce à des associations qui se battent pour donner une instruction à des mômes ostracisés par des mairies.

    Comment ces enfants peuvent-ils se construire dans la dignité alors même que les autorités n’assurent pas leur protection au quotidien et nient leurs droits les plus élémentaires ? Si les autorités refusent si éhontément de respecter les droits de nos enfants, c’est bien le signe qu’il n’y a plus de limites.

    Des violations graves du droit national et international qui décomplexent visiblement certains politiques à tenir des propos sans le moindre scrupule et sans le moindre respect pour les enfants de ce pays. A commencer par l’ancien chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy qui n’hésite pas, dans sa course à la primaire, à faire son marché électoral sur le dos de certains enfants en leur suggérant de prendre “une double ration de frites” à la cantine s’ils ne mangent pas de porc. Sans parler de la stigmatisation des enfants musulmans à l’école par Robert Ménard, ou bien encore la suppression de l’accueil du matin dans les écoles pour les enfants des demandeurs d’emploi, par le même maire de Béziers.

    On ne dit pas n’importe quoi lorsqu’il s’agit d’enfants. Ils doivent être protégés et préservés. Les enfants d’aujourd’hui sont les citoyens de demain. Ils ne comprennent pas forcément tout, mais la violence des mots, des comportements, le non respect de leurs droits les plus fondamentaux, ils sauront s’en souvenir. Si ce 20 novembre pouvait au moins servir à le rappeler.

    • On protège mieux les animaux que les enfants, de nos jours, faire comme si tous les enfants vivaient de façon égale alors que le chômage, la pauvreté est grandissante. Les Resto du Coeur, Secours catholique, n’ont jamais été si mis à l’épreuve (plus de 100 millions de repas ) étant donné la grande pauvreté des français. La France pays riche place son argent dans les paradis fiscaux et les élus ou élites font de même.

    • Ca dépend des animaux, je ne connais pas de boucher qui vende de la viande d’enfants (et heureusement bien sur). Ça sert a rien de comparé enfants et non-humains, heureusement qu’on protège les non-humains (nous le faisons bien peu au regard des monstruosités que l’humanité leur inflige) et efforçons nous de protéger les humaines et les humains aussi au lieu de mettre en compétition les victimes.

      Il y a aussi un lien entre les violences subit par les enfants, les femmes et les animaux non-humains. Les machos sont fières de manger de la viande, les cogneurs de femmes s’en prennent aussi souvent aux enfants et aux bêtes. Le pater familias possède et dispose de ces trois groupes opprimés dans le patriarcat.

  • Frédéric Lordon au Bondy Blog : “Avec Nuit Debout, le feu n’a pas pris” | Bondy Blog
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    La première réception médiatique de Nuit Debout avait été étonnamment bonne. Pas si étonnamment d’ailleurs quand on y pense : tout conspirait en effet à ce qu’elle le fût : la composition sociologique de la place, réunissant essentiellement de la #jeunesse urbaine éduquée et précaire, bien faite pour susciter une sympathie aussi spontanée qu’irréfléchie de la part de la #classe médiatique, un effet de sympathie par similitude d’ailleurs porté à son comble avec les #journalistes de terrain envoyés tendre un micro ou une caméra, et qui sont eux-mêmes des représentants typiques de cette jeunesse qu’ils venaient interroger ; et surtout, une orientation que j’ai qualifiée de “citoyennisme”, et même de “citoyennisme intransitif” en cela qu’elle était surtout préoccupée de débattre pour débattre, et d’écarter toute arête saillante, tout thème clivant, pour mieux “rassembler” et “inclure”. Lors de ce meeting, j’avais annoncé que les choses changeraient instantanément du moment où s’affirmerait dans Nuit Debout une ligne non pas citoyenniste mais combative, assumant pleinement le #conflit #politique et #social, en l’occurrence décidée, dans la conjoncture qui était alors la nôtre, à l’engagement au côté des organisations de salariés dans le mouvement contre la loi El Khomri. Je rappelle incidemment que la naissance même de Nuit Debout, telle qu’elle a été portée par ses initiateurs à partir de février a eu intimement partie liée avec le mouvement social, d’abord au travers du film “Merci patron !”, ensuite parce que le mot d’ordre “On ne rentre pas chez nous !” ne faisait sens que comme prolongement de la #manifestation du 31 mars. Je laisserai à d’autres le soin de déterminer, de la ligne citoyenniste et de la ligne politique-sociale, laquelle l’a emporté. On a rarement vu un mouvement de #contestation d’un ordre social célébré par les gardiens de cet ordre social. C’est exactement ce qui s’est produit. La réception médiatique s’est renversée du tout au tout. Ça a été une explosion généralisée d’éditoriaux hallucinés – car cette fois-ci, il n’était plus question de laisser cette histoire aux soutiers de l’#information, ça devenait une affaire d’éditorialistes. Il faudrait établir une anthologie de ce qui a pu s’écrire à cette époque, c’est réjouissant de bêtise et de délire. La chose qui a fait disjoncter le système, c’est que nous remettions à l’agenda du débat public ce que tous ces gens se sont efforcés d’en chasser depuis des décennies : la question du #capitalisme.