La morgue du quai de l’Archevêché

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    La morgue de l’Archevêché, une attraction parisienne de la seconde moitié du XIXe siècle

    Comme celle du Marché Neuf, la morgue de l’Archevêché devint vite une attraction pour le Paris de la seconde moitié du XIXe siècle. Ouvriers, jeunes, femmes du centre ville… tous viennent faire la queue pour voir les derniers arrivés de la salle des expositions.

    En août 1866, le journal La Liberté décrit l’ambiance autour de la morgue de l’Archevêché suite à la découverte d’une enfant tuée dans la rue du Vertbois :

    « La foule se porte plus que jamais en masse à la Morgue, et, malgré les efforts de la police, de vrais scandales se produisent ; la populace se rue sur les portes en poussant des cris sauvages ; les chapeaux tombés sont foulés aux pieds ; les ombrelles et les parapluies sont brisés, et hier, des femmes se sont trouvées mal, étant étouffées à moitié. M. Pierre, greffier de la Morgue, fait tout ce qu’il peut pour remédier à cet état de choses ; malheureusement, c’est pour ainsi dire impossible, bien qu’il ait pris la précaution de ne laisser entrer les « curieux que par fournées. A un moment même, la place encombrée, les agents ont eu maille à partir avec des individus appartenant à la plus basse populace, ils ont dû échanger des coups de poings. Il est regrettable, que l’on tolère la présence sur la place de marchands de fruits et de camelots. Cela ne contribue pas peu à rendre impossible la circulation. »

    Emile Zola décrivit lui aussi l’activité de la morgue. Dans Thérèse Raquin, il écrit : « un spectacle à la portée de toutes les bourses que se paient gratuitement les passants pauvres ou riches, la porte est ouverte, entre qui veut, il y a des amateurs qui font un détour pour ne pas manquer une de ces représentations de la mort. Lorsque les dalles sont nues, les gens sortent désappointés, volés, murmurant entre leurs dents ; lorsque les dalles sont bien garnies, lorsqu’il y a un bel étalage de chair humaine, les visiteurs se pressent, se donnent des émotions à bon marché, s’épouvantent, plaisantent, applaudissent ou sifflent comme au théâtre et se retirent satisfaits en déclarant que la Morgue est réussie ce jour-là »