« Etre mère, un cauchemar dont je ne me réveillerai jamais »

/etre-mere-un-cauchemar-dont-je-ne-me-re

  • « Etre mère, un cauchemar dont je ne me réveillerai jamais » - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2016/09/12/etre-mere-un-cauchemar-dont-je-ne-me-reveillerai-jamais_1494774

    La pression imposée outre-Rhin sur les femmes et la liberté perdue avec l’arrivée d’un enfant font qu’un Allemand sur cinq regrette d’avoir été parent.

    « Etre mère, un cauchemar dont je ne me réveillerai jamais »

    S’ils avaient de nouveau le choix d’avoir ou non des enfants, 20 % des parents allemands ne le referaient pas. Selon un sondage réalisé fin juillet par la société d’études de marché sur Internet YouGov auprès de parents de tous âges, seuls 73 % des Allemands ayant des enfants ne regrettent pas leur décision, 7 % sont indécis et 20 % - pères comme mères - sont catégoriques : même s’ils aiment leurs enfants, ils estiment en regardant en arrière que donner la vie a été pour eux une erreur. Telle Anne, 40 ans, mère d’un petit garçon de 2 ans. « Je me suis dit, c’est maintenant ou jamais, raconte cette Berlinoise. Malheureusement, c’est un cauchemar dont je ne me réveillerai jamais. » Anne regrette sa vie et sa liberté antérieures. Idem pour Doris, 32 ans, mariée et mère de trois enfants. Les deux aînés vivent chez leur père. Le plus jeune est élevé par ses grands-parents. « Mettre des enfants au monde, OK, mais le problème, c’est tout ce qui vient après. Laissez-moi tranquille ! » Même chose pour Ilse, 54 ans, partie seule à Londres lorsque ses fils avaient 8 et 11 ans. La famille vit aujourd’hui réunie en Angleterre…

    Depuis 2015, le débat autour du regret d’être parent ne faiblit pas en République fédérale, un pays où 40 % des diplômées de l’enseignement supérieur de plus de 40 ans n’ont pas d’enfant. C’est une étude de la sociologue israélienne Orna Donath qui a mis le feu aux poudres début 2015 (lire Libération du 11 juillet). Orna Donath, 39 ans, savait « déjà à 16 ans » qu’elle ne voudrait pas d’enfant. Pour son travail, elle a interviewé 23 mères israéliennes âgées de 20 à 70 ans, diplômées de l’enseignement supérieur ou ouvrières, mères ou même grands-mères, qui déclarent toutes qu’on ne les y reprendrait pas si elles devaient choisir aujourd’hui - avec leur expérience de la maternité - d’avoir ou non des enfants. Depuis l’étude d’Orna Donath, plusieurs ouvrages sont parus en Allemagne sur le même thème, dont le Mensonge du bonheur maternel de Sarah Fischer ou Wenn Mutter sein nicht glücklich macht (« Quand être mère ne rend pas heureuse ») de Christina Mundlos. Articles de presse, débats télévisés, échanges Twitter sous le hashtag #regrettingmotherhood… L’étude d’Orna Donath a provoqué un débat fleuve que rien ne semble pouvoir arrêter.

    En Allemagne, la mère d’un nourrisson apprend de son pédiatre que, pour le bien de son enfant, elle devra l’allaiter exclusivement pendant six mois, le faire dormir dans son lit pour le rassurer, lui préparer elle-même ses purées de carottes bio… Difficile d’envisager un mode de garde hors de la maison avant 3 ans, et en aucun cas avant 1 an, sans quoi le bébé risque un traumatisme irréversible… Trois ans plus tard, une fois passées les interminables semaines d’adaptation au jardin d’enfants - d’abord avec la mère, qui peut ensuite sortir pour une heure, puis deux lorsque l’enfant manifeste sa satisfaction d’entrer en sociabilité -, débute une véritable compétition à la meilleure mère. « Le catalogue d’exigences présenté aux mères, ou qu’elles se fixent elles-mêmes, est tout simplement monstrueux, constate la sociologue Christina Mundlos. Pas question d’amener à la fête de l’école des donuts décongelés. Il faudra confectionner un gâteau en forme de bateau de pirate sur trois étages, s’engager bénévolement à tenir la bibliothèque de l’école, bricoler soi-même la pochette-surprise de la rentrée pour les élèves de CP, que vous pouvez aussi acheter toute faite… » Qu’une femme ne respecte pas ce code non écrit de la maternité, en travaillant par exemple à temps plein lorsque ses enfants sont en bas âge : elle se verra affublée du sobriquet de « mère corbeau » (Rabenmutter), terme de désapprobation typiquement germanique. A l’opposé, la presse people regorge d’articles sur les stars devenues mère avec des titres tels que « Enfin maman ! » ou « Le bonheur de sa vie ! »

    « Dans une société protestante, la mère est celle qui guérit la société, explique Barbara Vinken. C’est grâce à la mère - avant la guerre, l’épouse du propriétaire terrien noble, maternelle avec ses employés - qu’on n’a pas eu de révolution en Allemagne. Et la Réforme avec Luther fait de la famille l’espace du sacré. Pour les protestants, la famille est l’espace de l’humain, de la bienveillance. Ce n’est pas l’église comme pour les catholiques. » L’histoire plus récente du pays explique aussi en partie cette recherche de la perfection maternelle. Les femmes allemandes ont été pressées d’enfanter puis de confier leurs enfants à des organisations de jeunesse par les nazis. « En RDA, il fallait placer très tôt son enfant en crèche », rappelle la sociologue Birgit Riegraf, de l’université de Paderborn. La mère au foyer, disponible en permanence pour ses enfants, était alors présentée comme une riposte au modèle communiste du temps de la guerre froide.

    #femmes #mères #discrimination

    Le texte commence à parler de parents mais en fait il ne s’agit que de mères. Les pères allemands on n’en parle pas, ils doivent être occupés au bordel.