Le #web : une croyance partagée
▻http://tcrouzet.com/2016/09/15/le-web-une-croyance-partagee
▻http://i2.wp.com/tcrouzet.com/images_tc//2016/09/Göbekli_Tepe_site.jpg?fit=400%2C300
Je ne peux alors m’empêcher de penser à ce que nous avons vécu durant les vingt premières années du Web. Nous avons été nombreux à croire qu’il changerait le monde d’une manière aussi radicale que l’agriculture. Pour certains, il s’agissait de la totalité du monde, avec un basculement des structures hiérarchiques au profit d’organisations horizontales, pour d’autres, il s’agissait du monde de la littérature, avec une mise en #réseau des auteurs et des lecteurs.
Nous avons été innombrables à partager ces #croyances, à nous stimuler les uns les autres, à déborder d’activité et d’énergie. Nous avons rêvé, sans doute comme les artistes ont rêvé chaque fois que des mouvements esthétiques les ont emportés, à Montparnasse ou ailleurs. Ces brusques flambées, rendues possibles par une croyance commune, s’étiolent dès qu’elles se heurtent à la réalité. Il nous aura fallu une vingtaine d’années tout au plus pour que nous passions à travers le mur des illusions.
Aujourd’hui, quand je consulte dans mon Feedly mes abonnements RSS, je n’y trouve presque plus aucun blogueur, non pas que les ai supprimés de ma liste mais parce qu’ils ont cessé de publier ou parce qu’ils écrivent de moins en moins. Je ne vois plus que les articles sans reliefs des journalistes, je ne vois plus que ce que je voyais avant dans les journaux papier, comme si j’avais rêvé de ma révolution.
Certains bloguent encore, mais la croyance qui était nôtre ne les anime plus. Ils courent pour eux, pour exister au regard d’entités de #légitimation, celle des médias justement, celles des entreprises, des professeurs… Ils ne s’adressent plus à leurs pairs, dans un réseau de pair à pair, mais à ceux qui pourraient leur donner du pouvoir.