• France 2020 : 68 000 décès supplémentaires imputables à l’épidémie de Covid-19 – Population & Sociétés n° 587, mars 2021
    https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/31218/587.populations.societes.mars.2021.deces.supplementaires.covid.19.1.fr.pdf

    L’épidémie de Covid-19 affecte de façon importante la démographie de la France. Le nombre de décès a nettement augmenté, et celui des naissances a baissé avec un décalage de 9 mois. Commentant le bilan démographique de 2020, Gilles Pison et France Meslé nous expliquent plus particulièrement pourquoi le nombre de décès attribués à la Covid-19 en 2020 dépasse de beaucoup la hausse des décès toutes causes confondues survenue entre 2019 et 2020.
    […]
    C’est un résultat important : la répartition par âge des décès dus à la Covid-19 est assez proche de celle de la mortalité générale. On a beaucoup dit que les personnes âgées étaient, de loin, les premières victimes de l’épidémie de Covid-19. C’est vrai, mais à peine plus que pour les autres causes de mortalité (figure 2a). De nos jours, fort heureusement, on meurt la plupart du temps à des âges élevés, rarement dans la jeunesse ou à l’âge adulte. La mortalité par Covid-19 ne s’éloigne guère de ce schéma général. En revanche, ce profil par âge du risque de décès s’éloigne sensiblement du profil observé ces dernières années pour la grippe saisonnière, qui épargne davantage les jeunes et les adultes d’âge moyen.
    […]
    Rappelons cependant que la proximité des risques de décès par âge entre la Covid-19 et la mortalité générale ne doit pas conduire à minimiser l’épidémie. Le bilan de l’année 2020 reste accablant : l’épidémie de Covid-19 a interrompu 68 000 vies dans notre pays durant cette seule année, et cela en dépit des mesures prises pour freiner la propagation du virus.

  • Terrible nouvelle pour Macron : le chiffre des 68 000 morts de Covid-19 en France a été gonflé, d’après une étude (Lecourrier-du-soir.com)
    https://www.crashdebug.fr/terrible-nouvelle-pour-macron-le-chiffre-des-68-000-morts-de-covid-19-en-

    Bonjour, on le savait, mais c’est ici confirmé,...

    Une nouvelle étude qui risque de mettre l’Exécutif dans l’embarras. En France, au moment où l’Exécutif se bat pour faire face à la hausse exponentielle des cas sur toute l’étendue du territoire national, notamment en région parisienne, une étude rendue publique ce 17 mars et consultée par Lecourrier-du-soir.com risque de semer une vive polémique.

    En effet, d’après l’étude menée par deux chercheurs, Gilles Pison et France Meslé, de l’institut national d’études démographiques (INED), les chiffres de décès attribués au Covid-19 englobent des cas de personnes décédées d’autres pathologies. L’étude conclut ainsi que sur les 68 000 morts, seuls 42 000 seraient réellement imputables au Coronavirus.

    Relayant cette information, le média Sud Ouest dira : “quelque 68 000 (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

    • Question bête : tu sais lire ? je veux dire au delà de la phrase qui semble valider tes a priori.

      Le début du texte :

      La France métropolitaine a enregistré 654 000 décès en 2020. Soit 55 000 décès de plus que les 599 000 de 2019. C’est une hausse de 9,2 %. Mais une partie de cette hausse – de l’ordre de 13 000 décès – est due au vieillissement de la population qui s’observe chaque année en l’absence de gain d’espérance de vie. Restent donc 42 000 décès supplémentaires en 2020, liés à la pandémie de Covid-19. C’est 23 000 décès de moins que les 65 000 imputés à la Covid-19 en 2020 par Santé publique France. L’écart est un peu plus important encore, car l’agence décompte les décès à l’hôpital et en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), mais pas à domicile. Ces derniers, a priori peu nombreux, ne sont pas connus. On peut les estimer à environ 5 % des décès, si l’on s’aligne sur les taux observés à l’étranger : 4 % en Suède, 5 % en Angleterre-Galles, 6 % aux États-Unis. Compte tenu de ces corrections, le total des décès liés à la Covid-19 en 2020 serait donc d’un peu plus de 68 000, soit un habitant sur mille.

      et la conclusion :

      Rappelons cependant que la proximité des risques de décès par âge entre la Covid-19 et la mortalité générale ne doit pas conduire à minimiser l’épidémie. Le bilan de l’année 2020 reste accablant : l’épidémie de Covid-19 a interrompu 68 000 vies dans notre pays durant cette seule année, et cela en dépit des mesures prises pour freiner la propagation du virus.

      à comparer avec ce que tu en déduis :

      L’étude conclut ainsi que sur les 68 000 morts, seuls 42 000 seraient réellement imputables au Coronavirus.

      le pdf de P&S 527 : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/31218/587.populations.societes.mars.2021.deces.supplementaires.covid.19.1.fr.pdf
      repris ici : https://seenthis.net/messages/907364

    • C’est dans l’article ce qui est souligné ce n’est pas de moi, de toutes façon il est de notoriété publique que tout les morts qui avaient le Coronavirus et des commorbidités, mais qui sont morts de ces commorbidités on été labélisés ’mort du COVID’, alors qu’ils ne sont pas mort de facto du COVID, c’est pareil dans les autres pays (je rappel que tout les hôpitaux français qui labélise un mort par COVID touchent une prime).

    • alors, lis l’original de l’INED (c’est un 4 pages accessible gratuitement avec plein d’images dedans) avant de reprendre les exégèses bidons qui peuvent en être faites

      et interroge-toi sur la fiabilité de sources qui résument de cette façon une conclusion pourtant limpide

      je crains que le reste des affirmations de ta réponse ne proviennent de sources issues du même tonneau

  • Comment l’enquête Trajectoires et Origines a changé la donne sur les #statistiques ethniques en #France

    Alors que la polémique a repris en juin 2020 autour de statistiques « ethniques » qu’il faudrait interdire ou permettre, un retour sur la mise en place de l’enquête TeO dans les années 2000 permet d’illustrer toute la complexité de ce « débat » trop souvent polarisé. Dans ce numéro d’été de De facto, Catherine Guilyardi, journaliste, nous éclaire sur la genèse et la réception de cette enquête qui a donné lieu à de vifs débats non seulement entre chercheurs mais aussi entre les chercheurs et certaines associations anti-racistes.

    Alors que l’épidémie de Covid 19 continue à sévir, Le Monde s’interroge, dès le 29 mai 2020, sur la surmortalité observée en Grande-Bretagne parmi les « minorités ethniques ». Si cette « troublante surmortalité » a pu être détectée si tôt par les chercheurs britanniques, c’est notamment parce que « la tenue de registres par ethnies [a] permis de mettre en lumière des facteurs de risque difficilement détectables en France, où ces identifications sont interdites ». Au même moment, dans De facto, les chercheurs Solène Brun et Patrick Simon confirment « l’invisibilité des minorités dans les chiffres du coronavirus » en France. En Seine-Saint-Denis où la surmortalité est avérée, la pauvreté est un facteur identifiable, mais « les discriminations ethnoraciales », elles, ne sont responsables « qu’en toute vraisemblance ».

    Le manque de données ethnoraciales pour mesurer les discriminations est également relevé à l’occasion des manifestations contre les violences policières en juin 2020. Sibeth Ndiaye, alors porte-parole du gouvernement, met en avant ses origines sénégalaises dans une tribune où elle propose de « poser de manière apaisée et constructive le débat autour des statistiques ethniques ». Le « débat » est en effet relancé, mais peu apaisé. Le président de la République se positionne contre et affirme en off que les statistiques ethniques sont un « bon filon » pour les chercheurs, sans préciser en quoi.

    S’il est interdit en France de poser la question de l’origine et de la couleur dans des fichiers de gestion (fichiers de salariés, d’élèves, de locataires, des patients, des électeurs), comme cela se fait en Grande Bretagne, des enquêtes de chercheurs posent ces questions. La plus importante d’entre elles en nombre de sondés est l’enquête « Trajectoires et Origines » menée en 2008-2009 par l’Insee et l’Ined. Depuis juillet 2019, une nouvelle édition de l’enquête est sur le terrain : près de 600 enquêteurs de l’Insee interrogent 24 000 personnes sur « la diversité des populations, notamment en fonction de l’origine ». Cet échantillon représentatif de toutes les origines en France doit répondre à des questions telles que « Au-delà de votre expérience personnelle, pensez-vous appartenir à un groupe qui subit des traitements inégalitaires en raison de l’origine ou la couleur de peau en France aujourd’hui ? » ou « Au cours de votre vie avez-vous été victime d’insultes, de propos ou d’attitudes ouvertement racistes ? ».

    On y évoque donc ouvertement l’origine et la couleur de peau, mais peut-on parler de statistiques ethniques ou ethnoraciales ? Les débats enflammés qui ont accompagné la mise en place de cette enquête sur les discriminations et le racisme dans les années 2000 montrent comment la recherche se construit sur des sujets encore sensibles – ici, les immigrés et leurs descendants - dans la société.
    L’origine en soi, un facteur d’inégalités ?

    L’enquête, souvent appelée par son acronyme TeO, est imaginée dès 2005 par les chercheurs de l’Institut national d’études démographiques (Ined) et les administrateurs de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) pour mesurer le processus d’intégration, les discriminations et le racisme subis dans toutes les situations de la vie sociale : à l’école, dans les administrations, sur le marché du travail ou du logement, à l’hôpital, etc. Son but est d’« appréhender dans quelle mesure l’origine est en soi un facteur d’inégalités ou simplement de spécificité dans l’accès aux différentes ressources de la vie sociale ». Son ambition : fournir des statistiques pour « analyser les processus d’intégration, de discrimination et de construction identitaire au sein de la société française dans son ensemble ». L’originalité de TeO est d’articuler l’origine avec d’autres « catégories de distinction » telle que le genre, la religion, la classe, la couleur de peau, l’âge, le quartier, etc.

    Invités à intervenir en juin 2020 dans les médias, Patrick Simon, l’un des concepteurs de TeO, et François Héran, directeur de l’Ined à l’époque et aujourd’hui directeur de l’ICM, rappellent l’avancée considérable qui ont été réalisées dans ce domaine depuis une douzaine d’années. La statistique publique sur les immigrés et leurs descendants a évolué depuis que les chercheurs tentent de mesurer les inégalités en fonction de l’origine en France.

    « Ce fut une conquête », se souvient aujourd’hui François Héran. Patrick Simon, Christelle Hamel et Cris Beauchemin, les trois coordinateurs de la première édition de TeO, s’attendaient, en conclusion de l’ouvrage présentant les travaux issus de l’enquête en 2016, que « le débat qui [avait] entouré le démarrage de l’enquête TeO [soit] inéluctablement reposé ». Certaines données qui aident à « penser l’égalité » manquent toujours, notamment la couleur de peau des enquêtés.
    Faut-il proposer une liste de catégories ethnoraciales ?

    Cette question est âprement discutée en 2006-2007 dans l’unité de recherche Migrations Internationales et Minorités (MIM) de l’Ined lors de l’élaboration du premier questionnaire de l’enquête. Faut-il proposer une liste de catégories ethnoraciales (noir, asiatique, arabe, blanc…), comme cela se pratique aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, ou laisser la question ouverte pour que la personne se définisse elle-même ? Patrick Simon, qui participe déjà en 1993 à l’exploitation de la première grande enquête sur l’immigration, Mobilité géographique et insertion sociale (MGIS), conduite par Michèle Tribalat, sait qu’« une révision des catégories implique nécessairement une modification du regard que la nation porte sur elle-même ». Dans cette enquête pionnière, la catégorie de « Français de souche » est choisie pour définir les personnes non immigrées. Au milieu des années 1980, la grande enquête de l’Ined sur l’origine des Parisiens demandait aux personnes interrogées : « Êtes-vous Parisiens de souche ? », sans que personne n’y voit à mal. Hervé Le Bras proposait d’étendre cette interrogation à l’ensemble de la population française. Mais la vive controverse sur l’enquête MGIS change la donne et « Français de souche » devient idéologiquement marquée et sera abandonnée par la recherche.

    Certains chercheurs contestent l’utilisation de catégories qu’ils jugent subjectives, car construites socialement. Le démographe Alain Blum, spécialiste de la Russie stalinienne et de l’histoire de la statistique, critique appuyé de l’enquête TeO (et de MGIS à la fin des années 1990), constate aujourd’hui « qu’il y a beaucoup de groupes de pression qui revendiquent clairement l’usage de ce type de catégories ethnoraciales pour lutter contre les discriminations. Si le chercheur doit analyser les discours et les pratiques de ces personnes qui se reconnaissent et utilisent ces catégories, cela ne veut pas dire qu’il doit les prendre à son propre compte. » Il ne participe pas à l’élaboration de TeO, pas plus que le démographe Hervé le Bras qui reste opposé à toute statistique « ethnique » jusqu’à aujourd’hui.

    Patrick Simon assume la complexité de ce type d’approche : « Au sein de l’équipe, on sait qu’il est compliqué de définir le contenu des catégories parce qu’il faut qu’elles correspondent à la façon dont les personnes s’identifient. Elles réduisent la complexité des identités, notamment parce qu’il y a du métissage. Cela ne veut pas dire que c’est impossible à faire pour le chercheur. Les débats portent en permanence sur la légitimité même de faire des catégories, alors qu’il faudrait plutôt s’intéresser au contenu des catégories, c’est une question épistémologique et méthodologique. »
    La complexité disparaît souvent au profit d’un « débat » polarisé

    Lorsqu’il s’agit de statistiques sur l’immigration, la complexité disparaît souvent au profit d’un « débat » polarisé, où il faut se prononcer pour ou contre ce qui n’est pas toujours très bien défini. La polémique n’est pas circonscrite aux couloirs de l’Ined. À l’Insee, les statistiques sur l’immigration provoquent toujours des tensions. En 2007, l’identification de la couleur, de la religion et l’origine des enquêtés prévue dans TeO émeut les syndicats de l’institut de la statistique qui craignent que leur travail ne donne des outils « à celles et ceux qui rêvent de construire une représentation "ethnoraciale" de la France ». Ils évoquent le fichier juif que la statistique publique aurait aidé construire pendant la Seconde Guerre mondiale.

    La polémique atteint son apogée lorsque SOS Racisme, visant expressément le projet d’enquête TeO, lance une pétition en octobre 2007 invitant chacun à refuser que son « identité soit réduite à des critères d’un autre temps, celui de la France coloniale, ou de Vichy ». Alors que des chercheurs émettent des réserves à l’égard de la pétition, elle réunit 100 000 signatures en quelques jours. Il est vrai que le contexte politique est tendu. Nicolas Sarkozy, élu président 5 mois plus tôt, se présente comme le chantre des statistiques ethniques, mais il mélange les registres entre sécurité et lutte contre les discriminations. La loi « relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile » propose de faciliter la collecte des statistiques ethniques dans son article 63. Fourre-tout, elle veut autoriser le recours aux tests ADN pour prouver la filiation des candidats au regroupement familial. Un mélange des genres qui provoque l’annulation de l’article 63 devant le Conseil constitutionnel.

    Au moment de tester le questionnaire de TeO sur le terrain fin 2007, François Héran, alors directeur de l’Ined, les coordinateurs de TeO et l’Insee décident de maintenir les questions sur la religion mais retirent celles sur la couleur de peau. Dans le questionnaire, il n’y a pourtant pas de catégories « figées » qui favoriserait l’établissement d’un « référentiel ethnoracial », comme le craignaient les détracteurs de l’enquête. Les personnes étaient invitées à exprimer leur ressenti d’appartenance en répondant aux deux questions suivantes : « De quelle couleur de peau vous diriez vous ? » et « De quelle couleur de peau les autres vous voient-ils ? ». Elles disparaissent définitivement de l’enquête. Elles ne sont toujours pas présentes dans la seconde enquête TeO (TeO2), dix ans plus tard.

    En posant directement la question de la couleur, l’équipe de recherche voulait éviter d’utiliser une catégorie indirecte, que l’on appelle « proxy » en science statistique. « Catégoriser les personnes en fonction de leurs prénoms ou de leur lieu de naissance ou de ceux de leurs parents permet de produire des statistiques sur les discriminations racistes, explique Cris Beauchemin, mais cela demeure une approximation. On ne peut pas utiliser ces méthodes pour les personnes racisées dans la vie quotidienne, c’est-à-dire identifiées par leur couleur de peau, par exemple les petits-enfants d’immigrés. » Ces personnes « disparaissent » donc des statistiques qui tentent pourtant de mesurer les discriminations et le racisme en France.
    L’enjeu de la statistique sur l’immigration pour les chercheurs

    La collecte de données ethnoraciales pour mesurer les discriminations répond pourtant à une demande politique et sociétale forte depuis les années 1990. Le Haut conseil à l’Intégration (HCI), première institution du genre, propose en vain d’introduire l’origine nationale dans le recensement de la population. De nos jours encore, le recensement permet seulement de distinguer les étrangers des Français et les immigrés des natifs (car on peut être à la fois immigré et français).

    Le manque de statistiques ethnoraciales n’empêche pas des chercheurs de démontrer, dès les années 1980, l’existence de discriminations subies par les Français issus de l’immigration, notamment maghrébine. C’est le cas de l’étude pionnière du sociologue René Lévy en 1987 sur la police judiciaire, Du suspect au coupable, qui montre l’association faite par la police entre traits identitaires et présomption de culpabilité des suspects. Les statistiques ainsi recueillies, grâce à des entretiens individuels menés par un chercheur, ne concernent cependant qu’un faible échantillon (méthode qualitative). Quand la recherche collabore avec la statistique publique, comme c’est le cas pour MGIS ou TeO, des milliers de personnes sont interrogées. Un questionnaire fermé est construit par les scientifiques mais ils ne mènent pas eux-mêmes les entretiens. Le but est de créer de la statistique (méthode quantitative) pour les chercheurs — et aussi pour les administrations. Les résultats produits sont représentatifs à l’échelle du pays et permettent donc de tirer des conclusions à la fois plus larges et plus solides sur l’ensemble de la France.

    « Pour moi, le gros livre (https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/24668/grande.enquetes_teo_fascicule.fr.pdf) qui présente les travaux de l’équipe de TeO1 en 2016 est une sorte de bible multi-thématique, qu’on voit apparaître dans des réunions de recherche, mais aussi avec des acteurs plus institutionnels, témoigne Mathieu Ichou, coordinateur de TeO2 avec Patrick Simon et Cris Beauchemin. C’est un objet central dans la recherche quantitative sur l’immigration. » Élodie Druez, qui a soutenu sa thèse en juin 2020 sur la racisation et la politisation des diplômé.e.s d’origine subsaharienne à Paris et à Londres, aurait pu se passer de TeO, dit-elle, mais « cela m’a permis de voir que les rapprochements que je faisais n’étaient pas seulement le fruit de l’analyse des 80 entretiens individuels que j’avais réalisés, ni propres au groupe que j’avais interrogé. Par exemple dans ces entretiens, je vois qu’il y a un lien entre le fait de s’intéresser à la politique et le fait de déclarer des discriminations en France comme au Royaume-Uni. Les résultats quantitatifs me le confirment de façon très nette dans les deux pays pour des descendants d’immigrés de différentes origines. »
    La force politique de la statistique

    Le chiffre a un pouvoir important dans notre société. Christelle Hamel, coordinatrice sur TeO1, entre à l’Ined en 2005 pour « la force politique de la statistique ». « Le qualitatif ne suffit pas pour des sujets sensibles comme le racisme ou les violences faites aux femmes. Quand on regarde les choses à l’échelle de l’individu, on peut toujours trouver des particularismes, propres à une histoire ou à un comportement, et remettre en cause la parole de la victime. Avec les statistiques et la méthode quantitative, on est obligés de reconnaître qu’il y a un problème du côté des agresseurs. Les statistiques peuvent donc aider à résoudre un problème de régulation des comportements sociaux. » « En démocratie, obliger l’État à compter, c’est l’obliger à rendre des comptes », note François Héran dans son livre Avec l’immigration, consacré en partie aux statistiques ethniques en 2017. Être issu de deux mondes différents, la recherche et la statistique publique, est à la fois la force et la fragilité de l’enquête TeO.

    L’Insee, avec ses 5 600 salariés dans toute la France, est une direction générale du ministère de l’Économie et des Finances qui recrute ses « administrateurs » à la sortie d’une grande école : l’École nationale de la statistique et des études économiques (Ensae). « Ce sont des ingénieurs de très haut niveau, d’extraordinaires organisateurs », affirme François Héran, qui a également occupé des responsabilités à l’Insee. Les chercheurs, chargés de répondre à des questions de société sensibles, sont davantage dans l’imagination et plus provocateurs. Les statisticiens, plus prudents ». Mathieu Ichou, coordinateur depuis 2016 de la nouvelle enquête TeO avec Patrick Simon et Cris Beauchemin, reconnaît qu’il y a « à la fois un côté pratique pour les chercheurs à s’associer à l’Insee et une question de légitimité des résultats : produits par la statistique publique, ils engagent plus les autorités que si c’était l’enquête d’un chercheur isolé. C’est de la statistique publique, avec cette image de rigueur qui va avec. »

    En s’associant à l’Insee, les démographes de l’Ined passent sous le contrôle des organismes chargés de défendre les intérêts des usagers de la statistique, qui interviennent sur les activités du Système de la statistique publique (SNS) regroupant l’Insee et les services statistiques ministériels. Alors que l’Ined, en tant qu’institut de recherche, dépend du ministère de la Recherche qui garantit son indépendance, il ne peut pas travailler avec la même liberté en s’associant à la statistique publique. Le grand public confond d’ailleurs souvent l’Ined avec l’Insee. Nicolas Sarkozy essayera même de placer ses chercheurs sous la tutelle de son ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, lors de l’élaboration de TeO, sans succès.

    « C’est un enjeu important pour nous de savoir si la 3e génération est discriminée »,
    Mathieu Ichou, coordinateur de TeO2

    Si les enquêtes MGIS et TeO provoquent autant de controverses par rapport aux enquêtes de chercheurs, qui peuvent pourtant aborder les discriminations et le racisme de façon plus frontale, c’est que les catégories et questionnements mis en place dans le cadre de la statistique publique peuvent devenir une référence utilisable dans les grandes enquêtes de l’Insee, sur l’emploi ou la famille par exemple, voire dans le recensement. C’est ce que craignent ceux qui veulent « débattre » des mal-nommées statistiques « ethniques ».

    Pourtant, chaque enquête de la statistique publique est visée par la Cnil, la Commission nationale informatique et liberté. Il lui incombe de veiller à l’application de la loi de 1978, qui interdit le traitement « des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les options philosophiques, politiques ou religieuses, (...) ou qui sont relatives à la santé ». C’est elle qui accorde les dérogations nécessaires aux grandes enquêtes nationales sur ces sujets sensibles. Des exceptions sont en effet prévues si l’enquête est d’intérêt général, si les personnes personnes interrogées ont donné leur consentement et si les données, dûment anonymisées, sont correctement protégées, ce à quoi s’astreignent les enquêtes de la recherche et de la statistique publiques.

    Au préalable, les projets d’enquête sont examinés par le Conseil national de l’information statistique (Cnis). Moins connu du grand public, le Cnis est ouvert à tous ceux qui représentent les usagers et producteurs de la statistique publique. Son label est indispensable. Il évalue sa pertinence par rapport aux enquêtes existantes et examine en détail la méthodologie et le contenu du questionnaire. C’est lors des réunions du Cnis que les associations sont invitées à donner leur point de vue sur l’enquête.

    Mathieu Ichou est chargé en mai 2016 de présenter la deuxième enquête TeO au Cnis. Il raconte : « On voulait innover sur les questions posées, notamment pour identifier les minorités visibles ou racisées qui sont les premières victimes des discriminations. Comme le Cnis nous a finalement interdit de parler de « minorités visibles et qu’on souhaitait faire cette enquête avec la statistique publique, on a demandé l’inclusion et l’identification de la 3e génération. » Le Cnis ayant donné sont aval, cette méthode devrait permettre de comprendre pourquoi 15 % de la « population majoritaire », catégorie utilisée depuis Teo1 pour les personnes sans ascendance immigrée sur deux générations, s’est déclarée victime de racisme et de discriminations lors de la première vague de l’enquête. « C’est un enjeu important pour nous de savoir si la 3e génération est discriminée, explique le chercheur. Cela voudrait dire que si un petit-enfant de Sénégalais ou d’Algériens subit des discriminations, ce n’est pas parce que son grand-père est venu travailler en France, mais bien parce qu’il est perçu comme noir ou arabe. Il deviendra donc nécessaire de les identifier autrement que par l’immigration de leurs ascendants. »
    Une nouvelle approche dans l’étude des populations immigrées et de leurs descendants

    Le tour de table financier que l’équipe de TeO a réussi à organiser permet de disposer d’un échantillon de plus de 20 000 personnes représentatif de la diversité de la population. Les chercheurs peuvent donc travailler sur un nombre suffisant de personnes, même pour les minorités les moins nombreuses, comme les Africains subsahariens ou les Chinois, par exemple. Le plus coûteux a été d’identifier les enfants d’immigrés (et les petits-enfants dans TeO2). Il faut donc repérer ces descendants d’immigrés par leurs bulletins de naissance, avec l’autorisation des tribunaux administratifs, ce qui nécessite d’envoyer des agents de l’Insee dans toute la France pour examiner les registres en mairie. Ce fut « un véritable tour de force », écriront les concepteurs de TeO1 en 2016.

    « Il n’y a pas de précédent à TeO, s’enthousiasme Cris Beauchemin, notamment dans cette richesse d’échantillonnage et le fait que ce soit absolument représentatif de la société française. C’est une exception internationale. Des chercheurs américains, qui travaillent en ce moment sur TeO, sont émerveillés car il n’y pas d’enquêtes statistiques aux États-Unis qui soient nationalement représentative, avec ce luxe de détails dans les questions, qui touchent à tous les domaines de la vie sociale. »

    TeO a permis de changer de prisme dans l’étude des populations immigrées et – surtout — de leurs descendants. Il ne s’agit plus seulement de mesurer leur capacité d’intégration dans la société française, mais plutôt la capacité de la société française à « faire égalité ». La question des discriminations « systémiques » est devenue centrale. Introduite dans le droit français sous la forme des « discriminations indirectes » par deux directives européennes en 2000, cette approche permet d’aller au-delà de la mesure des discriminations intentionnelles et individuelles, plus facilement identifiables. « Rien n’est moins accessible à l’attention que les discriminations », écrivait Patrick Simon avec son collègue Joan Stavo-Debauge en 2004. Si les discriminations « directes » sont facilement identifiables, comme un refus fondé explicitement sur un préjugé ou une « préférence discriminatoire » en raison de son appartenance à un groupe stigmatisé, « la mise en évidence des discriminations "indirectes" est bien plus complexe, expliquent les chercheurs, et nécessite la mise en place d’une ingénierie spécifique où les statistiques, comme raisonnement et comme dispositif, occupent une place prépondérante. »

    « Je trouve qu’il y a une sorte d’hypocrisie dans le système français à ne pas parler de race », remarque Élodie Druez, qui a pu montrer dans sa thèse en quoi les statistiques ethnoraciales sont un outil pour dénoncer le racisme dans le contexte britannique. « Je n’observe pas au Royaume-Uni que les statistiques sont utilisées pour stigmatiser plus ces populations. D’ailleurs, ces statistiques sont toujours couplées à une analyse en termes de racisme institutionnel. On est très mal à l’aise en France avec l’idée que les institutions, par leur fonctionnement, puissent entraîner des discriminations de façon intentionnelle ou non. Pourtant les statistiques ethnoraciales sont nécessaires, car on nie les injustices que vivent les personnes racisées, et la colère monte. »
    Une enquête qui peut servir de levier aux associations antiracistes

    Christelle Hamel, coordinatrice de la première édition de TeO, pense qu’il faut aller plus loin aujourd’hui et « parler des rapports de domination qui existent entre la population immigrante exposée au racisme et celle qui n’est pas issue de l’immigration qui soit commet des actes racistes, soit en bénéficie. Si quelqu’un est discriminé dans l’embauche, par exemple, une autre personne sera — de fait — favorisée dans son accès à cet emploi. Pourtant elle n’est, elle-même, responsable en rien de cette discrimination ; elle bénéficie seulement d’un traitement discriminant. » Cette analyse fait écho au concept de « privilège blanc », évoqué dans le débat public en France depuis les manifestations contre les violences policières qui ont éclaté à la mort de l’Africain-Américain Georges Floyd.

    « Le rejet des statistiques raciales renvoie au refus de se penser en tant que Blanc », ajoute le sociologue Éric Fassin. Acteur et observateur de la controverse de 2007 autour de TeO, il qualifie aujourd’hui l’épisode de « très violent ». « Pourtant, on était d’accord sur beaucoup de choses, puisque la bataille avait lieu au sein des sciences sociales entre antiracistes de gauche. Mais il y avait autre chose ; personne ne l’a fait remarquer à l’époque, mais nous étions presque tous blancs. La question raciale n’est pas extérieure au monde savant : ce n’est pas parce qu’on est entre Blancs qu’il n’y a pas de question raciale — bien au contraire ! Nommer la blanchité, c’est donc cela l’enjeu. »

    Dans la société française, « TeO a permis de lever beaucoup de stéréotypes et d’idées reçues grâce aux éléments de connaissance que l’enquête a apportés », constate Patrick Simon aujourd’hui. « Même si cela n’a rien changé du point de vue des politiques de lutte contre les discriminations, le débat sur les discriminations et la participation à la société des immigrés et de leurs descendants a évolué. L’enquête peut servir de levier à des associations de lutte contre le racisme et les discriminations. »

    Les questions sur la perception de la couleur de peau seront-elles posées dans une prochaine édition de TeO ? L’enquête s’installera-t-elle dans une périodicité de dix ans, évoluant avec le questionnement de la société sur les statistiques ethnoraciales ? En tout cas, conclue François Héran, « TeO a prouvé le mouvement en marchant : les polémiques des années 1990 sont désormais obsolètes. ». À ce jour, 220 travaux de recherche, dont plusieurs thèses, ont utilisé ses données sécurisées et anonymisées. TeO a ouvert la voie à d’autres enquêtes qui mobilisent des catégories ethniques et/ou raciales. Les dernières en date ont été menées en 2016 par le Défenseur des droits sous le titre général « Accès aux droits1 ».

    Contrairement à une idée encore largement reçue, les statistiques ethniques sont autorisées en France, à condition d’être dûment pensées et contrôlées. Elles restent exclues des fichiers administratifs mais peuvent être mobilisées dans les grandes enquêtes menées par les chercheurs et les statisticiens. Beaucoup de chercheurs pensent que des progrès restent à faire vers une interrogation plus précise sur la discrimination proprement raciale, en relation avec d’autres critères comme le sexe, le milieu social et la religion. Un défi pour la jeune génération.

    http://icmigrations.fr/2020/08/28/defacto-021-01
    #statistiques_ethniques #inégalités #données #origine #couleur_de_peau #TeO #enquête_TeO #racisme #xénophobie #discriminations

    ping @karine4 @isskein @cede

  • #Retraites : retour sur trente ans de #débats et de #réformes
    https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/29948/574.population.societes.fevrier.2020.retraite.croissance.fr.pdf

    Quel que soit l’angle sous lequel on aborde le débat sur les retraites, la question de fond est celle de l’arbitrage entre effort de #financement d’un côté, durée moyenne et niveau moyen de la retraite de l’autre. Didier Blanchet replace cette question dans une perspective historique. Comment cet arbitrage a-t-il évolué depuis la mise en place du système ? Comment a-t-il été affecté par les réformes conduites depuis le début des années 1990 ? Répondre à ces questions aide à mieux évaluer et circonscrire les problèmes qui restent à résoudre.

    #ined

  • Adieu la vie, adieu l’amour - Focus - Les mémos de la démo - Ined - Institut national d’études démographiques
    https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/focus/adieu-vie-adieu-amour

    Centenaire de la Grande Guerre (1914-1918)

    Le numéro 3 de la revue Population de 2018 présente, dans son avant-propos, une analyse des inégalités de temps de survie chez les soldats "Morts pour la France" durant la Grande Guerre

    Cet article propose un éclairage précis et détaillé sur la mortalité des militaires français durant la Première Guerre mondiale, et choisit de centrer l’analyse sur leur temps de survie pendant la durée du conflit. Il contribue bien évidemment à l’établissement, toujours poursuivi, jamais achevé, d’un bilan démographique complet et définitif de cette guerre. Afin de fournir un cadre général aux conclusions de l’article, il est utile de rappeler certaines données multinationales concernant les pertes de ce qui a été souvent, et à juste titre, nommé l’« hécatombe » ou « la grande saignée ». 

    Selon une estimation moyenne et globale, la Grande Guerre a fait près de 10 millions de morts dont plus de 2 millions d’Allemands, près de 2 millions de Russes, près de 1,5 million de Français, 800 000 Britanniques et 650 000 Italiens, bien que ces chiffres fassent toujours l’objet de discussions. Ces dénombrements concernent des hommes appartenant aux classes d’âges comprises entre 19 et 40 ans, les plus fécondes et qui contiennent les effectifs les plus nombreux de population active. Ce sont les « générations sacrifiées ».

    Proportionnellement à sa population totale et parmi les pays alliés, la France a connu, après la Serbie, le nombre le plus élevé de morts, soit un peu moins que, parmi les empires centraux, l’empire ottoman. Ces morts correspondent aux militaires tués au combat. Si l’on y ajoute les blessés, prisonniers et disparus, on constate que ce sont les empires centraux qui en ont le plus pâti, tandis que la Serbie maintient sa triste première place chez les alliés. Environ 500 000 soldats sont morts après 1918 des suites de blessures reçues ou de maladies contractées pendant la guerre.

    Toutefois, ces considérations, qui envisagent les pertes humaines par rapport à la population totale, sont loin d’être satisfaisantes : il est en effet beaucoup plus intéressant et pertinent d’envisager la proportion des pertes par rapport à la population des mobilisés, population elle-même à caractériser par rapport à la population active. Il convient alors de tenir compte du fait qu’en fonction des sources convoquées, les chiffres des pertes s’avèrent très variables (voir tableau des effectifs selon les sources dans Rohrbasser, 2014, p. 16-17). Par exemple, pour la France, le nombre des mobilisés est compris entre 8 300 000 et 8 400 000, et celui des décès entre 1 320 000 et 1 460 000 individus. Pour le Royaume-Uni et l’Empire britannique, le nombre des mobilisés s’échelonne de 7 670 000 à 8 910 000 et les décès de 760 000 à 1 010 000 individus. En calculant une moyenne dans ces fourchettes et en étudiant la corrélation entre nombre de mobilisés et pertes, il apparaît clairement que les pertes sont proportionnelles au nombre de mobilisés, ce qui est conforme à la sinistre logique de la guerre.

     Le plus notable dans ces considérations demeure la disparité, donc la variabilité des chiffres selon les sources. Il est évident que la difficulté de l’enquête, les divergences de méthode entre écoles historiques, les lissages à la moyenne et autres manipulations – nécessaires mais non pour autant systématiquement appropriées – de nombres font qu’ici, comme dans bien d’autres cas relevant de la statistique, la prudence et la modestie sont de mise : il s’agit d’approcher la vérité et non de prétendre la détenir, encore moins l’imposer. 

    Cette prudence dans le calcul et l’interprétation des nombres est l’apanage des auteurs de cet article. Ceux-ci mettent en valeur l’existence d’un lien significatif entre le fait qu’il y ait eu des fusillés dans un régiment au début de la guerre et le temps de survie des soldats de ce régiment : il s’agit là d’une intéressante piste à explorer. Les auteurs suggèrent également que parmi les morts à la guerre, les mobilisés dès août 1914 ont subi en moyenne 18 mois de guerre avant d’être tués. Ils montrent que d’importants écarts dans la durée de survie apparaissent selon le grade et le corps. Toutefois, ils nuancent pertinemment la conclusion que l’on serait tenté d’en tirer quant à une reproduction de la hiérarchie sociale dans les différences de temps de survie au front. Par ailleurs, des facteurs contextuels, comme le département de recrutement ou le régiment d’affectation, montrent des écarts significatifs de durée de survie qui mériteraient, à l’occasion d’un autre travail, examen et approfondissement.

    • L’article, passionnant, est accessible en pdf ici
      https://www.ined.fr/fichier/rte/General/Publications/Population/2018/2018-3/inegalites-temps-survie-grande-guerre.pdf

      Conclusion

      Dans cet article, on s’est intéressé aux différences interindividuelles de temps de survie chez les soldats français décédés durant la Grande Guerre. L’analyse a été menée à partir d’un échantillon de plus de 17000 hommes « Morts pour la France ». Le temps de survie de ces soldats a été dé ni comme le nombre de jours écoulés entre le 2 août 1914, date de début de la mobilisation générale, et la survenue du décès. On a cherché à mettre en évidence à la fois les déterminants de cette durée de survie et les facteurs explicatifs d’une mort précoce, c’est-à-dire se produisant en 1914 plutôt qu’au cours des quatre années de guerre suivantes.

      Il ressort de cette analyse que la variance du temps de survie peut s’expliquer non seulement par des éléments tels que le grade et le corps d’affectation, deux caractéristiques re étant en partie l’appartenance sociale, mais aussi par des facteurs de contexte, que ces facteurs soient appréhendés au niveau du département de recrutement ou du régiment. Les résultats indiquent que certains choix stratégiques de l’état-major (engager en priorité les unités cantonnées à proximité du front ou constituées dans les départements les plus densément peuplés), ainsi que de possibles considérations politiques (mise à l’épreuve des régiments provenant de départements où l’attachement à la Nation est peut-être moins vif qu’ailleurs), ont pu affecter le « temps restant à vivre » des soldats. L’existence de différences systématiques liées à cet ensemble d’éléments, révélatrices d’inégalités entre soldats, suggère donc que la mort au front était empreinte d’un certain déterminisme.

  • Sida et écarts d’espérance de vie
    entre hommes et femmes en Afrique.
    PDF : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/27742/554_population.societes.avril.2018.sida.esperance.de.vie.afrique.fr.pdf

    es femmes représentent 59 % des personnes infectées par le virus du sida en Afrique subsaharienne, mais 47 % des décès adultes liés au VIH. Pour bien comprendre leur surreprésentation dans la population séropositive, il faut considérer les différences entre hommes et femmes dans trois domaines : l’exposition au risque d’infection, la susceptibilité à l’infection, et la survie après l’infection. L’avantage féminin en matière d’espérance de vie, qui s’était réduit jusqu’au début des années 2000 suite à l’épidémie de sida, se creuse à nouveau depuis la gén

  • L’admission au séjour des demandeurs d’asile en France depuis 2000.
    https://www.ined.fr/fr/publications/population-et-societes/admission-sejour-demandeurs-asile-france-depuis-2000
    PDF : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/27442/pop.soc_552.migration.asile.fr.pdf

    Que deviennent les personnes demandant l’asile en France ? Combien l’obtiennent ? Dans quelle proportion les autres sont-ils admis au séjour pour un motif différent (travail, famille) ? Analysant les données sur les demandeurs d’asile depuis 2000, Hippolyte d’Albis et Ekrame Boubtane calculent la proportion de personnes admises au séjour puis en décrivent les variations selon l’année de dépôt de la demande et le motif d’admission.

  • Les violences dans les espaces publics touchent surtout les jeunes femmes des grandes villes
    https://www.ined.fr/fr/publications/population-et-societes/violences-espaces-publics--jeunes-femmes-grandes-villes
    PDF : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/27216/550_population.societes.decembre.2017.violences_1.fr.pdf

    Un quart des femmes interrogées dans l’enquête Virage ont déclaré avoir subi au moins une violence dans les espaces publics au cours des douze derniers mois. Sur cent femmes, vingt ont mentionné avoir été sifflées au moins une fois. Viennent ensuite les insultes (8%), le fait d’avoir été suivie (3%), le pelotage accompagné parfois de baisers forcés (2%), puis les propositions sexuelles insistantes (1%), et l’exhibitionnisme ou le voyeurisme (1%). Les agressions sexuelles sont les plus fréquentes dans les espaces publics. C’est là que 7,9% des femmes et 2,2% des hommes en ont subi une à un moment ou un autre de leur vie - le plus souvent du pelotage ou des attouchements du sexe. Les viols et tentatives de viols dans ces espaces concernent 0,9% des femmes et 0,3% des hommes âgés de 20 à 69 ans.

  • VIRAGE
    Violences et rapports de genre : contextes et conséquences des violences subies par les femmes et par les hommes

    https://virage.site.ined.fr
    PDF : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/26153/document_travail_2017_229_violences.sexuelles_enquete.fr.pdf

    Combien de personnes subissent aujourd’hui en France des violences dans le couple, au travail, dans l’espace public ?

    Les femmes et les hommes sont-ils concernés de la même manière ?

    Quelles sont les conséquences de ces violences sur l’état de santé, les parcours scolaires, professionnels et familiaux ?

    A qui parle-t-on de ces violences ?

    Pour répondre à ces questions, l’Institut national d’études démographiques (Ined) a réalisé en 2015, une enquête quantitative (intitulée Virage) portant sur les violences subies par les femmes et par les hommes. Elle a pour objectif de saisir les multiples formes de la violence et de l’aborder dans une perspective de genre : les différences d’expérience et de trajectoire des femmes et des hommes, les différentes manières d’être une femme ou un homme sont des aspects centraux de l’enquête.

  • Un peu de lecture sur les conséquences des #canicules en matière de #surmortalité :
    -- Magali Barbieri, Alfred Nizard, Laurent Toulemon, Rapport scientifique écarts de température et mortalité en France, Ined, « Documents de travail », n’138, 2006, 90 p., https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19490/138.fr.pdf ;

    -- Emmanuelle Cadot et Alfred Spira, « Canicule et surmortalité à Paris en août 2003 », Espace populations sociétés [En ligne], 2006/2-3 | 2006, mis en ligne le 01 août 2008, consulté le 28 juin 2017. URL : http://eps.revues.org/1383 ; DOI : 10.4000/eps.1383

    -- Denis Hémon et Éric Jougla, Estimation de la surmortalité et principales caractéristique épidémiologiques, Inserm, septembre 2003, http://lara.inist.fr/bitstream/handle/2332/1308/INSERM_rapport_canicule1.pdf?sequence=1

    -- Denis Hémon et Éric Jougla, rapport sur la surmortalité liée à la canicule d’août 2003, Inserm, 26 octobre 2004, https://www.inserm.fr/content/download/1435/13095/file/canicule_octobre2004.pdf

    -- Sénat, La France et les Français face à la canicule : les leçons d’une crise , rapport d’information n°195, session ordinaire de 2003-2004, http://www.senat.fr/notice-rapport/2003/r03-195-notice.html

    -- JEAN-PIERRE Besancenot, « Vagues de chaleur et mortalité dans les grandes agglomérations urbaines » dans Environnement, Risques & Santé, Volume 1, numéro 4, Septembre - Octobre 2002, http://www.jle.com/fr/revues/ers/e-docs/vagues_de_chaleur_et_mortalite_dans_les_grandes_agglomerations_urbaines_130031/article.phtml

  • Comment décrire la #diversité des origines en #France ? Une enquête exploratoire sur les perceptions des salariés et des étudiants

    Faut-il renoncer au principe républicain d’indifférenciation et établir une statistique permanente des origines de la population pour mieux lutter contre les #discriminations ? Mais, dans ce cas, quels critères prendre en compte : l’#origine déclarée, l’origine des ascendants ou l’appartenance ethno-raciale ? Et comment protéger la vie privée des intéressés ? Patrick Simon et Martin Clément ont évalué la cohérence des différentes méthodes d’enregistrement des origines dans plusieurs administrations et entreprises, tout en mesurant les réactions des
    personnes interrogées.

    https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19093/pop_et_soc_francais_425.fr.pdf
    #perception #représentation

  • Viols et agressions sexuelles en France : premiers résultats de l’enquête Virage - Christelle Hamel, Alice Debauche, Elizabeth Brown, et al.
    Population et Sociétés, n° 538, novembre 2016
    Ined - Institut national d’études démographiques
    http://www.ined.fr/fr/publications/population-et-societes/viols-agressions-sexuelles-france

    Dans l’enquête Virage, une femme sur sept (14,5 %) et un homme sur vingt-cinq (3,9 %) déclarent avoir vécu au moins une forme d’agression sexuelle (hors harcèlement et exhibitionnisme) au cours de leur vie (tableau 2). Ces taux se situent à un niveau intermédiaire de ceux estimés par l’enquête Enveff en 2000 (où 11 % des femmes de 20 à 59 ans déclaraient des violences sexuelles au cours de la vie) et CSF en 2006 (20,6 % des femmes et 6,8 % des hommes de 18 à 69 ans) [6]. Les différences de formulation des questions et des tranches d’âges des populations interrogées peuvent expliquer ces écarts.

    Les violences sexuelles que subissent les femmes sont non seulement beaucoup plus fréquentes, mais elles se produisent dans tous les espaces de vie (tableau 2) et tout au long de la vie. Parmi celles qui ont subi des viols et tentatives de viol, 40 % les ont vécues dans l’enfance (avant 15 ans), 16 % pendant l’adolescence et 44 % après 18 ans. Les violences subies dans le cadre familial ou conjugal sont fréquemment répétées et peuvent se poursuivre pendant de longues périodes. En revanche, pour les hommes, les trois quarts des viols et tentatives de viol subis l’ont été avant 18 ans (figure 1).

    Globalement, c’est au sein de l’espace privé, c’est-à-dire dans les relations avec la famille, les proches, les conjoints et ex-conjoints, y compris les petits amis, que se produisent l’essentiel des viols et des tentatives de viols. Trois femmes sur quatre, parmi celles qui en ont subis, les ont vécus dans ce cadre.

    http://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/25953/538.population.societes.2016.novembre.fr.pdf

  • La #gestation_pour_autrui en #Inde - #Population_et_Sociétés - #Ined
    https://www.ined.fr/fr/publications/population-et-societes/gpa-inde

    Si la gestion pour autrui ou #GPA est interdite en France, elle est possible dans d’autres pays comme l’Inde. À partir d’une enquête menée auprès de femmes indiennes gestatrices, de futurs parents indiens ou étrangers recourant à la GPA, et de médecins, avocats et responsables de cliniques indiennes, Virginie Rozée, Sayeed Unisa et Elise de La Rochebrochard nous décrivent l’organisation de la GPA en Inde et les attentes et motivations des différents protagonistes.

    Le PDF : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/25755/537.population.societies.2016.gpa.inde.fr.pdf

    • Un #contrat tripartite est ensuite signé entre l’agence ou la clinique, les parents, et la gestatrice. Ce contrat fixe les conditions du travail et les montants. Des primes sont versées aux gestatrices en cas de grossesse multiple ou de césarienne qui comporte plus de risques pour la femme que l’accouchement par voie basse. Les parents ont la possibilité d’ajouter des clauses spécifiques, par exemple sur la nourriture ou la musique à écouter pendant la grossesse. À l’opposé, les gestatrices n’amendent pas ce contrat qui est par ailleurs rédigé en anglais, si bien qu’elles ne sont pas toujours en mesure de le lire elles-mêmes, le contenu du contrat leur étant généralement exposé par les professionnels de l’agence ou de la clinique.

  • Les naissances de mères de moins de 20 ans en recul en #Angleterre : un rapprochement avec l’Europe ? - Population et Sociétés - #Ined
    https://www.ined.fr/fr/publications/population-et-societes/meres-de-moins-de-20-ans-en-recul-en-angleterre

    Les jeunes femmes de moins de 20 ans ont mis au monde deux fois plus d’enfants en Angleterre qu’en France entre 2010 et 2015. Ce phénomène est lié au fait qu’elles utilisent moins de #contraception et ont moins souvent recours à l’#IVG. Mais les comportements sont en train de changer. Le #taux_de_fécondité avant 20 ans a beaucoup baissé récemment en Angleterre, grâce à une meilleure information des jeunes sur la sexualité et la contraception, et un recours plus important à celle-ci ainsi qu’à l’IVG, permettant à l’Angleterre de se rapprocher du reste de l’#Europe de l’Ouest.

    Le PDF : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/25676/536.population.societes.2016.septembre.maternites.precoces.angleterre.fr.pdf

    #Démographie