• Femmes du jazz | Ferdinand Cazalis
    http://cqfd-journal.org/Femmes-du-jazz

    La lecture, en tant qu’homme, de Femmes du jazz – Musicalités, féminités, marginalisations [1] de la sociologue Marie Buscatto vous apprend des choses le milieu du jazz français – aussi. On y apprend surtout sur soi, homme hors du jazz. Sur les barrières qu’on impose sans y penser, les violences qu’on exerce par habitude. Source : CQFD

  • https://www.youtube.com/watch?v=vHZcgPQHfb8

    Bon apparemment en Norvège, ils ont un petit label indépendant de disques de musique contemporaine improvisée ou pas, ça s’appelle Hubro et quand dans youyoutube, vous faites une recherche du genre https://www.youtube.com/results?search_query=hubro+full+album, et bien il y a de la musique pour passer plusieurs dimanches heureux. C’est sans doute un peu tard pour ce dimanche (encore que pour @sinehebdo ), mais dès la semaine prochaine, j’ai dans l’idée qu’@odilon sera très contente de le savoir. Et @reka qui ne nous dit rien, alors que si cela se trouve cela se passe en contrebas de son fjord.

    #les_oreilles_qui_trainent

  • Pas le moindre rêve ce matin
    L’inconscient en grève ?
    Ou simplement repus ?

    Dernier marché
    Pour Brigitte, elle voudrait me donner
    Des cœurs de poulet dont je raffolais

    « - Je ne mange plus de viande
    – Non ? - Qui aurait besoin de viande
    En mangeant d’aussi bons légumes ? »

    Les discussions avec ma maraîchère
    Vont terriblement me manquer
    De même ses kakis et ses tomates vertes

    Je te souhaite de passer
    Un bon Noël
    ( Ça on ne se l’était jamais dit)

    Jamais
    Où on l’attend
    Jamais

    http://www.desordre.net/musique/brahem.mp3

    Émile et Zoé
    Préparent le dal de midi
    Anouar Brahem

    Puis, plus rien
    Pas le moindre message, silence
    Que je n’essaie plus d’interpréter : libre !

    Sieste bienfaisante
    Et puis je m’attèle au dessert
    Et puis je joue aux échecs avec Émile

    On fait de sacrées parties
    Le plaisir de se donner mal au crâne
    Et de regretter certaines erreurs, ensemble

    Quand Sarah rentre
    Je mets le dîner en route
    Raclette et clafoutis

    Je sers un petit verre
    De Jurançon
    À mes grands

    On fait le bilan
    De cette année
    Tout juste écoulée

    C’est qu’il s’en est passé
    Des choses
    Cette année !

    Sarah a eu son bac
    Émile, et bien Émile, désormais confiant
    Zoé a brûlé les planches de la scène Watteau

    – Et toi Papa ?
    – Moi trois fois rien
    – Ben quand même et ton livre ?

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/20160917_apnees_autun.mp3

    Oui, mon livre
    Et puis l’Étreinte
    Et puis Apnées

    Une Fuite en Égypte
    L’Étreinte avec Adrien
    Apnées avec Dominique et Michele

    On débarrasse
    Sarah nous met le dernier OrelSan
    Qu’on écoute de bout en bout dans les canapés

    Je ne complimente pas mes filles
    Pour leur vénération d’un pareil misogyne
    Et je repense à une émission de FC : au secours !

    On regarde Bright
    Je suis saisi, deux soirs de suite
    Par l’anormale bêtise du divertissement

    Il est tard
    On s’embrasse
    Un Noël tout simple

    J’écris un peu
    Je bouquine un peu
    Je pense un peu à elle

    #mon_oiseau_bleu

  • Il s’en est fallu de pneu
    Que le rêve de cette nuit
    S’enfuit, retenu in extremis à un fil

    Un fil
    Un cheveu
    Un cheveu roux

    Je travaille de nouveau à Clermont-Ferrand
    Je rentre tous les soirs à Paris par le pneu
    Je passe devant le Tracé provisoire

    Balance en cours, pas répétition
    La musique improvisée cela ne s’improvise pas
    Je n’irai pas au concert de ce soir

    Je propose aux enfants encore petits
    Un concours de maquettes
    Avec imprimante tri dimensionnelle

    Ils sont moyennement motivés
    Et veulent prendre le pneu
    Pour aller prendre le goûter aux Rigaudières

    Nous sommes retenus pour le dîner
    Ce qui va m’obliger à sécher le travail demain
    À travailler en mode fantôme

    Je sais quoi offrir
    Pour la nouvelle année
    A mon psychanalyste : ce rêve !

    Ce matin les enfants sont
    En autonomie parfaite je les entends
    Partir à leurs différents établissements, de mon lit

    http://www.desordre.net/musique/brahem.mp3

    Café noir
    Tartines
    Anouar Brahem

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/agnel_minton.mp3

    L’entièreté de mon rêve cette nuit
    M’est revenue en apercevant
    Les tranches des disques de Sophie

    Et
    Tout
    M’est revenu

    Pour gagner deux heures de sommeil
    Le premier sinistre nous a fait perdre
    Un demi-million d’euros, peigne-cul

    Et on ne parle même pas
    De l’empreinte carbone
    D’un vol de douze heures à vide

    Je sais c’est mal
    Mais je voudrais tuer ce peigne-cul
    En lui faisant respirer cette inutile pollution

    Musique à fond
    Range ta chambre
    Nom de nom ! Et il le fait

    On y voit un peu plus clair
    Mais comme chaque fois
    Après un tel rangement : je suis sec !

    Une anguille de sieste assez curieuse
    Je fais réparer ma guitare électrique
    Je peins un aileron de requin dessus

    Je réapprends à jouer de la guitare
    Même mal, je la branche à la console MIDI
    Et je me lance dans un nouveau spectacle

    Dois-je piloter les images avec la guitare
    Ou jouer de la guitare avec les images ?
    Réponse dans une douzaine d’années !

    Je sors de cette sieste
    Je fourre ma guitare dans sa sacoche
    Et je file chez le luthier. Fermé

    À la librairie je croise mon amie Joëlle
    Mais qu’est-ce que tu as dans ton dos ?
    Ma vieille guitare électrique

    Joëlle, musicienne, violoniste
    Tu joues de la musique maintenant ?
    Non des images que je vais piloter avec elle

    Joëlle me raconte des choses pas drôles
    Il pleut une pluie anglaise, insidieuse
    Mais on est content de se revoir

    Une fois par an
    Je me rends à la cathédrale locale
    De consommation

    Chaque année
    J’ai le sentiment d’assister
    À la fin de l’humanité

    Chaque année
    J’ai le sentiment d’être habillé
    Comme un clochard, d’être regardé

    Chaque année
    Je trouve avec les enfants
    L’occasion d’en rire. Jaune

    Soupe de courge
    Mozzarelle et huile d’olive
    Long débat sur qui fait la vaisselle

    Je me fais remettre
    À ma place
    Aux échecs par Émile

    Le soir je reçois un mail d’Hélène
    Qui me raconte une vieille histoire
    Entre nous, une histoire d’arbre

    L’accompagnant à Curie
    On imagine bien pourquoi
    Elle avait reproché l’absence d’arbre

    J’avais traversé la rue d’Ulm
    Monté dans les étages des Arts Déco
    Et dessiné un arbre

    Aujourd’hui je peux bien lui dire
    Sa chambre c’était celle de ma mère
    Vingt ans plus tôt pour le même animal à pinces

    C’est la chambre de celles
    Qui s’en sortent très bien
    Ma mère en 1988, Hélène en 2009

    #mon_oiseau_bleu

  • Les Cévennes sont devenues une île
    Montagneuse ravitaillée
    Par des fourgonnettes volantes

    La communauté stocke le grain
    Dans des silos souterrains
    Nous sommes parfois survolés par des T6G

    Matin calme
    Café et musique
    Mon poème du soir sera une setlist

    Je mets la dernière main
    A une fausse chronique
    Pour Sarah M.. Un conte. Oriental

    Un conte
    Oriental
    Non, pas si loin

    J’ai battu mon tapis hier soir
    Il a passé la nuit dehors par erreur
    Je marche, pieds nus, sur un tapis froid

    Sarah
    Aime bien
    Mon conte

    Mon conte
    Est
    Bon

    Je travaille
    J’ai du travail
    J’avance dans mon travail

    Laurent
    M’encourage
    Aux Moindres gestes

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/dans_les_arbres.mp3

    Mettant le disque de Dans les arbres
    Je m’amuse que le choix de disque
    Devient un vers de mon poème du soir

    http://www.desordre.net/musique/monk_midnight.mp3

    Vers midi
    Comme autour de Minuit
    L’attention décroit

    Pâtes
    Sieste
    Café

    http://desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/velvet_underground.mp3

    Rêve d’un détournement
    D’une pochette de disque du Velvet
    Une banane devenue noire, pourrie

    http://www.desordre.net/musique/stones.mp3

    Rêve d’un détournement
    D’une pochette de disque des Stones
    Derrière une braguette : une petite bite

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/sex_pistols.mp3

    Rêve d’un détournement
    D’une pochette de disque des Pistols
    Le visage de la Reine, aujourd’hui, vieille

    Trois petites
    Anguilles
    De sieste

    Émile passe
    Apporte un peu de désordre
    Émile repart

    http://www.desordre.net/musique/brahma.mp3

    Nicolas Nageotte
    Jacques Di Donato
    Commun leurre

    Ça part un peu vite
    Mais je m’accroche
    Qu’écrivais-je, déjà ?

    Je pose vraiment la question
    C’est quoi ce Céalis
    Qu’on veut à ce point me vendre ?

    Le facteur est passé
    Dans mon dos
    Les Sex Pistols dans ma boîte

    https://www.youtube.com/watch?v=W-7LEa_S_rw

    To be played loud me fait rire
    Moi, obéissant. J’ai 13 ans
    Et je joue de l’air-double-bass

    Je profite de la fin du jour
    Pour aller cueillir
    Des marque-pages jaunes

    Je passe devant des jeunes gens
    Qui écoutent du rap sur leur boom-box
    J’ai les Pistols en tête, presque je leur taperais une taffe

    Je sifflote
    Anarchy In The UK
    Ma baguette sous le bras

    Je chantonne God Save The Queen
    Je croise une amie en plein combat
    Je change de disque

    Thé vert
    Pensées noires
    Le vrai courage je l’ai en face de moi

    Je pars chercher Zoé à son atelier de céramique
    Je ris de passer le CD de Never mind the future
    Dans une voiture qui a conduit son guitariste avant-hier

    Je dépose Zoé chez la docteure
    A la pharmacie j’imagine des trucs incroyables
    Zoé doit croire que je prends des produits

    On dîne en tête-à-tête au restaurant japonais
    On rentre, on regarde Camille redouble
    « C’est l’enfance maltraitée », lâche Zoé

    Aujourd’hui, j’ai eu treize ans avec les Caroline
    Et seize ans avec Camille
    Malgré tout ce soir je fais mon âge, épuisé

    Larry Coryell
    Garth Knox
    ADADA

    Roger Turner / Omoto Yoshihide
    Dans les arbres
    Nicolas Nagetotte / Jacques Di Donato

    Pascal Comelade joue Under my thumb
    Sarah Murcia joue les Pistols
    Tom Waits joue Rod Stewart

    En décalant l’heure du réveil
    Quel coup coup de dé
    Je joue dans l’univers de mes rêves ?

    #mon_oiseau_bleu

  • Dans une tour immense
    Du quartier des affaires
    Des sociétés de prod porno

    C’est devenu le nouveau standard de l’industrie
    On emploie des comédiens en doublure
    D’acteurs et d’actrices pornos

    Mauvaise humeur partagée
    Avec Sarah, trop tôt
    Sans doute pour l’échange tendre

    J’aime arriver tôt le lundi
    Dans un open space noir
    Cela rend le cauchemar supportable

    Un café
    Un petit tour sur seenthis
    Et un récit de rêve

    En allant chez mon ami dentiste
    J’ai salopé son travail
    J’écoute Adèle Van Reeth

    Quand je serai à la retraite
    J’écouterai Adèle Van Reeth
    Tous les matins

    Approchant du cabinet
    Il est question du dentiste Sussman
    Dans A Serious Man des frères Coen

    J’ai dans un petit pot
    Ma fausse dent descellée
    Comme la dent du patient goy

    Échange avec mon ami dentiste
    J’en suis ému
    Ce que nous avons en commun lui et moi

    Je découvre qu’Éric Chevillard
    Tente de masquer son méfait
    Et méprise davantage son lectorat fidèle

    Come to bed love
    I can’t, someone
    Is wrong on the Internet

    Ma cheffe multiplie les lapsus
    À propos d’un collègue qu’elle dit enceinte
    Elle est subjuguée par mon interprétation

    Je ne suis pas très inspiré
    Aujourd’hui
    Dans l’open space

    Je prends le temps d’aller au café
    En sortant du travail
    Je travaille d’arrache-pied

    Il y a quand même beaucoup
    D’agitation tout autour, du bruit
    De la mauvaise musique, et je travaille !

    Mon verre de thé à la menthe
    Réchauffe ma main
    Et mon cœur !

    Je devrais aller au café
    Tous les soirs
    En sortant du turbin !

    « Je suis dans le riz »
    Me texte Zoé
     ? Ne sois pas nouille !

    Il y a peu j’ai fait remarquer à Zoé
    Que son message je suis dans le bus
    Manquait de variété, elle a corrigé le tir

    Florilège
    Je suis dans la licorne
    Numéro 46

    Je suis dans le transport
    En commun
    Par voie routière

    Je suis dans la navette
    Je suis dans les carottes
    Je suis dans l’arbre

    Je suis dans la chaussure
    Je suis dans le caca
    Je suis encore en vie

    Je suis dans le décor
    Je suis dans l’engin à roulette
    Je suis dans la piscine

    Je suis dans ton estime
    Je suis dans une casserole
    Je suis dans les choux

    Je suis dans le coffre
    Je suis dans une benne à ordure
    Je suis dans le riz
    , donc

    Je travaille un peu sur le manuscrit
    Des Anguilles les mains mouillées
    Dans la salle d’attente du CMPP

    Retour en métropolitain
    Zoé me fait rire, à distance
    De ses grimaces, celle du strabisme partiel !

    Émile a préparé une quantité
    De sauce au pesto
    Qui devrait nous nourrir une semaine

    N’écoutant que mon courage
    Je ressors, direction la Dynamo
    Baillant au volant

    Première partie, Wallumrød
    Deuxième partie Illegal Crowns
    Troisième partie : surprise !

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/dans_les_arbres.mp3

    Je me laisse emporter
    Par moments, mais ce n’est pas
    Dans les arbres

    En tout cas, cela fait du bien
    Des musiciens qui jouent
    Sur de toutes petites choses

    Entracte
    Sarah Murcia
    Me saute dessus !

    Elle a passé
    Les deux derniers jours
    Dans le Désordre dit-elle !

    Je manque d’attention
    Pour les Illegal Crowns
    Fatigué et écho

    Et donc Sarah me raconte un peu
    Son odyssée dans le Désordre
    On a beaucoup en partage

    Mais surtout
    Beaucoup
    À échanger

    À échanger
    Plus tard
    Peut-être

    Sarah me fait beaucoup rire
    Elle parle de jouer dans un trio
    Comme si c’était avec Mitterrand et Mauroy

    S’adressant à des amis musiciens
    On devrait retourner voir au Tracé
    On devrait faire une sortie scolaire

     ? Le patron c’est Pierre
     ? Non le patron c’est Pierre
    Ce n’est pas le même Pierre

    J’ai toujours adoré
    Ce genre de fausses querelles
    Je ne savais pas qu’un jour avec une contrebassiste

    Je raccompagne Gilles Coronado
    Où il est question de dessin industriel
    Et d’informatique bancaire

    Quand j’y repense
    Un concert tous les soirs
    Depuis vendredi soir

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/pifarely_trace_provisoire.mp3

    Sarah Murcia, Dominique Pifarély
    De la violence dans les détails
    Christian Wallumrød, Illegal Crowds

    #mon_oiseau_bleu

  • Je développe une application, je fais fortune
    J’investis cette fortune dans un documentaire
    À propos d’un Néerlandais qui hérite

    Le Néerlandais désormais fortuné
    Investit cette richesse dans la construction
    D’une maison cubique dessinée par un architecte russe

    Mes poupées russes à moi
    Sont cubiques
    Comme des cubes de Rubik

    Dans le café récemment repris
    Une étagère pleine de bons livres
    Les livres de vos clients égarés

    Disant cela, je me pose la question
    De savoir ce qui est égaré
    Les livres ou les clients ?

    «  ? Non, on les a trouvés comme ça
    Je les garde pour l’effet décoratif ! »
    Voltaire, Nietzsche, Spinoza

    J’entame L’Antéchrist
    Une demi-douzaine de pages
    Un café philo finalement

    Dans la rue, un homme court après la factrice
    Il est vêtu d’un splendide costume trois-pièces
    Et de pantoufles au motif écossais, pour l’effet décoratif

    Avec l’orthophoniste on explique à Zoé
    Les dernières découvertes orthoptiques
    Concernant la dyslexie : « il faut me crever quel œil ? » Zoé

    Avec Zoé on décide une mauvaise fois pour toutes
    De ne plus jouer au jeu des Twingos
    Du coup on en compte 28 sur notre trajet

    « J’ai l’oeil ! »
    Dit-elle
    En riant

    Riz frit
    Carottes, poivrons et noix de cajou
    Œufs brouillés à la sauce de soja

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/nick_cave.mp3

    Vaisselle
    Nick Cave
    Café

    Je prends mon élan pour
    Centre équestre-pédopsychiatre
    Cercle d’échecs-atelier de céramique

    La fascination dans le regard de cet enfant
    En écoutant un musicien du métropolitain
    Jouer de la scie

    Deux jolies jumelles
    Habillées à l’identique
    Se recoiffent de concert

    Un vendeur de tours Eiffel noir
    Pactise et sympathise
    Avec toute une équipe de touristes asiatiques

    Au Trocadéro, une femme vient de télécharger
    L’application du musée de l’Homme et regarde
    Des photographies de crâne sur son téléphone de poche

    Elle passe de l’une à l’autre images
    De crânes
    En les chassant du pouce sur l’écran

    Après avoir fini de lire
    La Domestication de l’art
    Promenade dans les beaux quartiers

    J’ai beau chercher du regard
    Les forces du désordre cachées
    Pour protéger tant de richesses, rien !

    Qu’Émile et moi
    Pouvons être
    Mal habillés !

    Les regards sur nous
    Tout un poème
    Un poème de la suffisance

    Amis
    Ces quartiers ne sont pas
    Du tout protégés

    Le pédopsychiatre complimente Émile
    Qui a perdu un peu de poids (2 ou 3 kg)
    Pas une remarque pour ma perte de 20 kilos

    Le pédopsychiatre
    Me fait toucher du doigt
    Certaines de mes contradictions

    Mes contradictions
    Et mon découragement
    Encore de l’abnégation me demande-t-il

    C’est comme s’il avait compris, fin psychologue
    Que pour atteindre Émile
    Il fallait désormais atteindre le père de son patient

    Deux hommes âgés
    Se retrouvent au Trocadéro
    Et s’étreignent avec affection

    Le marchant de crêpes a changé
    Ce n’est plus la généreuse dame algérienne
    Qui aimait la maladresse d’Émile

    À la place
    Un jeune qui tente
    De m’arnaquer

    En calcul mental
    Je suis hyper fort
    Et rapide

    Il plaide l’erreur, mais je connais son stratagème
    Que j’expose mathématiquement au grand jour
    Un sur deux à la puissance n moins un

    Et je suis content de ne pas être habituellement
    Prisonnier de mon esprit d’escalier
    « À défaut de changer de crèmerie, je change de crêperie »

    Dans le métropolitain
    Je donne l’euro rescapé de l’arnaque misérable
    À un pauvre homme

    Dans le métropolitain
    Je lis l’annexe de La Domestication de l’art
    C’est implacable, Dominique avait raison

    Anarchiste
    Et
    Propriétaire

    Anarchiste
    Et
    Employé

    Anarchiste
    Et
    Artiste, auteur

    Lourd
    Cumul
    Des entraves !

    Rentré à la maison j’aide Zoé
    Avec son devoir d’histoire
    Les doléances du Tiers-État

    Je cuisine des rates au four
    Ail, huile d’olives et, j’hésite
    Un fond bourgeois de Noilly-Prat

    Le croisement de deux piétons, pourquoi ces deux-là ?
    Me donne l’idée d’augmenter l’effet de tête bêche
    Mon Oiseau bleu à l’italienne, les Anguilles verticales

    Il est l’heure de l’invention de la photo, 18H39
    Après la leçon d’histoire, ça me tombe dessus
    La photo a été inventée 50 ans après le 14 juillet

    Il est l’heure de l’invention de la photo, 18H39
    L’heure de retourner les rates
    Dans le four, parfum du Noilly-Prat bourgeois

    Émile défend vaillamment son roi
    Attend patiemment que je relâche l’initiative
    Et me crucifie en deux coups

    Eric Clapton m’écrit
    Pour me proposer du Viagra©®&™
    Il vieillit. She’s all right, she’s all right… Cealis

    Je me botte le cul
    Pour ressortir, épuisé
    Et aller voir Corps et âme

    Pendant la réclame mon voisin
    De derrière me fait rire, il ponctue
    Les slogans de « C’est pas vrai ! »

     ?
    Il me rappelle mon ami Jim
    À Chicago qui, au milieu de chaque film, sans crier gare
    Au pire moment chuchotait : «  can this really happen ?  »

    Corps et âme
    D’Ildikó Enyedi
    Le personnage principal est autiste

    Le personnage principal est autiste
    Le film n’est pas réducteur
    Le personnage autiste n’est pas caricatural

    Le personnage autiste n’est pas caricatural
    Et sert de révélateur
    Des contradictions des neurotypiques

    Or les autistes ne sont-ils pas une chance
    Pour les neurotypiques
    Un miroir sans aucune déformation ?

    Je sors du film
    Complètement chamboulé
    Mais heureux

    Je m’endors
    En souriant
    C’est pas si souvent

    #mon_oiseau_bleu

  • Pour faire plaisir aux enfants
    J’adopte
    Deux bébés tyrannosaures

    «  ? Papa réveille-toi, c’est l’heure
    Qu’est-ce que tu as-tu es tout agité
     ? Je rêvais que j’étais en train de jouer au football ! »

    Je dépose Zoé à sa commission
    Hier elle était interviewée
    Le sérieux de cette adolescente !

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/nick_cave.mp3

    Retour à la maison
    Je mange mon petit déjeuner
    En écoutant Nick Cave

    Je monte dans ma chambre
    Café et Nick Cave
    Et je reprends mon récit de football

    Mon plaisir chaque matin
    Chercher la paire d’images
    Pour aller avec Mon Oiseau bleu

    Découpeuse / Découplé / Découpoir /
    Découpure / Découragé / Décourageant, ante /
    Découragement / Décourager / Décourageur, euse /

    Découronnement / Découronner / Décours /
    Découru, ue / Décousure / Découvert
    (À) Découvert / Découverte / Découvrable

    Découvreur / Découvrir / Décramponner /
    Décrapouiller / Décrassage et Décrassement/
    Décrasser / Décrassoir / Décréditement /

    Décréditer / Décrêpage / Décrêpeler /
    Et Décrêper / Décrépit / Décrépissage
    Décrépit, ite / Décrépitation / Décrépiter /

    Décrépitude / Decrescendo / Décret /
    Décrétale / Décréter / Décret-loi /
    Décri / Décrier / Décriminalisation /

    Décriminaliser / Décrire / Décrispation
    Décrisper / Décrochage / Décrocher /
    Décrochez-moi-ça / Décroiser / décroissance /

    Décroît / Décroître / Décrottage /
    Décrotter / Décrottoir / Décrue /
    Décryptage et Décryptement / Décrypter /

    Décrypteur, euse / Déçu, ue / Décuire /
    Décuiter / De cujus / Décullotage /
    Déculottée / Déculotter / Déculpabilisation

    Mon dictionnaire des synonymes
    Est resté ouvert hier soir
    En cherchant un synonyme à Découverte

    Matinée d’écrivain
    Après-midi de père de famille nombreuse
    Je ne sais ce qui est le plus fatigant

    Longue promenade
    Dans Fontenay et Nogent
    Avec Émile

    Une boulangère qui n’avait plus
    Vu Émile depuis dix ans
    Manque de s’évanouir

    Son pain est toujours aussi bon
    Dommage que ce ne soit pas
    La porte à côté

    Du coup je nous prépare
    Un goûter et c’est comme si
    Émile redevenait un petit garçon

    Papa je t’appelle pour te dire
    De ne pas t’inquiéter
    Je suis partie fumer de la drogue. Zoé

    Je constate la saleté dans la maison
    Elle est habitée par des adolescents
    Dont le père est un auteur un peu occupé là

    Le plaisir que je prends à écrire
    Ma propre nécrologie dans Fantômes
    J’en écris même deux différentes

    Dans l’une je suis un artiste incompris
    Et toujours en retard d’une rame
    Et dont on ne sait que faire du travail post mortem

    Dans l’autre
    Je prends le maquis
    Contre le gaz de schiste

    Dans les deux,
    Je meurs suicidé et centenaire
    Et dévoré par les sangliers

    Lasagnes aux épinards
    Et à la mozzarelle
    Compote de pommes

    Monuments men
    De George Clooney
    Avec Émile et Zoé

    Je lance une machine à laver
    Je fais la vaisselle
    Et je me remets au travail

    Il arrive de temps en temps
    Que la profusion de mes corrections
    Me décourage et que je préfère lire

    #mon_oiseau_bleu

  • Je ne parviens pas du tout
    A recoller les bribes très éparses
    Et très floues de mon rêve

    Ne reste de ce rêve
    Que des idées générales
    Une conférence avec Jean-Luc

    http://www.desordre.net/musique/guionnet.mp3

    J’essaye même d’écouter
    Un disque de Jean-Luc pour
    Me reconnecter au rêve, peine perdue

    Enfin peine perdue
    C’est mal dire
    Plaisir de l’écoute, quand même

    Belle lumière dehors
    Qui monte dans mon dos
    Fatigué, trop dormi

    Je voudrais pouvoir écrire
    Mais ne pouvant faire mon échauffement
    Dans les Anguilles , rien ne vient

    En fin de matinée je reçois
    Un de ces mails toxiques, plein de mensonges
    Poison dont je sens la progression dans mes veines

    Déjeuner pollué, un peu
    Avec Nicolas du Kosmos
    Avant que le fil de la discussion ne me dévie

    J’ai entre les mains
    Le scénario du prochain film
    D’un cinéaste que je vénère

    J’aurais un vase Ming
    Entre les mains
    Je serais moins ému

    Sieste improductive
    Aussi bien sur le plan du repos
    Que, in fine , de la production onirique

    Je descends travailler
    Et l’intention d’en découdre
    Avec la machine à coudre

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/nick_cave.mp3

    Je mets Nick Cave
    Il a pour mission de me secouer
    La red right hand

    Travaille !
    Je me dis tout haut
    Au milieu du garage

    Et Je
    M’y
    Mets

    Enfin
    Je m’y mets
    C’est pas gagné

    Les Fantômes
    Prennent forme
    Dit comme ça…

    Le soir, dîner
    Avec les filles
    Sushis

    Enfance maltraitée
    J’emmène Zoé
    Au cinéma après les sushis

    Barbara
    Mathieu Almaric
    Jeanne Balibar

    Certains plans de Barbara
    Ont la grâce surnaturelle
    Des derniers plans de E La Nave va

    http://www.desordre.net/musique/zappa.mp3

    Zoé : « qu’est-ce que tu reprocherais à ce film ?
    ― Rien, je n’aime pas Barbara, j’aurais aimé le même film
    À propos de Zappa ― avec Balibar en Zappa ? ― Oui !

    Jeanne Balibar
    Saurait très bien faire
    Zappa, elle sait tout faire

    #mon_oiseau_bleu

  • Dans mes rêves
    Je pars aux sports d’hiver
    En voiture de sport !

    Dans mes rêves
    Mes amis et moi avons affaire
    Avec un propriétaire retors

    Dans les rêves
    Même quand je suis diplomate
    Mes amis me donnent tort

    Dans mes rêves
    Je roule en voiture de sport
    Mais je ne roule pas sur l’or

    Dans mes rêves
    Je sais tout faire
    Je suis très fort

    Catastrophe
    C’est dimanche matin
    Et plus de café !

    Sur le marché
    Une pluie d’automne vient salir
    Les courgettes de fin d’été

    Dimanche matin
    Matinée d’écriture
    Je chasse les Fantômes

    Travaillant désormais
    Sur quatre textes à la fois, immodestement
    Je me fais penser au peintre Arnulf Rainer

    Ich male
    Zehn oder zwanzig
    Bilder zur gleichen Zeit

    Un peu de flottement en fin de matinée
    Je cuisine des rates et je prépare
    Une grande salade de chicons, ça va

    Un peu de flottement en fin de matinée
    Je reçois le mail de Daniel
    En réponse au récit de mon rêve, ça va

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/wayne_shorter.mp3

    Un peu de flottement en fin de matinée
    J’écoute un vieux disque
    De Wayne Shorter (elle détesterait), ça va

    Brigitte Macron
    Entreprend de dépoussiérer
    L’Elysée

    Une artiste dissidente chinoise
    Se sert du Désordre pour organiser
    La fuite d’autres artistes dissidents

    La Sécurité Sociale
    M’écrit pour me dire que j’ai épuisé
    Mon crédit d’arrêts-maladie, je ne suis plus couvert

    L’artiste chinoise dissidente
    Et la Sécurité Sociale disparaissent
    Dans la bonde de la douche, après la sieste

    Pour ce qui est
    De la Sécurité Sociale
    Ce n’est pas dommage

    Promenade au Bois de Vincennes
    Quasi désert juste après une ondée
    Tour du lac des Minimes, le petit tour

    Zoé prend Emile et moi par les bras
    Elle ironise : « là, entre vous deux
    Je ne devrais pas me faire agresser ! »

    Je vais chercher
    Du pain frais
    Pour le goûter !

    Je prépare
    Un crumble
    Aux poires

    Pendant la cuisson
    Attendant que le sèche-linge
    Ait fait son office, j’écris, un peu

    Zoé retourne à ses devoirs
    Emile retourne à sa promenade
    Je retourne à la pile de linge

    Je suis surpris moi-même
    Par l’étrange portée
    De Fantômes . L’ai-je vraiment écrit ?

    Aberanne Salisburry
    Est très ponctuelle, c’est toujours
    À 21H23 qu’elle voudrait fµck me

    Patates douces
    Coriandre
    Fromage de feta

    Et soudain Émile
    Me révèle un incident
    Survenu il y a cinq ans !

    La portée de tout ceci
    La solidarité indéfectible de Zoé
    L’intelligence claire de mes enfants

    La profondeur
    Avec laquelle
    Cela s’insinue en moi

    Un petit quart d’heure
    De Comment je me suis disputé
    N’a pas le pouvoir de me dérider

    J’éteins
    Mais
    Je ne dors pas

    #mon_oiseau_bleu

  • Rêve de frustration
    En écrivant sur mon nouvel
    Ordinateur

    Au lever,
    Je ne pense pas à elle, pas tout de suite
    Je pense aux ouvriers moldaves

    Café du matin
    Choix du disque du matin périlleux
    J’écoute un de ses disques. C’est très beau

    Belle marche dans la ville
    Résultats d’analyse, CRP encore haute
    Pharmacie, banque, position encore basse

    À la recherche (désespérée)
    D’une boule (goûteuse)
    De mozzarelle (août)

    Désespérée
    Goûteuse
    Août

    Pour la musique dans la voiture, j’hésite entre
    Un truc qui me fera penser à elle
    Et un autre que j’ai écouté quand elle est partie

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/fred_frith_yard_with_lunatics.mp3

    Fred Frith
    Ou
    Pascal Comelade ?

    http://www.desordre.net/musique/comelade.mp3

    Signe de guérison
    Mon érysipèle
    Me démange

    Signe de guérison
    J’écoute de la musique
    Beaucoup

    Tomates mozzarelle basilic
    Crevettes et ses trois riz
    Reines-Claudes et café (très bon)

    Pensées pour B.
    En déposant mon manteau à restaurer
    Au Señor de Oliveira

     ? Vous êtes à la recherche de quel genre de manteau ?
     ? Le même manteau que celui d’Andreï dans Nostalghia
     ? Vous ne pouvez pas être plus précis ? - Difficilement !

    Je m’arrête à la station-service de Cergy
    Souvenirs mêlés, c’était il y a une quinzaine
    D’années d’une vie qui est passée tellement vite

    Je suis invité par mes grands à la campagne !
    Ici aussi chantier de peinture de volets en cours
    Sourires entendus avec Clément

    Conciliabule
    À l’ombre d’arbres fruitiers
    Sara va de bras en bras

    J’ai une chambre avec vue
    Avec une petite table
    Sur laquelle j’ai envie d’écrire

    J’ai bien fait de me laisser inviter
    J’ai bien fait de me laisser porter
    Je fais bien de laisser les changements s’installer

    Les Moldaves ne vont plus tarder à arriver
    Je les sens tout près du but, quel voyage !
    Tandis que nous passons à table

    Ailloli de crevettes et de légumes
    Monbazillac
    Crumble aux pêches et au sureau

    Discussion avec Clément et Juliette
    À propos des maisons de campagne
    De ce qu’on laisse dans leurs entrailles

    Sur mon nouvel ordinateur
    Mon fond d’écran, en veille, apparait
    Flou et sombre, tel un fantôme

    Et ce fantôme
    Finit par s’éteindre
    Quand je me couche

    C’est le fantôme
    De L’Enfance d’Ivan
    La scène des bouleaux, son fossé

    #mon_oiseau_bleu

  • Au réveil
    Impossible de poser le pied par terre
    Je clopine jusqu’aux toilettes. Kafka

    Dans le miroir de la salle de bain
    Ma tête de cévenol
    Et le corps d’un scarabée vouté

    Un peu de lecture, mais rattrapé par
    Du sommeil lourd et sans rêve
    Julia, prévenue, monte et prend peur

    Les Moins que rien

    Pour Mon Oncle Stanley avec lequel j’ai passé l’une des nuits les plus étranges de ma vie et pour la docteure D. qui m’a bien soigné, ma gratitude à tous les deux

    Fontenay-sous-Bois, le 10 août 2017

    Chère Docteure

    Je ne sais pas comment vous remercier. Déjà, pour commencer, cela vous fera plaisir d’entendre que je vais mieux, grâce à vous, grâce à votre équipe. Les heures que j’ai passées aux urgences de lundi à mardi comptent parmi les plus riches de mon existence, qui compte déjà quelques trésors.

    Quand vous êtes entrée dans notre chambre à l’Oncle Stanley et moi, je dois vous dire que je n’en menais pas large et le désespoir guettait. Et j’ai repris espoir en vous voyant beurrer les biscottes de l’Oncle Stanley, je me suis cette toubib qui beurre les tartines du vieux Mr Lawson, je peux d’emblée lui faire confiance.

    Vous ne connaissez peut-être pas un photographe helvético-états-unien qui s’appelle Robert Frank et que j’ai étudié il y a une trentaine d’années. Robert Frank a photographié son voisin d’hôpital à Halifax en Nouvelle Écosse au Canada et dans la gélatine il a écrit sa tendresse pour ce Mr Lawson, l’Oncle Stanley. Et c’est à cette série d’images que j’ai tout de suite pensé quand j’ai fait la connaissance du vieux monsieur avec qui j’ai partagé ma chambre.

    Vous faites un travail admirable. Vous êtes manifestement compétente, mais vous êtes aussi tellement dévouée et attentionnée, je ne sais pas si en haut-lieu on vous le dit de temps en temps, les hauts-lieux sont parfois ingrats, comme nous allons le voir, en tout cas, moi, je vous le dis. Cela ne changera pas grand-chose à pas grand-chose, cela vous fera peut-être plaisir de l’entendre.

    Il y a un peu plus d’un mois, le petit morveux que les veaux de Français ont été guidés d’élire pour président a eu cette parole remarquablement révélatrice, il a parlé des anonymes, en disant « des gens qui ne sont riens ». Vous n’imaginez pas à quel point cela m’a mis en colère. J’ai eu une envie irrépressible de le gifler comme on ne devrait pas gifler un adolescent présomptueux qui vous manque de respect.

    Depuis, je prends note de toutes sortes de situations dans lesquelles des moins que rien étalent des richesses insoupçonnées, surtout d’humanité et, cette nuit, dans votre service, j’ai été servi de très copieuses rations de pareils trésors. Vous, votre confrère infectiologue, Kevin, les infirmiers, les aides-soignantes et Mon (inénarrable) Oncle Stanley. À toutes et tous, merci, du fond du cœur, j’ai l’intuition qu’on ne doit pas vous le dire assez. Vous êtes à la fois des sentinelles et des remparts de ce qu’il y a et doit rester de meilleur en nous.

    Pour vous remercier, toutes et tous, je vous envoie un extrait d’un texte en cours que je suis en train d’écrire. Cela s’intitule Mon Oiseau bleu , ce sont des poèmes très brefs en trois vers librement écrits sans bien suivre des règles japonaises ancestrales eux appellent cela des haïkus , je ne suis pas très sûr que mes petits poèmes en soient de très bons et surtout de très authentiques, mais au moins ils vous raconteront comment un patient vit les choses dans votre service, dans lequel, je dois vous le dire, on dort très mal !

    Avec mon respect, mon amitié et mes remerciements

    Philippe De Jonckheere

    PS : je joins à cet envoi, un exemplaire de mon roman Une Fuite en Égypte pour la bibliothèque du CE (vous pouvez être la première à le lire avant de le verser à la bibliothèque !). Mon prochain livre sorte en 2018, il s’intitulera Raffut et il parle de rugby et de handicap mental, vous pourrez l’offrir à votre mari !

    Aux urgences de Bry-sur-Marne
    Dans la salle d’attente
    Une belle variété de personnes

    Un téléviseur allumé
    Longtemps que je n’en avais vu un
    En fait tout va bien dans le monde

    En fait tout va bien dans le monde
    Macron a déjà tout réparé
    Encore un peu de terrorisme qui fait chier

    Encore un peu de terrorisme qui fait chier
    Mais dans l’ensemble tout va
    Dormez braves gens

    Dormez braves gens
    Et, de fait, personne ne regarde
    Le téléviseur muet

    Le téléviseur muet
    Suis-je le seul à le remarquer ?
    Tous plongés dans leur téléphone

    Une très chouette infirmière
    Me demande si je suis belge
    Son compagnon s’appelle comme moi

    Profession ?
    J’ose (pour rire)
    Écrivain !

    Ah ? dans nos fichiers
    Vous êtes connu comme informaticien
    J’emmerde l’informatique !

    Une chouette docteure
    Se frotte les mains avec intérêt
    Pour mes rougeurs pas ragoûtantes

    Je lui propose de la cartographie expérimentale
    Elle dessine au stylo-bille
    Les contours de mes rougeurs

    Je suis aux urgences
    Et je pense aux cartographes
    De mon Facebook®©™ bio

    Je grelote
    En plein mois d’août
    Autour de moi les gens sont en nage

    On me propose la nuitée
    Je ne refuse jamais
    De dormir ailleurs

    Mon hôte s’appelle Kevin
    Un chouette infirmier
    Qui me parle comme à un vieillard

    Kevin me propose un plateau-repas, j’accepte
    Mais je préviens Kevin que je n’ai pas mangé
    Depuis trois jours, je vais picorer, au mieux

    Kevin, le chouette infirmier
    Me fait remarquer que cela ne le changera
    Pas des autres patients, tous très âgés

    Et, de fait, on amène mon compagnon de la nuit
    Un très vieux monsieur qui me fait penser
    Immédiatement à Mr Lawson de Robert Frank

    Mon Mr Lawson,
    Mon Oncle Stanley à moi
    S’appelle Roger

    Mon Oncle Stanley ne tient plus sur ses jambes
    Ne maîtrise plus ni mains ni sphincters
    Mais il a une bouille. Et un sourire édenté !

    Il n’entend plus très bien
    Du coup il parle
    Très très très, très, très fort

    Et aussi, et ça j’aime
    À un point ! il rit
    Très très très, très, très fort

    Et, le pauvre !
    Il a mal partout
    Dans n’importe quelle position

    Mais il rit
    Il a l’œil
    Qui pétille

    Je comprends mal
    Ce qu’il me dit
    Mais on se comprend bien

    Kevin est un peu las des nombreuses demandes
    De changements de positions de Mon Oncle Stanley
    Alors j’apprends à me servir des commandes du lit

    Mon Oncle Stanley et moi
    On trouve des positions
    Pas toutes dans le manuel

    Et ça le fait rire
    Mais rire
    Très très très, très, très fort

    Je ne vais pas tarder
    À découvrir que Mon Oncle Stanley
    A d’autres talents

    Julia s’égare
    Pour me rapporter mes affaires
    Fine psychologue, sans sens de l’orientation

    Elle a oublié mon respirateur
    On rit très très très, très, très fort
    Fine psychologue, tête en l’air

    Je m’endors
    Je me réveille, Julia a branché mon respirateur
    Et me tend le masque, m’embrasse, s’en va, je dors

    Choses entendues et choses vues
    La nuit sera longue aux urgences
    Et les nerfs de tous très éprouvés

    Des hommes sombres (pompiers ?)
    Poussent un brancard sur lequel
    Git un homme sans vie

    Mais trouvez-nous quelqu’un
    Elle est en train de se maculer
    Avec ses selles !

    Voix de Kevin, paniqué
    Mais Madame où est-ce que
    Vous allez, vous ne pouvez pas marcher ?

    Chute (bruyante)
    Kevin hurle (bruyamment)
    Un numéro codé

    Des collègues rappliquent
    Saint-Lazare à 8 heures serait
    Plus tranquille pour dormir

    Kevin, lampe de poche dans la bouche
    Soulève mon bras, prend mes constantes
    Et répond au téléphone, il est trois heures

    Mais pourquoi ils nous l’amènent
    Il ne va pas passer six heures ?
    Je ne dors plus, je ne veux plus

    Aux toilettes je découvre
    Que les rougeurs ont fraudé les frontières
    Et sont désormais dans l’aine. J’ai peur

    Je prends mon téléphone de poche
    Et je tâche de prendre en note
    Mes poèmes de ma nuit aux urgences

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/agnel_minton.mp3

    J’ai passé la nuit
    Avec Phil Minton
    Et Sophie Agnel

    Le vieux monsieur à côté de moi
    A un très étonnant répertoire
    De raclements de gorge

    Et avec la tringlerie de son lit
    Il produit une grande variété sonore
    Nuit aux urgences

    (Tête de Sophie Agnel
    Quand elle a reçu
    Ces neuf lignes !)

    Arrivée de l’équipe du matin, soupirs
    Des aides-soignantes qui doivent passer la wassingue
    Sur les scènes de guerre de la nuit

    La vieille dame qui ne peut plus marcher
    Fait une nouvelle tentative d’évasion
    J’ai de l’admiration pour son opiniâtreté

    Quant à la dame qui fait du Gasiorowski
    Elle a, apparemment
    De nouvelles idées

    Mon Oncle Stanley à moi
    A des accidents de pistolet
    C’est comme ça qu’on dit

    Bref, c’est la foire
    La visite de la docteure
    Arrive avec le petit-déjeuner, tard

    Mon Oncle Stanley à moi
    N’a plus aucune maîtrise de ses mains
    Mais il tente de se débrouiller

    Un jour, peut-être
    Je me battrais avec la cellophane
    D’un duo de biscottes

    La docteure est chouette
    Elle vient en aide à l’Oncle Stanley
    Elle lui beurre ses biscottes

    La docteure est chouette
    Elle beurre les biscottes, pendant que cela
    Continue d’être la guerre pour les aides-soignantes

    La docteure est chouette
    Elle prend beaucoup de précautions
    Pour ménager l’Oncle Stanley

    Elle note deux ou trois trucs
    Mesure une plaie avec un petit décimètre
    D’écolière, bonne élève, débrouillarde (et souple)

    Elle voit que les aides-soignantes sont au clip
    Aide l’Oncle Stanley avec son jus d’orange
    Et d’un très beau sourire, s’excuse

    Vous êtes Monsieur De Jonckheere
    Vous êtes arrivé hier à 1800 avec épisodes fébriles
    Vous avez un érysipèle, dites-moi

    Elle est chouette,
    Elle écoute tout attentivement
    Elle me fait préciser des trucs

    Elle regarde attentivement la cartographie expérimentale
    Les rouges gagnent du terrain, mais reculent pas endroits
    Elle est rassurante, pas d’amputation ? Non pas encore !

    Elle est chouette,
    Elle me rassure
    Ce n’est pas moche, dit-elle

    Elle est chouette
    Elle promet de revenir avec un confrère
    Infectiologue, pour être sûre, dit-elle

    J’échange quelques messages avec Julia
    Avec Clément, je rassure mon monde
    Mais quelle nuit !

    On emmène Mon Oncle Stanley
    À la radiographie, ça l’amuse beaucoup
    Il rit très très très, très, très fort

    http://www.desordre.net/musique/zappa_illinois_ennema_bandit.mp3

    Où je découvre que, par je ne sais quel miracle
    J’ai dû faire un test, que sais-je ? sur mon téléphone
    Se trouve tout Bongo Fury de Frank Zappa

    Je profite de l’absence de Mon Oncle Stanley
    Pour écouter Zappa au téléphone
    Comme Proust écoutait du théâtre

    Sophie Agnel me répond
    Je suis devenu ami avec elle
    On rigole à propos de Phil Minton

    Je lis Les Beaux jours d’Aranjuez
    De Peter Handke, splendide
    Aux antipodes du navet de Wenders

    Dans le couloir j’entends
    La chouette toubib parler de moi
    C’est un Monsieur, la soixantaine

    Arrive l’infectiologue
    Je ne savais pas qu’un jour
    Je serais content d’en voir un

    La chouette toubib lui dit que ma CPS
    Était à 220, je corrige, 227
    C’est bon, j’ai leur attention

    L’infectiologue étudie la cartographie expérimentale
    Inspecte mes pieds, trouve à redire
    Un mois dans les Cévennes, des pieds de Cévenol

    Il montre une région de la carte
    Où il décèle le recul des Rouges
    Je suis confiant, dit-il

    La chouette toubib me sourit
    Cette docteure aime ce qu’elle fait
    Elle est complètement du côté de la vie

    Je vais tout de suite signer
    Vos papiers de sortie
    Appelez votre fils

    Huit heures plus tôt
    Je considérais la vie
    Amputé

    Arrivent Mon Oncle Stanley et son plateau
    Pas d’aide soignante, je lui propose de l’aider
    Je lui coupe sa viande et lui donne une bouchée

    Il a un sourire extraordinaire
    Elle est bonne exulte-t-il
    Cet homme a encore du plaisir

    Il rate une bouchée
    On rit très très très, très, très fort
    Je voudrais l’embrasser

    L’aide-soignante me voit catastrophée
    Je la rassure, j’aime ce que je fais
    Tellement plus que l’ open space , pense-je

    Et je pense justement que si mes collègues
    Me voyaient et m’entendaient
    Rire très très très, très, très fort…

    Avec l’aide-soignante qui a repris les commandes
    Pendant qu’elle donne à manger à Mon Oncle Stanley
    On parle des citronniers de son enfance, en Algérie

    Clément arrive, quand je sors
    La guerre est finie
    Mme Gasiorowski est passée à autre chose

    La chouette toubib me signe les papiers
    Elle me donne des prescriptions
    Et des conseils, elle rayonne

    Elle me demande comment je me sens ?
    Je réponds soulagé, mais très fatigué
    Je n’entrerai pas dans une mêlée, dis-je

    Ah je me disais aussi
    Vous êtes comme mon mari
    Un faux sauvage, un rugbyman

    Je la remercie, j’ai tellement d’admiration
    Pour cette docteure qui beurre les tartines
    De Mon Oncle Stanley, elle est solaire

    Je fais mes adieux à Mon Oncle Stanley
    Je suis obligé de guider sa main dans la mienne
    Cet homme m’a redonné de l’espoir, pour longtemps

    Et quand je pars finalement
    Il dit très très très, très, très fort
    Au revoir mon petit gars !

    Je pourrais pleurer
    D’être le petit gars
    De Mon Oncle Stanley

    Arrivés à la maison
    Clément m’aide
    Je n’ai toujours pas faim

    Je tente de grappiller
    Quelques heures de sommeil
    En pensant à Mon Oncle Stanley

    Cela faisait longtemps
    Que je n’avais pas vécu
    Une telle aventure !

    Le reste de la journée
    Est évidemment
    Très morne

    Cela ne peut pas être
    Urgences à Bry-sur-Marne
    Tous les jours !

    #mon_oiseau_bleu

  • Walter, Andrew, Antoine,
    David, George, Jason
    M’ont écrit cette nuit

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/fred_frith_yard_with_lunatics.mp3

    Fred Frith
    Three days in fuckin paradise
    Disque écouté avec elle, disque poison

    Disque écouté, sans elle, sur l’autoradio
    Je l’avais déposée à l’aéroport, nous venions
    De faire l’amour, la première fois

    Quand je me baignerai
    Dans les eaux froides de la Cèze
    Est-ce que je penserai toujours à elle

    Tentative
    De douche froide
    Négatif chef !

    Page 111 of 111
    Words 16501
    mon_oiseau_bleu.rtf

    http://desordre.net/invites/daniel_van_de_velde/index.htm

    Je me replonge
    Dans le recueil de poèmes visuel
    De Daniel. C’est beau !

    Daniel, l’ami, mais aussi
    Cette source d’inspiration
    Souterraine en moi

    J’emmène mi carette à l’carwash
    Elle ressort aussi propre
    Que les voitures qui y entrent

    Les caresses de ces hommes
    À leurs voitures au carwash
    Sont-ils aussi doux avec leurs compagnes ?

    Je crois que c’est la première fois
    Que je vais dans un carwash
    Un samedi matin

    Rendez-moi mon café
    Et mon free jazz
    Du samedi matin

    Vous payez plus
    De 2 500 euros
    D’impôts ?

    http://www.desordre.net/musique/lou_reed_sex.mp3

    Lou Reed, fin de sieste, réveil difficile
    Guitares saturées, grosse artillerie
    Pourtant ça fait du bien par où ça passe

    À la piscine
    Mon signe distinctif ?
    L’absence de tatouage

    En faisant mes longueurs
    Je n’ai toujours pas trouvé la commande
    D’enregistrement de mes poèmes de piscine

    Visite impromptue
    Chez Laurent et Marie
    Je leur raconte Sayonara

    Visite impromtue chez L.&M.
    Demain ils passeront sous mes fenêtres
    De Portsmouth, dans London Road

    Visite impromptue chez L.&M.
    Émile reçoit un cours particulier
    De skate board

    Dessins des persiennes
    Sur les murs ombragés de la chambre
    Me remettrais-je un jour à la photo ?

    Blue
    Pills
    Easy-ordering

    Perdez du poids
    À votre rythme
    Avec cet incroyable accessoire

    Je vois bien, je sens bien
    Que je pense à elle
    Tout le temps

    Burn over 9lbs
    Of fat by Tuesday
    With this fruit

    Retour de Zoé
    A la maison
    Retour de la joie

    Retour de Zoé
    A la maison
    Retour du rire

    Nouilles
    Sautées
    Aux cajous

    L’habitude est prise avec Émile
    Promenade digestive
    Dans les rues de Fontenay

    Dans une valise je range les livres
    Que je vais lire dans les Cévennes
    Ces livres seront bien lus, et très abimés

    Que j’aime la caresse
    De cette goutte de sueur
    Dans ma salière gauche

    Les Cévennes bientôt
    Mais adieu le Tracé provisoire
    Et adieu le Keaton

     ? Tu descends papa ?
     ? Oui. ? Qu’est-ce que tu vas faire ?
     ? Écrire de la poésie ! Tête de Zoé !

    La nuit tombe tard
    Lecture sur soir
    Installation d’Alain Spiess

    Carwash le matin
    Promenade et lecture le soir
    Et c’est toute la journée, pensée d’elle

    #mon_oiseau_bleu

  • Ivre,
    Il vote
    En 2017

    Ivre, il vote en 2017
    Premier sourire de la journée
    Graffiti, gare de Val

    Je dépose Émile à la gare pour une sortie
    Le sourire radieux de son éducatrice
    Qui emmène son petit monde à Bruxelles

    Aube d’été orgiaque
    Ciel orange foncé
    Sur les immeubles de Val

    Je ne pense plus à elle
    Tout le temps
    Là j’y pense

    Là je pense à elle
    Pourtant à cette heure
    Elle doit dormir profondément

    Il n’est pas sept heures
    Et j’ai déjà écrit
    Dans Mon Oiseau bleu

    Pour les adultes autistes
    Et leurs proches,
    L’angoisse du « vide intersidéral »

    Un orage et la pluie qui cingle
    Les baies vitrées, apportent
    Quelques distractions en open space

    Elle contemple le même spectacle
    À un kilomètre de là.
    Ou alors, elle est en tournée

    Elle contemple le même spectacle
    À un kilomètre de là.
    Ou alors, elle dort encore

    Céline Dion assiste au défilé Dior
    Dans une robe chemise et…
    Sans soutien-gorge

    Au café, un éclairagiste
    Travaille pour son spectacle sur son PC
    Et moi, je travaille à un nouveau texte

    Au café, les unes et les autres
    Travaillent à des projets
    Qui ont fière allure

    Au café
    Quelle usine !
    Surtout moi, évadé

    Au marché, chaleur moite
    Les esprits s’échauffent
    Et la marchandise s’avarie

    Au café, le plat de poisson
    De l’éclairagiste
    Empeste

    Au café, je tente
    D’amputer Une Fuite en Égypte
    De ses matières grasses

    Je voudrais une version courte
    D’ Une Fuite en Égypte
    Une version de lecture publique

    Combien de temps
    Vous faut-il
    Pour créer un chef-d’œuvre ?

    Le plaisir mauvais
    Que j’ai à biffer
    Des passages entiers de la Fuite

    Laurent passe féliciter Sarah
    Et lui offre
    Cent ans de solitude

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/pifarely_trace_provisoire.mp3

    Dominique Pifarély (violon), Antonin Rayon (piano)
    Bruno Chevillon (contrebasse) et François Merville (batterie),
    Démarrent avec Le Peuple effacé

    À la réflexion, Dominique
    Est le musicien
    Que j’ai le plus écouté

    Je finis par
    Avoir un rapport
    Intime avec le violon de Dominique

    Blow
    Dominique
    Blow

    François Merville
    Batteur
    Paradoxal

    François Merville
    Vous invite pour une danse
    Puis change d’idée

    Bruno Chevillon
    La contrebasse
    Sombre

    Antonin Rayon
    Spécialiste
    Des alliages, des couleurs

    Le photographe
    Assis à côté de moi et qui fait chier
    C’est Xavier Lembours !

    Antonin Rayon à propos de ma voiture
    Ça c’est de la bagnole de batteur
    Et de fait je raccompagne François

    Syllogisme amical
    Les amis de Dominique
    Sont mes amis. François Merville

    Emile a dépensé tout son argent de poche
    A Bruxelles pour nous rapporter
    Du chocolat. De canicule

    Ivre, il vote en 2017
    Le café c’est l’usine
    François Merville en feu

    #mon_oiseau_bleu

  • http://inthemorningmag.com/wp-content/uploads/2016/09/Nick-Cave.jpeg

    Sur la table de la cuisine
    Au réveil, tu retrouves
    Ton manuscrit, le ventre ouvert

    Le dimanche matin
    Tu voudrais qu’il soit entre 7 et 8 heures
    Toute la journée

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/nick_cave.mp3

    Piscine
    Café
    Nick Cave

    Mon amie Sarah
    Me conseille de faire du ménage
    Pour l’inspiration

    Le groupe djihadiste Etat islamique
    Revendique l’attaque
    Contre un bus transportant des coptes

    Des mendiants se succédaient dans la rame
    De plus en plus nombreux
    De plus en plus agressifs

    L’insoutenable agression
    D’un mendiant dans le métro
    Qui me crie avoir faim

    Accueil de Dominique
    Étreinte fraternelle
    Dominique, mon grand frère

    Il va m’en vouloir
    Mais quand Dominique monte sur scène
    Les autres musiciens serrent les fesses

    À propos d’Une Fuite en Égypte
    Dominique me dit
    Tu ne dois pas le lire comme c’est écrit

    Plaisir d’un ruban d’autoroute
    Un soir
    De canicule

    Un mendiant agressif
    Trois morceaux de vraie musique
    Je ne dois pas le lire comme c’est écrit

    #mon_oiseau_bleu

  • Quel matin lumineux !
    Et dire qu’aujourd’hui
    Des gens vont mourir

    Ecouter de la musique
    Le matin
    Comme on fait sa prière

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/agnel_minton.mp3

    Phil Minton
    Axel Dörner
    Thomas Lehn

    Aller se recoucher
    Finir de Lire
    Holocaust de Reznikoff

    Tu lis Holocaust
    En écoutant
    Duke Ellington

    http://desordre.net/musique/ellington.mp3

    Aux États-Unis
    Noirs et Blancs
    Peinent à se dire oui

    carrefour.com
    Gagnez votre voyage
    À Los Angeles !

    Divorced
    For being
    Too fat


    À la piscine en faisant tes longueurs
    Tu écris de nombreux poèmes
    Aucun que tu ne puisses enregistrer

    Un kilomètre à la nage
    Mille pensées
    Aucune dont tu te souviennes

    Tu reprends ton dernier roman
    Tu ne cesses de faire ajouts et retraits
    Jusqu’à quand ? Épuisant !

    Une jeune femme pas pudique
    Montre ses poils pubiques
    Dans une bibliothèque publique

    En rangeant tes livres
    Tu as isolé quarante-neuf livres
    Que tu n’as pas encore lus !

    Tu as pourtant fini d’écrire
    Le rapport sexuel n’existe pas
    Et tu continues de penser à elle ?

    La seule personne à qui
    Tu as parlé aujourd’hui
    La guichetière de la piscine

    Longueurs et poèmes aquatiques
    Une jeune femme montre ses poils pubiques
    Le rapport sexuel n’existe pas

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/20170519_poesie_et_ainsi_de_suite.mp3

    Dans les enceintes
    À la radio
    Ta voix !

    Dans le journal d’hier
    Un article
    À propos de ton livre

    Ton père au téléphone
    Ta mère et moi
    On est fiers de toi !

    Do you want to look
    At my young tits
    And other pretty photos ?

    Quart d’heure warholien
    Parents fiers
    Spam du soir

    #mon_oiseau_bleu

  • Demande de bourse
    Demande de subvention
    Déclaration de revenus

    J. (prononcer Jay )
    Le rapport sexuel existe
    Une journée réussie

    Le nouveau président
    Veut aller
    Vite

    Ce matin à la radio, 19 morts
    Ce midi au journal, 22 morts
    Tu as trois morts sur la conscience

    Un homme gravit l’Everest en 26 heures
    22 personnes meurent dans un attentat terroriste
    Le nouveau président veut aller vite

    Poèmes écrits
    Assis sur un siège
    À cinq roulettes.

    Poèmes
    Écrits
    En open space

    Lire
    Écrire
    Boire des cafés

    Ne regarde plus
    Tes mails
    Elle te t’écrira plus

    Ne regarde plus
    Tes mails
    Elle ne répondra pas

    Pour qui
    Écris-tu des poèmes
    Désormais ?

    Viagra
    Perte de poids
    Trucs infaillibles

    Ta collègue Cécile
    Enfile ses lunettes
    Une branche après l’autre

    Open space
    Et
    Viagra®

    http://www.desordre.net/musique/comelade.mp3

    Seul à la maison
    Le soir, j’écoute
    Pascal Comelade

    Je ne suis jamais seul
    Quand j’écoute
    Pascal Comelade

    De retour de chez mon analyste
    Dans le métropolitain, une pensée
    Pour le patient suivant.

    Les drôles de (petites) manies
    De mon analyste
    Pendant la séance

    Se masquer
    Le visage
    Avec le bracelet de sa montre

    Nettoyer sa paire de lunettes
    Les reposer
    (Toujours) les faire tomber

    Passer
    Son temps
    À changer de paires de lunettes.

    Faire
    Des petits
    Dessins

    Fermer les yeux
    Concentré
    S’endormir

    Souligner
    En rouge
    Des notes

    Détendre ses jambes
    Comme s’il était
    Pris de crampes

    Croiser de très belles femmes
    Dans la rue
    Au bras de beaux hommes

    Oui, là
    Je ne suis plus
    Chez mon psychanalyste

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/pifarely_trace_provisoire.mp3

    Louis Sclavis
    Dominique Pifarély
    Vincent Courtois

    Dans la vitrine
    D’une librairie
    Ton livre
    If you are interested
    In watching wonderful photos
    Of my huge breasts and sexy arse

    Psychanalyste maniaque
    Dominique en trio
    Huge breast

    #mon_oiseau_bleu

  • https://www.franceculture.fr/emissions/poesie-et-ainsi-de-suite/poesie-et-chair

    Aujourd’hui, je cause dans le poste, sur France Culture, à 15 heures, dans l’émission La Poésie et ainsi de suite de Manou Farine. sont également invités à cette émission, Francçoise Decquiert et vincent Labaume, autour des deux expositions de Michel Journiac.

    Je repasserai en fin d’après-midi pour donner le lien du poadcast (notamment pour @monolecte qui préfère 17 heures, le moment où la journée bascule).

    #shameless_autopromo
    #une_fuite_en_egypte

    • Bon alors pour @monolecte qui préfère après 17H :

      https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/14487-19.05.2017-ITEMA_21329596-0.mp3

      Et sinon un extrait d’ Une journée réussie , qui est un texte qui décrit les coulisses de cette journée exceptionnelle :

      Il faudrait que je relise l’ Essai sur la journée réussie de Peter Handke pour me rappeler si, oui ou non, un désagrément, même un seul, même léger, est une manière d’ingrédient nécessaire pour qu’une journée réussie soit effectivement complète, j’ai le souvenir que oui, j’ai l’intuition que oui.

      Le désagrément mineur est advenu dans les couloirs du métropolitain pour rejoindre Mille pages à Vincennes, où, le soir-même, je devais rencontrer des lecteurs, lire des extraits d’ Une Fuite en Egypte , dédicacer et répondre aux questions sagaces de Pascal Thuot, l’excellent libraire et, last but not least , boire un coup et déguster des excellents fromages de la crèmerie de Vincennes, selon la plus pure tradition des rencontres de la librairie. Je venais de passer le portillon, une contrôleuse me demande mon billet, je le lui tends, elle me demande ma carte de famille nombreuse pour justifier de la réduction du prix du billet, ma carte, comme on le sait à la lecture de Le Rapport sexuel n’existe pas (autre texte en cours, ndlr), est expirée et j’ai fait œuvre d’une procrastination hors de propos ces derniers temps, ce que je tente d’expliquer, patiemment, à cette préposée, pas tant la procrastination coupable, mais la lenteur du renouvellement, tout en lui fournissant des preuves manifestes, irréfutables même, du fait que je suis effectivement un père de famille nombreuse. Attestation de sécurité sociale et de mutuelle, sur lesquelles les enfants sont dûment enregistrés, n’adoucissent pas son inflexibilité, je lui fais également remarquer que parmi les enfants en question, elle peut remarquer que l’un d’eux, Émile, est handicapé, non que je cherche à l’apitoyer, mais simplement à lui suggérer que je peux faire face à des contingences un peu extraordinaires qui font passer en arrière-plan le caractère administratif de l’existence, j’exprime vraiment les choses de cette manière, un peu comme un type qui sortirait d’un studio d’enregistrement de la maison de la radio pour une émission littéraire sur France Culture, mais l’inflexibilité demeure, la préposée m’annonce qu’elle ne peut pas prendre, seule, LA décision de la clémence et m’aiguille vers son chef, un homme supérieurement cadastré, qui ne cesse de répéter que son travail est strictement borné à la constatation des infractions et, qu’en la matière, il y a, positivement, infraction constatable, infraction, dont je tente, en vain, de lui faire remarquer qu’elle est, tout de même, limitée à 70 cents ― là aussi je fais l’effort, mal récompensé, de dire soixante-dix cents et non septante cents ―, je tente également de faire valoir que mon existence connait, en dehors de cette écrasante déception amoureuse dont je suis, malgré tout, en train de me remettre, mais dont je ne parle, tout de même pas, au contrôleur retors, auquel, en revanche, je détaille, malgré tout, donc, quelques-unes des vicissitudes irréfragables que connaît mon existence, mais tout cela en vain, je m’en rends bien compte, la sentence tombe, en dépit de tout, trente-cinq euros tout de suite ou quatre-vingt-cinq euros à réception postale de l’amende forfaitaire ! J’oppose à mon locuteur du moment, inutilement je le sais, mais pour le plaisir désormais, et lui montrer que je suis très fort en calcul mental, que la sanction est cinquante fois supérieure au préjudice subi par la Régie Autonome des Transports Parisiens, préjudice par ailleurs virtuel, puisque j’ai véritablement, dans l’absolu, droit au tarif de famille nombreuse. Je pousse un peu plus outre le raisonnement en maintenant tonalité de voix et niveau de langage soutenu du type qui sort de la maison de la radio, et continue de discourir avec la componction de rigueur en pareil cadre, et l’invite, je suis lancé, à une relecture prochaine de Stanley Milgram, et je fais même l’effort d’un peu de vulgarisation, signalant à son intention, que lesdites expériences de Milgram sont au cœur d’un film de fiction célèbre, I comme Icare d’Henri Verneuil, qu’il a peut-être vu à la télévision, ou encore d’ Expérimenter de Michael Almereyda sorti l’année dernière au cinéma, si je continue d’en rabattre comme cela je vais finir par être invité sur France Inter plutôt que sur France Culture, et pendant que je tente de lui expliquer avec ma plus belle voix d’intervenant radiophonique que son entêtement, le mot est lâché, contribue à rendre notre société inhumaine, le raisonnement des conducteurs des trains vers les camps de la mort n’est plus très loin, je sens monter en moi une vague puissante d’un calme inédit, là même où devrait s’enclencher des réflexes de forcené, mais voilà, les bénéfices de trois psychanalyses ― je savais que cela allait resservir ― et des échanges de fond de court avec le John McEnroe de la psychanalyse ce matin, au cours desquels nous sommes gaillardement remontés jusqu’aux origines de mon sentiment d’injustice, me détournent de ma colère ou encore de la tentation, tout lecteur de Stanley Milgram, et tout invité d’émission littéraire sur France Culture que je sois, d’abaisser mon centre de gravité, comme on dit dans les manuels de rugby ― je savais que le rugby allait resservir ― de le raffuter, sans violence excessive ― encore qu’il y ait une différence de masse manifeste entre le contrôleur et moi ― et d’aller prendre ma rame dont j’entends l’approche, mais, est-ce de la sorte qu’on agit en sortant de la maison de la radio, qu’on a devisé à propos des sources mêmes de son écriture, qu’on a écouté Françoise Decquiert et Vincent Labaume parler à propos de Michel Journiac ? Non, sans doute pas. Je paye donc mon amende, non sans ironiser auprès du contrôleur obtus que le montant qui vient de m’être extorqué par la Régie Autonome des Transports Parisiens ― un vrai rapt à la RATP ― dont il est l’agent, et donc, en bon milgramien , la personnalité agentique par excellence, correspond, à cinquante cents près, à celui d’une séance d’orthophonie pour mon fils Émile. Mais je suis un peu déçu, il faut bien l’avouer, de constater que le contrôleur ne m’écoute plus et que je suis en train d’échouer à le convaincre de la nécessité, pour lui, prochainement, de lire Stanley Milgram, dont je me fais la réflexion que je devrais TOUJOURS avoir sur moi un exemplaire de Son Expérience sur l’obéissance et la désobéissance à l’autorité , quand je pense au poids exorbitant de nombre des accessoires photographiques que je transporte quotidiennement, dans ma besace de photographe, et qui ne servent pas tous, pas tous les jours en tout cas, le poids de ce petit livre serait marginal dans la lourde besace et autrement utile dans la vie de tous les jours. Et je perds toute mesure, l’esprit de Michel Journiac souffle violemment sur moi, je me prends à imaginer une manière de performance qui consisterait à faire des lectures publiques d’ Expérience sur l’obéissance et la désobéissance à l’autorité , à quelques encablures seulement, de ces barrages filtrants de contrôles de validité des billets. Je conclus finalement l’échange avec cette personnalité agentique obtuse, au point d’être étroite, en lui faisant remarquer qu’avec lui j’avais surtout eu le droit de me taire et encore qu’on pouvait me l’enlever. Je crois que là, je l’ai vraiment perdu. Et j’en viens même à me demander si je n’ai pas commis l’irréparable, le concernant, en lui inoculant un des vers qui me rongent depuis des dizaines d’années, bousillant prochainement son sommeil et le poussant probablement à la boisson, l’acculant peut-être même au suicide, tentant le soir, en revenant de son travail, si mal considéré, ce dont il porte une responsabilité individuelle et agissante, de comprendre le caractère fondamentalement paradoxal d’une parole, voulue comme une plaisanterie, mais désormais de la dernière toxicité, il n’est pas toujours prudent de guérir des personnalités agentiques contre leur gré, en somme, et sans le nécessaire étayage d’une véritable prise en charge psychanalytique. Quant à moi est-ce que je ne devrais pas borner mes opérations de transfert sauvage dans le cadre strictement identifié des séances de psychanalyse ?

      Et si, pour cette scène, on me demande une archive , comme ils disent à la maison ronde, ce ne sera pas difficile : pendant toute cette scène, dans un couloir voisin, un jeune gars chantait, excellemment, en s’accompagnant à la guitare, I’m Beginning To See The Light du Velvet Underground ― enfin, tel que ce thème ellingtonien est chanté par le Velvet.

      Et dire qu’à l’aller, en taxi, avec Tiffanie, je lui parlais des films de Mariano Cohn et Gastón Duprat, notamment de Citoyen d’honneur et de l’Homme d’à côté comme étant des chefs d’œuvres, s’attachant à la narration de non-rencontres entre des protagonistes équipés d’échelles de valeurs, opposées au point de ne plus pouvoir débattre, et que le camp que choisissent Cohn et Duprat était, souvent, à raison, celui de la dénonciation de la morgue intellectuelle.

      Et sinon aussi, dans l’émission, ils ont quand même pas mal coupé Coltrane, dont voici le morceau complet : Crescent donc

      http://www.desordre.net/musique/coltrane.mp3

      Et l’incroyable interprétation déconstruite de Summertime par Duke Ellington

      http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/duke_ellington_summertime.mp3

    • J’ai décidé de t’écouter en live, faisant une entorse à mes habitudes et tu venais juste de commencer à parler que mon père appelle pour me faire un caca nerveux parce qu’Orange lui plante sa ligne fixe depuis 10 jours et n’ont pas l’air très pressés de rétablir le téléphone à un vieil homme seul de 85 ans…

      C’est moi ou rien ne marche plus depuis un ou deux mois ?

    • Oh, mais @philippe_de_jonckheere nous avons un peu vécu la même chose et presque en même temps :/
      Sauf que je n’ai pas ta verve pour sublimer la rencontre avec ces atroces contrôleurs, véritables robots si fiers de leur soumission au grand capitale RATPesque. J’ai évoqué l’inhumanité aussi, (et j’avoue qu’ils ont eu droit à la comparaison avec les SS lorsque la seule réponse a été qu’il obéissait aux ordres) Bref, le 17 mai à 23h venue à paris par avion puis le bus d’orly pour l’enterrement d’un ami, ils ont bloqué les portes et verbalisé la moitié du bus. J’ai beau avoir spécifier que j’étais troublée, que oui je n’avais pas composté mon ticket pour cette raison, ils n’ont rien voulu savoir. Arf, dégoutée, vraiment
      Quand je pense en plus qu’avec ce pote disparu on organisait des actions pour la gratuité des transports avec un groupe qui se nommait le RATP (Réseau pour l’Abolition des Transports Payants) ça m’a pas fait rire
      Bon allez, la fin est plus drôle, en me baladant dans paname, je devais tirer des sous, et voila que quelqu’un avait oublié ses billets et avait disparu, le mauvais sort a été dissous immédiatement dans l’argent.

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/haden-blackwell-cherry.mp3

    (ouh la comment je sens que je vais me faire engueuler par @intempestive et @reka sur ce coup-là)

    (Il est possible de lire cette chronique depuis cette adresse http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/index_194.htm laquelle donne accès aux nombreux liens hypertextes qui l’émaillent)

    J – 8 : Fin.

    Oui, je sais il y a rupture, je ne vais pas jusqu’au bout. Je n’irai pas jusqu’au bout. Et je reconnais mon échec. A vrai dire cet échec, si c’en est un, est le cadet de mes soucis.

    Il y a une chose que je veux faire désormais, apprendre à boucler, à écrire le mot Fin quand c’est effectivement la fin. Ne pas laisser les projets ouverts, non finis.

    Ca a l’air de me prendre comme ça. En fait pas du tout. Celles et ceux qui lisent entre les lignes, se sont sans doute rendus compte qu’en filigrane de Qui ça ? grandissait une histoire d’amour, j’ai tenté d’être le plus pudique et allusif possible (en gardant notamment des tas de pages secrètes, et les garder pour plus tard, peut-être, si Qui ça ? un jour devenait, par exemple, un livre en papier, au train où vont les choses dans le milieu de l’édition, il y aurait prescription quand cela sortirait), mais j’ai, malgré tout, produit quelques allusions pour la justesse de l’éclairage qu’elles apportaient — je n’aurais pas voulu que l’on me trouve anormalement bienveillant dans une chronique sans raison, il faut croire. Cette histoire d’amour vient de connaître une fin cassante qui me laisse sans force. Sans force comme on l’est au terme d’une nuit sans sommeil, nuit pendant laquelle j’ai eu peur et froid, nuit pendant laquelle il m’est arrivé de sangloter comme un enfant, une nuit de faille

    Il importe désormais que je me retranche.

    Le but plus ou moins avoué et plus ou moins annoncé de Qui ça ? était de tenir le journal d’une indifférence militante à la mascarade électorale en cours, je m’étais donné comme but d’en ignorer le plus possible, de systématiquement regarder ailleurs, un peu comme on se coupe par exemple de la télévision et tout d’un coup on se rend compte que l’on pense différemment sans le bruit de fond de la télévision justement, qui est tout sauf anodin — personnellement des décennies que je suis coupé de ce bruit de fond au point de de me demander si j’y ai vraiment été exposé. Ce but est atteint, mon indifférence est complète, pour le coup cette indifférence non feinte et complète est une victoire. Une victoire éclatante mais une victoire à la Pyrrhus. J’y laisse des plumes, c’est certain.

    Entre autres choses je réalise qu’en mettant un point final à Qui ça ? je mets également une manière de point final au cycle des Ursula . Et, est-que ce cycle des Ursula n’est pas aussi le dernier chapitre de Désordre . Entendons-nous bien. Désordre est un projet ouvert et sans bords et il apparaît donc assez vain d’y chercher ou d’y trouver une fin. Il y a bien une première page, et elle n’est pas jojo, il faut bien le dire, mais c’est la première, il y a une fausse dernière page aussi (voulue ironique), dont je sais où elle se trouve dans l’arborescence du Désordre , mais je n’ai plus aucune idée du chemin initial qui y mène, mais on comprend bien que ni cette première page, désormais uniquement accessible depuis la page historique du Désordre , ni cette fausse dernière page peuvent constituer des bords, des fins, ou même un début.

    En 2009, lorsque j’animais un stage de construction de sites Internet à l’école du Documentaire à Lussas, un stagiaire, Frédéric Rumeau pour ne pas le nommer, a eu cette question, le jour où je présentais le site et, comme me l’avait demandé Pierre Hanau, d’en donner à voir les ressorts de narration, Frédéric donc, m’avait posé cette question, mais pourquoi est que ce projet est sans fin, est-ce que vous ne pourriez pas, comme on fait avec un film, le terminer et en commencer un autre ? C’était une putain de question et elle ne m’a plus quitté depuis. Parfois cette question se rapprochait de moi avec beaucoup de prégnance, d’insistance même. Par exemple, début 2014, quand j’ai décidé de tenter une première grande expérience d’Ursula (un autre projet issu des stages de Lussas), certes je l’ai développée à l’intérieur du Désordre, pour commencer, mais dans mon idée, une fois que cette dernière aurait une forme satisfaisante, aboutie, je la déplacerai, et c’est pour cette raison d’ailleurs que ce soit le seul endroit du Désordre où il y a de nombreux fichiers doublons, notamment sonores, parce que je voulais pouvoir exporter Ursula hors du Désordre en un www.ursula.net qui n’a jamais vu le jour en tant que tel. Après six mois de développement en secret de ce projet, je me suis rendu compte que cela n’avait pas de sens qu’ Ursula était bien la fille du Désordre et que cela permettait même de donner une épaisseur supplémentaire au Désordre , d’autant qu’ Ursula commençait elle-même à produire des petits, notamment Le Jour des Innocents , le journal de Février , Arthrose , et donc Qui ça ? il était donc temps de réintégrer la fille prodigue du Désordre dans le désordre.

    Il existe plusieurs formes Ursula , l’initiale qui est assez roots , mais dont le principe est sain et bon, développé à la demande de Pierre Hanau pour Lussas. Puis il y a la première vraie Ursula , celle alimentée pendant toute l’année 2014, ses bouquets, son premier vrai enfant, Le Jour des Innocents qui est sans doute l’une des réalisations du Désordre dont je suis le plus fier et qui m’aura permis de passer le cap des 50 ans dans une manière de joie solaire, je sais on ne dirait pas sur la photographie.

    Février est la suite quasi naturelle, inscrite dans une logique de flux notamment d’images qu’il était presque inhumain, sans exagération de ma part, de tenir pour un seul homme, d’ailleurs le matériel a cédé un peu avant moi, l’appareil-photo, épuisé, au bout de presque 300.000 vues, chez le vétérinaire, ils n’en revenaient pas, ils n’avaient jamais vu un D300 usé jusqu’à la corde de cette manière, puis l’enregistreur, personne ne m’ayant prévenu qu’un tel appareil — pourtant vendu avec sa coque protectrice, j’aurais du me douter —, n’avait pas la robustesse d’un appareil-photo et ne devait en aucun cas être trimballé dans ma besace avec aussi peu de soin. Puis ce fut l’appareil-photo qui faisait office de caméra, lui n’a pas résisté à mon empressement lors de la réalisation d’une séquence de time lapse truquée, l’eau dont j’avais les mains pleines dans cette réalisation a pénétré le boitier, c’est désormais un ex-appareil-photo. Guy, mon ordinateur s’appelle Guy, a lui aussi manqué de lâcher, trop souvent soumis à des traitements en masse d’images et à des calculs de séquence vidéo qui n’étaient plus de son âge, il a manqué d’y passer, désormais il est à la retraite comme les vieux chevaux, je ne monte plus dessus mais on se promène encore ensemble.

    Bien sûr j’ai fini par racheter un appareil-photo tant il m’apparaissait inconcevable de n’en pas disposer d’un, ne serait-ce que pour photographier l’enfance autour de moi, leur laisser ce témoignage, mais il est étonnant de constater comment la frénésie dans laquelle j’avais été conduit avec la tenue du journal de Février a laissé le pas à un recul sans doute sain. Le seul petit flux que j’ai laissé ouvert est finalement celui de l’arbre du Bois de Vincennes, et sans doute que je continuerai avec l’entrée du hameau dans les Cévennes. Mais cette espèce de sauvegarde du réel, du quotidien, c’est comme si j’avais, enfin, compris, d’une part, sa vacuité, son impossibilité et même l’épuisement de soi qui se tramait derrière. Quand je pense qu’il m’arrive désormais de faire des photographies avec mon téléphone de poche !

    Ces deux dernières années, j’ai surtout passé beaucoup de temps à écrire. J’ai fini par reprendre Raffut qui était en jachère, sa première partie presque entièrement écrite, que j’ai achevée en un rien de temps et, dans la foulée, j’ai écrit la seconde partie. Quasiment au moment même où je mettais un point final à Raffut , sont survenus les attentats du 13 novembre 2015 dont j’ai réchappé miraculeusement en n’allant finalement pas dîner au Petit Cambodge . Le vertige que cela m’a donné, je l’ai soigné en écrivant Arthrose en un peu moins d’un mois et demi, j’y étais attelé tous les soirs jusque tard, j’avais commencé par en écrire le début de chaque partie ou presque et je faisais mon possible pour rédiger ces parties ouvertes en faisant appel à des souvenirs et des sensations encore tout frais. Ces deux rédactions coup sur coup ont lancé une dynamique, ont creusé un sillon, et je me suis lancé dans la réécriture d’ Une Fuite en Egypte avec l’aide précieuse de Sarah, puis de J. , puis de Je ne me souviens plus , puis, la première page de Punaises ! , les cinquante premières pages des Salauds , et au printemps j’entamais Elever des chèvres en Ardèche , sur lequel je continue de travailler encore un peu mais l’essentiel est là. Et il faudrait sans doute que je reprenne Portsmouth , et j’ai seulement brouilloné le début de La Passagère — je me lance courageusement dans la science fiction féministe.

    En septembre j’ai eu l’idée de Qui ça ?

    Arthrose j’avais décidé dès le début que ce serait un récit hypertexte ce que j’ai finalement réussi à faire, cela aura été du travail, mais un travail dont je me suis toujours demandé si quiconque en avait pensé quoi que ce soit, en tout on ne m’en a rien dit.

    Avec Qui ça ? , j’ai eu l’idée de faire vivre le texte en cours d’écriture sur seenthis , en même temps que j’expérimentais avec une nouvelle forme Ursula . Mais même pour les parties de Qui ça ? qui demandaient un peu de travail avec les images ou encore les mini sites qui le composaient de l’intérieur, j’ai senti que mon enthousiasme était moindre. J’ai eu un regain d’intérêt quand j’ai eu l’idée de faire en sorte que les différentes Ursula soient imbriquées les unes dans les autres, mais une fois réalisé (et cela n’a pas pris plus d’une heure), le plaisir était comme envolé, une fois que mon idée a été entièrement testée.

    Finalement elle est là la question, c’est celle du plaisir, de mon bon plaisir (et de mon propre étonnement parfois) quand je travaille dans le garage. Et le plaisir ces derniers temps était ailleurs, plus du tout dans le brassage de milliers de fichiers, surtout des images, au point qu’à force d’être laborieux et de peu jouir finalement, j’ai fini par me tarir. Pour le moment, je ne vois plus comment je pourrais encore secouer le Désordre , lui faire faire je ne sais quelle mue, je ne sais quelle danse, il faut dire aussi qu’à l’image du taulier, l’objet est un danseur lourd, 300.000 fichiers tout de même. Et puis je vois bien aussi que mes manières de faire ont vécu, qu’elles ne sont plus du tout comprises de la plupart des visiteurs qui doivent rapidement se décourager à l’idée de devoir manier ascenseurs, chercher les parties cliquables des images, naviguer, bref tout un ensemble de gestes qui ne sont plus attendus, qui sont entièrement passés de mode et avec eux ce qui relevait du récit interactif, peut-être pas, disons du récit hypertexte.

    Il faut que je me régénère, que je trouve de nouvelles idées. Si possibles compatibles avec les nouveaux usages. Ce n’est pas gagné.

    Paradoxalement avec la sortie d’ Une Fuite en Egypte en livre papier, le format du livre m’est apparu comme un havre, une retraite bien méritée en somme. En écrivant des livres, je n’ai plus besoin d’un ou deux ordinateurs connectés à un scanner, à une imprimante, avec une carte-son digne de ce nom, un lecteur de CD et DVD pour extraire des morceaux de musique et des bouts de films, des disques durs et des disques durs dans lesquels déverser des milliers d’images, des centaines de milliers d’images en fait, des logiciels pour traiter en nombre ces images, les animer éventuellement, les monter et, in fine, un programme également pour écrire le récit hypertexte qui reprend en compte toute cette matière première et la mettre en ligne. Une montagne, en comparaison d’un petit ordinateur de genou, simplement muni d’un sommaire traitement de texte et des fichiers, un par texte en cours, que je m’envoie par mail de telle sorte de pouvoir les travailler d’un peu partout, y compris depuis le bureau.

    Or je me demande si après dix-sept années de Désordre , je n’aspire pas un peu à la simplicité. Me recentrer, me retrancher. Par exemple, j’ai l’intuition que cela pourrait me faire du bien à la tête de ne pas avoir à mémoriser, et faute de pouvoir le faire, de devoir chercher mes petits dans cet amas de fichiers, de répertoires, de sous-répertoires et d’arborescences foisonnantes. En revanche je sais aussi très bien que si je retire mes doigts de la prise, il n’est pas garanti que je sois de nouveau en capacité dans quelques mois, dans quelques années de m’y remettre, le Désordre c’est un vaisseau pas facile à manier dans une rade, faut toujours avoir en tête ses dimensions et ses proportions et se rappeler des endroits où sont stockés objets et commandes — et je ne peux plus compter sur l’hypermnésie qui était la mienne il y a encore une dizaine d’années, ma mémoire du court terme a été sérieusement érodée par des années d’apnées nocturnes.

    Les prochains temps, je vais continuer le chantier en cours qui consiste surtout à reprendre toutes les pages qui contiennent un fichier sonore ou vidéo (et elles sont assez nombreuses, bordel de merde) pour les mettre dans un standard universel et qui le restera j’espère plus de six mois. Il y a aussi quelques chantiers de peinture ici ou là que j’ai pu laisser en l’état pendant ces dernières années en me promettant d’y revenir, j’ai gardé une liste de trucs à revoir. Je pourrais, j’imagine, de temps à autre penser à une petite série d’images, mais il ne sera plus question de remuer le site de fond en comble comme j’ai pu le faire les trois dernières années. De même je me garde le canal ouvert sur le Bloc-notes du Désordre et son fil RSS pour ce qui est de divers signalements — comme par exemple de vous dire que je vais présenter, lire et signer Une Fuite en Egypte , le mardi 16 mai à 19H30 à la librarie Mille Pages de Vincennes (174 Rue de Fontenay, 94300 Vincennes, métro Château de Vincennes) — mais qui pourrait dire que ce n’est pas la fin ? Ce que les joueurs de rugby appellent la petite mort , le jour où vous décidez que ce n’est plus de votre âge de mettre la tête où d’autres n’oseraient pas mettre les mains, le jour où l’on raccroche les crampons, le dernier match, le dernier placage, le dernier soutien, un sourire, des poignées de main et c’est fini.

    Il y aura au moins une chose que je regrette de n’avoir pas faite et que je ferai peut-être un jour, c’est le projet que j’avais intitulé Tuesday’s gone . Mais cela suppose un équipement dont je n’ai pas les moyens pour le moment — un scanner de négatifs haute définition —, et de partir à la recherche de mes archives américaines. Ne serait-ce que pour faire la sauvegarde de cette étrange partie de moi, la partie américaine, ses images, ses souvenirs, ses notes. Plus tard. Si j’en ai la force, l’envie. Je devrais sans doute déjà réserver le nom de domaine www.tuesdaysgone.net !

    Et au fait, à toutes celles et ceux auxquels j’ai demandé de s’arranger pour ne pas me faire partager les contours de la mascarade électorale en cours et de faire attention de me maintenir dans l’ignorance même du résultat final, vous êtes relevés de votre devoir, vous pouvez bien me le dire, ou pas, désormais je m’en fous royalement. Mais d’une force.

    Adieu A. C’était merveilleux de vous aimer et d’être aimé par vous, au point d’être à ce point douloureux ce matin, après cette nuit.

    Back to the trees.

    Merci à mes amis, tellement chers, qui m’ont soutenu pendant cette semaine de précipice, J., Sarah, Martin et Isa, Jacky, Valérie, Clémence, Daniel, Laurence, ça va, je vais remonter la pente, je remonte toutes les pentes jusqu’à la dernière chute.

    FIN (possible) du Désordre .

    Le Désordre reste en ligne, je rétablis même sa page d’accueil avec le pêle-mêle qui est finalement sa page index naturelle.

    #qui_ca

    • Merci @intempestive je pensais que tu me gronderais, mais je vois que les raisons qui m’amènent à ça sont compréhensibles, ce qui est une forme de soulagement. Oui, je ne suis pas mourru, je vais réfléchir à autre chose, continuer d’écrire, je reprendrai la photographie quand j’en aurais envie. Le moment est bien choisi pour une pause, pour la petite mort des rugbymen .

    • Je note, en revanche, c’est encourageant, que, désormais, je constate, de plus en plus souvent, que déchiffrant rapidement les gros titres de la presse à scandales, chez le kiosquier, je ne connaisse presque plus jamais les noms propres des personnes dont il est question dans l’équivalent français de la presse populaire anglaise, que les noms et les visages de toutes ces personnes, apparemment célèbres, célèbres pour quels talents, je préfère ne pas le savoir ni l’apprendre, ne me disent rien, n’évoquent rien. Pourtant je vais souvent au cinéma, je pourrais de la sorte reconnaître ici ou là le visage de tel acteur ou telle actrice, mais en fait non, quant aux vedettes de la variété et de la télévision, là je suis absolument sans repère. Pas de manchots non plus dans mon panthéon. Et même, même, je dois avoir déjà commencé il y a quelques années ce travail de désintérêt de la chose publique, parce que nombres de personnalités politiques commencent à me devenir inconnues, ou interchangeables, ce qui est un excellent signe, ainsi je crois que je ne serai pas nécessairement capable, même si ma vie en dépendait, de différencier des types de droite comme Laurent Wauquiez, Luc Chatel, François Baroin, David Martinon, Benoît Apparu, Éric Ciotti, leurs visages sont interchangeables quand à me souvenir des faits saillants de leur parcours, je me félicite de n’en rien savoir, ils sont à mes yeux insignifiants, est-ce à dire qu’ils n’ont sur moi aucun pouvoir ? Or c’est vraiment dans cette direction émancipatrice que je voudrais aller, celle qui retire, à tous ces très sales types de droite, la dernière once de pouvoir dont ils pensent sans doute se prévaloir, et, en vrai situationniste, les faire rejoindre les rangs des personnalités du spectacle, les pousseurs de citrouille, les brailleuses, les musiciens sans oreille, les starlettes et les belles gueules du cinéma, toutes ces légions d’insignifiants. Les ranger enfin à leur place, l’insignifiance. L’insignifiance de celles et ceux qui passent à la télévision. Qu’on ne regarde plus.

      Ignorer.

      Ignorer jusqu’au nom du prochain, ou de la prochaine, président, ou présidente, de cette république, agonisante.

      Voilà. Fin de parcours pour cette raie-publique qui se vautre dans la fange de l’industrie du spectacle. Ite missa est ... ainsi seront renvoyés à leurs vacuités les derniers fidèles du culte électoral.