en première ligne du changement climatique et de la résistance à l’industrie fossile

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  • Nawaat – Kerkennah : en première ligne du changement climatique et de la résistance à l’industrie fossile
    https://nawaat.org/portail/2016/06/16/kerkennah-en-premiere-ligne-du-changement-climatique-et-de-la-resistance-a-l

    La Petrofac n’a pas repris ses activités hier, mercredi 15 juin, comme l’avait annoncé mardi dernier, le ministre de l’Energie et des mines. Ahmed Souissi, le représentant de l’Union des chômeurs diplômés à Kerkennah a expliqué que la reprise est tributaire de la satisfaction des revendications des habitants. Les médias dominants ont largement relayé la réunion ministérielle de samedi dernier au siège du gouvernorat de Sfax, la présentant comme une solution aux problèmes de Kerkennah. Mais selon Ahmed Souissi, les habitants ont boycotté cette réunion. Alors que les autorités focalisent sur la création d’une entreprise de services pour embaucher les chômeurs, les habitants de Kerkennah, exigent la création d’un fonds de développement, la lutte contre la corruption, le départ du directeur de Petrofac et plus de redevabilité des entreprises pétrolières. Au-delà des soubresauts de l’actualité, comment le choc entre néolibéralisme et changement climatique pourrait se révéler calamiteux pour l’archipel et ses habitants ? Enquête

    Fuite pétrolière sur la plage de Sidi Fraj dans les îles Kerkennah – Crédits photo : soseau.net

    La souveraineté des ressources naturelles : une lutte cruciale pour la justice environnementale et climatique

    Obtenir la souveraineté des ressources naturelles et s’émanciper des logiques de marché sont des étapes indispensables pour l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets. D’autant plus lorsque l’objectif de la justice climatique consiste à atténuer le fardeau du réchauffement qui pèse sur des populations déjà marginalisées et vulnérables. Reprendre le contrôle démocratique sur ces ressources est un autre pas vital de la marche vers une transition juste, pour rompre avec les énergies fossiles et passer aux énergies renouvelables. Des décisions aussi cruciales sur la nature, la structure et le sens même de nos systèmes énergétiques peuvent-elles être prises sans consulter les populations ?
    Pourtant, ce contrôle ne peut avoir lieu tant que les multinationales pétrolières et gazières gardent la mainmise sur la majorité de nos ressources. L’exemple de British Gaz (BG) est révélateur. Il s’agit du plus grand producteur de gaz dans le pays, responsable d’environ 60% de la production nationale à travers ses activités à Miskar et Hasdrubal. BG Tunisia contrôle 100% des intérêts dans le champ gazier de Miskar (le plus productif), qui se situe à 125 kilomètres des côtes dans le golfe de Gabès. Le gaz est ensuite traité à la centrale Hannibal, avant d’être vendu à la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG), le fournisseur national, au prix du marché international selon les termes d’un contrat à long-terme. Le gaz tunisien est vendu aux Tunisiens comme s’il était une marchandise importée !
    Un autre exemple édifiant est celui de la COTUSAL, l’entreprise française de sel qui exploite les marais salants tunisiens depuis l’époque coloniale (début du XXe siècle). La COTUSAL a échappé à la nationalisation après l’indépendance en 1956, et profita d’une position de monopole pendant près d’un siècle, jusqu’en 1994 quand son premier concurrent fit son entrée sur le marché. L’exploitation des marais salants continue en vertu d’un accord datant de 1949, qui offre à l’Etat tunisien un revenu minimal. L’entreprise produit environ un million de tonnes de sel, en exporte les trois quarts, générant un chiffre d’affaire de 32 millions de dinars en 2014 (environ 14 million euros). Cela n’a pourtant pas empêché l’entreprise de ne pas payer ses redevances fiscales, s’élevant à 5,7 million de dinars (2,5 million euros), accumulées sur une période de cinq ans (2007-2012).
    Compagnie Générale des Salines de Tunisie : Opacity, Evasion, Exploitation
    25/02/2015

    Pour paraphraser l’écrivain latino-américain Eduardo Galeano, il semble que « l’élite au pouvoir n’ait aucun intérêt à déterminer si le patriotisme pourrait être plus profitable que la trahison, et si la mendicité est vraiment la seule option au niveau de la politique internationale ». La souveraineté est hypothéquée par l’élite tunisienne au pouvoir qui a accepté (et continue de le faire) le pillage constant des ressources naturelles, générant notre pauvreté en nourrissant la richesse des autres.

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