• À lire. Ce rapport, Syrie : une libanisation fabriquée, circule semble-t-il beaucoup dans les cercles français qui se piquent de renseignement, de diplomatie et de défense nationale.
    http://www.cf2r.org/fr/rapports-de-recherche/syrie-une-libanisation-fabriquee.php

    Le rapport (format PDF) :
    http://www.cf2r.org/images/stories/RR/rr11-syrie-une-libanisation-fabriquee.pdf

    Organisée à l’initiative du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R1) et du Centre international de recherche et d’études sur le terrorisme et d’aide aux victimes du terrorisme (CIRET–AVT2), une délégation internationale d’experts s’est rendue en Syrie du 3 au 10 décembre 2011, afin d’évaluer la situation syrienne en toute indépendance et neutralité et de rencontrer les protagonistes de cette crise qui dure depuis neuf mois. Elle a complété sa mission d’évaluation par des rencontres avec divers représentants de l’opposition syrienne à l’étranger, ainsi qu’avec de nombreux experts européens des questions proche–orientales.

    La délégation comprenait les personnalités suivantes :
    Mme Saïda Benhabylès (Algérie), ancienne ministre de la Solidarité, ancien Sénateur, membre fondateur du CIRET–AVT, Prix des Nations Unies pour la société civile ;
    Richard Labévière (France), consultant international et écrivain spécialiste des Proche et Moyen–Orient, ancien rédacteur en chef à Radio France internationale (RFI), de Défense (revue de L’Institut des hautes études de Défense nationale (IHEDN) et membre fondateur du CIRET–AVT ;
    Eric Denécé (France), directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R).

    Mme Anne–Marie Lizin (Belgique) a également participé à la préparation et à la rédaction de ce rapport, bien que n’ayant pu se rendre en Syrie avec les autres membres de la délégation pour des raisons d’emploi du temps.

    On lit notamment cette première conclusion très intéressante :

    Cette « libanisation » est fabriquée par trois groupes d’acteurs principaux :
    – le régime syrien, ses unités militaires opérationnelles et ses différents services de renseignement ;
    – les responsables politiques et confessionnels dont les Frères musulmans et les chefs de groupes salafistes soutenus par les gouvernements ou des forces politiques des pays voisins : Jordanie, Liban, Turquie et, dans une moindre mesure, l’Irak ;
    – les puissances régionales et internationales impliquées dans la zone : le Qatar, l’Arabie saoudite, les Etats-Unis et, dans une moindre mesure, la France.

    Les risques de confrontation confessionnelle tous azimuts, de « libanisation généralisée » et de guerre civile totale ne sont pas fatals. Mais les groupes armés ne déposeront pas les armes, engagés dans une fuite en avant qui spécule sur une intervention de la communauté internationale similaire à celle effectuée en Libye. Pour les minorités alaouites, chrétiennes, kurdes et, dans une moindre mesure, druze, la fin du régime baassiste qui verrait le départ de Bachar al-Assad provoquerait une guerre civilo-régionale lourde de conséquence, comparable à celle des Balkans avec ses 300 000 victimes.

    Tout dépendra, malgré le nombre des victimes, de la propension du président Bachar al-Assad à fédérer les forces progressistes du pays en leur concédant les ouvertures politiques et la libéralisation économique auxquelles elles aspirent. Aujourd’hui le risque est grand d’assister à une « libanisation » de la Syrie, avec à la clef, un élargissement d’une fitna généralisée entre un pôle alaouite/chiite confronté aux communautés sunnites de la région. Ce scénario catastrophe qui causerait certainement des centaines de milliers de victimes n’est toutefois pas fatal.