• Oubliez l’islamo-gauchisme voici l’anarcho-indigénisme
    https://www.luxediteur.com/catalogue/lanarcho-indigenisme

    Dès la fin du XIXe siècle, des anarchistes comme les géographes Pierre Kropotkine ou Élisée Reclus se sont intéressés aux peuples autochtones, qu’on a aussi qualifiés de sociétés sans État ». Au début des années 2000, un peu partout sur le continent américain, des Autochtones ont modelé la notion d’« anarcho-indigénisme » pour attirer l’attention des anarchistes sur l’histoire et, surtout, sur l’actualité de leurs luttes.

    https://seenthis.net/messages/834398

  • Un futur sans police. Vers l’abolition des forces de l’ordre social [PODCAST]
    https://ricochets.cc/Un-futur-sans-police-Vers-l-abolition-des-forces-de-l-ordre-social-PODCAST

    En écho à la vague historique de révoltes anti-police aux États-Unis à la suite de l’assassinat de George Floyd, une émission autour des mouvements visant aux États-Unis, en France, en Angleterre et en Belgique à une abolition des forces de l’ordre social – avec Gwenola Ricordeau, autrice de Pour elles toutes. Femmes contre la prison (Lux, 2019) et postfacière de Capitalisme carcéral (Divergences, 2020 dont un chapitre disponible ici), et Joel Charbit, sociologue spécialiste de l’abolitionnisme pénal, (co)auteur·rice·s d’un article sur ce sujet et militant·e·s de l’abolitionnisme pénal. #Les_Articles

    / #Politique,_divers, #Violences_policières, (...)

    https://www.luxediteur.com/catalogue/pour-elles-toutes
    https://www.editionsdivergences.com/produit/capitalisme-carceral
    https://www.editionsdivergences.com/wp-content/uploads/2020/05/Contre-linnocence-.pdf
    https://theconversation.com/peut-on-abolir-la-police-la-question-fait-debat-aux-etats-unis-1404 #Audio
    http://sortirducapitalisme.fr/emissions/313-un-futur-sans-police-vers-l-abolition-des-forces-de-l-ordre-
    http://sortirducapitalisme.fr/sortirdupatriarcapitalisme/308-pour-un-feminisme-anti-carceral
    http://sortirducapitalisme.fr/emissions/266-prisons
    http://sortirducapitalisme.fr/emissions/286-systeme-penal-systeme-racial-patriarcal-et-du-capital-la-jus

  • L’anarcho-indigénisme
    Entrevues avec Gerald Taiaiake Alfred et Gord Hill

    Benjamin Pillet, Francis Dupuis-Déri,
    Gerald Taiaiake Alfred, Gord Hill

    https://lavoiedujaguar.net/L-anarcho-indigenisme-Entrevues-avec-Gerald-Taiaiake-Alfred-et-Gord-

    Au moins depuis la publication du livre L’Entraide de Pierre Kropotkine, au début du XXe siècle, les anarchistes s’intéressent aux sociétés autochtones qui offrent des exemples de sociétés plus égalitaires et moins autoritaires. En 2005, le Mohawk Gerald Taiaiake Alfred, originaire de Kahnawá:ke, a proposé le terme « anarcho-indigénisme » pour désigner cette dynamique de convergence entre les idées et les pratiques des autochtones traditionalistes et des anarchistes altermondialistes. Nous avons lancé, voilà quelques mois, un projet de livre sur ce thème, dont chaque chapitre sera une entrevue avec un ou une autochtone qui livrera ses réflexions au sujet de la politique, du pouvoir, de l’égalité et de la liberté, en se référant à ses expériences et à celles de sa communauté. Nous vous présentons ici des extraits de deux des entrevues déjà réalisées.

    Francis Dupuis-Déri et Benjamin Pillet
    Possibles, Montréal, hiver 2016

    Le livre L’Anarcho-Indigénisme, entretiens réunis et présentés par Francis Dupuis-Déri et Benjamin Pillet, a été publié en 2019 par les éditions Lux dans la collection « Instinct de liberté ».

    #autochtones #Canada #Québec #Mohawks #résistance #anarchisme #Kropotkine #Clastres #Graeber

    • https://www.luxediteur.com/catalogue/lanarcho-indigenisme

      Dès la fin du XIXe siècle, des anarchistes comme les géographes Pierre Kropotkine ou Élisée Reclus se sont intéressés aux peuples autochtones, qu’on a aussi qualifiés de sociétés sans État ». Au début des années 2000, un peu partout sur le continent américain, des Autochtones ont modelé la notion d’« anarcho-indigénisme » pour attirer l’attention des anarchistes sur l’histoire et, surtout, sur l’actualité de leurs luttes.

      Ce livre se veut une invitation à l’écoute, au dialogue et à l’engagement solidaire et complice. Dans leurs entretiens, Roxanne Dunbar-Ortiz, Véronique Hébert, Gord Hill, Freda Huson, J. Kēhaulani Kauanui, Clifton Ariwakehte Nicholas et Toghestiy révèlent ce que pensée et traditions autochtones et anarchisme ont en commun, sans nier les séquelles que le colonialisme a laissées jusque dans ce mouvement pourtant anti-autoritaire. Une vision du monde qui allie anticolonialisme, féminisme, écologie, anticapitalisme et anti-étatisme.

  • Sortir du capitalisme - Pour un féminisme anti-carcéral
    http://www.sortirducapitalisme.fr/sortirdupatriarcapitalisme/308-pour-un-feminisme-anti-carceral

    A contre-courant de l’instrumentalisation sécuritaire et raciste des violences patriarcales et du féminisme carcéral, une critique du système pénal et des prisons dans une perspective féministe intersectionnelle à partir de Pour elles toutes. Femmes contre la prison (Lux, 2019) – avec l’autrice, Gwenola Ricordeau, professeure assistante en justice criminelle à la California State University et également autrice sur ce sujet de Les détenus et leurs proches. Solidarités et sentiments à l’ombre des murs (Autrement, 2008).

    L’émission (40 minutes) comporte :

    Une définition de l’abolitionnisme pénal et carcéral comme visant à une abolition de ces systèmes (et non du travail du sexe) ;

    Une critique de l’argumentaire du féminisme carcéral en réponse aux violences sexuelles ;

    Une mise en exergue de l’existence d’une charge matérielle, mentale et émotionnelle des femmes suite à l’emprisonnement ou à la mise sous bracelet électronique de leurs proches ;

    Une discussion autour des « réformes » au système carcéral, qu’il s’agisse du bracelet électronique ou des luttes des prisonnier-e-s et de leurs proches ;

    Une analyse du traitement différencié des femmes (notamment pauvres, racisées, trans, lesbiennes et/ou homicides) au sein du système pénal et carcéral ;

    Une mise en exergue des angles morts du féminisme carcéral et de l’abolitionnisme pénal et carcéral androcentré ;

    Une critique de « l’innocentisme » comme stratégie abolitionniste ;

    Un rappel du caractère non-moralisateur de l’abolitionnisme pénal ;

    Une présentation de la « justice transformative » comme alternative féministe intersectionnelle au système punitif des tribunaux et des prisons et à la « justice réparatrice ».

    http://www.sortirducapitalisme.fr/media/com_podcastmanager/gwenolafeminisme.mp3

    #féminisme #viol #anti-carcéral #prison #audio

  • Affaires Haenel et Polanski : lettre à un ami et à son pote un peu connard, par Blandine Lenoir - Cinéma - Télérama.fr
    https://www.telerama.fr/cinema/affaires-haenel-et-polanski-lettre-a-un-ami-et-a-son-pote-un-peu-connard,-p

    Ce qui m’a choquée, ce n’est pas l’attitude caricaturale et vue mille fois de ce genre de mecs terrorisés à l’idée de voir la société tendre vers l’égalité, parce que depuis le temps j’ai appris à ne pas prendre en compte cette parole. C’est ce que tu as dit, toi, mon ami que j’aime, et c’est pour ça que j’essaye de t’expliquer tout ça.

    Tu as dit, quand je t’ai fait remarquer que ce n’était pas normal qu’un mec prenne la défense d’un agresseur : « C’est mon pote, il est normal, il n’a pas de problème. » Eh bien si, je te l’affirme, c’est bizarre de défendre un violeur. Ce n’est pas par amour du cinéma, c’est des conneries. Une femme sur dix a été violée dans notre pays, et toutes les femmes sans exception ont subi des agressions, des harcèlements. Toutes ces femmes, ça fait, en proportion, pas mal de mecs qui les ont emmerdées, non ? Il y en a forcément parmi tes amis, comme parmi les miens, et il faut l’admettre pour avancer.

    On entend toujours ça : « Non, pas lui, il est super, il bosse bien, c’est un bon mari, un bon papa, c’est pas sa faute à lui. » Il n’y a que dans les agressions sexuelles qu’on culpabilise les victimes et qu’on victimise le bourreau. Pauvre DSK, en plus elle est moche ; pauvre Luc Besson, que des actrices en mal de notoriété ; pauvre Brisseau, grand artiste incompris ; pauvre Polanski, il est si vieux et il a déjà tellement souffert.

    • cc @hlc
      Je cherche pas a te traiter de connard en te renvoyant ce texte. Connard est en plus une injure misogyne que j’évite d’utiliser. Par contre en ce 23 novembre par cette lecture je t’invite à ne pas te sentir confortable dans ta masculinité et à te documenté sur la #culture_du_viol
      J’invite aussi tous les hommes qui ont l’impression d’être non sexistes a faire de même, car @hlc n’est pas le seul à avoir l’ego mâle placé.

    • Un truc qui résume assez bien les choses dans les cas de viol et de prise d’alcool :
      – si le mec a bu -> c’est pas sa faute s’il a violé, c’est la faute de l’alcool
      – si la nana a bu -> elle l’a cherché, elle ne devait pas boire, tant pis pour elle

    • Et ce que soulevait hier Francis Dupuis Deri, es-tu prêt·e à perdre des amis, des relations masculines dont le comportement sexiste a été dénoncé ? Parce qu’à un moment, individuellement, on veut bien écouter les femmes mais pas trop et le groupe masculinisé se serre les coudes pour ne pas remettre en question sa domination et surtout, ne pas exclure celui qui détient le pouvoir de nuire aux femmes.

    • #proféministe #entre-couillisme
      Lors d’une rencontre sur le féminisme anti-carcéral Gwenola Ricordeau
      https://www.luxediteur.com/catalogue/pour-elles-toutes
      disait que la clef du passage à l’acte, c’était les hommes, qu’ils savaient très bien « empêcher leur pote de faire une connerie » quand c’est vraiment interdit et que le pote peut douiller pour une agression ou un viol. Les hommes peuvent empêcher d’autres hommes de violer... et souvent ils ne le font pas parce que leur intérêt n’est pas menacé et qu’ils s’en foutent.

  • Le droit de ne pas voter
    Alexandre Vigneault, La Presse, le 9 octobre 2019
    http://plus.lapresse.ca/screens/c91ccb7e-9bab-4973-b1a4-f580d2378e4c__7C___0.html

    S’abstenir de voter passe parfois pour un crime contre la société. #Francis_Dupuis-Déri, professeur de sciences politiques à l’UQAM, s’est carrément fait retirer des listes électorales. Son essai Nous n’irons plus aux urnes pose un regard éclairant sur ces gens – très nombreux – qui ne votent pas.

    A l’occasion de la sortie de son livre : Nous n’irons plus aux urnes
    Francis Dupuis-Déri, LUX Éditeur, le 3 octobre 2019
    https://www.luxediteur.com/catalogue/nous-nirons-plus-aux-urnes

    #Canada

    #élections #abstention à rajouter à la compilation ici :
    https://seenthis.net/messages/607993

  • Le #capitalisme est la cause du dérèglement climatique

    #Naomi_Klein est journaliste, réalisatrice et l’auteure de plusieurs essais remarqués : No Logo : La tyrannie des marques (Actes Sud, 2001), La Stratégie du choc : Montée d’un capitalisme du désastre (Actes Sud, 2008) et Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique (Actes Sud, 2015). Nous vous proposons la traduction inédite d’un de ses derniers articles publié le 3 août dernier sur le site américain TheIntercept.com : « Capitalism killed our climate momentum, not “human nature” ».

    Demain Dimanche [4 août – ndlr], un seul article occupera l’intégralité du magazine du New York Times, et portera sur un sujet unique : l’absence de réaction face à la crise climatique mondiale dans les années 80, à l’époque où du point de vue scientifique la question était réglée, mais aussi où les opinions politiques semblaient tenir compte de ce point de vue. L’auteur de l’article est Nathaniel Rich, dont le travail d’historien foisonne de révélations d’initiés sur le refus de prendre certaines décisions, ce qui me fit jurer à voix haute à de nombreuses reprises. Au cas où le moindre doute subsisterait quant au fait que les conséquences de ces non-décisions graveront une empreinte suffisamment profonde pour définir une ère géologique, un reportage de photographie aérienne de George Steinmetz ponctue le texte de Rich, et notre regard ne peut se détacher de ces témoignages sur le délitement accéléré des systèmes planétaires, depuis la transformation de la glace du Groenland en un déchaînement d’eaux vives, jusqu’aux gigantesques efflorescences algales du troisième lac chinois par la taille.

    La longueur de l’article est celle d’un court roman ; il constitue un exemple du type de prise de position médiatique que la crise climatique mérite depuis longtemps, mais dont elle ne bénéficie presque jamais. Un sujet aussi trivial que le pillage de notre unique habitat ne mérite pas de faire les gros titres, et la litanie de justifications à une telle affirmation ne nous est que trop familière : « Le changement climatique est un problème de bien trop long terme » ; « Il est malvenu de parler politique, au moment où des gens périssent, victimes d’ouragans ou d’incendies » ; « Les journalistes s’adaptent à l’actualité, ne la créent pas » ; sans oublier, bien entendu : « Rien de tel pour fracasser l’audimat ».
    La responsabilité des médias

    Aucune de ces excuses ne saurait dissimuler le manquement au devoir. Les médias dominants ont toujours eu le pouvoir de décider, tout seuls, que la déstabilisation planétaire était un sujet d’actualité de la plus haute importance ; parmi ceux du moment, il est sans aucun doute le plus lourd de conséquences. Ils ont toujours eu cette capacité de mobilisation des talents de leurs journalistes et photographes, qui leur permettrait de mettre en évidence le lien entre sciences abstraites et évènements climatiques extrêmes, tels qu’ils sont vécus. Le feraient-ils avec constance, qu’ils atténueraient le besoin pour les journalistes de déterminer l’agenda politique, dans la mesure où un public mieux au fait de la menace comme des solutions concrètes, tend à pousser ses élus à prendre des mesures courageuses.

    Ainsi s’explique l’exaltation ressentie en apprenant que le Times mobilisait l’intégralité des troupes de sa machine éditoriale pour soutenir l’opus de Rich – à coups de film promotionnel, de lancement télévisé en direct depuis le Times Center, en passant par la publication de matériel pédagogique dédié.

    Ainsi s’explique également, la colère qui nous étreint à la lecture d’un article dont les prémisses sont à ce point erronées. Selon Rich, entre 1979 et 1989, la science fondamentale du changement climatique était comprise et acceptée, le sujet n’avait pas encore provoqué de clivage partisan, les compagnies d’exploitation des énergies fossiles n’avaient pas encore entamé de véritable campagne de désinformation, enfin une puissante dynamique politique semblait entraîner le monde vers la conclusion d’un accord international de réduction des émissions, à la fois ambitieux et contraignant. Lorsqu’il parle de cette période-clé, à la fin des années 80, Rich écrit : « Toutes les conditions du succès étaient réunies ».

    Mais nous avons tout gâché – « nous », c’est à dire les humains, dont la myopie sévère nous empêche de sauvegarder notre avenir. Et au cas où nous n’aurions pas bien compris sur qui, ou sur quoi, rejeter la responsabilité de notre « perte de la terre », la réponse de Rich se présente sous la forme d’un cri indigné en pleine page : « Tous les faits nous étaient connus, aucun obstacle ne barrait la voie. C’est à dire … aucun, à part nous-mêmes. »

    Ouais … vous, moi. Selon Rich, pas les compagnies pétrolières, qui participèrent à chacune des réunions politiques dont l’article fait mention. (Essayez d’imaginer un gouvernement étasunien qui chargerait l’industrie du tabac de rédiger les politiques visant à interdire de fumer. Au cas où ce type de réunions échouerait à prendre la moindre mesure concrète, devrait-on en conclure à la tendance suicidaire des populations ? Devrait-on, au contraire, pencher pour la corruption d’un système politique à l’agonie ?).

    Depuis mercredi, date de la mise en ligne de la première version de l’article, de nombreux scientifiques et historiens ont souligné ce contresens. D’autres ont attiré l’attention sur les invocations insupportables à la « nature humaine », ainsi que sur le « nous » de majesté, utilisé pour décrire un groupe de personnages très influents, dont l’homogénéité est à mourir de rire. On ne trouve, dans le compte rendu de Rich, pas la moindre allusion à ces dirigeants de « Pays du Sud », qui exigèrent des mesures contraignantes, pendant et après cette période-clé, et dont l’humanité, bizarrement, ne les empêchait pas de se soucier des générations futures. Parallèlement, il est aussi rare de percevoir l’écho d’une voix féminine dans le texte de Rich, que d’observer des pies à bec ivoire en pleine nature – et si nous, mesdames, finissons bien par apparaître, c’est avant tout dans le rôle de déesses de douleur, épouses de héros tragiques.
    Des politiques tout aussi coupable

    Rich finit par conclure que tout fut gâché par l’intervention de quelque chose du nom de « nature humaine », sans pour autant se soucier de fournir la moindre preuve, ni sociale, ni politique. Il affirme que « les êtres humains, qu’ils soient membres d’organisations mondiales, de démocraties, d’entreprises, de partis politiques, ou simplement en tant qu’individus, ont conscience du châtiment qu’ils infligeront aux générations futures, mais ils se révèlent incapables de sacrifier leurs habitudes de consommation présentes pour autant. On dirait que nous sommes incapables de nous détacher de « notre obsession du présent, notre souci du moyen terme, notre tendance à chasser le long terme de nos esprits, comme on recrache un poison ».

    Mon analyse de la même période me fit aboutir à une conclusion diamétralement opposée : avec le recul, ce qui ressemblait au premier abord à l’opportunité idéale de mise en œuvre de politiques de préservation du climat, se révèle avoir été un anachronisme historique de première ampleur. En effet, l’analyse rétrospective de ce moment le fait apparaître clairement comme la conjonction du rassemblement de gouvernements enfin bien décidés à brider l’industrie pétrolière, et de la transformation en tsunami de la vague néolibérale, dont les objectifs de déconstruction économique et sociale entrèrent en collision frontale avec les impératifs de la science du climat d’une part, de l’imposition de règles permanentes aux grandes entreprises d’autre part. L’absence de la moindre allusion, même infime, à l’apparition de cette autre caractéristique du monde de l’époque, trace au cœur de l’article de Rich, un angle mort dont l’énormité donne le vertige. Après tout, le métier de journaliste offre cet avantage essentiel de pouvoir revenir sur le passé récent, en étant capable de discerner alors des tendances, des structures, demeurées invisibles aux yeux de celles et ceux qui furent emportés par ces bouleversements, en temps réel. Par exemple, en 1988, la communauté scientifique ne pouvait avoir conscience d’être en équilibre sur le bord d’un précipice, prête à basculer dans le creuset d’une révolution libérale dont les convulsions allaient remodeler toutes les principales économies de la planète.

    Mais nous, nous savons. Lorsqu’on se penche sur la fin des années 80, il apparaît très clairement que 1988-89 étaient très loin de rassembler « des conditions de réussite on ne peut plus propices » ; en fait, pour une humanité décidée à prendre la résolution ferme de placer la santé de la planète en tête de ses priorités, loin devant les dividendes, il s’agissait très probablement du pire moment.

    Situons le contexte. En 1988, les États-Unis signèrent avec le Canada un accord de libre-échange qui allait servir de prototype aux innombrables traités du même genre conclus par la suite. La chute du Mur de Berlin était toute proche, un événement dont les idéologues étasuniens d’extrême-droite allaient réussir à s’emparer pour en faire à la fois la preuve de la « fin de l’histoire », et le blanc seing les autorisant à exporter aux quatre coins de la planète privatisations, dérégulation, austérité, à savoir les trois ingrédients de base de la recette Reagan-Thatcher.

    Ce fut cette convergence de tendances historiques – l’émergence au niveau mondial de deux architectures, l’une en prévision de la lutte contre le changement climatique, et l’autre, beaucoup plus solide, destinée à libérer le capital de toute contrainte -, qui enraya le mouvement dont Rich procède à la juste identification. En effet, fait-il remarquer à de nombreuses reprises, la relève du défi de la lutte contre le changement climatique, aurait réclamé d’une part l’imposition de règles strictes aux pollueurs, d’autre part un plan d’investissements dans les services publics, afin de transformer nos modes d’alimentation en énergie, nos habitudes de vies dans les grandes villes, nos moyens de transport.

    Tout ceci était possible dans les années 80-90 (et continue à l’être) – mais uniquement au prix d’une bataille frontale contre le projet néolibéral, qui lançait, à ce moment précis, une offensive contre l’idée même de service public (« La société est une chimère », nous répétait Thatcher). Parallèlement, les accords de libre-échange conclus à l’époque, faisaient tout leur possible pour rendre illégales au regard du droit du commerce international, de nombreuses initiatives bienvenues pour le climat – comme les subventions, ou la priorité accordées à l’économie verte localisée, ou le refus opposé aux nombreux projets polluants, comme les oléoducs ou la fracturation hydraulique.

    J’ai écrit un livre de 500 pages sur cette collision entre planète et capitalisme, dont je ne vais pas ressasser les détails ici-même. Cependant, cet extrait traite le sujet en profondeur, c’est pourquoi je me permets d’en citer un court extrait :

    Nous n’avons pas fait le nécessaire pour réduire les émissions, parce que la nature même de ce type d’actions entre en conflit avec le capitalisme dérégulé, à savoir l’idéologie dont le règne couvre toute la période au cours de laquelle nous nous sommes démenés pour trouver le moyen de sortir de cette crise. Nous n’avançons pas, parce que les mesures qui constitueraient notre meilleure chance d’éviter la catastrophe – et dont la très grande majorité bénéficierait – représentent une menace extrême pour une élite minoritaire qui tient en laisse les médias dominants, et bride nos économies comme notre fonctionnement politique. Ce problème n’aurait probablement rien eu d’insurmontable, s’il était survenu à tout autre moment de notre histoire. Mais pour notre grand malheur à tous, c’est au moment précis où la communauté scientifique présentait la menace pesant sur le climat sous forme de diagnostic irréfutable, que cette élite put jouir sans entraves de pouvoirs politique, culturel, intellectuel, qui n’avaient plus été aussi étendus depuis les années 20. En fait la diminution drastique des émissions de gaz à effet de serre avait fait l’objet de discussions sérieuses entre gouvernements et scientifiques dès 1988 – l’année même où se leva l’aube de ce que nous allions connaître sous le nom de « mondialisation ».

    Un socialisme démocrate vert comme solution ?

    Pourquoi l’absence de mention par Rich de cette collision, remplacée chez lui par l’affirmation selon laquelle c’est bien la « nature humaine » qui scella notre sort, nous importe-t-elle ? Son importance tient au fait que, si « nous-mêmes » sommes la force qui enraya la mobilisation en faveur de l’action, alors la une fataliste du magazine du New York Times, – « La Perte de la Terre » – est effectivement appropriée. Si nous sommes incapables de faire des sacrifices à court terme, même dans l’espoir d’améliorer notre santé et notre sécurité dans le futur, et si cette inaptitude est une composante fondamentale de notre ADN collectif, alors nous ne saurions espérer être capables de changer le cours des évènements assez tôt, pour éviter un réchauffement vraiment catastrophique.

    En revanche, si nous autres humains étions vraiment à deux doigts de nous tirer d’affaire dans les années 80, jusqu’au moment où un raz-de-marée élitiste de libre-échangisme fanatique nous submergea – en dépit de millions d’opposants aux quatre coins de la planète -, alors nous pouvons agir de manière on ne peut plus concrète. Nous pouvons faire face à cet ordre économique, afin d’essayer d’y substituer une alternative soucieuse de sécurité humaine et planétaire, qui ne maintiendrait pas en son centre, coûte que coûte, la recherche de la croissance et du profit.

    Quant à la bonne nouvelle – car il y en a une – elle tient au fait qu’aujourd’hui, contrairement à 1989, un jeune mouvement, en pleine expansion, de socialistes démocrates « verts », fait campagne aux États-Unis autour d’un tel projet. Cette alternative n’est pas uniquement électorale – elle donne à voir notre seul et unique horizon vital.

    Soyons clairs cependant : cet objectif, qu’il est indispensable d’atteindre, ne s’appuie sur aucun essai préalable, en tout cas pas à l’échelle requise. Lorsque le Times publia sur Twitter une accroche pour l’article de Rich, évoquant « l’inaptitude de l’humanité à juguler la catastrophe climatique », l’excellente aile écolo-judiciaire des Socialistes Démocrates d’Amérique, s’empressa de proposer cette correction : « LE CAPITALISME ; S’ils voulaient vraiment chercher les causes du déraillement, leur enquête porterait sur un capitalisme incapable de s’attaquer au problème posé par la catastrophe du changement climatique ». Malgré le capitalisme, l’humanité est tout à fait capable de s’organiser en modèles florissants de sociétés, délimités par les contraintes de l’écologie ».

    Leur argument se tient, en dépit de ses failles. Rien n’oblige les humains à vivre sous le règne du capitalisme ; nous, les humains, sommes capables de nous organiser sous les formes de toutes sortes d’ordres sociaux différents, parmi lesquels des sociétés dont l’horizon temporel serait beaucoup plus éloigné, ou plus aptes à respecter les systèmes soucieux de préserver les conditions de survie de la nature. En fait, c’est ainsi que les humains vécurent, sauf pendant une infime partie de notre histoire, et de nos jours encore bien des cultures indigènes perpétuent des cosmologies géocentriques. Le capitalisme n’est qu’une anomalie minuscule dans l’histoire collective de notre espèce.

    Mais il ne suffit pas de pointer la seule responsabilité du capitalisme. Sans contestation possible, on peut affirmer que le capitalisme, en raison de sa soif inextinguible de croissance et de profits, se dresse comme un obstacle sur l’unique chemin menant à la transition rapide vers la sortie des énergies fossiles. Sans contestation possible, on peut également affirmer que la propagation sur toute la planète, dans les années 80-90, d’une forme débridée du capitalisme connue sous le nom de néolibéralisme, explique à elle seule le pic désastreux des émissions au cours des dernières décennies, au niveau mondial, et constitue aussi l’unique pierre d’achoppement, sur laquelle les gouvernements continuent de buter, depuis qu’ils se réunissent (et parlent, encore et encore), au moment de prendre des mesures de sauvegarde du climat, d’inspiration scientifique. Il s’agit aujourd’hui encore de l’obstacle principal, même dans des pays, comme la France et le Canada, qui se vantent d’être en première ligne dans la bataille climatique.

    Cela dit, il nous faut faire preuve d’honnêteté, et admettre que le socialisme industriel autocratique fut tout aussi désastreux pour l’environnement, comme le prouve la chute brève mais spectaculaire des émissions au début des années 90, soit au moment où s’effondrèrent les économies de l’ex-Union Soviétique. Ainsi que je l’écrivais dans Tout Peut Changer, le populisme pétrolier du Venezuela perpétue cette tradition toxique de nos jours, avec des conséquences désastreuses.

    Reconnaissons-le, tout en soulignant que des pays de forte tradition social-démocrate – comme le Danemark, la Suède, ou l’Uruguay – appliquent des politiques qui comptent parmi les plus visionnaires au monde en matière d’environnement. Ce qui nous amène à conclure que, si socialisme et écologie ne vont pas forcément de pair, une nouvelle forme d’éco-socialisme démocratique, suffisamment humble pour retenir les leçons des enseignements indigènes sur nos devoirs envers les générations futures, comme sur l’interconnexion de toutes les formes de vie, a toutes les apparences du pari le moins risqué, pour une humanité en quête de survie collective.

    Tel est l’enjeu de la floraison de candidatures politiques issues du tissu associatif, dont les campagnes en faveur d’un projet éco-socialiste démocratique, révèlent les liens entre les déprédations économiques consécutives à plusieurs décennies d’hégémonie néolibérale, et l’état dévasté de notre habitat naturel. En partie inspirés par la campagne présidentielle de Bernie Sanders, plusieurs candidats, d’origines multiples – à l’image d’Alexandra Ocasio-Cortez, à New York, de Kanelia Ing, à Hawaï, et de bien d’autres encore – font campagne sur des programmes appelant à un « New Deal Vert », apte à satisfaire les besoins matériels fondamentaux de chacun, à offrir de vraies solutions en matière d’injustices envers certaines communautés, de race ou de genre, tout en catalysant une transition rapide vers un recours exclusif aux énergies renouvelables. Plusieurs d’entre eux, comme Cynthia Nixon, candidate au poste de gouverneur de l’état de New York, ou Zephyr Teachout, candidat au poste de procureur général du même état, ont promis, non seulement de refuser l’argent des compagnies pétrolières, mais encore de les poursuivre en justice.

    Tous ces candidats, qu’ils se revendiquent ou non du socialisme démocratique, rejettent le centrisme néolibéral des élites du Parti Démocrate, et la fadeur de leurs solutions « compatibles avec l’économie de marché » à la crise écologique, tout comme le guerre totale de Trump contre la nature. Ils incarnent également une alternative concrète aux socialistes extractivistes peu soucieux de démocratie, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui. Par dessus-tout, cette nouvelle génération de dirigeants politiques, se refuse à faire de « l’humanité » le bouc-émissaire, condamné à expier les péchés d’avarice et de corruption d’une élite restreinte. Elle cherche, au contraire, à aider l’humanité – notamment celles et ceux dont on ignore systématiquement la parole, voire l’identité – à se constituer en un pouvoir soudé, doté d’une voix unique, et capable de tenir tête à cette élite.

    Nous ne perdons pas la terre – mais son réchauffement accéléré la place sur une trajectoire menant un grand nombre d’entre nous à leur perte. Une nouvelle voie politique se présente, juste à temps, pour nous emmener en lieu sûr. Le temps n’est pas aux lamentations sur les années perdues. Le moment est venu de s’engager sur cette voie, sans perdre un instant.

    https://www.luxediteur.com/le-capitalisme-est-la-cause-du-dereglement-climatique
    #climat #changement_climatique #responsabilité

    • Les #black_blocs. La #liberté et l’#égalité se manifestent

      Apparue à Berlin-Ouest vers 1980 et popularisée lors de la « bataille de Seattle » en 1999, la tactique du black bloc connaît un renouveau. Des black blocs ont manifesté lors du Sommet du G20 à Toronto, du Printemps arabe, du mouvement Occupy et des Indignés, lors des récentes grèves étudiantes au Québec et contre la vie chère au Brésil, dans les « cortèges de tête » en France et contre les néonazis aux États-Unis.

      Cagoulés, vêtus de noir et s’attaquant aux symboles du capitalisme et de l’État, les black blocs sont souvent présentés comme des « casseurs » apolitiques et irrationnels, voire de dangereux « terroristes ».

      Publié une première fois en 2003 et depuis mis à jour et traduit en anglais et en portugais, ce livre est reconnu comme la référence pour qui veut comprendre l’origine du phénomène, sa dynamique et ses objectifs. Alliant observations de terrain, entretiens et réflexion éthique et politique, l’auteur inscrit les black blocs dans la tradition anarchiste de l’action directe.


      https://www.luxediteur.com/catalogue/black-blocs-2

      #livre

    • Un point de vue marxistes sur ces zozos :
      Autonomes et black blocs : une fausse radicalité et une impasse https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2018/06/24/autonomes-et-black-blocs-une-fausse-radicalite-et-une-impass

      Extrait :

      Le pourrissement continu de la société capitaliste va certainement pousser, à l’avenir, bien des jeunes vers ce faux radicalisme, qui n’est en fait que le signe d’une démoralisation et d’un manque de confiance dans la capacité des masses à changer leur sort. Et il ne serait pas surprenant que, demain, un certain nombre de ces jeunes fassent un pas de plus et expriment leur «  rage  » et leur nihilisme non plus à coups de marteau dans des vitrines mais avec des bombes. Le mouvement ouvrier a déjà connu bien des fois de tels reculs.

      Nous continuons de penser que la seule chose utile pour espérer changer le monde, ce n’est pas d’infliger des petites piqûres de moustique à la bourgeoisie et au capitalisme, qui n’a que faire d’un magasin saccagé et d’un abribus brisé. Le radicalisme, ce n’est pas jeter un pavé sur un flic. C’est se battre pour le pouvoir aux travailleurs, l’expropriation de la bourgeoisie et l’abolition du salariat. C’est militer pour que puisse se produire la seule chose qui effraie réellement la bourgeoisie  : un soulèvement conscient du monde du travail.

    • On parle beaucoup des black blocs ces derniers temps en France, les médias, les politicien·ne·s et les citoyennistes le font pour faire une distinction factice entre Gilets jaunes obéissants et respectueux des lois et extrémistes ultra-violent·e·s et minoritaires. Ce qui nous semble désormais clair dans ce mouvement, c’est qu’il est très compliqué de distinguer les K-way noirs typiques de la tactique anarchiste du black bloc des nombreux gilets jaunes qui sont arrivé·e·s dans ce mouvement sans avoir encore éprouvé l’expérience de l’émeute. Le soulèvement des Gilets jaunes a été (et continue d’être) le fait de plein de gens différent·e·s, avec des origines sociales et des cultures politiques diverses, réunissant plein de rebelles à l’ordre établi et une colère populaire rarement exprimée aussi intensément... Le 16 mars 2019 à Paris a donné lieu, encore plus qu’en décembre 2018, à un joyeux mélange insurrectionnel des identités politiques, que résume assez bien le tag de couverture : Gilets noirs, K-way jaunes. On n’oubliera pas non plus que c’est sur une avenue des Champs-Elysées ravagée par la casse et le pillage que des milliers de personnes ont entonné un slogan simple mais prometteur : « révolution ».

      GILETS NOIRS, K-WAY JAUNES
      Interviews d’anarchistes à propos du mouvement des Gilets jaunes Paris-banlieue / Toulouse / Dijon / Caen. Février-avril 2019

      https://infokiosques.net/lire.php?id_article=1645
      #gilets_jaunes #anarchie @infokiosques

    • #Livre

      Peau rouge, masques blancs
      Contre la politique coloniale de la reconnaissance

      #Glen_Sean_Coulthard

      Traduction de l’anglais par Arianne Des Rochers et Alex Gauthier
      Préface de Taiaiake Alfred

      Lire un extrait

      ISBN : 9782895962601

      Collection : Humanités

      368 pages

      Parution en Amérique du Nord : 15 février 2018

      Le paradigme hégélien de la reconnaissance, admirablement critiqué par #Frantz_Fanon dans l’œuvre phare à laquelle ce livre rend hommage, est aujourd’hui évoqué, sous sa forme libérale, dans les débats entourant l’autodétermination des peuples colonisés, notamment les peuples #autochtones d’Amérique du Nord. Politologue et militant, membre de la Nation #dénée du Nord-Ouest du Canada, l’auteur reprend ici la critique fanonienne et démontre en quoi cette reconnaissance ne fait que consolider la domination coloniale.

      Cet ouvrage de théorie politique engagée appelle à rebâtir et redéployer les pratiques culturelles des peuples colonisés sur la base de l’autoreconnaissance, seule voie vers une réelle décolonisation. Penseur marxiste, #Coulthard sait que le #marxisme ne peut s’appliquer tel quel à la lutte des Autochtones, mais il en souligne la contribution potentielle et signe ici un véritable traité de combat #décolonial et #anticapitaliste.

      « Ce livre offre une critique pénétrante du colonialisme contemporain et une vision claire de la résurgence autochtone, en plus de constituer une contribution importante à la pensée révolutionnaire. »

      #Taiaiake Alfred, extrait de la préface

  • Homo domesticus. Une histoire profonde des premiers États

    Ernest London

    https://lavoiedujaguar.net/Homo-domesticus-Une-histoire-profonde-des-premiers-Etats

    À la recherche de l’origine des États antiques, James C. Scott, professeur de science politique et d’anthropologie, bouleverse les grands récits civilisationnels. Contrairement à bien des idées reçues, la domestication des plantes et des animaux n’a pas entraîné la fin du nomadisme ni engendré l’agriculture sédentaire. Et jusqu’il y a environ quatre siècles un tiers du globe était occupé par des chasseurs-cueilleurs tandis que la majorité de la population mondiale vivait « hors d’atteinte des entités étatiques et de leur appareil fiscal ».

    La première domestication, celle du feu, est responsable de la première concentration de population. La construction de niche de biodiversité par le biais d’une horticulture assistée par le feu a permis de relocaliser la faune et la flore désirables à l’intérieur d’un cercle restreint autour des campements. La cuisson des aliments a externalisé une partie du processus de digestion. Entre 8000 et 6000 avant notre ère, Homo sapiens a commencé à planter toute la gamme des céréales et des légumineuses, à domestiquer des chèvres, des moutons, des porcs, des bovins, c’est-à-dire bien avant l’émergence de sociétés étatiques de type agraire. (...)

    #James_C._Scott #histoire #anthropologie #Homo_sapiens #chasseurs-cueilleurs #agriculture #Mésopotamie #esclavage #État #empires_fantômes

    • Contre le blé, contre l’Etat, Joseph Confavreux

      L’anthropologue anarchiste James C. Scott publie un ouvrage détonnant qui, à l’appui des récentes découvertes de l’archéologie, remet en cause le grand récit civilisationnel fondé sur l’agriculture céréalière, la sédentarité et l’État.

      James C. Scott est éleveur de moutons et dit se sentir « personnellement offensé chaque fois qu’on cite les moutons comme synonyme de comportement conformiste de masse, de pusillanimité et d’absence d’individualité », alors que cela fait 8 000 ans que l’homme a sélectionné les moutons précisément pour les domestiquer et les rendre toujours plus dociles.

      James C. Scott est aussi un des anthropologues les plus singuliers du monde, auteur d’un travail au long cours sur les comportements infrapolitiques (Petit éloge de l’anarchisme), les logiques du pouvoir de l’État moderne (Seeing like a State) ou les peuples sans État, notamment ceux d’Asie du Sud (Zomia ou l’art de ne pas être gouverné).

      homo-domesticusSon dernier livre, que viennent de traduire les éditions La Découverte, s’intitule Homo Domestiscus. Une histoire profonde des premiers États, et combine ce qu’il a pu personnellement observer en matière de domestication des animaux ou des hommes avec des décennies de travail sur les rapports entre les marges et les centres, les nomades et les États, les gouvernés et les gouvernants, les prétendus barbares et les soi-disant civilisés.
      Il se nourrit, aussi et surtout, des récentes avancées de l’archéologie qui, grâce notamment à de nouvelles techniques de recherche, viennent de plus en plus souvent bousculer les savoirs solidifiés dans les livres scolaires et appris par des générations d’écoliers. La récente et impressionnante Histoire des civilisations, sous-titrée Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, également publiée par les éditions La Découverte et codirigée par l’archéologue Jean-Paul Demoule, s’inscrivait aussi dans ce moment singulier où l’archéologie change notre regard sur le passé, et peut-être ainsi sur le présent.

      Homo domesticus assume d’être une synthèse, voire parfois une forme de braconnage sur des territoires qui ne sont pas ceux de l’anthropologue. Scott définit d’ailleurs lui-même son ouvrage comme le « rapport d’exploration d’un intrus ». Mais son sens du récit et son érudition tout-terrain rendent sa thèse principale très convaincante, tout en permettant au lecteur d’apprendre, au passage, pourquoi les chimpanzés ont un intestin trois fois plus grand que le nôtre, quel est le métabolisme du blé sauvage ou comment lire l’épopée de Gilgamesh…

      Cette thèse consiste à démonter le grand récit civilisationnel de la révolution néolithique et de l’essor de l’humanité, selon lequel « l’agriculture venait se substituer au monde barbare, sauvage, primitif, brutal et sans loi des chasseurs-cueilleurs et des nomades ». Pour l’anthropologue, même si l’on a longtemps supposé que « l’agriculture avait été un grand pas en avant pour l’humanité en termes de bien-être, de nutrition et de temps libre », initialement, « c’est plutôt le contraire qui est vrai ».

      L’hypothèse implicite que la récolte d’une culture plantée serait plus fiable que le rendement des espèces sauvages serait ainsi fausse, « dans la mesure où les espèces sauvages, par définition, ne sont présentes que sur des sites où elles peuvent prospérer ». Celles et ceux qui voient dans l’agriculture sédentaire un pas majeur dans l’avancée de la civilisation négligent en plus les « risques de crise de subsistance impliqués par un mode de vie sédentaire et par la nécessité concomitante de planter, de soigner et de protéger des espèces cultivées ».

      Les avancées récentes de l’archéologie révèlent que les chasseurs-cueilleurs n’avaient rien « de ces populations désemparées, mal nourries, toujours au bord de la famine, qu’imagine l’ethnologie populaire ». Et permettent de mieux comprendre que la « sécurité alimentaire des chasseurs-cueilleurs reposait précisément sur la mobilité et sur la diversité des ressources auxquelles ils avaient accès ».

      À partir du moment où l’on remet en question l’hypothèse fondamentale de la supériorité et de la plus grande attractivité de l’agriculture sédentaire par rapport à toutes les formes de subsistance antérieures, il devient clair, pour le chercheur, « que ladite hypothèse repose elle-même sur un présupposé plus profond et plus enraciné qui n’est, lui, pratiquement jamais remis en cause : à savoir que l’existence sédentaire serait elle-même supérieure et plus attrayante que les formes de subsistance fondées sur la mobilité ».

      51bn3kwdvel-sx329-bo1-204-203-200Dans ce livre, dont le titre original est Against the Grain : A Deep History of the Earliest States, Scott avance donc l’hypothèse du lien étroit entre les céréales et la constitution d’États jugés coercitifs par l’anarchiste qu’il est depuis des décennies. Pour lui, « seules les céréales sont vraiment adaptées à la concentration de la production, au prélèvement fiscal, à l’appropriation, aux registres cadastraux, au stockage et au rationnement ». Ce qui explique pourquoi l’économie de tous les États antiques reposait sur les céréales et pourquoi « l’histoire n’a pas gardé trace de l’existence d’États du manioc, du sagou, de l’igname, du taro, du plantain, de l’arbre à pain ou de la patate douce ».
      Il s’ensuit pour Scott que « l’émergence de l’État ne devient possible que lorsqu’il n’existe guère d’autres options qu’un régime alimentaire dominé par les céréales domestiquées ». La « clé du lien » entre l’État et les céréales serait donc le fait que « seules ces dernières peuvent servir de base à l’impôt, de par leur visibilité, leur divisibilité, leur “évaluabilité”, leur “stockabilité”, leur transportabilité. »

      « Myopie historique »

      À partir de là, James C. Scott juge donc qu’on surestime très largement la révolution néolithique qui « a entraîné un appauvrissement de la sensibilité et du savoir pratique de notre espèce face au monde naturel, un appauvrissement de son régime alimentaire, une contraction de son espace vital et aussi, sans doute, de la richesse de son existence rituelle ».

      arton2238-a8443Une surévaluation intimement liée à la manière dont les progrès de la civilisation ont été « codifiés par les premiers grands royaumes agraires ». Comme dans Zomia, l’anthropologue juge nécessaire de se départir de la « téléologie de l’État » et d’une « histoire stato-centrée ». Une histoire « impartiale » supposerait, selon lui, qu’on accorde à l’État « un rôle beaucoup plus modeste que celui qu’on lui attribue normalement », même s’il n’est pas étonnant que l’État ait fini par dominer les grands récits archéologiques et historiques.
      En effet, outre l’hégémonie de la forme État dans le monde actuel, « la majeure partie des recherches archéologiques et historiques dans le monde sont parrainées par l’État, ce qui en fait souvent une sorte d’autoportrait narcissique », écrit Scott, en notant qu’on a toujours privilégié l’excavation des grandes ruines historiques sur des indices plus faibles d’installation humaine, que les dernières techniques archéologiques permettent de mieux repérer.

      De plus, les « documents écrits sont invariablement produits par et pour l’État ». Même si bon nombre de peuples nomades connaissaient l’écriture, « ils écrivaient généralement sur des matériaux périssables (écorce, feuille, bambou, roseau) et pour des raisons étrangères aux préoccupations d’un État (comme mémoriser des sortilèges ou des poèmes d’amour) ».

      Décentrer ainsi l’Histoire pour éclairer les zones oubliées par les récits officiels permet notamment de montrer que l’émergence de l’État apparaît en réalité très longtemps après la naissance de l’agriculture sédentaire et ne lui est pas liée, même si cette forme d’organisation sociale demeure, en général, réticente aux zones humides, désertiques ou montagneuses.

      Scott rappelle à ce sujet que les premiers établissements sédentaires de l’histoire de l’humanité sont apparus dans des zones humides, dont le rôle a été largement sous-estimé, pour au moins trois raisons. D’abord en raison de « l’association presque irrésistible entre l’idée de civilisation et les principales céréales : blé, orge, riz et maïs ». Ensuite, parce qu’il s’agissait de cultures largement orales n’ayant laissé derrière elles aucun témoignage écrit. Enfin, parce que cette myopie historique vis-à-vis des sociétés des zones humides pourrait être liée à leur « incompatibilité écologique avec la centralisation administrative et le contrôle par le haut. Ces sociétés reposaient en effet sur ce qu’on appelle aujourd’hui des biens collectifs ou des communs – plantes, animaux et espèces aquatiques sauvages auxquelles toute la communauté avait accès. Il n’existait aucune ressource dominante unique susceptible d’être monopolisée ou contrôlée et encore moins taxée par un centre politique ».

      Décentrer l’histoire permet aussi de comprendre que les premiers États étaient, en réalité, non seulement très fragiles, mais éphémères et réversibles. « Dans la plupart des cas, les périodes d’interrègne, de fragmentation et de décadence étaient plus fréquentes que les phases de domination efficace et stable. » En outre, explique Scott, « dans une grande partie du monde, l’État, même lorsqu’il était robuste, n’était qu’une institution saisonnière. Récemment encore, en Asie du Sud-Est, pendant les averses annuelles de la mousson, il n’était guère capable de projeter sa puissance au-delà des murs du palais royal ».

      Pour l’anthropologue, il a existé plusieurs lignes de faille, « sous-produits de l’émergence de l’État lui-même », liées aux conséquences épidémiologiques de la concentration sans précédent des espaces cultivés, des humains et du bétail, ainsi que des parasites et agents pathogènes, liées également aux effets écologiques plus insidieux de l’urbanisme ou encore aux répercussions d’une agriculture reposant sur l’irrigation intensive et entraînant une déforestation et une salinisation des sols.

      Rompre ainsi l’hypnose provoquée par les récits « narrant la fondation d’une dynastie ou exaltant sa période classique, alors que les périodes de désintégration et de désordre ne laissent que peu ou pas de trace », permet notamment de saisir les nombreux « mouvements de fuite des territoires contrôlés par les premiers États en direction de leur périphérie ». Mouvements dont les traces, « dans la mesure où ils contredisent le récit qui met en scène l’État en tant que porteur de civilisation et bienfaiteur de ses sujets », sont « confinées dans d’obscurs documents juridiques ».

      La Grande Muraille sur le site de Mutianyu
      La Grande Muraille sur le site de Mutianyu
      Le lecteur apprend ainsi que la Grande Muraille de Chine servait tout autant à retenir les paysans Han et les contribuables qu’à faire obstacle aux incursions barbares. Ce fait que les premiers États n’aient pas réussi à retenir leur population est, pour Scott, le signe que « c’est seulement par le biais de diverses formes de servitude que les premiers États ont réussi à capturer et à fixer une bonne partie de leurs populations ».
      « Homo sapiens n’a-t-il pas lui-même été domestiqué ? »

      La mise en cause du récit traditionnel de la civilisation par James Scott n’est pas seulement, pour lui, un moyen de rendre justice à un passé moins linéaire que la vision que nous en avons d’habitude. Elle est aussi une façon de repenser le présent, et notamment le fait que nous acceptons comme quelque chose d’inévitable, voire de normal, de vivre dans des États inégalitaires et dont les premières fondations reposent sur la coercition et l’exploitation de leurs populations.

      41wndayie2l-sx303-bo1-204-203-200L’anthropologue réexamine ainsi « la conception de l’État chère à des théoriciens du contrat social tels que Hobbes et Locke, celle d’un pôle d’attraction irrésistible reposant sur la paix civile, l’ordre social et la sécurité personnelle ». Alors que, pour lui, la « formation des premiers États est pour une bonne part une entreprise coercitive », appuyée sur l’usage « extensif d’une main-d’œuvre servile » : prisonniers de guerre, semi-servage, esclaves, même si celui-ci était présent dans nombre de sociétés pré-étatiques.
      James C. Scott tient à réhabiliter des modes de vie classés comme « barbares » simplement parce qu’il refusaient les rets de l’État, et en particulier l’impôt, que le chercheur n’hésite pas à qualifier de « fléau » pour les populations intégrées aux premiers États, en évoquant les collectes en nature prélevées par l’État sous forme de céréales, de main-d’œuvre et de conscription.

      Il fait ainsi voler en éclats la ligne de démarcation censée passer entre les mondes dits barbares et les mondes prétendument civilisés, c’est-à-dire étatisés, notamment parce que les populations assujetties à l’État et les peuples sans État étaient en réalité des partenaires commerciaux naturels et fréquents, dont le négoce des peaux de castor des Amérindiens a été l’un des plus emblématiques. « Une telle symbiose engendrait une hybridité culturelle beaucoup plus intense que ce que la typique dichotomie “barbare-civilisé” pourrait laisser croire », écrit Scott.

      Pour lui, les « barbares » doivent davantage être compris comme les « jumeaux cachés de la civilisation », comme l’atteste notamment le fait qu’il est arrivé que ces derniers conquièrent l’État, comme ce fut le cas deux fois dans l’histoire de la Chine, avec la dynastie mongole des Yuan et la dynastie mandchoue des Qing, ainsi que dans celui d’Osman, le fondateur de l’Empire ottoman. Pour Scott, l’existence dite barbare a donc « été souvent plus facile, plus libre et plus saine que celle des membres des sociétés civilisées – du moins de ceux qui ne faisaient pas partie de l’élite ».

      À lire l’anthropologue, on peut même aller jusqu’à désigner « la longue période historique qui vit se côtoyer des États agraires relativement faibles et de nombreux peuples sans État, généralement équestres », comme un « âge d’or » des barbares, comparable à un moment où « le mouvement d’enclosure politique représenté par l’État-nation n’existait pas encore ». Pour lui, ces « barbares » étaient « presque à tous égards plus libres que les petits fermiers anglais de la fin du Moyen Âge et du début de l’ère moderne, dont on a tant vanté l’indépendance ».

      Ce détour par la proto-histoire est aussi, pour Scott, un moyen de réfléchir à la notion de domestication, et à la façon dont elle résonne aujourd’hui. Il rappelle en effet que le terme domestiquer est normalement considéré comme un verbe actif impliquant un complément d’objet direct. Mais, interroge-t-il, Homo sapiens n’a-t-il « pas lui-même été domestiqué, attelé au cycle interminable du labourage, du plantage, du désherbage, de la récolte, du battage, du broyage » ? Pour Scott, l’homme est quasiment devenu esclave des céréales, et a été domestiqué par son confinement, une plus forte densité démographique et de nouveaux modèles d’activité physique et d’organisation sociale…

      Ce qui interroge quand on sait que, par rapport à leurs ancêtres sauvages, les moutons ont connu une réduction de 24 % de la taille de leur cerveau au cours des 10 000 ans d’histoire de leur domestication ou que les furets ont des cerveaux 30 % plus petits que ceux des putois… « La réduction de la taille du cerveau et ses conséquences possibles semblent décisives pour rendre compte de la docilité des animaux domestiques en général », écrit James Scott, en se plaisant sans doute à imaginer ce que serait le cerveau d’un homme sauvage, en liberté et sans État.

      LIRE AUSSI
      De l’importance de traverser hors des clous
      PAR JOSEPH CONFAVREUX
      Cette plongée dans la profondeur de l’histoire est, enfin, un moyen pour Scott de reprendre à nouveaux frais une notion à la mode, qui a pu être féconde pour alerter sur notre destinée civilisationnelle, mais s’avère également sidérante, voire paralysante : celle d’effondrement. Pour Scott, « dans son usage non réfléchi, la notion d’effondrement désigne une tragédie civilisationnelle affectant un grand royaume antique et ses réalisations culturelles ». Elle pourrait pourtant signifier « simplement un retour à la fragmentation de leurs parties constitutives, quitte à ce qu’elles se fédèrent de nouveau ultérieurement ».
      À lire l’anthropologue, une bonne partie de ce qui, dans l’histoire, est passé pour un effondrement n’était en réalité qu’une désagrégation au sens propre du terme : la réduction d’entités politiques de grande taille mais fragiles, à leurs composantes plus modestes et souvent plus stables, mais aussi souvent plus justes politiquement et socialement.

      Scott va jusqu’à effectuer alors un curieux, mais osé, « plaidoyer pour l’effondrement », en faisant l’hypothèse que ce qu’on désigne encore comme des siècles obscurs, des périodes intermédiaires ou des âges sombres a « en fait suscité un net gain de liberté pour de nombreux sujets des États antiques et une amélioration général du bien-être humain ». Une histoire à méditer pour les collapsologues ou les déclinistes contemporains…

    • Je connais mal cette littérature, mais je suppose que ces théories ont été confrontées et confirmées par les récits qu’on a des sociétés de #chasseurs-cueilleurs plus récentes, comme par exemple les sociétés #autochtones nord-américaines ? On a des témoignages du 17ème siècle de colons européens, par exemple :

      Un Français au « Royaume des bestes sauvages »
      #Paul_Lejeune, Lux, le 8 janvier 2009
      https://www.luxediteur.com/catalogue/un-francais-au-royaume-bestes-sauvages

      #Canada #Lux @lux_editeur

  • Le mardi 28 mars à 19h30, la journaliste française, montréalaise d’adoption, Emmanuelle Walter, auteure de Sœurs volées. Enquête sur un féminicide au Canada et de Le centre du monde. Une virée en Eeyou Istchee Baie-James avec Romeo Saganash parlera de ses livres à la librairie Quilombo dans le 11e arrondissement de Paris (23 rue Voltaire).

    http://www.librairie-quilombo.org/le-centre-du-monde
    https://www.luxediteur.com/emmanuelle-walter-a-paris

    #Autochtones #Cris #Féminicide #peuples_autochtones #extractivisme #Québec #Canada

  • Contre l’allocation universelle
    Daniel Zamora, Jean-Marie Harribey, Mateo Alaluf, Seth Ackerman


    https://www.luxediteur.com/catalogue/contre-lallocation-universelle

    Depuis la crise de 2008, l’idée d’une allocation universelle suscite un engouement renouvelé, tant en Europe qu’en Amérique. Le projet trouve des appuis à gauche comme à droite et, de l’avis de bien des spécialistes, il pourrait être le fondement des politiques sociales de l’avenir. Plus d’un penseur critique l’a prôné, Philippe Van Parijs, Toni Negri, José Bové ou André Gorz, mais que signifie vraiment cet étonnant consensus ?

    Selon les auteurs de cet essai, l’allocation universelle, sous couvert d’une bienveillante redistribution de la richesse, consacre l’abandon de l’enjeu politique central des cent cinquante dernières années : le conflit entre le capital et le travail. Chacun des textes composant ce livre œuvre au rappel de l’importance décisive de cette question, pour justifier qu’il faille impérativement être contre l’allocation universelle.

    #toread #livres #revenu_garanti #revenu_universel #protection_sociale

  • #Benoît_Hamon : « Le revenu universel est une invitation à s’épanouir » - Libération
    http://www.liberation.fr/elections-presidentielle-legislatives-2017/2017/01/05/benoit-hamon-le-revenu-universel-est-une-invitation-a-s-epanouir_1539421

    Face à la rédaction de « Libération » et à ses « agitateurs », le candidat PS à la primaire explicite ses propositions sur le rapport au travail, le cannabis, la crise migratoire, l’Europe ou encore un nouveau modèle de développement.

  • Squatter le pouvoir. Les mairies rebelles d’#Espagne

    Et si c’était dans les #villes que l’Europe sociale voyait le jour ? Si c’étaient les maires qui faisaient advenir le projet de communauté défiguré par les banques, la troïka et de médiocres économistes ? Voilà l’un des espoirs que nous donne l’Espagne d’aujourd’hui. Loin du marasme austéritaire et cravaté, des mairies indignées et rebelles ont surgi dans des dizaines de villes, dont #Barcelone et #Madrid. Malgré les promesses de #Podemos, la politique nationale espagnole bégaie. Mais à l’échelle municipale, des figures fortes et charismatiques, comme l’ancienne squatteuse #Ada_Colau et la juge antifranquiste #Manuela_Carmena, explorent de nouvelles façons de faire de la politique.

    Ludovic Lamant a rencontré des dizaines de femmes et hommes des marées citoyennes qui ont déferlé sur la péninsule ibérique. Alternant témoignages, reportage et analyse politique, il remonte aux origines politiques, historiques et sociales du phénomène et en propose un premier bilan. Portrait de plateformes citoyennes inédites en Europe, ce récit d’un soulèvement qui perdure se révèle être aussi une boîte à idées pour les mouvements de défense des communs ailleurs dans le monde.


    https://www.luxediteur.com/catalogue/squatter-le-pouvoir

    #livre #résistance #rébellion #urban_matter

    Une recension du livre est proposé dans le dernier numéro de @lacite

  • Les enfants du 15-M
    http://www.humanite.fr/les-enfants-du-15-m-627137

    La chronique philo de Cynthia Fleury. « Une crise de la représentation qui critique l’idée même de représentation en considérant que les citoyens ne sont pas “représentables”. »
    En France, il y a Saillans, commune de la Drôme qui s’essaie à la démocratie participative réelle et à l’innovation citoyenne depuis un jour de révolte contre l’implantation d’un supermarché qui aurait pu, s’il avait vu le jour, phagocyter tous les petits commerces des alentours.

    #Squatter_le_pouvoir #Ludovic_Lamant #Cynthia_Fleury

    • Pas tout à fait. Selon Bifo, les Blancs issus des franges plus défavorisées de la société américaine, ayant été floués et désarmés par la "gauche" réformiste alliée au capitalisme financier, ont voté pour une autre élite qui s’affichait comme étant anti-institutionnelle mais qui, depuis qu’on en sait un peu plus sur le cabinet de Trump, n’est qu’une autre élite.

      Comme le dit un de nos éditeurs, cette nouvelle élite est une élite "corrompue, cupide, libertarienne, habitée de l’esthétique de la violence, qui flatte les bas instincts de ceux et celles qui meurent à crédits, comme disait l’autre — contre une autre élite, « progressiste », libérale— molle, déconnectée du monde réel, qui prend depuis 40 ans au social sans rien lui rendre, une élite engourdie par son confort et qui se console de ses renoncements avec la certitude de la supériorité de sa droiture morale et intellectuelle. […] C’est la victoire d’un déni de la réalité contre un autre déni de la réalité. Une puissante mise en abîme politique."