• Où l’on ne parlera pas, hélas, de La Revue des Livres (qu’il faut soutenir) par Mathieu Léonard

    « Débarrasser Marx des marxismes » animait la pensée et l’action politique de Jean-Marie Vincent (1934-2004), fondateur de Variations au début des années 2000. Aujourd’hui, la revue de théorie critique poursuit ce chemin, s’engageant à la suite de la bande à l’École de Frankfurt avec pour contributeurs, entres autres, John Holloway, Oskar Negt, la philosophe féministe Nancy Fraser, Slavoj Zizek, l’artiste Martha Rosler, Greil Marcus et autres têtes bien pleines… Variations s’attache alors à publier des textes dont les seules exigences sont la critique du monde-tel-qu’il-va et l’urgence nécessaire de l’émancipation-telle-qu’elle-vient. Après avoir quitté la forme papier en 2007 et rendu tous ses contenus en libre accès sur Internet, Variations se consulte sur http://variations.revues.org. Le numéro en cours s’exclame « Tahrir is here ! » et le prochain fourbira des armes en vue de la critique du travail.

    « Ce n’est pas la crise, c’est une arnaque », c’est sur cette bonne parole, placardée durant le mouvement dit des Indignados, que s’ouvre le premier numéro de la toute nouvelle revue L’Échaudée. Celle-ci est animée par des amoureux de la critique, de la poésie, de l’utopie et des détournements de comics américains (30,94 % de la publication), qui sévissaient déjà au sein de L’Oiseau-tempête et des éditions Ab irato. Plusieurs articles reviennent sur les mouvements des occupations, dont « Occupy wall street » qui sont venus momentanément perturber le cours du « Business as usual ». http://abiratoeditions.wordpress.com.

    Au cas où vous en doutiez, les fanzines punks ne sont pas morts et certains ont même opéré une mutation très élégante. À bloc se revendique fièrement de la tradition du fanzinat et de la scène punk anarchiste et antifasciste. Le troisième numéro plutôt copieux nous balade d’un troquet pérave parigot à la scène punk stambouliote ; nous fait rencontrer deux lutteurs du mouvement anarchiste (Lucio, faussaire espagnol à la retraite et Hellyette Besse, activiste du Jargon libre) ; nous met en garde contre les bikers néonazis et les rappers russes non moins nazebroques. En vente dans les meilleurs endroits : http://blogs.punxrezo.net/abloc.

    On ne présente plus le mensuel, disponible en kiosques, Article 11 et son équipe de sérieux déglingos (d’après une rumeur qui court dans le 9-3). À ce propos, ils nous livrent dans leur numéro 9 un entretien avec Arnaud Aubron, animateur du blog Drogues News. Il y rappelle une ironie de l’histoire : « Les militaires américains ont conduit beaucoup d’expériences sur l’usage des drogues. Avec toujours cette idée qu’ils maîtrisaient la situation. Une belle erreur, dont le projet MK-Ultra, mené par la CIA, fournit l’illustration : beaucoup de ceux qui ont lancé la vogue du LSD au début des sixties aux États-Unis sont passés par MK-ultra en tant que cobayes. […] D’une certaine manière, la CIA a ainsi contribué à l’essor du mouvement hippie. » D’autres articles sont consultables sur site http://article11.info.

    Pour les semaines d’inactivité à venir, pensez aussi à vous procurer Alternative libertaire, le mensuel d’Alternative libertaire, empruntable dans les Relais H ; la revue Z, consacrée au nucléaire et son monde (plutôt contre) ; ainsi que CheriBibi, revue populaire de culture alternative.

    http://www.zite.fr
    http://www.alternativelibertaire.org
    http://www.cheribibi.net

    Et bien sûr : http://www.revuedeslivres.fr

  • En écho au FRIC (http://seenthis.net/messages/58084) voici Marseille, capitale de la Culture 2013 : Serrage de villes et boulons de culture. Paroles en résistance.
    Documentaire sonore de la revue Z :
    http://www.zite.fr/Nouvel-Article

    Marseille, capitale européenne de la Culture 2013. Mais quelle culture ? Qu’est-ce que c’est que la culture ? Peut-être qu’on ne peut tout bonnement pas la définir cette culture, elle est multiple, nourrie par les mouvements des personnes qui vivent ici et qui ont vécu dans cette ville de Marseille.
    En tout cas, c’est sur que la déclaration de « culturel », du mot d’"artiste" par une administration centralisée n’a rien à voir avec les habitants de Marseille. Elle aurait plutôt à voir avec des correspondances à des normes économiques décidées en commission européenne... A l’image du jury déclarant la candidature de Marseille retenue sur des « critères de faisabilité économiques et politiques ». Du côté du local, c’est à n’y rien comprendre.
    Ou si, peut-être, aux rythmes des rencontres, des déambulations on commence à y voir plus clair. On comprend que derrière le mot culture se cache celui de la récupération, l’ingurgitation du local pour mieux recracher loin du centre-ville les indésirables : les pauvres de la Belle de Mai où s’est établie une friche artistique, les dockers en lutte bien décidés à ne pas se faire prendre la parole par un festival tout fraichement débarqué sur leur lieu de travail menacé et traités de rats par la chargée au tourisme de Marseille madame Vlasto, les petites associations culturelles de quartier qui ne sont pas invités à participer au bal mondain européen.
    La culture sert alors de vitrine pour constituer des musées, délimite ce qui doit être retenu de l’histoire de la ville et ce qui doit être oublié sur l’hôtel du progrès. L’élite catalogue, classe et parasite pendant que le vivant devrait étouffer sous des litres de formol. Et on comprend par les mots de l’équipe municipale que Marseille 2013 n’est qu’un point de départ dans une stratégie globale de modification urbaine de Marseille.
    Mais Marseille résiste et garde son esprit de mauvais élève de la France...

    #guerre_à_marseille_2013