Pourquoi la Russie suspend son accord sur le plutonium avec les États-Unis

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    « La Russie n’a pas garanti les conditions des accords de cessez-le-feu conclus le 9 septembre et a violé ses engagements humanitaires » Cet article Pourquoi la Russie suspend son accord sur le plutonium avec les États-Unis a été publié en premier sur Le Courrier de Russie.

    • Selon l’accord en question, signé par la Russie et les États-Unis en 2000, les deux pays devaient en effet commencer à transformer leurs réserves respectives de plutonium excédentaires issues de la Guerre froide en 2018. À l’horizon 2000, ils avaient déjà convenu de réduire le nombre d’ogives nucléaires, mais à l’époque, aussi bien la Russie que les États-Unis étaient encore en possession d’une grande quantité de plutonium, qui aurait pu leur servir à fabriquer des armes nucléaires. Afin d’empêcher un tel scénario, Moscou et Washington avaient accepté de transformer leur plutonium sous une forme empêchant toute utilisation ultérieure.

      Les deux pays s’étaient engagés à recycler leur plutonium en combustible MOX (Mélange d’OXydes). À cette fin, la Russie a construit une usine de transformation à Jeleznogorsk, dans la région de Krasnoïarsk, et mis en exploitation le réacteur BN-800 de la centrale nucléaire de Beloïarsk, en région de Ekaterinbourg. Le directeur de Rosatom, Sergueï Kirienko, interviewé par la chaîne de télévision russe NTV, avait estimé le coût de la construction de l’usine à 240 millions de dollars (environ 215 millions d’euros). « Nous avons rempli notre engagement de créer une infrastructure industrielle », a commenté le porte-parole de Rosatom, Sergueï Novikov, cité par Kommersant.

      Mais les États-Unis, jugeant finalement trop coûteuse cette méthode de transformation du plutonium en MOX, ont interrompu en 2015 la construction d’une usine similaire en Caroline du Sud, pourtant prête à 70 %. Ils ont ensuite proposé de mélanger le plutonium à des déchets radioactifs et d’enfouir le tout sous terre. « La Russie n’approuve pas cette approche car elle contrevient aux conditions de l’accord. La méthode proposée par les Américains ne modifie pas l’isotope du plutonium, qui pourra être extrait du sol par la suite et utilisé pour créer des armes nucléaires », souligne à RBC Vladimir Rybatchenkov, chercheur au Centre d’étude des problèmes de désarmement, d’énergétique et d’écologie.

      « Au départ, il était prévu que nous [les États-Unis et la Russie, ndlr] transformions notre plutonium en même temps. Mais alors que notre usine de production de combustible MOX et notre réacteur sont prêts, les Américains n’ont ni usine ni réacteur, insiste Anton Khlopkov, directeur du Centre d’énergétique et de sécurité. Notre décision de geler l’accord peut se comprendre comme une tentative de compenser ce déséquilibre. »

      En avril 2016, Vladimir Poutine a pour la première fois rappelé en public l’existence de cet accord sur le plutonium. « Nos partenaires [américains, ndlr] doivent comprendre que c’est une chose de plaisanter et de promouvoir des produits d’information dirigés contre la Russie, mais que les questions sérieuses, en particulier dans le domaine des armements nucléaires, en est sont une tout autre. Et qu’il faut être en mesure de remplir ses engagements », avait alors martelé le président russe.