La mort de Georges Balandier, sociologue, spécialiste de l’Afrique

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  • « De tous les grands sociologues de notre temps, Georges Balandier est certainement le plus secret et le plus difficile à cerner », écrivait Jean Ziegler au sujet de l’ethnologue, père de l’expression « tiers-monde » (utilisée pour la première fois par Alfred Sauvy). Militant des luttes africaines, il fut un témoin engagé de la décolonisation sur le continent, au sujet duquel il consacra trois articles dans nos colonnes au milieu des années 1960.

    Georges Balandier des autres, par Jean Ziegler
    http://www.monde-diplomatique.fr/1977/10/ZIEGLER/34431 #st

    Les articles de Georges Balandier dans « Le Monde diplomatique »
    http://www.monde-diplomatique.fr/recherche?auteurs%5B%5D=Georges%20Balandier

    Voir la nécrologie que lui consacre Jean Copans dans Le Monde des livres http://lemonde.fr/disparitions/article/2016/10/05/la-mort-de-georges-balandier-sociologue-specialiste-de-l-afrique_5008603_338

    Georges Balandier a d’abord été l’analyste original d’une double conjoncture : celle de la situation coloniale, de sa contestation et, par la suite, de la décolonisation. Sa pensée foisonnante, libre de toute ascendance ou cooptation, tout en s’affirmant engagée, restait prudente dans ses prises de position politiques ou sociétales.

    Sa science sociale, tout à la fois anthropologique et sociologique, a cherché par la suite, au cours d’une seconde carrière après son départ à la retraite en 1985, à affronter les « turbulences » du temps présent, les innovations de la « sur-modernité », ce qui l’a conduit à devenir l’explorateur des « nouveaux Nouveaux Mondes » (expressions forgées initialement par ses soins). Ces Nouveaux Mondes (des biotechnologies, des réseaux numériques, de la mondialisation, mais aussi de la dissolution du lien social et politique et d’un individualisme extrême) ne pouvaient être repérés que par le recours au Détour (sous-titré « Pouvoir et modernité », 1985), un détour aux vertus proprement anthropologiques tant sur les plans conceptuels que méthodologiques.

    Lire aussi « C’était quoi, le tiers-monde ? », par Immanuel Wallerstein
    http://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/WALLERSTEIN/1946

    Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les anciennes colonies s’organisaient en « tiers-monde ». Courtisées par les deux Grands, elles entendaient échapper à la logique des blocs. En 1973, le relèvement du prix du pétrole va marquer leur apogée. Comment la roue a-t-elle pu tourner au point d’en transformer une partie en atelier de la délocalisation occidentale, une autre en zone d’appauvrissement ininterrompu ? Réalité sur laquelle les pays riches, réunis à Okinawa, viennent à nouveau de verser des larmes de crocodile.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/38613 via Le Monde diplomatique