« Se débarrasser du capitalisme est une question de survie », le 7 octobre 2016 – Blog de Paul Jorion

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  • Sciences Critiques, Paul Jorion : « Se débarrasser du capitalisme est une question de survie », le 7 octobre 2016
    Un article de fond de Paul Jorion. Plus que 5 ans !
    http://www.pauljorion.com/blog/2016/10/08/sciences-critiques-paul-jorion-se-debarrasser-du-capitalisme-est-une-que

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    En réalité, il y aura peut-être un million de travailleurs supplémentaires, mais 100 millions d’emplois vont disparaître dans le même temps… Il est très difficile en réalité d’imaginer les conséquences du développement technologique.
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    Il faudrait donc que nous nous réconcilions avec l’idée que les machines sont beaucoup plus efficaces que nous, qu’elles constituent un progrès sur nous. Par conséquent, soyons très fiers, puisque c’est nous qui les avons inventées…
    SI ON CONTINUE COMME ÇA, C’EST L’EXTINCTION DE L’ESPÈCE HUMAINE.
    Pour ma part, je dis au contraire que le moment est venu : s’il n’y a pas de prise de conscience générale, pas de rébellion dans les cinq années qui viennent, c’est cuit pour l’espèce humaine. Le tournant, c’est maintenant. Il faut sortir du capitalisme ! Se débarrasser du capitalisme était une question de justice au XIXème siècle, maintenant c’est une question de survie.

    Que se passera-t-il si cette révolte populaire n’advient pas ?
    Il y aura une concurrence toujours plus grande entre les gens qui ne gagnent leur vie que par le salariat. Cela veut dire que les salaires vont continuer à baisser. Le patronat et les milieux d’affaires proposeront alors une allocation universelle, qui sera simplement un moyen de faire taire les contestations. D’autres propositions seront faites, comme généraliser le statut d’intermittent du spectacle ou celui de fonctionnaire à l’ensemble de la population. Mais, je crains que ce ne soit que des palliatifs pour gérer la misère. Comme l’emploi va diminuer, la misère ne va pas arrêter de monter. Et, parallèlement, le poids des salariés dans le rapport de force économique ne va pas arrêter de baisser, quel que soit l’emploi. Un emploi manuel sera remplacé par un robot et un emploi intellectuel par un logiciel.
    UN EMPLOI MANUEL SERA REMPLACÉ PAR UN ROBOT ET UN EMPLOI INTELLECTUEL PAR UN LOGICIEL.

    A l’avenir, faire travailler des êtres humains coûtera trop cher. Le jour où l’on pourra remplacer les contrôleurs du ciel, les camionneurs, les conducteurs de taxi par une machine, il y aura certainement moins d’accidents. Mais où tous ces travailleurs vont-ils aller ? Une chose est sûre : tous ne deviendront pas des programmeurs… Une allocation universelle ravivera la vieille peur des bien-pensants que le désoeuvré aille boire sa paie. Hegel posait déjà la question en 1801 : peut-on imaginer un monde dans lequel personne ne travaillerait ? Et il répondait qu’une grande partie de la reconnaissance que nous obtenons en tant qu’êtres humains vient du travail. Nous en tirons une fierté. Le travail est une institution importante dans notre société. Il nous permet de nous affronter au monde, et je crois que c’est une bonne chose.
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    #Salaire_à_vie #Revenu_de_base #Allocation_universelle #Futur #Travail #Capitalisme #Planète #Crise #Travail #Survie #Salaires

    Propos recueillis par Anthony Laurent, rédacteur en chef / Sciences Critiques.

    • Sciences Critiques, Paul Jorion : « Se débarrasser du capitalisme est une question de survie », le 7 octobre 2016
      Un article de fond de Paul Jorion. Plus que 5 ans !
      http://www.pauljorion.com/blog/2016/10/08/sciences-critiques-paul-jorion-se-debarrasser-du-capitalisme-est-une-que

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      En réalité, il y aura peut-être un million de travailleurs supplémentaires, mais 100 millions d’emplois vont disparaître dans le même temps… Il est très difficile en réalité d’imaginer les conséquences du développement technologique.
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      Il faudrait donc que nous nous réconcilions avec l’idée que les machines sont beaucoup plus efficaces que nous, qu’elles constituent un progrès sur nous. Par conséquent, soyons très fiers, puisque c’est nous qui les avons inventées…

      SI ON CONTINUE COMME ÇA, C’EST L’EXTINCTION DE L’ESPÈCE HUMAINE.
      Pour ma part, je dis au contraire que le moment est venu : s’il n’y a pas de prise de conscience générale, pas de rébellion dans les cinq années qui viennent, c’est cuit pour l’espèce humaine. Le tournant, c’est maintenant. Il faut sortir du capitalisme ! Se débarrasser du capitalisme était une question de justice au XIXème siècle, maintenant c’est une question de survie.

      Que se passera-t-il si cette révolte populaire n’advient pas ?
      Il y aura une concurrence toujours plus grande entre les gens qui ne gagnent leur vie que par le salariat. Cela veut dire que les salaires vont continuer à baisser. Le patronat et les milieux d’affaires proposeront alors une allocation universelle, qui sera simplement un moyen de faire taire les contestations. D’autres propositions seront faites, comme généraliser le statut d’intermittent du spectacle ou celui de fonctionnaire à l’ensemble de la population. Mais, je crains que ce ne soit que des palliatifs pour gérer la misère. Comme l’emploi va diminuer, la misère ne va pas arrêter de monter. Et, parallèlement, le poids des salariés dans le rapport de force économique ne va pas arrêter de baisser, quel que soit l’emploi. Un emploi manuel sera remplacé par un robot et un emploi intellectuel par un logiciel.

      UN EMPLOI MANUEL SERA REMPLACÉ PAR UN ROBOT ET UN EMPLOI INTELLECTUEL PAR UN LOGICIEL.
      A l’avenir, faire travailler des êtres humains coûtera trop cher. Le jour où l’on pourra remplacer les contrôleurs du ciel, les camionneurs, les conducteurs de taxi par une machine, il y aura certainement moins d’accidents. Mais où tous ces travailleurs vont-ils aller ? Une chose est sûre : tous ne deviendront pas des programmeurs… Une allocation universelle ravivera la vieille peur des bien-pensants que le désoeuvré aille boire sa paie. Hegel posait déjà la question en 1801 : peut-on imaginer un monde dans lequel personne ne travaillerait ? Et il répondait qu’une grande partie de la reconnaissance que nous obtenons en tant qu’êtres humains vient du travail. Nous en tirons une fierté. Le travail est une institution importante dans notre société. Il nous permet de nous affronter au monde, et je crois que c’est une bonne chose.
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      Finalement, nous sommes comme l’animal sauvage fasciné par les phares d’une voiture en pleine nuit, mais qui décide de rester au milieu de la route… Ces deux gros « yeux » qui lui arrivent dessus lui sont complètement étrangers. Lorsque l’on nous dit que la température au Pôle Nord est supérieure de 12°C à ce qu’elle est habituellement, comme en décembre dernier, nous ne savons absolument pas quoi faire de cette information. Pourtant, lorsque l’on sait ça, il faudrait tout de suite arrêter les gens dans la rue pour leur dire qu’il faut résoudre ce problème à tout prix ! Mais on ne le fait pas, parce que nous ne parvenons pas à nous représenter le problème. L’être humain se rend compte de certaines choses à partir du moment où il les vit dans sa chair. Mais, généralement, il est déjà trop tard.
      Propos recueillis par Anthony Laurent, rédacteur en chef / Sciences Critiques.