Les arguments pseudo-scientifiques du régime « paléo »

/les-arguments-pseudo-scientifiques-du-r

  • Les arguments pseudo-scientifiques du #régime « paléo » | Passeur de sciences
    http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2016/10/09/les-arguments-pseudo-scientifiques-du-regime-paleo

    L’idée de cette compilation rapide est d’induire dans la tête des lecteurs et lectrices de ce genre de magazines que le « #régime_paléo », très en vogue ces derniers temps, se justifie scientifiquement. En résumé, si ce régime était adapté aux hommes du #paléolithique – qui est la période de la préhistoire précédant l’apparition de l’#agriculture et de l’#élevage –, il l’est encore pour nous et certaines des #maladies_chroniques qui nous touchent proviennent du fait que nous nous sommes trop éloignés d’une alimentation « naturelle », pour reprendre un autre argument de Marie-France. Pour vivre mieux, mangeons donc comme les hommes des cavernes et bannissons tous les produits qui n’existaient pas au paléolithique. Retour donc à la viande, au poisson et aux fruits de mer, aux fruits et légumes, en faisant disparaître les produits cultivés (légumineuses, céréales), les dérivés du lait, le sucre raffiné, etc.

    L’ennui, c’est que ces justifications n’ont en réalité rien de scientifique, comme le démontre très bien, dans son dernier livre intitulé Dans l’œil du pigeon (éd. Le Pommier, 192 p., 19 €), le chercheur canadien Luc-Alain Giraldeau. Ce professeur d’#écologie_comportementale à l’université du Québec à Montréal (UQAM) explique d’abord, en s’appuyant sur les travaux de la biologiste américaine Marlene Zuk, que l’idéologie du régime paléo « repose sur une image naïve, simpliste et irréelle de l’ère paléolithique. Prenons un exemple. Un site Internet de régime paléo vous suggère le petit déjeuner suivant : omelette, oignon sauté, champignons, brocoli et huile d’olive. D’abord, trouver des œufs au paléolithique pour faire une omelette aurait représenté un défi important puisque les oiseaux ne se tenaient pas en basse-cour ; par conséquent il aurait fallu attendre la saison de reproduction des oiseaux, une fois l’an. Ensuite, les oignons n’existaient pas tels que nous les connaissons aujourd’hui, ni le brocoli d’ailleurs. De plus, il aurait été impossible aux hommes du paléolithique d’extraire l’huile d’olive. »

    [...] Ce qu’oublient, volontairement ou non, les tenants du régime « paléo », c’est que, si l’on met de côté les produits de la chasse et de la pêche, l’écrasante majorité des aliments qu’ils recommandent viennent… de l’agriculture et de l’élevage, bio ou pas, et n’existaient donc pas sous leur forme actuelle au paléolithique puisqu’ils ont subi des millénaires de sélection dirigée par l’homme !Le chercheur canadien rappelle également qu’il n’y avait pas un régime de chasseurs-cueilleurs pendant le paléolithique mais toute une palette, que l’on retrouve (ou retrouvait encore récemment) chez leurs héritiers. Il suffit par exemple de penser au régime alimentaire des Inuits, composé presque à 100 % de produits animaux (mammifères marins et poissons), pour voir que l’on peut avoir un régime culturellement « paléo » et être bien loin des volailles, œufs, noix, fruits et légumes préconisés par des diététiciens occidentaux…

    Le dernier point sur lequel il faut sans doute insister pour décrypter l’idéologie pseudo-scientifique sur laquelle s’appuie le régime « paléo » est le concept selon lequel nous lui serions plus adaptés qu’à ce que nous mangeons aujourd’hui. Cela « suppose, écrit Luc-Alain Giraldeau, que l’humain n’aurait pas évolué depuis l’avènement de l’agriculture, soit depuis au moins dix mille ans… Dans les faits, nous savons que c’est faux : le cas le plus connu d’évolution alimentaire récente est l’acquisition, chez certaines populations humaines, de la capacité qu’ont plusieurs adultes de digérer le lactose

    #alimentation #génétique