Lille sud, poubelle des riches

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  • Lille sud, #poubelle des riches
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    Plus inquiétant encore, à peine un mois après l’installation de l’usine dans ses nouveaux locaux, quatre habitant.es déclenchent des maladies : allergie, asthme, détresse respiratoire. « Mon fils fait de l’asthme et des allergies depuis deux ans, mais comment savoir si c’est eux ou l’autoroute qui déverse ses particules fines ? » nous confie un voisin. La plus atteinte est Camille car il semblerait que la machine utilisée pour le nettoyage des machines se situe à moins de dix mètres à vol d’oiseau de son jardin, tout en étant orientée dans sa direction. « J’ai les yeux et les muqueuses qui me piquent. J’ai des problèmes de peau, et des problèmes gynécologiques. Je fais de l’asthme à répétition avec des crachats de glaires rosâtres et rougeâtres ». Après plusieurs épisodes de toux s’aggravant et frisant le malaise cardiaque, elle consulte donc un allergologue qui lui donne un document médical faisant le lien entre l’activité de l’entreprise et l’état de santé de sa patiente et ce conseil : « Je ne veux même pas entendre vos récriminations, il faut déménager ! ». Un bon conseil que tout le monde n’est pas en capacité de suivre.
    Le couple décide de ne pas en rester là et enquête par ses propres moyens. Camille essaye ainsi de faire analyser cette substance auprès de l’Agence Régionale de la Santé qui la fait patienter. « Quinze jours après, j’ai rappelé, je suis tombée sur la chef qui m’a dit crûment : "Mais qu’est-ce que vous croyez ? Vous ne nous aviez pas dit que le problème c’était avec la mairie. C’est pas notre problème, débrouillez-vous. Payez-vous un avocat privé !" ». Même son de cloche auprès de l’association CLCV (consommation logement cadre de vie) : « J’ai été reçue, j’ai montré mes photos, et dès qu’ils ont entendu mairie, Lilébo, Esterra, c’était terminé. Ils ont botté en touche en me disant : "Vous savez, c’est pas vraiment environnemental" ».

  • La Brique N°48 - automne 2016 - La santé, c’est capital
    + Edito. Ruer dans les brancards

    p.1 Couverture de Pole Ka
    p.2 Edito - Ruer dans les brancards : http://labrique.net/index.php/thematiques/editos/826-edito-ruer-dans-les-brancards
    p.3 La santé pour tous, partout
    p.4-5 Une sécu dépecée dans l’indifférence générale
    p.6-7 L’hôpital-entreprise, la santé à l’agonie : http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/829-l-hopital-entreprise-la-sante-a-l-agonie
    p.8-9 Pour un droit à la folie !
    p.10-11 Le business du social
    p.12-13 Souffrir de faire souffrir
    p.14-15 Lille Sud, poubelle des riches : http://labrique.net/index.php/thematiques/droit-a-la-ville/833-lille-sud-poubelle-des-riches
    p.16 Paupiette d’ouvrier à la vapeur
    p.17-20 L’héritage toxique de Metaleurop. Les silences d’Évin-Malmaison
    p.21 Le prix du sang. Avec ou sans ton sang ?
    p.22-23 Blouses blanches et gueules noires de l’industrie pharmaceutique
    p.24-25 Contrat à impact social, rentabiliser la misère
    p.26-27 Olieux : l’État sans état d’A.M.E.
    p.28 En bref et contre tout
    p.29-31 À Dunkerque, Suez-Lyonnaise se fait du beurre sur le dos des pauvres
    p.32 BD de Florent Grouazel

    Edito. Ruer dans les brancards
    La Brique, 10 octobre 2016, Le collectif de La Brique

     » La lutte est une fête !" On le martelait en juin alors que sortait un numéro tout frais sur les luttes lilloises. Les vacances d’été ont eu comme d’habitude leur petit effet. La mobilisation s’est tassée, le gouvernement a fait passer sa loi, les médias parlent luttes des places entre présidentiables. Une rentrée dans l’ordre ? Pas franchement.
     
    En septembre, l’activisme lillois s’est à nouveau secoué : manifestation contre la « loi Travaille ! » du 15 septembre ; blocage du centre de tri de Villeneuve d’Ascq, en réaction à la cruauté de la direction de La Poste laissant sur le carreau une de ses salarié.es victime d’un AVC ; mobilisation contre « La Citadelle », le bar fasciste de Génération identitaire. Le mouvement du printemps a creusé des sillons contestataires. Les nouvelles têtes rencontrées sont toujours là. À l’heure où nos élites vieillissantes s’écharpent pour les présidentielles à venir, et posent – à coups de thèmes réactionnaires – les pavés de l’enfer à venir, la lutte travaille son ébullition.
     
    Nous n’en démordrons pas
    Un œil sur le bouillon révolutionnaire, on est retourné.es à nos petits fourneaux, histoire de concocter ce numéro sur la santé qui nous attendait au frigo. Un sujet déjà dépecé dans La Brique : en 2008 sortait un numéro intitulé « Santé : les malades payent l’apéro » (n°7). http://labrique.net/index.php/numeros/22-n-07-mai-juin-2008-sante-les-malades-paient-l-apero
    Huit ans plus tard, l’apéro a toujours le même goût amer, et le coût de l’ardoise ne cesse d’augmenter. Les dernières réformes promeuvent encore davantage les restrictions budgétaires. L’État asphyxie les budgets des hôpitaux, noie les soignant.es dans la paperasse managériale et étouffe celles et ceux qui doivent régler une partie toujours plus importante de la douloureuse. Exit la solidarité, place à une santé rentable aux profits des plus fortuné.es. Là-haut, les différents gouvernements appellent à la rescousse les grandes firmes capitalistes censées, pour notre salut, pallier le retrait de l’État. La santé devient un marché comme un autre, le soin une marchandise, le compte bien garni une nécessité pour ne pas crever.

    Alors on a pris le stéthoscope, histoire d’aller palper le pouls de ces professions hyper genrées et hiérarchisées : infirmières, aides-soignantes, médecins, travailleurs sociaux nous ont raconté leur vécu et la façon dont les transformations néolibérales impactent leur métier. On s’est aussi rencardé.es sur les luttes qui se trament dans la région. À Lille Sud, des habitant.es se battent pour faire reconnaître un énième cas de pollution. Au parc des Olieux, les jeunes gagnent un procès contre la Métropole et dénoncent la façon dont l’État français organise l’absence de soins. Le People’s Health Movement, réseau mondial de résistances et de promotion de la santé des peuples, vient se mêler des affaires du département du Nord. En bref, voilà une petite radiographie de l’état du conflit social qui fait chaque jour pulser la ville.
     



    Bilans de santé  
    On cogitait sur le corps malade de la Métropole quand la mairie est venue souiller l’opération en posant ses doigts sales. Fin août, voilà que la municipalité nous intente un procès – une tentative de bâillonnage à 61 euros d’amende. Incriminée par la municipalité pour avoir vendu notre journal à grands renforts de cordes vocales, notre directeur de publication a dû comparaître le 4 octobre devant le tribunal de proximité. Ce procès, aussi tragi-comique soit-il, s’inscrit dans la lignée des tentatives de plusieurs municipalités de faire taire des canards prompts à venir cancaner dans les buffets politico-financiers. Depuis Fakir attaqué en 2002 pour diffamation par Gilles de Robien et ses associés, puis par le Courrier Picard – l’équivalent fonctionnel de « Notre Voix du Nord » ; le Nouveau jour J, poursuivi par la mairie de Nancy pour affichage sauvage ; plus récemment, Le Postillon, cité à comparaître par le président de la métropole de Grenoble dont on apprend la condamnation récente. À chacun de ces procès, c’est la possibilité d’une autre information qu’on malmène : celle qui rend visible la violence sociale du patronat et des élu.es contre les pauvres, et celle qui met en lumière les résistances organisées par les militant.es.

    Il reste que, à l’heure du bilan de santé – c’est le thème après tout –, autant la jouer sans euphémisme : la municipalité qui nous attaque incarne un parti asséché par l’austérité, en train de se faire gicler de toutes ses positions de pouvoir, sans militant.es, endetté jusqu’à l’os, et qui n’a plus comme perspective que de renâcler son passé décadent. La Brique, riche à millions, vous propose un 32 pages sans précédent – le tout servi par une génération qui a envie d’en découdre. Alors rassurons immédiatement Aubry et sa clique : vous ne nous empêcherez pas de crier contre les marchés et sur les marchés !

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